PROTECTION RAPPROCHÉE (Assassination) réalisé par Peter Hunt, disponible en DVD et Blu-ray le 20 mai 2021 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Charles Bronson, Jill Ireland, Stephen Elliott, Jan Gan Boyd, Randy Brooks, James Lemp, Michael Ansara, James Staley…
Scénario : Richard Sale
Photographie : Alex Phillips Jr.
Musique : Valentine McCallum & Robert O. Ragland
Durée : 1h25
Date de sortie initiale: 1987
LE FILM
Jay Killian, vétéran des services de protection, se voit confier la sécurité de Lara Royce Craig, femme du nouveau Président des États-Unis. Arrogante et têtue, la première Dame se heurte à la détermination et au professionnalisme de son garde du corps…
Cette fois, c’est comme qui dirait le début de la « vraie » fin pour Charles Bronson, qui après le sursaut engendré par le succès foudroyant d’Un justicier dans la ville 2 – Death Wish 2 à travers le monde, avait su enchaîner les hits au box-office à raison d’un film par an avec la légendaire Cannon. Le comédien surfe sur la même recette juste après ce regain de popularité avec Le Justicier de minuit – 10 To Midnight, L’Enfer de la violence – The Evil That Men Do, Le Justicier de New York – Death Wish III, et La Loi de Murphy – Murphy’s Law. Ce dernier marquait déjà quelques signes d’essoufflement pour l’acteur, surtout en Europe, notamment en France où le film peinait à franchir la barre des 300.000 entrées, là où les précédents attiraient deux fois plus de spectateurs. Protection rapprochée – Assassination est la seconde et par ailleurs dernière collaboration entre Charles Bronson et le réalisateur britannique Peter Hunt (1925-2002), six ans après Chasse à mort – Death Hunt. Mais là où le metteur en scène du mythique Au service secret de Sa Majesté – On Her Majesty’s Secret Service (1969), et de deux films sympathiques avec Roger Moore, Gold (1974) et Parole d’homme – Shout at the Devil (1976) s’en sortait habituellement grâce à son très large bagage technique, Protection rapprochée prend l’allure d’un mauvais téléfilm, extrêmement paresseux sur le plan visuel, avec un montage mou et sans aucun relief, des scènes d’action risibles (Charles Bronson qui emprunte la moto de Chuck Norris dans Delta Dorce), une direction d’acteurs au point mort, une photographie transparente et une intrigue digne d’un épisode de Walker Texas Ranger. S’il y a bien quelques répliques amusantes et que l’alchimie forcément indéniable entre Charles Bronson et son épouse Jill Ireland fonctionne parfaitement, rien ne distingue cet Assassination du tout-venant, surtout que l’ami Charly y est doublé par quelques cascadeurs à peine dissimulés dès que son personnage doit lever le petit doigt. En revanche, même si rien ou presque ne fonctionne ici, l’ensemble demeure divertissant, justement en raison de ses défauts. Vous avez dit nanar ?
Après les mandats de Ronald Reagan, une nouvelle élection met à la tête de la Maison-Blanche le Président Craig. Vétéran du service de protection des hautes personnalités de l’état, Jay Killian reçoit pour mission d’assurer la sécurité de Lara Royce Craig, la femme du nouveau président des Etats-Unis. D’autant moins évident que la first lady n’en fait qu’à sa tête et qu’elle est victime d’une première tentative de meurtre. Pas la dernière… En dépit des problèmes qu’elle lui pose, Killian la protège de son mieux, conscient que quelqu’un de haut placé cherche à se débarrasser d’elle.
Tu vas regretter sincèrement Nancy Reagan…
Protection rapprochée vaut avant tout pour la dernière apparition à l’écran du couple Bronson – Ireland. Atteinte d’un cancer du sein, la comédienne, dont la carrière reste inévitablement liée celle de son époux, avec lequel elle tournera seize films et ce dès Pancho Villa (1968) de Buzz Kulik, dans lequel elle faisait essentiellement de la figuration, Jill Ireland devait s’éteindre en 1990 à seulement 54 ans. Si elle n’a jamais brillé à l’écran, on pourrait même dire que son talent d’actrice était on ne peut plus limité, celle-ci s’en sort honorablement dans Assassination, où elle interprète la première dame des États-Unis, farouchement indépendante, féministe et n’ayant pas la langue dans sa poche. Cela plaît évidemment à notre cher Charles Bronson, aka Jay Killian, un nom qui fait écho au Paul Kersey de la franchise Death Wish, au Leo Kessler du Justicier de minuit et au Jack Murphy de La Loi de Murphy, l’effet « K » sans doute. Alors qu’il doit se dépêtrer des griffes d’une jeune sino-américaine (de quarante ans sa cadette) quelque peu nymphomane sur les bords, Jay Killian se retrouve sur les routes des États-Unis, seul avec sa protégée, pour faire barrage à ceux qui ont visiblement décidé de s’en prendre à elle.
Le plus frustrant avec Protection rapprochée, c’est de voir en fait tous ces talents gâchés, surtout celui du cinéaste Peter Hunt, qui avait commencé sa carrière en tant que monteur et qui avait donné leur efficacité aux trois premiers opus de la saga James Bond, avant de se voir confier la seconde équipe sur les deux suivants, puis les rênes de l’épisode avec l’australien George Lazenby. Protection rapprochée sera son dernier long-métrage réalisé pour le cinéma. Rétrospectivement, on peut dire qu’Assassination est un film de « vieux », le réalisateur et son acteur principal ayant tous les deux passé le cap de la soixantaine. Ils tentent de nous faire croire comme ils le peuvent à cette histoire invraisemblable produite par le tandem Menahem Golan et Yoram Globus, qui étaient occupés en même temps sur Barfly de Barbet Schroeder, Les Barbarians de Ruggero Deodato, King Lear de Jean-Luc Godard, Les Maîtres de l’univers de Andy Goddard, Le Ninja Blanc de Sam Firstenberg, Sinbad de Enzo G. Castellari et Superman 4 de Sidney J. Furie. La Cannon, c’est tout un poème. A croire que Protection rapprochée aura porté malheur à ceux qui y ont participé, le scénariste Richard Sale (Le Bison Blanc, Je dois tuer, Pour que les autres vivent), devait lui aussi tirer sa révérence après ce film.
Pour résumer, il n’est pas certain qu’Assassination soit encore défendu, même par les fans les plus hardcore de Charles Bronson, qui a quand même du mal à faire semblant d’y croire lui-même. L’année suivante, il tentera de reprendre la pétoire et les guêtres de Paul Kersey dans Le Justicier braque les dealers – Death Wish 4: The Crackdown de J. Lee Thompson, qui sombrera bel et bien au box-office. Mais cela ne l’empêchera pas d’interpréter Paul Kersey une toute dernière fois dans Le Justicier : L’Ultime Combat – Death Wish V : The Face of Death, avec lequel Charles Bronson fera définitivement ses adieux au cinéma.
LE BLU-RAY
Étrangement, Protection rapprochée demeurait inédit en DVD et en Blu-ray en France. Dans le cadre de sa collection consacrée à Charles Bronson, Sidonis Calysta a pu mettre la fin sur le film de Peter Hunt, qui sort en édition Standard, ainsi qu’en Combo Blu-ray + DVD en même temps que Le Justicier de minuit et La Loi de Murphy. Le menu principal est animé et musical.
Gérard Delorme is back ! Bon, en à peine 9 minutes montre en main, l’ancien rédacteur en chef adjoint de Première peine à trouver les arguments nécessaires pour aller jusqu’au bout du module, mais on en tirera tout de même diverses informations sur le casting (Jaclyn Smith était pressentie pour le rôle principal féminin, alors que Jill Ireland devait seulement produire le film), sur le scénariste Richard Sale et sur le réalisateur Peter Hunt. On apprend également qu’une partie de la musique provient de la B.O. du cultissime Invasion U.S.A. de Joseph Zito, avec Chuck – la bite dans un tupperware – Norris. Visiblement fatigué, on conseillera une petite cure de magnésium à ce bon vieux Gérard Delorme.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Si l’apport HD est plutôt limité, force est de constater que le master avait subi ( il y a de cela quelques années) un dépoussiérage de premier ordre. La colorimétrie retrouve une petite vivacité, les contrastes et les détails sont bien renforcés, le grain cinéma est respecté et le piqué est plus aiguisé que sur une édition DVD classique. Cependant, quelques noirs demeurent poreux, les arrières-plans fourmillent quelque peu et la définition chancelle à plusieurs reprises.
Bien que la piste française ait bénéficié d’un encodage DTS-HD Master Audio 2.0 comme son homologue anglaise, elle reste entièrement centrée sur les dialogues au détriment des effets annexes et de la musique du film. Edmond Bernard prête son inimitable voix à Charles Bronson, la version française étant particulièrement soignée et jubilatoire. C’est donc la piste anglaise qui l’emporte haut la main avec un report des voix solide, des ambiances concrètes et une présence musicale omniprésente. Les sous-titres ne sont pas imposés.