LA ROSE ET LA FLÈCHE (Robin and Marian) réalisé par Richard Lester, disponible en DVD et Blu-ray le 18 février 2020 chez Rimini Editions.
Acteurs : Sean Connery, Audrey Hepburn, Robert Shaw, Richard Harris, Nicol Williamson, Denholm Elliott, Ian Holm, Kenneth Haigh, Ronnie Barker, Victoria Abril…
Scénario : James Goldman
Photographie : David Watkin
Musique : John Barry
Durée : 1h46
Année de sortie : 1976
LE FILM
Après vingt ans passés aux Croisades, Robin des Bois et Petit-Jean reviennent au pays. Ils y retrouvent certains de leurs anciens compagnons. Marianne est devenue religieuse et le shérif de Nottingham sévit toujours. La nouvelle du retour de Robin se répand.
On a coutume de dire que les légendes sont immortelles. Certes, mais avant cela, il faut bien le héros en question disparaisse et que sa mort participe à l’histoire qui sera contée à travers les siècles. C’est le cas pour Robin des Bois, ou Robin Hood pour les intimes, personnage fictif né au Moyen Age en Angleterre, apparu à travers la littérature britannique du XIVe siècle. Le cinéma s’est très vite emparé de l’histoire de ce brigand au grand coeur, qui vivait avec ses compagnons dans la forêt de Sherwood et celle de Barnsdale. Si le premier film sur Robin des Bois remonte à 1908, on peut mentionner celui avec réalisé en 1922 par Allan Dwan avec Douglas Fairbanks dans le rôle-titre, mais aussi et surtout Les Aventures de Robin des Bois – The Adventures of Robin Hood (1938) de Michael Curtiz, avec Errol Flynn et Olivia de Havilland. On compte ensuite plusieurs dizaines de films (au bas mot) prenant pour personnage principal l’habile braconnier et défenseur des pauvres et des opprimés, dont une fantastique transposition produite par Walt Disney Pictures et réalisée par Wolfgang Reitherman en 1973. C’est alors que le réalisateur américain Richard Lester décide de mettre en scène La Rose et la Flèche – Robin and Marian en 1976, d’après un scénario de James Goldman (Le Lion en hiver avec Katharine Hepburn), qui s’éloigne des représentations précédentes, puisque le film narre la vieillesse et la mort des personnages. Succès très mitigé à sa sortie, La Rose et la Flèche est devenu rapidement un film culte et demeure aujourd’hui très prisé par les cinéphiles, notamment en raison de l’interprétation de son couple star, Sean Connery et Audrey Hepburn.
Robin et son fidèle Petit-Jean sont de retour après une vingtaine d’années de croisades. Ils sont chargés par le roi Richard d’assiéger le château de Châlus afin de récupérer une statue d’or que convoite le roi. Mais le château n’est occupé que par des femmes et des enfants, et la statue est une statue de pierre. Le roi décide tout de même de l’assaut, après avoir reçu une flèche, et fait enfermer Robin et son compagnon. Blessé à mort par la flèche, le roi meurt peu de temps après, laissant libres Robin et Petit-Jean. Ils décident de retourner au pays, c’est-à-dire à Nottingham et sa forêt de Sherwood. Ils retrouveront leurs vieux complices ainsi que l’amie de Robin, Marianne, tous vieillis et fatigués. Marianne est devenue abbesse et, à la suite des démêlés entre le roi Jean et le pape, doit quitter l’Angleterre. Comme elle refuse, le shérif a été chargé de l’arrêter. Robin rouvre donc les hostilités en s’opposant à l’arrestation de Marianne, qu’il emmène de force en forêt. Là bas, Marianne apprend à Robin qu’elle a fait une tentative de suicide après son départ et que c’est à la suite des soins qui lui ont été prodigués à l’abbaye qu’elle a décidé de sa vocation. Après avoir convaincu Robin de retourner à l’abbaye, Marianne apprend que le shérif a fait prisonnières les nonnes. Robin et Jean se chargent de les délivrer, même s’il s’agit d’un piège du shérif pour les capturer.
Même s’il a eu beaucoup de mal à se défaire du smoking de l’agent 007 qui lui collait à la peau, Sean Connery y est enfin parvenu dans les années 1970, grâce notamment à Sidney Lumet (Le Dossier Anderson, The Offence), John Boorman (Zardoz), John Huston (L’Homme qui voulut être roi) et John Milius (Le Lion et le Vent). Maintenant âgé de 45 ans, légèrement dégarni, le front barré de rides, le comédien écossais est à la recherche de rôles pour lesquels il souhaite mettre sa maturité, personnelle et professionnelle, à contribution. Il était donc le choix rêvé pour incarner un Robin des Bois vieillissant, qui a brûlé vingt ans de sa vie et qui s’en revient des Croisades, chez lui, là où il avait laissé ses anciens compagnons, mais aussi et surtout Marianne, entrée dans les ordres après son départ. Sean Connery reviendra d’ailleurs à l’univers de Robin des Bois, en faisant une apparition remarquée à la fin de Robin des Bois, prince des voleurs (1990), en incarnant cette fois Richard Coeur de Lion. Dame Marianne est interprétée par la merveilleuse Audrey Hepburn, qui faisait alors son comeback au cinéma près de dix ans après son dernier film Seule dans la nuit – Wait Until Dark de Terence Young, et après s’être consacrée à sa famille, ainsi qu’à l’aide humanitaire à l’enfance. Forcément, la belle Audrey a elle aussi vieilli, même si son nouveau visage mûr a su conserver cet inoubliable et lumineux sourire. Quand Robin retrouve Marianne, c’est le moment pour eux de faire un point sur le passé, mais aussi de se rendre à l’évidence, leur jeunesse est derrière eux, le temps a filé.
Bercé par la douce et mélancolique partition de l’immense John Barry, La Rose et la Flèche est comme qui dirait le dernier baroud d’honneur de Robin des Bois, l’épilogue de la légende où le personnage se retrouverait plongé dans un monde dur, et surtout réaliste, pessimiste. On pense alors à la représentation de Logan dans le film du même nom de James Mangold, où Hugh Jackman interprétait le héros griffu des X-Men, au seuil de la mort, seul (ou presque), où l’avenir demeurait incertain et la fin toute proche. Richard Lester s’intéresse bien plus aux personnages qu’à la reconstitution, somme toute classique, et de ce point de vue-là, La Rose et la Flèche demeure un film bouleversant (même si teinté d’humour), à l’instar de son final, inattendu et pourtant inéluctable. Un grand classique.
LE BLU-RAY
La Rose et la Flèche était jusqu’à présent disponible en DVD chez Sony. Une édition remontant à 2002 et aujourd’hui bien dépassée techniquement parlant. Pour son retour dans les bacs, le film de Richard Lester est à nouveau proposé en édition standard, mais également en Haute-Définition, chez Rimini Editions. Le disque, à la sérigraphie élégante, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Visuel soigné, tout comme le menu principal, animé et musical.
L’éditeur n’est pas venu les mains vides et propose près d’1h30 de suppléments. Et ça démarre très fort avec un document très précieux retrouvé par le spécialiste en la matière Jérôme Wybon, puisqu’il s’agit d’un entretien avec Sean Connery, enregistré au British Film Theatre le 10 mars 1984 et mené par Iain Johnston, sur scène, devant un public (34’30). La classe incarnée, toujours prêt à lancer un bon mot pour faire rire l’assistance, le comédien alors âgé de 53 ans venait de rempiler dans le rôle de James Bond dans l’épisode hors-série Jamais plus jamais – Never Say Never Again d’Irvin Kershner. C’est ainsi l’occasion de revenir sur ce qui l’a poussé à reprendre momentanément le Walther PPK et de faire un point sur sa carrière. Sean Connery se confie – comme rarement devant une caméra – sur James Bond, sur sa fructueuse collaboration avec l’immense Sidney Lumet (quel plaisir de l’entendre parler de The Office et de La Colline des hommes perdus), sur sa collaboration avec Alfred Hitchcock sur Pas de printemps pour Marnie, sur John Milius pour Le Lion et le Vent – The Wind and the Lion (1975), sur John Huston pour L’Homme qui voulut être roi – The Man Who Would Be King (1975) et bien évidemment sur La Rose et la Flèche – Robin and Marian (1976) de Richard Lester, « un film qui n’a pas eu de grand succès, mais qui est devenu très populaire ». Ce rendez-vous se clôt par des questions posées par le public. Un vrai cadeau pour les cinéphiles.
C’est le moment de prendre des notes sur l’histoire de Robin des Bois, grâce à l’intervention de Laurent Vissière, maître de conférences en histoire médiévale à la Sorbonne (27’). Vous saurez tout ou presque sur ce personnage fictif, héros légendaire et archétypal du Moyen Age anglais. Divisé en plusieurs sections, très joliment illustrées d’ailleurs, ce module aborde les différentes légendes de Robin des Bois, ses origines littéraires, les ballades, les origines du mythe, son évolution au fil des siècles. Un héros « de la liberté absolue et de l’écologie » selon Laurent Vissière, « devenu extrêmement moderne ». Puis, ce dernier en vient au film qui nous intéresse aujourd’hui, « en rupture avec le mythe » avec sa représentation originale et unique. Il n’hésite pas à dire que la reconstitution est très médiocre et que La Rose et la Flèche vaut essentiellement pour son approche singulière du personnage de Robin des Bois. Un supplément typique du travail habituel de Rimini, instructif, passionnant, un grand travail éditorial.
Enfin, Rimini Editions est allé à la rencontre de William Couette, journaliste sur le site Chacun cherche son film.fr (22’30). Ce grand admirateur de Richard Lester revient tout d’abord sur la carrière du réalisateur « souvent oublié, mais qui connaît un regain d’intérêt », avant d’en venir plus précisément sur La Rose et la Flèche. Le casting est ainsi largement abordé, ainsi que le scénariste James Goldman et le compositeur John Barry (après que la partition de Michel Legrand ait été rejetée). William Couette évoque aussi la mise en scène de Richard Lester, les thèmes du film, l’humour, la représentation des personnages et la dernière scène.
L’Image et le son
La copie restaurée du film de Richard Lester est livrée dans un écrin Blu-ray au format 1080p. La photo signée par le chef opérateur David Watkin, complice du réalisateur (Le Knack… et comment l’avoir, Help !, Les Trois Mousquetaires) est ici respectée avec des couleurs très affirmées (teintes brunes et vertes notamment), une clarté plaisante et une patine argentique appréciable. L’image a été savamment nettoyée, la copie est propre, l’ensemble stable, le cadre ne manque pas de détails. Le piqué doux demeure agréable pour les mirettes, les contrastes sont élégants et les noirs fermes. Dans l’ensemble, ce Blu-ray est très beau.
Deux petites pistes DTS-HD Mono française et anglaise sont au programme. Le rendu de la seconde est plus aéré, dynamique et même ardent dans la délivrance du superbe score de John Barry, les dialogues sont plus incisifs. La version française vaut essentiellement pour l’excellence du doublage, notamment celui de Jean-Claude Michel (disparu en 1999) qui prête son timbre inimitable à Sean Connery. La grande Martine Sarcey double merveilleusement Audrey Hepburn.
Une réflexion sur « Test Blu-ray / La Rose et la Flèche, réalisé par Richard Lester »