LE BIJOU D’AMOUR réalisé par Patrice Rhomm, disponible en DVD depuis le 9 janvier 2020 chez LCJ Editions
Acteurs : Joëlle Le Quément, Danielle Troger, Carmelo Petix, Thierry de Brem, Brigitte Lahaie, Muriel Vatel, Jacques Manteil…
Scénario : Patrice Rhomm
Photographie : Alain Hardy
Musique : Daniel J. White
Durée : 1h21
Date de sortie initiale : 1978
LE FILM
Adrien, un journaliste spécialisé en affaires étranges, chargé de faire un reportage sur un homme supposé tout connaître des succubes, rencontre une femme à l’entrée d’un cimetière. C’est le début d’une aventure extraordinaire. Notre héros est transporté dans un univers étrange au cœur d’une caverne mystérieuse où s’incarnent les sept péchés capitaux les plus érotiques qu’il puisse recevoir.
« Le Bijou d’amour ! La ronde des péchés capitaux…et capiteux » (dixit la bande-annonce).
En 1978, Brigitte Lahaie n’en est qu’à ses débuts dans le cinéma pornographique. Mais Le Bijou d’amour n’est pas un film hard, même si interdit aux moins de 18 ans à sa sortie. Il s’agit d’un film érotique, érotico-fantastique en fait. Qui plus est, la belle Brigitte n’apparaît en tout et pour tout que deux minutes dans Le Bijou d’amour, au tout début du long métrage, à califourchon sur celui qui sera le véritable héros de notre « histoire », Jacques Manteil, la pauvre « victime » qui devra « affronter » quelques demoiselles, sept diablesses lubriques qui vont abuser de son pauvre corps et s’éclater sur son ventre rebondi. Brigitte Lahaie, qui venait d’enchaîner Vibrations sexuelles, Suprêmes jouissances, Sarabande porno, Entrecruisses, Je suis une belle salope, C’est la fête à mon cul, Arrête, tu me déchires, Rentre c’est bon, est donc une « caution ». Outre les nombreuses scènes de cul, les éléments fantastiques sont amusants et l’ensemble se tient assez bien.
« Le Bijou d’amour ! Entre orgies et magie. Aventures et luxure. Vice et sévices. Le Bijou d’amour ! Le plus fantastique des films érotiques ! » (dixit la bande-annonce).
Né en 1931, Patrice Rondard alias Patrice Rhomm, démarre sa carrière de façon « soft » en signant le scénario de Banco à Bangkok pour OSS 117 (1964) d’André Hunebelle. A la fin des années 1960, attiré par le genre, il écrit l’histoire de l’excellent Au service du diable (1971), ou La Plus longue nuit du diable de Jean Brismée. Le cinéma érotique et pornographique explose au cinéma. Sous le nom de Patrice Rhomm, Mark Stern, Mike Starr ou d’Homer Bingo, Patrice Rondard s’engouffre dans la brèche (amis de la poésie…) et passe derrière la caméra pour L’Archisexe (1975). Suivront le légendaire Elsa Fräulein SS (1977), fleuron de la nazisploitation d’Eurociné avec Malisa Longo, et donc ce Bijou d’amour qui nous intéresse aujourd’hui. Tourné juste avant les films aux titres fleuris Touchez pas au zizi (1978), Les Bidasses et la baiseuse (1979) et Gamines expertes (1979), Le Bijou d’amour rappelle parfois Au service du diable avec ses éléments fantastiques – on retrouve ici les fameuses succubes – entrecoupés ici par quelques épisodes érotiques. S’il n’atteint pas la réussite de Jean Brismée, le film de Patrice Rhomm n’en est pas moins fort sympathique. Les demoiselles se livrent ici corps et âme, surtout nues oui c’est vrai, telles que Danielle Troger (Fais-moi tout, La Partouze du diable, Tonnerre de fesses), Pamela Stanford (Helga, la louve de Stilberg, Les Possédées du diable), Joëlle Le Quément (Ces salopes de belles-sœurs, Langues cochonnes, Deux espionnes avec un petit slip à fleurs). Patrice Rhomm fait ce qu’il peut pour instaurer un petit climat fantastique et son film est en ce sens très attachant, car il s’en dégage un véritable amour pour le genre.
Témoignage d’un cinéma révolu, coquin et avant tout populaire, tourné avec trois francs six sous (ça fait combien en euros au fait ?), Le Bijou d’amour, n’est pas uniquement destiné aux spectateurs amateurs de jolies pépées, mais peut également régaler les amateurs de films d’exploitation, et se revoit avant tout comme une curiosité qui conserve un charme désuet très plaisant.
LE DVD
Quelle belle jaquette ! Le problème, c’est que non seulement Brigitte Lahaie n’apparaît que deux minutes dans Un bijou d’amour, mais le visuel n’est pas tiré du film de Patrice Rhomm ! S’il y a quelque peu tromperie sur la marchandise, le verso en donne quelques réels aperçus. Le menu principal est fixe et musical.
Seule la bande-annonce est disponible en supplément. Mais n’hésitez pas à la visionner, on se croirait à la nuit Nanarland.
L’Image et le son
La photographie est marquée par un très beau grain, Dès le générique, l’image affiche une colorimétrie plutôt plaisante, des contrastes suffisamment concis et une stabilité rarement prise en défaut. Evidemment, ceux qui attendent un piqué incisif rechigneront, surtout sur les scènes sombres, mais il serait dommage de négliger ce joli DVD, clair, ne manquant pas de détails sur les séquences diurnes aux quatre coins du cadre. Les ambiances légèrement ouatées ne manquent pas d’attraits, les sources de lumières diffuses régalent les pupilles et la copie est propre. Des poussières subsistent tout du long, et se multiplient en fin de bobine, mais cela reste plutôt anecdotique, car la restauration est probante.
Le confort acoustique est assuré ! La piste Mono 2.0 affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique fort appréciable. Certains pics musicaux frôlent parfois la saturation, mais l’ensemble demeure plutôt homogène, les dialogues solides et l’ensemble harmonieux.