LE LÉOPARD réalisé par Jean-Claude Sussfeld, disponible en DVD et Blu-ray depuis le 20 avril 2022 chez LCJ Editions & Productions.
Acteurs : Claude Brasseur, Dominique Lavanant, Max Mégy, Nini Crépon, Liliane Bertrand, Emilie Benoît, Olivier Achard, Richard Guerry…
Scénario : Alain Riou & Jean-Claude Sussfeld
Photographie : François Catonné
Musique : Claude Bolling
Durée : 1h29
Date de sortie initiale : 1984
LE FILM
Lartigue, baroudeur-écrivain part élucider une affaire de meurtre et d’espionnage en Afrique aux côtés de Pauline Fitzgerald, auteur d’aventures policières.
Non, nous ne sommes pas dans À la poursuite du diamant vert – Romancing the Stone, qui sortira d’ailleurs quelques mois après, mais il est vrai que Le Léopard de Jean-Claude Sussfeld annonce étrangement certains éléments que l’on retrouvera dans le film de Robert Zemeckis. C’est le cas notamment pour ce qui touche au personnage féminin, interprété ici par Dominique Lavanant, qui vit ses fantasmes à travers les romans qu’elle écrit. Mais les comparaisons s’arrêtent là, car Le Léopard pâtit d’un scénario plutôt pauvre et se contente essentiellement d’enchaîner les péripéties, sans laisser au spectateur le temps de réfléchir. Les paysages du Zimbabwe font leur effet, rien à redire là-dessus, mais il manque cette étincelle, ce charme et un intérêt à l’entreprise pour emporter l’adhésion. Pas étonnant donc que Le Léopard, ait peiné à rassembler 670.000 spectateurs dans les salles, alors que Jean-Paul Belmondo se préparait à sortir la grosse artillerie avec Les Morfalous, que Francesco Rosi allait réunir deux millions de français avec Carmen, que Vive les femmes ! de Claude Confortès cartonnait au box-office et que L’Ascenseur de Dick Maas se refermait sur plus d’1,3 million d’usagers. Toutefois, si Jean-Claude Sussfeld n’est évidemment pas Philippe de Broca, qui avait bien eu du mal à atteindre les 1,7 million d’entrées avec L’Africain un an auparavant, la mise en scène du Léopard n’est pas déplaisante (la séquence de poursuite sur le Zambèze a vraiment de la gueule), apparaît énergique et inventive, insufflant un rythme grâce auquel on parvient tout de même à aller jusqu’au bout.
Le Commandant Lartigue, baroudeur injustement démissionné des Services Spéciaux, va publier le récit de ses missions secrètes sous le pseudonyme « Le Léopard ». Il déplaît d’emblée à Pauline, romancière dont le héros, gentleman détective, s’inspirait d’un jeune homme aimé à 18 ans. Leur rencontre chez leur éditeur tourne au vinaigre. A cause d’une affaire d’espionnage, Pauline et Lartigue se retrouvent en Afrique où est basée l’Organisation criminelle. Il y aura enlèvements, poursuites folles, bagarres, retrouvailles avec l’ancien amant de Pauline, inventeur d’un nouveau carburant à la puissance destructrice fabuleuse…
Soyons honnêtes, s’ils sont certes talentueux, Claude Brasseur et Dominique Lavanant ne sont pas Philippe Noiret et Catherine Deneuve. L’alchimie du couple vedette ne prend pas vraiment, demeure mécanique et artificielle. Entre Signes extérieurs de richesse de Jacques Monnet et Détective de Jean-Luc Godard, le comédien peine à convaincre dans la peau d’un aventurier, donnant mollement du poing, toujours en hyperventilation, écarquillant un peu trop les yeux, gesticulant dans tous les sens et en beuglant souvent, sans doute pour essayer de donner du corps à un personnage inintéressant et jamais attachant. Il est heureusement excellemment secondé par sa partenaire, qui enchaînait alors jusqu’à quatre films par an, sortant de Papy fait de la résistance de Jean-Marie Poiré, avant de rejoindre le plateau de La Smala de Jean-Loup Hubert, puis celui de Parole et musique d’Élie Chouraqui. Parfaitement à l’aise dans Le Léopard, Dominique Lavanant apporte même une certaine classe à l’ensemble et pour le coup s’intègre mieux au genre que Claude Brasseur, tant dans les scènes de comédie que dans celles plus agitées, où les deux donnent d’ailleurs pas mal de leur personne.
Ancien assistant d’André Hunebelle (Fantômas, Fantômas se déchaîne), de Jean-Luc Godard (La Chinoise), de Gérard Oury (Le Cerveau, La Folie des grandeurs, Les Aventures de Rabbi Jacob) et de Claude Sautet (Les Choses de la vie, Max et les Ferrailleurs, César et Rosalie, Vincent, François, Paul…et les autres), Jean-Claude Sussfeld (né en 1948) est allé à la meilleure école et a su tirer de ces expériences un solide bagage technique, qui s’est fait ressentir dès son premier long-métrage en tant que réalisateur, Elle voit des nains partout !. Après ce succès en 1982 (438.000 entrées), bénéficiant d’un budget conséquent, il réalise donc Le Léopard, surfant sur l’attrait des spectateurs pour l’Afrique au cinéma, surtout après le triomphe inattendu des Dieux sont tombés sur la tête (6 millions de spectateurs). Comme un écho à ce phénomène, Jean-Claude Sussfeld confie le rôle du fantasme de Pauline, Nick Denver, à l’acteur sud-africain Marius Wevers, le naturaliste du film de Jamie Uys. Là-dessus, on sauvera la composition du grand Claude Bolling (Borsalino, La Ballade des Dalton) et la beauté de la photographie du chef opérateur François Catonné (La Femme de ma vie).
Sur le papier Le Léopard avait tout pour faire feuler de plaisir une audience bien conditionnée, avide de dépaysement, d’humour léger et de quiproquos amusants, mais la sauce n’a donc pas vraiment pris et l’oeuvre de Jean-Claude Sussfeld, même si aidée par la suite par moult diffusions à la télévision, n’aura jamais su ou pu atteindre un statut culte comme bien d’autres comédies d’aventures hexagonales du même acabit.
LE BLU-RAY
Croyez-le ou non, Le Léopard n’avait jamais été édité en DVD. C’est désormais chose faite chez LCJ Editions & Productions, qui en profite donc également pour sortir le film de Jean-Claude Sussfeld en Haute-Définition. Le Blu-ray apparaît sous la forme d’un boîtier bleu classique, renfermant la jaquette, qui arbore le visuel de l’affiche d’exploitation originale. Le menu principal est animé et musical.
Aucun supplément.
L’Image et le son
Pour son arrivée en Haute-Définition, Le Léopard dispose d’une édition Blu-ray (1080p, AVC) soignée qui instaure un confort de visionnage plaisant. La copie superbement restaurée est présentée dans son format original, débarrassée de toutes les scories imaginables et ce dès le générique. Si la clarté est aléatoire et que diverses scènes semblent plus délavées voire ouatées, la colorimétrie chatoyante est à l’avenant avec de beaux contrastes, une texture exemplaire (le grain est bien géré), une profondeur de champ appréciable, un piqué souvent confondant sur les séquences diurnes et même quelques noirs compacts. Le transfert est élégant, stable, l’apport de la HD étant indéniable.
L’éditeur propose un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. La piste restitue la belle musique de Claude Bolling, les dialogues et les effets annexes. Fluide et homogène, cette version instaure un confort phonique probant, solide, et la propreté est de mise. Notons toutefois que certains échanges, repris en postsynchronisation, s’élèvent un peu au-dessus du lot. Pas de sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ni de piste Audiodescription. Signalons aussi que des dialogues en anglais ne sont pas non plus sous-titrés en français…