LA ROUTE DE L’OUEST (The Way West) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD & Combo Blu-ray + DVD le 5 juillet 2024 chez Sidonis Calysta.
Acteurs : Kirk Douglas, Robert Mitchum, Richard Widmark, Lola Albright, Sally Field, Katherine Justice, Jack Elam ,Stubby Kaye…
Scénario : Ben Maddow & Mitch Lindemann, d’après le roman « la Route de l’Ouest » de A.B. Guthrie Jr.
Photographie : William H. Clothier
Musique : Bronislau Kaper
Durée : 2h02
Date de sortie initiale : 1967
LE FILM
1843, le sénateur William J. Tadlock prend la tête d’un groupe de colons désireux de commencer une nouvelle vie dans l’Ouest. Tadlock est un homme de principes et travailleur exigeant tant envers lui-même qu’envers ceux qui se sont joint à la caravane. Il se heurte à Lije Evans, l’un des colons, qui n’apprécie guère ses méthodes. Lors du périple, les familles doivent faire face aux dangers et à un semblant de justice lorsque l’un d’entre eux abat accidentellement un jeune Indien.
Un western réunissant Kirk Douglas, Robert Mitchum et Richard Widmark ??? Oui ??? Mais non…non, car La Route de l’Ouest – The Way West n’est pas ce qu’on peut appeler un bon film et cela est d’autant plus frustrant quand on voit cette affiche. La faute au producteur et vice-président responsable de la production chez United Artists qui trouvant que le premier montage de près de 2h30 était beaucoup trop long, a purement et simplement demandé au réalisateur Andrew V. McLaglen (1920-2014), ancien assistant de John Ford sur L’Homme tranquille, de William A. Wellman et de Budd Boetticher, de tailler dans sa pellicule pour en retirer au moins vingt minutes. Le problème, c’est que ce dernier a visiblement préféré retirer l’exposition de ses personnages principaux et même de certains enjeux. Du coup, le spectateur aura l’impression de prendre le train en marche, ou le convoi plutôt, de faire comme s’il connaissait déjà le Sénateur William J. Tadlock, Dick Summers et Lije Evans. Par conséquent, on se désintéresse tout du long de tout ce beau monde, d’autant plus qu’Andrew V. McLaglen rajoute toute une tripotée de seconds et de troisièmes rôles qui n’ont là encore aucune consistance et qui comblent un vide qui subsiste pendant les deux longues heures du métrage. Reste le show Kirk Douglas, qui aurait mis en scène ses propres scènes histoire d’être mieux mis en valeur que ses camarades, tandis que Robert Mitchum traverse ce récit en se demandant ce qu’il fout là. Quant à Richard Widmark, cela fait beaucoup de peine à dire, à écrire plutôt, il est tout simplement transparent du début à la fin. Dommage…
Le sénateur américain William Tadlock quitte son domicile du Missouri en 1843 pour se diriger vers l’ouest sur l’Oregon Trail en train de wagons. Son fils et son esclave l’accompagnent, avec Dick Summers comme guide engagé. L’agriculteur Lije Evans, sa femme Rebecca et son fils Brownie, 16 ans, se joignent à eux dans l’expédition. Entre autres, il y a aussi les jeunes mariés Johnnie et Amanda Mack, ainsi que les familles Fairman et McBee. La jeune épouse timide Amanda ne satisfait pas ses besoins, alors Johnnie se saoule et s’égare avec la jeune Mercy McBee. Il tire également sur ce qu’il pense ivre être un loup et finit par tuer le fils d’un chef Sioux. Tadlock sait qu’aucune autre forme de justice ne sera efficace pour les Indiens si le train de wagons est poursuivi par eux par vengeance.
C’est un peu Les Feux de l’amour il est vrai. D’ailleurs, Andrew V. McLaglen passe beaucoup trop de temps focalisé sur la jeune Mercy, interprétée par Sally Field, âgée de vingt ans, dans son premier rôle au cinéma. Aguicheuse, chaude comme la b(r)aise, offrant sa virginité à un mec qui pourrait presque être son père, Mercy devient un personnage de premier plan, ce qui devient irritant, d’autant plus que le trio principal est systématiquement mis de côté au profit de cette aventure dont on se fout royalement. Heureusement, Kirk Douglas, entre sa participation à Paris brûle-t-il ? de René Clément (dans lequel il campe le général George Patton) et La Caravane de feu – The War Wagon de Burt Kennedy, fait tout ce qu’il peut pour donner corps à William J. Tadlock, quitte à tirer la couverture à chaque apparition. Robert Mitchum a l’air de se réveiller de la fête de fin de tournage d’El Dorado de Howard Hawks et paraît ailleurs, fatigué, en attendant que ça se passe dans la peau d’un éclaireur, veuf, ermite, qui aurait bien passé le reste de sa vie en pyjama. Mais il le fait bien et il demeure sans doute le plus attachant de La Route de l’Ouest.
En fait, ce que l’on retiendra surtout de cette entreprise au budget vraisemblablement conséquent, est la beauté indéniable de la photographie de William H. Clothier, chef opérateur des Feux de l’enfer, La Caravane de feu, L’Homme qui tua Liberty Valance, qui nous gratifie de splendides panoramas capturés en Panavision. Mais c’est trop peu, car on aurait voulu s’intéresser avant tout aux trois protagonistes trônant fièrement sur l’affiche originale, dont il ne reste quasiment rien à la fin, à part peut-être la dernière séquence, celle où les hommes, les femmes, les enfants, les animaux, les chariots doivent être descendus d’un canyon à l’aide d’un treuil.
Ce n’est pas que ce convoi de pionniers vers les territoires vierges de l’Oregon soit déplaisant, c’est juste qu’il s’agit d’un spectacle anecdotique et clairement pas à la hauteur de ses trois monstres hollywoodiens.
LE BLU-RAY
La Route de l’Ouest fait partie du catalogue Sidonis Calysta depuis novembre 2012, dans la collection Western de légende. Aucune nouveauté ici, le film d’Andrew V. McLaglen était déjà sorti en DVD et Blu-ray. L’éditeur l’intègre désormais dans la collection Silver. Ce Combo se présente sous la forme d’un boîtier Amaray classique transparent, glissé dans un surétui cartonné, arborant le visuel d’une des affiches d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.
Patrick Brion est seul en piste pour nous donner son avis et des informations sur La Route de l’Ouest (7’). Le critique et historien du cinéma s’exprime sur le fait que « nous sommes surpris en revoyant le film, que ce casting de premier ordre n’ait pas été utilisé au mieux ». Patrick Brion met en relief le fait que le film comporte beaucoup trop de personnages et que les coupes imposées par la direction de la United Artists aient dénaturé la présentation et les motivations des personnages principaux. On apprend que Robert Mitchum et Richard Widmark ne se sont pas très bien entendus et que Kirk Douglas était bien trop occupé à se mettre en valeur. Une présentation trop courte, mais où l’on glane finalement quelques informations intéressantes.
L’éditeur joint également un petit module de sept minutes consacré à Robert Mitchum. Uniquement composé de photographies diverses issues des films du comédien, ce supplément proposé par Jean-Claude Missiaen se contente d’évoquer brièvement la carrière, les personnages, les partenaires prestigieux (et prestigieuses), les plus grands films et la légende de la star hollywoodienne. Là-dessus un texte à lire apparaît, puis une galerie de photos qui défile sur la musique du film El Dorado.
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos.
L’Image et le son
Si nous n’avons pas eu d’indications quant à cette ressortie HD, il semble évident que Sidonis ait repris le même master édité il y a plus de dix ans et qui a donc pas mal d’heures de vol. C’est pas mal. Pas exceptionnel, mais ce Blu-ray (au format 1080p) s’en tire bien. L’ensemble est propre (des poussières et des griffures subsistent tout de même), stable, les couleurs sont correctes (cela aurait pu être mieux ceci dit), la texture argentique est présente, même si de temps en temps aléatoire. Nous constatons aussi divers changements chromatiques au cours d’une même séquence, des baisses de la définition, mais les séquences diurnes sont lumineuses et profitent le plus de cette promotion HD.
En VF comme en VO (avec sous-titres français non imposés), les mixages DTS-HD Master Audio 2.0 (point de remixage superflu à l’horizon), l’écoute demeure fort appréciable, avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. Léger souffle constaté dans la langue de Molière, ainsi que des répliques parfois couvertes, mais rien de gênant. Le changement de langue n’est pas verrouillé.