
LA PIE VOLEUSE réalisé par Robert Guédiguian, disponible en DVD et Blu-ray le 3 juin 2025 chez Diaphana.
Acteurs : Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Marilou Aussilloux, Grégoire Leprince-Ringuet, Lola Naymark, Robinson Stévenin, Thorvald Sondergaard, Jacques Boudet…
Scénario : Robert Guédiguian & Serge Valletti
Photographie : Pierre Milon
Musique : Michel Petrossian
Durée : 1h41
Date de sortie initiale : 2025
LE FILM
Maria n’est plus toute jeune et aide des personnes plus âgées qu’elle. Tirant le diable par la queue, elle ne se résout pas à sa précaire condition et, par-ci par-là, vole quelques euros à tous ces braves gens dont elle s’occupe avec une dévotion extrême… et qui, pour cela, l’adorent… Pourtant une plainte pour abus de faiblesse conduira Maria en garde à vue…

Et c’est reparti ! À peine venions-nous de laisser Robert Guédiguian et sa clique rue d’Aubagne à Marseille dans Et la fête continue !, que nous retrouvons le cinéaste, toujours accompagné d’une partie de sa troupe, à l’Estaque, quartier du 16ème arrondissement situé au nord-ouest de la Cité Phocéenne. Un lieu qui lui tient particulièrement à coeur, qui l’a vu naître, qu’il a souvent filmé par le passé, mais qu’il avait délaissé depuis le magnifique Les Neiges du Kilimandjaro en 2011. Pour son 24ème long-métrage en près de 45 ans de carrière, Robert Guédiguian livre un opus réussi, du moins beaucoup plus que son précédent, quand bien même on pourra lui reprocher de s’adonner un peu trop au romanesque peu crédible en ce qui concerne ses plus jeunes personnages. Le metteur en scène offre à sa muse et épouse Ariane Ascaride, un personnage ambigu, dont les agissements demeurent condamnables, mais qui reste malgré tout attachant. Sans surprise, les meilleures scènes du film restent celles entre cette dernière et Jean-Pierre Darroussin (sa 19ème collaboration avec Robert Guédiguian), dont la simplicité, la complicité, l’alchimie, la tendresse, la chaleur humaine font mouche à tous les coups. La Pie Voleuse ne surprendra personne, en premier lieu les aficionados, mais ce moment suspendu n’a rien de déplaisant et réchauffe les sens.


Entre les aléas de la vie quotidienne et les dettes de son mari joueur, Maria gagne sa vie en tant qu’auxiliaire de vie pour des personnes plus âgées qu’elle. Mais son altruisme et sa dévotion envers ces braves gens ne l’empêchent pas de leur voler par-ci par-là quelques euros, histoire de sortir sa famille d’une condition pour le moins précaire. Le jour où une histoire de chèques met à jour son petit système, une plainte pour abus de faiblesse pointe à l’horizon…


Ce qu’il y a évidemment d’émouvant, de poignant même dans le cinéma de Robert Guédiguian, c’est de voir et de suivre ses comédiens évoluer, mais aussi de vieillir à l’écran. Dans Dernier été, leur premier film, Ariane Ascaride avait tout juste 27 ans, elle en a aujourd’hui 70, tandis que Jean-Pierre Darroussin avait 32 ans dans Ki lo sa ? (1985), et il est âgé désormais de 71 ans. Même chose concernant l’autre génération représentée entre autres par Grégoire Lepince-Ringuet et Lola Neymark, 22 ans tous les deux dans L’Armée du crime (2009), 37 ans dans La Pie Voleuse. La « famille » s’est agrandie comme dirait Dominic Toretto et elle compte d’’ailleurs un nouveau membre, avec l’arrivée de la belle Marilou Aussilloux, vue dans les séries Dix pour cent et Jeux d’influence, ainsi qu’au cinéma dans Adieu les cons d’Albert Dupontel et En corps de Cédric Klapisch. Son sourire ravageur, sa fraîcheur, sa spontanéité et son naturel sont les bienvenus dans l’univers de Robert Guédiguian. Bien sûr, Gérard Meylan est de la partie (pour la 21ème fois), ainsi que Robinson Stévenin (devenu le parfait sosie de son père), Jacques Boudet (15ème et dernière association avec le cinéaste, le comédien étant décédé en 2024), le Guédiguian Cinematic Universe est donc bel et bien là.


Le rythme est un peu trop peinard parfois et peu de « rebondissements » viennent relancer la machine légèrement ronflante certes, mais dont le ronronnement demeure agréable. La photographie de Pierre Milon, fidèle chef opérateur depuis longtemps, est belle et chatoyante, la musique du compositeur et pianiste Michel Petrossian (En fanfare) tient une belle place dans l’histoire, on ne s’ennuie pas. Même s’ils n’interprètent pas les mêmes rôles d’un film à l’autre, on ne peut s’empêcher de recroiser certains personnages, à l’instar de celui campé par Jean-Pierre Darroussin, qui ressemble au Henri de Et la fête continue !. Le bémol provient de la romance entamée entre Laurent et Jennifer, à laquelle on ne croit pas une seconde, y compris dans leurs échanges, qui sonnent faux.


Mais on se laisse prendre par le charme de cet épisode XL de la série Plus belle la vie, qui vaut plus pour ses personnages que pour leur histoire, un instantané d’existences, des tranches de vies qui s’entrecroisent à un moment charnière. Et cela fonctionne. On serait même tentés de dire que le film vaudrait presque uniquement pour son tout dernier plan, peut-être le plus beau filmé par Robert Guédiguian. Rien que pour cela, La Pie Voleuse mérite d’être vu et les spectateurs l’ont bien compris, puisque le réalisateur allait connaître son plus beau succès en salles depuis La Villa en 2017, avec plus de 350.000 entrées.



LE BLU-RAY
On ne change pas une équipe qui gagne et La Pie Voleuse, dernier film en date de Robert Guédiguian, rejoint le catalogue de Diaphana, à l’instar de Et la fête continue !, Twist à Bamako, Gloria mundi…Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Deux making-of sinon rien on serait tentés de dire ! Le premier, d’une durée de 34 minutes, se focalise essentiellement sur le premier jour de tournage de La Pie Voleuse en septembre 2023. L’équipe habituelle se retrouve, les acteurs, qui sont bien plus que des amis, se prennent dans les bras, Robert Guédiguian est prêt pour retourner derrière la caméra, pour filmer L’Estaque. Le réalisateur est à l’oeuvre avec son équipe technique, parle avec ses acteurs, s’observent et se sourient. On a presque l’impression de visionner un film de famille, si ce n’est que quelques commentaires en off nous donnent quelques indications sur les conditions de prises de vues.











Le second documentaire (28’), intitulé Dans l’intimité musicale de La Pie Voleuse, donne la parole au compositeur Michel Petrossian, ainsi qu’aux pianistes Nour Ayadi, Mariia Esaulova et Frank Braley, qui ont créé la partition du 24ème long-métrage de Robert Guédiguian.





L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
Nous voici devant un superbe master HD, très propre et clair, avec un cadre fourmillant de détails. La photo saturée de Pierre Milon (Foxfire, confessions d’un gang de filles, Les Neiges du Kilimandjaro) fait la part belle aux teintes chatoyantes, ambrées et solaires, avec de fabuleux dégradés de bleus, de rouges et de jaunes, les contrastes sont denses et le piqué joliment acéré. L’encodage est également savamment pris en charge par l’éditeur, avec des scènes nocturnes tout aussi définies que les séquences diurnes.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 est immédiatement immersif et permet au spectateur de plonger au milieu de L’Estaque, grâce aux enceintes latérales. Les voix sont d’une précision sans failles sur la centrale, la balance frontale est constamment soutenue, la musique est spatialisée de bout en bout. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.



Crédits images : © Diaphana / Agat Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr