Test Blu-ray / Les Barbarians, réalisé par Ruggero Deodato

LES BARBARIANS (The Barbarians) réalisé par Ruggero Deodato, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.

Acteurs : Peter Paul, David Paul, Richard Lynch, Eva LaRue, Virginia Bryant, Sheeba Alahani, Michael Berryman, Franco Pistoni…

Scénario : James R. Silke

Photographie : Gianlorenzo Battaglia

Musique : Pino Donaggio

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

La tribu de baladins des Ragniks est attaquée par les troupes du cruel tyran Kadar. Kadar capture Canary, la reine de la tribu, afin de lui faire révéler où elle a caché un rubis magique. Les jumeaux Kutchek et Gore sont également capturés. Des années plus tard, devenus adultes, Kutchek et Gore s’échappent de la forteresse de Kadar et vont s’employer à libérer Canary tout en protégeant le rubis.

Connards les barbants. Nous sommes dans la seconde partie des années 1980 et tout semble encore permis au cinéma. Conan le Barbare ayant été un triomphe planétaire en 1982, cela donne évidemment quelques idées à des producteurs peu scrupuleux, uniquement intéressés par les billets verts que leurs projets peuvent amasser. Dans cette optique mercantile, nous trouvons Les Barbarians (ou The Barbarians si vous êtes pointilleux), mis en scène par ce bon vieux Ruggero Deodato (disparu en décembre 2022) et surtout produit par le fabuleux tandem Yoram Globus et Menahem Golan. Mètre étalon du nanar à classer dans le genre fantasy, Les Barbarians offre la tête d’affiche aux frangins Peter et David Paul, jumeaux, catcheurs (il paraît) et culturistes (paraît-il), dont la prestation fait aujourd’hui penser au détournement de Mozinor, Toto Story, qui reprenait des images du documentaire Pumping Iron. Charisme de bulot, corps huilé et sculpté grâce à des piqûres peu catholiques (ceux qui ont assisté au tournage ont fait part de leur témoignage sur ce sujet), les deux ont l’air tellement peu concernés par ce qui se passe à l’écran que la magie opère. Nous sommes bel et bien devant un monument du mauvais film sympathique, où l’on sent le réalisateur qui a pourtant tout fait pour donner une certaine rigueur à l’ensemble, tout en voyant bien qu’il ne pouvait pas trop espérer de son tandem, à part sans doute leur côté gamin et leur humour potache. À dire vrai, les Paul font tâches puisque le reste du casting semble jouer la carte du premier degré, notamment le légendaire Richard Lynch, machiavélique Kadar, qui sortait d’Invasion U.S.A. de Joseph Zito, qui n’a pas peur de se confronter seul face à ces armoires à glace bodybuildées et décérébrées. Toujours est-il que Les Barbarians est et demeure une référence en la matière et un divertissement aussi séduisant et drôle.

La tribu de baladins des Ragnicks est attaquée par Kadar, un seigneur de guerre avide de pouvoir. La princesse Canary ainsi que les jumeaux orphelins qu’elle a recueillis, Kutchek et Gore, sont capturés. Les deux jeunes garçons seront élevés séparément, réduits à l’esclavage et entraînés au combat pour devenir gladiateurs. Kadar a promis à Canary, que ni lui, ni ses hommes ne lèveraient le glaive sur eux. Mais le tyran a un plan en tête : laisser les deux frères s’entretuer dans l’arène. Mais ceux-ci refusent le combat. Les deux frères allient alors leurs forces pour se libérer du joug de leurs maîtres.

Ah la fantasy italo-américaine ! Ruggero Deodato, venu de la comédie et de l’horreur, met un peu de tout dans Les Barbarians, de l’humour, un peu de violence (juste ce qu’il faut pour faire plaisir à un public avide de bastons), pas de gore évidemment (même si l’on pourrait qualifier ainsi le jeu des frères Paul), mais de belles nanas parfois peu habillées (Eva LaRue, Virginia Bryant, Sheeba Alahani, Raffaella Baracchi, heureusement qu’elles sont là), des décors soignés (les Abruzzes font toujours leur effet), des costumes sympathiques…Les Barbarians n’a rien d’un film désespérant, au contraire. La poursuite en guise d’ouverture est rondement menée, les couleurs éclatent à l’écran (photo soignée de Gianlorenzo Battaglia, chef opérateur de Démons, Formule pour un meurtre, Blastfighter, l’exécuteur, La Maison de la terreur), les vingt premières minutes sont même plus que prometteuses. C’est alors que surviennent nos deux héros devenus « adultes », alors que personne n’a pris de rides autour d’eux. Ayant du mal à marcher et à se mouvoir en raison de leur carcasse, Peter et David Paul, dont le « jeu » souvent moqué n’est pourtant pas si loin d’un Tom Hardy sous Donormyl, imitent le cochon quand ils sont heureux, tentent de déclamer leurs répliques en riant grassement, écrasent leur pauvre canasson qui porte leur masse et font presque les bruitages du style « chling » quand ils combattent leurs ennemis.

Les Barbarians apparaît comme un film d’aventures sérieux, parasité par deux tarés qui auraient pris possession du film malgré-eux. Certes Cannibal Holocaust est encore considéré aujourd’hui comme l’un des plus effrayants de l’histoire du cinéma, mais c’est oublier la performance des Paul. L’argent, conséquent (4 millions de dollars), se voit à l’écran, Ruggero Deodato n’est certainement pas un manchot et sa mise en scène a de la gueule. Le scénario imputable à l’inénarrable James R. Silke (Allan Quatermain et les mines du Roi Salomon, Ninja II : Ultime violence, Ninja III) ne réserve guère de surprises certes, mais le tout se tient et la courte durée du film (80 minutes montre en main) fait que le récit va droit à l’essentiel (montage efficace d’Eugenio Alabiso, L’Étrange Vice de Mme Wardh, Toutes les couleurs du vice) et sur un rythme plutôt soutenu.

Alors qu’une suite était déjà sur les rails, le bide US des Barbarians (800.000 dollars de recette, ouch) vient tuer dans l’oeuf cette séquelle, mais rassurons-nous, celles laissées par le film sont encore bien vives, ouvertes, et prêtes à être ranimées par le sel versé par nos larmes quand on rit aux éclats devant les exploits des Paul. À ranger bien soigneusement aux côtés de Kull le conquérant !

LE BLU-RAY

Attention, les voilà, ils arrivent, ils sont là, mes amis tous avec moooooooi, Les Barbarians sont ENFIN disponibles en Haute-Définition dans nos contrées ! Après un DVD étrange (pour ne pas dire illégal), le film de Ruggero Deodato débarque en édition Standard et surtout en combo Blu-ray/DVD chez Sidonis Calysta. La jaquette, qui reprend l’un des visuels d’exploitation originale du film, est glissée dans un boîtier Blu-ray classique et transparent, lui-même glissé dans un sur-étui cartonné. Le menu principal est animé et musical.

On démarre la section des suppléments avec un making of promotionnel d’à peine 5 minutes, présentant une « plongée » sur le tournage, dans les studios De Paolis à Rome. L’occasion de voir les deux frangins Paul se préparer physiquement avant de se rendre sur le plateau. Quelques propos du réalisateur et de l’équipe sont éparpillés ici et là, tandis qu’un commentaire sérieux déclare « on murmure qu’une suite sera tournée ». Sans déc !

On passe à un extrait du talk show américain, The Midnight Hour (7’), au cours duquel sont invités les frères Paul. Au-delà de leur look improbable, on retiendra le caractère survolté des deux frères, qui rappelle parfois le délire de Tom Cruise chez Oprah Winfrey, en plus trash bien sûr. On apprend que Les Barbarians est plus ni moins devenu le plus grand succès de l’histoire du cinéma…en Egypte.

Mais la pépite demeure l’interview de Ruggero Deodato (41’). Peu avare en anecdotes de tournage et ne connaissait pas la langue de bois, le réalisateur explique pourquoi ce projet lui « est tombé dessus à l’improviste », ayant été appelé après le renvoi de son confrère à qui le film avait tout d’abord été confié. S’il avoue que l’ambition première était de faire un divertissement entre Conan le Barbare et Cannibal Holocaust (sic), Ruggero Deodato déclare que sa rencontre avec les frères Paul l’a finalement conduit à vouloir faire une comédie, en exploitant le délire de ses têtes d’affiche, qui ne prenaient rien au sérieux. Les conditions des prises de vue sont évoquées (« on s’est vraiment amusé du début à la fin grâce aux jumeaux »), ainsi que les décors naturels, les cascades, le casting (dont Richard Lynch, avec lequel Deodato a tourné plusieurs films), les costumes, les effets spéciaux…Durant cette interview, deux invités s’immiscent, enregistrés séparément, le directeur de la photographie Gianlorenzo Battaglia et le compositeur Pino Donaggio, chacun donnant son avis sur Les Barbarians. Le chef opérateur est évidemment plus critique, ayant été témoin de la crétinerie des « deux gros bêtas, qui se se faisaient des injections toute la journée plutôt que de faire de l’exercice ». On retiendra que, contrairement au metteur en scène, Gianlorenzo Battaglia retient les difficultés de travailler avec les frères Paul, même s’ils étaient très agiles et bons dans les scènes d’action. En guise de conclusion, Ruggero Deodato dit qu’on lui avait proposé Spiderman après Les Barbarians et qu’il n’a jamais connu les vrais résultats du film au box-office, étant donné que la Cannon a fait faillite tout de suite après.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et un videoclip, celui de la chanson I am a wild one (4’35), au cours duquel on aperçoit quelques images de tournage des Barbarians, puisqu’il s’agit là encore d’une performance des frères Paul.

L’Image et le son

Franchement, on ne s’attendait pas un aussi beau master HD pour Les Barbarians. Le piqué est ciselé (surtout sur les scènes diurnes), les couleurs impressionnantes. Seules quelques séquences plus agitées et agrémentées d’effets visuels apparaissent parfois moins nettes et occasionnent quelques pertes de la définition. Il n’empêche que les contrastes sont léchés, les noirs denses et la profondeur de champ plaisante. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, la texture argentique est fine, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures (étoffes, boiseries, dorures) est assez dingue. Un Blu-ray (AVC, 1080p) impressionnant.

Bien qu’encodés en DTS-HD Master Audio 2.0, les mixages anglais et français (au doublage rigolo) se révèlent dynamiques aux moments opportuns et la version originale l’emporte du point de vue homogénéité. N’hésitez pas à monter le volume pour créer un confort acoustique suffisant.

Crédits images : © Sidonis Calysta / MGM / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.