Test Blu-ray / La Rose de la mer, réalisé par Jacques de Baroncelli

LA ROSE DE LA MER réalisé par Jacques de Baroncelli, disponible en Combo Blu-ray + DVD Edition limitée le 26 juin 2024 chez Pathé.

Acteurs : Denise Bosc, Fernand Ledoux, Roger Pigaut, Lily Baron, Noël Roquevert, Palau, Georges Lannes, Jane Maguenat…

Scénario : Marc-Gilbert Sauvajon, d’après le roman de Paul Vialar

Photographie : Jean Isnard

Musique : Louiguy

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

Jérôme possède un bateau, La Rose de la Mer, avec son truand d’oncle. Ils naviguent avec une bande de forbans engagés par l’oncle pour saborder le navire et toucher la prime d’assurance. Mais Jérôme n’est pas de cet avis et s’oppose au reste de l’équipage.

En 2021, l’auteur de ces mots faisait la découverte d’un film, d’un chef d’oeuvre, La Femme et le pantin (1929) et surtout de son réalisateur, dont il n’avait alors jamais entendu parler, Jacques de Baroncelli (1881-1951). Complètement oublié aujourd’hui, celui-ci aura pourtant signé une belle version des Mystères de Paris (1943), une adaptation de La Duchesse de Langeais (1942) d’Honoré de Balzac, avec Edwige Feuillère, et l’on peut aussi citer Belle étoile (1938) avec Michel Simon et Jean-Pierre Aumont et Je serai seule après minuit (1931), sur un scénario de Henri-Georges Clouzot. Jacques de Baroncelli était un passionné de cinéma, un amoureux des comédiens auxquels il était d’ailleurs fidèle (il collaborera plus de quinze fois avec Charles Vanel, fera aussi tourner à plusieurs reprises Pierre Brasseur, Edwige Feuillère…) et enchaînait les films aussi divers que variés, avec pour priorité le désir de se renouveler. La Rose de la mer est l’un de ses derniers longs-métrages, peut-être pas le plus représentatif de son œuvre générale, mais qui se démarque par son savoir-faire et sa tonalité sombre, le film ayant été tourné après la Seconde Guerre mondiale. D’après un scénario écrit par Marc-Gilbert Sauvajon (Le Canard à l’orange, Michel Strogoff, Non coupable), transposition d’un roman de Paul Vialar, le cinéaste dirige une bande de comédiens qui en dehors du légendaire Noël Roquevert et du respecté Fernand Ledoux ne sont pas vraiment passés à la postérité, mais qui n’en restent pas moins convaincants, même si leur jeu reste représentatif des « codes » d’une certaine époque. La Rose de la mer demeure un drame assez prenant, culotté, romanesque, teinté de thriller, où la violence peut éclater à n’importe quel moment et ce jusqu’à la fin. Une étonnante curiosité donc.

Romain Jardehu et son neveu Jérôme possèdent ensemble un vieux cargo La Rose de la mer. Jérôme comprend que son oncle, capitaine du bateau, et son équipage de malfrats ont décidé de couler le cargo pour toucher la prime d’assurance. Sur le point d’intervenir, il découvre à bord une passagère clandestine qui vient d’accoucher et meurt en lui confiant son enfant. Pour sauver le bébé, Jérôme décide de prendre les choses en main.

Les acteurs et actrices présents dans La Rose de la mer ne vous diront sans doute pas grand-chose, de Roger Pigaut (Une histoire simple, Antoine et Antoinette, le marquis d’Escrainville dans la saga Angélique) à Lily Baron (qui a essentiellement fait carrière dans le doublage), en passant par Pierre Palau (gueule aperçue chez Philippe de Broca, René Clair, Julien Duvivier, Claude Autant-Lara, Henri-Georges Clouzot…), René Génin (Les Yeux sans visage, Le Boulanger de Valorgue, Juliette ou la clé des songes)…Pourtant, ils sont tous impeccables et criants de vérité dans ce film, le cinéaste n’ayant pas son pareil pour choisir le ou la candidat(e) idéal(e) pour camper un personnage bien défini, un pêcheur noyant dans l’alcool le vide de son existence, une femme et mère de famille tenant le ménage et bouleversée de voir son époux ne pas trouver de travail, des marins sans véritable but…La Rose de la mer est ce qu’on pourrait appeler un « film collectif », où les personnalités s’opposent, se confrontent et forment finalement un ensemble, un tout, une entité.

Mais dans ce groupe de marins parmi lesquels figurent quelques repris de justice, se démarque Jérôme, le neveu du patron et son associé, qui découvre un soir que son oncle et sa bande ont purement et simplement décidé de faire sombre leur bateau, La Rose de la mer donc, alors qu’ils prennent le large vers Casablanca, où ils doivent livrer des pièces de machines agricoles. Jérôme, opposé à cette fraude à l’assurance, tente de s’interposer face à ce groupe bien décidé…mais ils trouvent à bord une jeune femme, qui s’est embarquée en cachette afin de rejoindre à Casablanca l’homme qui l’a mise enceinte…elle est d’ailleurs sur le point d’accoucher…ce qui contrarie les plans de Romain et de sa bande, qui décident tout de même de l’envoyer elle et son bébé par le fond avec le bateau.

Jacques de Baroncelli soigne son long-métrage, La Rose de la mer dispose d’une photographie très élégante signée Jean Isnard (Les Miracles n’ont lieu qu’une fois, Le Mariage de Chiffon) et d’un montage ciselé de Marguerite Renoir (La Règle du jeu, Le Trou, Casque d’Or). Si le récit patine quelque peu et occasionne un ventre mou à mi-parcours, les personnages sont suffisamment ambigus et l’on se demande constamment comment tout cela va finir. Les cinéphiles, surtout adeptes du cinéma français dit rétro, ne manqueront pas de découvrir cette rareté, qui était alors quasiment devenue invisible depuis sa sortie il y a près de 80 ans.

LE BLU-RAY

Après Boulevard de Julien Duvivier, nous découvrons aujourd’hui La Rose de la mer de Jacques de Baroncelli, qui vient d’intégrer la collection Pathé présente – Version restaurée. Le menu principal est animé et musical.

Nous sommes heureux de retrouver deux nouvelles analyses de Cécile Dubost, qui devient une invitée récurrente sur les titres Pathé, depuis la sortie d’Amok en octobre 2023. Dans ces modules (Jacques de Baroncelli, un nom oublié – 7’ et La Rose de la mer : Entre roman et adaptation, de la nuance – 22’), la productrice, scénariste et documentaliste se penche sur l’avant-dernier long-métrage de Jacques de Baroncelli, donne un aperçu de ses 80 films en indiquant que « peu d’entre-eux sont restés dans les mémoires ». Des photos de tournage diverses et variées donnent envie de découvrir les œuvres de ce réalisateur prolifique (même si beaucoup de ses films muets ont disparu), le portrait du cinéaste est dressé, son parcours retracé, ses thèmes récurrents passés au crible, puis les différences et points communs avec le roman de Paul Vialar sont mis en relief. Les partis-pris et les intentions de Jacques de Baroncelli, la psychologie des personnages sont également les sujets abordés dans ces deux suppléments.

L’Image et le son

La Rose de la mer a été restauré en 4K à partir du négatif image original nitrate, un négatif image et un négatif son optique, ainsi qu’un marron standard de 1ère génération. Les travaux numériques et photochimiques ont été réalisés par le laboratoire L’Image Retrouvée. Quelques fourmillements sont constatés, mais aucun points, pas de tâches ou de flous sporadiques. Ce master HD trouve son équilibre avec des noirs denses, une texture argentique élégante, plus appuyée sur les gros plans. Les contrastes profitent de cette promotion Haute-Définition, les détails sont très appréciables, la propreté ne déçoit pas et au final ce Blu-ray permet (re)découvrir La Rose de la mer dans les meilleures conditions techniques.

Aucun souci acoustique constaté sur ce mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Le confort phonique de cette piste unique est indéniable, les dialogues sont clairs et nets. Si quelques saturations demeurent inévitables, la musique est joliment délivrée et aucun craquement intempestif ne vient perturber l’oreille des spectateurs.

Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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