PRÉSIDENTS réalisé par Anne Fontaine, disponible en DVD et Blu-ray le 3 novembre 2021 chez Universal Pictures France.
Acteurs : Jean Dujardin, Grégory Gadebois, Pascale Arbillot, Doria Tillier, Jean-Charles Clichet, Pierre Lottin, Jean-Michel Lahmi, Roxane Bret, Denis Podalydès…
Scénario : Anne Fontaine
Photographie : Yves Angelo
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
Nicolas, un ancien président de la République, supporte mal l’arrêt de sa vie politique. Les circonstances lui permettent d’espérer un retour sur le devant de la scène. Mais il lui faut un allié. Nicolas va donc partir en Corrèze, pour convaincre François, un autre ancien président (qui, lui, coule une retraite heureuse à la campagne) de faire équipe avec lui. François se pique au jeu, tandis que Nicolas découvre que le bonheur n’est peut-être pas là où il croyait… Et leurs compagnes respectives, elles, vont bientôt se mettre de la partie.
Nous avions laissé Anne Fontaine il y a peu de temps avec Police, que nous avions défendu à sa sortie en Blu-ray en début d’année. Revoilà déjà la réalisatrice, qui nous livre cette fois une comédie, une fantaisie, une fable inattendue puisqu’elle prend pour protagonistes Nicolas (Sarkozy) et François (Hollande), respectivement interprétés par Jean Dujardin et Grégory Gadebois. Si l’on ne savait pas trop comment accueillir le 18e long-métrage de la cinéaste, né pendant le premier confinement lié à la pandémie de Covid-19, on est très vite cueillis par l’excellence des comédiens, qui ont l’air de prendre beaucoup de plaisir à se donner la réplique. Une fois accepté cet étonnant postulat et ces partis-pris pour le moins originaux, Présidents s’avère un divertissement très sympa, un peu pépère certes, mais léger, drôle et intelligent, bien écrit et aux dialogues tordants. On en demandait pas plus et on est au final bien servi.
Décembre 2021 : ancien président de la République française, Nicolas a du mal à supporter l’arrêt de sa vie politique. La cote d’Emmanuel Macron est en chute libre, et la perspective de l’arrivée au pouvoir de Marine Le Pen lors de l’élection présidentielle de 2022 lui est insupportable. Il décide alors de former une alliance avec François, lui aussi ancien président mais pour un parti politique opposé. François a annoncé son retrait de la vie politique et s’est retiré dans un petit village de Corrèze, où il vit tranquillement en compagnie de son épouse Isabelle, vétérinaire très appréciée. Nicolas se rend donc en Corrèze, et essaie de convaincre François, d’abord très réticent. Mais il se laisse peu à peu tenter, et les deux hommes élaborent leur campagne. Mais plus les choses avancent, plus Nicolas commence à douter d’avoir vraiment envie d’être à nouveau au pouvoir.
Présidents est un petit OVNI dans le paysage cinématographique hexagonal, comme si l’action se déroulait dans un monde parallèle, un multivers comme c’est la mode en ce moment du côté des divertissements Marvel/DC Comics. Il semble que Jean Dujardin privilégie ce genre depuis quelques films, après I Feel Good de Gustave Kervern et Benoît Delépine et Le Daim de Quentin Dupieux, comme si le comédien recherchait une nouvelle bouffée d’air depuis son Oscar obtenu pour The Artist, une liberté artistique, une échappatoire. Il est exceptionnel ici dans la peau de Nicolas (Sarkozy), le nom n’est jamais cité d’où l’usage des parenthèses, qu’il interprète sans « singer », mais avec un mimétisme confondant, les tics de langage et nerveux à l’appui (« Parce que moi je vais vous dire une chose… »), sans jamais en faire des caisses, avec une virtuosité de chaque instant. Son partenaire, qu’il avait déjà croisé dans J’accuse de Roman Polanski, n’est autre que le formidable Grégory Gadebois, ancien pensionnaire de la Comédie-Française, César du meilleur espoir masculin pour son interprétation dans le génial Angèle et Tony d’Alix Delaporte. Sa poésie, son imposante présence physique et son immense sensibilité conviennent parfaitement à François (Hollande), du moins à sa représentation désirée par Anne Fontaine, qui avait d’ailleurs précédemment dirigé le comédien dans Marvin ou la Belle Éducation et Police, dans des rôles diamétralement opposés. La confrontation des deux acteurs fait des étincelles à l’écran et leur partie de ping-pong verbal est immédiatement attachante. Comme bien souvent chez la réalisatrice, le casting féminin s’impose aussi, Pascale Arbillot et Doria Tillier, incarnant les compagnes de ces messieurs, la première en vétérinaire supportant les crises de nerfs de l’ancien président « normal », la seconde en chanteuse lyrique qui ne rate jamais l’occasion de faire ses vocalises, tandis que les épaules de son époux s’agitent d’impatience. Denis Podalydès, qui avait lui-même incarné Nicolas Sarkozy dans La Conquête de Xavier Durringer fait une apparition clin d’oeil.
Certes, Présidents n’est pas un chef d’oeuvre, mais parvient sans mal à sortir du tout-venant, en proposant une belle réflexion sur le pouvoir et la difficulté pour ceux qui l’ont exercé de revenir à la vie « normale ». Si l’on ne peut évidemment pas échapper à une petite touche féministe en fin de partie, cela se fait très élégamment, sans jamais tomber dans la caricature ou le discours tout fait, à l’image de la cinéaste, qui s’amuse comme ses comédiens et espère qu’il en sera de même pour les spectateurs. Un pari réussi donc.
LE BLU-RAY
Présidents sort sous les couleurs d’Universal Pictures, en DVD et Blu-ray. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Peu de bonus sur ce Blu-ray, juste une poignée de scènes coupées ou prolongées (9’). Six petites séquences qui auraient visiblement pu ralentir le rythme du film, mais qui s’avèrent très chouettes, notamment celle où François, voyant Nicolas monter dans les sondages, s’acharne sur ses plantations pour passer ses nerfs, tandis que sa femme observe le « spectacle » et attend que la crise soit passée. Une autre scène montre la tentative de rapprochement du garde du corps de Nicolas avec la petite serveuse mignonne incarnée par Roxane Bret.
L’Image et le son
Quelques petites pertes de la définition et un piqué manquant parfois de mordant. Néanmoins, ce master demeure fort plaisant et n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie et des aplats, devant lesquels ressortent sans mal les comédiens. Les contrastes sont denses, la gestion solide, et les partis-pris esthétiques raffinés du chef opérateur Yves Angelo (Marvin ou la belle éducation, Baxter, Police) trouvent en Blu-ray un très bel écrin.
Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 offre un bon confort acoustique en mettant à l’avant la musique du film. De ce point de vue-là, il n’y a rien à redire sur la spatialisation. Les ambiances naturelles sont en revanche un peu plus discrètes et finalement, l’ensemble de l’action se retrouve canalisé sur les enceintes frontales. Néanmoins, les dialogues sont solidement plantés sur la centrale. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 contentera largement ceux qui ne seraient pas équipés sur la scène arrière. Une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.