Test DVD / L’Ange noir, réalisé par Roy William Neill

L’ANGE NOIR (Black Angel) réalisé par Roy William Neill, disponible en DVD le 17 mars 2020 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Dan Duryea, June Vincent, Peter Lorre, Broderick Crawford, Constance Dowling, Wallace Ford, Hobart Cavanaugh, Freddie Steele…

Scénario : Roy Chanslor d’après le roman de Cornell Woolrich

Photographie : Paul Ivano

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Los Angeles. Kirk Bennett découvre Marvis Marlowe, sa maîtresse, morte. Il est arrêté, jugé et condamné à mort. Sa femme, Catherine, décidée à le sauver, mène son enquête avec Martin Blair, l’ancien mari de Marvis. Ils soupçonnent Marko, le patron d’un cabaret, mais ce dernier a un alibi.

De son vrai nom Roland de Gostrie, Roy William Neill (1887-1946) n’est sans doute pas le réalisateur américain le plus connu de sa génération et pourtant les cinéphiles connaissent une (petite) partie de son œuvre prolifique (plus de cent films à son actif), puisque cet artisan du cinéma hollywoodien aura mis en scène près d’une douzaine d’opus consacrés au personnage de Sherlock Holmes, interprété par Basil Rathbone. De 1943 avec Sherlock Holmes et l’Arme secrèteSherlock Holmes and the Secret Weapon à Sherlock Holmes et la ClefDressed To Kill (1946), ce sera donc trois aventures du célèbre détective privé de Baker Street filmées tous les quatre ans qui feront le bonheur des spectateurs. Pour l’heure, L’Ange noir Black Angel, tourné la même année que Dressed To Kill, est le dernier long métrage de Roy William Neill, qui meurt soudainement à l’aube de ses soixante ans. Ce film noir vaut toujours le coup aujourd’hui pour l’interprétation du grand Dan Duryea (1907-1968), qui mérite largement d’être réhabilité et reconsidéré par les cinéphiles, qui ont souvent tendance à oublier l’intensité du jeu de celui qui aura pourtant tourné avec les plus grands. William Wyler, Howard Hawks, Fritz Lang, Anthony Mann, George Sherman, Robert Siodmak, Robert Aldrich, Douglas Sirk, ont entre autres profité et su mettre en valeur son immense talent. Le comédien qui était alors considéré comme l’un des plus grands salauds du cinéma dans les années 1940-50, trouve dans L’Ange noir un rôle tragique, à fleur de peau, loin de sa violence habituelle. Et il y est une fois de plus magnifique.

Marty Blair, musicien célèbre, idole de Los Angeles sombre dans l’alcool, et la déchéance en quelques mois. Mavis Marlow chanteuse de cabaret, dont Marty avait fait la réputation et la fortune l’avait épousée jusqu’au jour où la chanteuse ambitieuse, avide et cruelle l’avait abandonnée. Mavis est retrouvée morte dans son appartement par Kirk Bennett qui est immédiatement soupçonné par le capitaine Flood, traduit devant les tribunaux et condamné à mort. Sa femme Catherine Bennett (June Vincent) convaincue de son innocence demande à Marty de l’aider. S’engage alors une course contre-la-montre. Les soupçons se portent sur Marko, tenancier d’un cabaret.

A la base de L’Ange noir, il y a un roman de Cornell Woolrich, pseudonyme de l’illustre William Irish, qui avait déjà vu ses écrits transposés au cinéma par Jacques Tourneur (L’Homme-léopard) et Robert Siodmak (Les Mains qui tuent), qui inspirera plus tard Alfred Hitchcock (Fenêtre sur cour) et François Truffaut à deux reprises (La Mariée était en noir, La Sirène du Mississippi). Produit par la Universal, Black Angel contient son lot de retournements de situation, de scènes tendues, de suspects potentiels (avec le légendaire Peter Lorre, suintant à souhait) et surtout un twist final que nous n’avions pas forcément vu venir. Du point de vue technique, rien à redire sur la beauté de la photographie de Paul Ivano (Obsessions et The Strange Affair of Uncle Harry de Julien Duvivier), l’excellente partition de Frank Skinner et la beauté des costumes de Vera West.

Avec son intrigue resserrée sur 77 minutes, l’élégance de sa mise en scène, son rythme soutenu, ses personnages complexes et la grande prestation de Dan Duryea, L’Ange noir, malgré son budget limité, demeure représentatif du film noir, qui combinait à la fois le divertissement populaire et le cinéma d’auteur, avec une classe folle.

LE DVD

Comme les derniers titres Sidonis que nous avons eu l’honneur de chroniquer, L’Ange noir faisait partie d’un coffret de 20 DVD consacré au Film noir américain édité en décembre 2018 et se voit proposer enfin en édition simple. Le visuel est très beau et soigné. Le menu principal est animé et musical.

Trois présentations offertes sur un plateau d’argent par Sidonis Calysta.

La première, celle de Bertrand Tavernier (27), est tout d’abord consacrée à la carrière de Roy William Neill, « qui reste un metteur en scène absolument énigmatique ». Ses films de série B (« difficilement trouvables et visibles aujourd’hui ») sont très largement évoqués, à l’instar de ses adaptations de Sherlock Holmes, « très agréables à regarder ». Bertrand Tavernier parle du savoir-faire du cinéaste, de ses recherches sur le cadre et même de certains de ses films « remarquables ». Il en vient à L’Ange noir, son chant du cygne, en évoquant le scénariste Roy Chanslor (Johnny Guitar), le roman de Cornell Woolrich, la mise en scène, ainsi que le jeu de Dan Duryea, qu’il encense.

C’est au tour de Patrick Brion de présenter L’Ange noir (6’). Beaucoup plus succinct, le critique de cinéma parle lui aussi de la carrière de Roy William Neill et n’apprend rien de bien nouveau par rapport à ce que nous avons pu entendre précédemment. D’ailleurs, Patrick Brion passe bien trop de temps à encenser les films de Sherlock Holmes et oublie quelque peu de parler du film qui nous intéresse.

François Guérif (6’) évoque quant à lui le roman de William Irish, ainsi que cette « rencontre étonnante du mélodrame et du film noir, où le film policier mute soudainement en drame passionnel ».

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

L’Ange noir est proposé dans son format respecté 1.33 (16/9). Point de Blu-ray dans nos contrées, alors que le film de Roy William Neill est disponible en Haute-Définition en Angleterre et aux Etats-Unis. Le master semble déjà avoir quelques heures de vol, mais n’en demeure pas moins satisfaisant, avec un N&B nuancé. Toutefois, la gestion de la texture argentique reste parfois approximative, pour ne pas dire déséquilibrée, avec certaines séquences au grain plus épais, parfois différent lors d’un champ-contrechamp. La propreté est convenable.

Seule la version originale est proposée ici. Ce mixage Mono est de bon acabit, avec une dynamique indéniable, une solide restitution des dialogues et de la musique de Frank Skinner. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Universal Pictures / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr




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