LE BIDON D’OR réalisé par Christian-Jaque, disponible en DVD depuis le 22 octobre 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Raymond Cordy, Marc Dantzer, Simone Bourday, Nicole Martel, Pierre Dac, Gatel, Hubert Daix, Weiss…
Scénario : Jean Kolb & Noël Renard
Photographie : Lucien Hayer & Émile Pierre
Durée : 1h09
Date de sortie initiale : 1932
LE FILM
Un camelot, poursuivi par la justice, trouve refuge dans un garage et y retrouve un ancien camarade devenu mécanicien.
Christian Albert François Maudet alias Christian-Jaque (1904-1994). Quand on évoque le nom de ce réalisateur, le cinéphile pense immédiatement à Adorables créatures, Fanfan la Tulipe (son plus gros succès avec 6,7 millions d’entrées), Souvenirs perdus, La Chartreuse de Parme, L’Enfer des anges, Les Bonnes causes, La Tulipe Noire, Si tous les gars du monde…, Les Disparus de Saint-Agil et bien d’autres. Difficile de faire un tour d’horizon de cette filmographie aussi conséquente qu’éclectique, qui a indéniablement marqué l’histoire du septième art hexagonal. Avant tous ces grands classiques et chefs-d’oeuvre, le metteur en scène, ancien illustrateur d’affiches et décorateur de cinéma, mais aussi journaliste pour la revue Cinégraph, a évidemment fait ses classes et l’auteur de ces mots a pu mettre la main, ou les yeux plutôt, sur/devant le tout premier long-métrage de Christian-Jaque, Le Bidon d’or. Alors forcément, il est quasiment impossible d’y déceler ce qui fera de lui un grand artisan, néanmoins ce coup d’essai demeure une vraie curiosité à plus d’un titre et mérite qu’on s’y attarde un petit moment, d’autant plus que le film dure à peine 1h10.
Ressemblant à un célèbre coureur automobile, Boulot, vendeur à la sauvette, est poursuivi par un policier. Il se réfugie dans un garage où il devient mécano. Pendant ce temps un célèbre coureur automobile arrive en ville. Celui-ci est suivi par un agent qui veut à tout prix l’engager pour une course. Ce dernier tombe alors sur Boulot qu’il prend pour le célèbre coureur et l’engage. Sauf que Boulot ne sait pas conduire…
Étrangement, ce qui frappe dans Le Bidon d’or n’est pas son humour, on peut le dire complètement désuet auquel on peut rester hermétique aujourd’hui, mais le montage fort étonnant, qui lui donne même un petit côté expérimental. Cela allié à quelques choix singuliers de cadre et de zooms, on est ici loin d’un style poussiéreux auquel on pouvait s’attendre (le film a 90 ans, ne l’oublions pas) et confère à l’ensemble une vraie âme. D’ailleurs, le tout en a grandement besoin, car malgré sa très courte durée, Le Bidon d’or a beaucoup de mal à maintenir l’intérêt éveillé. On ne se sent guère concerné par les personnages et le jeu inévitablement ampoulé, d’un autre temps dirons-nous, des comédiens n’aide pas à s’y plonger. On assiste plutôt à une succession de saynètes parfois très proches du cinéma muet, reposant souvent sur le visuel (un reflet dans une flaque d’huile démontre les recherches stylistiques du réalisateur) et la gestuelle exagérée des comédiens, plutôt que sur l’histoire. Raymond Cordy (Les Grandes manoeuvres, La Belle équipe, La Beauté du diable), Pierre Dac (est-il utile de le présenter ?) dans sa première apparition au cinéma, Simone Bourday et Marc Dantzer, se démènent beaucoup et en font des tonnes, surtout le premier, même si les protagonistes sont peu attachants au final et le récit poussif, pour ne pas dire inintéressant.
Demeure tout de même l’occasion de redécouvrir un Paris disparu à travers les quelques scènes filmées en dehors du studio (la première partie se déroule essentiellement dans le garage principal), ainsi que les conditions des courses automobiles de l’époque dans le dernier acte, tout en écoutant un « phrasé » d’antan. Le Bidon d’or pourra faire le bonheur des complétistes, même si l’oeuvre intégrale (près de 80 courts et longs-métrages, sans parler des téléfilms et épisodes de séries télévisées) de Christian-Jaque reste indisponible pour le moment et rien que le fait de disposer de son premier travail pour le grand écran était inespéré.
LE DVD
Le Bidon d’or avait déjà fait l’objet d’une première édition en DVD en 2015 chez LCJ Editions & Productions. Changement de jaquette pour le film de Christian-Jaque, qui reste disponible dans la même boutique, désormais disponible avec un visuel beaucoup plus attractif et amusant. Le menu principal est fixe et musical. À la vente sur le site de l’éditeur.
Juste quelques filmographies en guise de bonus.
L’Image et le son
Il faudra être indulgent. Le résultat est loin d’être catastrophique, mais la copie demeure inévitablement marquée par de nombreuses poussières, des fourmillements, des instabilités, des blancs brûlés, des effets de pompage, des plans flous, des raccords de montage. Toutefois, quelques scènes sortent du lot et s’avèrent étonnamment plus propres et l’ensemble trouve un certain équilibre après une ouverture chancelante qui pouvait faire craindre le pire.
Comme pour l’image, le son paraît de temps en temps distordu, le report des voix est aléatoire (il faut parfois tendre l’oreille pour comprendre ce qui se dit), divers échanges sont nasillards. Mais pas de bruit de fond constaté ! À noter des couacs de la postsynchronisation, puisqu’il n’est pas rare d’entendre la voix d’un acteur, alors que celui-ci a la bouche fermée.
Crédits images : © LCJ Editions & Productions / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr