Test Blu-ray / Scarecrows, réalisé par William Wesley

SCARECROWS réalisé par William Wesley, disponible en Blu-ray depuis juin 2023 chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Ted Vernon, Michael David Simms, Richard Vidan, Kristina Sanborn, Victoria Christian, David Campbell, B.J. Turner, Dax Vernon…

Scénario : William Wesley & Richard Jefferies

Photographie : Peter Deming

Musique : Terry Plumeri

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

En Floride, cinq mercenaires pénètrent dans un camp militaire, dérobent la solde des soldats de la garnison s’élevant à trois millions de dollars, puis s’emparent d’un avion, prenant en otage le pilote et sa fille. Alors que l’équipage se rend au Mexique, Bert, l’un des voleurs, saute en parachute avec le butin. Le groupe part alors à sa recherche, qui les mène à une ferme abandonnée bordée d’un champ de maïs. Ils ignorent que l’endroit est infesté d’épouvantails maléfiques…

Scarecrows est à ce jour le premier des deux longs-métrages réalisés par le cubain Jose Rolando Rodriguez, qui prendra comme nom d’artiste William Wesley, qui signera donc également Route 666 (2001) avec Lou Diamond Phillips, qui sortira en DVD en France. Mais pour l’heure, c’est Scarecrows qui nous intéresse, qui sera d’ailleurs nommé en 1989 au Festival de Fantasporto. En réalité, même si cette série B est souvent très réussie et possède beaucoup de charme, les participants les plus célèbres ne sont pas devant, mais derrière la caméra, en particulier le directeur de la photographie, qui n’est autre que le grand Peter Deming. Ce dernier démarrait son illustre carrière, peu d’années avant Evil Dead 2 de Sam Raimi et ses collaborations avec David Lynch sur Lost Highway, Mulholland Drive et Twin Peaks : The Return (excusez du peu), mais aussi avec Wes Craven sur La Musique de mon coeur, Scream 2, 3 et 4. Ici, le chef opérateur tentait d’éclairer comme il le pouvait une poignée d’acteurs dans des marais paumés en Floride. Et le moins que l’on puisse dire c’est que Scarecrows doit beaucoup à Peter Deming. L’image a de la gueule et passe bien les décennies, avec ce parfum forcément reconnaissable des années 1980, ce beau grain parfois appuyé, mais qui flatte les rétines des cinéphiles/ages nostalgiques des spectacles fabriqués avec les moyens du bord, efficacité, intelligence et générosité pour emporter l’adhésion encore aujourd’hui. De l’horreur, gore quand il le faut, drôle aussi avec des dialogues limite ringards (« Ce sont des démons démoniaques ! »), du fantastique, tout cela donne un savoureux mélange, qui est un peu long à décanter, mais dont l’arôme satisfera aisément les pupilles gustatives des amateurs du genre.

Cinq mercenaires paramilitaires et criminels de guerre – Corbin, Curry, Jack, Roxanne et Bert – volent trois millions de dollars à Camp Pendleton et prennent deux otages : Al, un pilote, sa fille adolescente, Kellie, ainsi que leur chien Dax. Alors qu’ils volent vers le Mexique, Bert vole le butin et se jette en parachute dans un champ. Corbin et Jack se précipitent à sa poursuite. À l’atterrissage, le parachute de Bert se prend dans un arbre et, après s’être démêlé, il trouve un épouvantail à côté de plusieurs tombes. Au loin, il remarque une ferme abandonnée. Bert s’enfuit dans un truck garé devant la maison, empruntant une route désolée et récupérant le butin. Alors que les autres tentent de le suivre depuis l’avion, le truck tombe en panne. Bert découvre mystérieusement que le camion n’a pas de moteur. Il tente de fuir à pied avec la malle renfermant le butin. Il se retrouve entouré d’épouvantails, et est poignardé à mort par celui qui soudain s’anime .

Ils ont oublié que la cupidité est un vice ! (bande-annonce)

William Wesley, également coscénariste, coproducteur et monteur, est un malin. Ne bénéficiant pas d’un budget pharaonique, la voix d’un animateur radio expose les faits dans les toutes premières minutes du film. Trois marines sont morts et neuf autres sont dans un état critique, après le braquage d’un bureau de paie par une unité de commandos. Ceux-ci ont réussi à prendre la fuite par les airs, en prenant en otage un pilote et sa fille, et bien sûr en embarquant le magot de 3,5 millions de dollars. Cette annonce permet au réalisateur d’éviter de tourner le casse, ce qui aurait déjà bouffé une bonne partie des billets verts mis à sa disposition, pour ainsi se rendre directement dans l’avion cargo des militaires pourris. L’utilisation de la caméra subjective et des lunettes de vision nocturne instaure une atmosphère dérangeante. William Wesley ne lâchera plus cette équipe de commandos, destinés à devenir de la chair à…taxidermie, puisqu’ils se feront décimer un par un par un groupe d’épouvantails bien décidés à défendre leur territoire.

Le casting de Scarecrows n’est sans doute pas mémorable, d’ailleurs aucun acteur ne percera vraiment après ou certains seront éternellement relégués au rang de silhouette, mais pourtant ceux-ci ne déméritent pas et démontrent suffisamment de charisme (et/ou de talent) pour créer cette empathie nécessaire et non pas faire uniquement de leurs personnages de la barbaque destinée à l’abattoir. Mais il faut bien avouer que ces épouvantails font leurs effets et qu’ils n’y vont pas par quatre chemins pour se débarrasser de ceux qui ont osé piétiné leurs champs de maïs. Après un tournage chaotique marqué par un arrêt forcé de la production en raison d’absence de financements (raison pour laquelle les scènes manquantes seront emballés un an plus tard), Scarecrows n’a pas eu un grand retentissement à sa sortie, encore moins dans nos contrées puisqu’il n’aura pas les honneurs d’être proposé en VHS dans ces lieux mythiques remplis de bandes magnétiques et de visuels affriolants comme chez Locatel ou autre bonne adresse.

Étrangement, ce qui ressort plus de Scarecrows est un aspect jeu vidéo à la First Person Shooter dans la première partie, les dialogues se chevauchant par radio interposée, ce qui contribue à la mise en place du suspens, ainsi que de son unité de lieu (la ferme et son périmètre), de temps (l’action se déroule de minuit à 7h du matin) et d’action (tuer pour survivre). Mine de rien, il y a pas mal de choses à dire sur Scarecrows, beaucoup plus qu’on s’y attendait, ce qui montre que ce petit film vaut très largement qu’on s’y intéresse.

LE BLU-RAY

Encore une pépite débusquée par Le Chat qui fume ! Scarecrows débarque en France, en Blu-ray uniquement, chez Le Chat qui fume. La jaquette au visuel magnétique, est glissée dans un boîtier Scanavo. Le menu principal est animé et musical. Version intégrale.

À l’instar de Breeders, et d’autres titres dont nous allons vous parler prochainement, l’édition HD de Scarecrows s’accompagne de la bande-annonce (sous-titrée en français) et d’une solide présentation de Damien Granger. Gros boulot de préparation de ce dernier, qui en un quart d’heure tout rond nous donne toutes les indications que nous attendions sur Scarecrows, notamment sa genèse, ses difficultés de production, le parcours du réalisateur, les conditions et les lieux de tournage, la mésentente entre le metteur en scène et le producteur, les effets spéciaux (créés avec seulement 5000 dollars !), la musique, la photographie et la sortie chaotique du film (quatre ans après le tournage). Damien Granger ajoute également que « Scarecrows est une série B+, qui se situe dans le haut du panier, qui va au-delà de son concept […] qui vaut vraiment la peine d’être connue […] un film très dynamique, nerveux, gore, intéressant, qui réunit beaucoup de talents ». Si cette intervention ne vous donne pas envie, on ne peut plus rien pour vous.

L’Image et le son

Cette édition HD donne un petit coup de jeune à Scarecrows, tout en respectant son caractère sensiblement vintage. La restauration de ce master au format 1080p – AVC, 1.85 compatible 16/9, est on ne peut plus flatteuse. Le si beau grain argentique est heureusement conservé, la plupart du temps bien géré, sauf sur divers plans, plus grumeleux, en particulier lors des séquences plus sombres. Scarecrows est un film nocturne, mais les couleurs froides signées Peter Deming sont bien restituées, à l’instar de l’éclairage spécifique de la ferme et de ses alentours. La stabilité est de mise, les noirs profonds, l’ensemble est plus que correct, comme les contrastes, même s’il ne faut pas non plus demander des miracles pour un film tourné avec peu de moyens. Le confort de visionnage est indéniable.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD 2.0. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie d’un doublage amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets, la délivrance de la musique et des cris de ces pauvres victimes éviscérées par les épouvantails.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Orion Pictures Corporation / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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