Test Blu-ray / Comment claquer un million de dollars par jour, réalisé par Walter Hill

COMMENT CLAQUER UN MILLION DE DOLLARS PAR JOUR (Brewster’s Millions) réalisé par Walter Hill, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 14 décembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Richard Pryor, John Candy, Lonette McKee, Stephen Collins, Jerry Orbach, Pat Hingle, Hume Cronyn

Scénario : Herschel Weingrod, Timothy Harris d’après le roman « Brewster’s Millions » de George Barr McCutcheon

Photographie : Ric Waite

Musique : Ry Cooder

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

A New York, Montgomery Brewster apprend qu’il vient d’hériter d’un grand-oncle inconnu. Mais une clause du testament stipule que toute sa fortune, soit trois cents millions de dollars, ne lui reviendra que s’il réussit à dépenser en trente jours, trente millions de dollars. En cas d’échec, l’argent de l’héritage reviendra à Granville et Baxter, deux financiers. Brewster accepte de tenir le pari et devient incroyablement prodigue, malgré les conseils de ses amis, qui lui suggèrent de faire fructifier son bien. Grâce à ses facéties, Brewster passe de l’anonymat à la gloire. Pour atteindre son but, il se lance ensuite dans la course à la mairie de New York et incite les électeurs à ne voter pour aucun candidat…

En 1968, Walter Hill commence sa carrière en tant que réalisateur de seconde équipe sur L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison puis sur le non moins mythique Bullitt de Peter Yates. Quatre ans plus tard il signe le scénario de Guet-Apens de Sam Peckinpah, d’après le roman de Jim Thompson, qui témoigne de son attrait pour la représentation de la violence sans fioritures. Il signe sa première mise en scène en 1975, Le Bagarreur, dans lequel il dirige Charles Bronson et James Coburn. Son quatrième long métrage, Le Gang des frères James, lui permet d’aborder un nouveau genre, celui du western, à travers l’histoire du gang James-Younger et leurs célèbres attaques de trains et de banques jusqu’à la tuerie de Northfield (Minnesota). Suivent Sans retour et surtout 48 heures, son plus grand succès. Avec ce film, Walter Hill montre qu’il est évidemment à l’aise dans les scènes d’action, mais aussi dans celles de pure comédie. Après l’échec non mérité de Streets of Fire (Les Rues de feu), un de ses films les plus atypiques, le cinéaste se voit proposer Comment claquer un million de dollars par jourBrewster’s Millions, d’après le roman de George Barr McCutcheon publiée en 1902.

Le livre avait déjà fait l’objet de plusieurs adaptations. La première en 1914, coréalisée par Cecil B. DeMille, une autre en 1921 avec le célèbre Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, avant d’être à nouveau transposé en 1926 avec cette fois-ci un personnage féminin au centre de l’intrigue. Au total, sept adaptations verront le jour avant celle de Walter Hill, dont une du prolifique Allan Dwan en 1945 avec Dennis O’Keefe et encore une autre par Sidney J. Furie avec Jack Watling en 1961. Sur un scénario de Herschel Weingrod et Timothy Harris, les deux auteurs du merveilleux Un fauteuil pour deux de John Landis, Walter Hill signe une comédie percutante, menée à un train d’enfer, à la fois dans l’air du temps, tout en s’inspirant du genre qui fleurissait dans le cinéma américain dans les années 1950.

Monty Brewster, un joueur de base-ball de troisième zone jouant à Hackensack, est un jour convié à un rendez-vous dans le cabinet d’avocats Granville & Baxter à Manhattan. Il apprend que son grand-oncle fortuné Rupert Horn, qu’il ne connaissait pas, est décédé et qu’il est son seul héritier. A la clé : 300 millions de dollars ! Mais il y a une condition, une clause difficile à remplir : pour pouvoir toucher l’héritage, il doit d’abord dépenser 30 millions de dollars en 30 jours, sans rien acquérir, et sans rien dire à qui que ce soit ! Il se lance alors dans des dépenses effrénées, le faisant passer pour un fou. Le cinéaste utilise la ville de New York comme un véritable terrain de jeu où il lâche et laisse ses personnages s’agiter dans tous les sens. A la fois comédie de mœurs et burlesque, Comment claquer un million de dollars par jour découle d’Un fauteuil pour deux dans la forme, mais également dans ses thèmes qui reflètent la politique américaine reaganienne, où le billet vert est roi, où la réussite sociale prévaut sur tout le reste.

Mis en scène entre les deux mandats successifs de Ronald Reagan, Comment claquer un million de dollars par jour allie à la fois l’étude sociale toujours d’actualité (ou comment un inconnu peut devenir célèbre s’il est riche) au divertissement, la politique au buddy movie. Jusqu’alors habitué aux polars et au western, Walter Hill filme sa comédie comme un film d’action, où les punchlines remplacent les coups de feu. Pour cela, il peut faire entièrement confiance à ses deux stars, Richard Pryor, roi du stand-up alors au sommet de sa gloire au cinéma, et le formidable John Candy, devenu incontournable depuis 1941 de Steven Spielberg, The Blues Brothers de John Landis et Splash de Ron Howard. Le duo fait des étincelles et porte le film dont le rythme effréné n’a d’égal que la tchatche des deux comédiens. A ceux-ci s’ajoutent le charme de Lonette McKee, les tronches formidables de Pat Hingle et d’Hume Cronyn, l’apparition de Rick Moranis et toute une ribambelle de seconds rôles déjà vus maintes fois au cinéma et qui pourraient intégrer la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent ».

Véritable tour de force comique, ouragan de gags déjantés, averse de dialogues percutants mis en valeur par la musique de Ry Cooder et saupoudré d’une aura à la Capra, Comment claquer un million de dollars par jour ne bénéficie pas du même statut culte que d’autres comédies du même genre en France et mérite donc d’être sacrément réévalué.

LE BLU-RAY

Comment claquer un million de dollars par jour est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément en dehors de bandes-annonces originales de films disponibles dans le catalogue de l’éditeur.

L’Image et le son

L’image de la précédente édition SD sortie en 2002 chez Universal n’avait pas été restaurée et manquait cruellement d’éclat. Pour son passage inespéré en HD sous la houlette d’Elephant Films, Comment claquer un million de dollars par jour se refait une petite beauté et dès le générique, on perçoit le travail effectué puisque les tâches qui émaillaient les credits ont ici purement et simplement disparu. L’ensemble est plus riche et lumineux, la netteté plus évidente, la gestion du grain plus équilibrée et les fourmillements stabilisés grâce au codec AVC. La colorimétrie retrouve également une certaine vivacité qu’on ne lui connaissait pas, les costumes s’en trouvent rajeunis. Seul le piqué demeure peu pointu sur les séquences sombres et tamisées, les contrastes un peu légers et la profondeur de champ limitée.

Comment claquer un million de dollars par jour est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Mécanique de l’ombre, réalisé par Thomas Kruithof

LA MÉCANIQUE DE L’OMBRE réalisé par Thomas Kruithof, disponible en DVD et Blu-ray le 17 mai 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila, Simon Abkarian, Alba Rohrwacher, Philippe Resimont

Scénario : Thomas Kruithof, Yann Gozlan

Photographie : Alex Lamarque

Musique : Grégoire Auger

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Deux ans après un burn-out, Duval, au chômage, se voit contacter par un mystérieux employeur pour retranscrire des écoutes téléphoniques. Aux abois financièrement, il accepte sans poser de questions sur la finalité de cette organisation. Ce travail simple, s’il lui permet de reprendre pied dans sa vie, va néanmoins le placer très vite au cœur d’un complot politique et le plonger malgré lui dans le monde impitoyable des services secrets.

Comme chaque année ou presque, le nouveau François Cluzet arrive dans les salles. Et c’est un peu comme le Beaujolais nouveau. On sait quelle couleur ça a, que ça n’a jamais le goût de vin, que c’est parfois amer en bouche ou au contraire trop doux, que ça peut donner des brûlures d’estomac à force d’en abuser, mais on y goûte quand même pour voir la qualité de ce nouveau cru. C’est encore une fois pareil pour La Mécanique de l’ombre, premier long métrage de Thomas Kruithof après un court intitulé Rétention. Il y a de bonnes choses dans ce film, notamment un Denis Podalydès froid comme la glace et qu’on a rarement vu comme ça. Mais il y a aussi de mauvais points, qui finissent par peser dans la balance.

Duval sort de deux ans d’inactivité. Après une grosse dépression, l’homme s’est retrouvé au chômage, sans parvenir à sortir la tête de l’eau. Aussi, quand il est contacté par un mystérieux homme d’affaires, accepte-t-il immédiatement sa proposition : retranscrire, contre une belle rémunération, des écoutes téléphoniques. Mais Duval, qui ne s’était pas posé beaucoup de questions sur la finalité de sa mission, comprend bientôt que celle-ci le place au cœur d’un inquiétant complot politique. La Mécanique de l’ombre, c’est le croisement entre Conversation secrète de Francis Ford Coppola et l’univers de John le Carré. Ce thriller s’inspire librement de plusieurs crises ou complots, avérés ou supposés, qui ont eu lieu en France ces trente dernières années : la crise des otages du Liban dans les années 80, les carnets de Ziad Takieddine ou encore le soupçon d’instrumentalisation des services secrets à des fins politiques qui flotte dans l’actualité du pays. Sur la thématique de la paranoïa, Thomas Kruithof emprunte également aux films d’espionnage, notamment ceux dont les récits se situent durant la Guerre Froide.

Si son film est réussi sur la forme avec une photographie quasi-monochrome du chef opérateur Alex Lamarque (Sheitan, Les Seigneurs), le fond reste malheureusement creux et l’interprétation figée, neurasthénique, avec un François Cluzet complètement éteint qui murmure ses répliques. On a même parfois l’impression qu’il s’endort au milieu d’une phrase. Sami Bouajila traverse le film les mains dans les poches et la mâchoire serrée, Simon Abkarian s’en sort bien, tandis que la géniale Alba Rohrwacher ne sert à rien, tout juste de remplissage entre deux scènes où Cluzet tape à la machine à écrire ou sur sa cafetière pour faire du café, tout en gardant la même expression fermée du début à la fin, sans jamais inspirer l’empathie. Thomas Kruithof compose de jolis cadres et l’esthétique est léchée, mais pour rien. On s’ennuie, beaucoup, dès le premier acte et rien ne rattrapera le coup. On ne croit pas une seule seconde aux rebondissements ou à cette histoire d’homme ordinaire plongé malgré lui dans une histoire extraordinaire, au sein même des coulisses du pouvoir politique et des services secrets. Aucune tension, la mécanique du titre tourne à vide et a finalement raison de notre patience, surtout que le film ne va pas en s’arrangeant, jusqu’à un dénouement complètement raté. Un pétard mouillé, une camomille coupée au Lexomil.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Mécanique de l’ombre, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé, sobre et musical.

Si le film laisse perplexe, l’entretien avec le réalisateur Thomas Kruithof s’avère absolument passionnant (34’). Ce dernier ne manque pas d’arguments pour présenter et défendre son film sous tous les angles. Nous nous en étions rendu compte avant d’écouter cette interview, Conversation secrète de Francis Ford Coppola est son film de chevet. Thomas Kruithof aborde ensuite la genèse de La Mécanique de l’ombre, les thèmes du film (la lutte d’un homme contre le système), l’évolution du scénario, les références littéraires (John le Carré, Ian Fleming), le casting, le travail avec les comédiens, les partis pris (les couleurs, les décors, la photographie) et ses intentions, sans oublier la collaboration avec le compositeur Grégoire Auger. En toute honnêteté cette présentation nous donne envie de revoir le film pour, peut-être, le reconsidérer.

M6 Vidéo nous permet également de découvrir le court-métrage Rétention, réalisé par Thomas Kruithof en 2012 (15’). Un centre de rétention en France. Mathilde (Anne Azoulay) bataille chaque jour pour défendre les droits d’étrangers qui y sont enfermés. Arrive Yuri (Miglen Mirtchev), ukrainien sans papiers. Commence alors une course contre la montre pour Mathilde, qui va tenter d’empêcher son expulsion. Un film tendu, quasi-documentaire et coup de poing.

L’Image et le son

Bien que le film soit passé relativement inaperçu dans les salles, M6 Vidéo prend soin du thriller de Thomas Kruithof et livre un master HD au format 1080p, irréprochable et au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes chaudes, ambrées et dorées (les scènes dans le bar et chez Clément), puis plus monochrome et métallique le reste du temps, le tout étant soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, la colorimétrie est joliment laquée, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Un service après-vente remarquable.

Le spectateur a le choix entre les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0. Notre préférence va pour la première qui instaure un confort acoustique percutant, une spatialisation musicale convaincante et des effets latéraux probants. Les ambiances naturelles sont présentes, la balance frontale est toujours dynamique et équilibrée, et le report des voix solide. La piste stéréo est évidemment plus plate, mais riche et remarquablement équilibrée.

L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Océan Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Nemesis, réalisé par Albert Pyun

NEMESIS réalisé par Albert Pyun, disponible en DVD et Blu-ray le 21 avril 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Olivier Gruner, Tim Thomerson, Cary-Hiroyuki Tagawa, Merle Kennedy, Yuji Okumoto, Marjorie Monaghan, Nicholas Guest, Vincent Klyn, Thom Mathews

Scénario : Rebecca Charles

Photographie : George Mooradian

Musique : Michel Rubini

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1992

LE FILM

Los Angeles, 2026. Les USA et le Japon ne font plus qu’un. Une technologie avancée en cybernétique a développé la possibilité de remplacer n’importe quel morceau de corps. Alex Rain est un flic cyborg qui traque des terroristes. A moitié détruit et rafistolé après une attaque, il s’enferme dans sa solitude et quitte la police. Mais son supérieur Farnsworth le retrouve et le force à accepter une ultime mission dangereuse. En lui plaçant une bombe à retardement au coeur de son système.

Pour beaucoup d’amateurs de cinéma Bis, Albert Pyun (né en 1954), est le réalisateur de Cyborg (1989) avec Jean-Claude Van Damme. Depuis son premier long métrage, le film d’heroic-fantasy L’Epée sauvage (1982), le metteur en scène américain né à Hawaii est devenu un spécialiste du cinéma d’action tourné avec des moyens souvent dérisoires, mais une imagination débordante. On compte aujourd’hui à son palmarès plus de 50 séries B d’action et de science-fiction, parmi lesquelles Nemesis (1992) et ses suites, Kickboxeur 2 : Le Successeur (1991), un Captain America (1990) considéré comme un des pires films de tous les temps (merci la Cannon), Explosion imminente (2001) avec Steven Seagal, Tom Sizemore et Dennis Hopper ou bien encore Adrénaline (1996) et Mean Guns (1997) avec Christophe(r) Lambert.

Nemesis est assurément l’un des sommets de la carrière d’Albert Pyun. Un succès qui a engendré trois suites : Nemesis 2 : Nebula (1995), Nemesis 3 : Time Lapse (1996) et Nemesis 4 : Death Angel (1996), réalisés par Albert Pyun lui-même. Dans ce film fantastique (le genre hein), le réalisateur ne se gêne pas pour piller Terminator 2 : Le Jugement dernier de James Cameron – jusqu’à la réplique I’ll be back et même les bruitages de l’exosquelette – avec une pincée de RoboCop de Paul Verhoeven et de Blade Runner de Ridley Scott. Evidemment avec un budget largement moins conséquent, la virtuosité en moins, une gratuité effarante, mais avec une intarissable générosité afin d’offrir aux spectateurs le meilleur divertissement possible, Albert Pyun réussit son pari, à savoir livrer un spectacle bourrin et hautement réjouissant.

Drôle, souvent involontairement c’est vrai, Nemesis enchaîne les fusillades bien grasses, mais jubilatoires, les punchlines provenant d’une cour de maternelle (« T’es qu’un salopard de flic ! » « Et toi une salope de terroriste ! »), avec quelques nanas topless (sculpturale Deborah Shelton, vue dans Body Double), des courses-poursuites à la pelle, des effets spéciaux (animation en stop-motion) et des maquillages qui fleurent bon le système D, la peinture à l’eau et le plastique fondu. A tout cela s’ajoute le charisme improbable du comédien français Olivier Gruner (peu aidé par la coupe mulet dans une scène mémorable), qui pour citer Peur sur la ville joue un personnage « Rien dans la tête, tout dans les muscles ». Tout en abdos et dépourvu d’expressions faciales, l’ancien militaire avait le parfait profil pour jouer un organisme cybernétique recouvert de peau humaine qui a donc le corps d’un chippendale et la tête d’un Guerrier du Bronx. Heureusement, il est aidé par des comédiens plus solides comme Cary-Hiroyuki Tagawa (le Shang Tsung de Mortal Kombat) et Tim Thomerson (Trancers).

« En 2026 après Jésus-Christ », Cité des Anges. Le Japon et les USA ont fusionné politiquement et économiquement. Alex (Olivier Grunner donc) est un policier assassin mi-homme mi-machine, dont les membres totalement carbonisés (ça doit faire mal) ont été remplacés par des organes robotisés. Il agit pour le compte d’une version futuriste du LAPD pour exécuter plusieurs résistants dont une meneuse, Rosaria. Il tente de quitter le LAPD et devient un délinquant sans envergure effectuant des petits boulots pour la pègre. Le robot a le blues. Cependant, ses responsables refusent de le laisser libre et, dès lors qu’ils ont besoin de lui, vont le traquer. Alex est sommé d’exécuter une dernière mission consistant en l’assassinat des chefs de la résistance. Il découvre alors que les résistants ne se battent pas contre le contrôle du gouvernement sur la vie de la population, mais pour l’avenir de l’humanité. C’est beau, c’est con, mais qu’est-ce que c’est bon !

Les amateurs de science-fiction et de films à androïdes ne devront pas bouder Nemesis s’ils ne l’ont jamais vu, car Albert Pyun a beau bénéficier d’un budget très limité, le metteur en scène ne recule devant rien pour amuser son audience, quitte à tout faire péter au détriment de la sécurité de ses comédiens environnés de produits toxiques. L’histoire tourne rapidement en rond, mais nous ne sommes pas là pour ça. Avec sa photographie rouge orangée, Albert Pyun installe une atmosphère « futuriste » en allant tourner dans un terrain vague et une usine abandonnée, en plaçant des explosifs partout et en envoyant ses acteurs courir, y compris des nanas en minijupe, talons hauts et grosse pétoire à la main, où bon leur semble et tant pis s’ils se font brûler en passant le long des décors en feu, cela rajoute un réalisme bienvenu.

Nemesis, c’est entre la série B et la série Z, une série BZ décomplexée cyberpunk qui explose du début à la fin, qui bouge dans tous les sens, qui ose des choses sur le plan technique y compris des plans-séquences, qui se sert sur les succès du moment, qui digère ses références et qui les restitue dégoulinant de suc gastrique. C’est acide, pas très bon pour la santé, comme un McDo, mais on l’avale quand même, ça fait du bien sur le moment et on en demande pas plus.

LE BLU-RAY

Nemesis est enfin disponible chez Metropolitan Vidéo. L’éditeur n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs du cinéma d’Albert Pyun – il y en a et c’est tant mieux – puisque Nemesis est accompagné de Mean Guns pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme avec les Blu-ray qui réunissaient Black EagleL’Arme absolue + Full Contact d’un côté et The Order + Le Grand tournoi de l’autre, deux films d’Albert Pyun se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de Mean Guns est d’ores et déjà disponible sur notre site. Une fois le disque inséré, un menu animé et musical nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

Pour cette sortie de Nemesis en Blu-ray, l’éditeur joint un petit making of d’époque (7’), constitué de nombreuses images de tournage, du plateau, de la préparation des cascades et des explosions, mais aussi d’interviews de l’équipe (sauf Albert Pyun). Promotionnel mais rigolo, ce documentaire renvoie à l’époque avant l’avènement des images de synthèse et montre tout le travail des artisans et animateurs.

L’Image et le son

Qui dit Metropolitan dit qualité au rendez-vous. L’éditeur soigne le master HD (1080p) de Nemesis, qui était jusqu’alors inédit en DVD en France. Un lifting numérique a été effectué, avec un résultat probant. L’encodage AVC est de haute tenue et la promotion HD indéniable. Les détails sont appréciables sur le cadre large, le piqué et la clarté sont aléatoires mais plus nets sur les séquences diurnes, la colorimétrie spécifique du chef opérateur George Mooradian, fidèle collaborateur du réalisateur, retrouve une nouvelle jeunesse et les contrastes affichent une petite densité inattendue. L’ensemble est propre, stable en dehors du générique aux inévitables fourmillements, les quelques rares scories aperçues demeurent subliminales, et le grain est respecté.

Deux versions au programme en ce qui concerne l’acoustique, deux pistes DTS HD Master Audio 2.0. Au jeu des comparaisons, la version française est beaucoup moins dynamique que son homologue, tant au niveau des dialogues que des fusillades. Privilégiez évidemment la version originale, même si les dialogues français valent leur pesant dans les punchlines. La piste anglaise est donc beaucoup plus dynamique et restitue mieux le fracas des affrontements. Notons qu’en version française, une voix féminine assure la narration en parlant d’Alex à la troisième personne, alors que ce dernier est bien le narrateur en anglais.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Alliés, réalisé par Robert Zemeckis

ALLIÉS (Allied) réalisé par Robert Zemeckis, disponible en DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K le 4 avril 2017 chez Paramount Pictures

Acteurs : Brad Pitt, Marion Cotillard, Jared Harris, Lizzy Caplan, Daniel Betts, Matthew Goode, Camille Cottin, Thierry Frémont

Scénario : Steven Knight

Photographie : Don Burgess

Musique : Alan Silvestri

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Casablanca 1942.  Au service du contre-espionnage allié, l’agent Max Vatan rencontre la résistante française Marianne Beauséjour lors d’une mission à haut risque. C’est le début d’une relation passionnée. Ils se marient et entament une nouvelle vie à Londres. Quelques mois plus tard, Max est informé par les services secrets britanniques que Marianne pourrait être une espionne allemande. Il a 72 heures pour découvrir la vérité sur celle qu’il aime.

Après sa période « Cinema – Motion Capture » composée du Pôle Express, La Légende de Beowulf et du Drôle de Noël de Scrooge, Robert Zemeckis, l’un des plus grands storytellers du cinéma américain, avait fait un comeback autant apprécié par la critique que des spectateurs avec Flight (2012). Ce drame catastrophe avait été nommé deux fois aux Oscars. Même s’il était très réussi sur la forme, The Walk : Rêver plus haut, biopic sur le funambule Philippe Petit qui avait traversé les deux tours du World Trade Center en marchant sur un filin en acier, s’est en revanche soldé par un échec en ne récoltant « que » 52 millions de dollars dans le monde, pour un budget de 35 millions. Pour son retour à un spectacle plus populaire, Robert Zemeckis accepte de mettre en scène Alliés, sur un scénario écrit par Steven Knight, l’auteur des Promesses de l’ombre de David Cronenberg et lui-même metteur en scène (Crazy Joe avec Jason Statham et Locke avec Tom Hardy), un drame sur fond de guerre, d’espionnage et de paranoïa. Ayant grandi avec les récits se déroulant durant la Seconde Guerre mondiale, Robert Zemeckis y voit l’occasion de rendre un vibrant hommage au cinéma qui lui a donné la passion du 7ème art et sa vocation. Nanti d’un budget confortable de 85 millions de dollars, le cinéaste engage deux stars internationales pour porter ce projet, Brad Pitt et Marion Cotillard.

A Casablanca en 1942, l’agent Max Vatan du SOE (Special Operations Executive), service secret britannique créé par Winston Churchill et la résistante française Marianne Beauséjour font équipe lors d’une mission périlleuse. Max tombe amoureux de la jeune femme et lui propose de le suivre à Londres. Sur place, ils se marient et fondent une famille. Vatan est persuadé d’avoir trouvé le bonheur. Ses supérieurs le convoquent et l’informent que son épouse est en fait un agent double, au service des nazis. Vatan est sommé d’éliminer Marianne. Or, il ne peut croire à la culpabilité de la mère de son enfant, tente de la sonder et va tout tenter pour prouver son innocence. Le réalisateur de la trilogie Retour vers le futur, Contact, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? et autres classiques/chef d’œuvres du cinéma était le parfait candidat pour raconter cette histoire d’amour insolite, romanesque et dramatique. Devenu l’un des plus grands spécialistes du cinéma pour utiliser les effets spéciaux au profit de l’histoire qu’il raconte, Robert Zemeckis empoigne son récit avec sérieux, sans doute trop, au premier degré et livre un film souvent fascinant sur la forme, agaçant dans sa lenteur dramaturgique, irritant en raison de l’interprétation improbable de Brad Pitt, balai bien placé, yeux mi-clos et victime d’un ravalement de façade qui fige encore plus que d’habitude ses expressions faciales. Le comédien fait peine à voir, notamment quand il s’exprime dans la langue de Molière – son personnage est franco-canadien – qui s’apparente à du yaourt coupé au muesli. Faisant partie de ces acteurs « beaux gosses » qui s’avèrent beaucoup plus attachants et crédibles quand ils font les marioles, Brad Pitt, regard vide, moue boudeuse, fait pâle figure face à sa partenaire et malheureusement aucune alchimie ne se crée, ce qui est embêtant pour une histoire d’amour.

En tout point remarquable, magnétique, énigmatique, Marion Cotillard trouve un de ses meilleurs rôles à Hollywood avec The Immigrant de James Gray et Public Enemies de Michael Mann. Elle est la raison d’être du film, du début à la fin. Le 18e long métrage de Zemeckis bénéficie d’effets visuels extraordinaires, qui cloue le spectateur à son fauteuil pendant deux heures et qui se font oublier grâce à la virtuosité du réalisateur, à laquelle s’ajoutent un classicisme assumé, la beauté des décors, l’élégance des costumes, tout comme celle de la photographie du chef opérateur Don Burgess, marquée par le spectre de Casablanca de Michael Curtiz et des Enchaînés d’Alfred Hitchcock.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Alliés, disponible chez Paramount Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Paramount Pictures demeure l’un des derniers grands représentants de suppléments dignes de ce nom dans le monde de la vidéo. Comme sur de nombreux titres dont il a la charge, l’éditeur livre près d’1h10 de bonus très bien réalisés, denses, informatifs. Le cinéphile curieux aura de quoi faire à travers dix modules largement illustrés d’images de plateau, de tournage, d’interviews de l’équipe avec notamment Marion Cotillard et Lizzy Caplan, mais aussi le directeur de la photographie Don Burgess, les producteurs, le scénariste Steven Knight, la costumière Joanna Johnston, le réalisateur Robert Zemeckis, les responsables des effets visuels, l’armurier du film, le chef décorateur Gary Freeman, le compositeur Alan Silvestri et bien d’autres intervenants.

Cette section se compose donc des éléments suivants : L’histoire d’Alliés (5’13), Des plateaux au Sahara : les décors d’Alliés (10’10), À travers l’objectif : la réalisation avec Robert Zemeckis (8’49), Coudre le passé : les costumes d’Alliés (8’40), Jusqu’à ce que la mort nous sépare : Max et Marianne (5’52), Garçons et filles : la distribution (5’22), Lumière, pixels, ACTION ! Les effets visuels d’Alliés (9’33), Au volant : les véhicules d’Alliés (3’30), Feu à volonté : les armes d’Alliés (3’35), Ça swingue : la musique d’Alliés (7’06). Possibilité d’enclencher la lecture enchaînée de ces segments riches et passionnants qui dissèquent l’oeuvre de Robert Zemeckis sous toutes les coutures. Aucune trace de Brad Pitt dans les interviews, probablement trop occupé à retirer son balai bien placé.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur Paramount Pictures soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans précis, les contrastes denses et la colorimétrie reste chatoyante. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques, des décors aux costumes. Ce Blu-ray offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Robert Zemeckis, tourné avec la caméra RED «Weapon» 8K, et profiter de la très belle photographie – avec un léger grain – inspirée du Technicolor des années 1950, signée Don Burgess, immense chef-opérateur qui avait déjà collaboré avec le cinéaste sur Forrest Gump, Contact, Apparences, Seul au monde et Flight. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable et certaines séquences s’avèrent même ébouriffantes de beauté.

La version française doit se contenter d’une piste Dolby Digital 5.1 et c’est bien dommage car l’environnement acoustique est tout aussi soigné que la photographie. Heureusement, la version originale jouit d’un écrin DTS-HD Master Audio 5.1 particulièrement enivrant, immersif et riche dans les scènes agitées. La balance frontale rivalise d’effets et d’énergie avec les latérales, le caisson de basses intervient souvent et à bon escient, tandis que les dialogues demeurent toujours ardents sur la centrale. La précision est de mise tout du long. Toutes les séquences en extérieur s’accompagnent automatiquement d’ambiances naturelles, à l’instar de la scène d’amour dans la voiture plongée dans la tempête de sable. La bande-son, constamment spatialisée, est superbe.

Crédits images : © Paramount Pictures. All Rights Reserved. / Daniel Smith / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Paterson, réalisé par Jim Jarmusch

PATERSON réalisé par Jim Jarmusch, disponible en DVD et Blu-ray le 26 avril 2017 chez Le Pacte

Acteurs : Adam Driver, Golshifteh Farahani, Kara Hayward, Trevor Parham, William Jackson Harper, Frank Harts

Scénario : Jim Jarmusch

Photographie : Frederick Elmes

Musique : Jim Jarmusch, Carter Logan, Sqürl

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Paterson vit dans une ville qui porte le même nom que lui, dans l’Etat du New Jersey. La cité, qui a hébergé plusieurs écrivains, de William Carlos Williams à Allen Ginsberg, inspire également le jeune homme. Chauffeur de bus, Paterson est aussi un poète minimaliste, qui consigne tous ses textes dans un petit carnet. En dehors de cette activité, la vie de Paterson, qui boit tous les jours une bière dans le même bar avant de rentrer chez lui, est parfaitement réglée. Celle de son épouse, l’enthousiaste Laura, artiste particulièrement inventive, s’articule autour du noir et du blanc, qu’elle décline dans toutes ses créations…

Paterson aurait mérité la Palme d’Or. Voilà c’est lâché d’entrée de jeu. Le douzième long métrage de Jim Jarmusch est tellement unique, décalé, inclassable, qu’on lui décernerait d’ailleurs tous les prix. C’est un film magique, mûrit pendant vingt ans, qui agit comme une petite séance d’hypnose, qui installe un univers délicat, moelleux et tendre, teinté d’humour, bordé d’amour et débordant de poésie. Paterson (Adam Driver) vit à Paterson, New Jersey, 150.000 habitants, ville de poètes en décrépitude qui vit passer William Carlos Williams ou encore Allen Ginsberg. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura (Golshifteh Farahani), qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme, et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte jamais.

Jim Jarmusch filme le quotidien dans ce qu’il a de plus pur, de plus simple, comme les rituels du matin, 6h15, quand Paterson et Laura se réveillent doucement, caressés par les premiers rayons du soleil. Puis Paterson prend son breakfast avant d’aller travailler. Jim Jarmusch filme sa petite ville située à une trentaine de kilomètres de New York, comme isolée sous un dôme qui serait quasi-infranchissable pour son personnage principal. Il se dégage de Paterson, le film et non le personnage principal, une aura presque fantastique, à l’instar de l’omniprésence de jumeaux croisés sur le chemin du travail. Comme dans Groundhog Day, chaque jour est un éternel recommencement avec les mêmes habitudes d’un couple de jeunes trentenaires. Paterson ne s’en plaint pas, tout comme sa compagne.

S’il n’a visiblement pas l’occasion de dépasser souvent le panneau de sortie de la ville, cela n’empêche pas Paterson de s’évader à travers les mots. Ceux qu’il écoute à travers les multiples conversations dans son bus, le numéro 23, mais aussi ceux qui le hantent, ceux qui viennent à lui, ceux qui doivent être posés dans un carnet qui leur sont destinés. Paterson se réserve plusieurs moments dans la journée, ce sont les siens, faits uniquement pour lui, tandis qu’il se repose dans des lieux encore marqués par la présence du poète William Carlos Williams (1883-1963), grand représentant du modernisme et de l’imagisme, qui lui aussi exerçait une activité professionnelle en parallèle (pédiatre et médecin généraliste) à l’écriture. Dans un autre registre, mais tout aussi présent, il y a aussi le comique Lou Costello, célèbre comparse d’Abbott et dont la statue de bronze trône sur une place. Le personnage principal, magnifiquement interprété par un Adam Driver en état de grâce, n’a pas la prétention d’égaler son poète de référence, qui est d’ailleurs encore omniprésent dans la ville à travers les monuments et fêtes locales organisées, mais les mots le font avancer, accepter doucement, mais sûrement le quotidien. Ces mots exsudent dans une quasi-psalmodie, puis couchés sur le papier, avant d’être recopiés le soir devant une bière en parlant de tout et surtout de rien avec le barman.

Dans cette ville ouvrière, Jim Jarmusch, ne cherche pas le réalisme ou l’étude sociale, d’autant plus que Paterson est une ville en réalité marquée par une forte criminalité et une grande violence jamais évoquées dans le film. Ce que le réalisateur souhaite restituer, c’est cette bulle de confort souvent décriée ou mal vue du train-train, mais aussi la possibilité pour les êtres sensibles d’y trouver leur bonheur et de s’y épanouir. Paterson a donc sa petite amie Laura à ses côtés. Lumineuse, pour ne pas dire solaire, pléonasme quand on sait qu’elle est incarnée par Golshifteh Farahani, Laura déborde de projets : réaliser des cupcakes pour les vendre ensuite sur le marché, dessiner sur les rideaux (elle est décoratrice à ses heures) en noir et blanc uniquement, embrasser Paterson quand il revient du travail, gratter la tête de son chien Marvin tout en pensant peut-être à devenir une chanteuse country. Marvin n’est pas oublié et campe le troisième personnage à part entière du film. Burlesque, charismatique (oui), expressif, ce bouledogue (en réalité campé par la chienne Nellie, disparue avant la sortie du film) a lui aussi ses rituels, notamment avec le poteau de la boîte aux lettres.

Les jours s’écoulent doucement pour Paterson et Laura, ils sont heureux ensemble, on les regarde avec les yeux brillants, on se sent bien avec eux. Jim Jarmusch capture l’essence d’une ville, d’un quartier, d’une maison en particulier et de son trio de personnages ordinaires et pourtant héros de tous les jours, qui parviennent à transformer la vie courante et l’accoutumé en nouvelle aventure. Chaque lever de soleil sera accompagné de nouveaux mots, d’une nouvelle position dans le lit, des cheveux de Laura qui seront étalés différemment sur l’oreiller et dans lesquels on aimerait se noyer. L’humour, la singularité, la poésie sont présents journellement, dans les petits détails ordinaires, dans les instantanés, la pluie, les allumettes de différentes marques disposées un peu partout dans la maison, sans raison aucune, mais dont on remarque la présence, tout en s’interrogeant sur leur diversité et en louant leur beauté singulière.

Alors embarquez à bord de ce bus et laissez vous conduire par Paterson qui vous emmènera à travers les rues lumineuses de cette fable miraculeuse, qui rend le plus bel hommage qui soit aux artistes du quotidien.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Paterson, disponible chez Le Pacte, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Gros bémol de cette édition, l’absence de suppléments en dehors de la bande-annonce.

L’Image et le son

Le Blu-ray au format 1080p est édifiant sur les séquences diurnes tournées en extérieur, avec une admirable restitution des textures et un relief confondant. Même chose dans les intérieurs et les scènes sombres, avec un report des détails mais qui aurait pu être encore plus incisif et le piqué plus vif. La définition n’est évidemment pas décevante et les contrastes sont denses à souhait. La colorimétrie est également éclatante, la clarté très agréable et le cadre habilement exploité avec une brillante profondeur de champ.

Nous trouvons ici deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1, anglaise et française. Disons le d’emblée, le soutien des latérales est anecdotique pour un film de cet acabit. Les enceintes arrière servent essentiellement à spatialiser la très belle musique du film et quelques ambiances naturelles. Les dialogues et la balance frontale jouissent d’une large ouverture, et parviennent à instaurer un confort acoustique suffisant. Les sous-titres sont imposés sur la version originale. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés aux spectateurs sourds et malentendants, ainsi qu’une piste d’audiodescription DTS Digital Surround 2.0.

Crédits images : © Mary Cybulski / Le Pacte / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Cheeseburger Film Sandwich, réalisé par Joe Dante, John Landis, Peter Horton, Carl Gottlieb et Robert K. Weiss

CHEESEBURGER FILM SANDWICH (Amazon Women on the Moon) réalisé par Joe Dante, Carl Gottlieb, Peter Horton, John Landis et Robert K. Weiss, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 14 décembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Rosanna Arquette, Michelle Pfeiffer, Carrie Fisher, B.B. King, Bryan Cranston, Russ Meyer, Henry Silva, Griffin Dunne, Joe Pantoliano, Steve Guttenberg, Robert Picardo, Ed Begley Jr., Kelly Preston

Scénario : Michael Barrie, Jim Mulholland

Photographie : Daniel Pearl

Musique : Ira Newborn

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Une suite improbable de sketches surréalistes, parodies de publicités et de films à petits budgets des années 50 à 80 ; avec en toile de fond la diffusion du film « Amazon Women on the Moon », qui est sans cesse interrompue…

Dix ans après le cultissime The Kentucky Fried Movie, baptisé dans nos contrées Hamburger Film Sandwich, John Landis décide de remettre le couvert pour Amazon Women on the Moon aka Cheeseburger Film Sandwich. Cette fois, bien que les ZAZ manquent à l’appel au scénario et s’il ne s’agit en aucun cas d’une suite, John Landis n’est pas seul derrière à la barre de ce désopilant film à sketches. Joe Dante (qu’on ne présente plus), Carl Gottlieb (scénariste des Dents de la mer et de ses deux suites directes), Peter Horton (comédien inconnu en France) et Robert K. Weiss (producteur de The Blues Brothers, Police Squad et plus tard de la trilogie Y a-t-il un flic pour sauver…?) se sont relayés pour les multiples segments, ou devrait-on dire ingrédients qui composent ce « Cheeseburger » hautement recommandé.

Rien ne relie ces petites histoires courtes, burlesques et d’humour noir, si ce n’est la diffusion d’un pseudo-film de science-fiction à petit budget des années 1950. Il s’agit bien évidemment d’une parodie géniale de ce genre de séries B (voire Z) qui fleurissaient à cette époque, avec ici une Sybil Danning à se damner en reine des amazones. Bien que le film soit annoncé sans aucune interruption publicitaire, ce ne sera pas vraiment le cas puisque la copie ancienne (avec des marques du genre Gindhouse) se déchire ou brûle. À chaque reprise, le présentateur annonce une année de production différente. Le nom indiqué pour le réalisateur est « Samuel L. Bronkowitz », un nom fictif déjà utilisé à de multiples reprises par John Landis lui-même dans Hamburger Film Sandwich, alors que ce segment a été mis en scène par Robert K. Weiss.

Ces cinq cinéastes se relaient pour des sketchs, certes inégaux comme c’est souvent le cas dans ce genre de productions, mais qui n’en demeurent pas moins efficaces et franchement tordants. Certes, les scénaristes Michael Barrie et Jim Mulholland n’ont pas l’humour dévastateur ni le génie des ZAZ, mais tout de même, certains segments restent hilarants, surtout ceux réalisés par John Landis lui-même. C’est le cas du prologue intitulé Mondo Cordo, qui montre un homme (Arsenio Hall vu dans Un Prince à New York) qui doit faire face à de multiples dangers domestiques tandis qu’un inconnu l’appelle sans cesse au téléphone pour parler à une certaine Selma. Landis dirige également Michelle Pfeiffer, Griffin Dunne et Peter Horton dans le sketch Hospital, l’histoire d’une femme qui vient d’accoucher à la clinique et qui apprend avec son mari que leur bébé a été « temporairement égaré ».

Citons également en vrac (comme le film et c’est pourquoi c’est si bon) :

Pethouse Video : Taryn Steele (la sublime playmate Monique Gabrielle) nous parle de sa vie en toute simplicité, déambulant dans la rue dans le plus simple appareil.

Murray in Videoland : Murray (Lou Jacobi) découvre les joies de la télécommande… mais se retrouve bientôt lui-même prisonnier du petit écran en passant de film en film…jusqu’à ce qu’il se retrouve dans les mains de King Kong ou en charmante compagnie (encore Monique Gabrielle) dans un jacuzzi.

Hair Looming : Une publicité pour un procédé révolutionnaire de transplantation de cheveux.

Blacks Without Soul : Le véritable B.B. King participe à une publicité pour une campagne de dons visant à réintégrer dans la société des « personnes noires sans âme ».

Two I.D.’s : Jerry (Steve Guttenberg), un séducteur invétéré, espère courtiser Karen (Rosanna Arquette), mais celle-ci lui demande deux pièces d’identité et obtient, grâce à une machine révolutionnaire, le détail des précédentes conquêtes de son prétendant. Ce qui va couper court aux espoirs du malheureux.

Bullshit or not ? : Le comédien Henry Silva présente une émission télévisée enquêtant sur les grands mystères de l’humanité. Aujourd’hui, on apprend, reconstitution à l’appui, que Jack l’Eventreur était probablement le Monstre du Loch Ness !

Critic’s Corner : Dans cette émission culturelle, deux critiques cinématographiques échangent leur point de vue sur des films récents. Aujourd’hui ils présentent leur nouvelle rubrique « Real Life Reviews » dans laquelle ils critiquent la vie d’un de leurs téléspectateurs alors que celui-ci regarde le show en direct, avant de s’écrouler devant l’écran, terrassé par une crise cardiaque annoncée quelques secondes auparavant par les critiques.

Silly Paté : Une publicité pour un pâté élastique révolutionnaire qui saura égayer vos soirées entre amis.

Roast Your Loved One : Une cérémonie funèbre avec un éloge pas vraiment élogieux !

Video Pirates : Après avoir pris possession d’un navire adverse, des pirates mettent la main sur une cargaison de vidéos (et même de Laserdiscs) arrivées sur le marché de manière illégale. Les flibustiers s’esclaffent en découvrant le message d’avertissement du FBI en début de programme d’un des films piratés.

Son of the Invisible Man : La suite tant attendue de L’Homme Invisible, le classique de 1933. Sauf que le fils de l’homme invisible n’a plus tous ses esprits et n’est pas aussi invisible qu’il se l’imagine. Il déambule donc nu comme un vers au milieu des piliers de bar, visiblement habitués à cette crise de démence.

Art Sale : Le Cosmopolitan Museum of Art arrivant au terme de son bail, le musée brade toute sa collection auprès du grand public.

Titan Man : Un jeune homme sur le point de conclure avec sa petite amie (Kelly Preston) se rend dans une pharmacie pour y acheter des préservatifs en toute discrétion (du moins le pense-t-il).

Video Date : Un jeune homme, Ray (Marc McClure), cherche une vidéo pour occuper son samedi soir. Le vendeur du vidéo-club (Russ Meyer) lui propose une cassette très particulière puisque les protagonistes du film s’adressent à lui directement.

Reckless Youth : Mary Brown (Carrie Fisher) vient se confier à un docteur (Paul Bartel) qui lui diagnostique une « maladie sociale » après s’être fourvoyée avec des personnes peu recommandables.

Voilà tout le programme qui vous attend. Un film concept à la zapping extrêmement généreux (y compris en donzelles dénudées), politiquement incorrect, vraiment drôle (et encore plus en version française) et même soigné sur la forme avec des parodies très réussies dans lesquelles « lots of actors » – comme ils sont crédités au générique – s’amusent comme des gamins.

LE BLU-RAY

Cheeseburger Film Sandwich est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

La section des suppléments démarre par un bêtisier tordant, avec la regrettée Carrie Fisher, lumineuse et au sourire désarmant. C’est aussi l’occasion de voir que certains comédiens improvisaient sur le plateau en proposant certaines répliques alternatives.

L’éditeur propose également près de 20 minutes de scènes coupées. En plus d’une ouverture originale, nous trouvons surtout un sketch très sombre intitulé The Unknown Soldier, réalisé par Peter Horton, avec Ronny Cox et Robert Loggia. Durant la Seconde Guerre mondiale, des hauts gradés américains font appeler un jeune soldat et l’informent qu’ils l’ont désigné pour devenir le Soldat Inconnu. En effet, toutes les victimes ayant été identifiées et rapatriées et devant impérativement revenir au bercail avec un soldat inconnu à enterrer, le jeune soldat possède le profil rêvé puisque sans famille et sans attache. Après une cigarette et une bonne coupe de champagne, le soldat finit par se laisser convaincre par son supérieur et doit alors mettre fin à ses jours pour passer plus vite à la « postérité ». Deux autres sketches réalisés par Joe Dante, l’un qui annonce les funérailles placées sous le signe du rire et un autre à base de marionnettes française et américaine échangées (avec Dick Miller, l’acteur fétiche du cinéaste), sont également disponibles.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces, une galerie de photos et les credits.

L’Image et le son

Merci à Elephant Films de nous permettre d’ajouter Cheeseburger Film Sandwich à notre collection de Blu-ray, d’autant plus que le film était alors inédit en DVD dans nos contrées ! Pour son passage en HD grâce aux bons soins de notre pachyderme préféré, ce film à sketches se refait une petite beauté. Une fois passé le générique un peu grumeleux, on perçoit le travail de restauration effectué puisque presque les scories et poussières ont été éliminées, sauf bien sûr quand elles sont d’origine sur les pastiches. L’ensemble est plutôt riche et stable, la gestion du grain équilibrée et les fourmillements limités grâce au codec AVC. Le piqué demeure peu pointu. Les contrastes sont corrects. Certaines séquences tirent agréablement profit de cette élévation HD, à l’instar du film Amazon Women on the Moon avec ses costumes et ses décors colorés.

Trois mixages au choix en DTS-HD Master Audio 2.0 : deux versions française et la piste anglaise. Si nous pouvions vous donner un conseil, sélectionnez le doublage français original, absolument dantesque et qui ne se gêne pas pour appuyer certains gags avec une traduction parfois libre, mais toujours tordante. L’autre version française disponible est plus récente et si elle s’avère plus respectueuse des dialogues et situations, elle s’avère moins drôle et plus en retenue. La version originale s’avère plus riche et propre, mais dans les trois cas le confort acoustique est assuré.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Beignets de tomates vertes, réalisé par Jon Avnet

BEIGNETS DE TOMATES VERTES (Fried Green Tomatoes) réalisé par Jon Avnet, disponible en DVD et Blu-ray le 11 avril 2017 chez Movinside

Acteurs : Kathy Bates, Mary Stuart Masterson, Mary-Louise Parker, Jessica Tandy, Cicely Tyson, Chris O’Donnell, Grace Zabriskie

Scénario : Fannie Flagg, Carol Sobieski d’après le roman « Beignets de tomates vertes » (Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe) de Fannie Flagg

Photographie : Geoffrey Simpson

Musique : Thomas Newman

Durée : 2h10

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

De nos jours, en Alabama, Evelyn Couch, femme au foyer, mène une existence monotone jusqu’à ce qu’elle rencontre Ninny Threadgood, une vieille dame extraordinaire, qui va lui redonner goût à la vie. Celle-ci lui raconte sa jeunesse, 60 ans plus tôt, à Whistle Stop, petite bourgade du sud des Etats-Unis. L’histoire que raconte Ninny est celle de l’amitié entre deux femmes : Idgie, forte tête, véritable garçon manqué, et Ruth, douce et remarquable cuisinière. Mariée à Franck Bennett, un homme violent, Ruth finit par appeler Idgie au secours, et s’enfuit avec elle. Les deux femmes décident d’ouvrir un restaurant. Mais Bennett n’a pas dit son dernier mot…

C’est un tout petit film, tourné pour 11 millions de dollars et sorti aux Etats-Unis en janvier 1992 dans une combinaison restreinte de 5 écrans. Puis le bouche-à-oreille a fait le reste. En quatre semaines, Beignets de tomates vertes ou Fried Green Tomatoes est passé à 673 écrans, avant d’être finalement proposé dans 1331 salles. La France a dû attendre la fin septembre 1992 pour découvrir le film de Jon Avnet, alors qu’il franchissait la barre des 80 millions de dollars de recette sur le sol de l’Oncle Sam. A peine 400.000 français viendront découvrir Beignets de tomates vertes à sa sortie, mais cette chronique douce-amère est ensuite rapidement devenue culte auprès de nombreux spectateurs. Plus de 25 ans après, Fried Green Tomatoes a conservé toute son aura et n’a de cesse de faire de nouveaux adeptes.

Adapté du roman Fried Green Tomatoes at the Whistle Stop Cafe de Fannie Flag, Beignets de tomates vertes revient de loin et son adaptation a donné quelques sueurs froides au cinéaste, bien qu’il n’ait jamais pensé à abandonner ce projet qui lui tenait particulièrement à coeur, d’autant plus qu’il avait lui-même acquis les droits cinématographiques. Pour son premier long métrage, Jon Avnet s’entoure d’un casting féminin exceptionnel. Le quatuor composé de Kathy Bates (Misery) et Jessica Tandy (Miss Daisy et son chauffeur) d’un côté – toutes les deux venaient de remporter l’Oscar de la meilleure actrice – pour la partie contemporaine, et celui constitué de Mary-Louise Parker (Coups de feu sur Broadway) et Mary Stuart Masterson (Benny and Joon) pour la partie du récit se déroulant dans les années 1930, subjugue du début à la fin. « Le Secret est dans la sauce », titre québécois du film, se focalise tout d’abord sur Evelyn (Kathy Bates). Tandis qu’elle visite une tante dans sa maison de retraite, cette femme âgée d’une cinquantaine d’années fait la connaissance de Ninny (Jessica Tandy), une vieille dame encore très vive et avec qui le courant passe immédiatement. Celle-ci lui raconte sa jeunesse à Whistle Stop, une localité où, dans les années 1930, elle était amie avec Ruth (Mary-Louise Parker) et Idgie (Mary Stuart Masterson), deux jeunes femmes aux tempéraments diamétralement opposés. Opposés, mais pas moins promptes à tenir ensemble le Whistle Stop Café, un établissement qui fait du beignet de tomate verte sa grande spécialité.

Histoire(s) d’émancipation(s), Beignets de tomates vertes est un doux récit où l’écho du passé se répercute sur le présent, mais aussi et surtout une véritable histoire d’amour entre deux jeunes femmes, qui ne se dit pas dans l’Amérique des années 1930 et qui ne se vit réellement que sous la forme d’une extraordinaire et bouleversante amitié. Phénomène de librairie dès sa publication en 1987, le second livre de Fannie Flag était d’abord resté 36 semaines sur la liste des best-sellers établie par le New York Times. Sa transposition marque les débuts prometteurs de Jon Avnet, même si le réalisateur n’a jamais su ou pu confirmer par la suite en se vautrant même dans la fange hollywoodienne avec les navets Red Corner (1997), 88 minutes (2007) et La Loi et l’ordre (2008) qui marquait pourtant les retrouvailles de Robert de Niro et Al Pacino devant la caméra. Ce premier long métrage restera sans nul doute l’oeuvre de sa vie. Sa mise en scène délicate associée à un rythme lent et maîtrisé, invite les spectateurs dans des décors à la Steinbeck, à entrer dans l’intimité des souvenirs de ces femmes, Idgie, éprise de liberté et d’indépendance à l’époque de la grande dépression, Ruth, qui se libère aux côtés d’Idgie, Ninny, pétulante octogénaire et Evelyn, ménagère résignée, puis rebelle à sa condition et qui renaît grâce à Ninny.

Beignets de tomates vertes est une œuvre en état de grâce, à l’instar d’Idgie plongeant sa main dans un essaim d’abeilles afin d’en récolter le miel pour l’offrir à Ruth (scène réalisée sans doublure par Mary Stuart Masterson), ou bien encore cette promenade sur le lac avant le drame. Un film qui n’a rien perdu de son aura et de son authenticité, devant lequel on se sent bien, au chaud, rassurés, apaisés, également bercés par la musique envoûtante de Thomas Newman. Inoubliable.

LE BLU-RAY

Le superbe digibook de Beignets de tomates vertes édité par Movinside dans la collection Les Films de ma vie, renferme le Blu-ray du film. Le petit livret de 32 pages richement illustré délivre quelques notes de production signées Marc Toullec. Le menu principal de cette édition est animé et musical.

Aucun supplément vidéo.

L’Image et le son

Pour cette nouvelle édition HD de Beignets de tomates vertes, Movinside semble avoir repris le master sorti chez feu Filmedia en 2013. En dépit de légères imperfections, ce Blu-ray au format 1080p (AVC) respecte le grain original, se révèle propre et éclatant sur les scènes diurnes (les plus acérées) et les détails sont appréciables sur le cadre. La palette colorimétrique retrouve une nouvelle jeunesse (en dépit de visages un peu rosés), le relief est palpable, mais le piqué n’est pas aussi ciselé qu’espéré. En dehors de plusieurs instabilités de la définition, de couleurs sensiblement délavées (mais nettement plus convaincantes après le générique) et de légers fourmillements sur les séquences en basse lumière, les contrastes sont à l’avenant et la clarté appréciable confirment que nous sommes devant une belle édition HD, surtout pour un film tourné il y a déjà 25 ans.

La piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 spatialise la superbe partition de Thomas Newman du début à la fin et use à bon escient des basses. Des ambiances latérales ont été «  rajoutées  » pour s’aligner sur les standards actuels, sans que cela donne un aspect artificiel. Des effets naturels percent sur la scène arrière sur les très nombreuses séquences en extérieur, à l’instar des scènes d’orage, des abeilles et de l’accident de train. Si le volume des dialogues aurait mérité d’être revu à la hausse, cette option acoustique s’avère de très bonne qualité. Movinside livre également une piste française en 2.0, évidemment plus plate, mais de fort bonne facture également et au doublage de qualité.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Demain tout commence, réalisé par Hugo Gélin

DEMAIN TOUT COMMENCE réalisé par Hugo Gélin, disponible en DVD et Blu-ray le 7 avril 2017 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Omar Sy, Clémence Poésy, Antoine Bertrand, Ashley Walters, Gloria Colston, Clémentine Célarié

Scénario : Hugo Gélin, Mathieu Oullion, Jean-André Yerles d’après le film « Ni repris ni échangé » de Eugenio Derbez

Photographie : Nicolas Massart

Musique : Rob Simonsen

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables. Pour qu’elle ne soit pas triste, Samuel envoie des e-mails à sa fille en se faisant passer pour sa mère. C’est alors que celle-ci réapparaît dans leur vie…

Demain tout commence. Ce n’est pas le slogan de la campagne de notre désormais Président de la République Emmanuel Macron, mais le titre du second long métrage du jeune réalisateur Hugo Gélin. Petit-fils de Daniel Gélin et de Danièle Delorme (à qui le film est dédié), fils de Xavier Gélin (l’inoubliable garagiste du Diable par la queue), Hugo Gélin a de qui tenir et autant dire que le talent coule dans les veines de ce cinéaste né en 1980. Sorti en 2012, son premier film Comme des frères était un vrai petit bijou sur l’amitié entre trois hommes que tout séparait, l’âge, la situation sociale, la philosophie de vie. Dans Demain tout commence, on retrouve l’humour, l’énergie et la tendresse qui faisaient la réussite de son précédent film, mais le récit s’avère bien trop mécanique cette fois.

Demain tout commence est le remake de la comédie mexicaine, No se aceptan devoluciones Ni repris ni échangé (2013) réalisé par Eugenio Derbez. A l’instar d’Un homme à la hauteur de Laurent Tirard, remake d’un film argentin, le cinéma sud-américain inspire décidément la comédie française puisque certaines séquences y sont reprises plan par plan. Depuis le gigantesque succès d’Intouchables, Omar Sy enchaîne les succès français (De l’autre côté du périph, Samba, Chocolat) et les participations à de gros puddings hollywoodiens (X-Men: Days of Future Past, Inferno, Jurassic World). Dans Demain tout commence, le comédien se donne à fond dans le rôle de Samuel, adulescent qui du jour au lendemain se retrouve avec un bébé sur les bras. Cependant, malgré cette incroyable énergie qui le caractérise, Omar Sy peine à convaincre, surtout dans les scènes dramatiques. La faute à une écriture larmoyante qui enchaîne les poncifs à la soap opéra et à une direction d’acteurs décevante. Si la partie comédie est soignée, le reste ne prend pas, les acteurs en font trop et le troisième acte plus centré sur l’émotion avec la possible séparation entre le père et sa fille, ne fonctionne pas.

L’image est clinquante, mais soignée, la b.o. fait office de juke-box et la petite Glora Colston affiche un vrai tempérament de comédienne et une vraie personnalité. Mais la relation avec Omar Sy paraît forcée, avec une ardeur et une hystérie mal canalisées, comme la séquence « montage » qui montre les années qui passent. Comme des frères apparaissait beaucoup plus spontané et l’on passait du rire aux larmes sans que le cinéaste nous impose comme ici des sentiments de manière plus pesante en se reposant trop sur le naturel de ses comédiens, ainsi que sur la musique rentre-dedans du compositeur américain Rob Simonsen (500 jours ensemble, Foxcatcher). Néanmoins, saluons les belles prestations de Clémence Poésy, soleil masqué par une éclipse, qui émeut malgré le retournement de situation quelque peu ingrat à son égard dans la dernière partie, sans oublier celle de l’excellent Antoine Bertrand, comédien québécois découvert dans Starbuck et vu dernièrement dans Le Petit locataire. Les scènes de ce dernier sont les plus réussies du film et son jeu élève d’ailleurs celui d’Omar Sy avec qui le courant et la complicité sont évidents à l’écran.

Du point de vue technique, Demain tout commence est élégant, les décors sont beaux, la photo lumineuse et colorée ravit les yeux, et le tournage à Londres apporte une petite touche « exotique » peu vue dans le cinéma français. Même s’il déçoit quelque peu après un formidable premier long métrage et s’il ne retrouve pas la fraîcheur de Comme des frères, Hugo Gélin a su toucher un large public avec Demain tout commence puisque 3,3 millions de spectateurs se sont déplacés dans les salles.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Demain tout commence, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est élégant, animé et musical.

La section des suppléments contient un making of (19’) classique, mais bien fichu, constitué d’interviews de l’équipe et d’images de tournage. L’accent est mis ici sur la complicité entre Omar Sy et Gloria Colston, ainsi que sur la bonne humeur qui régnait sur le plateau.

Deux featurettes de trois minutes se focalisent sur Omar Sy d’un côté et sur Hugo Gélin de l’autre, en reprenant principalement des images et des propos du making of précédent. Du remplissage quoi.

L’interactivité se clôt sur un bêtisier très sympa (4’).

L’Image et le son

Superbe ! Ce remarquable master HD n’a de cesse de flatter les yeux avec une superbe restitution de la colorimétrie chatoyante et étincelante (des bleus étincelants) pour la partie Sud de la France, plus froide dès l’arrivée de Samuel à Londres, une luminosité de tous les instants, un piqué acéré ainsi qu’une profondeur de champ omniprésente. Les contrastes sont denses et luxuriants, les détails foisonnent et les partis pris esthétiques raffinés du chef opérateur Nicolas Massart (Comme des frères, Paris à tout prix) trouvent en Blu-ray un magnifique écrin.

On sent que le réalisateur a voulu se faire plaisir car la bande-son de Demain tout commence compile quelques tubes comme le mythique People Get Up And Drive Your Funky Soul de James Brown, le bourrin Barbra Steisand de Duck Sauce ou le Everybody’s Gotta Live d’Arthur Lee. Tous ces tubes s’enchaînent avec la musique de Rob Simonsen et profitent d’une large ouverture des enceintes frontales et latérales, sans oublier le caisson de basses qui ponctue souvent la bande originale. Cette brillante spatialisation laisse également une belle place aux ambiances naturelles et les dialogues demeurent percutants sur la centrale. Outre ce mixage DTS-HD Master Audio 5.1, les sous-titres destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Julien Panié / Vendôme – Mars / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Amants de Salzbourg, réalisé par Douglas Sirk

LES AMANTS DE SALZBOURG (Interlude) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : June Allyson, Rossano Brazzi, Marianne Koch, Françoise Rosay, Keith Andes, Frances Bergen

Scénario : Dwight Taylor, Daniel Fuchs, Franklin Coen

Photographie : William H. Daniels

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Helen Banning arrive à Munich pour travailler aux services d’information. L’organisation d’un concert lui fait rencontrer Tonio Fischer, un chef d’orchestre renommé. Bien que le docteur Morley Dwyer, un de ses compatriotes, lui fasse une cour discrète mais assidue, Helen s’éprend de Tonio, dont elle accepte les invitations et suit les concerts en coulisses…

Personne n’est parfait. Même pas Douglas Sirk ! C’est ce que l’on se dit après Les Amants de Salzbourg, réalisé en 1957 entre Les Ailes de l’espérance (Battle Hymn) et La Ronde de l’aube (1958). Avant son retour définitif en Allemagne, le cinéaste allemand d’origine danoise décide d’aller tourner son film en Europe, en Allemagne et en Autriche, plus de dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. A l’instar du Secret magnifique et plus tard de Mirage de la vie, Douglas Sirk signe le remake d’un film de John M. Stahl. Malheureusement, Les Amants de Salzbourg souffre cette fois de la comparaison avec le film original réalisé en 1939, Veillée d’amour (When Tomorrow Comes), avec le grand Charles Boyer et Irene Dunne.

Si les couleurs signées William H. Daniels (Tempête sur la colline, Harvey) sont évidemment magnifiques et stylisées, l’oeuvre de Douglas Sirk n’échappe pas cette fois-ci au côté carte-postale dès l’ouverture avec cette visite quasiment filmée en temps réel, pendant que le personnage d’Helen découvre les rues de Munich. Helen Banning quitte les Etats-Unis pour l’Allemagne dans le but de changer de vie et de métier. Elle y fait la connaissance de Tonio Fischer, un grand chef-d’orchestre qui ne la laisse pas indifférente mais qui pourrait ne pas être aussi libre qu’elle le pense. Ce qui frappe également dans Interlude, superbe titre original, c’est aussi le manque de charisme évident de son couple vedette. Si June Allyson (Les 4 filles du Dr March, La Pluie qui chante) s’en tire tout juste honorablement et à l’exception de Marianne Koch dans le rôle de Reni (le personnage le mieux écrit du film) et notre Françoise Rosay nationale, le reste du casting est décevant et jamais ce qui fait le charme des autres films de Douglas Sirk ne fonctionne ici.

Il faut bien l’avouer, le couple principal chez Sirk fait pâle figure en comparaison de celui de Veillée d’amour. De plus, la musique pour une fois pompeuse et omniprésente de Frank Skinner finit par plomber l’ensemble et malgré l’élégance de la mise en scène, le soin apporté au cadre, aux décors, à l’architecture et à la photographie, les personnages ne sont guère attachants et donc l’audience finit par s’en désintéresser. Le gros point faible des Amants de Salzbourg demeure également la prestation de Rossano Brazzi (Vulcano de William Dieterle, La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz, Vacances à Venise de David Lean) qui manque cruellement de charme, d’alchimie avec sa partenaire et sa prestation laisse fortement à désirer. Du coup, le couple se trouve déséquilibré, le personnage de Tonio Fisher est plus agaçant qu’autre chose et Douglas Sirk lui-même se repose sur des effets attendus en ne faisant que recopier certaines scènes provenant de ses précédents longs métrages.

C’est peu dire que nous restons sur notre faim, même si les récurrences thématiques sirkiennes sont présentes dans ce mélodrame, notamment la recherche du bonheur et le désir individuel contrarié par le collectif. S’il n’est évidemment pas un « ratage », Les Amants de Salzbourg (Interlude) reste une bluette bavarde, un roman-photo figé, une petite amourette glaciale anecdotique sans véritable saveur qui surprend de la part du cinéaste qui avouait alors sa faible implication dans le projet mise à part son souhait de retrouver le pays qui l’a vu grandir.

LE BLU-RAY

Les Amants de Salzbourg est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation des Amants de Salzbourg par Jean-Pierre Dionnet (9’). On le sait, ce dernier considère Douglas Sirk comme un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Ne comptez pas sur lui pour dire du mal des Amants de Salzbourg, au contraire, puisque Dionnet défend même la prestation de Rossano Brazzi. Toutefois, notre interlocuteur déclare que ce film demeure un des plus méconnus du cinéaste et que ce dernier n’était d’ailleurs pas tendre à son égard, critiquant même ouvertement la prestation de son comédien principal. C’est là où cette introduction de Dionnet est intéressante puisqu’il indique que ce qui a attiré et intéressé Douglas Sirk, c’est avant tout le tournage en Allemagne et de filmer la ville et les paysages. Les collaborateurs du réalisateur sont évoqués, tout comme le casting et les partis pris.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Les Amants de Salzbourg n’était jusqu’alors disponible qu’en DVD, édité par Carlotta Films en novembre 2008. Elephant Films prend en charge la ressortie dans les bacs du film de Douglas Sirk, y compris en Haute-Définition. Ce Blu-ray reprend peu ou prou le même master et l’apport HD demeure somme toute limité. Ce n’est pas que le transfert déçoit réellement, mais les sensibles et perfectibles problèmes de définition sont identiques. Le côté carte-postale voulu par Douglas Sirk repose sur l’utilisation du Technicolor où domine une gamme disparate de vert et de bleu pastel. Le cinémascope aidant, la profondeur de champ est très estimable mais les fourmillements altèrent l’ensemble. Le grain est présent, mais sa gestion reste aléatoire et le générique en ouverture reste plus marqué par les affres du temps. Les contrastes auraient gagné à être moins accentués sur les séquences en extérieur. La copie est propre, en dépit de points et de griffures qui n’ont pu être éradiqués. Quelques couleurs ont tendance à baver (la robe blanche de l’héroïne qui tire allègrement sur le mauve), même si ces déséquilibres chromatiques semblent d’origine. Heureusement, le visionnage ne s’en trouve pas perturbé.

Privilégiez la version originale aux sous-titres français non imposés, avec ses voix plus claires et ses effets plus nets et aérés. En français, les voix des comédiens se révèlent plus sourdes et s’accompagnent parfois de légers craquements. Dans les deux cas, la musique omniprésente est dynamique et exploite au maximum les possibilités des pistes DTS-HD Master Audio Mono. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Papa ou maman 2, réalisé par Martin Bourboulon

PAPA OU MAMAN 2 réalisé par Martin Bourboulon, disponible en DVD et Blu-ray le 12 avril 2017 chez Pathé

Acteurs : Laurent Lafitte, Marina Foïs, Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Sara Giraudeau, Michaël Abiteboul, Nicole Garcia

Scénario : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte, Marina Foïs, Laurent Lafitte, Martin Bourboulon

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Jérôme Rebotier

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Deux ans ont passé. Après avoir raté leur séparation, les Leroy semblent parfaitement réussir leur divorce. Mais l’apparition de deux nouveaux amoureux dans la vie de Vincent et de Florence va mettre le feu aux poudres. Le match entre les ex-époux reprend.

Après plus de 2,8 millions de spectateurs réunis dans les salles en 2015, réaliser une suite à Papa ou maman (Prix du Jury au Festival de l’Alpe d’Huez) était trop tentant. Un an et demi après la sortie du premier film au cinéma, Papa ou maman 2 a donc débarqué dans les salles avec le même casting et le même réalisateur à la barre. Si ce second épisode reprend quasiment les mêmes gags et le même canevas que le film précédent, Papa ou maman 2 n’en demeure pas moins très réussi, en dépit de son manque de surprises.

Redoutable comédie, coécrite par les talentueux Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière (Le Prénom, Un illustre inconnu), mais aussi par Martin Bourboulon et cette fois-ci par Marina Foïs et Laurent Lafitte qui ont pu mettre la main à la pâte, Papa ou maman 2 essaye d’aller encore plus loin dans les répliques vachardes, dans les règlements de comptes, le sarcasme et le cynisme. L’histoire commence là où elle s’était arrêtée à la fin du premier. Vincent Leroy et Florence, son ex-femme, semblent avoir tourné la page après leur séparation mouvementée. Ils ont refait leur vie chacun de leur côté (comprenez qu’ils habitent l’un en face de chez l’autre) : Vincent avec Bénédicte (délicieuse Sara Giraudeau) et Florence avec Edouard (l’excellent Jonathan Cohen). Cependant, Vincent accepte mal qu’Edouard soit beaucoup plus riche que lui. Florence, de son côté, a du mal à se réjouir à l’annonce de la grossesse de Bénédicte. Leurs enfants, qui détestent cette nouvelle situation, aimeraient que leurs parents reforment à nouveau un couple.

Derrière la caméra, Martin Bourboulon, ancien publicitaire, a fait plus de progrès, à l’instar de la première séquence tournée en plan-séquence, qui fait écho à celle du premier opus, mais en plus virtuose. Il signe un second long métrage on ne peut plus efficace, souvent très drôle, avec ce qu’il faut d’émotion pour rendre ses personnages, encore plus frappadingues que dans le premier, très attachants. Il faut dire que les deux têtes d’affiche, Marina Foïs et Laurent Lafitte ne reculent devant rien pour faire rire les spectateurs, surtout la première, aussi hilarante qu’à la bonne époque des Robin des Bois. Le duo fait toujours des étincelles, au sens propre comme au figuré et se délectent des dialogues cinglants tout comme des situations les plus grinçantes dans lesquelles sont plongés leurs personnages, prêts à tous les coups bas. A leurs côtés, les jeunes comédiens Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Achille Potier s’avèrent encore plus convaincants que dans le premier, même s’ils apparaissent cette fois en retrait.

Alors oui Papa ou maman 2 sent parfois le réchauffé et s’avère une suite opportuniste (avec un tournage qui s’est déplacé à La Réunion), c’est d’ailleurs souvent un pléonasme, mais le spectateur aurait tort de bouder son plaisir car c’est aussi et avant tout une vraie comédie dynamique et brillamment interprétée par deux comédiens épatants et irrésistibles, qui prennent un évident plaisir à se renvoyer la balle, même en pleine figure. Les quiproquos s’enchaînent sur un rythme endiablé, la bande originale est au diapason, on se marre vraiment de bout en bout.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Papa ou maman 2, disponible chez Pathé, repose dans un boitier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Là où nous trouvions un sympathique commentaire audio du réalisateur Martin Bourboulon et des deux scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, un making of de plus de 20 minutes et deux featurettes sur le Blu-ray de Papa ou maman, l’interactivité pour l’édition HD de ce second opus s’est réduite comme peau de chagrin. Certes le bêtisier (10’) est franchement très drôle et contagieux, mais à côté l’éditeur ne livre qu’un module promo de 2 minutes ! Quelques rapides images de tournage, principalement reprises du bêtisier, divers propos des comédiens (en voix-off) et débrouillez-vous avec ça !

Cette section se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pathé comble les espérances en livrant un master HD somptueux. Le piqué affiche d’emblée une précision dantesque, les contrastes sont d’une densité éblouissante et la clarté est à l’avenant. La profondeur de champ et le relief sont évidents, la colorimétrie chaude et ambrée au top, les textures sont palpables et le cadre large fourmille de détails. N’oublions pas non plus un léger grain très flatteur pour les mirettes, un codec AVC (contre VC-1 pour l’édition HD du premier volet) au mieux de sa forme et des noirs fermes. Le nec plus ultra de la Haute Définition.

Dès la première séquence de Papa ou maman 2, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une petite spatialisation soignée. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets sympathiques tandis que les ambiances naturelles des scènes en extérieur demeurent constantes. La DTS-HD Master Audio 2.0 est évidemment plus « plate » mais le spectacle acoustique est tout autant assuré. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Tibo & Anouchka / 2016 – CHAPTER 2 – PATHÉ PRODUCTION – M6 FILMS – NEXUS FACTORY – UMEDIA – FARGO FILMS  / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr