LE PIRATE DES CARAÏBES (Swashbuckler) réalisé par James Goldstone, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 6 janvier 2022 chez Rimini Editions
Acteurs : Robert Shaw, James Earl Jones, Peter Boyle, Geneviève Bujold, Beau Bridges, Geoffrey Holder, Avery Schreiber, Tom Clancy, Anjelica Huston…
Scénario : Jeffrey Bloom
Photographie : Philip H. Lathrop
Musique : John Addison
Durée : 1h37
Date de sortie initiale : 1976
LE FILM
Mer des Caraïbes, 18ème siècle. Le boucanier Red Ned Lynch et Jane Barnet, une fougueuse jeune femme issue de la noblesse maniant très bien l’épée, joignent leur force pour protéger la Jamaïque du joug d’un cruel tyran…
Du réalisateur James Goldstone (1931-1999), on connaissait surtout l’excellent Virages – Winning (1969) avec Paul Newman, drame sportif qui combinait à la fois la crise d’un couple nouvellement marié et l’effervescence du milieu de la course automobile, ainsi que Le Toboggan de la mort (1977), référence du film catastrophe et thriller atypique, puisque le récit se situait essentiellement dans une fête foraine. Sa filmographie recèle décidément des surprises, puisque nous découvrons aujourd’hui Le Pirate des Caraïbes – Swashbukler, sorti en 1976, alors que la mode bifurquait tranquillement, mais sûrement vers le genre fantastique, avec notamment l’imminence de Star Wars. Ce film d’aventure complètement anachronique s’avère pourtant un remarquable divertissement, plein de fougue, de charme et de rebondissements, magistralement interprété par le britannique Robert Shaw, qui allait malheureusement disparaître deux ans plus tard à l’âge de 51 ans, des suites d’une attaque cardiaque. Entre Les Dents de la mer – Jaws de Steven Spielberg et La Rose et la Flèche – Robin and Marian de Richard Lester, dans lequel il arborera l’étoile du shérif de Nottingham, le comédien, monstre de charisme, crève l’écran en digne successeur du Corsaire rouge, autrefois interprété par Burt Lancaster dans le film du même nom de Robert Siodmak. Près de trente ans avant la saga Pirates of the Caribbean, initiée par Gore Verbinski en 2003, Le Pirate des Caraïbes offrait aux spectateurs un fabuleux voyage au temps des flibustiers au sourire carnassier ! Un vrai coup de coeur.
1718, à la Jamaïque. Condamné à mort par lord Durant, le tyrannique et cupide gouverneur, Nick Debrett, un des compagnons du pirate Ned Lynch, est sauvé par ses camarades au moment où il allait être pendu. Le major Folly, aussi lourdaud qu’incompétent, non content de s’être fait escamoter le condamné, est ridiculisé une fois de plus par les pirates de Lynch alors qu’il convoie la fortune de sir John Barnet, le ministre de la Justice que l’infâme lord Durant a fait jeter en prison : Ned et ses complices lui dérobent joyeusement le magot. La fille de sir John, réduite à la misère, tente de récupérer l’un de ses bijoux auprès de la tendre amie de Lynch. Elle est amenée à bord du Blarney Cock…
Nous n’imaginions pas Robert Shaw moulé dans un costume rouge éclatant, maniant le sabre comme un pro, tout en séduisant de belles donzelles ! Pourtant, le pêcheur de requins Quint se métamorphose une fois de plus à l’écran et devient un héros flamboyant, prenant visiblement un plaisir fou à jouer les fines lames et un bandit devenu un héros du peuple, car osant s’opposer au tyran en place, Lord Durant. Shakespearien, se plongeant à corps perdu dans chacun de ses rôles, Robert Shaw livre une prestation extraordinaire, digne de celles qui font rêver les gamins, auxquels ils s’identifieront, comme un Jack Sparrow avant l’heure. Il est aussi royalement épaulé par un casting exceptionnel, avec tout d’abord la magnifique Geneviève Bujold, qui a alors le vent en poupe, puisqu’elle vient d’apparaître dans Tremblement de terre – Earthquake de Mark Robson, de tenir tête à Jean-Paul Belmondo dans L’Incorrigible de Philippe de Broca et s’apprête à rejoindre Brian De Palma pour Obsession. Furieusement sexy et bad-ass, l’actrice n’est pas sans rappeler Catherine Zeta-Jones dans Le Masque de Zorro – The Mask of Zorro de Martin Campbell, notamment lors d’un homérique duel à l’épée avec Robert Shaw.
James Earl Jones, Peter Boyle, Beau Bridges et même Anjelica Huston (la femme au visage sombre, qui reste muette durant tout le film) complètent cette distribution quatre étoiles. Ils sont tous formidables et solidement dirigés dans Le Pirate des Caraïbes, même si notre préférence se tournera, comme bien souvent, vers Peter Boyle, qui après Frankenstein Junior de Mel Brooks s’octroie une dernière petite récréation avant de plonger dans la noirceur de Taxi Driver de Martin Scorsese. Dirigeant omnipotent et tortionnaire, accompagné de son petit mignon aux griffes acérées, Lord Durant se révèle être un redoutable adversaire pour le capitaine « Red » Ned Lynch.
Plein d’humour et de punchlines (« Je ne suis pas un gentleman, je suis un Irlandais »), de combats, d’assauts (le final anticipe d’ailleurs largement celui d’Octopussy), de cascades, d’une multitude de figurants, de rivalités, de guet-apens, de sentiments et de couleurs (sublime photographie de Philip H. Lathrop, Le Bagarreur, Seuls sont les indomptés), d’émotions et péripéties, de décors flamboyants et de costumes clinquants, Le Pirate des Caraïbes s’apparente à un véritable rollercoaster cinématographique à l’ancienne, avec un soupçon de slapstick, vers lequel on revient avec un réel bonheur, après avoir été longtemps gavé d’images de synthèse sans âme et sans aucune aspérité. Un retour aux valeurs sûres donc.
LE COMBO BLU-RAY + DVD
Après un détour en DVD par First International Production, Le Pirate des Caraïbes de James Goldstone revient à l’abordage en édition Standard et surtout en Haute-Définition, dans un combo signé Rimini Editions. Jaquette au visuel attractif, glissée dans un boîtier classique Amaray de couleur noir, lui-même glissé dans un sur-étui cartonné. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément sur cette édition.
L’Image et le son
Qui dit film de pirates dit mer et ciel azurés. Il est évident que le master a subi un petit coup de scalpel numérique car aucune scorie, dépôt ou autre poussière ne se pavanent sur l’écran. Rimini Editions s’arme d’une compression somme toute solide afin de restituer la belle luminosité des scènes de mer ainsi que la densité des noirs durant les séquences nocturnes. Le rendu des matières est en plus extrêmement appréciable, le grain argentique palpable (même si certaines scènes paraissent étrangement plus lisses), la copie d’une stabilité à toutes épreuves, hormis peut-être durant les credits d’ouverture, mais cela reste anecdotique. Les teintes bleues, bordeaux et brunes-bois sont riches et bien saturées. Le relief est omniprésent et met en valeur la richesse des images de James Goldstone et de son directeur de la photographie Philip H. Lathrop. Voilà une superbe édition HD qui nous permet de profiter de la beauté des paysages maritimes et des décors naturels, incontestablement les points forts de cette édition.
Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Dans les deux cas, l’espace phonique se révèle probant et dynamique, le confort est indéniable, et les dialogues sont clairs, nets, précis. Sans surprise, au jeu des comparaisons, la piste anglaise s’avère plus naturelle et harmonieuse. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière (les immenses André Valmy, Jacques Dynam, Jacques Thébault sont à la barre), aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés.