LE MYSTÈRE VON BULÖW (Reversal of Fortune) réalisé par Barbet Schroeder, disponible en DVD et Blu-ray le 2 juin 2020 chez L’Atelier d’Images
Acteurs : Glenn Close, Jeremy Irons, Ron Silver, Annabella Sciorra, Uta Hagen, Fisher Stevens, Jack Gilpin…
Scénario : Nicholas Kazan d’après le livre d’Alan Dershowitz
Photographie : Luciano Tovoli
Musique : Mark Isham
Durée : 1h52
Date de sortie initiale : 1990
LE FILM
Une des plus riches héritières des États-Unis, Sunny Von Bülow, est retrouvée dans un coma profond provoqué par une surdose d’insuline. Son second mari, Claus, personnalité inquiétante et charismatique, est instantanément accusé d’avoir tenté de l’assassiner et est condamné à 30 ans de prison. Décidé à prouver son innocence, il obtient le concours du célèbre avocat Alan Dershowitz qui, aidé de ses étudiants, va mener une enquête riche en révélations pour le disculper. Le procès ultra médiatisé qui va suivre sera la dernière chance d’éclaircir le mystère von Bülow.
Barbet Schroeder (né en 1941) commence sa carrière de réalisateur par la fiction en 1969 avec les films français More (1969), La Vallée (1972), Maîtresse (1976) et Tricheurs (1984). Il réalise en parallèle des documentaires : Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974) sur le président ougandais, Koko, le gorille qui parle (1978) sur un singe qui apprend le langage des signes ou encore The Charles Bukowski Tapes (1987) sur le célèbre écrivain. La même année, il se lance dans une carrière américaine en réalisant Barfly avec Mickey Rourke et Faye Dunaway. Le deuxième film dans sa période américaine s’intitule Le Mystère von Bülow – Reversal of Fortune (1990).
Le film est l’adaptation du livre Reversal of Fortune: Inside the von Bülow Case du professeur Alan M. Dershowitz. Il revient sur l’histoire vraie de Sunny von Bülow, décédée après 28 ans de coma provoqué par une surdose d’insuline et sur le procès de son époux suspecté d’être le meurtrier.
Le Mystère von Bülow – Reversal of Fortune commence par une scène dans une chambre d’hôpital, avec le corps immobile d’une femme sur un lit. La voix de Sunny von Bülow (Glenn Close) se fait entendre, elle devient la narratrice du film et décide de nous raconter son histoire. Ce choix peut sembler au premier abord surprenant mais d’une grande originalité pour entrer dans le film et développer le récit. Soupçonné par les enfants de son épouse de tentative d’assassinat et après avoir perdu un premier procès, Claus von Bülow (Jeremy Irons) décide de faire appel et demande les services d’un avocat réputé.
Bien que tout l’accable, Alan Dershowitz (Ron Silver) accepte de le défendre. Avec l’aide de ses étudiants, l’avocat va tout tenter pour gagner ce procès. Une scène est très intéressante, celle où le professeur explique à ses élèves que tout le monde a le droit à la défense, ce qui est un fondement du système juridique. Même s’il est persuadé de sa culpabilité, Dershowitz le défend. Un avocat doit savoir mettre de côté ses convictions, sous peine de se retrouver au chômage. Ce film devrait être montré à tous les étudiants en droit, pour la retranscription juste du métier d’avocat. Nous suivons l’élaboration des tactiques : la recherche des témoins et des failles dans les théories de l’accusation afin de contester les preuves fournies.
Jeremy Irons nous offre une interprétation époustouflante de ce personnage complexe qu’est Claus von Bülow. Il est très mystérieux, son visage ne laisse paraître aucune émotion. Son humour se résume par la pratique de l’ironie, sur un ton sérieux, ce qui met mal à l’aise ses interlocuteurs. C’est un homme antipathique, froid et difficile à cerner. Alors que toute cette affaire semble mener à la conclusion que Claus von Bülow est coupable, Jeremy Irons interprète le personnage comme s’il était innocent. Il arrive à mettre le doute dans l’esprit du spectateur. Bien qu’ayant un rôle secondaire, Glenn Close arrive à nous émerveiller par sa présence et son talent et Ron Silver, dans celui de l’avocat, est tout aussi convaincant.
Ce film de procès est parsemé de moments teintés d’humour noir, par ses dialogues ironiquement tranchants. Il dresse aussi le portrait d’un couple dont l’amour a cessé suite à des tromperies, mais qui reste ensemble simplement pour les apparences. Le film est coupé en deux : le présent, avec le procès dont les images ressemblent à un documentaire et le passé, juste avant le meurtre sous forme de flashbacks et avec une photographie bleutée. Le tout s’enchaîne avec une grande fluidité. La scène finale est une sorte de pirouette comique glaçante et réussie pour conclure le film.
LE BLU-RAY
Le DVD et le Blu-ray du film Le Mystère von Bülow – Reversal of Fortune sont disponibles chez L’Atelier d’Images. Le visuel de la jaquette est original. Nous pouvons y voir les visages de Jeremy Irons et de Glenn Close avec un teint bleuté et avec cette phrase d’accroche « Le diable peut-il obtenir justice ? ». Le menu est fixe, reprenant le visuel de la jaquette et sonorisé par la musique sinistre, à l’image de l’ambiance du film.
Dans les bonus, vous découvrirez une passionnante interview du réalisateur Barbet Schroeder (20′) en français, avec des extraits du film en VOSTFR. Différents sujets sont abordés comme : l’analyse du personnage principal, le point de vue choisi pour la réalisation par rapport au livre, les choix artistiques, des anecdotes sur la fabrication du film, la collaboration avec les acteurs, l’analyse de certaines scènes, le refus du Festival de Cannes, la dernière scène qui a failli disparaître, la réception du film et enfin la cérémonie des Oscars.
Une interview d’Alan et Elon Dershowitz (18′), avec des extraits du film, en VOSTFR est aussi au programme. Le premier est l’avocat de Claus von Bülow et le second le producteur du film. Ils reviennent sur la rencontre avec Claus von Bülow, le procès, l’évolution du scénario, des anecdotes sur la fabrication, la cérémonie des Oscars, les différences entre la réalité et la fiction, leur conviction sur von Bülow qui a d’ailleurs détesté le film.
Les bonus se terminent par des bandes-annonces en VOSFTR des films Le Mystère von Bülow – Reversal of Fortune, Mississippi Burning, La Main droite du diable – Betrayed, La Nuit des juges – The Star Chamber et Ragtime.
L’image et le son
Le film a eu droit à une belle restauration. Quelques poussières sont visibles mais n’empêchent pas un visionnage agréable et avec un grain d’époque. Les scènes du passé ont une photographie légèrement bleutée et ce master a réussi à donner une nouvelle vie à cette couleur froide qui correspond à l’ambiance du film. Pour les scènes du présent, la photographie proche du documentaire a été respectée.
Le son en DTS-HD 2.0 permet une écoute satisfaisante du film. La piste anglaise est cependant à privilégier car la version française est beaucoup moins dynamique, encore plus lorsque la musique est présente. Bien que le doublage français ait été assuré par des acteurs aux carrières impressionnantes dans le domaine, les voix paraissent par moments métalliques, ce qui est dommage. Les sous-titres en français sont disponibles et non-imposés.