VOEUX SANGLANTS (The Initiation) réalisé par Larry Stewart, disponible en Blu-ray le 10 mai 2023 chez Extralucid Films.
Acteurs : Vera Miles, Clu Gulager, Daphne Zuniga, James Read, Marilyn Kagan, Robert Dowdell, Patti Heider, Frances Peterson, Hunter Tylo…
Scénario : Charles Pratt Jr.
Photographie : George Tirl
Musique : Gabriel Black & Lance Ong
Durée : 1h37
Année de sortie : 1984
LE FILM
La jeune Kelly, qui appartient à une confrérie à l’université, est soumise à un rite d’initiation : avec d’autres membres, elle doit pénétrer de nuit dans un magasin mais, entrés illégalement, ils réalisent qu’ils ne peuvent plus en sortir. Un tueur commence alors à les éliminer un par un…
Novembre 1984, Les Griffes de la nuit – A Nightmare on Elm Street de Wes Craven est un événement planétaire. Les slashers sortis la même année avant ou après auront du mal à retenir l’attention des spectateurs, de la critique et à passer à la postérité, à part peut-être Vendredi 13 : Chapitre final de Joseph Zito, le quatrième épisode de la saga. Pourtant, six mois auparavant, sortait un digne représentant du genre, un certain The Initiation, édité en France sous le titre Voeux sanglants, réalisé par Larry Stewart. Celui-ci aura passé son temps sur les plateaux hollywoodiens à jouer le figurant de service (comme dans Alerte aux marines d’Edward Ludwig) dans les années 1940-50, avant de travailler comme superviseur des dialogues, puis en tant que metteur en scène, officiant à la télévision sur de multiples séries comme Super Jaimie, L’Incroyable Hulk, Drôles de dames, L’île fantastique et Buck Rogers. Voeux sanglants sera sa seule et unique incursion cinématographique, sur laquelle il atterrit d’ailleurs suite au renvoi du premier réalisateur, Peter Crane, qui après avoir emballé les séquences se déroulant dans l’hôpital psychiatrique, est remercié par les producteurs, qui trouvent que monsieur joue trop à l’artiste et ne va pas assez vite à leur goût. Voeux sanglants est un divertissement aux effets sans doute attendus, mais qui vaut sacrément le détour, d’une part pour sa solide distribution (cela fait du bien de voir des jeunes acteurs inconnus bien jouer, ce qui n’était pas le cas dans tous les slashers qui pullulaient sur les écrans), d’autre part pour ses idées visuelles ou scénaristiques, qui nous font nous accrocher à notre siège jusqu’au twist. Une sympathique découverte.
Depuis son enfance, l’étudiante Kelly Fairchild souffre d’un cauchemar récurrent dans lequel un homme étrange est brûlé vif dans la chambre de ses parents. Ce mauvais rêve a commencé lorsque Kelly a souffert d’amnésie après avoir subi une blessure à la tête à l’âge de neuf ans. Dans l’espoir de démêler le sens du cauchemar, Kelly propose une idée de projet à Peter, l’assistant diplômé de son séminaire de psychologie. Peter accepte d’effectuer une étude du sommeil sur Kelly, mais sa mère, Frances, l’interdit. Pendant ce temps, dans un hôpital psychiatrique à des kilomètres de là, plusieurs patients s’échappent et une infirmière est assassinée. Frances est informée de cet incident par téléphone et informe le père de Kelly, Dwight. Kelly se prépare à participer au rituel d’initiation de sa sororité qui implique qu’elle et un groupe d’autres élues pénètrent par effraction dans le grand magasin à plusieurs niveaux de son père pendant les heures de fermeture et volent l’uniforme du gardien de nuit. Kelly, son amie Marcia et ses colocataires Alison et Beth sont les quatre principales promises.
C’est assez rare pour être souligné, mais les protagonistes sont pour la plupart tous attachants dans Voeux sanglants, ce qui crée une empathie et donc une émotion au moment où certains d’entre eux passent de vie à trépas dans la seconde partie du film. Car The Initiation est clairement scindé en deux actes, le premier prenant le temps, sans ennui et aucune longueur, de planter son décor, les relations entre les personnages, les enjeux (en gros quelques étudiantes doivent suivre le rite destiné à les intégrer à la sororité Delta Rho Chi), ainsi que le trauma psychologique de celle que l’on suivra du début à la fin, Kelly, rôle tenue par l’excellente et charismatique Daphne Zuniga, que l’on avait découvert deux ans auparavant dans le nanardesque Massacre au dortoir – The Dorm That Dripped Blood et que l’on reverra plus tard dans le légendaire La Folle histoire de l’espace (la princesse Vespa, c’est elle !), le sous-estimé La Mouche II de Chris Walas et la série Les Frères Scott. Elle fait partie des innombrables Scream Queens qui envahissaient les cinémas et s’en sort admirablement, avec un mélange d’innocence et d’ambiguïté, le genre de nana que l’on voudrait protéger et qui dégage pourtant un mystère insondable qui rend méfiant. Également au casting, la mythique Vera Miles (La Prisonnière du désert, Le Faux coupable, Psychose, L’Homme qui tua Liberty Valance) et Clu Gulager (Le Retour des Morts vivants, À bout portant, Virages) s’occupent de la caution crédibilité de l’entreprise, tout en payant leurs impôts, ainsi que le très bon James Read (Charmed, Nord et Sud), qui se démarque dans le rôle du beau gosse qui prépare un doctorat en parapsychologie et qui aidera Kelly à comprendre ce cauchemar récurrent qui la hante depuis son enfance.
À mi-parcours, Voeux sanglants passe la vitesse supérieure et enferme l’ensemble des jeunes dans un centre commercial, en pleine nuit, superbe terrain de jeu pour le tueur lancé à leur poursuite. Le scénario de Charles Pratt Jr., qui fera sa fortune en écrivant des centaines d’épisodes de Santa Barbara, de Sunset Beach, d’Hôpital Central et des Feux de l’amour, enchaîne les morceaux de bravoure et les meurtres se succèdent de façon intelligente, jusqu’à la révélation finale, inattendue, avec ce côté nawak qu’on adore et qu’on pardonne volontiers tant le dénouement est totalement assumé et surtout efficace, le tout soutenu par une photo qui a de la gueule et un montage nerveux. Ah oui, les plans boobs sont évidemment présents. Un très bon cru.
LE BLU-RAY
Nous revoici en bonne compagnie, autrement dit avec les superbes objets édités par nos amis d’Extralucid Films ! Ces derniers ont eu la très bonne idée de nous concocter une sortie en Blu-ray du génial Voeux sanglants, pour leur 16è opus de leur collection ExtraCulte ! Le disque repose dans un Slim Digipack à deux volets, reprenant quelques visuels issus de l’exploitation du film, le tout glissé dans un fourreau cartonné, illustré par John Capone, avec l’aide d’une IA. Nous aimons particulièrement ce choix éditorial, mais il est clair qu’il ne fera pas l’unanimité. Le menu principal est animé et musical. Et pour commande ce titre, c’est ici !
Comme nous avions pu déjà le remarquer sur les éditions de Ticks et de Pumpkinhead, Clara Sebastiao s’impose comme l’une des meilleures intervenantes du moment, que l’on retrouve avec plaisir sur ce Blu-ray de Voeux sanglants. Durant près de vingt minutes, la programmatrice et chargée de projet événementiel revient dans une première partie sur le slasher, son origine, ses codes, les franchises et les personnages les plus célèbres, son évolution, son âge d’or, son déclin, puis sa renaissance dans les années 1990 avec la saga Scream de Wes Craven. Puis, l’invitée d’Extralucid Films en vient au sous-genre dit de la sororité, avec ses ingrédients spécifiques. C’est alors qu’elle se focalise sur Voeux sanglants proprement dit, en donnant de multiples indications sur les conditions de tournage (le renvoi du premier réalisateur Peter Crane), le casting, les lieux des prises de vue, la sortie et son accueil mitigé.
Également déjà intervenu sur les Blu-ray de Tous les dieux du ciel et Pumpkinhead, le génial David Scherer fait aussi son retour pour nous présenter Voeux sanglants (8’). Le maquilleur/créateur d’effets spéciaux replace le film qui nous intéresse dans son contexte (sorti en pleine vague du slasher), une œuvre « très bien emballée, avec un vrai savoir-faire […] qui possède une patte spéciale, dont le déroulé est certes classique, mais qui possède un petit plus ». David Scherer explique pourquoi selon-lui Voeux sanglants semble prendre les meilleurs éléments du slasher et ceux du giallo, ce qui fait son originalité et surtout sa réussite.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Le transfert est irréprochable, le master quasi-immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie souvent éclatante. Les décors sont riches, la gestion des contrastes est également très solide, les gros plans ne manquent pas de détails, tout comme sur l’ensemble du superbe cadre. Bel équilibre chromatique et excellente gestion de la texture argentique. Un master HD qui possède beaucoup d’attraits et qui se permet même d’en mettre plein les yeux à plusieurs reprises.
Deux versions DTS-HD Master Audio 2.0 disponibles sur cette édition ! Quitte à choisir, sélectionnez la piste anglaise, plus dynamique, aérée, percutante que la version française. Cette dernière s’en tire néanmoins avec les honneurs, avec un spectre cependant plus réduit, mais un doublage plus que sympathique et rétro.
Crédits images : © Extralucid Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr