Test Blu-ray / Big Jake, réalisé par George Sherman

BIG JAKE réalisé par George Sherman, disponible en DVD & Blu-ray, le 22 janvier 2025 chez BQHL Éditions.

Acteurs : John Wayne, Richard Boone, Patrick Wayne, Christopher Mitchum, Bruce Cabot, Bobby Vinton, John Agar, Harry Carey Jr., Maureen O’Hara…

Scénario : Harry Julian Fink & Rita M. Fink

Photographie : William H. Clothier

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 1h50

Date de sortie initiale: 1971

LE FILM

En 1909, au Texas, le gang de John Fain s’introduit sur le domaine des McCandles et kidnappe contre rançon Jake, le petit-fils de Martha. Celle-ci, pressentant un échec des forces de police lancées à la poursuite du gang, appelle à l’aide son mari, Jacob, dont elle est séparée depuis presque 10 ans.

Nous avons déjà eu diverses occasions d’évoquer la carrière du prolifique réalisateur George Sherman (1908-1991), spécialiste du western américain, à qui l’on doit de formidables séries B comme Le Shérif d’El SolitoThe Hard Man (1957) avec Guy Madison, L’Étreinte du destin Count Three and Pray (1955) et le chef d’oeuvre Tomahawk (1951) avec le grand Van Heflin, ou bien encore le sympathique À l’assaut du Fort ClarkWar Arrow (1953) qui réunissait Jeff Chandler et Maureen O’Hara. Les plus grandes stars du western sont passées devant la caméra de George Sherman, comme Audie Murphy, Dana Andews, Victor Mature, Rory Calhoun, Joel McCrea et bien évidemment le Duke, John Wayne. Ce dernier collabore à de nombreuses reprises avec le metteur en scène dans les années 1930, alors que le comédien est âgé de trente ans, pour une série de films d’à peine une heure produits par Republic Pictures. Il faudra attendre 1971 pour que les deux hommes se retrouvent pour leur dernier film en commun, Big Jake. Alors que le western italien, pour ne pas dire européen a changé la donne dans la représentation de la violence au cinéma et en rendant poussiéreux le genre venu de l’autre côté de l’Atlantique, John Wayne persiste et signe, malgré la barre franchie des soixante balais. Cent Dollars pour un shérif True Grit de Henry Hathaway lui rapporte l’Oscar du meilleur acteur, ainsi que le Golden Globe. Il enchaîne ainsi Chisum d’Andrew V. McLaglen, Rio Lobo de Howard Hawks et envisage déjà Les Cowboys de Mark Rydell quand arrive le projet de Big Jake. Une affaire de famille, de potes aussi, puisque produit par Michael Wayne, le fils aîné du Duke (déjà à l’oeuvre sur Le Grand McLintock, L’Ombre d’un géant, Les Bérets Verts), aussi interprété par Patrick Wayne (également le fils de la star), Maureen O’Hara (qui partageait l’affiche pour la cinquième et dernière fois avec le Duke, après Rio Grande, L’Homme tranquille, L’aigle vole au soleil et Le Grand McLintock), le génial Richard Boone (Alamo, Le Dernier des géants), Christopher Mitchum (le fils du monstre Robert), sans oublier les tronches de Bruce Cabot, John Doucette, Harry Carey Jr….Nous sommes ici en terrain connu, mais Big Jake a l’air de prendre le train en marche du renouveau du western, surtout au cours du premier acte, particulièrement sanglant. Si l’intrigue s’avère plus classique par la suite, Big Jake demeure un western comme on les aime, brillamment porté par une solide distribution, solidement réalisé et surtout magnifiquement photographié par le maestro William H. Clothier (Les Feux de l’enfer, La Caravane de feu, La Route de l’Ouest, L’Homme qui tua Liberty Valance), sans oublier la partition d’Elmer Bernstein. Un grand spectacle.


En 1909, près de la frontière entre le Mexique et les États-Unis, Martha McCandles dirige un immense ranch avec l’aide de ses fils Jeff, Michael et James. Le Fain Gang attaque le ranch, tuant de nombreux membres du personnel. Jeff tue les frères Devries mais est grièvement blessé ; son fils, Jacob « Little Jake », est kidnappé avant que le gang ne s’enfuie au Mexique, laissant derrière lui une demande de rançon d’un million de dollars. Martha place la rançon dans un coffre-fort et les délégués de l’armée américaine et des Texas Rangers proposent de le prendre en charge. Martha décide à la place d’envoyer chercher son ex-mari Jacob « Big Jake » McCandles, qui est généralement considéré comme mort mais qui erre en réalité dans l’ouest en tant que tireur. Jake arrive avec son chien noir, simplement nommé « Dog », et discutent en secret de ce qu’il faut faire de la rançon. Michael McCandles arrive à moto, en déclarant avoir retrouvé les ravisseurs. Martha décide de lui permettre, ainsi qu’à son frère aîné James, de partir avec les Rangers à bord d’automobiles pour tenter de rattraper les kidnappeurs. Jake désapprouve et part avec la rançon, un mulet, des chevaux de trait et son vieil ami Apache Sam Sharpnose, préférant faire les choses à l’ancienne. Après que les ravisseurs aient tendu une embuscade aux Rangers, mettant les voitures hors service, Jake permet à ses deux fils de l’accompagner, même si les relations sont tendues entre eux.


Même si Big Jake prend l’allure d’un dernier baroud d’honneur, tout est fait pour démontrer aux spectateurs que ceux qui sont devant et derrière la caméra en ont encore sous le capot. Raison pour laquelle « Big Jake »est rappelé par son ex-épouse plusieurs années après que celui-ci ait quitté le domicile conjugal pour aller vivre ses aventures (et batifoler par la même occasion), puisqu’il connaît les bonnes méthodes (autrement dit à l’ancienne) pour se débarrasser de sbires qui ont enlevé son petit-fils. Ce pionnier de l’Ouest, « difficile et désagréable » comme on nous le présente, accompagné de ses deux fils, qu’il n’avait jamais revu également, se lancent à la poursuite des bandits sans scrupules et entament une traque intense. Big Jake est le dernier film de George Sherman, qui devait par ailleurs tomber malade au cours du tournage et laisser John Wayne reprendre les commandes, même si ce dernier n’est pas crédité comme metteur en scène.

Alors que le Nouvel Hollywood est en plein essor, le western fait de la résistance. Si les temps ont changé pour la capitale du cinéma, il en est de même dans le Grand Ouest, puisque l’intrigue se déroule au début du vingtième siècle, à l’heure où la course au pétrole rend folle les entreprises, mais aussi à l’heure de l’automobile, de la moto, des armes automatiques. « Big Jake », que tout le monde croyait mort (on n’arrête pas de lui dire), et ses façons de faire, va accepter une dernière mission personnelle, tout en étant aidé de ses fils forcément à la page et avec lesquels le dialogue est difficile. Et s’il était temps pour eux de se retrouver enfin et de faire table rase du passé ?

Fabuleux cocktail d’action, d’humour et d’émotions, Big Jake reste un divertissement haut de gamme, dans lequel John Wayne prend un plaisir contagieux à jouer les cowboys d’un temps révolu, mais sur lesquels on peut toujours compter.

LE BLU-RAY

Big Jake avait déjà eu l’honneur d’une sortie en Blu-ray en 2011 chez Paramount/CBS. 2025, le western de George Sherman revient dans les bacs, en DVD et Blu-ray chez BQHL Éditions. Le menu principal est animé et musical.

À l’occasion de cette ressortie en HD, BQHL s’est tourné vers le spécialiste français du western, Jean-François Giré (38’). Ce dernier réalise une formidable présentation de Big Jake, qu’il replace tout d’abord dans l’histoire du western, à savoir au moment où le genre a connu une renaissance en Europe, en changeant les codes et au moment où la télévision est une rivale inattendue en proposant des séries de western qui ne donnent plus envie aux spectateurs de se rendre au cinéma. Big Jake est également replacé dans la carrière de John Wayne, représentant du genre classique, qui a visiblement un œil attentif sur ce qui se déroulait dans le western en Italie. Le film de George Sherman se trouve à la croisée de ces deux courants, le premier acte étant étonnamment violent (et qui a fait grincé les dents des censeurs), avant de revenir à un environnement plus traditionnel. Le traitement réaliste de la violence, le casting, l’équipe technique et le contexte historique sont aussi les sujets excellemment abordés par Jean-François Giré.

L’Image et le son

Selon nos informations, le master HD de Big Jake présenté ici est le même que celui précédemment édité par Paramount/CBS. Un superbe Blu-ray au format 1080p, parfois même époustouflant. Les amateurs de western vont être aux anges de (re)découvrir le film de George Sherman (et de John Wayne) dans ces merveilleuses conditions techniques. Les détails sont fins et pointus aux quatre coins du cadre large, les somptueux paysages peuvent être analysés sous tous les angles, ainsi que les costumes, les gros plans…Les couleurs sont magnifiques, stables, à dominante terreuse, sur lesquels ressortent les taches de sang, le vert de la végétation, et d’autres couleurs vibrantes, à l’instar de la scène de l’arrivée dans la ville animée. Les noirs sont un peu aléatoires, tantôt équilibrés, tantôt trop appuyés. Quelques petites tâches, poussières et rayures sont à déclarer, mais rien de bien méchant. La texture argentique est également conservée, bien gérée, équilibrée.

Big Jake est tout d’abord proposé en anglais DTS-HD Master Audio 5.1, une proposition acoustique sympathique, mais pas optimale. La spatialisation n’est pas aussi enveloppante qu’attendue, la musique et les effets sonores étant principalement axés sur les enceintes frontales. La partition d’Elmer Bernstein ne manque pas de coffre, mais aurait nécessité un meilleur soutien des latérales. Même chose en ce qui concerne les effets sonores, dont la plupart paraissent avoir été « rajoutés » sur les arrières, histoire de bien remplir la fonction 5.1 de la piste, à l’instar des chevaux au galop ou des nombreux coups de feu, qui résonnent avec clarté, mais manquent de volume et de puissance. Les voix sont solidement plantées sur la centrale. La version française 2.0 – au doublage soigné – fait son office et mixe tous ces éléments avec un bon équilibre. La version originale est aussi présentée en DTS HD Master Audio 2.0, qui contentera largement les puristes et ceux uniquement équipés sur la scène avant.

Crédits images : © BQHL Editions / Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

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