GODZILLA VS. KONG réalisé par Adam Wingard, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD + Blu-ray 3D + Blu-ray – Édition Limitée SteelBook le 7 juillet 2021 chez Warner Bros.
Acteurs : Alexander Skarsgård, Millie Bobby Brown, Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Shun Oguri, Eiza González, Julian Dennison, Lance Reddick, Kyle Chandler, Demián Bichir…
Scénario : Eric Pearson & Max Borenstein
Photographie : Ben Seresin
Musique : Junkie XL
Durée : 1h53
Date de sortie initiale : 2021
LE FILM
À une époque où les monstres parcourent la Terre, et alors que l’humanité lutte pour son avenir, Godzilla et King Kong, les deux forces les plus puissantes de la nature, entrent en collision dans une bataille spectaculaire inédite. Alors que Monarch se lance dans une mission périlleuse en terrain inconnu, et qu’il découvre des indices sur les origines des Titans, un complot humain menace d’éradiquer ces créatures – qu’elles soient bonnes ou mauvaises – de la surface de la planète.
Cela faisait près de soixante ans que ces deux titans Alpha ne s’étaient pas affrontés. En effet, il faut remonter à 1962 pour retrouver un King Kong contre Godzilla, réalisé par Ishiro Honda, metteur en scène du Godzilla original, celui de 1954. Immense succès de l’époque, il s’agissait du premier film de la franchise en couleurs, alors que le personnage de King Kong venait d’être racheté par la Toho à la RKO Pictures. Ce sera le plus grand triomphe au box-office de la saga, qui attirera plus de dix millions de japonais dans les salles. On est donc loin du Godzilla – ou Gojira pour les intimes – premier du nom, le monstre expiatoire, l’icône populaire, symbole du trauma collectif japonais né dix ans après les bombes qui ont ravagé Nagasaki et Hiroshima. Godzilla symbolise l’émergence d’un genre à lui tout seul, le Kaigu eiga, « le cinéma de monstre », qui allait engendrer près de trente suites dans lesquelles la créature sera confrontée à Mothra, Hedora, Gigan, Megalon, Mecanik Monster, Biollante, King Ghidorag, Mechagodzilla, Space Mechagodzilla, Destroyah, Megaguirius. De son côté, Kong s’est toujours fait plus discret au cinéma. Sans tenir compte des copies, des parodies et autres ersatz, Godzilla vs. Kong est le dixième film ayant King Kong en vedette. Apparu au cinéma en 1933 devant la caméra de Merian C. Cooper et Ernest Schoedsack, le gorille géant a également tenu l’affiche du Fils de Kong, réalisé la même année par Ernest Schoedsack en solo, de King Kong Appears in Edo, film japonais aujourd’hui perdu (1938), de King Kong contre Godzilla (1962) de Ishirô Honda, de La Revanche de King Kong (1967) encore une fois mis en scène par Ishirô Honda avec Rawkin Arthur. Il faudra attendre 1976 pour que King Kong fasse son retour à Hollywood devant la caméra de John Guillermin, dans lequel le dieu Kong s’éprenait (et on le comprend) de Jessica Lange et l’emmenait au sommet du World Trade Center. Dix ans plus tard, John Guillermin remettait ça avec Charles McCracken avec son King Kong 2. En 2005, Peter Jackson embarquait Naomi Watts et Adrien Brody sur l’île de Kong, tandis qu’Andy Serkis interprétait le personnage principal en motion-capture. En 2014, Warner Bros. (distributeur) et Legendary Pictures (producteur) lancent le MonsterVerse, en partenariat avec la Toho, toujours détentrice des droits sur Godzilla. Plusieurs films sont annoncés avec ce personnage, un autre avec King Kong, le but étant de les réunir à l’écran et de les voir se mettre sur la tronche. La suite, on la connaît. Godzilla de Gareth Edwards sort en 2014, Kong : Skull Island de Jordan Vogt-Roberts en 2017 et Godzilla 2 : Roi des monstres de Michael Dougherty en 2019. Trois opus qui amassent près d’1,5 milliard de dollars dans le monde entier, qui prouvent encore la notoriété des deux monstres. Si la qualité est relative et les recettes déclinantes sur le sol de l’Oncle Sam, Godzilla vs. Kong peut enfin voir le jour.
Cinq ans ont passé depuis les évènements qui ont vu Godzilla triompher de King Ghidorah et à la suite desquels il est devenu le nouveau roi des monstres. Cependant, alors que la réapparition des titans donnait des résultats bénéfiques pour la planète, contre toute attente, Godzilla semble se retourner contre l’Humanité et détruit tout sur son passage. Dépassée par les évènements, l’organisation Monarch décide de faire appel à Kong, l’unique titan restant qui ne soit pas soumis à Godzilla. Ce dernier, forcé par les humains mais s’étant juré de protéger une jeune fille, est désormais le dernier espoir de l’Humanité et va devoir embrasser l’héritage de son espèce en affrontant Godzilla. Cependant, Mechagodzilla, qui est à l’origine des événements, semble se mouvoir, décidé à éradiquer les Titans.
Après un épisode on ne peut plus anecdotique et réalisé à la va-comme-je-te-pousse, nous n’attendions pas forcément grand-chose de ce Godzilla vs. Kong. Nous avions tort. L’univers cinématographique reprend du poil (ou des écailles, c’est selon) de la bête avec ce blockbuster inattendu, qui a vraiment de la gueule et s’avère complètement décomplexé. Le réalisateur Adam Wingard (né en 1982) s’est fait remarquer en 2013 avec You’re Next, puis trois ans plus tard avec Blair Witch, suite directe du Projet Blair Witch (1999). Pour Godzilla vs. Kong, il se voit confier un budget de 200 millions de dollars. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que l’argent se voit à l’écran du début à la fin dans cet opus qui se révèle être ni plus ni moins le meilleur de la franchise, le plus court aussi, le plus concis, brutal, drôle (Kong qui se gratte le cul au réveil, avant d’aller prendre sa douche) et divertissant. Le film a vraiment de la gueule et ce grâce au talent du metteur en scène, qui sait comment mettre ses deux monstres en valeur (et qui fait quelques références à Piège de cristal et L’Arme fatale 2, films qu’il adore), chacun d’un côté, puis lors des différents rounds qui composent leur match, même s’il est évident que Godzilla vs. Kong est essentiellement centré sur le second.
L’un des gros points forts de cet épisode provient du boulot du directeur de la photographie Ben Seresin (La Séductrice avec Scarlett Johansson, Transformers 2: La Revanche, Unstoppable, No Pain No Gain, World War Z) qui se lâche complètement sur les néons, surtout dans la dernière partie où Hong-Kong sert de ring pour les deux stars. Les trois films précédents préparaient le terrain et de ce point de vue nous ne sommes pas déçus. Les différents affrontements qui rythment le film valent leur pesant de cacahuètes, en particulier le combat maritime, où Kong utilise les porte-avions comme des radeaux pour rebondir sur l’eau et pour mieux appréhender son ennemi ancestral. Ce dernier, dans son élément, essaye de l’entraîner au fond des océans, un évènement inédit dans l’histoire de Kong au cinéma.
Parallèlement à cette lutte, le film se focalise sur les origines de Kong, liées à la Terre Creuse évoquée dans les épisodes passés. Godzilla vs. Kong bifurque vers un fantastique encore plus poussé, puisque les protagonistes et le gorille géant se retrouvent…au centre de la Terre. Cette fois encore, Adam Wingard, Ben Seresin, les décorateurs et les responsables des effets spéciaux se sont faits plaisir et ont créé un univers inédit pour proposer aux spectateurs une nouvelle expérience.
Conscients que les spectateurs ne sont pas venus pour eux, Alexander Skarsgård, Kyle Chandler et Millie Bobby Brown (de retour après Godzilla 2), Rebecca Hall, Brian Tyree Henry, Demián Bichir assurent comme ils le peuvent au milieu de toute cette incroyable pyrotechnie. En revanche, on retiendra tout de même l’interprétation de la petite Kaylee Hottle, qui incarne Jia, dont la présence et le charisme est un atout fort de Godzilla vs. Kong. L’autre grande surprise étant l’ajout au récit du duel face à Mechagodzilla, robot apparu en 1974 dans Godzilla contre Mecanik Monster – Gojira tai Mekagojira de Jun Fukuda, puis dans une demi-douzaine de longs-métrages à l’instar de Mechagodzilla contre-attaque – Mekagojira no gyakushu (1975) de Ishirô Honda et Godzilla X Mechagodzilla (2002) de Masaaki Tezuka. Le danger représenté par cette machine infernale impliquera l’association de Godzilla et de Kong, qui s’uniront face à cette menace créée de toutes pièces par les humains.
Si sa sortie a été quelque peu malmenée en raison du contexte sanitaire, Godzilla vs. Kong a su se faire une place dans quelques salles de cinéma, ainsi qu’en VOD sur la plateforme HBO Max. A l’heure où les salles de cinéma ne sont réservées qu’à celles et ceux qui peuvent arborer leur pass sanitaire en bonne et due forme, vous pouvez jeter votre dévolu sur le DVD, le Blu-ray ou l’édition UHD de ce grand spectacle idéal pour la période estivale.
LE BLU-RAY
Depuis le 7 juillet 2021, Godzilla vs. Kong est présenté en DVD, Blu-ray et combo 4K Ultra HD + Blu-ray 3D + Blu-ray – Édition Limitée SteelBook chez Warner Bros. Nous avons eu l’opportunité de chroniquer l’édition HD Standard, présentée sous la forme d’un boîtier économique de couleur bleue, utilisant moins de plastique. Le menu principal est fixe et musical.
Le réalisateur Adam Wingard est un fan de la première heure de ses deux monstres et cela se sent à travers son commentaire audio (non sous-titré, Warner oblige). Comme on s’en rendra compte à travers tous les autres suppléments, le bonhomme sait partager sa passion du cinéma et des grosses bêbêtes. Pendant près de deux heures, le metteur en scène intervient sur tous les aspects techniques et narratifs de Godzilla vs. Kong, en enchaînant les informations et les anecdotes de tournage.
Ensuite, Warner Bros. disperse plus d’1h10 de bonus en vidéo.
La première partie est consacrée à Godzilla, à travers deux modules (16’ au total). Adam Wingard, les comédiens, les producteurs et les décorateurs reviennent tout d’abord sur ce quatrième (et dernier ?) épisode, en abordant surtout l’histoire et les personnages, à travers diverses images de tournage. Le second segment est un best-of de toutes les interviews données pour l’ensemble des trois derniers films sur Godzilla, histoire de refaire un peu de promotion pour le Godzilla de Gareth Edwards et celui de Michael Dougherty, en même temps que celui qui nous intéresse aujourd’hui. Ainsi, il n’est pas rare d’y croiser les précédents réalisateurs, mais aussi Bryan Cranston, Sally Hawkins, Vera Farmiga et David Strathairn, qui s’expriment sur la mythologie de Godzilla.
Même chose pour le personnage de Kong, qui se trouve – comme dans le film – mieux servi que son adversaire, avec pas moins de quatre featurettes consacrées au titan poilu (30’ au total). Ces quatre modules se concentrent sur l’évolution du personnage depuis Kong : Skull Island. On retiendra les propos d’Adam Wingard qui n’hésite pas à comparer Kong au Clint Eastwood du Bon, la Brute et le Truand dans le premier film, à celui d’Impitoyable pour le sien, avec « un Kong plus solitaire et plus âgé ». Les mêmes intervenants sont de retour concernant Godzilla vs. Kong, auxquels se joint la costumière Ann Foley, qui revient sur ses créations. Le casting est aussi passé au peigne fin et les images de tournage nombreuses. Les autres bonus s’attardent sur l’élaboration de la Terre Creuse, son bestiaire et son écosystème, sans oublier le Temple de Kong et le retour du réalisateur, ainsi que des acteurs de Kong : Skull Island (Jordan Vogt-Roberts, Tom Hiddleston, Brie Larson…) qui parlent ici de la mythologie du personnage.
La troisième partie se focalise sur la résurrection de MechaGodzilla (7’). Le nouveau design de cette machine infernale, sa personnalité, la construction des décors et bien d’autres éléments sont dévoilés dans ce supplément.
La dernière section, composée de trois featurettes (19’ au total), propose une analyse plus approfondie des trois grandes batailles dispersées dans Godzilla vs. Kong, à savoir le combat maritime (5’), le combat à Hong-Kong (6’), puis l’union de Godzilla et de Kong face à MechaGodzilla (8’).
L’Image et le son
Très grand spectacle au cinéma, Godzilla vs. Kong se devait de placer la barre haute pour son arrivée dans les bacs à destination des installations Home-Cinéma. C’est le cas avec ce sublime Blu-ray concocté par Warner qui en met plein les yeux. Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa 65 et Arri Alexa Mini, Godzilla vs. Kong doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes (tout le combat à Honk-Kong est absolument sublime), les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur néo-zélandais Ben Seresin, à qui l’on doit les images de Chaos Walking de Doug Liman (bientôt en DVD, HD et UHD) et La Momie version Alex Kurtzman. Voilà un beau Blu-ray de démonstration.
Si la version française n’est présentée qu’en Dolby Atmos-TrueHD alors que la piste anglaise bénéficie d’un écrin acoustique Dolby Atmos DD+, les deux options font souvent jeu égal et s’avèrent particulièrement puissantes ! Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale, les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances dantesques (l’orage, les divers affrontements, tout le film quoi), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle à l’ensemble avec fracas, notamment quand les deux monstres se déplacent et se retrouvent face à MechaGodzilla. Un grand spectacle acoustique !
Une réflexion sur « Test Blu-ray / Godzilla vs. Kong, réalisé par Adam Wingard »