DETECTIVE KNIGHT : INDEPENDENCE réalisé par Edward Drake, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2023 chez Metropolitan Films.
Acteurs : Bruce Willis, Jack Kilmer, Dina Meyer, Lochlyn Munro, Willow Shields, Jimmy Jean-Louis, Lorenzo Antonucci, Dax Campbell…
Scénario : Edward Drake & Corey Large
Photographie : Laffrey Witbrod
Musique : Scott Curie
Durée : 1h32
Date de sortie initiale : 2023
LE FILM
L’affectation de dernière minute du policier James Knight à l’équipe de la fête de l’Indépendance se transforme en une course contre la montre pour arrêter un ambulancier déséquilibré qui se fait passer pour un policier.
Le voici, le voilà, le tout dernier, l’ultime long-métrage que Bruce Willis aura tourné avant de mettre fin à sa carrière. Si nous avons longtemps tiré sur l’ambulance, sans savoir à l’époque que l’acteur était atteint d’aphasie, en passant en revue une quinzaine de ses longs-métrages sortis directement dans les bacs ou en VOD, nous sommes aussi revenus sur les producteurs opportunistes qui l’ont fait participer à leurs films – souvent – de bas étage. Toujours est-il que Detective Knight : Independence est assurément le meilleur opus de cette « trilogie » constituée de Rogue et de Redemption, ainsi qu’une des Williseries, notre terme pour désigner ces séries B (voire Z) dans lesquelles s’est illustré l’ami Bruce, les plus sympathiques. Contrairement où les deux premiers épisodes se « suivaient » ou s’enchaînaient lâchement, ce troisième volet aurait pu tout aussi bien être présenté indépendamment, puisque quasiment rien ne le rattache aux précédents. Il n’empêche que cet Independence tient la route et ce grâce à un jeune comédien charismatique et plutôt impressionnant, Jack Kilmer (né en 1995), qui n’est autre que le fils de Val Kilmer et Joanne Whalley, déjà croisé dans l’excellent Palo Alto de Gia Coppola et Lord of Chaos de Jonas Åkerlund. Il vole la vedette ici à chaque apparition et s’avère même assez flippant. Bruce Willis apparaît plus que dans Rogue et Redemption, possède plus de dialogues (ce qui apparemment a été extrêmement difficile, pour ne pas dire douloureux pour lui et ses partenaires) et ce dès le début du film. Le dernier acte le place enfin au coeur de l’action, même si les doublures se voient nettement (on entend également parfois sa voix, sans le voir), mais l’ensemble est bien fichu et divertissant. Ciao Bruce, prends soin de toi, faire tout ce voyage avec toi depuis 35 ans a été très chouette et on ne t’oubliera jamais.
On ne sait pas ce que deviendra Edward Drake sans Bruce Willis désormais ! Lui qui avait mis en scène Detective Knight : Rogue–Redemption–Independence, le ronflant Gasoline Alley, le soporifique American Siege, l’infâme Apex et le nanar Cosmic Sin, mais aussi écrit Paradise City de Chuck Russell (dont nous parlerons bientôt) et l’immonde Anti-Life de John Suits devra trouver une nouvelle poule aux œufs d’or pour vendre ses prochains produits destinés à enrichir les plateformes. Néanmoins, son boulot est propre et net dans Independence, le montage est efficace, la photographie de Laffrey Witbrod, comme sur les deux autres Detective Knight est étonnamment élégante, tandis que la poursuite et la fusillade finale sont bien rythmées. On ne s’ennuie pas, surtout qu’Edward Drake ne se gêne pas pour piller et plagier ce qui a déjà été fait à droite à gauche, comme Quentin Tarantino en fait, la prétention en moins, en filmant un braquage comme un jeu vidéo en mode First-person shooter, en usant (même sans aucune raison) du split-screen, en pillant des angles au mythique À tombeau ouvert–Bringing Out the Dead (bah oui, il y a une ambulance, autant en profiter pour « rendre hommage » à Martin Scorsese), tout en refaisant aussi des plans de The Dark Knight de Christopher Nolan. Il est comme ça Edward Drake, c’est un jeune cinéphile (né en 1990) avant tout, qui a encore le temps de digérer ce qui lui a donné le virus du cinéma et contribué à enrichir sa technique. C’est donc en bon élève appliqué qu’il réalise Independence et dont on avait déjà apprécié le travail sur Rogue, avant d’être décontenancé par Redemption.
L’action est au rendez-vous, la psychologie, même si celle-ci n’est guère développée, est présente et Jack Kilmer rend parfaitement la folie qui s’empare de son personnage, notamment quand Cezi écoute avec fascination le podcast d’un illuminé, qui va contribuer à faire de lui un «ange de la justice ». Évidemment, ce qui va relier Cezi à Knight, c’est qu’il fait équipe avec la fille de notre cher Detective, Ally, interprétée par Willow (normal, quand on donne la réplique à Jack Kilmer) Shields, rescapée de la saga Hunger Hames, dans laquelle elle jouait la petite sœur de Jennifer Lawrence. Le duo fonctionne et on est aussi heureux de revoir la belle Dina Meyer (Starship Troopers, Johnny Mnemonic) sur qui les années ont doucement passé.
Cette fois, le scénario coécrit avec le sempiternel Corey Large, qui aura produit une bonne vingtaine de Williseries en l’espace de dix ans, dont plus de la moitié entre 2020 et Detective Knight : Independence, est plus soigné que la moyenne et contre toute attente Bruce Willis part sur une bonne note en s’exclamant « Joyeux 4 juillet enfoiré ! ». Ça nous convient ainsi.
LE BLU-RAY
À l’instar de Detective Knight : Rogue et Redemption, Independence fait logiquement son apparition dans les bacs, en DVD et Blu-ray, chez Metropolitan Vidéo. Le visuel de la jaquette est forcément centré sur Bruce Willis, comme la majeure partie de ses DTV ces dernières années. Le menu principal est animé et musical.
Comme pour les deux autres films, nous trouvons un supplément court d’une durée de près de 4 minutes, une featurette promotionnelle, au cours de laquelle le réalisateur Edward Drake présente Detective Knight : Independence écrit spécialement pour Bruce Willis, sur lequel il ne tarit pas d’éloges, mais sans jamais évoquer bien sûr la maladie. Des images de plateau illustrent ce module, tandis qu’Edward Drake passe en revue son casting, l’histoire de ce troisième et dernier épisode et évoque les conditions de tournage au Nouveau-Mexique à Las Cruces.
L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces de films avec Bruce Willis, disponibles chez Metropolitan.
L’Image et le son
Si l’on excepte deux ou trois plans plus doux, la copie HD du film d’Edward Drake se révèle irréprochable. Que l’histoire se déroule dans les décors urbains standards, ou bien dans des intérieurs froids, le master restitue brillamment les partis pris esthétiques de la belle photographie du film. Le relief est omniprésent, le piqué aiguisé comme une lame de rasoir, la clarté de mise et les contrastes d’une densité indiscutable. Le cadre large est excellemment exploité, les détails sont légion et la profondeur de champ impressionnante. Le nec plus ultra de la Haute définition, c’est superbe.
Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, autant dans les scènes d’affrontements secs que dans les séquences plus calmes. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film.