LES COPAINS D’ABORD (The Big Chill) réalisé par Lawrence Kasdan, disponible en DVD et Blu-ray, depuis le 24 février 2021 chez BQHL Éditions.
Acteurs : Tom Berenger, Kevin Kline, William Hurt, Glenn Close, Mary Kay Place, Jeff Goldblum, JoBeth Williams, Meg Tilly, Don Galloway…
Scénario : Barbara Benedek & Lawrence Kasdan
Photographie : John Bailey
Durée : 1h45
Date de sortie initiale: 1983
LE FILM
Inséparables pendant leurs études dans les années 1960, Sam, Sarah, Michael, Karen et les autres se retrouvent une douzaine d’années ans plus tard, le temps d’un week-end, réunis en la mémoire d’Alex, le meilleur de la bande, qui vient de se suicider. Des huit, ils n’en restent plus que sept, tous profondément troublés par la disparition prématurée de leur ami. Tandis que les heures s’écoulent, les gestes d’autrefois reprennent le dessus. On réécoute des musiques familières, on s’étonne de ce qu’on est devenu, alors que ressurgissent désirs oubliés et vieilles jalousies…
Les Copains d’abord – The Big Chill est le deuxième long-métrage de Lawrence Kasdan (né en 1949), après La Fièvre au corps – Body Heat. Il est assez étonnant de constater qu’après avoir travaillé sur les scénarios des épisodes V et VI de Star Wars ou encore du blockbuster Les Aventuriers de l’arche perdue – Raiders of the Lost Ark, Lawrence Kasdan réalise ce film choral intimiste mettant en scène les retrouvailles d’une bande d’amis. Ce long-métrage marque un changement de registre dans sa carrière, puisqu’il se spécialisera dans les drames et les westerns.
Les Copains d’abord commence de façon tragique, les personnages principaux apprennent le suicide d’un de leurs anciens amis. Ils quittent donc leur routine pour se réunir aux obsèques et se recroiser le temps d’un week-end. Ce sont des retrouvailles après tant d’années dans une situation particulière. Les premières scènes sont déchirantes, avec un discours émouvant accompagné de larmes et de visages tristes.
Le film devient ensuite une sorte de huis clos. Les protagonistes ne quittent pratiquement pas une grande maison dans laquelle ils se remémorent leurs souvenirs. Ces amis semblent au départ brillants avec des parcours différents, mais laissent apercevoir une impression de réussite professionnelle et sociale. Ils sont parfaits, beaucoup trop. C’est le cas de ce journaliste d’un magazine people connu ou encore celui de ce célèbre acteur d’une série populaire. Mais petit à petit, au fil des discussions, car le film est extrêmement dialogué, les masques tombent. Les personnages montrent leurs fragilités, leurs doutes et leurs espoirs. Cette réunion entre amis leur permet de se confier et de mettre de côté l’illusion d’une vie parfaite.
Les Copains d’abord vacille toujours entre la comédie et le drame, ne tombant jamais totalement ni dans l’un ni dans l’autre. Il y a des scènes légères comme celle d’une partie de football américain dans le jardin qui a été réutilisé depuis dans les films du genre. Nous avons aussi droit à une fameuse séquence d’une soirée bien arrosée. La plus emblématique et comique du film est sans doute celle où après un grand repas, ils se mettent tous à danser et chanter en rangeant la vaisselle. Les personnages sont tous attachants et attendrissants.
Mais derrière cette bonne ambiance, des sujets plus graves ou sérieux sont abordés. Le film propose une réflexion sur le choix de mettre fin à sa vie, la capacité ou non à empêcher un proche de se suicider, mais aussi la douleur face à une disparition soudaine. Il apporte également un questionnement profond sur l’amitié. Certains personnages, contrairement à d’autres, apportent au récit un effet dramatique pur comme cette femme complètement dépendante à la drogue. N’oublions pas cette thématique assez complexe et novatrice pour l’époque, qui a sans doute divisé les spectateurs, avec l’une des femmes de la bande luttant contre l’horloge biologique, qui souhaiterait un enfant. Elle décide de demander à plusieurs de ses amis de bien vouloir l’aider à concrétiser ce désir.
Le rythme du film est parfois lent, avec des silences et de nombreux dialogues. Il n’y a pas réellement d’intrigue principale, seulement des interactions. Mais la réalisation de Lawrence Kasdan est énergique, réussissant parfaitement à filmer le groupe. Il y a toujours systématiquement un personnage en arrière-plan. Les Copains d’abord fonctionne aussi grâce à un casting extraordinaire composé d’acteurs qui n’étaient pas encore des vedettes au moment de sa réalisation : Tom Berenger, Kevin Kline, William Hurt, Glenn Close, Mary Kay Place, Jeff Goldblum, Meg Tilly et JoBeth Williams. Autre élément important du récit, la musique est exclusivement constituée de standards soul et rythm and blues américains des années 1960-70, comme du Marvin Gaye ou du Aretha Franklin, un régal pour les oreilles. Ces chansons permettent de nous replonger avec nostalgie dans une époque spécifique, celle de la jeunesse de nos héros.
Les Copains d’abord est une référence du cinéma sur l’amitié qui gagne avec les années le statut de film culte. Il souffre, avec le regard actuel, d’un manque de rythme évident mais se visionne encore agréablement grâce à sa superbe distribution.
LE BLU-RAY
Les DVD et Blu-ray du film Les Copains d’abord sont disponible chez BQHL Éditions. Le visuel de la jaquette est soigné, avec une superbe photo du film réunissant tous les acteurs principaux. Le menu est animé avec des extraits du long-métrage et musical avec la chanson « Joy To The World » des Three Dog Night. A noter que le film de Lawrence Kasdan avait déjà bénéficié d’une édition en DVD, en 1999, chez Sony Pictures, pour son quinzième anniversaire.
Les bonus comportent un passionnant documentaire consacré au film intitulé « The Big Chill, a reunion » (56′) disponible uniquement en version originale avec des sous-titres français non imposés et repris de l’ancienne édition DVD Sony. Les principaux participants du long-métrage, le réalisateur, la scénariste, la consultante sur les musiques, la monteuse, la productrice, les acteurs, le directeur de la photographie et la décoratrice racontent la fabrication du film. Ils expliquent la naissance de ce projet et replacent le film dans le contexte de son époque avec des valeurs différentes. Lawrence Kasdan nous donne ses intentions en réalisant ce long-métrage et raconte les difficultés à le produire. Ce documentaire revient en détails sur chaque étape de la fabrication : le choix des musiques, le casting, les décors, la réalisation et le montage. Il dévoile également les conditions de tournage avec les répétitions et les improvisations. Les acteurs racontent des anecdotes amusantes et mettent en évidence la formidable ambiance qui régnait sur le plateau. Des séquences, les thèmes et les protagonistes sont analysés, ce qui permet de se rendre compte de certains détails. Enfin, ils reviennent sur le succès et les scènes supprimées dont la fin alternative où apparaissait un certain… Kevin Costner alors inconnu ! Le film n’aura plus aucun secret pour vous après avoir visionné ce documentaire qui accompagne les interventions avec des documents, photos de tournage et extraits du film et du making-of.
Vous retrouverez également une compilation de scènes supprimées (9′) avec des images non restaurées, en version originale et des sous-titres français non imposés. Il y a en grande partie des moments comiques lors des obsèques au début du film ou des scènes dialoguées sans doute retirées pour améliorer le rythme. Il est regrettable que la fin alternative avec Kevin Costner ne soit pas présente. Malheureusement, le réalisateur Lawrence Kasdan ne souhaite toujours pas la dévoiler…
L’interactivité se clôt avec la bande-annonce restaurée en version originale et des sous-titres en français non imposés.
L’image et le son
Ce film culte est disponible pour la première fois en Blu-ray en France dans un master restauré en Haute Définition. L’image est d’une grande propreté, aucune poussière n’est visible. Le travail sur le piqué est à saluer avec une netteté remarquable. Les couleurs sont superbes et ne trahissent pas la photographie d’origine. Le format en 1.85 respecte l’image du film.
Deux pistes en LPCM 2.0 sont disponibles, l’une avec la version originale et l’autre avec la version française. Cette dernière est supérieure au niveau du volume des voix, et rassemble de grands noms du doublage, avec notamment un certain Lambert Wilson qui double ici Jeff Goldblum. Cependant la version anglaise est supérieure au niveau des bruits d’ambiance. Les deux pistes sont à égalité concernant le rendu de la musique, qui a un rôle important dans le film Des sous-titres en français non imposés sont disponibles sous deux versions : l’une avec l’intégralité des dialogues et l’autre traduisant uniquement les mots visibles en anglais à l’écran.