RESTE UN PEU réalisé par Gad Elmaleh, disponible en DVD le 16 mars 2023 chez Studiocanal.
Acteurs : Gad Elmaleh, Régine Elmaleh, David Elmaleh, Judith Elmaleh, Pierre-Henry Salfati, Delphine Horvilleur, Catherine Thiercelin, Nicolas Port…
Scénario : Gad Elmaleh & Benjamin Charbit
Photographie : Thomas Brémond
Musique : Ibrahim Maalouf
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Après trois années à vivre l’« american dream » Gad Elmaleh décide de rentrer en France. Sa famille et ses amis lui manquent. Du moins, c’est la réponse officielle pour justifier son retour… car Gad n’est pas (seulement) rentré pour le couscous de sa mère. Non, c’est une autre femme qu’il vient retrouver à Paris… la Vierge Marie.
Chouchou, La Doublure, Hors de prix et Coco, quatre énormes succès au box-office qui l’avaient propulsé au top du cinéma français dans les années 2000. Puis, Gad Elmaleh est apparu chez Woody Allen (Minuit à Paris), avant de traverser l’Atlantique où il allait tourner en motion capture pour Steven Spielberg (Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne), faire une petite apparition dans The Dictator de Larry Charles, jouer le chef cuisinier d’Al Pacino dans Jack et Julie de Dennis Dugan…Depuis, à part Un bonheur n’arrive jamais seul de James Huth et Le Capital de Costa-Gavras, l’humoriste et comédien s’est fait plutôt discret sur le grand écran, puis accusé de plagier des sketchs anglo-saxons, en les traduisant littéralement. Il revient par la « petite porte » dirons-nous avec Reste un peu, qu’il a coécrit, qu’il interprète et réalise. Un projet très personnel, où il joue son propre rôle, entre fiction et réalité, pour lequel il a demandé à ses véritables parents et à sa sœur de faire de même. Dans Reste un peu, Gad Elmaleh, né à Casablanca de parents juifs, ayant étudié la Torah, pris des cours d’hébreu, raconte sa conversion au catholicisme, au grand désespoir de son père, qui ne veut même pas en entendre parler, et surtout de sa mère, qui voit en Marie une rivale prête à lui voler son fils. Contre toute attente, alors qu’on craignait le trip égocentrique, Reste un peu fonctionne, très bien même, grâce à ses excellents acteurs (professionnels ou non) et une écriture aussi fine qu’intelligente. Si quelques longueurs se font ressentir dans la deuxième partie, l’ensemble est porté par une énergie contagieuse, les dialogues sont tordants, l’émotion non feinte et l’on passe un beau moment.
Après plusieurs années d’absence, Gad Elmaleh décide de revenir en France pour se convertir au catholicisme, après être tombé sous le charme de la Vierge Marie. Logé chez ses parents, de fervents juifs pratiquants, sa mère déballe sa valise et tombe sur une statuette de la mère de Jésus. Sa famille est sous le choc. Le comique et les siens vont faire une introspection d’ici à ce qu’il se fasse baptiser.
Ce qui frappe et séduit dans Reste un peu, c’est la modestie de l’entreprise, film écrit en un plus d’un mois et tourné en quatre semaines. Il ne s’agit pas d’un documentaire, mais d’une plongée intimiste (mais mise en scène, avec comme inspiration le cinéma de Nanni Moretti) dans le quotidien de Gad Elmaleh, arrivé à un carrefour de sa vie. Alors que l’idolâtrie est considérée comme péché ultime dans la religion juive, celui-ci s’éprend littéralement de Marie. Cette fascination est évidemment très mal perçue (euphémisme) par sa famille juive séfarade traditionaliste et entraîne moult questionnements. Aux archives familiales se succèdent les retrouvailles de Gad Elmaleh avec ses parents, qu’il n’a pas vu depuis longtemps, avec ses amis, avant de réaliser quelques petites interventions au micro au Paname Art Café dans le 11e arrondissement, tout en rendant visite au Père Barthélémy (dans son propre rôle aussi), qui accompagne ce nouveau catéchumène, qui l’instruit dans la foi chrétienne pour la préparer au baptême qui doit avoir lieu dans cinq semaines à la paroisse Sainte-Cécile de Boulogne-Billancourt.
Le réalisateur-comédien évite le piège narcissique dans lequel il aurait pu facilement se vautrer (on s’attendait d’ailleurs à ce que ça soit le cas), en mettant constamment en valeur ses partenaires, en premier lieu ses parents, vraiment formidables, naturels, spontanés, qui volent quasiment la vedette à leur rejeton. Gad Elmaleh, qui a désormais plus de 50 ans, se livre face caméra, n’en fait jamais trop, traverse en funambule ce petit film qui a des choses à dire sur son amour des religions, avec délicatesse, tendresse, réflexion, humour aussi bien sûr, mais sans rechercher la blague systématique.
Ces partis-pris ont sûrement décontenancé les spectateurs, qui ont plutôt boudé cette comédie sur la quête spirituelle à sa sortie en novembre 2022, qui n’aura pas réussi à passer la barre du demi-million d’entrées, malgré une critique plus que favorable et un bon bouche-à-oreille. On souhaite une seconde vie à Reste un peu, ce qui ne devrait pas manquer d’arriver puisque Gad Elmaleh conserve une belle aura auprès du public.
LE DVD
Point de Blu-ray pour Reste un peu, mais une édition DVD tout de même. La jaquette, glissée dans un boîtier classique Amaray, reprend le visuel de l’affiche d’exploitation, tout comme le menu fixe et muet.
Le premier supplément est une rencontre entre le Père Barthélémy et Pierre-Henri Salfaty, professeur de talmud, réalisateur et scénariste, qui apparaissent dans Reste un peu, le premier dans son propre rôle, le second dans celui du rabbin (33’). Conduites par Ava Cohen, ces interviews reviennent sur les thèmes abordés par Gad Elmaleh dans son second long-métrage en tant que réalisateur. Une conversation pointue que ne renierait pas France Télévisions le dimanche, mais dont les propos demeurent passionnants du début à la fin. Les partis-pris de Gad Elmaleh sont aussi évoqués, tout comme les conditions de tournage.
Le second bonus est un montage de scènes coupées (21’). L’occasion de voir Gad découvrir le cockpit installé par son père dans le placard ou de voir ce dernier faire du « body-pumping » avec son épouse. Puis, on assiste à la rencontre entre Régine (la mère de Gad) et Soeur Catherine, la première essayant de comprendre comment son fils a pu en arriver là. Les autres séquences sont aussi de qualité et méritent le détour.
L’Image et le son
Studiocanal soigne ce master SD de Reste un peu, qui se révèle quasi-exemplaire pour le format. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante.
Le confort acoustique est largement assuré par le mixage Dolby Digital 5.1, avec une délivrance ardente des dialogues, des effets frontaux riches et équilibrés, et un soutien des latérales intervenant à bon escient. La musique est toujours exsudée avec efficacité aux quatre coins cardinaux, les ambiances et effets naturels étant régulièrement appréciables. La Stéréo devrait largement convenir à ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
Crédits images : © Studiocanal / Laura Gilli /Vito Films / KS2 Cinéma / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr