Test DVD / Daaaaaalí !, réalisé par Quentin Dupieux

DAAAAAALÍ! réalisé par Quentin Dupieux, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juin 2024 chez Diaphana.

Acteurs : Anaïs Demoustier, Edouard Baer, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Gilles Lellouche, Didier Flamand, Romain Duris, Agnès Hurstel…

Scénario : Quentin Dupieux

Photographie : Quentin Dupieux

Musique : Thomas Bangalter

Durée : 1h14

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Une journaliste française rencontre Salvador Dali à plusieurs reprises pour un projet de documentaire.

Daaaaaalí !, avec six o s’il vous plaît, c’est important car il y en a autant que d’interprètes qui incarnent Salvador Dalí (1904-1989) à l’écran dans le douzième long-métrage du prolifique Quentin Dupieux. Six mois après le succès de Yannick (deux fois nommé aux César) et trois mois avant celui du Deuxième acte (pour l’instant son plus gros hit au box-office), le réalisateur présentait Daaaaaalí !, qui avait connu une avant-première à la Mostra de Venise l’année précédente, avant sa sortie en salles début 2024 où il allait lui aussi rencontrer un large public avec plus de 480.000 spectateurs. Un personnage qui revenait de droit à Quentin Dupieux, c’est ce qu’on se dit après les 75 minutes de ce film complètement fou, bourré d’imagination, qui va au bout de son concept et propose surtout aux spectateurs une expérience unique comme seul le cinéma peut offrir. Jouant avec l’espace et le temps, le réel et l’imaginaire, en imbriquant les arts, le cinéaste jongle avec toutes les possibilités, ne se refuse rien, essaye, tente, fonce, réussit les trois quarts du temps ce qu’il entreprend, avec une virtuosité de chaque instant et tout cela en livrant un fabuleux portrait du peintre, sculpteur, graveur, scénariste et écrivain espagnol, représentant du surréalisme et fou chocolat Lanvin. L’un des indispensables de 2024.

Judith, une journaliste française, rencontre Salvador Dalí à plusieurs reprises, d’abord pour un projet d’interview, que Dalí refuse, puis pour un film documentaire qui s’avère difficile à réaliser, notamment lorsque Dalí, conduisant sa Rolls-Royce sur la plage, met hors d’usage la caméra avant le début du tournage.

Édouard Baer, Jonathan Cohen, Gilles Lellouche, Pio Marmaï, Didier Flamand et Boris Gillot, ils arborent tous la moustache de ce cher Salvador, à l’instar de Christian Bale, Cate Blanchett, Marcus Carl Franklin, Richard Gere, Heath Ledger et Ben Wishaw qui campaient Bob Dylan dans I’m Not There (2007) de Todd Haynes. Ces changements de peau et d’apparence reflètent constamment le côté insaisissable de l’artiste, qui s’était créé un personnage ancré dans les mémoires, jusqu’à son phrasé étiré soutenu par son accent. Il serait difficile, ou plutôt injuste de classer les comédiens selon la qualité de leur interprétation dans Daaaaaalí !, tous n’ayant pas la même matière à modeler, mais Édouard Baer et Jonathan Cohen se taillent assurément la part du lion. Le premier dans la peau du Dalí entre deux âges et où pointe la maturité, le second dans celle du peintre à l’aube de ses 40 ans.

Reprenant les tics, la langue, les regards hallucinés, la démarche et tout le reste, les acteurs s’en donnent à coeur joie et prennent un évident plaisir à composer leur propre Dalí, en représentant une facette, une sensibilité, un tempo, une partie de l’univers du maître. Gilles Lellouche apparaît un peu plus pataud dans sa représentation, Pio Marmaï sans doute plus effacé et « classique », mais ils ne déméritent pas pour autant, tout comme le génial Didier Flamand en Dalí âgé, tandis que Boris Gillot, vu dernièrement dans Pauvres créatures Poor Things de Yorgos Lanthimos et aperçu dans Tous les dieux du ciel de Quarxx, ainsi que dans le Benedetta de Paul Verhoeven interprète un « Autre Dalí » au faciès singulier. Au milieu de toute cette troupe de merveilleux comédiens se distinguent une fois de plus Anaïs Demoustier, pour sa quatrième collaboration avec Quentin Dupieux après Au poste !, Incroyable mais vrai et Fumer fait tousser. Elle est une fois de plus lumineuse et campe l’astre autour duquel virevolte (nt les divers) Salvador Dalí, qui s’en remettra à cette journaliste fragile et innocente. Mention spéciale également à Romain Duris, impeccable en producteur nerveux, que l’on avait rarement vu aussi détestable au cinéma.

En s’inspirant du légendaire Charme discret de la bourgeoisie de Luis Buñuel, Quentin Dupieux livre incontestablement l’un de ses meilleurs opus, furieusement drôle (on se souviendra longtemps du récit de l’évêque durant le dîner) et poétique. Plus qu’un biopic, c’est un hommage, une déclaration d’amour, une connexion entre deux univers (labyrinthiques et absurdes) qui fait tilt dès les premières secondes quand le réalisateur reconstitue en live la toile baptisée Fontaine nécrophilique coulant d’un piano à queue, que l’on croirait tout droit sortie de sa propre imagination. C’est dire si ces deux-là étaient faits pour se rencontrer.

LE DVD

Il faut savoir tenir le rythme avec les sorties successives des films de Quentin Dupieux en DVD et Blu-ray ! Quelques petits mois après Yannick, nous chroniquons aujourd’hui l’édition Standard de Daaaaaalí !, disponible chez Diaphana. Le visuel du DVD reprend celui de l’affiche française d’exploitation. Le menu principal est fixe et musical.

Le premier bonus de cette édition est une rencontre avec Quentin Dupieux, Édouard Baer et Jonathan Cohen, enregistrée à l’issue d’une projection de Daaaaaalí ! (18’). Le réalisateur s’exprime sur ses intentions et ses partis-pris, tandis que les comédiens parlent des conditions de tournage, de leur préparation et de leur affection pour le cinéma de Quentin Dupieux. On apprend également qu’à l’origine Jonathan Cohen devait interpréter le producteur, rôle finalement incarné par Romain Duris. La musique de Thomas Bangalter est aussi évoquée.

Nous passons ensuite à un making of, qui est en réalité un extrait du documentaire Filmer fait penser, réalisé par Charles Bosson, qui se concentre ici sur les prises de vue de Daaaaaalí ! en janvier 2023 (6’). L’occasion de voir une fois de plus Quentin Dupieux à l’oeuvre, omniprésent, sur tous les fronts derrière la caméra. Quelques intervenants parlent de leurs collaborations avec Quentin Dupieux, dont Blanche Gardin, Pio Marmaï, Guillaume Le Braz (ingénieur du son) et Renaud Garnier (chef électricien), tandis que nous découvrons des images provenant du plateau.

Enfin, l’autre gros morceau de cette interactivité est une rencontre avec Salvador Dalí (11’), réalisée en février 1971, qui a visiblement beaucoup inspiré certains échanges dans le film de Quentin Dupieux. L’artiste se livre à quelques punchlines (« J’ai l’habitude depuis l’enfance de ne pas répondre à ce qu’on me demaaaande ! », « Les enfants m’aiment, mais moi je n’aime pas les enfants, et leurs dessins encore plus ! »), Cézanne en prend plein la tronche (« C’est Meissonnier qui devrait être réhabillllité ! »)…des propos dingues, parfois difficiles à suivre sans doute, surtout quand Dalí se barre à plusieurs reprises, laissant la journaliste Denise Glaser quelque peu perdue, alors qu’elle cherchait simplement à en savoir plus sur le disque que son invité venait de sortir. Un grand moment.

On termine sur un teaser et la bande-annonce du film.

L’Image et le son

Les partis pris esthétiques de Quentin Dupieux sont habilement restitués, mais entraînent un piqué aléatoire et quelque peu émoussé, des couleurs oscillant entre le chaud et le froid, qui manquent parfois de concision. Les textures, les décors et les costumes ont parfois un peu de mal à passer le cap du petit écran. Les visages sont détaillés à souhait et les plans rapprochés sont pas mal, bien qu’un léger voile blanchâtre occasionne quelques pertes de la définition. Heureusement, la compression consolide suffisamment l’ensemble.

Le mixage Dolby Digital 5.1 remplit parfaitement son office, délivrant à la fois les dialogues de manière ardente, offrant un lot conséquent d’ambiances latérales ainsi qu’une balance frontale dynamique. Le caisson de basses est utilisé à bon escient, la musique est idéalement spatialisée, les ambiances naturelles sont immersives. La piste stéréo apparaît tout aussi fracassante. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Diaphana / ATELIER DE PRODUCTION – FRANCE 3 CINEMA 2023 / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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