Test Blu-ray / Texas, réalisé par George Marshall

TEXAS réalisé par George Sherman, disponible en DVD et Combo Blu-ray + DVD le 3 juin 2021 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : William Holden,, Glenn Ford, Claire Trevor, George Bancroft, Edgar Buchanan, Don Beddoe, Andrew Tombes, Addison Richards…

Scénario : Horace McCoy, Lewis Meltzer & Michael Blankfort

Photographie : George Meehan

Musique : Sidney Cutner, Ross DiMaggio & Carmen Dragon

Durée : 1h34

Date de sortie initiale: 1941

LE FILM

Au lendemain de la guerre de Sécession, Dan et Tod, deux soldats démobilisés, décident de tenter leur chance au Texas. Mais bientôt, leurs chemins se séparent : tandis que Dan cède à la tentation de l’illégalité, Tod, plus classiquement, devient cow-boy. Plus gênant, les deux amis s’éprennent de la même femme, Claire. Et ne tardent pas à devenir les meilleurs ennemis du monde…

Sept avant le poussif The Man from Colorado, aka La Peine du talion dans nos contrées, William Holden et Glenn Ford se donnaient déjà la réplique dans un western intitulé tout simplement Texas, aussi bien en version originale qu’en français. Nous sommes au début des années 1940 et les deux futures grandes stars hollywoodiennes font comme qui dirait leurs débuts au cinéma ici. Glenn Ford, 24 ans au compteur, enchaîne alors les apparitions depuis quatre ans et vient de tourner rien de moins que 5 films en l’espace d’un an, dont The Lady in question de Charles Vidor, ainsi qu So Ends Our Night Ainsi finit notre nuit de John Cromwell. Sa belle gueule est vite repérée par la Columbia, qui l’emploie dans quelques séries B, principalement des westerns. De son côté, William Holden, 22 ans, s’est très vite fait remarquer dans L’Esclave aux mains d’or Golden Boy de Rouben Mamoulian (1939), mais le comédien devra véritablement attendre 1950 pour exploser aux yeux du monde, grâce au triomphe de Boulevard du crépuscule Sunset Boulevard de Billy Wilder, qui lui vaudra une nomination à l’Oscar du meilleur acteur. Texas est un petit western rétro bien emballé par le vieux briscard George Marshall (l’excellent Fort de la dernière chance avec Audie Murphy, le passionnant Houdini le grand magicien, sans oublier Le Dahlia Bleu, grand classique du film noir), marqué par l’humour récurrent du réalisateur, quelques séquences héritées du burlesque muet et la jeunesse bondissante de ses deux têtes d’affiche.

En 1866, on fête à Abilene, petite ville de l’état du Kansas, l’arrivée du chemin de fer, un progrès significatif pour la ville. Cette avancée est due à Windy Miller (George Bancroft), mais si beaucoup pensent que ce progrès est le résultat de son charisme, c’est en réalité dans un but lucratif personnel que Miller a mené ce projet à son terme. Témoins de l’attaque d’une diligence par une bande armée, deux amis, Dan Thomas (William Holden) et Tod Ramsey (Glenn Ford), décident de suivre les voleurs et de les détrousser. Après s’être partagés le butin, ils se séparent. Quelques années plus tard, ils se retrouvent par hasard. L’un est devenu fermier, l’autre bandit. Tous les deux vont se disputer le coeur de la belle King.

Les cinéphiles qui s’intéresseront autant à la carrière de William Holden qu’à celle de Glenn Ford, ne manqueront pas de se pencher Texas de George Marshall. D’une part pour découvrir les deux acteurs au tout commencement de leurs carrières respectives, d’autre part pour la petite réussite souvent truculente de ce film on peut le dire oublié. Ils sont tous les deux impeccables dans la peau de ces anciens soldats confédérés, fauchés et sans abri, qui décident de se rendre au Texas pour repartir à zéro. Leurs aventures les mènent à un match de boxe (un des grands moments du film, où William Holden fait preuve d’un vrai tempérament comique et de prouesses physiques), puis Dan et Tod insistent malgré eux à l’attaque d’une diligence. Ce sera l’évènement qui les séparera, puisqu’après avoir volé les bandits, Tod désire rendre l’argent à qui il appartient, tandis que Dan souhaite le conserver et continuer sa route. La bonté l’emporte, et les deux se séparent. Plus tard, Tod trouve du travail auprès du plus grand éleveur local, également le père de la belle « Mike » King (Claire Trevor), dont Tod s’éprend rapidement. De son côté, Dan décroche un autre type de boulot, pour le compte d’un autre éleveur, spécialisé dans le vol. Tod et Dan se retrouvent. S’ils parviennent à oublier la raison de leur différend, la présence de Mike entre les deux va raviver quelques tensions. C’est alors qu’entre en jeu la nécessité de convoyer le plus grand troupeau de bétails, 7000 têtes, à travers l’état, en évitant les pilleurs et les attaques des Indiens de la région. Ce sera l’occasion pour nos deux héros de se disputer les faveurs de Mike.

Outre Glen Ford et William Holden, Texas est cette fois encore l’opportunité d’admirer le talent, la grâce et la beauté de Claire Trevor, qui aura illuminé de sa présence de multiples chefs d’oeuvres et classiques comme L’Homme qui n’a pas d’étoile de King Vidor, Marché de brutes d’Anthony Mann, Key Largo de John Huston, Né pour tuer de Robert Wise, Adieu ma jolie d’Edward Dmytryk, La Chevauchée fantastique de John Huston, Les Massacreurs du Kansas d’André De Toth et L’Escadron noir de Raoul Walsh. Mais honnêtement, dans ce casting quatre étoiles se distingue encore le génial Edgar Buchanan (1903-1979), qui aura illuminé de sa présence Le Grand McLintock d’Andrew V. McLaglen, La Taverne de l’Irlandais de John Ford, Coups de feu dans la Sierra de Sam Peckinpah, Les Comancheros de Michael Curtiz, La Ruée vers l’Ouest d’Anthony Mann, Désirs humains de Fritz Lang, L’Homme des vallées perdues de George Stevens, L’Attaque de la malle-poste de Henry Hathaway, Traquée de Richard Wallace, Les Rôdeurs de l’aube de Tim Whelan, La Peine du talion de Henry Levin et bien d’autres encore. Ancien dentiste de profession, le comédien reprend la fraise dans Texas et vole chaque scène dans lesquelles il apparaît, en mettant les doigts dans la bouche de ses interlocuteurs pour y scruter la dentition.

Le scénario coécrit par Horace McCoy (auteur d’On achève bien les chevaux, Adieu la vie, adieu l’amour…), Lewis Meltzer (Les Frères Rico de Phil Karlson, L’Homme au bras d’or d’Otto Preminger) et Michael Blankfort (Okinawa de Lewis Milestone) oscille constamment entre le vrai récit de western et l’humour, en trouvant le parfait équilibre qui ne fait pas sombrer le film dans une parodie du genre. Texas est ce qu’on pourrait appeler une curiosité, anecdotique certes, mais qui n’en demeure pas moins divertissante et amusante, bien rythmée et on ne peut plus sympathique.

LE BLU-RAY

A l’instar du Démon de l’or, dont nous avons parlé récemment, Texas était déjà sorti en DVD chez Sony Pictures en 2007. Le film de George Marshall fait donc son retour dans les bacs français en DVD et en combo Blu-ray + DVD chez Sidonis Calysta dans la collection Silver. Beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

C’est avec une très grande émotion que nous découvrons la toute dernière interview de Bertrand Tavernier réalisée pour le compte de Sidonis Calysta (24’30). Visiblement enregistrée le même jour que l’entretien disponible sur l’édition de La Peine du talion, celle-ci s’avère un très grand moment. Le réalisateur et historien du cinéma parle ici avec sa générosité habituelle, son érudition exceptionnelle, sa verve, sa gouaille et sa passion contagieuse, de Texas, un « western joyeux, picaresque, allègre, plein de mouvements et de péripéties qui auraient pu facilement nourrir 4 ou 5 autres films ». Bertrand Tavernier y aborde longuement la carrière de George Marshall (« qui avait beaucoup plus de personnalité que Henry Levin » et paf !), l’humour qu’il voulait placer même dans ses films plus sombres, sa filmographie (« dans laquelle il y a à boire et à manger »). Les scénaristes et le casting sont passés au peigne fin, tout comme le sens du rythme du film, les scènes cultes (le match de boxe notamment), ainsi que les thèmes (les grands propriétaires qui s’enrichissaient en profitant du système et de l’après-guerre civile). Ce module se clôt sur un arrêt sur image bouleversant en guise de dernier hommage à l’immense Bertrand Tavernier.

Patrick Brion (10’20) reprend pour ainsi dire les mêmes arguments que son regretté confrère, mais passe aussi en revue l’histoire du western, genre alors oublié par le cinéma entre 1928 et 1938, qui connaît un vrai regain de popularité à la fin des années 1930. Il en vient ensuite à la carrière de George Marshall, au mélange des genres dans Texas, et se penche surtout sur l’humour du film et son casting. « Il y a toujours quelque chose à redécouvrir chez George Marshall » dit Patrick Brion en parfaite conclusion.

L’Image et le son

Ce master HD s’en tire honorablement, et ce en dépit de légers fourmillements, de décrochages sur les fondus enchaînés, de fils en bord de cadre, de rayures verticales et d’une baisse notable de la définition lors des retrouvailles de Tod et de Mike. En dehors de cela, le N&B est plutôt agréable avec des contrastes somme toute équilibrés, une propreté correcte (le film est de 1941 et fait vraisemblablement partie d’un fond de catalogue de la Columbia), le piqué agréable et la texture argentique palpable.

Ce n’est pas une surprise, la version originale l’emporte aisément sur la piste française, plus pincée et sourde. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Columbia Pictures / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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