PERMIS DE CONSTRUIRE réalisé par Éric Fraticelli, disponible en DVD le 13 juillet 2022 chez Warner Bros.
Acteurs : Didier Bourdon, Anne Consigny, Eric Fraticelli, Véronique Volta, Simon Abkarian, Michel Ferracci, Samuel Torres Bianconi, Didier Ferrari, Philippe Corti, Laurent Gamelon, Frédérique Bel…
Scénario : Éric Fraticelli & Didier Bourdon
Photographie : Lubomir Bakchev
Musique : Jean-Pierre Marcellesi & Nicolas Zimako
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 2022
LE FILM
Dentiste à Paris, Romain vient de perdre son père qu’il n’a pas vu depuis des années. A sa grande surprise, ce dernier lui a laissé un terrain en héritage, ainsi qu’une dernière volonté : y faire construire la maison où il aurait aimé finir ses jours. Seul problème: ce terrain se situe en Corse.
Bon, on ne va pas s’étendre comme d’habitude, cette critique-chronique sera comme qui dirait une récréation estivale, comme l’est d’ailleurs le film qui nous intéressera (ou pas) aujourd’hui, Permis de construire. Il s’agit du premier long-métrage réalisé par Éric Fraticelli, humoriste et comédien corse né en 1969. Alors étudiant en philosophie, l’appel des planches est finalement plus fort que celui de l’estrade du professeur qu’il se destinait à devenir. Il s’associe avec son pote de lycée Jacques Leporati, avec lequel il forme le duo Tzek et Pido. Après s’être produits sur quelques petites scènes corses et de Marignane, le succès arrive et les conduit à la capitale, au mythique Palais des Glaces, puis à l’Olympia, où ils assurent la première partie de…Patrick Fiori. Le tandem durera dix ans, puis Éric Fraticelli fait ses débuts au cinéma dans L’Enquête corse, qui cartonne en 2004. La même année, il participe au Silence d’Orso Miret et à Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Désormais, il n’arrêtera pas de tourner, chez Jean-Paul Rouve dans Sans arme, ni haine, ni violence (2007), chez Pascale Pouzadoux dans De l’autre côté du lit (2008)…Suivront Vive la France (2013) de Michaël Youn, La French (2014) de Cédric Jimenez, Marseille (2016) de Kad Merad et Taxi 5 de Franck Gastambide…En 2009, il joue déjà avec Didier Bourdon dans Bambou, réalisé par ce dernier. Plus de dix ans après, les deux hommes écrivent et tiennent le haut de l’affiche de Permis de construire, qui aurait pu être aussi intitulé Bienvenue chez les corses. Car impossible de ne pas penser au film de Dany Boon, tant on y retrouve les mêmes ingrédients, les personnages que tout oppose et qui vont évidemment devenir amis, le décalage culturel, etc…La recette est connue, le cahier des charges élimé jusqu’à la moelle…mais ça passe, car les acteurs sont chouettes, les paysages superbes et Éric Fraticelli n’omet pas l’émotion. Ne vous attendez surtout pas à la comédie française de l’année, mais au moins celle-ci vous fera rire, ce qui n’est pas forcément le cas avec les autres…
Exit le terroriste, l’homme de confiance (celui qu’il a campé dans la série Mafiosa) ou le gentil défenseur de la Corse qu’Éric Fraticelli avait souvent incarné jusqu’à présent. Comme on n’est jamais mieux servi que par soi-même, il endosse la casquette d’interprète, de coscénariste et de metteur en scène, s’en va placer sa caméra au bord du maquis et demande à ses amis du cru d’apparaître dans son premier long-métrage en tant que réalisateur. Michel Ferracci (Les Apaches de Thierry de Peretti, Belle Fille de Méliane Marcaggi, Les Francis de Fabrice Begotti), Didier Ferrari (Money de Géla Babluani), Philippe Corti (Sous le soleil, RTT) et le génial Jean-François Perrone (L’Enquête corse, Mafiosa, Vive la France), qui pour la plupart avaient déjà tous collaboré avec Éric Fraticelli, font ici une participation remarquée, surtout le dernier dans le rôle de l’étrange réceptionniste de l’hôtel où débarquent Romain (Didier Bourdon, impeccable) et son épouse Cécile (Anne Consigny, déjà marié à Bourdon dans Bambou et qui n’avait pas ri au cinéma depuis longtemps). Mention spéciale à l’excellente Véronique Volta et Simon Abkarian, que l’on a rarement vu aussi allumé, dans le rôle d’un architecte allemand inspiré par Karl Lagerfeld.
Si le rythme est un peu trop pépère, Éric Fraticelli nous rétorquerait sans doute que « rien ne sert de courir », on se prend d’affection pour ces personnages,surtout Romain donc, homme qui arrivé à l’automne de sa vie voit son passé ressurgir en apprenant la mort de son père, qui l’avait abandonné lui et sa mère quand il avait sept ans, sans laisser aucune trace. Une absence avec laquelle Romain a dû se construire et composer son existence. Ce pilier manquant va finalement revenir dans sa vie, du moins par l’intermédiaire des témoignages de ceux qui l’ont connu. Alors, quand Romain arrive en Corse, histoire de respecter les dernières volontés de son paternel, autrement dit construire en sa mémoire une maison sur un terrain d’une superficie de 6000m². Mais les corses purs jus, rustres, magouilleurs, violents comme les imaginent Romain, ne le laisseront sûrement pas bâtir la demeure s’il ne chérit pas l’Île-de-beauté, ses us et coutumes. Il faudra qu’il s’arme de patience, s’habitue à essayer de déchiffrer les panneaux de signalisation passés à la chevrotine (« car il faut bien tirer sur quelque chose… ») ou à la macagna (l’humour corse, un sport national, un art de vivre), mais aussi et surtout à la personnalité, au charisme et au répondant de Santu (Éric Fraticelli), qui l’impressionne dès leur première rencontre.
Du point de vue formel, c’est le minimum syndical, c’est joli à regarder (photo de Lubomir Bakchev, chef opérateur des Municipaux, trop c’est trop !), attachant, amusant et émouvant comme il faut, ça ne laisse pas un grand souvenir après, mais sur le moment ça détend et c’est déjà ça de pris. À placer du bon côté des comédies communautaires qu’affectionne tout particulièrement le cinéma français.
LE DVD
Uniquement disponible en édition Standard, Permis de construire apparaît sous la forme d’un boîtier Amaray classique, dans lequel se glisse la jaquette, qui arbore le même visuel que l’affiche d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.
Un petit making of (4’), comprenant les propos de l’équipe et des images de tournage, ainsi qu’un module centré sur Didier Bourdon et Éric Fraticelli (4’) sont les seuls suppléments proposés sur cette édition.
L’Image et le son
Malgré ses presque 600.000 entrées, il semble que Warner Bros. n’ait pas jugé bon de sortir Permis de construire en Blu-ray. Il faudra donc se contenter de cette édition standard, mais heureusement la qualité est là. Les couleurs sont bien loties, lumineuses et chaudes, le piqué est suffisamment affûté, la clarté de mise et les contrastes élégants. Les détails ne manquent pas, les noirs sont denses. Que demander de plus ?
Le mixage Dolby Digital 5.1 instaure un excellent confort acoustique en mettant la musique en avant, tout en délivrant les dialogues avec ardeur, sans jamais oublier les effets et ambiances annexes. Quelques basses soulignent également des séquences. La piste Stéréo s’en donne également à coeur joie, se révèle dynamique et même percutante dans son genre. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.