Test Blu-ray / L’Enfant de Satan, réalisé par Mario Bianchi

L’ENFANT DE SATAN (La Bimba di Satana) réalisé par Mario Bianchi, disponible en Blu-ray chez Le Chat qui fume.

Acteurs : Jaqueline Dupré, Marina Hedman, Aldo Sambrell, Giuseppe Carbone, Giancarlo Del Duca, Alfonso Gaita, Mariangela Giordano…

Scénario : Piero Regnoli, d’après une histoire originale de Gabriele Crisanti

Photographie : Franco Villa & Angelo Lannu

Musique : Carlo Savina

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Suite à la mort de sa mère, Miria commence à agir bizarrement. Tour à tour, les proches de la famille et les anciens amants de sa mère disparaissent mystérieusement. Serait-ce son fantôme qui revient d’entre les morts pour se venger, ou son mari qui, par jalousie, décide de faire payer tous ceux qui l’ont rendu cocu ?

Mario Bianchi (1939-2022). Ce nom ne vous dira peut-être rien, mais ce réalisateur a su oeuvrer de longues années dans le domaine du cinéma populaire italien, y compris dans le registre pornographique (quelques titres explicites du genre Analità profondaOrgasmi del secondo canale, L’Ultimo tango anale, Francesca: Sinfonia anale). Ce qui nous intéresse aujourd’hui – les plus pervers devront attendre encore un peu pour en savoir plus sur sa collaboration avec Rocco Siffredi, la Cicciolina et Roberto Malone – est donc la « première » partie de sa carrière, autrement dit celle où le cinéaste tâtait du western spaghetti (Au nom du père, du fils et du colt…, Poker d’as pour un gringo), du poliziottesco (Provinzia violenta, Les Cinq de la section spéciale) et – un peu plus tardivement – du giallo (Non aver paura della zia Marta). Le film dont nous allons parler s’intitule L’Enfant de SatanLa Bimba di Satana est se situe juste avant que le signore Bianchi se lance à corps perdu dans le X. Thriller surnaturel et horrifique, cet opus ne manque pas d’attraits, d’une part en raison de ses actrices dénudées (souvent sans raison, mais on ne va pas se plaindre), d’autre part pour ses personnages peu aimables, dont on attend patiemment qu’ils se fassent tous assassiner. C’est le cas de l’acteur espagnol Aldo Sambrell, gueule récurrente du cinéma d’exploitation (Tender Flesh de Jess Franco, Les Cruels et Navajo Joe de Sergio Corbucci), mais vu aussi chez Jackie Chan (l’immense Opération Condor), Lucio Fulci (Selle d’argent), Don Chaffey (Charley le Borgne), Tom Gries (Les 100 fusils), Romain Gary (Kill) et même chez Richard Fleischer (Les Complices de la dernière chance). Ce dernier vole la vedette dans la peau du salopard, qui se comporte en seigneur et maître du château, un être impitoyable, omnipotent, prétentieux, prêt à violer une religieuse, sous prétexte que « profaner un temple » a toujours été son rêve. Si le rythme est sans doute un peu lent, la très courte durée du film (73 minutes, génériques compris) fait qu’on ne s’ennuie pas, les meurtres et rebondissements s’enchaînent et l’ambiance est suffisamment immersive pour qu’on se prenne au jeu. Un bon cru.

Au début des années 1980, dans la province de l’Aquila en Italie – La famille Aguilar, demeurant dans un château fort surplombant une colline, est en deuil. Maria, la mère de famille, vient de succomber à une mystérieuse maladie, au grand désespoir de son mari Antonio, de sa fille Miria et de son beau-frère Ignazio, muet et paraplégique. Très vite, d’étranges événements surviennent dans la demeure, affectant aussi bien la famille que les autres habitants des lieux : Isidro, le domestique, et Sol, une religieuse. Il semblerait que le corps de Maria ait été possédé par une force qui n’en a pas encore fini. Et, en effet, les événements qui vont suivre sont indéniables : Satan l’habite !

Une femme tout juste passée de vie à trépas, bien placée dans son cercueil. Autour, une poignée de protagonistes filmés en gros plan, histoire de bien nous présenter la distribution principale. Une jeune blonde débarque, la fille de la défunte, qui ne peut s’empêcher de crier puisque le corps de sa mère a été pris d’un « réflexe » musculaire et nerveux, un spasme d’une seconde. Les credits démarrent, simples, basiques, mais soulignés par une musique soignée signée Nino Catanese. Mario Bianchi ne va pas s’encombrer de psychologie. Il va droit à l’essentiel, désape rapidement les belles nanas qui passent devant sa caméra, pour les filmer en train de se masturber, les seins fièrement dressés vers Dieu ou écrasés de plaisir contre le drap humide. Jaqueline Dupré (dans son unique apparition au cinéma), Marina Hedman (actrice suédoise et future star du porno) et l’excellente Mariangela Giordano (La Secte de Michele Soavi, Le Dernier pistolet de Sergio Bergonzelli) s’en donnent à coeur joie pour notre plus grand plaisir (et le leur), Mario Bianchi sachant bien filmer ces charmantes donzelles qui n’ont pas dû coûter cher en costumes. Chose amusante, ou bien opportuniste, c’est selon, Mariangela Giordano venait d’incarner une religieuse sulfureuse dans Malabimba d’Andrea Bianchi, qui tournait également autour d’une possession démoniaque. De là à dire que Mario Bianchi a voulu surfer sur ce succès récent en reprenant les mêmes ingrédients, il n’y a qu’un pas.

Outre les femmes peu vêtues et le face à face entre Aldo Sambrell et Mariuangela Giordano, L’Enfant de Satan (on se demande encore le pourquoi du titre) vaut le coup pour ses dialogues vachards et la méchanceté qui irrigue tout le film (imputable au scénariste Piero Regnoli, Demonia, L’Avion de l’apocalypse, Les Contrebandiers de Santa Lucia), jusqu’aux exécutions, dont celle d’un type paralysé, muet et cloué sur sa chaise roulante. Voici donc les bons ingrédients réunis pour un cocktail gouleyant proposé par l’antique cinéma d’exploitation.

LE BLU-RAY

Totalement inédit dans nos contrées, L’Enfant de Satan fait une entrée remarquée dans le domaine du support physique, grâce aux bons soins du Chat qui fume. La jaquette, splendide, est glissée dans un boîtier Scanavo. Le menu principal est animé et musical.

Le seul supplément de cette édition croise les interventions de Mario Bianchi (réalisateur, disparu en 2022), Mariangela Giordano (actrice) et Franco Villa (chef opérateur, décédé en 2009). Pendant près d’une demi-heure, ces trois individus replacent tout d’abord L’Enfant de Satan dans leurs filmographies respectives. Le cinéaste était dit-il dans sa période comédie, quand il s’est vu proposer un scénario de film d’horreur, ce qu’il trouvait stimulant. De son côté, la comédienne explique que la production espérait reproduire le succès de Malabimba d’Andrea Bianchi, dans lequel elle interprétait le quasi-même rôle. Franco Villa évoque les drastiques conditions de tournage. Les inserts pornographiques (avec quelques images à l’appui, petits coquins) réalisés pour l’exploitation de L’Enfant de Satan dans diverses salles spécialisées sont aussi abordés et évidemment rejetés par les trois témoins.

L’Image et le son

Le Chat qui fume livre un master HD de belle qualité. Les partis pris esthétiques trouvent en Blu-ray un écrin sans doute inespéré et se voient entièrement respectés. Point de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est très présent, les volontés artistiques sont savamment restituées, la colorimétrie retrouve une nouvelle fraîcheur et le piqué est probant. Le format original 1.66 est conservé, aucun plan flou n’est constaté, les séquences sombres sont pointues, les noirs denses et la carnation naturelle. L’encodage AVC demeure solide, la propreté est indéniable. Blu-ray au format 1080p.

Seule la version italienne DTS-HD master Audio 2.0 est présentée ici. Aucun souci non plus de ce côté-là, les dialogues ne manquent pas de coffre, mais c’est à la musique que cet écrin acoustique profite le plus. Les effets annexes sont bien plantés, aucun souffle constaté.

Crédits images : © Le Chat qui fume / Rewind / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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