Test Blu-ray / En fanfare, réalisé par Emmanuel Courcol

EN FANFARE réalisé par Emmanuel Courcol, disponible en DVD et Blu-ray le 1er avril 2025 chez Diaphana.

Acteurs : Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco, Jacques Bonnaffé, Clémence Massart-Weit, Anne Loiret, Mathilde Courcol-Rozès, Yvon Martin…

Scénario : Oriane Bonduel, Emmanuel Courcol, Irène Muscari & Marianne Tomersy

Photographie : Maxence Lemonnier

Musique : Michel Petrossian

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2024

LE FILM

Thibaut est un chef d’orchestre de renommée internationale qui parcourt le monde. Lorsqu’il apprend qu’il a été adopté, il découvre l’existence d’un frère, Jimmy, employé de cantine scolaire et qui joue du trombone dans une fanfare du nord de la France. En apparence tout les sépare, sauf l’amour de la musique. Détectant les capacités musicales exceptionnelles de son frère, Thibaut se donne pour mission de réparer l’injustice du destin. Jimmy se prend alors à rêver d’une autre vie…

En dépit d’une critique dithyrambique, Un triomphe, second long-métrage d’Emmanuel Courcol comme réalisateur, n’avait attiré qu’un peu plus de 300.000 spectateurs dans les salles en 2021. Ce très beau film offrait entre autres à Kad Merad l’un de ses plus beaux rôles et l’un de ses partenaires se distinguait une fois de plus, l’excellent Pierre Lottin (né en 1989). Qu’il semble loin désormais le Wilfried de la famille Tuche (quand bien même le cinquième volet de la saga cartonne encore avec plus de trois millions d’entrées) et le comédien, que nous n’avons eu de cesse de mettre en avant à chaque apparition, est maintenant très demandé dans le cinéma français. De François Ozon (Grâce à Dieu, Quand vient l’automne) à Anna Fontaine (Présidents), en passant par Jean-Jacques Annaud (Notre-Dame brûle), Philippe Faucon (Les Harkis), Dominik Moll (La Nuit du 12) et bientôt chez le tandem Nakache/Toledano, Pierre Lottin est partout et on ne va pas se plaindre. Il détient enfin un hit personnel avec En fanfare, pour lequel il retrouve Emmanuel Courcol donc, qui aura attiré plus de 2,6 millions français dans les salles, tous emballés par son duo formé avec le génial (et déjà plus confirmé) Benjamin Lavernhe. Ce dernier, à mille lieues du rôle avec lequel nous l’avons découvert il y a plus de dix dans l’hilarant Radiostars de Romain Levy (Smiters, c’était lui !) a fait son chemin depuis, aussi bien à la Comédie-Française qu’au cinéma où tout le monde se l’arrache (Nicole Garcia, Jeanne Herry, Bruno Podalydès, Toledano/Nakache, Frédéric Tellier et même Wes Anderson). Les deux font des étincelles dans En fanfare, comédie (très drôle) dramatique (très triste, mais jamais pathos), qui rappelle bien sûr quelques classiques britanniques comme Les Virtuoses Brassed Off (1996) de Mark Herman ou The Full Monty (1997) de Peter Cattaneo, mais qui s’en démarque rapidement et trouve sa propre personnalité, grâce à une distribution prestigieuse et une écriture aussi élégante que soignée. Un grand succès largement mérité.

Thibaut Desormeaux, élevé à Meudon, brillant chef d’orchestre de renommée mondiale, s’écroule en pleine répétition. Il lui est diagnostiqué une leucémie foudroyante, qui nécessite d’urgence une greffe de moelle osseuse. La recherche d’un donneur potentiel commence naturellement dans sa famille. Mais les tests ADN pratiqués révèlent qu’il n’est ni le fils de ses parents, ni le frère de sa sœur, lesquels ne sont pas compatibles pour être donneurs. Il apprend alors qu’il a été adopté et découvre qu’il a un jeune frère biologique, lui aussi adopté et vivant dans la ville natale de leur mère dans le Nord de la France. Pour Thibaut, ce frère, Jimmy Lecocq, représente le meilleur espoir d’obtenir une greffe. Il part donc rencontrer Jimmy, modeste employé de cantine scolaire, et qui fréquente l’harmonie municipale de sa petite commune où il joue du trombone. Tout semble opposer les deux frères, à part l’amour de la musique. En lice pour une compétition, la fanfare de Jimmy vient de perdre son chef d’orchestre. C’est l’occasion pour Thibaut de proposer ses services.

C’est une tranche de vie, celle dont raffole particulièrement notre septième art. Si l’histoire peut paraître déjà vue, les personnages s’avèrent immédiatement attachants et même plus que ça, font authentiques. C’est sans doute cela qui a tapé dans le coeur des millions de spectateurs qui ont subjugué au film d’Emmanuel Courcol (produit par Robert Guédiguian) et ce même dans plusieurs pays européens, comme en Allemagne où En fanfare a fait près de 400.000 entrées. À l’instar d’Un triomphe, tout sonne vrai ici, de Benjamin Lavernhe en chef d’orchestre (découvrir sa préparation auprès du chef Antoine Dutaillis est impressionnant) ou Pierre Lottin au trombone ou au piano, tout comme les protagonistes satellites, Sabrina, incarnée par la précieuse Sarah Succo, révélée en 2014 dans l’indispensable Discount de Louis-Julien Petit.

Emmanuel Courcol trouve constamment ce parfait équilibre entre le rire et les larmes, jusqu’au dénouement qui fait penser à un chaînon manquant entre celui du Concert de Radu Mihaileanu et la force du final de Whiplash de Damien Chazelle. C’est dire l’immense réussite d’En fanfare, qui réchauffe l’âme, met en valeur la force des liens (et pas que familiaux) dans une communauté, réunit à la fois le cinéma populaire et celui dit d’auteur (caractérisés par le milieu social de Thibaut et Jimmy), prouvant ainsi que les deux ne sont sûrement pas opposés. La musique fédère, abolit les différences, crée une osmose, apporte du rêve, aussi bien la Quadrature de Thibaut présentée à la Seine Musicale, que la valse composée par Jimmy, les deux entremêlant leurs gènes (au sens propre comme au figuré) à travers le Boléro de Ravel. On ne saurait trouver meilleure métaphore.

Vous voulez voir deux acteurs au sommet de leur art ? Entre Lavernhe qui a la puissance d’un Daniel Auteuil et Lottin qui rappelle furieusement un Patrick Dewaere, notre coeur balance, alors courez voir En fanfare.

LE BLU-RAY

2,6 millions d’entrées ! En fanfare est devenu le onzième plus grand succès de 2024, entre Gladiator II et Sonic 3. Diaphana sort logiquement le film d’Emmanuel Courcol en DVD et Blu-ray. Le visuel reprend celui de l’affiche d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

Nous trouvons en premier lieu un documentaire intitulé Vents et baguettes, réalisé par Antonin Cloteau, qui suit la préparation des comédiens, notamment Benjamin Lavernhe, avec Antoine Dutaillis, chef d’orchestre, qui lui a servi de coach du début, jusqu’à la fin du tournage. De très nombreuses images des prises de vues illustrent ce module, très bien fait, qui dévoile l’envers du décor. L’occasion de voir que Pierre Lottin s’en sort incroyablement bien au piano, n’hésitant pas à se mettre au clavier pendant que l’équipe technique prépare le décor (31’).

Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco et Emmanuel Courcol étaient ensuite interviewés lors de la présentation d’En fanfare, au 17ème festival du film francophone d’Angoulême, soit trois mois avant la date de sortie officielle (12’30). Les comédiens évoquent leur préparation, les répétitions, ainsi que leur collaboration avec le réalisateur, ainsi que les thèmes du film. Emmanuel Courcol parle quant à lui de sa recherche d’authenticité. Un très bon bouche-à-oreille allait commencer à se répandre suite à cette projection, qui avait d’ailleurs démarré après le festival de Cannes en mai.

Un supplément donne un aperçu de l’avant-première d’En fanfare dans le Nord de la France, où l’équipe réalisait un tour des salles, en présence de la vraie fanfare. Cette fois encore, Pierre Lottin nous joue un morceau au piano (5’).

Emmanuel Courcol présente une scène coupée, qui n’est autre qu’un épilogue d’En fanfare (3’30). Le metteur en scène indique que cette séquence a été coupée, avec beaucoup de mal, mais que celle-ci est restée sur le banc de montage pour terminer finalement le film sur l’émotion. On y découvre entre autres Jimmy, devenu directeur de l’école de musique de sa ville, qui porte désormais le nom de son frère, dont on peut deviner aisément la récente disparition.

L’Image et le son

Le master HD d’En fanfare tient toutes ses promesses et offre au spectateur un très bon confort de visionnage. Le relief est omniprésent, les contrastes fermes et la luminosité constante. Le piqué est très agréable, les détails sont précis et le cadre large bien exploité. La photo est douce et ambrée, les noirs denses, les teintes chatoyantes, et les séquences nocturnes bien gérées.

En fanfare repose évidemment sur les dialogues et la musique. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales ont fort à faire avec la bande-originale. Une spatialisation superbe et immersive avec un caisson de basses qui distille ses effets avec efficacité et des ambiances solides sur les frontales. La piste Stéréo est tout aussi pointilleuse en ce qui concerne la délivrance des dialogues mais nous y perdons du point de vue spatialisation musicale. Une version Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Diaphana / Agat Films – France 2 Cinéma / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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