GRIMSBY – AGENT TROP SPECIAL (Grimsby) réalisé par Louis Leterrier, disponible en Blu-ray et DVD le 24 août 2016 chez Sony Pictures
Acteurs : Sacha Baron Cohen, Mark Strong, Isla Fisher, Rebel Wilson, Gabourey Sidibe, Penélope Cruz, Annabelle Wallis, Ian McShane…
Scénario : Sacha Baron Cohen, Phil Johnston, Peter Baynham
Photographie : Oliver Wood
Musique : David Buckley, Erran Baron Cohen
Durée : 1h23
Date de sortie initiale : 2016
LE FILM
Nobby Butcher n’a pas de boulot, mais cela ne l’empêche pas d’être heureux. Il a tout ce dont il peut rêver dans la vie : le foot, une petite amie géniale… et neuf gamins. Pour que son bonheur soit complet, il ne lui manque que son petit frère, Sebastian, dont il a été séparé quand ils étaient enfants.
Après trente ans de recherches, Nobby retrouve finalement la trace de Sebastian à Londres. Il ignore que celui-ci est devenu le meilleur agent du MI6…
Leurs retrouvailles tournent à la catastrophe, et voilà les deux frères en cavale. C’est alors qu’ils découvrent un complot visant à détruire le monde…
Pour sauver l’humanité – et son frère – Nobby va devoir se lancer dans sa plus grande aventure. Pourra-t-il passer de l’état de bouffon niais à celui d’agent secret ultrasophistiqué sans faire trop de dégâts ?
Le réalisateur français Louis Leterrier (Le Transporteur et sa suite, Danny the Dog, L’Incroyable Hulk) est aussi « insaisissable » que le titre de son dernier carton au box-office mondial et son plus grand succès en France. Sur le tournage d’Insaisissables, il rencontre Sacha Baron Cohen, venu rendre une petite visite à sa femme, la délicieuse Isla Fisher. Il lui propose de mettre en scène le scénario qu’il a coécrit avec Phil Johnston (Zootopie, Les Mondes de Ralph) et Peter Baynham (Hôtel Transylvanie), celui de Grimsby, comédie d’espionnage nécessitant le savoir-faire d’un réalisateur spécialisé dans les scènes d’action. Louis Leterrier accepte. Il ne pouvait pas mieux tomber que sur Sacha Baron Cohen pour l’emmener sur de nouveaux territoires !
L’acteur, scénariste et humoriste découvert dans les années 1990 dans la peau du personnage Ali G, qui aura d’ailleurs son propre film en 2002, mais qui a véritablement explosé en 2006 avec Borat : Leçons culturelles sur l’Amérique au profit glorieuse nation Kazakhstan, a ensuite confirmé son goût (et son talent) pour camper des personnages controversés et haut en couleur comme Brüno en 2009 et The Dictator en 2012. Dix ans après Borat, Sacha Baron Cohen débarque avec une sorte de parodie de James Bond qui semble vouloir repousser toutes les limites. Grimbsy – Agent trop spécial va à fond dans le vulgaire et n’a pas peur d’y aller ou même de s’y vautrer. Au contraire, le sperme (d’éléphant), les testicules (où s’est plantée une fléchette empoisonnée et dont il faut sucer le venin), un étron (long comme un anaconda, mais que nous ne verrons pas à l’écran ceci dit), l’anus (dans lequel on plante des fusées de feu d’artifice) tiennent autant de place dans l’intrigue que les retrouvailles de deux frères fusionnels, séparés pendant leur enfance. Si Nobby (SBC) est resté dans la ville ouvrière paumée de Grimsby dans l’est de l’Angleterre, son frère Sebastian (Mark Strong, qui s’amuse encore plus que dans Kingsman : Services secrets), dont il n’a pas de nouvelles depuis près de 30 ans, est devenu un des meilleurs agents du MI6. Nobby vit avec ses neuf enfants et sa compagne (Rebel Wilson en mode Sharon Stone dans Basic Instinct) et passe sa journée à boire avec ses potes hooligans au pub au lieu de chercher du boulot. Sebastian est seul et ne vit que pour son boulot, qui de toute façon lui laisse peu de temps pour construire une famille. Par un concours de circonstances, les deux frères se retrouvent au cours d’une mission périlleuse de Sebastian. Alors que ce dernier tente de prendre la fuite, Nobby est cette fois bien décidé à ne plus perdre de vue son petit frère qui lui a tant manqué.
Et c’est parti pour 1h20 de quiproquos hallucinants. On y croise un sosie de Daniel Radcliffe qui se fait accidentellement contaminer par le sang d’un jeune malade du SIDA, qui contaminera à son tour un homme politique américain à perruque en passe d’accéder à la Maison-Blanche. Le studio Sony aurait d’ailleurs tenté de saborder la promotion du film aux Etats-Unis en raison de cette scène. Mais ce n’est pas la séquence la plus dingue (euphémisme) de Grimbsy – Agent trop spécial. Celle que l’on retiendra longtemps c’est celle où les deux frangins, poursuivis en Afrique du Sud par une bande de tueurs implacables, trouvent refuge…dans l’utérus d’une femelle éléphant. Oui. Bien cachés, ils attendent patiemment que les tueurs s’en aillent. C’est alors qu’un troupeau d’éléphants en rut s’amène, tous bien décidés à féconder cette femelle en question. Les deux frères se retrouvent pris au piège et ne peuvent que subir…non, mieux vaut arrêter là, puisque de toute façon cette scène est à voir pour le croire. C’est d’ailleurs tout le film qu’il faut visionner impérativement tant ces 80 minutes donnent la patate et musclent les abdominaux.
Initialement prévu dans les salles françaises et américaines en juillet 2015, Grimbsy – Agent trop spécial s’est vu décalé en mars 2016 aux USA et en avril 2016 chez nous. Sorti en catimini, le film s’est soldé par un échec aussi cuisant qu’injuste au box-office avec seulement 6 millions de dollars de recette sur le sol américaine et 16 millions dans le reste du monde. Le premier bide pour Louis Leterrier, qui de son côté livre pourtant de formidables scènes d’action, notamment celle qui introduit le personnage de Sebastian dans ses œuvres filmées en caméra subjective.
Dommage pour ce rejet du public et de la critique, car nous aurions aimé une suite déjantée à l’instar d’Austin Powers et retrouver les frangins de Grimsby dans de nouvelles aventures hilarantes et trash.
LE BLU-RAY
Le Blu-ray de Grimsby – Agent trop spécial repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette diffère de l’affiche française, en se concentrant uniquement sur les deux frères. Le menu principal est quant à lui fixe et musical.
L’essentiel de l’interactivité de ce Blu-ray repose sur les scènes supprimées (2’), coupées (9’) et étendues (9’).
Dans le premier cas, il s’agit essentiellement d’improvisations de Sacha Baron Cohen, qui essaye diverses répliques.
En ce qui concerne les 3 scènes coupées, précipitez-vous sur l’entretien d’embauche de Nobby, qui tente de faire bonne figure devant l’employé de l’agence pour l’emploi, ou bien celle hilarante mettant en scène un membre de l’équipe scientifique qui aime goûter les substances non-identifiées récoltées sur le terrain. Autant dire qu’il contracte un bel herpès en savourant les « traces » laissées par Nobby.
Les séquences étendues valent surtout pour celle déjà culte de l’éléphant. Si vous croyiez avoir tout vu au cinéma, détrompez-vous. Les deux compères allaient encore plus loin, au point d’être littéralement noyés dans…vous savez. La scène où Nobby apprend à Sebastian à devenir un vrai hooligan est aussi géniale.
Le making of (12’) remplit efficacement son contrat avec de nombreux propos du réalisateur Louis Leterrier, des comédiens et des producteurs. Les images de tournage abondent et montrent l’ambiance qui régnait sur le plateau, surtout lors des prises de vues de la « cachette » dans l’éléphant, avec un réalisateur vêtu d’une combi de plongée et aussi noyé que ses acteurs. Ce qui ne manque pas de déplaire à Sacha Baron Cohen.
Evidemment, la séquence de l’éléphant possède son module à part (4’) avec les mêmes intervenants et d’autres images de tournage, aussi poilantes que la séquence finale. Mention spéciale à l’équipe technique qui a procédé à différents tests afin d’obtenir la bonne texture pour le sperme de l’éléphant.
L’interactivité se clôt sur un bêtisier (2’) et un lot de bandes-annonces.
L’image et le son
Comme d’habitude, l’éditeur Sony soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de formidables conditions pour découvrir cette comédie survoltée et profiter de la belle photographie signée Oliver Wood, chef-opérateur talentueux de Volte/face, U-571 et les trois premiers Jason Bourne.
Dans les séquences d’action et même dans celles où Nobby fait la fête avec ses amis, l’ensemble des enceintes des pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 est mis à contribution aux quatre coins cardinaux. Les ambiances fusent, la musique bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale tandis que les effets ne cessent d’être balancés de gauche à droite, et des enceintes avant vers les arrières, à l’instar de la scène finale dans le stade, de l’explosion de la chambre et des diverses bastons. N’oublions pas le caisson de basses, qui se mêle souvent à ce spectacle acoustique.
Crédits images : © Sony Pictures