Test Blu-ray / La Maison du mal, réalisé par Samuel Bodin

LA MAISON DU MAL (Cobweb) réalisé par Samuel Bodin, disponible en DVD & Blu-ray le 21 novembre 2023 chez Metropolitan Vidéo.

Acteurs : Lizzy Caplan, Antony Starr, Cleopatra Coleman, Ellen Dubin, Woody Norman, Luke Busey, Steffanie Sampson, Debora Zhecheva…

Scénario : Chris Thomas Devlin

Photographie : Philip Lozano

Musique : Drum & Lace

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2023

LE FILM

Peter, âgé de huit ans, est tourmenté par un bruit mystérieux et incessant de tapotement provenant du mur de sa chambre – mais ses parents affirment que ce n’est que le fruit de son imagination. À mesure que sa peur s’intensifie, Peter se persuade que ses parents lui cachent un terrible secret et perd toute confiance en eux, ce qui ne fait qu’accroître son angoisse et ses terreurs…

Un film d’épouvante produit par Evan Goldberg et Seth Rogen, tourné en Bulgarie et réalisé par un français. Kamoulox ? Absolument pas, il s’agit de La Maison du malCobweb, l’un des premiers longs-métrages à avoir été tourné en 2020, durant la pandémie. Remarqué dans le monde entier avec la série Netflix Marianne, qui ne connaîtra finalement qu’une saison unique, Samuel Bodin s’était fait un nom avant cela, il y a une dizaine d’années, avec une autre série, Lazy Company, interprétée par Alban Lenoir. Si la critique française a été très négative pour Marianne (on serait tenté de dire qu’on partageait le même avis), le metteur en scène a su tirer profit de son engouement à l’étranger (même Stephen King l’avait encensé), au point de se retrouver aux manettes de son premier film en langue anglaise et donc un premier opus d’horreur conçu pour le grand écran. Pour un coup d’essai, La Maison du mal est un petit coup de maître, un conte d’Halloween (avec bien entendu un clin d’oeil au chef d’oeuvre de John Carpenter) à la durée ramassée (1h25), on ne peut plus efficace et surtout bien flippant du début à la fin. Écrit par Chris Thomas Devlin, à qui l’on doit le Massacre à la tronçonneuse de 2023, tourné lui aussi pour la célèbre plateforme au N majuscule, La Maison du mal va droit à l’essentiel, narre son histoire dans le creux de l’oreille du spectateur, qui, la chair de poule, se voit entraîner dans un train fantôme souvent virtuose, qui démontre tout le potentiel de Samuel Bodin, qu’on espère bientôt à la tête d’un projet personnel. Un vrai coup de coeur.

Peter est un garçon de huit ans timide, qui vit avec ses parents autoritaires mais émotionnellement distants, Carol et Mark. Il gagne la sympathie de son enseignante suppléante, Miss Devine. Peter souhaite participer à la fête d’Halloween, mais ses parents le lui interdisent en raison de la disparition d’une jeune fille il y a plusieurs années. Plus tard dans la nuit, Peter est réveillé par le bruit de coups venant de l’intérieur d’un mur de sa chambre. Ses parents nient ces événements, insistant sur le fait qu’il les imagine. Au cours des jours suivants, Peter parle avec une voix provenant du mur. Elle prétend qu’elle y a été piégée par les parents de Peter et les qualifie de « méchants ». Miss Devine s’inquiète après avoir vu un dessin réalisé par Peter, le représentant effrayé au lit en train de hurler « Aidez-moi ». Carol réprimande Peter pour avoir fait part de ses délires à son professeur. À l’école, Brian, un élève tyrannique, détruit la citrouille primée de Peter. Encouragé par les conseils de la voix, Peter pousse Brian dans les escaliers, lui cassant la jambe. Après avoir appris qu’il a été expulsé, les parents de Peter l’enferment au sous-sol, où il découvre une fosse recouverte d’une grille.

Il ne s’agit pas d’une suite, mais d’une œuvre originale, ce qui est déjà très plaisant. Ensuite, La Maison du mal instaure d’emblée un climat anxiogène par son décor principal qui donne son titre français au film, conçu par Alan Gilmore, qui avait précédemment bossé avec Alexandre Aja sur Crawl. Une bâtisse conçue, comme le récit, à travers le point de vue de son jeune personnage, avec des pièces qui paraissent surdimensionnées et des couloirs interminables, le tout étant chichement éclairé pour accentuer la tension, superbement photographié par Philip Lozano, complice de Samuel Bodin sur ses travaux précédents. Le petit Peter est incarné par Woody Norman, déjà remarquable dans Nos âmes d’enfants C’mon C’mon de Mike Mills aux côtés de Joaquin Phoenix et dernièrement à l’affiche du Dernier voyage du Demeter The Last Voyage of the Demeter d’André Øvredal. Magnétique, le comédien s’impose et inspire visiblement le réalisateur, qui se focalise sur son regard bouleversant et expressif (Shining de Stanley Kubrick a sûrement servi de référence), surtout quand son personnage observe le monde qui l’entoure s’écrouler, y compris sa relation avec ses parents.

Ceux-ci sont campés par les excellents Lizzy Caplan (Alliés, Insaisissables 2, Masters of Sex, Cloverfield), qu’on n’a jamais vue aussi terrifiante, et Antony Starr (« Le Protecteur » de la série The Boys, Banshee), qui est tout autant effrayant et capable de vous glacer le sang d’un seul regard. Tout ce beau petit monde, y compris la belle Cleopatra Coleman (The Last Man on Earth) se retrouve donc dans cette toile d’araignée (traduction du titre original) magistralement tissée, où le suspense va crescendo. Le film joue habilement sur ce qui est réel et ce qui peut être le fruit de l’imagination de Peter.

Par ailleurs, nous n’aurons pas les réponses à toutes les questions que l’on peut se poser durant ces formidables 85 minutes et peu importe, car La Maison du mal est un ride impressionnant, certaines scènes risquent de rester à l’instar de celle du dîner qui ouvre sur un nouvel acte, celui où la fameuse créature se révèle et cette fois encore nous ne sommes pas déçus, surtout avec le bain de sang qui s’ensuit. Ayant misé sur des effets physiques, parfois sensiblement améliorés en images de synthèse, Samuel Bodin use du cadre, de l’attente, du hors-champ, de l’angle mort, de l’ombre pour mieux titiller les nerfs des spectateurs. On en ressort effectivement avec des suées, le pouls qui s’emballe encore et l’esprit rassasié après avoir été bien secoué. Un réalisateur à suivre de près.

LE BLU-RAY

164.000 entrées en France…cela aurait pu être mieux et surtout La Maison du mal méritait bien plus en ce mois de juillet 2023. Toujours est-il que Metropolitan Vidéo se charge du service après-vente et présente le film de Samuel Bodin, en DVD et Blu-ray. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Excellente et passionnante interview que celle de Samuel Bodin (27’30), réalisée à l’occasion de la sortie en DVD/Blu-ray dans les bacs français de La Maison du mal. Le cinéaste, bourré d’énergie et visiblement heureux de parler de son premier long-métrage en langue anglaise, revient tour à tour sur ce qui lui a donné la passion du cinéma (« À huit ans, j’ai vu Gremlins… » commence-t-il), comment il en est venu à écrire et à mettre en scène la série Marianne pour Netflix, avec laquelle il sera remarqué outre-Atlantique, d’où il commencera à recevoir des scripts. Samuel Bodin s’exprime sur son désir de faire un film d’horreur, sur son coup de foudre pour le scénario (« simple et tordu ») de Chris Thomas Devlin, sa rencontre avec la production et Lionsgate, la préparation et les conditions du tournage en Bulgarie (durant le Covid), le casting, ses intentions et les partis-pris, son rapport avec les spectateurs, la création des décors (y compris le choix du papier peint), le travail avec son chef opérateur Philip Lozano, le montage, les effets visuels, le design de la créature… À ne pas manquer donc !

S’ensuivent trois featurettes promotionnelles (8’30 au total), constituées d’interviews de l’équipe (dont Samuel Bodin, en anglais dans le texte, mais avec la même énergie contagieuse) et de nombreuses images de plateau, montrant notamment le réalisateur à l’aise avec les acteurs et ses techniciens.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Comme d’habitude, Metropolitan Video soigne son master HD. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, y compris sur les très nombreuses séquences sombres, avec une image sans cesse affûtée. Le piqué est acéré, les gros plans riches, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les volontés artistiques du chef opérateur Philip Lozano. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour (re)voir le film de Samuel Bodin et profiter de la superbe photographie. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable.

Les deux versions DTS-HD Master Audio 5.1 font quasiment match nul en ce qui concerne la délivrance des ambiances sur les enceintes latérales, la restitution des dialogues et la balance frontale. Le spectateur est littéralement plongé dans ce quasi- huis clos, la spatialisation reste solide tout du long et le caisson de basses est utilisé à bon escient. Sans surprise, la version originale l’emporte de peu sur l’homogénéité et la fluidité acoustique, tandis que la piste française a tendance à mettre les voix un peu trop en avant. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Lionsgate / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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