TRANSGRESSION (Tra(sgre)dire) réalisé par Tinto Brass, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 7 mai 2024 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Yuliya Mayarchuk, Jarno Berardi, Francesca Nunzi, Max Parodi, Mauro Lorenz, Leila Carli, Vittorio Attene, Antonio Salines…
Scénario : Tinto Brass, Carla Cipriani, Nicolaj Pennestri, Silvia Rossi & Massimiliano Zanin
Photographie : Massimo Di Venanzo
Musique : Pino Donaggio
Durée : 1h30
Date de sortie initiale : 2000
LE FILM
Carla est une jolie vénitienne de vingt ans, à la recherche d’un appartement à Londres pour s’installer avec Matéo, un étudiant dont elle est amoureuse. Le couple propriétaire de l’agence immobilière, aux moeurs très libre, vont entraîner Carla, dans une course folle dans le Londres érotique… Mais Matéo a décidé de la rejoindre…
Voilà, le scénario de Transgression est pour ainsi dire entièrement résumé en quatre lignes. Mais soyons honnêtes, on ne regarde pas vraiment un film de Tinto Brass pour son intrigue, surtout ceux réalisés après La Clé – La Chiave (1983). Après ce merveilleux opus, l’un de ses plus connus et qui fera de Stefania Sandrelli un sex-symbol à près de quarante ans, le cinéaste italien s’adonnera à l’érotisme pur et dur. Suivront donc Miranda, Paprika, Monella…autant de personnages féminins, marquants à défaut d’être inoubliables, interprétés par de quasi-inconnues, Serena Grandi, Debora Caprioglio et Anna Ammirati, se livrant corps (pulpeux) et âme à la caméra intrusive d’un Tinto Brass souvent déchaîné qui ne recule devant rien pour placer ses objectifs dans les angles les plus insolites. Nous voici rendus en 2000 et le cap de ce nouveau siècle ne change en rien celui du metteur en scène hédoniste. Il livre ainsi Transgression, ou Tra(sgre)dire en version originale (jeu de mots combinant les verbes trasgredire et tradire, désobéir et tromper, ou trahir), comédie polissonne qui va à cent à l’heure, qui repose uniquement sur la plastique irréprochable de ses deux comédiennes principales, Yuliya Mayarchuk et Francesca Nunzi, qui passent plus de temps nues que vêtues (un record en la matière), tandis que Tinto Brass brasse (on ne peut pas s’en empêcher) ses thèmes de prédilection, l’amour libre, la mise en pratique des fantasmes, la gent masculine à la traîne et la femme forte. Contre toute attente, Transgression est bandant à souhait, excitant du début à la fin, complètement improbable dans les années 2020…ça fait un bien fou.
Carla, une Vénitienne de vingt ans, rejoint une agence immobilière à Londres. Elle recherche un appartement à louer pour Matteo, l’étudiant dont elle est amoureuse et qui la rejoindra au plus vite dans la capitale britannique. Moira, la propriétaire de l’agence, frappée par le charme de Carla, l’invite chez elle. Carla garde tout secret pour Matteo qui, envahi par les doutes et la jalousie, lui annonce par téléphone qu’il compte renoncer au voyage à Londres. Carla, très déçue, accepte également la cour de Mario, l’ex-mari de Moira, lors d’une fête très spéciale. A Venise, cependant, Matteo ne peut pas résister et part sans rien dire. Lorsqu’il rejoint inopinément Carla à Londres, il exprime sa colère mais finalement, entraîné par cette dernière et par les gens qu’elle rencontrés, il comprend que, si connaître quelqu’un d’autre le rend fou de jalousie, la jalousie elle-même le rend fou de désir envers elle.
On ne sait pas combien de fois la superbe Yuliya Mayarchuk se déshabille sans raison dans Transgression, mais on ne va pas s’en plaindre, car Tinto Brass passe autant de temps à filmer son beau visage ukrainien que son cul splendide et ses seins parfaits. C’est là d’ailleurs tout le spectacle de cette petite fable inoffensive où notre chère et peu farouche Carla se laissera facilement convaincre par son entourage de se laisser aller, de se laisser prendre aussi, d’accepter ce qui s’offre à elle en attendant que son fiancé coincé accepte de la rejoindre à Londres. Ainsi, Carla va rencontrer Moira, interprétée par Francesca Nunzi, vue précédemment dans Monella, aussi divinement gaulée que sa partenaire. Même si Carla se défend de ne pas être lesbienne, cela ne va pas l’empêcher d’expérimenter de nouvelles choses avec sa nouvelle amie, dont elle rencontrera aussi l’ex-mari, qui lui aussi va en profiter pour lui apprendre la face (ou la fesse) cachée du plaisir.
Quoi que l’on puisse penser du cinéma de Tinto Brass, celui-ci a toujours su mettre ses comédiennes en valeur et composer autant de trames que de personnages féministes, avec ces bombes sexuelles indépendantes, qui décident de prendre leur pied comme elles le veulent. S’ils se sont mis à cinq pour pondre cette histoire (y compris Carla Cipriani, la compagne de l’amico Brass), Transgression ne va pas bien loin et enchaîne les scènes de baise (mais pas queue, chez Brass on n’embrasse pas, mais on encule), les plans totalement gratuits sur l’ana(l)tomie de ces jeunes femmes (et il y en a un paquet), tandis que les mecs apparaissent souvent le (faux) sexe en érection, les prothèses étant volontairement explicites.
En dehors d’un caméo gourmand de Tinto Brass, les acteurs sont quasiment transparents, que ce soit Jarno Berardi, dans sa seule apparition au cinéma, ici dans le rôle du veinard Matteo, ou Max Parodi, habitué de l’univers du réalisateur. Mais on ne leur en veut pas, car nous sommes là pour les jolies minettes, filmées des pieds à la tête, en particulier entre les cuisses il est vrai et de ce point de vue-là le spectateur est particulièrement gâté. Que demander de plus ?
LE BLU-RAY
Et ça continue ! Après Monela – Lola la frivole, Miranda, La Clé et Salon Kitty, Tinto Brass se voit à nouveau dérouler le tapis rouge chez Sidonis Calysta avec les sorties en Haute-Définition de Transgression et Fallo !. Le premier, désormais disponible en Combo Blu-ray + DVD et édition Standard, avait déjà connu une sortie en DVD chez Tiffany en 2007, avant d’atterrir chez Bach Films en 2012, sous le titre Transgressing. Beau visuel concocté pour cette nouvelle mouture. Menu principal animé et musical. À noter que l’éditeur a d’ores et déjà annoncé la sortie en Blu-ray de Monamour (2005) et Le Voyeur (1994) pour la rentrée septembre !
Pas de François Guérif à l’horizon, ni de Jean-François Rauger, mais Olivier Père prend le relais pour a sortie en HD de Transgression (30’). Ce dernier a beaucoup de choses à dire sur Tinto Brass, son cinéma, ses obsessions… Olivier Père évoque tout d’abord la place particulière de Tinto Brass dans le cinéma érotique italien et plus largement européen, en parlant des différentes étapes de sa carrière, avant d’en venir plus précisément à Transgression. Pour lui « Trasgredire appartient à la dernière partie de son œuvre, le Tinto Brass frivole, libertin, purement érotique, sans prétexte intellectuel ou culturel ». Ce succès en Italie, sorti uniquement en VHS dans nos contrées, est ensuite très largement disséqué par le directeur général d’ARTE France Cinéma et directeur de l’Unité Cinéma d’ARTE France. « Transgression est marqué par un érotisme joyeux, ludique, heureux, qui transcende la mort et la morale » dit-il, avant de mettre en avant les points forts de ce nouveau portrait de femme, un personnage fort et dominant placé dans un film contemporain, « une particularité chez Tinto Brass ». La place importante de Venise et de Londres dans l’oeuvre du maître, les partis-pris (beaucoup de scènes en studio), le casting, la représentation de la sexualité à l’écran sont également les points abordés par Olivier Père.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
L’élévation HD pour Transgression est frappante. Ce Blu-ray en met plein les yeux dès les premiers plans. La restauration est étincelante, les contrastes d’une indéniable densité, la copie est propre et lumineuse. Les détails étonnent souvent par leur précision, les gros plans (nombreux) sont détaillés à souhait, les couleurs retrouvent un éclat inespéré, le relief des séquences diurnes est inédit et le piqué demeure acéré du début à la fin. Un superbe lifting.
Transgression est proposé en français et en italien. La première piste dispose d’un doublage plutôt réussi, même si misant aussi trop souvent sur le report des voix au détriment des effets annexes. Au jeu des comparaisons, la version italienne s’en sort mieux. Fluide et dynamique, propre, elle instaure un bon confort acoustique. Les sous-titres français ne sont pas imposés.
Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
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