LE DÉMON D’HALLOWEEN (Pumpkinhead) réalisé par Stan Winston, disponible en Blu-ray le 10 octobre 2022 chez Extralucid Films.
Acteurs : Lance Henriksen, Jeff East, John D’Aquino, Kimberly Ross, Joel Hoffman, Cynthia Bain, Kerry Remsen, Florence Schauffler…
Scénario : Mark Patrick Carducci & Gary Gerani, d’après une histoire originale de Mark Patrick Carducci, Stan Winston & Richard Weinman, d’après un poème de Ed Justin
Photographie : Bojan Bazelli
Musique : Richard Stone
Durée : 1h26
Année de sortie : 1988
LE FILM
D’après le poème d’Ed Justin, un démon peut se venger à votre place. Un homme décide de faire appel à ce démon pour venger son fils tué accidentellement par des jeunes.
Les cinéphiles pointus et passionnés par les effets spéciaux connaissent le nom de Stan Winston (1946-2008), spécialiste et même pionnier dans son domaine. En revanche, ce qu’ils ne savent peut-être pas, c’est qu’il s’est également essayé à la réalisation. Quand il entreprend son premier long-métrage, Pumpkinhead : Le Démon d’Halloween, Stan Winston a déjà collaboré avec Sidney Lumet (The Wiz), Oliver Stone (La Main du cauchemar), Sidney J. Furie (L’Emprise), John Carpenter (The Thing, pour lequel il crée l’une des premières animatroniques de l’histoire du cinéma), Wes Craven (Terreur froide), Tobe Hooper (L’Invasion vient de Mars) et James Cameron (Aliens le retour), sans oublier la série Manimal et le clip Thriller de Michael Jackson et John Landis. Réalisateur de seconde équipe sur Predator de John McTiernan, ainsi que sur Terminator et Aliens (la reine xénomorphe lui vaudra une avalanche de récompenses, dont l’Oscar des meilleurs effets spéciaux) de James Cameron, Stan Winston souhaite s’essayer à la mise en scène. Ce sera donc Pumpkinhead, un film fantastique et d’épouvante produit pour 3,5 millions de dollars, qui n’a pas connu un grand retentissement à sa sortie, mais qui trouvera finalement son public plus tard, au point de donner naissance à trois suites à ce jour, emballées entre 1994 et 2007. Bourré de charme « rétro », ce coup d’essai n’est certes pas un coup de maître, mais n’en reste pas moins savoureux à plusieurs égards, grâce notamment à un scénario inventif, des effets spéciaux évidemment réussis et surtout une belle place laissée à l’émotion, élément pour le coup inattendu car trop souvent oublié dans le genre. Un beau et bon spectacle, un vrai ride pour les amateurs.
Lors de vacances à la campagne, une bande d’adolescents renverse et tue le fils d’Ed Harley. Assoiffé de vengeance, celui-ci décide de trouver la sorcière de la région afin qu’elle libère un démon aux trousses des criminels qui ont tué son fils. La vieille femme ramène alors à la vie le démon « Pumpkinhead ». Celui-ci se met immédiatement sur les traces des adolescents réfugiés dans une maison isolée…
Pumpkinhead, non ce n’est pas le nom d’un groupe fusion rock/heavy metal, mais à la base le titre d’un poème d’Ed Justin :
« Keep away from Pumpkinhead,
Unless you’re tired of living,
His enemies are mostly dead,
He’s mean and unforgiving,
Laugh at him and you’re undone,
But in some dreadful fashion,
Vengeance, he considers fun,
And plans it with a passion,
Time will not erase or blot,
A plot that he has brewing,
It’s when you think that he’s forgot,
He’ll conjure your undoing,
Bolted doors and windows barred,
Guard dogs prowling in the yard,
Won’t protect you in your bed,
Nothing will, from Pumpkinhead ! ».
Que l’on peut traduire par « Tenez-vous à l’écart de Pumpkinhead, Sauf si vous êtes fatigué de vivre, Ses ennemis sont pour la plupart morts, Il est méchant et impitoyable, Riez de lui et vous êtes perdus, Mais d’une manière épouvantable, Vengeance, il considère amusante, Et la planifie avec passion, Le temps n’effacera ni n’entachera, Un complot qu’il est en train de préparer, C’est quand tu penses qu’il a oublié, Qu’il conjurera ta perte, Portes verrouillées et fenêtres barrées, Chiens de garde rôdant dans la cour, Ne te protégeront pas dans ton lit, Rien ne le fera, de Pumpkinhead ! ». D’après un scénario écrit par Mark Patrick Carducci (l’excellent Enterré vivant de Frank Darabont) et Gary Gerani (qui a récemment signé La Victoire dans le sang avec John Travolta et…Shania Twain), auquel Stan Winston a également contribué, ce dernier démontre son savoir-faire, un véritable potentiel qu’il n’exploitera pas par la suite puisqu’il ne récidivera derrière la caméra qu’à l’occasion du T2 3-D : Battle Across Time (court-métrage en relief coréalisé avec James Cameron et John Bruno pour les parcs Universal), l’exceptionnel clip/moyen-métrage Ghosts de Michael Jackson…et le navrant Galacticop – A Gnome Named Gnorm en 1990.
Mais avant de révolutionner le cinéma avec les dinosaures de la saga Jurassic Park, Stan Winston s’en donne à coeur joie dans Pumpkinhead : Le Démon d’Halloween, étonnant drame d’épouvante, interprété par le légendaire Lance Henriksen, qui venait d’incarner Bishop dans Aliens le retour (décidément, on y revient toujours). Loin de ses rôles bad-ass ou inquiétants pour lesquels il était habitué jusqu’à présent (Savage Dawn de Simon Nuchtern, Aux frontières de l’aube de Kathryn Bigelow), le comédien est impeccable, à la fois tordu et bouleversant dans Pumpkinhead, qui n’hésite pas à faire invoquer un démon, afin de venger la mort brutale (et accidentelle) de son petit garçon, imputable à une bande de jeunes adultes irresponsables, venus de la ville, qui voulaient passer du bon temps chez les bouseux. Mais c’était sans compter les entités surnaturelles qui sommeillent dans le coin, auxquelles ce père traumatisé va avoir recours. Étrangement connecté avec la créature qui se débarrassera petit à petit des membres de la bande, le père de la victime apprendra que la vengeance n’est pas un plat qui se mange froid, mais un plat qui ne se mange pas et comprendra alors (trop tard?) de son erreur.
C’est là que Pumpkinhead devient intéressant, en se focalisant non pas sur le monstre éponyme (qui semble sorti de l’univers de Lovecraft), même si celui-ci est bien présent, mais plutôt sur l’évolution psychologique du personnage magistralement campé par Lance Henriksen. Pumpkinhead réserve son lot de terreur (à défaut d’hémoglobine), mais il y a un coeur et une âme qui animent le film, par ailleurs excellemment photographié par Bojan Bazelli, chef opérateur de China Girl et The King of New York d’Abel Ferrara. Il y a bien quelques maladresse bien sûr, comme un rythme difficilement maîtrisé, un casting pas forcément attractif (en dehors de sa tête d’affiche), un montage pas folichon, mais ces défauts s’oublient facilement et Pumpkinhead possède cette petite musique lancinante qui reste en tête, à l’instar de – toutes proportions gardées – de Candyman de Bernard Rose et Simetierre de Mary Lambert.
Tout cela pour dire que Stan Winston en avait sous le capot et qu’il avait certainement les cartes en main pour évoluer dans cette branche s’il en avait eu l’occasion ou l’envie c’est selon, car Pumpkinhead reste un divertissement on ne peut plus honorable…en attendant un prochain remake et reboot.
LE BLU-RAY
Extralucid Films ressuscite Pumpkinhead : Le Démon d’Halloween, qui avait complètement disparu des radars depuis 2008, le film de Stan Winston étant sorti cette année-là en DVD chez Antartic. Comme à son habitude, l’éditeur livre un vrai petit trésor pour les collectionneurs, puisque le Blu-ray repose dans un magnifique Slim-Digipack à deux volets, glissé dans un fourreau cartonné (13è titre de la collection ExtraCulte), merveilleusement illustré. Le menu principal est animé et musical.
Comme sur Ticks, les boss d’Extralucid Films sont allés demander à Clara Sebastiao de nous présenter Pumpkinhead (21’). La programmatrice et chargée de projet événementiel revient ainsi sur tous les aspects qui nous intéressent du film de Stan Winston, en revenant sur la genèse de ce premier long-métrage, l’évolution du scénario (qui sera révisé une douzaine de fois), les partis-pris, les intentions du réalisateur, le casting, les effets spéciaux et la pérennité de Pumpkinhead. Dans la dernière partie, Clara Sebastiao évoque le sous-genre du cinéma d’épouvante lié aux monstres vengeurs et traqueurs.
La deuxième intervention présente sur ce Blu-ray est celle de l’excellent, du talentueux et prolifique David Scherer (13’), maquilleur/créateur d’effets spéciaux. Ce dernier nous propose un portrait de Stan Winston, en passant en revue quelques-uns de ses plus grands travaux réalisés pour le cinéma, tout en expliquant le principe de l’animatronique.
L’Image et le son
Ce nouveau master HD brille de mille feux. D’une propreté absolue (le Biactol numérique a fait vraiment fait son effet), l’image met en valeur la belle photo de Bojan Bazelli, surtout sur les séquences en extérieur. La définition est optimale, sans fourmillements, la carnation est naturelle, on apprécie le niveau des détails, l’affûtage du piqué, le grain cinéma respecté (parfois très prononcé), la richesse des contrastes, la luminosité et l’aplomb de la compression numérique qui consolide les scènes plus agitées. Clair et net, ce Blu-ray au format 1080p offre une deuxième jeunesse bien méritée à ce film. Il s’agit vraisemblablement du même master restauré 4K édité par Shout ! Factory en 2020.
Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround sont propres et distillent parfaitement la musique de Richard Stone. La piste anglaise est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages, ainsi qu’un niveau des dialogues plus plaisant.