Test Blu-ray / Cerf-volant du bout du monde, réalisé par Roger Pigaut

CERF VOLANT DU BOUT DU MONDE réalisé par Roger Pigaut, disponible en DVD & Blu-ray le 4 février 2025 chez Coin de Mire Cinéma.

Acteurs : Patrick de Bardine, Sylviane Rozenberg, Jacques Faburel, Gérard Szymanski, Alain Astié, Henri Blanchar, Georges Desplaces, Raphaël Hassan…

Scénario : Roger Pigaut, Antoine Tudal & Wang Kia-Yi

Photographie : Henri Alekan

Musique : Louis Bessières, Tuan-Se-Tchung & Kia-Yi Wang

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

À Paris, sur la butte Montmartre, les enfants du quartier voient arriver un cerf-volant extraordinaire qui finit par se percher au sommet d’un arbre de la place du calvaire. Il est si fascinant avec ses couleurs et l’étrange personnage qu’il représente, qu’il attise toutes les convoitises. Tous les enfants veulent s’en emparer ! Mais ils s’aperçoivent vite que le cerf-volant cache un mystère : une lettre écrite en chinois et certains pouvoirs magiques…

Acteur classé dans la catégorie « On ne sait jamais comment ils s’appellent », Roger Pigaut (1919-1989) a traversé 35 ans du cinéma français, en apparaissant devant la caméra de Claude Autant-Lara, Marc Allégret, Christian-Jaque, Jacques Becker, Sacha Guitry et Robert Hossein. Mais le rôle pour lequel on se souvient principalement de lui est celui du marquis d’Escrainville, présent dans les deux derniers épisodes de la saga Angélique. C’est d’ailleurs après ces deux films qu’il se tourne vers la télévision, en incarnant notamment le capitaine Merlet dans la série Les Chevaliers du ciel. C’est en observant Jacques Becker à l’oeuvre sur le délicieux Antoine et Antoinette (1947) qu’il décide de se lancer aussi dans la mise en scène. Il fait donc ses débuts comme réalisateur avec Cerf-volant du bout du monde, première coproduction franco-chinoise et surtout film fantastique qui a su émerveiller plus de 850.000 spectateurs à sa sortie en 1958 et ce malgré l’absence de tête d’affiche. Comédie magique et poétique, Cerf-volant du bout du monde fait partie de ces films oubliés par le plus grand-nombre, mais qui a su marquer à vie certains spectateurs qui se sont extasiés devant sa beauté quand ils étaient enfants. Les gamins en culottes courtes sont à l’honneur dans ce premier long-métrage, comme ils le seront aussi dans le superbe Rue des cascades (Un gosse de la butte) de Maurice Delbez six ans plus tard, auquel on pense beaucoup. Car ce coup d’essai est avant tout un témoignage unique sur le Paris d’antan, une capitale disparue, marquée par des terrains vagues, des travaux omniprésents, des trous, des chantiers, en particulier dans le quartier de Montmartre où se déroule une bonne partie du film. Si l’autre – coréalisée par Wang-Kia-Yi – plonge les jeunes personnages dans la ville de Pékin, on retiendra ces gosses qui courent sur les pavés de la rue Cortot ou de la rue Jean-Baptiste Clément, avec le Sacré-Coeur en arrière-plan. Rondement menée, cette ode à la fraternité et fable humaniste fonctionne encore et il n’est pas interdit de faire connaître Cerf-volant du bout du monde aux petits d’aujourd’hui.

Dans les années cinquante, à Montmartre, un quartier de Paris, Pierrot, chef d’une petite bande de gamins, découvre avec ses copains un magnifique cerf-volant échoué sur un arbre. Grâce à une ruse (ils font monter dans l’arbre le petit chat de la concierge), ils récupèrent le cerf-volant et y découvrent une lettre écrite en chinois. Bébert, l’un des « durs » du groupe, vole la queue du cerf-volant. Pierrot et sa petite sœur Nicole font traduire la lettre par un antiquaire chinois. Il leur apprend qu’un jeune Chinois de Pékin, Song Siao Tsing, attend une réponse de celui qui recevra sa lettre. Hélas, l’adresse est restée dans la queue du cerf-volant. Tard dans la nuit, Pierrot invoque Souen Wou Kong, le roi des singes, qui est le personnage représenté par le cerf-volant. Celui-ci prend vie et décide de transporter magiquement en Chine Pierrot et Nicole. Voilà les deux enfants à Pékin, bien décidés à retrouver le petit copain chinois avec leurs nouveaux amis. Mais le terrible Bébert se met encore sur leur chemin…

« Avec toutes les plus belles frimousses du monde ! Venez oublier que vous êtes des grands » scandait une voix nasillarde au cours de la bande-annonce de Cerf-volant du bout du monde. Il y a quelque chose qui rappelle Si tous les gars du monde… de Christian-Jaque, sorti deux ans auparavant où un certain Jean-Louis Trintignant faisait ses débuts au cinéma, qui montrait qu’abolir les frontières pouvaient n’être que bénéfique pour l’entraide entre les peuples. L’imagination débordante d’un « gamin d’Paris » est effectivement tout un poème et on se laisse aller à l’inventivité d’une bande de dégourdis hauts comme trois pommes, bien décidés à répondre à leur correspondant chinois, dont le cerf-volant est miraculeusement arrivé jusqu’en France. Mais tout ne va pas se passer aussi bien qu’ils l’espéraient, car c’était sans compter un dur à cuire et quelque peu rebelle, qui va leur mettre des bâtons dans les roues. Heureusement, le surnaturel va aider leur leader, Pierrot (Patrick de Bardine, dans sa quasi-unique apparition sur grand écran), ainsi que sa petite sœur Nicole (Sylviane Rozenberg, que l’on reverra dans le charmant Le Chemin des écoliers de Michel Boisrond), à débarquer à Pékin grâce à leur lit volant. L’aventure ne fait que commencer !

Le charme de Cerf-volant du bout du monde opère plus de soixante-cinq ans après, grâce à la spontanéité du jeune casting, à la beauté de la photographie signée Henri Alekan, mythique chef opérateur des Ailes du désir, de Vacances romaines, de La Belle et la Bête, de Juliette ou la clé des songes. C’est dire si celui-ci sait comment intégrer la magie à ses images et à ce titre les effets spéciaux sont particulièrement réussis, avec entre autres l’utilisation de la perspective forcée, procédé que Peter Jackson réutilisera dans la trilogie du Seigneur des Anneaux.

Roger Pigaut continuera sur sa lancée et connaîtra d’autres beaux succès, notamment Comptes à rebours (plus d’un million d’entrées) et 3 milliards sans ascenseur (600.000 spectateurs), tous les deux Michel Bouquet et Marcel Bozzuffi.

LE BLU-RAY

Ce sont des rendez-vous que nous ne manquons jamais depuis l’apparition de l’éditeur Coin de Mire Cinéma en octobre 2018. La nouvelle vague apparaît dans les bacs le 4 février et propose cette fois en Haute-Définition : Cerf-volant du bout du monde (1958) de Roger Pigaut, Le Diable par la queue (1969) de Philippe de Broca, La Loi c’est la loi (1958) de Christian-Jaque, Monsieur (1964) de Jean-Paul Le Chanois et Le Tonnerre de Dieu (1965) de Denys de La Patellière. Comme nous l’avions mentionné, l’éditeur a été obligé de revoir sa copie en raison des coûts de production. Si les splendides Digibooks ont laissé place aux Blu-rays traditionnels, le contenu et la ligne éditoriale restent identiques et la Séance subsiste ! En ce qui concerne Cerf-volant du bout du monde, le film de Roger Pigaut, était jusqu’à présent inédit en DVD et surtout en HD. Quelques copies circulaient ici et là sur la toile, mais rien en support physique. Celles et ceux qui attendaient cette sortie étaient nombreux et l’attente est on ne peut plus récompensée. Le disque repose dans un boîtier Blu-ray classique de couleur noire, lui-même glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est fixe et musical.

C’est parti, on enclenche la séance ! On démarre comme d’habitude par les actualités et cette 51è semaine de l’année 1958 est assez chargée (9’). Après quelques infos liées à la première division de football, on apprend l’envol de la fusée téléguidée Régulus, tandis qu’un grand bal était donné à Stockholm par les époux royaux, en l’honneur des Prix Nobel 1958. À Oslo, le Prix Nobel de la paix était remis à Georges-Dominique Pire, pour son action en faveur des réfugiés d’Europe de l’Est. Noël approchant à grand pas, Brigitte Bardot, 24 ans, fête la sortie de son nouveau film, La Femme et le pantin, au pied d’un sapin. Aux États-Unis, d’importantes chutes de neige paralysent une partie du pays. Retour en France, Place des Vosges, où l’on peut admirer un ancien théâtre de Guignol, alors que le musée des Arts et Métiers met à l’honneur les anciens automates.

Exigez Miko ! Et il n’y a pas que les glaces qui sont mises en avant au cours des réclames avant la projection de votre film (10’) ! Les bonbons Kréma sont là aussi bien sûr, ainsi que le savon Monsavon (pour mousser, ça mousse), la radio Siera, les chewing-gums Hollywood, le fromage Port-Salut (« C’est écrit dessus »), les petits beurres Lu et le Grand Marnier. De quoi être rassasié et propre.

L’éditeur livre ensuite une interview de Roger Pigaut (4’30), réalisée pour la sortie de Cerf-volant du bout du monde. Celui-ci s’exprime sur la première coproduction franco-chinoise, les thèmes de son premier long-métrage comme metteur en scène, son amour pour la Chine, ainsi que sur le casting des enfants, qui selon lui sont négligés dans la production cinématographique mondiale.

Place à Jacqueline Lajeunesse, Claude Cobast et Hubert Arnault, auteurs du livre À la découverte du Cinéma (4’). Le trio met en avant les effets spéciaux de Cerf-volant du bout du monde, dont ils avaient la charge sur le film, ainsi que le travail avec Roger Pigaut, sujets de leur ouvrage.

Cela n’a pas échappé aux habitués de La Séance depuis les débuts de Coin de Mire, l’apparition de France Écrans est récurrente au moment des réclames. Un reportage dévoilant l’activité de cette entreprise est également disponible dans cette section bonus. Pendant un peu plus de dix minutes, vous saurez tout sur les diverses activités destinées à créer un film publicitaire qui sera ensuite diffusé dans les salles de cinéma en avant-programme. Mention spéciale à la découverte des studios de Clichy où était créée l’animation en volume.

L’interactivité se clôt sur un lot conséquent de bandes-annonces de films déjà ou prochainement disponibles chez Coin de Mire Cinéma.

L’Image et le son

Un sacré défi pour Coin de Mire Cinéma puisque bien que méconnu, Cerf-volant du bout du monde a bénéficié d’une très jolie restauration en 2K pour sa sortie en Haute-Définition ! Une restauration numérique HD bienvenue. Une image complètement nettoyée, souvent lumineuse, au grain doux et élégant, avec comme gros point fort la colorimétrie. La belle photographie de Henri Alekan retrouve ses partis pris originaux avec des teintes chaleureuses. Un véritable exploit pour ce film rare et qui participe à sa (re)découverte. Celles et ceux qui espéraient depuis toujours une sortie en support physique seront bien récompensés.

Le confort acoustique est suffisamment assuré grâce à cette piste DTS-HD Master Audio mono 2.0. La musique est dynamique, aucun souffle n’est à déplorer, et les ambiances sont bien délivrées, même à volume peu élevé. L’ensemble est clair et distinct, la propreté est de mise. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Coin de Mire Cinéma / Cocinor / Garance / Les Films Tourane / China Distribution / TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.