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QUAND VIENT L’AUTOMNE réalisé par François Ozon, disponible en DVD et Blu-ray le 4 février 2025 chez Diaphana.
Acteurs : Josiane Balasko, Hélène Vincent, Ludivine Sagnier, Sophie Guillemin, Pierre Lottin, Vincent Colombe, Marie-Laurence Tartas…
Scénario : François Ozon
Photographie : Jérôme Alméras
Musique : Evgueni Galperine & Sacha Galperine
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2024
LE FILM
Michelle, une grand-mère bien sous tous rapports, vit sa retraite paisible dans un petit village de Bourgogne, pas loin de sa meilleure amie Marie-Claude. À la Toussaint, sa fille Valérie vient lui rendre visite et déposer son fils Lucas pour la semaine de vacances. Mais rien ne se passe comme prévu.
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À force de tourner, avec 23 longs-métrages en l’espace de 26 ans, soit quasiment un film par an, François Ozon est un peu comme l’événement annuel du Beaujolais nouveau. On est heureux de le retrouver et même si la qualité n’est pas là à chaque cuvée, il y a toujours des éléments à analyser, des nouveaux parfums à en tirer. Quand vient l’automne ne fait assurément pas partie des « bons » opus de son auteur, mais il n’est pas non plus à classer parmi les plus mauvais. À ce titre, il sera difficile à François Ozon de faire pire que L’Amant double. On ne pourra pas reprocher au réalisateur de se remettre constamment en question, en danger aussi sans doute, de se réinventer, de se réincarner, car Quand vient l’automne est diamétralement opposé au précédent Mon Crime, comédie barrée et élégante qui avait attiré plus d’un million de spectateurs. Il revient ici à quelque chose de feutré, aux non-dits, à une tension sous-jacente, aux regards, au silence, avec – comme beaucoup l’ont dit – un petit parfum de Simenon et chabrolien. Néanmoins, ce drame psychologique ou thriller dramatique ne convainc pas sur pas mal de points et fait tout d’abord penser à un téléfilm France 3 – Bourgogne, avec une caméra pépère, une mise en scène qui manque singulièrement de souffle, un rythme aux pâquerettes et quelques partis-pris ratés qui font involontairement rire. Pour tout dire, ce n’est pas déplaisant, dans le sens où l’on ne peut qu’admirer deux immenses comédiennes à l’oeuvre, Hélène Vincent et Josiane Balasko, mais il faut vraiment les aimer pour aller (difficilement tout de même) au bout de cette histoire décevante et qui s’oublie rapidement, contrairement à de nombreux autres œuvres du cinéaste.
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Michelle, retraitée vivant dans un village de Bourgogne, partage son quotidien avec son amie de longue date Marie-Claude et la culture de son potager. La visite rapide de sa fille Valérie, venue déposer son fils Lucas pour qu’il passe les vacances scolaires chez sa grand-mère, tourne au drame quand Valérie s’intoxique avec une poêlée de champignons que Michelle a cuisinée. Les relations entre la mère et sa fille, déjà tendues, éclatent et Valérie repart aussitôt pour Paris avec son fils. Marie-Claude s’en veut, car elle a accompagné Michelle en forêt mais n’a pas vérifié tous les champignons. Elle est, de son côté, préoccupée par la libération anticipée de son fils Vincent, condamné à de la prison pour de petits trafics, craignant qu’il ne retombe dans ses travers. Souhaitant aider Vincent à retrouver une vie honnête, Michelle l’engage comme jardinier. Touché par la gentillesse de Michelle à son égard, Vincent prend l’initiative de se rendre à Paris pour confronter Valérie et l’inviter à avoir une meilleure relation avec sa mère. Valérie, déjà nerveuse par son divorce, se rend sur son balcon pour fumer mais trébuche malencontreusement. Michelle apprend la mort de sa fille et se rend à Paris, où la police conclut à une mort accidentelle. Le père de Lucas propose d’emmener son fils vivre avec lui à Dubaï, mais l’enfant opte finalement pour rester en France. Michelle s’occupe désormais de lui et Vincent joue pour lui le rôle d’un grand frère.
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Voilà, Quand vient l’automne fait penser à un livre à la couverture fanée que l’on lirait dans un transat, faute de mieux, pour passer le temps. Comme d’habitude chez François Ozon, les personnages ne sont pas ce qu’on pourrait qualifier de sympathiques, car ceux-ci apparaissent dans toute leur humanité et l’être chez le réalisateur n’est pas vraiment un modèle. Mais il s’intéresse ici à deux femmes à l’automne de leur existence (et en lien avec la nature environnante, photographiée par Jérôme Alméras, de retour chez Ozon douze ans après le sublime Dans la maison), qui ont vécu une « drôle de vie », qui vivent avec certains fantômes. Sur ce point, Michelle voit apparaître Valérie à plusieurs reprises, des scènes malheureusement complètement ratées avec une Ludivine Sagnier à côté de la plaque, maquillée comme un cosplay d’Halloween, où le personnage ne cesse de faire des reproches à sa mère. Ces séquences oniriques tombent systématiquement à plat.
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François Ozon se rattrape dans l’étrange lien qui se noue entre Michelle et Vincent, incarné par l’excellent Pierre Lottin (que l’on voit partout en ce moment), tout juste sorti de prison et qui tente de se réinsérer, maladroitement certes, mais en faisant de son mieux. Le récit laisse quelques questions sans réponse et laisse pour cela au spectateur la liberté de se faire sa propre idée. On ne saura jamais si Michelle était consciente de donner à sa fille des champignons toxiques (une idée venue d’une anecdote liée à l’enfance du metteur en scène), s’il s’agit d’un acte manqué, d’un accident…Hélène Vincent, pour sa seconde collaboration avec le cinéaste après l’exceptionnel Grâce à Dieu (2018) est impériale et n’a pas volé sa cinquième nomination aux César. Son face-à-face avec Josiane Balasko (qui était elle aussi dans Grâce à Dieu, comme Pierre Lottin) est magnifique et apporte enfin l’émotion qui manque cruellement au reste du métrage.
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La vie est ainsi faite, bourrée d’ironie, de rancoeurs, de reproches, de larmes, de fureur, mais comme souvent chez Ozon, l’âme peut enfin trouver la paix et le final est indéniablement l’un des plus beaux de toute sa filmographie. Rien que pour ces quelques dernières secondes, on ne peut pas détester Quand vient l’automne, qui a su rencontrer son public dans les salles avec près de 700.000 spectateurs.
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LE BLU-RAY
Peter von Kant, Tout s’est bien passé, Été 85 étaient tous sortis chez Diaphana. C’est encore le cas pour Quand vient l’automne, désormais disponible en DVD et Blu-ray, présentés avec deux visuels bien distincts, repris des affiches d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
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On démarre par une poignée de scènes coupées (8’), où l’on peut voir Vincent revenir en panique chez sa mère, après ce qui est arrivé chez Valérie. De nombreux passages montraient aussi les personnages marcher dans les rues du village, ainsi que d’autres échanges entre Michelle et Marie-Claude.
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S’ensuivent plusieurs entretiens, avec Ludivine Sagnier (5’), François Ozon (5’30) et Hélène Vincent accompagnée de Josiane Balasko (6’). Les comédiens s’expriment essentiellement sur leur nouvelle collaboration avec le réalisateur, Josiane Balasko n’hésitant pas à qualifier le cinéaste d’« Almodovar français » quant à sa façon de mettre en valeur les actrices de tout âge. Ludivine Sagnier partage son émotion et sa joie de retrouver François Ozon, après Gouttes d’eau sur pierres brûlantes (2000), Huit femmes (2002) et Swimming pool (2003), avec lequel elle est toujours restée en contact. Les trois actrices parlent aussi de sa méthode, de son éclectisme, ainsi que des thèmes de Quand vient l’automne, sans oublier des non-dits des personnages. De son côté, François Ozon parle de ses intentions (« l’envie de filmer des femmes d’un certain âge, dans leur beauté, dans leur vieillesse […] de parler de la place d’une grand-mère dans une famille, qui est pour moi un sujet d’exploration infini »), de son travail avec les comédiens, de ses partis-pris (« j’ai beaucoup pensé à Simenon »), et des conditions de tournage en Bourgogne.
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L’éditeur joint également un superbe montage compilant les images des essais costumes, lumières, maquillages et coiffures (5’30), un bêtisier (10’) où l’on entend et voit le cinéaste diriger ses comédiens, une galerie de projets d’affiches (2’), un clip réalisé par François Ozon pour Françoise Hardy (Le Large, 3’40), ainsi que la bande-annonce.
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L’Image et le son
Voilà un master HD qui s’avère fort plaisant et qui n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie forcément automnale, chatoyante, teintée de marron et d’orange. Les contrastes sont denses et élégants, la gestion solide, le relief palpable, les détails précis sur les gros plans et les partis pris esthétiques du chef opérateur Jérôme Alméras (Super papa, Cocorico, Les Hommes du feu), trouvent en Blu-ray (au format 1080p, AVC), un très bel écrin.
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Un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui crée une spatialisation en adéquation avec le sujet du film, même si la musique est sans doute moins inspirée – l’absence de Philippe Rombi se fait ressentir – que dans les précédents films du cinéaste. Les dialogues ne sont jamais noyés par les ambiances et les effets annexes (la pluie qui tombe, le grondement du tonnerre, les cloches qui sonnent), la balance frontale est riche et les latérales ne sont pas en reste. L’éditeur joint également une piste en Audiodescription ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, sans oublier une piste Stéréo pour les non équipés sur la scène arrière.
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Crédits images : © Diaphana / FOZ- FRANCE 2 CINEMA – PLAYTIME / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr