FREAKY réalisé par Christopher Landon disponible en DVD et Blu-ray le 20 octobre 2021 chez Universal Pictures France
Acteurs : Vince Vaughn, Kathryn Newton, Celeste O’Connor, Misha Osherovich, Emily Holder, Nicholas Stargel, Kelly Lamor Wilson, Mitchell Hoog…
Scénario : Michael Kennedy & Christopher Landon
Photographie : Laurie Rose
Musique : Bear McCreary
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2020
LE FILM
Pas très sûre d’elle, Millie Kessler, 17 ans, tente de se faire remarquer le moins possible au lycée et de s’endurcir face aux sarcasmes des élèves les plus populaires. Jusqu’au jour où elle croise la route du Boucher, terrifiant tueur en série de la ville : sous l’effet du mystérieux poignard de l’assassin, Millie et son assaillant se retrouvent chacun dans le corps de l’autre ! La jeune fille ne dispose désormais que de 24 heures pour récupérer son corps – passé ce délai, elle restera coincée dans la peau d’un psychopathe de 50 ans ! Avec ses fidèles amis Nyla et Joshua, elle se lance dans une course contre-la-montre pour inverser le sort. Sauf qu’elle a le physique d’un tueur activement recherché par la police, tandis que le Boucher, lui, s’aperçoit que ressembler à une adolescente au visage angélique est une couverture idéale pour commettre son carnage.
Revoilà Christopher Landon, fils du célèbre Michael (La Petite maison dans la prairie, Les Routes du paradis tout ça…), né en 1975, tout d’abord scénariste chez Larry Clark (Another Day in Paradise, 1998), D.J. Caruso (Paranoïak – Disturbia, 2007), ainsi que sur les opus 2,3 et 4 de la franchise Paranormal Activity. Il passe derrière la caméra au début des années 2010, puis écrit et réalise Paranormal Activity: The Marked Ones, spin off de la saga, en 2014. L’année suivante, il met en scène Manuel de survie à l’apocalypse zombie – Scouts Guide to the Zombie Apocalypse, inédit en France, dans lequel il mixe l’horreur et la comédie. Jason Blum, grand manitou de Paranormal Activity, lui laisse alors carte blanche pour Happy Birthdead – Happy Death Day, mélange singulier de Scream de Wes Craven et Un jour sans fin – The Groundhog Day d’Harold Ramis. Produit pour cinq millions de dollars, le film en rapporte près de 120 millions à travers le monde et attire même plus d’un demi-million de spectateurs français dans les salles. Une suite est rapidement mise en chantier, qui ne connaîtra pas le même engouement en rapportant la moitié de ce qu’avait rapporté le premier, mais qui sera tout de même très largement rentable. Christopher Landon surfe sur ce qui avait fait le triomphe d’Happy Birthdead, autrement dit combiner le slasher et le fantastique, pour son dernier long-métrage en date, Freaky. Ce que l’on appelle le Body Swap a déjà moult fois inspiré le cinéma. On peut citer en vrac, Échange standard – The Change-Up (2011) de David Dobkin, Femme et Mari – Moglie et Marito (2018) de Simone Godano, Freaky Friday – Dans la peau de ma mère (2003) de Mark Waters (remake d’Un vendredi dingue, dingue, dingue de Gary Nelson), L’un dans l’autre (2017) de Bruno Chiche, Rendez-moi ma peau… (1980) de Patrick Schulmann, La Machine (1994) de François Dupeyron et même dernièrement Le Sens de la famille de Jean-Patrick Benes. Big (1988) de Penny Marshall n’entre pas dans cette catégorie, puisque le personnage principal se réveillait dans son propre corps, plus vieux de vingt ans. Il existe toutefois moult combinaisons possibles. Dans Freaky, l’esprit d’un serial killer quasi-invulnérable se retrouve dans le corps d’une jeune adolescente mal dans sa peau qu’il tentait alors de tuer au moyen d’une dague aztèque envoûtée. Avec son sixième film, Christopher Landon livre un savoureux divertissement, à la fois hilarant grâce à la prestation hors normes de Vince Vaughn, aussi parfait en monstre sanguinaire qu’en jeune femme enfermée dans le corps d’une armoire à glace, que gore avec certaines séquences que nous ne sommes pas prêts d’oublier. Une réussite de plus pour ce cinéaste qui nous embarque à nouveau pour un ride à la folie contagieuse.
Quatre adolescents discutent autour d’un feu d’une célèbre légende urbaine, le tueur en série connu sous le nom de Blissfield Butcher. Ce dernier fait soudainement irruption dans le manoir dans lequel ils se trouvent et assassine rapidement le groupe d’adolescents avant de partir avec une dague aztèque connue sous le nom de La Dola. Le lendemain, Millie Kessler, une lycéenne, tête de turc d’un groupe de pestes, assiste au match de football de son lycée de Blissfield Valley, où elle tient le rôle de la mascotte de l’école. Alors que Millie attend que sa mère vienne la chercher près de l’école, le Boucher la surprend et l’attaque. Il poignarde Millie avec La Dola, faisant apparaître instantanément une blessure identique sur sa propre épaule. La sœur aînée de Millie, Charlene, agent de police, arrive et fait fuir l’assassin. La police recueille La Dola comme preuve et lance une chasse à l’homme contre Le Boucher. Quelques heures plus tard, le Boucher et Millie découvrent qu’ils ont échangé leur corps, puis se rendent chacun de leur côté au lycée. Le Boucher, se faisant désormais passer pour Millie, tue Ryler, le bourreau en chef de Millie, en l’enfermant dans un réservoir de cryothérapie dans le vestiaire des filles. Il se rend compte que son apparence innocente lui confère une immunité contre les soupçons. De son côté, Millie, maintenant dans le corps du boucher, retrouve ses meilleurs amis Nyla et Josh et essaye, tant bien que mal, de prouver son identité. Ce qu’ils ne savent pas encore, c’est que pour retrouver son corps, Millie doit poignarder le Boucher avec la même dague avant minuit, sinon le changement sera permanent.
Alors oui, ce que veut nous dire Freaky c’est qu’il faut accepter son propre corps et que chacun peut surmonter ses propres peurs, pour aller de l’avant, vivre, s’épanouir, qu’on soit petit ou grand, mince ou bien portant, lycéenne ou tueur en série. Non, quand même pas sur ce dernier point, mais vous avez compris le message que souhaite faire passer Christopher Landon, qui a fait son coming-out depuis longtemps et qui marque toujours ses films d’éléments personnels. Freaky fonctionne à plein régime, car il ne se prend pas au sérieux une seconde. Conscient que le gimmick fantastique sur lequel repose son film a déjà été exploité, le réalisateur y associe le film d’horreur, le gore, pour au final dresser le portrait d’une adolescente toute mignonne, sur le chemin du deuil et de l’acceptation. Cette dernière, Millie, qui a perdu son père il y a un an, tente de se remettre de cette disparition. Elle vit avec sa mère, tombée dans l’alcool depuis le décès de son époux et sa sœur Charlene, avec laquelle elle ne parle pas beaucoup et qui est d’ailleurs bien trop occupée avec son boulot de flic. Jusqu’au jour où elle se retrouve dans la peau d’un serial killer après avoir été blessée par ce dernier avec une arme mystérieuse et mystique. Durant 24 heures, Millie, qui a certes changé de corps, n’en reste pas moins celle qu’elle a toujours été et devra pour la première fois de sa vie prendre son courage à deux mains, affronter la réalité et pourra aussi compter sur l’aide de ses deux meilleurs amis.
Mais la plus grande réussite de Freaky, outre celle de son scénario remplit de rebondissements, reste indubitablement son casting. Nous parlions de Vince Vaughn dans la première partie de la critique et nous le redirons encore ici, il est exceptionnel. Tout au long de sa carrière, le comédien n’a eu de cesse d’alterner entre les personnages déjantés, les individus louches ou dangereux, voire violents, sombres et torturés. Freaky lui permet de jouer sur tous ces registres et sa prestation est en tout point magistrale. Avec ses quasiment deux mètres de haut et ses épaules de déménageur, le gabarit de l’acteur est idéalement exploité, aussi bien quand il interprète le Boucher, qui fiche vraiment la trouille, qu’en ado coincée qui se ronge les ongles et qui court en ne sachant quoi faire de ses bras immenses. Il partage l’affiche avec la géniale Kathryn Newton, déjà vue dans Paranormal Activity 4, et surtout dans Three Billboards : Les Panneaux de la vengeance de Martin McDonagh, dans lequel elle jouait la fille de Frances McDormand. Elle parvenait également à tirer son épingle du jeu dans la série Big Little Lies. Jolie comme un coeur, elle crève l’écran dans Freaky, attachante et bad-ass, inquiétante comme un Terminator quand elle/il observe les lycéens qu’elle/il pourrait trucider sans être inquiété(e). Et comme dans les autres films de Christopher Landon, les personnages secondaires sont aussi soignés, avec d’un côté les amis de Millie (Celeste O’Connor et Misha Osherovich) et de l’autre sa famille (Katie Finneran et Dana Drori). Les fans de La Folle journée de Ferris Bueller reconnaîtront aisément la participation d’Alan Ruck, l’éternel Cameron Frye du chef d’oeuvre de John Hughes, impeccable en professeur tyrannique qui va passer à la moulinette. Ou à la scie circulaire plutôt.
Sur un rythme d’enfer, Christopher Landon invite le spectateur à prendre place dans son nouveau roller-coaster sanglant à souhait, généreux, décomplexé et drôle du début à la fin. Il se murmure qu’un cross-over entre Happy Birthdead et Freaky serait en pourparlers. Si cela se fait, on signe tout de suite !
LE BLU-RAY
A l’instar des deux Happy Birthdead, Freaky intègre tout naturellement le catalogue Universal Pictures, après un rapide passage dans les salles françaises. Espérons que cette sortie en DVD et Blu-ray aide le film de Christopher Landon à connaître une deuxième vie chez nous, ce qu’il mérite amplement. Le visuel de la jaquette est efficace, le menu principal fixe et musical.
Comme souvent chez Universal, la section des suppléments se divise en plusieurs modules.
Le premier compile trois petites scènes coupées (5’30), qui prolongent le bain de Millie (où elle entend de mystérieuses voix, mais ne voit pas une main étrange qui se rapproche de son visage dissimulé sous une serviette), la préparation du Homecoming improvisé, ainsi que le long parcours des quatre amis pour rejoindre la fête où le dernier règlement de comptes doit avoir lieu. En ce qui concerne cette dernière séquence, on comprend aisément pourquoi celle-ci a été écartée du montage final, en raison de son rythme pépère, même si le gag basé sur une conductrice Uber conduisant très lentement est sympathique.
Quatre featurettes (11’30 au total) donnent de brefs aperçus du tournage, le tout illustré par des propos de l’équipe (acteurs, réalisateur, producteur). Le casting, le travail avec le metteur en scène, les conditions de prises de vues, la création des personnages, la répétition des comédiens et les effets spéciaux. On apprend que chaque scène de meurtre a été réalisée en live, sans images de synthèse, selon le vœu de Christopher Landon qui voulait aller le plus loin possible dans le gore et la violence.
Enfin, nous terminons par le commentaire audio de Christopher Landon (VOSTF). Comme nous avions déjà pu le constater au cours des suppléments sur Happy Birthdead et de sa suite, ainsi que dans bonus vidéos de Freaky, le réalisateur est un mec très drôle à écouter, mais aussi souvent passionnant. Un bon compagnon de route avec lequel on peut facilement revoir Freaky et l’écouter nous parler des conditions de tournage (sous un froid extrême durant l’hiver 2019, dans l’état de Géorgie), de son travail avec les comédiens, tout en rendant de très beaux hommages à toute son équipe technique, en particulier son directeur de la photographie Laurie Rose. La création des personnages, les références aux slashers des années 1990 (mais aussi à Maniac de William Lustig), le recours aux effets spéciaux directs, les contraintes liées à un budget limité et un temps de tournage à respecter, le casting, sa troisième collaboration avec le compositeur Bear McCreary, l’utilisation du masque représentant le joueur de football américain Aaron Rodgers (John Goodman a poliment refusé cette demande) et bien d’autres éléments sont abordés au cours de cet excellent commentaire audio dans lequel le réalisateur ne peut s’empêcher de déclarer plusieurs fois « C’est dégueulasse, mais j’adore ça ! ».
L’Image et le son
Laurie Rose est un chef opérateur qui a su faire parler de lui avec des titres remarqués comme Archive de Gavin Rothery, le remake Simetierre de Kevin Kölsch, Overlord de Julius Avery, Stan & Ollie de John S. Baird et Free Fire de Ben Wheatley. Son travail est l’un des atouts de cette comédie d’horreur. Universal semble repousser une fois de plus les limites de la HD avec cette superbe édition Blu-ray. La patine est délicate et léchée durant 1h40, les partis pris merveilleusement rendus. C’est un quasi-sans-faute technique : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux, autant dans les scènes de nuit que les séquences diurnes. Chaque détail aux quatre coins du cadre large est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par une compression AVC solide comme un roc laisse souvent pantois, en particulier sur les gros plans des comédiens.
Que votre choix se soit porté sur la version française (DTS 5.1) ou la version originale DTS-HD Master Audio 5.1., le confort acoustique est total et la piste anglaise l’emporte du point de vue homogénéité des voix et des effets annexes. Le pouvoir immersif des deux mixages est fort plaisant. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets sont souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides.
Une réflexion sur « Test Blu-ray / Freaky, réalisé par Christopher Landon »