
MAGNUM COP (Poliziotto senza paura) réalisé par Stelvio Massi, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 2 septembre 2025 chez Artus Films.
Acteurs : Maurizio Merli, Joan Collins, Franco Ressel, Werner Pochath, Annarita Grapputo, Alexander Trojan, Massimo Vanni, Gastone Moschin…
Scénario : Gino Capone, Stelvio Massi & Franz Antel, d’après une histoire originale de Fulvio Gicca Palli
Photographie : Riccardo Pallottini
Musique : Stelvio Cipriani
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 1978
LE FILM
Impliquée dans une affaire de mœurs, la fille d’un banquier fortuné, Annalise, se serait mystérieusement volatilisée dans la nature. C’est du moins ce que son père affirme à un détective privé. Ce dernier, qui ne sait pas encore vraiment où il met les pieds, se voit confier la mission délicate de retrouver sa trace et de la ramener au bercail.

Rétrospectivement, Magnum Cop, Poliziotto senza paura, ou bien encore Fearless Fuzz est la deuxième des six collaborations entre le réalisateur Stelvio Massi (1929-2004) et le comédien Maurizio Merli (1940-1989), après SOS Jaguar : Opération Casse-gueule – Poliziotto sprint (1977) et avant Un flic explosif – Un poliziotto scomodo (1978), Il commissario di ferro (1978), La Cité du crime – Sbirro, la tua legge è lenta… la mia no! (1979) et Un flic rebelle – Poliziotto solitudine e rabbia (1980). Cet opus se démarque pour son action essentiellement délocalisée à Vienne et surtout par sa rupture de tons. Car si le film démarre quasiment comme une comédie avec le quotidien d’un détective privé sans le sou (Un Marlowe du pauvre, embringué dans une affaire qui le dépasse et à laquelle il ne comprend pas grand-chose) et qui parvient tout juste à tirer de quoi vivre avec ses enquêtes minables, le genre vire au thriller sordide dans une seconde partie étonnante, qui plonge le dit ancien flic dans une histoire de prostitution enfantine. Maurizio Merli, moustache fringante, le regard laser, le brushing impeccable et le sourcil bien relevé s’en tire sans aucun effort, comme à son habitude d’ailleurs, et porte merveilleusement ce Magnum Cop, comme toujours fort bien mis en scène par ce formidable artisan qu’était Stelvio Massi…quand bien même celui-ci abuse quelque peu des super-ralentis et ce dès la première séquence.


Le détective privé Walter Spada est chargé de retrouver la fille d’un riche banquier autrichien, enlevée par des inconnus et portée disparue à Rome. De la capitale italienne, ses investigations le mènent à Vienne, où il découvre un réseau de trafic de mineurs liés à la prostitution. Ayant quitté la police pour devenir détective privé en raison de ses méthodes expéditives, Spada va se retrouver embarqué dans une enquête sordide.


Avec Magnum Cop, Stelvio Massi espère toucher le marché anglo-saxon par la présence au générique de Joan Collins, qui faisait alors quelques panouilles de l’autre côté des Alpes, les propositions aux États-Unis se faisant de plus en plus rares. À 45 ans, la comédienne, éternelle Evelyn Nesbit de La Fille sur la balançoire – The Girl in the Red Velvet Swing (1955) de Richard Fleischer cachetonne, mais elle le fait bien et apparaît en plus topless au cours d’une scène de striptease qu’elle réalise elle-même. Ses scènes avec Maurizio Merli détonnent et l’actrice n’hésite pas à jouer avec son image dans le rôle de l’ambiguë Brigitte.


Plus l’intrigue et donc l’enquête de Spada avance, plus les révélations sombres se font, pour emmener le spectateur et même le personnage principal là où ils le soupçonnaient le moins. Stelvio Massi, toujours adroit derrière la caméra, emballe l’ensemble sur un rythme soutenu, profite du décor insolite de la ville de Vienne, pour y perdre son protagoniste, obligé d’enquêter loin de ses repères habituels. Le scénario de Gino Capone (Un flic explosif, Zenabel), le réalisateur lui-même et Franz Antel (metteur en scène du mythique 13 femmes pour Casanova avec Tony Curtis et…Jean Lefebvre), d’après une histoire du talentueux Fulvio Gicca Palli (Comment tuer un juge, La Victime désignée, La Corruption) fait autant place à la psychologie qu’à l’action et le mélange fonctionne avec grande efficacité.


En ce qui concerne les scènes agitées, Maurizio Merli s’en donne encore une fois à coeur joie et exécute lui-même la plupart des cascades et bastons, même si son personnage s’en prend plein la tronche au cours d’un passage à tabac. Mention spéciale à la belle photo signée Riccardo Pallottini, chef opérateur dont le génie a souvent participé à la réussite de grands films et classiques (Société anonyme anti-crime de Stefano Vanzini, Danse macabre et La Sorcière sanglante d’Antonio Margheriti), ainsi qu’à la musique, toujours inspirée de Stelvio Cipriani (L’Avion de l’apocalypse, Terreur sur la lagune, Un flic voit rouge), qui imprime sa marque de fabrique.


Maurizio Merli et Joan Collins sont aussi bien entourés, entre Franco Ressel (L’Oeil du labyrinthe, Lanky, l’homme à la carabine, Six femmes pour l’assassin), Werner Pochath (Ratman, Vénus en fourrure), Massimo Vanni (Blastfighter, l’exécuteur, Un citoyen se rebelle, Les Rats de Manhattan) et Gastone Moschin (Une femme à sa fenêtre, Le Lion du désert, Le Conformiste), un festival de tronches reconnaissables, mais auxquelles on rattache toujours difficilement un nom.


Magnum Cop n’est sans doute pas la meilleure association Merli/Massi, le dosage humour/thriller manque d’équilibre (le fait de terminer le film par une pirouette n’est clairement pas malin), mais c’est en tout cas l’un de leurs plus grands succès au box-office italien et encore aujourd’hui un digne représentant du néo-polar nerveux transalpin.


LE COMBO BLU-RAY + DVD
Artus Films continue d’explorer la carrière de Maurizio Merli et celle de Stelvio Massi. Ainsi après Un flic explosif pour le premier et le second, ainsi que Mark la gâchette et Un flic voit rouge également pour le réalisateur, l’éditeur propose Magnum Cop en Combo Blu-ray + DVD. Un Digipack à deux volets, illustré par les affiches italienne et allemande (uniquement centrée sur Joan Collins topless après son numéro d’effeuillage), contient les deux disques, le tout étant glissé dans un fourreau cartonné aux couleurs habituelles de la collection Polar. Le menu principal est fixe et musical.


Le premier supplément donne la parole à ce bon vieux Curd Ridel (27’). Ce dernier a préparé un beau tour d’horizon du casting, en mentionnant de multiples titres qui font saliver. Même s’il les a déjà évoqués à plusieurs reprises, le fidèle collaborateur d’Artus Films revient sur les carrières de Maurizio Merli et de Stelvio Massi, ainsi que sur leurs diverses et fructueuses collaborations. Quelques éléments sont également donnés sur Magnum Cop, notamment le fait que Martin Balsam avait été pressenti sur ce film, ainsi que Sybil Danning, dans le rôle finalement attribué à Joan Collins.

L’autre bonus est un nouvel entretien avec Danilo Massi (32’). À l’instar des éditions HD d’Un flic explosif, Mark la gâchette un Un flic voit rouge, le fils du cinéaste et assistant sur ses films revient sur le film qui nous intéresse aujourd’hui. Danilo Massi évoque le désir des scénaristes (dont son père) de se démarquer du poliziottesco, qui arrivait quelque peu en fin de parcours. Les changements de tons sont donc analysés, ainsi que l’investissement physique de Maurizio Merli, les collaborations du comédien avec Stelvio Massi, le casting est passé en revue, tout comme le tournage des scènes d’action, le montage, la photographie et la musique.

L’interactivité se clôt sur u Diaporama d’affiches et de photos d’exploitation.
L’Image et le son
L’élévation HD pour Magnum Cop est aussi frappante que pour les très beaux Blu-ray de Mark la gâchette et Un flic voit rouge sortis chez le même éditeur. Ce Blu-ray n’est peut-être pas aussi net et précis que les deux autres titres mentionnés plus haut, mais la restauration est de haut niveau avec des contrastes appréciables, une copie propre, le grain argentique préservé, un piqué élégant et des détails qui étonnent souvent par leur précision, en particulier les gros plans. La photo donne parfois du fil à retordre à l’encodage avec ses teintes fanées, mais le résultat est là, l’image affiche une indéniable stabilité et certaines séquences tirent leur épingle du jeu.

Les mixages italien et français 2.0 sont propres et distillent parfaitement la musique agitée de Stelvio Cipriani. La version originale est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages. Au jeu des différences, la piste française (au doublage excellent avec Jacques Bernard qui double Maurizio Merli) s’avère un peu trop axée sur les voix, mais ne manque pas d’ardeur, surtout en ce qui concerne le rendu musical.



Crédits images : © Artus Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr