LA VERTU DES IMPONDÉRABLES réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD le 15 septembre 2020 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Marianne Denicourt, Stéphane De Groodt, Elsa Zylberstein, Ary Abittan, Béatrice Dalle, Rufus, Philippe Lellouche, Agnès Soral…
Scénario : Claude Lelouch, Valérie Perrin
Photographie : Robert Alazraki
Musique : Laurent CousonAhmet Gülbay
Durée : 1h24
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
Ce jour-là, il y a de la tension dans l’air : Marianne se fait voler sa voiture et son chien sur une aire d’autoroute. Stéphane se dispute sans arrêt avec sa femme. Noémie ne supporte plus les infidélités de son mari Aldo. Un orchestre méconnu se produit pour la dernière fois… Quand soudain, tout bascule. Pour le meilleur comme pour le pire. La Vertu des impondérables, ou comment passer de la brutalité d’un imprévu à la douceur de l’inespéré…
Quelquefois, le bonheur vient des catastrophes…
In-fa-ti-ga-ble ! Bientôt 83 ans au compteur et pourtant le sieur Claude Lelouch continue de nous présenter en moyenne un film tous les deux ans ! Son dernier en date s’intitule La Vertu des impondérables et n’a pas eu la chance (question de point de vue bien sûr) de sortir sur les écrans en raison du contexte sanitaire et du confinement qui en a découlé. Toujours est-il que le cinéaste n’est pas prêt de raccrocher, de prendre sa retraite et de se la couler douce à l’Hôtel Barrière Le Normandy de Deauville. Pour La Vertu des impondérables, visiblement son cinquantième film, nous n’avons pas compté mais on veut bien le croire, Claude Lelouch a trouvé l’inspiration après s’être volé un scénario en janvier 2018, un long métrage qui aurait dû s’intituler Oui et Non, un évènement sur lequel il aura immédiatement rebondi et qui aura même inspiré le titre du film qui nous intéresse aujourd’hui. En fait, La Vertu des impondérables lui a permis non seulement d’oublier ce méfait (ou cet acte d’héroïsme, c’est selon), mais aussi et surtout d’innover encore une fois en filmant sa nouvelle œuvre uniquement à l’aide d’un iPhone pendant deux semaines. Beaucoup de ses détracteurs trouveront forcément des choses à redire sur son style, sa direction d’acteurs et ses tics-tocs habituels, mais on ne pourra pas reprocher à Claude Lelouch de vouloir suivre l’évolution de son art en utilisant les dernières technologies mises à sa disposition.
Tout est compliqué, avant d’être simple…
Maintenant, en ce qui concerne le film lui-même, l’ensemble demeure étrangement amateur et maladroit. On sent que ce qui a intéressé le réalisateur est avant tout la façon de faire. L’introduction fait peur avec sa troupe d’acteurs professionnels (Elsa Zylberstein, Stéphane de Groodt, Marianne Denicourt, Rufus, Agnès Soral) ou non (les Franglaises, horripilants avec leur chanson qui tourne en boucle pendant 1h25), ou bien ceux qui sont là par amitié (Béatrice Dalle), ou encore ceux qui n’ont pas de talent, mais que Claude Lelouch semble bien aimer (Philippe Lellouche paraît toujours sortir d’une cuite carabinée, Ary Abittan). Comme dans l’inénarrable Chacun sa vie, l’un des sommets du metteur en scène, mais pas obligatoirement dans le sens où on l’entend (nous vous invitons d’ailleurs à relire notre article https://homepopcorn.fr/test-blu-ray-chacun-sa-vie-realise-par-claude-lelouch/ ), La Vertu des impondérables s’apparente à une sorte gloubi-boulga, mixture dans laquelle il y a à boire et à manger. Elsa Zylberstein passe tout le film en hyper-ventilation (encore plus que dans Chacun sa vie), Ary Abittan pense comme d’habitude que rire comme un benêt fera rire le public, Lellouche-Soral-Dalle viennent faire un petit coucou, sûrement pour prendre un bon verre de Bourgogne, le film ayant été tourné aux Ateliers du Cinéma de Beaune, créés par Claude Lelouch, par ailleurs en compagnie des jeunes apprentis. Stéphane De Groodt et Marianne Denicourt s’en sortent bien mieux dans cette entreprise. Le premier prend un plaisir évident à retrouver le réalisateur après Chacun sa vie. Décontracté et naturel, le comédien s’en tire haut la main, malgré des dialogues souvent insignifiants qui rappellent étrangement ceux des Parisiens – Le Courage d’aimer (2004-2005) où Michel Leeb dissertait sur l’art de la pizza avec une Arielle Dombasle récemment liftée qui peinait à fermer la bouche. Remplacez les pizzas par des truites et vous obtenez le même résultat gênant, mais amusant. Pour leur quatrième collaboration, Marianne Denicourt – dernièrement dans Les Plus Belles Années d’une vie – apparaît également très à l’aise, élégante et spontanée, digne des meilleures actrices précédemment dirigées par Claude Lelouch.
Ce dernier s’amuse avec son smartphone et livre comme un pot-pourri de son cinéma, en s’en remettant une fois de plus au hasard et aux coïncidences, aux rencontres et aux séparations. Si l’on peut être hermétique à sa sensibilité et à ses partis pris, on ne peut nier la fraîcheur et la jeunesse qui parcourent très souvent ses opus, même les plus récents comme c’est le cas encore une fois ici. Il y a toujours quelque chose à sauver dans un Lelouch, y prendre réellement du plaisir (Roman de gare, Un plus une) ou involontairement car complètement nawak (Chacun sa vie, Les Parisiens – Le Courage d’aimer), dont la passion – très contagieuse – pour le 7ème art est aussi intacte qu’au premier jour. Et puis rien que de se débarrasser d’Ary Abittan en le plaçant dans une voiture piégée, on lui dit merci.
LE DVD
La Vertu des impondérables est uniquement disponible en DVD chez Metropolitan Vidéo, après avoir été diffusé en juin 2020 sur Canal +. Le menu principal est animé et musical. Glissé dans le boîtier, vous trouverez également un petit livret de huit pages, comprenant un entretien avec Claude Lelouch mené par Nicolas Rioult.
Le seul supplément proposé sur cette galette est un making of (5’30) composé d’images de tournage, de propos des comédiens et surtout de Claude Lelouch qui revient sur les conditions de tournage, autrement dit réaliser un film à l’aide d’un smartphone, en compagnie des étudiants en cinéma des Ateliers du Cinéma de Beaune. Le réalisateur déclare être très heureux de « donner un coup de boost à la jeunesse du cinéma ».
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.
L’Image et le son
La Vertu des impondérables a été tourné à l’aide d’un iPhone stabilisé. A l’écran, les images sont guère reluisantes avec des couleurs criardes, une définition moyenne, des contrastes aléatoires et un piqué émoussé. Parfois, les visages semblent cireux en raison des prises de vue, à l’instar de l’interminable séquence inaugurale quand le cinéaste se fond dans la masse et crée un tourbillon en tournant autour de ses comédiens qui chantent avec un sourire figé.
L’ensemble des enceintes est parfois mis à contribution aux quatre coins cardinaux sur l’unique piste Dolby Digital 5.1., surtout sur les scènes chantées qui reviennent très (trop…) souvent dans le film. L’omniprésente musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale, avec des effets latéraux constants. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.