1983, la rivalité est à son paroxysme, entre l’écurie italienne Lancia, dirigée par le charismatique Cesare Fiorio et la puissante équipe allemande Audi, dirigée par le redoutable Roland Gumpert. Mais, c’est sur le terrain, pilotées respectivement par Walter Röhrl et Hannu Mikkola, que leurs voitures : la Lancia Rally 037 et l’Audi Quattro, les départageront durant un championnat du monde des rallyes devenu légendaire.
Entre le sport automobile et le cinéma, ça n’a jamais vraiment été une histoire d’amour et rares sont les films traitant ce sujet qui sont véritablement passés à la postérité. On peut citer en vrac Grand Prix (1966) de John Frankenheimer, Virages (1969) de James Goldstone, Le Mans (1971) de Lee H. Katzin, Gonflés à bloc (1969) de Ken Annakin, Jours de tonnerre (1990) de Tony Scott, Driven (2001) de Renny Harlin, Michel Vaillant (2003) de Louis-Pascal Couvelaire, Speed Racer (2008) des sœurs Wachowski, Rush (2013) de Ron Howard et Gran Turismo (2023) de Neill Blomkamp. Ce ne sont pas les exemples qui manquent, on en oublie évidemment certains. Même l’Italie vient de livrer son opus, Race for Glory, surfant probablement sur le beau succès rencontré par Le Mans 66 (2019) de James Mangold, y compris dans son titre original, Audi Vs Lancia. Projet mené du début à la fin par le comédien Riccardo Scamarcio, qui officie ici comme interprète principal, coscénariste et coproducteur, Race for Glory rappelle parfois le côté opportuniste du cinéma d’exploitation des années 1970-80, qui recopiait les succès étrangers, passés à la sauce pesto. Audi Vs Lancia n’a rien de déshonorant, s’avère même sympathique à plus d’un titre, patine certes au niveau de sa mise en scène, mais repose sur des acteurs attachants et une histoire certes très classique (et essentiellement tirée de faits réels), mais bien menée et divertissante.
THE CLOVERFIELD PARADOX réalisé par Julius Onah disponible en DVD et Blu-ray le 6 février 2019 chez Paramount Pictures
Acteurs : Gugu Mbatha-Raw, David Oyelowo, Daniel Brühl, John Ortiz, Chris O’Dowd, Aksel Hennie, Ziyi Zhang, Elizabeth Debicki, Roger Davies, Clover Nee…
Scénario : Oren Uziel
Photographie : Dan Mindel
Musique : Bear McCreary
Durée : 1h42
Date de sortie initiale : 2018
LE FILM
Après un accident avec un accélérateur à particules, une station spatiale américaine découvre que la Terre a disparu. Les résidents de la station vont alors être confrontés à l’étrange présence d’une autre station spatiale tout près de leur position.
Projet développé et tourné dans le plus grand secret, révélé seulement deux mois avant sa sortie dans les salles, 10 Cloverfield Lane (2016) n’était pas vraiment une suite à Cloverfield, mais plutôt un spin-off, une histoire qui se déroule – même si cela n’est pas prouvé – en parallèle des événements de New York dans le film de Matt Reeves. Evidemment produit par J.J. Abrams via sa société Bad Robot, dans le cadre du « Clover-verse » (l’Univers de Cloverfield), 10 Cloverfield Lane possédait « un lien de sang » avec Cloverfield, tout en imposant un univers qui lui était propre, sans jamais marcher sur les plates-bandes ou faire référence au found footage (pas de filmage au caméscope parkinsonien) à succès sorti en 2008. Réalisé par l’inconnu Dan Trachtenberg, 10 Cloverfield Lane était un vrai huis clos haletant, souvent virtuose, angoissant et anxiogène, porté par un fabuleux trio d’acteurs enfermés dans un bunker. A la fin de cet opus j’indiquais « L’épilogue annonce clairement un troisième épisode. Si ce dernier suit les traces de 10 Cloverfield Lane nous l’accueillerons à bras ouverts ». Parfois, il vaudrait mieux ne rien dire. Voici donc The Cloverfield Paradox, préquelle de la franchise, qui tente de donner quelques explications sur les évènements narrés dans l’opus de Matt Reeves. Amputé d’une sortie dans les salles en raison de son achat par Netflix, The Cloverfield Paradox est un navet teinté de nanar au budget de 45 millions de dollars, un « narvet », une série B-Z (devant laquelle on peut s’endormir donc), un véritable accident industriel.
2028. La Terre souffre en raison d’une crise d’énergie majeure. Tous les regards et espoirs sont tournés vers une mission à bord d’une station spatiale internationale nommée Cloverfield. À son bord, l’accélérateur de particules Shepard est testé. Après une tentative de lancement de la machine, une surcharge se produit. Suite à cet incident, les scientifiques de la mission découvrent que la Terre a disparu. D’autres événements étranges vont alors se produire au sein de la station, mettant en danger l’ensemble de l’équipage.
Est-ce que Paramount a eu du flair en confiant la diffusion exclusive de The Cloverfield Paradox à Netflix (qui de son côté a déboursé 5 millions de dollars pour annoncer le film lors du Super Bowl), évitant ainsi un bide commercial ? On peut le croire en voyant le résultat à l’écran. Réalisé par un certain Julius Onah, ce « téléfilm » aux décors et aux effets spéciaux clinquants qui tentent de donner le change, ne parvient jamais à trouver son rythme ou à éveiller l’intérêt du spectateur. Le récit fait du surplace, l’absence de rebondissement reflète une écriture paresseuse, qui se contente de piller ici et là (Prometheus, Alien, Life, Sunshine, The Thing) et les éléments pour raccrocher les wagons avec le premier Cloverfield sont bien trop artificiels, gratuits et maladroits pour convaincre.
The Cloverfield Paradox est bien loin du thriller malin 10 Cloverfield Lane (qui bénéficiait du soutien de Damien Chazelle au scénario) qui déjouait constamment les attentes. Ce troisième épisode suite-reboot-préquel se contente de jouer sur les conséquences liées à la confrontation de deux réalités distinctes au sein d’un multivers, qui se battent pour occuper le même espace. The Cloverfield Paradox, c’est comme qui dirait la science-fiction pour les nuls. Dommage, car les acteurs sont quand même solides, Daniel Brühl, Gugu Mbatha-Raw, David Oyelowo et Zhang Ziyi (rien que ça!) en tête, mais n’ont rien à défendre et se contentent de prendre l’air soucieux, tout en tapant sur des écrans digitaux et en parlant mandarin.
En réalité, le projet alors intitulé God Particle remonte à 2012. A croire que la Paramount, se retrouvant avec un sujet à boucler et ne sachant pas comment, a préféré y revenir en incluant quelques éléments pour le vendre ensuite sous l’enseigne « Cloverfield ». De là à dire que cette franchise est devenue une déchetterie, seul le prochain épisode nous le dira.
LE BLU-RAY
Le test du Blu-ray de The Cloverfield Paradox, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet…
Deux featurettes promotionnelles au programme. Deux fois 15 minutes, avec les mêmes intervenants et les mêmes propos dithyrambiques de toute l’équipe. On aurait presque envie d’y croire tant les comédiens, le directeur de la photographie, le scénariste, le décorateur et le réalisateur semblent persuadés de réaliser un des meilleurs films SF de ces dernières années ! Les images de tournage foisonnent, les personnages sont abordés, tout comme les décors, les effets spéciaux et l’univers Cloverfield, même si le réalisateur avoue que le scénario circulait depuis 2008 ou 2009. Ces modules, qui n’en forment en réalité qu’un seul, remplissent le cahier des charges.
L’Image et le son
The Cloverfield Paradox est un film sombre et la Haute définition restitue habilement la photo du chef opérateur Dan Mindel (Ennemi d’État, Mission impossible 3, Star Trek Into Darkness, Star Wars, épisode VII : Le Réveil de la Force). Ce master HD est impressionnant de beauté, tant au niveau des détails que du piqué, avec un léger grain inhérent au tournage en 35 mm. Le cadre large n’est pas avare en détails, les contrastes affichent une densité remarquable (du vrai goudron en ce qui concerne les noirs) et la colorimétrie froide est optimale. Un disque de démonstration.
Dès le générique, l’ensemble des enceintes de la piste anglaise Dolby Atmos (testée en 5.1) est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances sont efficaces et bénéficient d’un traitement de faveur avec une large ouverture, plongeant constamment le spectateur dans l’atmosphère, avec parfois des silences angoissants dynamités ensuite par une ribambelle d’effets excellemment balancés de gauche à droite et des enceintes avant vers les arrières. Les dialogues ne manquent pas d’ardeur sur la centrale. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle ardemment à ce spectacle acoustique aux effets souvent étonnants sur les séquences opportunes, à l’instar de l’acte final. Est-il utile d’évoquer la petite Dolby Digital 5.1 ? Elle assure mais n’arrive pas à la cheville de la version originale.