Test Blu-ray / The Colditz Story (La Grande évasion), réalisé par Guy Hamilton

LES INDOMPTABLES DE COLDITZ ou LA GRANDE ÉVASION (The Colditz Story) réalisé par Guy Hamilton, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 27 mai 2025 chez Tamasa Distribution.

Acteurs : John Mills, Eric Portman, Frederick Valk, Denis Shaw, Lionel Jeffries, Christopher Rhodes, Richard Wattis, Ian Carmichael, Bryan Forbes, Theodore Bikel, Eugene Deckers, Anton Diffring…

Scénario : Guy Hamilton, Ivan Foxwell & William Douglas-Home, d’après le livre de Patrick Robert Reid

Photographie : Gordon Dines

Musique : Francis Chagrin

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

La forteresse de Colditz est une prison militaire réputée infranchissable. Pendant la Seconde Guerre mondiale, les nazis ont l’idée d’y transférer les rois de l’évasion de toutes les nationalités, des officiers britanniques, français et polonais. Regrouper ainsi des récidivistes de l’évasion se révélera une idée plus dangereuse que lumineuse…

Dans le registre du film de guerre, le sous-genre dit du « film de prisonniers de guerre » tient une place à part entière. L’opus cinématographique emblématique de cette première moitié du vingtième siècle demeure certainement La Grande illusion de Jean Renoir.  » Tous les démocrates du monde devraient voir La Grande illusion «  disait Franklin Delano Roosevelt. Inspiré du récit authentique des prisonniers de guerre en Allemagne, La Grande illusion demeure non seulement l’un des plus grands films de l’histoire du cinéma français mais également l’un des films les plus importants de toute l’Histoire du 7ème art. Reprenant littéralement le titre d’un essai de Norman Angell paru en France en 1910, La Grande illusion fait surtout référence à la démence de croire que la fin de la Première Guerre mondiale prenne fin rapidement mais aussi que ce conflit armé sera le dernier (l’ombre de la Seconde Guerre mondiale plane sur tout le film). Autre opus important dans le genre, Stalag 17 (1953) de Billy Wilder, où des soldats américains, emprisonnés dans un camp allemand situé en Autriche, tentent de débusquer un traître dans leurs rangs et de s’évader. Après ce dernier, les productions lorgnant du côté d’histoires vraies (ou pas) liées à la détention de soldats en temps de guerre vont se multiplier. Ainsi, alors que Jean-Paul Le Chanois livre le formidable Les Évadés, avec Pierre Fresnay, François Perier et Michel André, dont les personnages tentent de gagner la Suède en traversant le nord de l’Allemagne et le Danemark, en Angleterre on découvre Les Indomptables de Colditz – The Colditz Story, quatrième long-métrage réalisé par Guy Hamilton, qui deviendra l’un des plus grands succès de l’année outre-Manche. Entièrement basé sur le roman de Patrick Robert Reid, The Colditz Story, La Grande évasion, comme le film sera ainsi rebaptisé en France cinq ans après sa sortie, anticipe justement le chef d’oeuvre de John Sturges, triomphe de l’année 1963 et peut se targuer d’être devenu avec le temps un mètre-étalon, une référence, qui trouve un équilibre aussi osé qu’étonnant pour l’époque entre la gravité de la situation et un humour inattendu. Une sacrée découverte et une étape indispensable pour les cinéphiles.

L’histoire se déroule durant la Seconde Guerre mondiale. Des prisonniers de guerre britanniques, français, hollandais et polonais qui ont fait plusieurs tentatives d’évasion sont envoyés à l’Oflag IV-C, un Schloss, c’est-à-dire un château, censé être sécurisé. Ils se retrouvent à Colditz, en Saxe, au cœur de l’Allemagne nazie. Au début, les différentes nationalités réfléchissent à des plans de fuite séparément, jusqu’à ce qu’un officier supérieur britannique suggère une coopération. S’ensuivent plusieurs autres tentatives d’évasion, certaines réussissent, d’autres non.

« J’ai un plan infaillible ! »

« Ils le sont tous, jusqu’à ce qu’ils échouent. »

Pas étonnant que Guy Hamilton ait été appelé pour réaliser Goldfinger dix ans après, puisque Les Indomptables de Colditz, qui est toujours resté un film culte en Angleterre, rend compte de son indéniable efficacité derrière la caméra. L’ancien assistant de Julien Duvivier, de Carol Reed et de John Huston en a sacrément sous le capot et les nombreuses péripéties du récit lui offrent un fabuleux terrain de jeu. Sa mise en scène est constamment inventive, la photographie de Gordon Dines (chef opérateur de The Gentle Gunman, The Ship that Died of Shame, Secret People) est un ravissement de tous les instants et le casting est surtout à se damner. Point de premier rôle ici, tous les comédiens sont logés à la même enseigne. Ainsi, John Mills (Ceux qui servent en mer, Chuka le redoutable, La Fille de Ryan), Eric Portman (Aux postes de combat, West 11), Frederick Valk (Au coeur de la nuit), Lionel Jeffries (Les Premiers Hommes dans la Lune, La Revanche de Frankenstein), Ian Carmichael (Les Quatre plumes blanches, School for scoundrels), Bryan Forbes (La Belle espionne), Theodore Bikel (My Fair Lady, La Chaîne), pour ne citer que ceux-ci dans ce film choral, sont tous exceptionnels de vérité, toujours sur le fil entre la gravité (car la situation est loin d’être drôle) et l’humour, qui agit comme une soupape de survie.

« Personne ne s’évade ! Verboten ! »

Sur un rythme effréné, les tentatives d’évasion se multiplient, certaines réussissent, d’autres (la plupart) non, mais cela n’empêche pas les soldats, experts en la matière, d’imaginer un nouveau plan, tout en se concertant entre nationalités. Polonais, hollandais, français, anglais, tous au début se marchent les uns sur les autres, empêchent malheureusement certains qui ont eu la même idée qu’eux de prendre la poudre d’escampette au même moment, avant de finalement créer un comité des évasions, histoire de se concerter avant l’action.

Le générique de fin indique que 320 tentatives d’évasions ont eu lieu à Colditz, dont 56 réussies, un record inégalé. Si, cinéma et donc divertissement oblige, un humour a été ajouté à cette entreprise,The Colditz Story suit scrupuleusement le livre original à la lettre et tout ce qui est raconté est véridique. Il faut le voir pour le croire et il est donc plus que très largement conseillé de le faire au plus vite si vous n’avez jamais vu ce bijou du cinéma britannique.

LE COMBO BLU-RAY + DVD

Merci Tamasa Distribution de nous permettre de découvrir Les Indomptables de Colditz dans les plus belles conditions possibles. Le film est désormais disponible en Combo Blu-ray + DVD, placés dans un boîtier Digipack. Le menu principal est fixe et muet.

Le premier supplément est une excellente présentation du film de Guy Hamilton par Erwan Le Gac, monteur, réalisateur et coéditeur, avec Rouge profond, de l’intégrale Midi Minuit Fantastique (27’30). Ce dernier revient sur le sous-genre dit du film de prisonniers de guerre, en donnant quelques titres emblématiques, avant d’en venir précisément sur The Colditz Story, replacé dans son contexte historique, puis disséqué à la fois sur le fond et sur sa forme. Quelques informations sont aussi données sur Guy Hamilton, ainsi que sur sa carrière marquée entre autres par la mise en scène de trois opus de la saga James Bond.

Tamasa livre aussi un long et passionnant documentaire intitulé Colditz révélé (53’30). Ce module de 2011 donne la parole à certains rescapés du camp, ainsi qu’à Henry Reid, fils de Patrick Reid, auteur du roman ayant servi de base aux Indomptables de Colditz. Les évasions ou leurs tentatives les plus dingues sont ainsi énumérées, certaines étant même tellement invraisemblables, qu’elles n’ont pas été retenues pour le film.

Le dernier bonus est un comparatif avant.après la restauration (3’).

L’Image et le son

Si la première bobine est un peu plus altérée, générique compris, le master HD que l’on a devant nos yeux est impressionnant. La gestion des contrastes est on ne peut plus solide avec ses noirs denses, ses blancs lumineux et une palette variée de gris, la propreté est éloquente, la copie stable et le piqué indéniable. Point de réducteur de bruit à l’horizon, la texture argentique a heureusement été préservée. Une grande restauration pour cette Grande Évasion.

Le mixage anglais a subi un sacré dépoussiérage et les dialogues sont très intelligibles. L’écoute demeure agréable et même tonique, la musique de Francis Chagrin (Vacances sur ordonnance) est bien délivrée et l’ensemble ne manque pas d’ardeur. Présence de sous-titres français et même de sous-titres bretons !

Crédits images : © Tamasa / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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