Test Blu-ray / Casanova, un adolescent à Venise, réalisé par Luigi Comencini

CASANOVA, UN ADOLESCENT À VENISE (Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, veneziano) réalisé par Luigi Comencini, disponible en Combo Blu-ray+DVD le 22 octobre 2024 chez Tamasa Diffusion.

Acteurs : Leonard Whiting, Maria Grazia Buccella, Lionel Stander, Raoul Grassilli, Wilfrid Brambell, Tina Aumont, Mario Scaccia, Silvia Dionisio…

Scénario : Luigi Comencini & Suso Cecchi D’Amico, d’après les mémoires de Giacomo Casanova

Photographie : Aiace Parolin

Musique : Fiorenzo Carpi

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

Le jeune Giacomo Casanova passe son enfance à Venise entre sa grand-mère et une mère volage. Envoyé en pension à Padoue, il fait la connaissance du père Don Gozzi, qui sera à l’origine de sa carrière ecclésiastique. Devenu adulte, Casanova revient à Venise où il décide d’abandonner la soutane et de suivre les élégants et mensongers chemins du libertinage…

Les prouesses amoureuses et les innombrables conquêtes du violoniste, écrivain, diplomate et bibliothécaire Giacomo Casanova ont largement influencé les cinéastes, notamment italiens. S’inspirant des cinq premiers chapitres des mémoires du plus célèbre séducteur (éditées en 12 volumes !), Luigi Comencini (1916-2007) en retrace l’enfance et l’adolescence dans Casanova, un adolescent à Venise Infanzia, vocazione e prime esperienze di Giacomo Casanova, veneziano. Auteur et metteur en scène moraliste, Comencini profite de ce portrait pour en fait représenter et révéler les moeurs, les coutumes, le comportement, la structure sociale, les rapports de classes, l’indifférence du pouvoir par rapport à la pauvreté de la société vénitienne du 18ème siècle au moment où la puissance aristocratique commence à décliner. Le réalisateur s’attarde sur les plus petits détails de la vie quotidienne, l’hygiène, la sous-alimentation des plus démunis, tout en suivant son personnage principal partagé entre une vocation religieuse… et les chemins du libertinage. Ironique et passionnant, magnifiquement photographié et mis en scène, truffé de références picturales, Casanova, un adolescent à Venise demeure l’une des plus grandes réussites de Luigi Comencini, que l’on peut d’ailleurs intelligemment compléter par un autre chef-d’oeuvre consacré au libertin transalpin, Le Casanova de Fellini.

L’enfance du jeune Vénitien Giacomo Casanova auprès de sa grand-mère, puis la redécouverte de ses parents, dont une mère plusieurs fois infidèle. Ceux-ci l’envoient, ensuite, étudier dans une misérable école à Padoue, où il finit, néanmoins, par être remarqué par un prêtre, Don Gozzi, qui l’incitera à embrasser la carrière ecclésiastique. En 1742, Casanova retournera donc à Venise sous l’uniforme religieux. Mais la rencontre avec le vieux marquis Malipiero, devenu son protecteur, influera, désormais, sur le cours de son évolution. Plus tard, la fréquentation de la courtisane Millescudi achèvera de le convaincre d’abandonner la soutane pour suivre les voies de l’élégant et mensonger libertinage.

Dans la filmographie éclectique et prolifique de Luigi Comencini, Casanova, un adolescent à Venise prend place entre L’Incompris Incompreso, monument pourtant conspué par la critique et le public lors de sa première sortie (il lui faudra une dizaine d’années avant d’être enfin reconnu), et L’Argent de la vieille Lo scopone scientifico, passage mythique de Bette Davis de l’autre côté des Alpes. Moult séquences de Casanova, un adolescent à Venise demeurent en tête. La visite à la sorcière, l’opération du père, Casanova à Padoue, les premiers sermons, Don Mancia défroqué et le choix de Casanova. Revisiter le mythe, cette icône, permet au cinéaste de réaliser une peinture du XVIIIè siècle, sous une forme inspirée par les oeuvres du peintre vénitien Pietro Longhi. Si Claudio De Kunert, dans son unique apparition au cinéma, s’en tire très bien dans le rôle de Casanova enfant, le rôle-titre est surtout tenu par le britannique Leonard Whiting. Celui-ci venait d’incarner Roméo dans le Roméo et Juliette de Franco Zeffirelli. Lui-même sera finalement rare sur les écrans et préférera se consacrer au théâtre et à la musique.

La distribution compte aussi la participation des divines Maria Grazia Buccella (Pancho Villa, Les Nuits facétieuses, Il Gaucho), Senta Berger (Diaboliquement vôtre, Le Secret du rapport Quiller, Croix de fer), Tina Aumont (Cadavres exquis, Salon Kitty, Malicia), Cristina Comencini (la fille du réalisateur, dans sa seule expérience comme actrice) et Silvia Dionisio (Une langouste au petit déjeuner, La Peur règne sur la ville, Mes chers amis), bref un festival de comédiennes belles à se damner, merveilleusement mises en valeur par le directeur de la photographie Aiace Parolin (Séduite et abandonnée, Baba Yaga, Le Moment de la vérité). Comme souvent dans ce genre de coproductions, nous retrouvons des comédiens venus d’horizons différents et surtout de nationalités diverses, à l’instar de l’américain Lionel Stander, qui restera essentiellement célèbre pour la série L’Amour du risque, également vu chez Martin Scorsese (New York, New York), George Pan Cosmatos (Le Pont de Cassandra), Roman Polanski (Cul-de-sac) et Ruggero Deodato (Zenabel). N’oublions pas aussi la trogne du grand Mario Scaccia, que les cinéphiles reconnaîtront pour avoir croisé le comédien dans l’incroyable Black Journal de Mauro Bolognini, sans oublier les indispensables L’Antéchrist d’Alberto de Martino, Le Parfum de la dame en noir de Francesco Barilli et La Propriété, c’est plus le vol d’Elio Petri.

Du beau monde, devant comme derrière la caméra, même si la star restera Luigi Comencini lui-même, définitivement l’un des plus grands maîtres du cinéma italien. Son Casanova, un adolescent à Venise demeure indubitablement l’une de ses plus illustres réussites.

LE BLU-RAY

Édité pour la première fois en DVD en France en 2011 chez M6 Vidéo dans la collection Les Maîtres italiens, Casanova, un adolescent à Venise revient dans les bacs en combo Blu-ray + DVD chez Tamasa Diffusion. Le visuel reprend celui concocté pour la reprise du film dans les salles de cinéma en mai 2024. À noter que deux autres titres réalisés par Luigi Comencini sortent en même temps chez le même éditeur, à savoir Mariti in città Maris en liberté et La Traite des blanches, dans la même configuration et sur lesquels nous reviendrons bien évidemment très prochainement. Le menu principal est fixe et musical.

Dommage de ne pas retrouver l’intervention du grand Jean A.Gili sur cette édition…toutefois, la présentation du film par Pierre Eisenreich (32’) vaut toute notre attention. Le critique de cinéma et membre du comité de rédaction de la revue Positif depuis une vingtaine d’années revient sur les intentions de Luigi Comencini, à savoir parler de la situation contemporaine de son pays, à travers le portrait du jeune Casanova, dont le contexte rappelle celui de l’après mai 68 et des changements sociétaux qui ont découlé de cet événement. Pierre Eisenreich aborde la figure de Casanova, « un personnage emblématique, qui incarnait une certaine forme de liberté sensuelle, érotique et politique, animé par son libre-arbitre ». Il en vient aux partis-pris de Luigi Comencini et son adaptation personnelle du mythe, appuyant pour cela l’aspect politique, tout en apportant quelques éléments fictionnels. La direction artistique, la photographie, les costumes, les décors, le montage, sont aussi les autres points analysés.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce regroupant cinq longs-métrages de Luigi Comencini.

L’Image et le son

Que voilà un superbe lifting, qui revenait de droit au Casanova de Luigi Comencini, qui jouit d’un sublime transfert HD. Le générique d’ouverture donne le ton avec une fabuleuse restitution du grain argentique, heureusement préservé et excellemment équilibré. Les contrastes trouvent rapidement une solidité constante et la magnifique photographie d’Aiace Paolin est idéalement restituée avec ses couleurs inspirées des peintures de Longhi. La copie est immaculée, débarrassée de toutes poussières, aucun fourmillement n’est constaté sur les arrière-plans (contrairement à l’ancienne édition DVD) et la luminosité des séquences diurnes permet d’admirer la lagune de Venise dans toute sa splendeur. Blu-ray au format 1080p.

Propre et dynamique, le mixage italien Dolby Digital Mono 2.0. ne fait certes pas d’esbroufe inutile mais restitue parfaitement les dialogues du film et laisse une belle place à la musique de Fiorenzo Carpi. La version française est également bien restaurée mais altérée par quelques saturations stridentes quand montent les aigus.

Crédits images : © Tamasa / Sabrina Piazzi / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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