Test Blu-ray / Joyeux bordel !, réalisé par Josh Gordon et Will Speck

JOYEUX BORDEL ! (Office Christmas Party) réalisé par Josh Gordon et Will Speck, disponible en DVD (version cinéma) et Blu-ray (version cinéma et version longue non censurée) le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Jason Bateman, Olivia Munn, Jennifer Aniston, T.J. Miller, Kate McKinnon, Courtney B. Vance, Jillian Bell

Scénario : Justin Malen, Laura Solon, Dan Mazer

Photographie : Jeff Cutter

Musique : Theodore Shapiro

Durée : 1h46 (version cinéma) / 1h51 (version longue non censurée)

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Carole, patronne de la société Zenotek, n’en peut plus des frasques de Clay, son jeune frère. Celui-ci, qui ne pense qu’à faire la fête, n’est visiblement pas armé pour les affaires. Le chiffre d’affaires est catastrophique, à un point tel que Carole veut fermer la branche dont s’occupe son cadet. Elle lui lance un ultimatum : soit son équipe et lui trouvent le moyen de signer un contrat de plusieurs millions de dollars avec un gros client, soit ils se retrouvent sans emploi. Clay relève le défi. Il invite le client à une fête de Noël. Mais le tout-Chicago se retrouve dans le bâtiment et Clay et ses amis vont vite être dépassés…

Josh Gordon et Will Speck sont les réalisateurs du déjà culte Les Rois du patin, leur premier long métrage sorti en 2007, gros succès au box-office américain. En 2010, les compères ont remis le couvert pour le sous-estimé Une famille très moderne, interprété par le couple Jennifer Aniston – Jason Bateman. Pour leur nouveau film en commun, Josh Gordon et Will Speck ont cette fois misé sur une comédie chorale, Joyeux bordel !Office Christmas Party.

Pour la cinquième fois, Jason Bateman et Jennifer Aniston se donnent la réplique après La Rupture, Une famille très moderne et les deux opus de Comment tuer son boss ?. Si le premier a le rôle principal, la seconde fait plutôt une participation. Le reste du casting est à l’avenant puisque nous retrouvons également le déchaîné T.J. Miller, vu dans Cloverfield et Deadpool, mais aussi la divine Olivia Munn, la sexy Jamie Chung, l’hilarante Vanessa Bayer (Crazy Amy), l’allumé Rob Corddry (No Pain No Gain, Sex Tape) et la géniale Kate McKinnon. Cette dernière, humoriste très connue aux Etats-Unis, notamment pour sa participation à la mythique émission Saturday Night Live, pour laquelle elle a notamment été récompensée par un Emmy Awards du second rôle féminin dans une comédie, vole la vedette à chaque apparition dans le rôle de de Mary, la RH vieille-fille au pull col roulé et à la démarche manche à balai. Génie comique vue dans le reboot-remake de Ghostbusters et Les Cerveaux, elle déclenche systématiquement les fous-rires.

Une fois n’est pas coutume, le titre français de Office Christmas Party est très bien trouvé et nullement trompeur. A la tête de l’entreprise familiale basée à Chicago, Carole (Jennifer Aniston, excellente en boss peau de vache) menace de fermer la branche dirigée par son frère fêtard Clay (T.J. Miller) et son équipe de bras-cassés qui pensent plus à s’éclater qu’à faire des bénéfices. Il n’en fallait pas plus à ce dernier pour qu’il leur fixe une ultime mission : organiser dans les bureaux une soirée de Noël totalement épique et hors-norme afin d’impressionner un de leurs plus gros clients convoités et signer un contrat qui pourrait sauver leur boulot. Mais cela va très vite dégénérer. Voilà le pitch.

Amis de la comédie américaine déjantée, Joyeux bordel ! est fait pour vous ! S’il ne révolutionne en rien le genre, le film de Josh Gordon et Will Speck porté par un casting frappadingue offre de savoureux moments de déconnade. Certes, cela ne va jamais aussi loin qu’un Projet X, mais Joyeux bordel ! contient ce petit truc grinçant sur le travail quotidien et les relations professionnelles qui empêche le film de tomber dans le tout-venant. De plus, certains gags sont vraiment bien trouvés et l’alchimie des acteurs est évidente.

Malgré un dernier acte qui part un peu dans tous les sens avec une pseudo-intrigue d’argent convoité, d’enlèvement, de logiciel informatique révolutionnaire, de poursuite en voiture, Joyeux Bordel ! s’avère un divertissement réussi, bien réalisé et mené à cent à l’heure, gentiment vulgaire et potache, toujours généreux, poilant et soucieux d’offrir aux spectateurs un interlude où ils pourront oublier les soucis du quotidien. Mission accomplie donc pour ce film qu’on aura plaisir à revoir durant les fêtes de fin d’année où il pourrait devenir comme un rituel.

LE BLU-RAY

La version longue non censurée de Joyeux bordel !est uniquement disponible en Blu-ray. Le test de l’édition HD a été effectué sur un check-disc. Le menu principal est soigné, élégant, animé sur fond d’animations et musical.

Tout d’abord, dommage que l’éditeur ne propose pas le commentaire audio de Josh Gordon et de Will Speck avec les sous-titres français. Ce supplément, uniquement dispo sur la version cinéma, ne sera destiné qu’aux plus anglophiles de nos lecteurs.

Ensuite, l’essentiel de cette interactivité repose sur les scènes inédites (9’), les scènes coupées et allongées (3’) et les scènes coupées additionnelles (8’).

La première section renferme les différentes improvisations des comédiens et des répliques alternatives. La seconde propose notamment une fin alternative plus romantique. La dernière cumule les scènes rajoutées dans le montage dit non censuré.

N’oublions pas le making of (12) traditionnel, composé des propos de toute l’équipe (acteurs, réalisateurs, producteurs) et d’images hilarantes de tournage où l’on peut voir que les comédiens se faisaient rire eux-mêmes sur le plateau durant les prises.

L’Image et le son

L’éditeur frôle la perfection avec ce master Haute Définition où la seule petite faiblesse provient d’un certain manque d’éclat de la palette colorimétrique. En dehors de cela, la profondeur de champ demeure insondable, les blancs brillants et les gros plans, tout comme les superbes panoramas sur Chicago, bénéficient d’un piqué pointu au relief impressionnant. Une fois n’est pas coutume, ce sont surtout les nombreuses séquences nocturnes qui apparaissent les plus fluides avec de belles ambiances tamisées, des noirs denses et une restitution des textures plus appliquées. C’est ce qu’on appelle un transfert élégant.

Si vous ne voulez pas vous faire arrêter pour tapage nocturne, veillez à ce que vos voisins soient partis en vacances pour profiter de l’incroyable piste anglaise DTS-HD Master Audio 7.1 qui explose littéralement les enceintes et le caisson de basses. C’est avec ce mixage que vous vous rendrez compte si votre installation tient le choc. Certes, la bande originale ne brille pas par sa finesse, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ambiance est survoltée. La première partie du film, dite calme, se concentre essentiellement sur les frontales et la délivrance des dialogues sur la centrale. Sur le papier, la piste française doit se « contenter » d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1, qui n’en demeure pas moins explosive sur les séquences de fiesta et la poursuite finale. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Amblin Partners, Bluegrass Films, DreamWorks, Reliance Entertainment / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Incarnate, réalisé par Brad Peyton

INCARNATE réalisé par Brad Peyton, disponible en DVD et Blu-ray le 26 avril 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Aaron Eckhart, Carice van Houten, Catalina Sandino Moreno, David Mazouz, Keir O’Donnell, Matt Nable

Scénario : Ronnie Christensen

Photographie : Dana Gonzales

Musique : Andrew Lockington

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lindsay, mère célibataire, est le témoin de très inquiétants phénomènes entourant son fils de 11 ans Cameron. Persuadée qu’il s’agit d’un cas de possession démoniaque, Lindsay et une envoyée du Vatican font appel au scientifique Seth Ember pour s’en débarrasser. Cloué dans une chaise roulante après la disparition tragique de sa famille, il est capable de s’introduire dans le subconscient de la personne possédée. En pénétrant celui du jeune Cameron, Ember se retrouve confronté à un démon de son passé…

Agé d’à peine 50 ans, Jason Blum a déjà produit plus de 115 films en passant allègrement d’un genre à l’autre comme à la bonne époque de la Cannon, du petit film de genre fauché au film indépendant. S’il a commencé sa carrière en 1995, c’est en 2009 que Blumhouse Productions prend son envol avec le triomphe inattendu de Paranormal Activity. Produit pour 13.500 dollars, le film en rapporte près de 200 millions dans le monde ! Depuis, Jason Blum n’aura de cesse de reprendre la même recette. Un budget souvent dérisoire, la plupart du temps autour de 5 millions de dollars, afin de maximiser le retour de billets verts à travers le monde, tout en créant des franchises avec des épisodes récurrents tombant à point nommé pour Halloween. A côté des cinq épisodes Paranormal Activity, Jason Blum a également produit en vrac The Reader de Stephen Daldry (Oscar de la meilleure actrice pour Kate Winslet), les deux Sinister, la trilogie Insidious, Des hommes sans loi de John Hillcoat, The Lords of Salem de Rob Zombie, The Bay de Barry Levinson, Whiplash de Damien Chazelle, la trilogie American Nightmare, The Green Inferno d’Eli Roth, sans oublier The Visit et Split de M. Night Shyamalan ! Si Jason Blum a de la suite dans les idées, dans tous les sens du terme avec un quatrième épisode pour American Nightmare et Insidious, le producteur prolifique et inclassable a su également attirer des acteurs de renom dans ses derniers films. L’un des derniers en date est Incarnate.

A la barre de ce petit film d’épouvante au budget modeste, on trouve le réalisateur Brad Peyton, un « faiseur » honnête qui compte quelques succès commerciaux à son actif comme les sympathiques Comme chiens et chats: La revanche de Kitty Galore, Voyage au centre de la Terre 2: L’île mystérieuse et dernièrement San Andreas avec Dwayne Johnson et Alexandra Daddario. Il bénéficie également de têtes d’affiche prestigieuses avec Aaron Eckhart, Carice van Houten et Catalina Sandino Moreno. Malheureusement, le scénario est signé Ronnie Christensen, coupable de grosses séries B, ou plutôt de séries Z du style Instinct mortel – Menace terroriste, Le Mur du secret avec Nicole Eggert, le très mauvais Les Passagers de Rodrigo García avec Anne Hathaway et Patrick Wilson ou le « fameux » Dark Tide avec Halle Berry et Olivier Martinez. Le scénariste ne se gêne pas pour piller ses idées à droite à gauche, sur Constantine de Francis Lawrence, Inception de Christopher Nolan, qui s’était déjà bien servi sur Le Monde sur le fil de Fassbinder, mais aussi directement dans les productions Bloom, notamment Insidious.

Rien, absolument rien ne fonctionne dans Incarnate, thriller horrifique de bas étage, resucée sans imagination de tous les films de genre sortis depuis plus de dix ans. Aaron Eckhart semble être le seul à croire à cette sempiternelle histoire de gamin possédé par un être diabolique. Son personnage Seth Ember est cloué dans une chaise roulante suite à la mort de sa famille. Scientifique aidé par deux comparses, il est appelé par le Vatican pour exorciser un petit garçon. Le docteur est un « Incarné », capable de s’introduire dans le subconscient des personnes possédées pour chasser leurs démons. Il découvre que l’enfant (David Mazouz, le jeune Bruce Wayne de la série Gotham) qu’il doit exorciser est habité par le démon (qu’il doit « expulser ») responsable de la mort de sa femme et de son enfant quelques années auparavant. L’affaire devient alors personnelle et Ember est cette fois prêt à y laisser sa vie pour ramener le garçon à la raison, mais surtout à chasser et tuer définitivement l’entité maléfique.

Sur la forme, Incarnate est correct. Le film – tourné en trois semaines – se passe principalement de nuit, la photographie de Dana Gonzales (les séries Legion et Fargo) est soignée et la mise en scène passe-partout est correcte, même si Peyton ne fait rien pour insuffler du suspense ou une réelle tension. Ce qui coince c’est au niveau du scénario qui cumule les poncifs du genre, tout est usé et archi-usé, prévisible, sans aucune surprise, y compris le twist final qui peut même se deviner dès le début du film. La talentueuse et divine Carice van Houten n’a rien à défendre dans le rôle de la mère dépassée par les événements et se contente de rouler des yeux en regardant son fils assis en tailleur, en train de psalmodier, sur les images provenant des caméras de surveillance. Aaron Eckhart qui s’est fait la tronche de Sean Bean fait le boulot dans le rôle de Leonardo DiCaprio et de Keanu Reeves ce mec porté sur la bibine, mais qui reste professionnel pour entrer dans les rêves des gens, surtout qu’il y apparaît beaucoup plus classe et sur ses deux jambes. Mais cela ne sauve en rien Incarnate du marasme.

On ne sait pas si Bloom tient ici une nouvelle franchise, on espère que non, toujours est-il qu’il semble désormais pourvu lui aussi du désormais célèbre générateur de scénarios aléatoires de Luc Besson version Mozinor.

LE BLU-RAY

Incarnate est un DTV disponible chez Wild Side Video. Le test du Blu-ray a été effectué à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’interactivité ne va pas aider à relever le niveau du film puisque l’éditeur ne fournit qu’un lot de bandes-annonces et les credits du disque.

L’Image et le son

Comme pour ses sorties traditionnelles, Wild Side Video soigne autant le transfert de ce Direct-to-Video qu’un blockbuster. Ce master HD (1080p, AVC) d’Incarnate ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les très nombreuses scènes sombres et la belle photographie de Dana Gonzales marquée par des teintes alliant le chaud et le froid est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets étonnants qui vous feront sursauter. Le caisson de basses se mêle également à la partie, notamment lors de l’affrontement final. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue impossible à la volée.

Crédits images : © Wild Side / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Capitaine Mystère, réalisé par Douglas Sirk

CAPITAINE MYSTÈRE (Captain Lightfoot) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Rock Hudson, Barbara Rush, Jeff Morrow, Kathleen Ryan, Finlay Currie, Denis O’Dea

Scénario : W.R. Burnett, Oscar Brodney, d’après le roman de W.R. Burnett « Le Capitaine Lightfoot » (Captain Lightfoot)

Photographie : Irving Glassberg

Musique : Heinz Roemheld, Herman Stein

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

En Irlande en 1815, Michael Martin est un jeune révolutionnaire détroussant les riches pour financer la révolution. Se sachant poursuivi par les dragons du roi, il doit fuir vers Dublin. Il y rencontre le capitaine Thunderbolt, un rebelle qui en fait son second. Le capitaine Mystère est né, l’aventure peut commencer.

Réalisé entre Le Signe du païen (1954) et Tout ce que le ciel permet (1955), Capitaine Mystère est un film à part dans l’oeuvre de Douglas Sirk, puisqu’il s’agit d’un vrai film d’aventures. Atypique, Captain Lightfoot démontre que Sirk n’était pas «  seulement  » le roi du mélodrame hollywoodien, comme l’avaient d’ailleurs prouvé ses fantastiques comédies (Qui donc a vu ma belle ?, No Room for the Groom), son drame-policier Tempête sur la colline, le péplum Le Signe du païen ou encore le western Taza, fils de Cochise. Sur un scénario coécrit par Oscar Brodney (Harvey) et W.R. Burnett d’après son propre roman, Douglas Sirk se prend au jeu et livre un petit film de genre bien troussé, même s’il demeure complètement mineur et anecdotique dans la carrière américaine du cinéaste allemand.

Au milieu du XIXe siècle, au plus fort de la lutte qui oppose les Irlandais aux Anglais, Michael Martin rejoint John Doherty, le chef des partisans irlandais, et devient son second. Doherty exploite une maison de jeu dont les revenus lui permettent de financer le mouvement de résistance qu’il dirige. Un jour, blessé, Doherty laisse le commandement à Martin et se cache dans une roulotte pour y attendre sa guérison. Martin se heurte alors à Aga, fille de Doherty, dont le caractère autoritaire et indiscipliné risque de mettre l’organisation en péril. Heureusement, l’amour, qui ne tarde pas à les réconcilier, va arranger les choses. Pour la quatrième fois, Douglas Sirk confie le rôle principal à son ami et fidèle collaborateur Rock Hudson, qui entre deux mélodrames s’offre une récréation. Le costume lui va évidemment comme un gant et le comédien est aussi charismatique que bondissant et élégant. Il prend visiblement beaucoup de plaisir à incarner ce Michael Martin, sorte de Robin des Bois irlandais maladroit devenu membre d’un groupe révolutionnaire irlandais. Le charme de Barbara Rush (Le Secret magnifique) et l’alchimie avec son partenaire font également le sel de cette oeuvre de commande.

Capitaine Mystère demeure un divertissement agréable, mais s’avère plus intéressant dans la forme que sur le fond. L’ensemble manque de fougue et de rythme (malgré ses 93 minutes), tandis que le cocktail aventures, humour, récit d’apprentissage et romance peine à trouver un équilibre. Ce qui importe vraiment dans Capitaine Mystère est le soin apporté aux costumes (de Bill Thomas), au Cinémascope et à la photographie chatoyante (Irving Glassberg), sans oublier les magnifiques décors naturels irlandais où le film a été tourné dans son intégralité, malgré une météo désastreuse. Capitaine Mystère n’a jamais la prétention de s’élever au rang de chef d’oeuvre et Douglas Sirk lui-même semble prendre un peu de repos derrière la caméra, malgré la présence des reflets dans les miroirs qui font sa marque de fabrique.

Finalement, ce que le réalisateur réussit le mieux, ce sont scènes intimistes qui s’immiscent entre deux séquences plus agitées, l’attaque d’un château ou un duel au pistolet. L’ambiance est légère, drôle (la scène de la fessée héritée de L’Homme tranquille de John Ford reste très célèbre), ironique et le film ne se prend pas au sérieux. Autant dire que les cinéphiles adeptes du cinéma de Douglas Sirk risquent d’être quelque peu décontenancés par ce jalon placé au milieu des merveilleux mélodrames qui ont fait la renommée du metteur en scène.

LE BLU-RAY

Capitaine Mystère est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation très complète de Capitaine Mystère par Jean-Pierre Dionnet (11’). Ce dernier ne manque pas d’arguments pour défendre ce film qu’il affectionne tout particulièrement. Toujours très inspiré quand il parle de Douglas Sirk, Dionnet évoque les lieux de tournage, le rapport du réalisateur avec l’Irlande, les thèmes, le casting, la légende de Lightfoot, le romancier W.R. Burnett.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Même si cela ne se voit pas particulièrement à l’image (même si le ciel est parfois très lourd), Capitaine Mystère a été tourné sous un climat pluvieux et maussade. Le crachin irlandais a amené Douglas Sirk à utiliser le Technicolor. Les couleurs sont vives voire souvent pastel, pour ne pas dire délavées. Le master HD a beau être impeccablement restauré, le grain est accentué sur les fondus enchaînés et certains effets de pompage n’ont pu être corrigés. Le Blu-ray de Capitaine Mystère au format 1080p s’accompagne des mêmes défauts que l’ancien DVD sorti chez Carlotta en 2009, notamment au niveau des nuits américaines où les visages des comédiens manquent de détails. Les contrastes sont corrects, même si souvent trop accentués sur les scènes sombres et quelques fourmillements se font ressentir sur les arrière-plans. Maître du Cinémascope, Douglas Sirk concocte cependant des plans au relief impressionnant comme lors des poursuites ou tout simplement lors de l’exposition des paysages irlandais. L’apport HD est somme toute indéniable avec une image plus stable que le précédent DVD et quelques scènes sortent du lot à l’instar du bal.

Deux options acoustiques en Mono 2.0. La version française dispose d’un doublage d’époque assez réussi, qui ne manque pas d’entrain. La piste anglaise est néanmoins plus dynamique et aérée que son homologue. Les ambiances et la musique possèdent beaucoup plus de relief sur cette piste qu’en français.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Mean Guns, réalisé par Albert Pyun

MEAN GUNS réalisé par Albert Pyun, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Christophe Lambert, Ice-T, Michael Halsey, Deborah Van Valkenburgh, Tina Cote, Yuji Okumoto, Thom Mathews, Kimberly Warren…

Scénario : Andrew Witham

Photographie : George Mooradian

Musique : Anthony Riparetti

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Dans une prison haute technologie, le chef d’une entreprise mafieuse, le Syndicat, réunit une centaine de tueurs dans le but… de s’entretuer ! Les trois survivants pourront se partager un magot.

Pour beaucoup d’amateurs de cinéma Bis, Albert Pyun (né en 1954), est le réalisateur de Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme. Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain né à Hawaii est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires, mais une imagination débordante. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) avec Christophe(r) Lambert. Ce dernier n’a pas encore entrepris son grand chelem BeowulfFortress 2Vercingétorix, la légende du druide roi quand il retrouve Albert Puyn un an après leur précédente collaboration pour Mean Guns.

Le concept du film est très simple. Dans une prison sur le point d’être inaugurée, Vincent Moon, un parrain affublé de dents en titane (Ice-T) invite cent sbires venus des quatre coins du pays. Parmi eux, il y a Lou (Christopher Lambert) et Marcus (Michael Halsey), qui semblent avoir un contentieux à régler, Cam (Deborah Van Valkenburgh) une comptable, forcée à participer à cet étrange meeting et bien d’autres. Moon leur apprend alors qu’ils ont tous été invités afin de participer à un jeu de massacre. Ils doivent tous s’entretuer. Enfin presque tous, puisque seulement les trois derniers « participants » seront épargnés et pourront ainsi se partager la coquette somme de 10 millions de dollars. Le problème, c’est que 10 millions ne se divisent pas par trois et il se pourrait bien que tout ceci ait été organisé par vengeance. Voilà Mean Guns, pure série B tournée pour trois fois rien et en un temps record de cinq jours !

Si la plupart des spectateurs n’y verront qu’une série Z, les amateurs de Bis sauront se régaler devant ce tour de force de 110 minutes très bien rythmées, principalement constituées de gunfights généreux et décalés sur fond de musique mambo, de bastons à la batte de baseball, de dialogues rigolos et décomplexés, de tronches cadrées à la Sergio Leone, sans oublier la plastique de la sublime Tina Cote dans le rôle de Barbie, du burlesque avec le tandem Hoss et Crow (Yuji Okumoto et Thom Mathews), une touche de fantastique avec l’étrange apparition d’une petite fille. A l’instar d’un Robert Rodriguez époque El MariachiDesperado, Albert Pyun s’en tire bien derrière sa caméra agitée et livre quelques affrontements très bande dessinée, en aucun cas réalistes et donc à voir au 36e degré, à la manière du sous-estimé Shoot’Em Up de Michael Davis sorti dix ans plus tard.

Christophe Lambert s’éclate dans ce rôle de pourri et lance des punchlines toutes les trente secondes à ses partenaires, tous bien conscients de participer à un film-attraction qui n’a aucune autre prétention que de divertir. Tina Cote se la joue Nikita, vêtue en robe moulante sexy avec ses bas bien visibles et décolleté généreux. Si elle ravit évidemment les yeux et les sens, l’actrice vue (ou aperçue) dans Nemesis 2, Blast et Omega Doom du même réalisateur ou dans le mythique (pour certains) Barb Wire de David Hogan, est excellente dans le rôle de Barbie, catapultée dans ce jeu mortel sans l’avoir voulu et qui va user de ses charmes pour rester en vie. Même chose pour la comédienne Kimberly Warren dans le rôle de D, bad-ass et moulée dans un pantalon de cuir, qui annonce les personnages à la Milla Jovovich dans la franchise Resident Evil. Il y a d’ailleurs dans Mean Guns, un univers qui lorgne sur celui des jeux vidéos. Avancer, tuer, rester en vie pour aller jusqu’à « la fin du stage », devant les yeux d’un Ice-T qui en fait des tonnes (pléonasme), tandis que Christophe Lambert (qui a déjà fait sa couleur pour Beowulf) nous gratifie de quelques savoureux hin-hin-hin.

Au final, Mean Guns a beau fêter ses vingt ans, le film d’action d’Albert Pyun a vraiment bien vieilli et demeure une savoureuse démonstration de l’entertainment sans prise de tête, sans forcément de budget, mais avec des idées (y compris dans la photo métallique et le cadre large avec des objectifs anamorphiques), une volonté de bien faire avec ce qu’on a, grâce à un montage nerveux, mais compréhensible, et surtout avec des acteurs qui jouent le jeu et dont l’amusement s’avère contagieux.

LE BLU-RAY

Mean Guns est enfin disponible chez Metropolitan Vidéo. L’éditeur n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs du cinéma d’Albert Pyun – il y en a et c’est tant mieux – puisque Mean Guns est accompagné de Nemesis pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme avec les Blu-ray qui réunissaient Black Eagle – L’Arme absolue + Full Contact d’un côté et The Order + Le Grand tournoi de l’autre, deux films d’Albert Pyun se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de Nemesis suivra très prochainement. En attendant, une fois le disque inséré, un menu animé et musical nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

Pour Mean Guns, nous avons l’heureuse surprise de trouver un entretien avec Christophe Lambert (13’) donné spécialement pour cette sortie en Haute-Définition. Comme toujours très disponible, le comédien a l’air ravi de partager ses souvenirs liés au tournage de Mean Guns et même d’Adrénaline sorti l’année d’avant. Christophe Lambert dit avoir toujours été fasciné par le réalisateur Albert Pyun, capable de tourner un film de 90 minutes en 4 jours (Mean Guns a été tourné en 5 jours). « L’acteur qui coupe des têtes » (dixit le Palmashow) ne tarit pas d’éloges sur Pyun, un « grand metteur en scène » dont il loue le « talent phénoménal » et avec lequel il est « très fier d’avoir tourné ». Christophe Lambert évoque ensuite la méthode Pyun, le scénario « formidable » de Mean Guns, le fait qu’il n’ait jamais tourné une scène avec Ice-T, les décors, la photo expérimentale de George Mooradian, les références au cinéma de John Woo, lui-même très inspiré de Sergio Leone. Le comédien clôt cet entretien en déclarant que le réalisateur Albert Pyun mérite vraiment d’être reconnu et se dit prêt à foncer s’il devait le rappeler pour jouer dans un de ses films.

L’Image et le son

Le master HD de Mean Guns est au format 1080p. Présenté dans son cadre large 2.35 original, le film d’Albert Pyun est disponible dans une copie très bien restaurée et même flatteuse. Les fans du film seront ravis de revoir Mean Guns dans ces conditions avec les partis pris expérimentaux du chef opérateur George Mooradian, fidèle collaborateur du réalisateur, avec ses couleurs froides et bleues métalliques pour les scènes se déroulant à l’intérieur de la prison, des teintes plus chaudes et même saumonées pour les extérieurs (avec un piqué plus doux), sans oublier son image anamorphosée avec des bords de cadre sensiblement mais volontairement déformés. Le grain est heureusement respecté, relativement bien géré, peut-être plus prononcé sur certaines séquences (celle de la cuisine à la 52e minute), les noirs sont denses, le master est stable, propre, même si quelques points et tâches ont échappé au scalpel numérique. Dans l’ensemble, l’image HD de Mean Guns participe vraiment à la redécouverte de cette excellente série B d’action.

Deux versions au programme en ce qui concerne l’acoustique, deux pistes DTS HD Master Audio 2.0. Au jeu des comparaisons, la version française (Christophe Lambert ne se double pas lui-même malheureusement, ce qui est frustrant sur les rires) est beaucoup moins dynamique que son homologue, tant au niveau des dialogues que des fusillades. Privilégiez évidemment la version originale, même si les dialogues français valent leur pesant dans les punchlines, qui prennent d’ailleurs quelques libertés de traduction. La piste anglaise est donc beaucoup plus dynamique et restitue mieux le fracas des affrontements.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / L’Homme qui défiait l’infini, réalisé par Matt Brown

L’HOMME QUI DÉFIAIT L’INFINI (The Man Who Knew Infinity) réalisé par Matt Brown, disponible en DVD et Blu-ray le 1er mars 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Jeremy Irons, Dev Patel, Malcolm Sinclair, Raghuvir Joshi, Dhritiman Chaterji, Stephen Fry, Toby Jones

Scénario : Matt Brown, d’après le livre de Robert Kanigel, « The Man Who Knew Infinity: A Life of the Genius Ramanujan »

Photographie : Larry Smith

Musique : Coby Brown

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2015

LE FILM

Modeste fonctionnaire de l’administration indienne, Srinivasa Ramanujan décide d’écrire à Godfrey.H Hardy, l’un des plus célèbres mathématiciens de l’époque. Ce dernier, étonné par le talent spectaculaire de S.Ramanujan, décide de le faire venir en Grande-Bretagne. Il débarque à Oxford et va devoir prouver aux plus grands mathématiciens de l’histoire, la véracité de ses recherches.

L’Homme qui défiait l’infiniThe Man Who Knew Infinity est un biopic consacré au mathématicien indien Srinivâsa Aiyangâr Râmânujan (1887-1920), inspiré de la biographie écrite par Robert Kanigel. Décidément, après Un homme d’exception sur John Forbes Nash Jr. (Mathématicien et prix Nobel d’économie), Imitation Game sur Alan Turing (pionnier de l’informatique), Une merveilleuse histoire du temps sur Stephen Hawking (physicien théoricien et cosmologiste) qui a valu l’oscar du meilleur acteur à Eddie Redmayne et Seul contre tous sur Bennet Omalu (neurologue), le cinéma hollywoodien aime bien ces destins hors du commun. S’il ne révolutionnera rien au genre usé du biopic, L’Homme qui défiait l’infini se suit avec plaisir grâce au jeu des comédiens. Le rôle-titre revenait de droit à l’excellent Dev Patel, révélation en 2008 de Slumdog Millionaire de Danny Boyle, vu depuis dans les deux Indian Palace, la série The Newroom et dernièrement dans le très remarqué Lion de Garth Davis. Agé seulement de 27 ans, le jeune comédien s’en tire à merveille et s’avère bouleversant. Il est également très bien entouré puisque le grand Jeremy Irons et les formidables Toby Jones et Stephen Fry lui donnent la réplique.

La mise en scène de Matt Brown, réalisateur de London Town, un autre biopic consacré à Joe Strummer, est délicate et élégante, jamais fonctionnelle. On sent le réalisateur passionné par son sujet et soucieux de livrer aux spectateurs un bel objet de cinéma, tout en évitant de laisser l’audience sur le bas-côté en raison d’un jargon et autres discussions qui pourraient être qualifiées facilement d’hermétiques pour celles et ceux qui ne comprennent rien aux mathématiques. Ce qui importe dans L’Homme qui défiait l’infini c’est avant tout la passion des personnages pour leur spécialité, mais aussi et surtout le parcours incroyable de cet homme autodidacte, né dans une famille de brahmanes pauvres et orthodoxes, qui a appris seul les mathématiques à l’âge de 16 ans. Le film de Matt Brown se focalise sur un moment central de la vie de Râmânujan, quand ce dernier est invité en 1913 par la prestigieuse université de Cambridge en Angleterre, pour y développer de nombreuses théories mathématiques sous l’égide de son professeur Godfrey Harold Hardy. Si ce dernier croit d’abord à une supercherie et même à un canular de la part de ses confrères, Hardy doit se rendre à l’évidence et accepter le génie de ce jeune homme qui parviendra à développer moult formules mathématiques et théorèmes, tout d’abord sans démonstration. Grâce à Hardy, Râmânujan parviendra à démontrer ces célèbres formules, qui se sont toutes (ou presque) révélées exactes.

Evidemment, Matt Brown est obligé de broder autour du personnage principal et montre Râmânujan en prise avec le racisme ambiant, les moqueries, les jalousies et les brimades, à l’aube de la Première Guerre mondiale. Ayant laissé sa jeune épouse dans son pays puis cumulant les problèmes de santé pendant les privations et en raison de son régime alimentaire spécifique, Râmânujan retourne finalement en Inde à la fin des années 1910 et meurt en 1920 à l’âge de 32 ans. Il laisse derrière lui de nombreux travaux révolutionnaires non démontrés, qui continuent d’être étudiés par les plus grands scientifiques et mathématiciens du monde.

L’Homme qui défiait l’infini est au final un très bon divertissement, souvent émouvant, toujours intéressant et attachant sur un des hommes les plus fascinants et pourtant l’un des plus méconnus du XXe siècle.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Homme qui défiait l’infini, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la jolie musique du film.

L’éditeur livre le minimum syndical. Il faudra se contenter d’une rapide présentation du film par l’équipe du film (5’). Les comédiens, le réalisateur Matt Brown, le conseiller en mathématiques et producteur associé Ken Ono et les autres producteurs évoquent l’histoire et les personnages de L’Homme qui défiait l’infini, le tout entrecoupé d’extraits du film.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

M6 Vidéo frôle la perfection avec ce master HD de L’Homme qui défiait l’infini. Ce Blu-ray subjugue avec la restitution de la très belle photographie du chef opérateur Larry Smith (Bronson, Only God Forgives). Le piqué n’est jamais pris en défaut, les contrastes sont merveilleux, la profondeur de champ appréciable et la colorimétrie élégante. Le seul bémol provient de certaines séquences sombres et tamisées. La définition flanche quelque peu, les détails sont moins conséquents et la gestion des noirs est un poil plus déséquilibrée. Cela n’empêche pas que l’apport HD demeure probant et indispensable.

L’Homme qui défiait l’infini n’est pas vraiment le film avec lequel vous pourrez épater la galerie et faire une démonstration de gros son. Les versions française et anglaise sont certes proposées en DTS HD Master Audio 5.1, mais les latérales ne servent réellement qu’à instaurer quelques ambiances naturelles et à spatialiser la musique du compositeur Coby Brown. Le caisson de basses n’est pas oublié et s’avère même spectaculaire lors de la courte séquence de bombardements. Deux pistes Stéréo sont également disponibles.

Crédits images : © SND / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Vengeance, réalisé par Johnny Martin

VENGEANCE (Vengeance : A Love Story) réalisé par Johnny Martin, disponible en DVD et Blu-ray le 26 avril 2017 chez Marco Polo production

Acteurs : Nicolas Cage, Don Johnson, Deborah Kara Unger, Anna Hutchison, Emily Sandifer, Talitha Bateman

Scénario : John Mankiewicz, Scott Windhauser, d’après le roman de Joyce Carol Oates, Rape: A Love Story

Photographie : David Stragmeister

Musique : Frederik Wiedmann

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Un soir de fête nationale, après une soirée chez des amis, Teena et sa fille Bethie traversent le parc pour rentrer chez elles. Quatre hommes drogués les agressent, Bethie parvient à se cacher mais entend sa mère se faire agresser. Teena laissée pour morte, la fillette s’enfuit et croise l’inspecteur Dromoor et son coéquipier. Reconnus par Bethie, les agresseurs sont arrêtés puis jugés. Mais lors du procès, un avocat véreux, payé par la famille des malfrats, obtient leur libération en salissant la réputation de Teena. Pour Dromoor, justice n’est pas encore faite…

Lors de l’hommage qui lui était rendu au Festival du cinéma américain de Deauville en 2013, Nicolas Cage avait promis qu’on ne le reprendrait plus à jouer dans des films de seconde zone. Malheureusement, les grandes réussites de Joe et de Suspect n’étaient que la partie émergée de l’iceberg qui se profilait à l’horizon. Depuis ces deux excellents crus, le comédien qui tourne plus vite que son ombre a joué dans 18 films. Oui, c’est sans doute incroyable mais c’est vrai. Dans cette liste, nous sauverons La Sentinelle de Paul Schrader, même si le cinéaste l’a renié pour cause de différends avec le studio LionsGate, The Runner d’Austin Stark, Le Casse des frères Brewer, Dog Eat Dog également de Paul Schrader, Snowden d’Oliver Stone dans lequel le comédien fait une petite participation, USS Indianapolis de Mario Van Peebles. A l’heure où cet article est rédigé, Nicolas Cage a déjà tourné sept autres longs métrages dont cinq ne sont pas encore sortis. Autant dire que l’acteur n’a pas chômé, en raison de grands problèmes d’argent, de problèmes avec le fisc, d’un comptable véreux, d’un divorce difficile, anyway, Nicolas Cage est obligé de tourner et dans le lot, forcément, certains films s’avèrent particulièrement mauvais.

Nous ne reviendrons pas sur Tokarev et Le Chaos, qui marquent vraiment le fond du gouffre de la filmographie de Nicolas Cage, qui compte bientôt 100 films, mais malheureusement, l’oeuvre qui nous intéresse ici, Vengeance : A Love Story, rebaptisé Vengeance dans nos contrées pour sa sortie dans les bacs (sans passage par la case cinéma) est complètement anecdotique. Réalisé par un certain Johnny Martin, qui a oeuvré comme cascadeur sur plus de 160 films et en tant que responsable de la deuxième équipe (notamment sur Hell Driver, Tokarev et USS Indianapolis), Vengeance rappelle quelques films de la Cannon qui avait fait un pont d’or à Charles Bronson avec Un justicier dans la ville 2 (1982) avant les pires suites (mais merveilleux nanars) à venir. Vengeance est l’adaptation du roman de Joyce Carol Oates, Rape : A Love Story, publié en 2003 en France sous le titre Viol : une histoire d’amour.

Dans Vengeance, Nicolas Cage interprète un flic (bah voyons), veuf, fatigué, héros de sa petite bourgade, qui n’a plus que son boulot depuis que sa femme est morte. Vétéran de la Guerre du Golfe, ses exploits publiés dans les journaux sont affichés au comptoir du bar qu’il fréquente tous les soirs. Alors qu’il vient de perdre son coéquipier au cours d’une arrestation qui a mal tourné, ce flic prénommé John, rencontre Teena, une jeune femme avec qui le courant passe très bien. Mais quelque temps après, Teena est victime d’une agression par quatre mecs bourrés, qui la frappent et la violent devant les yeux de sa fille Bethie. Alors que Teena gît inconsciente, Bethie parvient à s’échapper et à prévenir la police. John arrive sur les lieux du drame. Teena s’en sort miraculeusement. De son côté, Bethie identifie les agresseurs qui sont rapidement arrêtés. Le procès démarre, les quatre désignés coupables sont défendus par un ténor du barreau, maître Jay Kirkpatrick (Don Johnson, la classe), visiblement ami du juge chargé de l’affaire. Tout est organisé pour que Teena n’obtienne pas de gain de cause. Excédé par cette parodie de justice, John décide de régler cette histoire à sa façon. Il va éliminer un par un les quatre responsables de l’agression de Teena et n’hésitera pas à violer la loi qu’il a toujours tenu à faire respecter.

Résumer ainsi Vengeance pourrait faire croire que le personnage de Nicolas Cage est omniprésent, ce qui n’est pas le cas. En réalité, le comédien fait comme qui dirait une participation et revient de manière sporadique après un début plutôt sympa et old-school. Après, l’histoire se focalise surtout sur les personnages de Teena et de sa fille Bethie, bien interprétées par Anna Hutchison (La Cabane dans les bois) et Talitha Bateman (La 5ème vague), sans oublier Deborah Kara Unger, défigurée par la chirurgie plastique, qui interprète le rôle de la mère de Teena, et qui paraît presque plus jeune que la comédienne qui joue sa fille. Nicolas Cage n’oublie de faire quelques apparitions, heureusement d’ailleurs, mais il faut vraiment attendre le dernier tiers pour le voir passer à l’action, prendre la pétoire pour jouer les justiciers, sans sourciller ni être décoiffé. Heureusement, Vengeance, écrit par John Mankiewicz, créateur de la série House of Cards, produit par Harold Becker (Mélodie pour un meurtre) n’est pas aussi mauvais que Tokarev, c’est juste que l’ensemble fait penser à un téléfilm de deuxième partie de soirée.

Nicolas Cage, longtemps pressenti pour réaliser également le film, traverse cette histoire en ayant l’air de penser au salaire qu’il touchera à la fin du tournage pour pouvoir payer ses dettes. Ce qui ne l’empêche pas de se montrer très bon dans deux ou trois scènes dramatiques, d’autant plus que son personnage s’exprime peu. Mais cela ne sauve malheureusement pas Vengeance de l’ennui.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Vengeance, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette se concentre sur Nicolas Cage et saura attirer l’oeil de ses admirateurs les plus fervents. Il y en a encore. Aucun supplément.

L’Image et le son

Ce DTV est proposé en HD dans un format 1080p. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises, malgré une luminosité plaisante et un piqué somme toute mordant et acéré. Les détails sont agréables, le rendu des visages impressionne. C’est d’ailleurs là qu’on se rend compte à quel point Nicolas Cage paraît bouffi et l’image est parfois si précise que nous parvenons à distinguer les raccords capillaires du comédien. Le codec AVC tente de consolider certains plans caméra à l’épaule, surtout sur les séquences plus agitées, avec parfois un peu de difficulté. La profondeur de champ est souvent décevante, quelques sensibles fourmillements s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief et une texture indéniables.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant et que les fans soient rassurés, Dominique Collignon-Maurin prête sa voix cette fois encore à Nicolas Cage, tout comme Patrick Poivey qui double Don Johnson. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up.

Crédits images : © Marco Polo Production / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Dog Eat Dog, réalisé par Paul Schrader

DOG EAT DOG réalisé par Paul Schrader, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Métropolitan Vidéo

Acteurs : Nicolas Cage, Willem Dafoe, Christopher Matthew Cook, Omar J. Dorsey, Louisa Krause, Melissa Bolona, Reynaldo Gallegos

Scénario : Matthew Wilder, d’après le roman d’ Edward Bunker Les Hommes de proie (Dog Eat Dog)

Photographie : Alexander Dynan

Musique : Deantoni Parks

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lorsque trois ex-détenus désespérés se voient offrir un boulot par un chef de la mafia mexicaine, ils savent qu’ils feraient mieux de refuser, mais l’appât du gain les empêche de tourner les talons.
Tout ce qu’ils ont à faire est de kidnapper l’enfant d’un homme qui cherche à mettre le chef de la mafia sur la touche. Le rapt tourne mal lorsque les ravisseurs sont forcés de tuer un intrus inattendu et aussi dangereux mort que vif.
Désormais indésirables dans le milieu, les trois ex-détenus deviennent les fugitifs les plus recherchés.
Chacun d’eux s’est juré de ne jamais retourner en prison et pour ça ils sont prêts à tout.

Même si le film était réussi et que le montage que nous avions découvert en 2015 ne nous paraissait pas « charcuté », La Sentinelle, réalisé par Paul Schrader, avec Nicolas Cage et Anton Yelchin avait été renié par le cinéaste. En octobre 2014, quelques semaines avant la sortie du film, Paul Schrader, ses deux comédiens principaux ainsi que le producteur Nicolas Winding Refn appelaient tout simplement au boycott de La Sentinelle. Pour quel motif ? Le Studio Lionsgate a purement et simplement retiré le film des mains du réalisateur, le montage original a été dénaturé du début à la fin, mis en musique et mixé sans demander l’avis de Paul Schrader. Depuis cette mésaventure, ce dernier cherchait une nouvelle histoire afin de retravailler avec Nicolas Cage, tout en bénéficiant cette foisci du final cut.

Voulant renouer avec le thriller, Paul Schrader a jeté son dévolu sur un roman du célèbre écrivain Edward Bunker, ancien taulard et plus jeune détenu de la prison de Saint Quentin aux Etats-Unis, qui s’est spécialisé dans les romans policiers. Ses oeuvres Aucune bête aussi féroce et La Bête contre les murs ont été adaptées au cinéma, le premier en 1978 par Ulu Grosbard, avec Dustin Hoffman et Theresa Russell, le second en 2000 par Steve Buscemi, avec Willem Dafoe, Edward Furlong et Danny Trejo. Dog Eat Dog est la transposition du roman éponyme, publié en France en 2000 sous le titre Les Hommes de proie. Le récit se concentre sur trois ex-détenus fauchés, Troy (Nicolas Cage), Mad Dog (Willem Dafoe) et Diesel (Christopher Matthew Cook) qui viennent de sortir de prison et qui se voient offrir un job par un chef mafieux mexicain, El Greco (Paul Schrader lui-même). Bien qu’ils sachent qu’ils devraient mieux décliner la proposition, ils cèdent à l’appât du gain. Ils doivent kidnapper l’enfant de l’homme voulant arrêter le chef de la mafia sur la touche. Mais cela tourne mal lorsqu’ils tuent quelqu’un. Ils deviennent alors les fugitifs les plus recherchés. Ils sont par ailleurs déterminés à ne jamais retourner en prison.

Nous sommes en pleine série B de luxe. Dog Eat Dog a été tourné dans le but d’oublier la mauvaise expérience de La Sentinelle et on sent Paul Schrader heureux de pouvoir faire enfin ce dont il a envie. Il faut dire qu’il est épaulé par trois acteurs en très grande forme, qui prennent visiblement beaucoup de plaisir à se donner la réplique, en particulier Willem Dafoe et Nicolas Cage, tous les deux géniaux, le premier incarnant un tueur psychopathe à la recherche d’affection, le second qui s’imagine être Bogart dans un film noir des années 1940. Le troisième larron est sans doute moins bon, mais impose sans mal son gabarit. Dog Eat Dog est l’histoire classique d’anciens criminels qui ont passé quelques années en prison, mais qui replongent immédiatement qu’ils ont mis le nez dehors. Sur cette trame usée, Paul Schrader, l’auteur de Yakuza, Taxi Driver, Obsession, American Gigolo, Raging Bull, Affliction et A tombeau ouvert, s’en sort en vieux briscard du cinéma grâce à un savoir-faire indéniable derrière la caméra et la superbe photographie du chef opérateur Alexander Dynan.

Dog Eat Dog s’ouvre sur une scène très violente qui a fait grincer des dents lors de la présentation du film au Festival de Cannes en 2016, en clôture de la Quinzaine des Réalisateurs. Après cette exposition sanglante, le film adopte un rythme de croisière ponctué de longs tunnels de dialogues à la Tarantino qui peinent à éveiller l’intérêt, de scènes agitées particulièrement jouissives jusqu’à un final onirique durant lequel Nicolas Cage adopte même le phrasé spécifique de Bogey. Nous ne vous dévoilerons évidemment pas la teneur de cet épilogue, mais cette dernière séquence vaut largement le déplacement. L’intrigue part un peu dans tous les sens et s’avère prétexte à un dernier baroud d’honneur pour nos trois tragiques Pieds Nickelés.

L’essentiel du film repose sur la véritable alchimie des comédiens, tous survoltés et prenant un pied contagieux à se balancer des vannes, notamment celle qui n’a pas laissé Cannes de marbre : Nicolas Cage : « Where’s the thing you put in the baby’s mouth? What’s it called? » Willem Dafoe « A dick ? ». Malgré cet humour noir, l’émotion et même une certaine mélancolie se dégagent également de ce thriller étrange, sombre et nocturne, qui fonctionne bien et qui mérite amplement d’être découvert.

LE BLU-RAY

A l’instar de La Sentinelle et Le Casse, Dog Eat Dog est un autre DTV avec Nicolas Cage qui arrive dans l’escarcelle de Métropolitan Vidéo. Le test de l’édition HD a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Réalisés à l’occasion de la présentation de Dog Eat Dog au Festival de Cannes en 2016, ces entretiens avec d’un côté Paul Schrader et de l’autre Nicolas Cage et Willem Dafoe s’avèrent très plaisants. Le réalisateur s’exprime sur son envie de retravailler avec Nicolas Cage, sur le roman d’Edward Bunker, sur les thèmes et références de son film. Même chose pour les deux comédiens, qui reviennent sur les personnages jusqu’à ce que le journaliste Nicolas Rioult leur donne son point de vue. Grand moment de flottement où les acteurs écoutent patiemment, Willem Dafoe avec un grand sourire sincère, Nicolas Cage qui a l’air de se demander ce qui se passe (l’éditeur a d’ailleurs placé une petite musique amusante en fond à ce moment-là). Ces interviews donnent quelques indications très intéressantes sur les conditions de tournage et les partis pris.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et les credits.

L’Image et le son

Comme pour ses sorties traditionnelles, Metropolitan soigne autant le transfert de ce Direct-to-Video qu’un blockbuster. Ce master HD de Dog Eat Dog ne déçoit pas. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier la tronche taillée à la serpe de Willem Dafoe, la clarté est de mise, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les scènes sombres et la colorimétrie marquée par des teintes ambrées est habilement restituée, tout comme les séquences tournées en N&B. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger délicatement mais sûrement dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques effets naturels. Le caisson de basses se mêle également à la partie lors de la séquence de poursuite ou lors de l’affrontement final. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. Que les amateurs de VF soient rassurés, Nicolas Cage est bien doublé par l’excellent Dominique Collignon-Maurin.

Crédits images : © LionsGate / Metropolitan / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Secret magnifique, réalisé par Douglas Sirk

LE SECRET MAGNIFIQUE (Magnificent Obsession) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Jane Wyman, Rock Hudson, Barbara Rush, Agnes Moorehead, Otto Kruger, Gregg Palmer

Scénario : Robert Blees, Wells Root, Sarah Y. Mason, Victor Heerman, d’après le roman Lloyd C. Douglas « Une merveilleuse obsession – Magnificent Obsession »

Photographie : Russell Metty

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Un jeune milliardaire arrogant, Bob Merrick, est victime d’un accident de bateau. Une équipe de secouristes s’affaire à le sauver avec un équipement qui aurait pu éviter la mort à Wayne Philips, un grand chirurgien humaniste. Pétri de remords, Merrick va se rapprocher d’Helen, la veuve éplorée du médecin, dans une quête de rédemption et d’amour.

Avec Le Secret magnifiqueMagnificent Obsession, le cinéaste allemand d’origine danoise Douglas Sirk (1897-1987), de son vrai nom Hans Detlef Sierck, devient le maître incontesté du mélodrame hollywoodien en 1954. Alors qu’il possède déjà de nombreux succès derrière lui, en Allemagne avec les drames Les Piliers de la société et Paramatta, bagne de femmes, avant qu’il ne quitte le pays suite à la montée du nazisme, puis aux Etats-Unis avec le drame aux allures de film policier Tempête sur la colline, ainsi que les deux sublimes comédies No Room for the Groom et Qui donc a vu ma belle ? et le western Taza, fils de Cochise, Le Secret magnifique marque une étape primordiale dans la carrière du réalisateur.

En 1952, Douglas Sirk fait la rencontre du comédien Rock Hudson pour Qui donc a vu ma belle ?. Les deux hommes s’entendent à merveille, à tel point que leur collaboration s’étendra sur huit films tournés entre 1952 et 1958. Le Secret magnifique est déjà leur troisième œuvre en commun. Rock Hudson, starisé grâce à Sirk, donne la réplique à Jane Wyman, couple que Sirk réunira à nouveau dans Tout ce que le ciel permet sous la houlette du studio Universal. C’est dans Le Secret magnifique que se fait la chrysalide du style Sirk, épaulé par le directeur de la photographie Russell Metty et du compositeur Frank Skinner. Même s’il ne bénéficie pas encore de la grande liberté et des moyens dont il jouira après ce film jusqu’à la fin de sa carrière hollywoodienne, Douglas Sirk signe un chef d’oeuvre inoubliable, un mélodrame poignant, extraordinairement photographié en Technicolor.

Pourtant, à l’origine, Douglas Sirk n’était pas emballé à l’idée de réaliser le remake du film éponyme de 1935 mis en scène par John M. Stahl, même s’il n’avait pas vu le film original. Le cinéaste trouvait le roman de base (publié en 1929) de l’ancien pasteur protestant Lloyd C. Douglas trop mielleux. Il finit par accepter suite aux pressions (et par contrat) du studio Universal, mais ne peut pas revoir le scénario. Pour contrecarrer ce récit rocambolesque à souhait, il s’en remet aux couleurs de Russell Metty, qui créent une ambiance onirique et qui éloignent le film de tout réalisme. Rock Hudson fait des étincelles dans le rôle de Bob Merrick, riche playboy égocentrique, cynique, insensible, excentrique et indifférent à la nature humaine qui provoque le mal autour de lui sans s’en rendre compte. Croisant le chemin du peintre Edward Randolph (Otto Kruger), homme mystique et hors du commun qui va éveiller en lui l’envie de faire le bien, Bob Merrick va tenter d’expier ses erreurs passées au nom de l’amour, qu’il va découvrir en la personne d’une femme veuve et aveugle, dont il cause involontairement la mort de l’époux dans un accident. Vous suivez ? Il deviendra chirurgien et sauvera celle qu’il aime. A ses côtés, Jane Wyman, déjà bien installée à Hollywood, nommée quatre fois aux Oscars et lauréate de la précieuse statuette dorée en 1949 pour Johnny Belinda, bouleverse les spectateurs du début à la fin. L’alchimie entre les deux comédiens est évidente.

Malgré une histoire naïve, pour ne pas dire complètement improbable et surréaliste, l’audience demeure transportée par ce drame flamboyant et d’une infinie beauté, magistralement mis en scène et interprétée (n’oublions pas Barbara Rush et Agnes Moorehead) grâce à la magie de Douglas Sirk.

LE BLU-RAY

Le Secret magnifique est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une excellente présentation du Secret magnifique par Jean-Pierre Dionnet (13’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, visiblement très inspiré et pour cause puisque Douglas Sirk est un de ses cinéastes favoris, replace ce long métrage dans la filmographie du réalisateur. Il en vient ensuite aux thèmes abordés dans Le Secret magnifique, en croisant habilement le fond avec la forme en indiquant que ce film est le catalyseur des mélodrames qui seront ensuite réalisés par Douglas Sirk. Le casting est évidemment passé au peigne fin, tout comme les fidèles collaborateurs du cinéaste, à savoir Frank Skinner à la musique et Russell Metty, directeur de la photographie.

Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Quoi de mieux que de redécouvrir les films hollywoodiens de Douglas Sirk dans des copies entièrement remastérisées ? En effet, si le réalisateur apportait déjà un soin tout particulier aux couleurs et à la photographie de ses films, il va sans dire qu’aujourd’hui, grâce à cette splendide restauration dont bénéficie Le Secret magnifique, le film profite doublement de cette cure de jouvence. L’attention apportée à chaque détail de l’image est à couper le souffle. Le Technicolor offre une large palette de couleurs qui souligne la beauté des comédiens, des décors et des paysages (Sirk filme beaucoup en extérieur), d’un objet ou d’un vêtement porté par Rock Hudson ou Jane Wyman. La définition est irréprochable et la compression idéale. Naturellement, ce Blu-ray au format 1080p respecte le grain original, la copie est stable et quasi-immaculée, la photo légèrement diffuse de Russell Metty flatte les rétines et la clarté est indéniable. Certains effets de pompage découlent des partis pris et ne gênent évidemment en rien le visionnage.

L’éditeur met à disposition deux pistes sonores en mono 2.0. Si le doublage français d’époque est réussi, c’est au niveau de la musique et des ambiances de fond que ça coince. En effet le tout manque d’ampleur et de clarté au niveau de la composition de Frank Skinner et des effets annexes. Tout le mérite revient à la piste originale, dynamique et vivante tout du long, sans souffle, qui permet d’apprécier un excellent mixage des dialogues avec la musique, dès le générique d’ouverture.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Baccalauréat, réalisé par Cristian Mungiu

BACCALAURÉAT (Bacalaureat) réalisé par Cristian Mungiu, disponible en DVD et Blu-ray le 12 avril 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Adrian Titieni, Maria-Victoria Dragus, Rares Andrici, Lia Bugnar, Malina Manovici, Vlad Ivanov

Scénario : Cristian Mungiu

Photographie : Tudor Vladimir Panduru

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…

Pour Baccalauréat, son cinquième long métrage, le réalisateur Cristian Mungiu, révélé par 4 mois, 3 semaines, 2 jours qui lui a valu une Palme d’Or méritée en 2007, s’inspire une fois de plus de faits réels. A l’instar de son précédent film Au-delà des collines, le cinéaste souhaite à travers le drame réaliser une radiographie de la Roumanie d’aujourd’hui, toujours gangrenée par la corruption, qui tente encore de se remettre des années Ceauşescu.

Prenant comme partis pris de ne pas être catégorique dans ses jugements ni de tenter d’identifier les coupables, Cristian Mungiu livre une oeuvre tendue comme un « thriller social » et l’on pense tout du long au cinéma de Michael Haneke (notamment le fabuleux Caché), des frères Dardenne (coproducteurs du film d’ailleurs) et d’Asghar Fahradi. Comme ces derniers, Cristian Mungiu laisse au spectateur le choix de se faire sa propre opinion sur les agissements des personnages. Où est le bien ? Où est le mal ? Qui a raison ? Qui a tort ? Le réalisateur indique « Baccalauréat est une histoire sur les compromis et les principes, sur les décisions et les choix, sur l’individualisme et la solidarité mais aussi sur l’éducation, la famille et sur le vieillissement. C’est l’histoire d’un parent qui se demande ce qui est le mieux pour son enfant, si son enfant devrait être préparé à devenir un survivant dans le monde réel ou s’il devrait se battre pour être toujours honnête et changer le monde autant qu’il le peut ».

Romeo (Adrian Titieni, bouleversant), la cinquantaine, père aimant et responsable, est chirurgien. Son mariage est en crise et il fait chambre à part avec sa femme. Il a une jeune maîtresse. Mais sa seule obsession est de sauver sa fille Eliza (Maria-Victoria Dragus, vue dans Le Ruban blanc de Michael Haneke) de l’avenir peu reluisant qui s’offre à elle si elle devait faire sa vie en Roumanie. Si elle obtient une moyenne de 18 à son bac, elle pourra bénéficier d’une bourse qui lui permettra de quitter le pays pour aller étudier dans une université prestigieuse en Angleterre. Une affaire faite pour cette élève très douée. Mais la veille des examens, l’adolescente est agressée dans un chantier près de la fac. Blessée, choquée, démotivée, elle hésite alors à se présenter à la première épreuve le lendemain matin. Toutefois, Romeo est prêt à tout. Il se tourne alors vers un patient en attente d’une greffe de foie. Influent, ce dernier lui promet d’intervenir afin de corrompre le correcteur des copies. Baccalauréat repose sur une montée de tension palpable et progressive qui prend le spectateur – placé en tant que témoin – aux tripes pour ne plus le lâcher. Quelques secrets cachés éclatent au grand jour et fragilisent les relations au sein de la famille. Que faire ? Que dire ? Le ton monte, le personnage principal, Roméo, médecin réputé, dont Mungiu adopte le point de vue, se trouve constamment face à un dilemme, pris dans une spirale infernale d’entrée de jeu (une fenêtre brisée par une pierre lancée par un inconnu) et se retrouve à utiliser les armes dont il dispose pour enfreindre la loi, dans le seul but d’aider sa fille.

A travers ces conflits intérieurs, le réalisateur dresse un constat pessimiste de son pays et de la perte de confiance de ses habitants. Avec une mise en scène implacable en plans-séquences, une structure virtuose en engrenages, un scénario brillant et le jeu intense de ses merveilleux comédiens magistralement dirigés, Baccalauréat, tout comme les œuvres précédentes de Cristian Mungiu, implique le spectateur qui s’identifie immédiatement aux personnages féminins et masculins, adultes et ados, et c’est là toute la force de son cinéma. Une oeuvre captivante et saisissante sur l’amour et le libre-arbitre, justement récompensée par le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes en 2016.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Baccalauréat, disponible chez Le Pacte, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Après avoir (re)vu Baccalauréat, dirigez-vous immédiatement sur la section des suppléments qui propose un entretien fondamental entre Cristian Mungiu et Michel Ciment, directeur de la revue Positif (45’). Les deux hommes échangent en français sur la genèse du film, l’écriture du scénario (plusieurs faits divers reliés par un fil rouge), les personnages, les thèmes, les points de vue, la mise en scène, le rapport au spectateur, l’usage du son et l’absence de musique, le casting, les décors, le cadre. Tous ces sujets sont abordés longuement et de manière passionnante. Les cinéphiles amateurs de l’oeuvre de Cristian Mungiu ne devront pas manquer ce rendez-vous.

S’ensuivent deux scènes coupées (4’). La première se focalise sur Eliza qui demande à son petit ami Marius de la déposer au centre d’examens le lendemain matin. Ce dernier réagit en lui rappelant qu’elle serait amenée à quitter le pays, et donc lui aussi, si elle devait réussir son baccalauréat. Cela laisserait supposer que l’accusation de Romeo a l’égard de Marius est peut-être justifiée et que le jeune homme aurait peut-être préféré ne pas intervenir lors de l’agression en pensant que cela inciterait Eliza à rester en Roumanie. La deuxième scène montre Romeo et sa maîtresse Sonia le soir, ramenant le chien qu’ils ont percuté en voiture et qu’ils essayent de soigner. Le couple s’embrasse, mais un bruit suspect interrompt le baiser, comme si quelqu’un les observait.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p. Baccalauréat bénéficie d’un superbe traitement de faveur avec ce master HD élégant. Les contrastes sont à l’avenant, la luminosité des scènes diurnes est éclatante, le piqué acéré y compris en intérieur, les noirs sont denses, le codec AVC solide. Evidemment, la propreté est de mise, les détails foisonnent aux quatre coins du cadre, et hormis quelques saccades notables sur divers mouvements de caméra, la colorimétrie demeure agréablement naturelle, précise et classe.

Baccalauréat est disponible en versions française et roumaine DTS-HD Master Audio 5.1. Il n’y a rien à redire du point de vue dynamique et de la vivacité des dialogues. Les deux mixages sont harmonieux, même si la version originale est évidemment largement conseillée et plus naturelle, respectent l’ambiance intimiste du film, se révèlent fluide et créent un confort acoustique plaisant. Quelques ambiances et effets se font bien entendre sur les latérales, mais l’ensemble demeure anecdotique, surtout que le film se trouve totalement dépourvu de musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste roumaine et le changement de langue est verrouillé à la volée. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Le Pacte / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Le Sous-marin de l’apocalypse, réalisé par Irwin Allen

LE SOUS-MARIN DE L’APOCALYPSE (Voyage to the bottom of the sea) réalisé par Irwin Allen, disponible en DVD et Blu-ray le 4 avril 2017 chez Rimini Editions

Acteurs : Walter Pidgeon, Robert Sterling, Joan Fontaine, Peter Lorre, Barbara Eden, Frankie Avalon

Scénario : Irwin Allen, Charles Bennett

Photographie : Winton C. Hoch

Musique : Paul Sawtell, Bert Shefter

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Commandé par l’Amiral Nelson, le Sea View est un sous-marin nucléaire révolutionnaire. En plongée dans l’océan Arctique, le bâtiment est victime d’un éboulement de glace. Le retour à la surface offre un spectacle terrifiant. Victime d’un réchauffement soudain, la Terre sera bientôt impropre à toute forme de vie. Dans leur course pour sauver la planète, l’amiral et son équipage vont devoir affronter mille dangers, entre monstres marins et sous-marins ennemis.

Beaucoup de téléspectateurs connaissent la série TV Voyage au fond des mers, créée et produite par Irwin Allen (1916-1991), soit 110 épisodes réalisés de 1964 à 1968 et diffusés sur la chaine américaine ABC. Mais l’audience n’est peut-être pas au courant que cette série découle du long métrage Le Sous-marin de l’apocalypseVoyage to the bottom of the sea, réalisé par le même Irwin Allen en 1961. Grand producteur spécialisé dans les films fantastiques et d’aventures, on lui doit notamment Cette mer qui nous entoure (1952, Oscar du meilleur documentaire), Le Monde perdu (1960), Cinq semaines en ballon (1962), La Cité sous la mer (1969), qu’il a lui-même réalisé, sans oublier la série Perdus dans l’espace (1965), ainsi que les chefs d’oeuvre L’Aventure du Poséidon de Ronald Neame (1972) et La Tour infernale de John Guillermin (1974). Ce qui revient souvent dans cette filmographie c’est la fascination d’Allen pour la mer et ses secrets, ainsi que les grands spectacles directement hérités des récits de Jules Verne.

Le Sous-marin de l’apocalypse ne fait pas exception à la règle et s’avère une savoureuse relecture de Vingt mille lieues sous les mers coécrite par Irwin Allen et Charles Bennett (Les 39 marches, L’Homme qui en savait trop). Le personnage de Walter Pidgeon, génial inventeur du sous-marin, mais que ses subordonnés suspectent de tomber progressivement dans la folie, n’est pas sans rappeler celui du Capitaine Nemo. La fin du monde semble approcher à grands pas. En effet, une ceinture radioactive incandescente cerne la Terre, la menaçant d’une destruction totale et définitive. Alors que son bâtiment croise dans les eaux de l’océan Arctique, l’amiral Nelson, le commandant d’un sous-marin atomique chargé de procéder à des essais nucléaires sous les glaces du pôle Nord, apprend la terrible nouvelle. Pour lui, il n’existe qu’une seule solution : briser le cercle infernal de la ceinture de Van Allen au moyen d’un missile tiré depuis le pôle magnétique. Il fait part de son idée aux autorités de son pays, mais celles-ci tergiversent. Las d’attendre le feu vert de ses supérieurs, Nelson décide de passer à l’action. Imaginez Walter Pidgeon, Joan Fontaine et Peter Lorre en uniforme bien repassé, dos droit et regard plissé, les derniers espoirs de l’humanité sur le point d’être anéantie par un phénomène météorologique ! Tout ce beau monde, y compris Barbara Eden, Robert Sterling, Michael Ansara et même Frankie Avalon qui pousse également la chansonnette du générique d’ouverture, sont réunis dans leur sous-marin dernier cri avec sa forme de cigare argenté et ses huit hublots moulés dans son nez de verre.

Le Sous-marin de l’apocalypse est un savoureux film de science-fiction vintage, très bien fait, avec des effets spéciaux rétro qui tiennent encore bien la route (la pieuvre et le poulpe géants, les modèles réduits), tout comme l’interprétation haut de gamme et la belle photo de Winton C. Hoch, fidèle collaborateur de John Ford. Considéré comme un film catastrophe avant l’heure, Voyage to the bottom of the sea reste un formidable film d’aventure bien rythmé, aux nombreuses péripéties, doublé d’un message écolo sur le réchauffement climatique (même si la planète est finalement sauvée grâce au nucléaire) qui interpelle probablement beaucoup plus les spectateurs d’aujourd’hui que ceux de l’époque, ce qui ajoute une plus-value à ce long métrage devenu culte avec les années et qui demeure très prisé des cinéphiles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse, disponible chez Rimini Editions, repose dans boîtier classique de couleur bleue. Le visuel de la jaquette est très élégant, entre le rouge du ciel enflammé et le bleu limpide des profondeurs des océans. Le menu principal est animé sur des images du film et la chanson de Frankie Avalon « Voyage to the bottom of the sea » qui ouvre le film.

L’éditeur joint un excellent module rétrospectif sur le film, écrit et réalisé par le journaliste Alexandre Jousse (18’) et produit par l’équipe de Rimini Editions. Dans les coursives du Seaview revient habilement sur tous les aspects du Sous-marin de l’apocalypse, à travers un montage soigné et une réalisation dynamique. Les propos sont clairs et précis, parfois accompagnés d’animations 3D pour expliquer comment les prises de vues ont été effectuées avec les modèles réduits ou sous l’eau. Alexandre Jousse explore la genèse du film d’Irwin Allen, le casting, l’élaboration des décors, les effets spéciaux, aborde la carrière du cinéaste-producteur, passe en revue les références à Jules Verne et à l’actualité de l’époque, sans oublier l’accueil triomphal du film à sa sortie. Il n’oublie pas de parler de la série Voyage au fond des mers tirée du film trois ans après sa sortie, tout comme le merchandising qui a accompagné ce succès. Quelques storyboards, dessins préparatoires viennent même illustrer cette excellente présentation à ne pas manquer.

L’Image et le son

Grâce à un codec AVC de haute tenue, le Blu-ray du Sous-marin de l’apocalypse proposé au format 1080p, permet aux spectateurs de redécouvrir totalement les incroyables décors du film. Si l’on excepte quelques séquences plus douces que d’autres ou au grain plus appuyé (sur les plans de plongée sous-marine ou les projections) nous nous trouvons devant une image qui ne cesse de flatter les rétines. Issue d’une restauration solide, cette copie HD est d’une stabilité à toutes épreuves. La propreté est indéniable, les couleurs retrouvent une vraie vivacité (rouges éclatants dès le générique), le piqué est joliment acéré et les détails sont probants sur le cadre large. Certes les effets spéciaux optiques ont pris un petit coup de vieux, mais le découpage est net et sans bavure, l’ensemble est homogène et d’une indéniable élégance. Si les contrastes auraient pu être légèrement revus, revoir Le Sous-marin de l’apocalypse dans ces conditions a de quoi ravir les cinéphiles.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage LPCM 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque plus de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue se fait grâce au menu pop-up.

Crédits images : © Twentieth Century Fox / Rimini Editions / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr