LA CHASSE À L’HOMME réalisé par Edouard Molinaro, disponible en Édition Digibook Blu-ray + DVD + Livret le 6 mars 2020 chez Coin de mire Cinéma
Acteurs : Jean-Claude Brialy, Françoise Dorléac, Marie Laforêt, Claude Rich, Jean-Paul Belmondo, Catherine Deneuve, Marie Dubois, Hélène Duc, Bernadette Lafont, Francis Blanche, Bernard Blier, Mireille Darc, Micheline Presle, Michel Serrault…
Scénario : France Roche d’après une histoire originale d’Albert Simonin, Yvon Guézel et Michel Duran.
Photographie : Andréas Winding
Musique : Michel Magne
Durée : 1h27
Date de sortie initiale : 1964
LE FILM
Toni, brillant affichiste et séduisant célibataire, va se marier. Mais son ami Julien est contre son mariage et contre le mariage en général, ayant été victime d’un horrible traquenard tendu par sa jeune secrétaire. Julien va s’employer à tout faire pour convaincre son ami de ne pas se laisser passer la corde au cou…
Jean-Paul Belmondo, Jean-Claude Brialy, Françoise Dorléac, Marie Laforêt, Claude Rich, Catherine Deneuve, Marie Dubois, Bernadette Lafont, Micheline Presle, Michel Serrault, Bernard Blier, Francis Blanche, Mireille Darc, Noël Roquevert, Jacques Dynam, Henri Attal, Dominique Zardi…quel casting ! Tous les espoirs du cinéma français étaient réunis dans La Chasse à l’homme, réalisé par Edouard Molinaro en 1964, sur un scénario écrit par la journaliste et critique de cinéma France Roche. Resplendissants de jeunesse, ces acteurs et actrices magnifiques se confrontent et s’entrechoquent dans cette comédie de boulevard, qui prend l’apparence d’un film à sketches, sans en être un véritablement, mais qui repose sur un fil rouge, celui d’un célibataire endurci qui se laisse passer la bague au doigt, malgré les tentations d’infidélité qui se multiplient. La Chasse à l’homme est une succession de situations cocasses sur le thème de la séduction et du mariage, où les comédiennes, qui ont ici le beau rôle, rivalisent de beauté et de fraîcheur, la palme revenant aux deux soeurs, les sublimes Catherine Deneuve et Françoise Dorléac.
Antoine (Jean-Claude Brialy) va se marier avec la farouche et poétique Gisèle (Marie Laforêt). Mais son ami Julien (Claude Rich), célibataire endurci, essaie de l’en dissuader jusqu’au matin même de son mariage : les jeunes filles, prétend-il, ne songent qu’à se caser par tous les moyens, quitte à faire endurer à leur mari toutes les infortunes. Lui-même, avoue-t-il, a été marié et parle d’expérience, et la céleste Gisèle n’échappe certainement pas à la règle commune. L’exemple de Fernand (Jean-Paul Belmondo), truand repenti et assujetti, ébranle la décision d’Antoine et, au dernier moment, il prend la fuite et s’embarque seul pour son voyage de noces au Proche-Orient. Fernand hérite du billet de Gisèle. En voyage, Antoine espère bien des aventures. Et il fait connaissance d’une ravissante jeune personne qui dit s’appeler Sandra (Françoise Dorléac) et l’intéresse vite. Prévenu que le seul métier de Sandra, qui porte bien d’autres noms, est de séduire les hommes pour les escroquer, il se tient sur ses gardes, et Sandra devra monter toute une machination pour parvenir à le voler. Mais il récupère son bien avec usure. et se trouve doucement amené à épouser Sandra. Fernand, de son côté, a trouvé une âme soeur. Et, le jour du mariage, Julien lui-même se laisse séduire.
“Ne bougez pas ! Restez comme ça !… Un Matisse ! Si vous étiez nue, vous seriez un Renoir. Mais si vous vous étiez cassée la figure, nous tenions un Picasso”.
Malgré son ton enjoué, une vraie nostalgie se dégage de La Chasse à l’homme en voyant tous ces monstres sacrés du cinéma français alors débutants, devenus pour beaucoup de vraies légendes, réunis à l’écran. Michel Audiard s’en donne à coeur joie dans les dialogues et règle ses comptes avec les rapports hommes-femmes. Trois parties sont distinctes, tournant respectivement autour de Jean-Paul Belmondo, Claude Rich, puis Jean-Claude Brialy, avec une nette préférence pour la première où Bebel vole la vedette en proxénète repenti. La seconde plonge le spectateur en plein Feydeau avec le mari cocu, le père outragé, le placard, l’amant, la femme volage et même la jeune fille (Catherine Deneuve) qui sous ses airs angéliques dissimule en réalité une tigresse diabolique. C’est ici l’occasion pour Bernard Blier de réaliser un très grand numéro.
Neuvième long métrage d’Edouard Molinaro, alors habitué aux films sombres ou souvent teintés d’intrigue policière (Un témoin dans la ville, Des femmes disparaissent), La Chasse à l’homme, oeuvre méconnue du cinéaste, fait souvent penser au cinéma de Philippe de Broca avec ce rythme trépident et cette histoire pleine de fantaisie dans laquelle les acteurs débitent leurs dialogues à cent à l’heure, la caméra tentant alors de les suivre dans le cadre où ils se déplacent comme des typhons.
Léger, plein d’insouciance et porté par un casting exceptionnel, La Chasse à l’homme est une divine comédie, bourrée de charme, féministe et délicieusement grinçant sur la vie maritale.
LE DIGIBOOK
Nous voici déjà rendus au troisième titre de la vague 4 de Coin de Mire Cinéma. La Chasse à l’homme, anciennement disponible en DVD chez René Chateau Vidéo, rejoint Des pissenlits par la racine et Le Monocle rit jaune de Georges Lautner, Les Espions et La Vérité de Henri-Georges Clouzot, ainsi que Les Jeunes loups de Marcel Carné. Pour connaître toutes les spécificités de ces éditions depuis le lancement de cette magnifique collection dite de « La Séance », nous vous renvoyons à notre premier article qui lui est consacré https://homepopcorn.fr/test-blu-ray-archimede-le-clochard-realise-par-gilles-grangier/ . Tous les titres de cette collection (édités à 3000 exemplaires) ont été passés en revue dans nos colonnes et comprend désormais 25 titres !
L’édition prend évidemment la forme d’un Digibook (14,5cm x 19,5cm) suprêmement élégant. Le visuel est très recherché et indique à la fois le nom de l’éditeur, le titre du film en lettres d’or, le nom des acteurs principaux, celui du réalisateur, la restauration (HD ou 4K selon les titres), ainsi que l’intitulé de la collection. L’intérieur du Digibook est constitué de deux disques, le DVD et Blu-ray, glissés dans un emplacement inrayable. Une marque est indiquée afin que l’acheteur puisse y coller son numéro d’exemplaire disposé sur le flyer volant du combo, par ailleurs reproduit dans le livret. Deux pochettes solides contiennent des reproductions de dix photos d’exploitation d’époque (sur papier glacé) et de l’affiche du film au format A4. Le livret de 24 pages de cette édition contient également la filmographie d’Edouard Molinaro avec le film qui nous intéresse mis en surbrillance afin de le distinguer des autres titres, de la reproduction du dossier de presse original et d’articles divers. Le menu principal est fixe et musical.
Si vous décidez d’enclencher le film directement. L’éditeur propose de reconstituer une séance d’époque. Une fois cette option sélectionnée, les actualités Pathé du moment démarrent alors, suivies de la bande-annonce d’un film, puis des publicités d’avant-programme, réunies grâce au travail de titan d’un autre grand collectionneur et organisateur de l’événement La Nuit des Publivores. Le film démarre une fois que le salut du petit Jean Mineur (Balzac 00.01).
Comme La Chasse à l’homme est sorti la même semaine que Le Train, l’éditeur reprend le journal des actualités de la 39e semaine de l’année 1964 déjà disponible sur le Digibook du film de John Frankenheimer (9’) : Une bombe datant de la dernière guerre, étonne les passants dans les rues de Varsovie, le comédien Guy Grosso participe au Prix de l’Arc de Triomphe, Françoise Giroud présente la nouvelle formule de L’Express, le général de Gaulle démarre son marathon présidentiel en Amérique du sud, le roi Constantin II de Grèce épouse la princesse Anne-Marie de Danemark en la cathédrale d’Athènes, tandis que l’on rend hommage à Pierre de Coubertin.
Avant que le projectionniste ne lance La Chasse à l’homme, nos ouvreuses vous proposeront quelques esquimaux Kim, des chocolats Treets (“qui fondent dans la bouche, pas dans la main”) et des bonbons Minitips. Et n’oubliez pas les nouveaux modèles de radios Radiola enfin disponibles, et si vos chères têtes blondes ont un petit creux, faites leur donc une tartine de margarine Astra, pleine d’huile de palme, “excellente pour leur croissance” !
L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.
L’Image et le son
La Chasse à l’homme fait son apparition en Haute-Définition, dans un nouveau master restauré 4K par les laboratoires Eclair, à partir du négatif original. Si l’on devait résumer d’emblée la copie présentée, en un seul mot, ce serait superbe. Les blancs étincelants sont dingues, les noirs denses, les contrastes sont magnifiques, le piqué ciselé comme jamais, les détails sont foisonnants. Nous n’imaginions pas pareil rendu pour ce petit film de 1964 quelque peu oublié dans la carrière du grand Edouard Molinaro. Ce Blu-ray offre une véritable cure de jouvence au film et permet entre autres d’apprécier les décors naturels de Rhodes dans la troisième partie.
Également restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un très bon confort acoustique avec des dialogues fluides et nets, laissant une belle place à la composition de Michel Magne. Aucun souffle sporadique n’est à déplorer et les ambiances annexes sont palpables. L’éditeur joint les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.
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