Test Blu-ray / Chacun sa vie, réalisé par Claude Lelouch

CHACUN SA VIE réalisé par Claude Lelouch, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Eric Dupond-Moretti, Johnny Hallyday, Nadia Farès, Jean Dujardin, Christophe Lambert, Antoine Duléry, Marianne Denicourt, Rufus, Gérard Darmon, Julie Ferrier, Stéphane De Groodt, Béatrice Dalle, Jean-Marie Bigard…

Scénario : Claude Lelouch, Grégoire Lacroix, Valérie Perrin, Pierre Uytterhoeven

Photographie : Robert Alazraki

Musique : Laurent Couson, Francis Lai, Dimitri Naiditch

Durée : 1h53

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Ils ne se connaissent pas, mais tous ont rendez-vous pour décider du sort d’un de leurs semblables. Avant d’être juges, avocats ou jurés, ils sont d’abord des femmes et des hommes au tournant de leurs existences, avec leurs rêves et leurs secrets, leurs espoirs et leurs limites, tous sous un même soleil, chacun avec sa part d’ombre. Dans une jolie ville de province, le temps d’un festival de jazz, la vie va jongler avec les destins…

C’est souvent dans l’ordre des choses. Après avoir fait un film relativement bon, Claude Lelouch s’évertue toujours à enchaîner avec un nouvel opus en repoussant les limites dans ce qu’il peut faire de pire. Un plus une ayant été une belle réussite, Chacun sa vie est à marquer d’une croix dans la carrière du cinéaste puisque sa comédie de mœurs s’avère complètement ratée, mais pas désagréable dans le sens où le film devient hilarant là où le cinéaste lui-même ne l’avait évidemment pas prévu. Avec près de 60 courts, longs métrages (son 46e ici) et documentaires à son actif en 60 ans de carrière, on pouvait penser que Claude Lelouch prendrait un peu de repos à presque 80 ans. C’était mal le connaître. Le metteur en scène d’Un Homme et une femme, Roman de gare, Tout ça…Pour ça ! aurait pu (dû ?) s’arrêter sur Un plus une, il serait ainsi parti sur une bonne note. Mais non. Une fois de plus il a décidé de reprendre sa caméra à l’épaule pour filmer le destin, des acteurs et des actrices plongés dans le hasard et les coïncidences, dans leurs histoires d’amour, des tranches de vie aussi grasse que des tranches de lard.

Claude Lelouch signe ses Dix Commandements et tel un Cecil B. DeMille parigot s’entoure d’un casting à faire frémir Les Cahiers du cinéma avec par ordre alphabétique : Ramzy Bedia, Samuel Benchetrit, Jean-Marie Bigard, Béatrice Dalle (Swann d’or de la meilleure actrice, si si), Gérard Darmon, Stéphane De Groodt, Vanessa Demouy, Marianne Denicourt, Jean Dujardin, Antoine Duléry, Éric Dupond-Moretti, Nadia Farès, Julie Ferrier, Liane Foly, Déborah François, Kendji Girac, Johnny Hallyday, Francis Huster, Chantal Ladesou, Christophe Lambert, Michel Leeb, Pauline Lefèvre, Philippe Lellouche, William Leymergie, David Marouani (oui de David et Jonathan), Raphaël Mezrahi, Vincent Perez, Rufus, Mathilde Seigner, Zinedine Soualem et Elsa Zylberstein. Ils sont tous là pour ce qu’ils croyaient être le meilleur, mais ce qui s’avère le pire.

Chacun sa vie prend la forme d’un film choral (comme La Belle Histoire ou Les Uns et les Autres), d’un film à sketches qui s’imbriquent continuellement à travers des séquences incroyables car constamment foirées. L’histoire ? Stéphane (De Groodt) veut divorcer de Nadia (Farès), donc ils se mettent à chanter à table comme dans un film de Jacques Demy. Samuel (Benchetrit) cherche à se réconcilier avec Jessica (Déborah François) lassée de son manque de tendresse. Malgré ses 45 ans bien tapés il enfile son jean slim et vient l’embêter à l’hôpital où elle travaille. Une prostituée (Dalle) se confie à son client (Dupond-Moretti), et lui annonce qu’elle souhaite raccrocher. Lui, veut être son dernier client. Un commissaire (Dujardin) reçoit la visite de Johnny Hallyday (Jean-Philippe Smet aka) qui porte plainte contre à un sosie qui lui cause du tort. Ou comment perdre Johnny dans un nouveau film méta. La comtesse (Zylberstein) tombe dans les bras de l’idole des jeunes et déclare aux yeux du monde que toutes les femmes rêvent de coucher avec Johnny, les yeux en pleurs, en hurlant, la morve au nez. François (Michel Leeb, toujours pas remis de son pitch sur l’art de la pizza dans Les Parisiens du même Lelouch) reçoit la visite désagréable de sa contrôleuse fiscale (Ladesou) et tente de l’acheter avec un collier d’une fortune inestimable. Nathalie (Ferrier) et Eugénie (Foly), une chanteuse, veulent se séparer, mais avec le sourire. Bon et n’oublions pas pêle-mêle Jean-Marie Bigard dans un remake de Docteur Patch qui perché sur son hoverboard raconte des histoires de cul bien graveleuses à ses patients car le rire guérit de tout, Christophe Lambert qui lampe du grand cru à plat ventre, Antoine Duléry dans un double rôle donc deux fois plus mauvais, Marianne Denicourt qui a la tête penchée quand elle est triste, Rufus et son béret de chauffeur de taxi, Gérard Darmon à poil full frontal qui frictionne un autre mec sous la douche, Julie Ferrier elle aussi dans un double rôle dont celui d’une cagole, Liane Foly (encore elle) qui chante du Johnny dans une parodie des Blues Brothers, Francis Huster qui parodie Francis Huster au premier degré, Vanessa Demouy qui taille une pipe à son compagnon Philippe Lellouche et à Raphaël Mezrahi (sans avoir de dialogues car on ne peut pas parler la bouche pleine), William Leymergie qui n’a plus de boulot et qui se reconvertit dans le cinéma après plusieurs apparitions chez…Lelouch. Tout ce petit monde va se croiser, dans une sarabande des sentiments. N’en jetez plus, c’est trop de bonheur.

Chacun sa vie est une véritable expérience cinématographique en soi. Il faut tout d’abord se farcir un discours de Dupond-Moretti sur le destin avant d’enchaîner avec le générique de huit minutes, filmé lors d’un concert de Johnny Hallyday. Huit minutes de Toute la musique que j’aime avec le chanteur sur scène donc, mais également un sosie de Johnny (incarné par l’idole des jeunes lui-même), qui entonne les paroles sans les savoir. Et ce n’est que le début, chaque séquence du film, chaque histoire – nous n’avons pas compté, mais il doit y en avoir treize connaissant le cinéaste – instaure un vrai malaise. Malaise devant le jeu souvent éhonté des comédiens, la palme revenant sans conteste à Elsa Zylberstein dans une séquence où son personnage doit témoigner devant la barre pour avoir succombé au charme de Johnny. Malaise aussi devant les dialogues venus d’un autre temps, d’un autre univers peut-être. Un amoncellement de phrases toutes faites, de slogans publicitaires pour la Foir’Fouille ou d’un club de rencontres pour le troisième âge, déclamées avec une fausse spontanéité. Même les jeunes sont montrés comme des vieux cons dans Chacun sa vie.

Malaise encore durant cette séquence où Philippe Lellouche se fait faire une petite gâterie par sa (véritable) compagne Vanessa Demouy, alors qu’il est au volant de sa belle voiture de sport sur une route de campagne. Quand soudain deux motards l’arrêtent, Raphaël Mezrahi et David de David et Jonathan. Afin de ne pas être verbalisé, Lellouche propose aux deux gendarmes de passer un peu de temps avec sa copine. Mezrahi accepte et s’installe au volant, les deux autres s’éloignent. Tandis que Lellouche dit à l’autre gendarme « attendez un peu, ça va être votre tour, vous m’en direz des nouvelles ! » l’autre lui rétorque qu’il préfère en fait les mecs. Regard bas de Lellouche. Ouin ouin ouinouinouin…

Voilà, des scènes comme ça à la Kamoulox il y en a des tas dans Chacun sa vie, filmé comme un spot promo pour Norwich Union sur une musique d’André Rieu ou plutôt de Jean-François Copé au synthétiseur. Mais c’est finalement touchant, car c’est ça la vie pour Lelouch. C’est à la fois profondément naïf et prétentieux, pathétique et attachant, puant et désopilant, il faut le voir pour le croire. Enfin, nous terminerons cette chronique par l’une des blagues raffinées racontées par Jean-Marie Bigard, médecin-chef de service devant un parterre d’internes outrés : « Tu sais pourquoi les hippopotames ils font l’amour dans l’eau ? Bah t’essaieras de faire mouiller une chatte de 200 kilos ! ». Quand on sait que Claude Lelouch a eu l’idée de son film en écoutant une plaidoirie de l’avocat Eric Dupont-Moretti, on n’ose imaginer ce qui lui viendra à l’esprit après avoir mangé un bon cassoulet.

Une des plus grandes comédies (involontaires) de tous les temps, une ode au mauvais goût qui rejoint instantanément le T’aime de Patrick Sébastien. Magistral.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Chacun sa vie, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pour celles et ceux qui auraient aimé le film, du moins au même degré que l’auteur de ces mots, il est fortement conseillé de se pencher sur les 75 minutes de suppléments proposés par l’éditeur tant ceux-ci prolongent le délire du film.

C’est le cas pour les scènes coupées (4’30) durant lesquelles Stéphane De Groodt se parle à lui-même façon Gollum/Smeagol, plus d’autres bouts de scène sans intérêt, qui auraient donc pu être gardés au montage final puisque cela n’aurait rien changé.

S’ensuit un long documentaire (22’30) qui commence par un délire (encore un) de Claude Lelouch. On le voit entouré de ses treize étudiants des Ateliers du Cinéma de Beaune, qu’il a lui-même créés. Deux sont habillés en mariés, tandis que les autres les entourent, une caméra à la main. Lelouch leur demande de filmer « l’événement » de leur point de vue, afin de se familiariser avec leur appareil qui capte « l’instant de vie », tout en leur bourrant le crâne sur sa technique. Heureusement, cela ne dure pas la totalité du module, mais six minutes environ, ce qui est déjà pas mal. On retrouve ensuite Lelouch nous parler de ses élèves (qui prennent également la parole) et de leur travail sur Chacun sa vie, à travers quelques images du tournage. Les comédiens interviennent également et évoquent face caméra « l’immense talent », « la virtuosité » et « le génie » de Claude Lelouch. Un documentaire écrit et réalisé par Claude Lelouch. Ou pas.

Le bonus suivant installe une fois de plus le réalisateur dans un fauteuil, cette fois en compagnie d’Éric Dupond-Moretti (9’). Les deux compères reviennent sur leur rencontre, sur leur collaboration et le tournage du film. On tousse quand Claude Lelouch déclare qu’il y a du Lino Ventura chez Dupond-Moretti, on s’étrangle quand le premier récidive en disant qu’il le ferait bien tourner le second dans un prochain film.

En guise de making of, Metropolitan nous confie une petite vidéo de 3’30 constitué de propos de…ah bah de Claude Lelouch tiens, repris d’une interview disponible un peu plus loin dans l’interactivité. Le tout illustré par des images provenant du plateau où tout le monde il est beau et où tout le monde il est gentil. Quand Lelouch déclare qu’il avait de quoi faire au moins treize films avec les histoires présentes dans Chacun sa vie, on rigole. Moins, quand on s’aperçoit qu’il est sérieux.

Une grande partie du casting était réunie à Beaune pour l’avant-première de Chacun sa vie le 2 mars 2017 (10’30). La troupe débarque, petit foulard autour du cou, fardée de fond de teint et coiffée par Franck Provost pour présenter le film, avant de participer à une conférence de presse où chacun fait son petit show, tout en caressant l’ami Claude dans le sens du poil en lui disant qu’il est génial. Une conférence de presse écrite par Claude Lelouch. Ou pas encore une fois.

Last but not least, ne manquez pas l’interview de…ah bah de Claude Lelouch une dernière fois, mais on s’y attendait hein. Un peu plus de vingt minutes durant lesquelles le réalisateur se lance dans des délires à la Van Damme période cocaïne. Il a un avis sur tout. Il nous parle de sa vision du cinéma, de ses intentions, de son travail avec les comédiens, de la vie, de la septième saison de Game of Thrones, de l’arrivée de Neymar au PSG, de l’augmentation du Navigo et de tout un tas d’autres choses. Rayez les mentions inutiles. C’est très drôle, jamais informatif, on en redemande surtout quand il lance des phrases du genre « l’échec, c’est le terreau du succès ! ». Ses plantes doivent être très belles alors.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et des liens internet.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Le label «  Qualité Metropolitan » » est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de Chacun sa vie. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes d’une densité jamais démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre large. Certains plans étendus sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette élévation en Haute définition. Les visages, filmés en gros plans, des comédiens peuvent être analysés sous toutes leurs coutures (nous ne ferons aucune métaphore avec le visage de Johnny non non non), la photo est ambrée et chaude, la clarté demeure frappante, tout comme la profondeur de champ, le piqué est affûté et les partis pris esthétiques merveilleusement restitués. Ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Claude Lelouch lors d’une soirée nanar.

D’emblée, l’ensemble des enceintes est mis à contribution aux quatre coins cardinaux sur l’unique piste DTS-HD Master Audio 5.1. Les ambiances fusent de tous les côtés dès le logo Metropolitan, puis lors du concert de Johnny qui ouvre le film. L’omniprésente musique du fidèle Francis Lai bénéficie d’un traitement de faveur avec une large ouverture. Les dialogues ne sont jamais pris en défaut et demeurent solidement plantés sur la centrale, avec des effets latéraux constants. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Metropolitan FilmExport / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / T2 – Trainspotting, réalisé par Danny Boyle

T2 TRAINSPOTTING réalisé par Danny Boyle, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD le 12 juillet 2017 chez Sony Pictures

Acteurs : Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller, Robert Carlyle, Kelly MacDonald, Anjela Nedyalkova, Irvine Welsh, Shirley Henderson…

Scénario : John Hodge d’après les romans Trainspotting et Porno d’Irvine Welsh

Photographie : Anthony Dod Mantle

Musique : Rick Smith

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

D’abord, une bonne occasion s’est présentée. Puis vint la trahison. Vingt ans après, certaines choses ont changé, d’autres non. Mark Renton revient au seul endroit qu’il ait jamais considéré comme son foyer : Edimbourg. Spud, Sick Boy et Begbie l’attendent. Mais d’autres vieilles connaissances le guettent elles aussi : la tristesse, le deuil, la joie, la vengeance, la haine, l’amitié, le désir, la peur, les regrets, l’héroïne, l’autodestruction, le danger et la mort. La vie ? Toutes sont là pour l’accueillir, prêtes à entrer dans la danse…

Cela faisait plus de vingt ans que certains cinéphiles espéraient et attendaient le retour de Renton, Spud, Sick Boy et Begbie. Longtemps annoncée, puis reportée, enfin concrétisée, la suite de Trainspotting a enfin pu voir le jour. Lancés avec Petits meurtres entre amis, le réalisateur Danny Boyle et le comédien Ewan McGregor ont ensuite explosé dans le monde entier avec Trainspotting, petite production tournée avec 3,5 millions de dollars, qui en avait rapporté 72 millions et attiré plus d’un million de spectateurs en France à sa sortie en juin 1996. Après Une vie moins ordinaire (1997), Ewan McGregor et Danny Boyle ne se sont pas adressé la parole pendant une dizaine d’années, l’acteur n’ayant pas apprécié d’être remplacé par Leonardo DiCaprio dans La Plage en 2000. En raison de ces rapports tendus et de la difficulté à synchroniser leurs emplois du temps respectifs, la suite de Trainspotting a été maintes et maintes fois repoussée. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts et donc T2 Trainspotting, puisque le film est intitulé ainsi, est arrivé sur les écrans en 2017.

Que sont-ils devenus ? Mark Renton semble en avoir fini avec la drogue. Il a un travail sûr à Amsterdam qui lui assure un train de vie confortable. Il revient à Edimbourg, sa ville natale qu’il ne reconnaît plus. Il avait besoin de ce retour aux sources afin de se confronter à ses démons et à ses amis, Sick Boy, Spud et Begbie, qu’il avait trahis lors d’un deal de drogue vingt ans plus tôt en emportant avec lui un butin de 16 000 £. Il retrouve Sick Boy, qui a remplacé l’héroïne par la cocaïne et qui dirige une très lucrative agence d’escort girls, tout en tenant désespérément le pub déserté de sa tante. Spud, lui, a du mal à avoir une vie normale tant il a abusé des drogues et se laisse aller à des pulsions suicidaires. Après vingt ans de prison et voyant toutes ses demandes de liberté conditionnelle rejetées, Begbie parvient à s’évader. Il est bien décidé à se venger et à prendre sa revanche sur Renton. Notre quatuor est donc bel et bien présent, pour notre plus grand plaisir.

Trainspotting est rapidement devenu un film culte et a su traverser les années sans trop de dommages. Danny Boyle a su démontrer son savoir-faire dans des genres différents (28 jours plus tard, Sunshine, 127 heures) jusqu’à la consécration ultime avec Slumdog Millionnaire. Bien que ses films aient été souvent marqués par des budgets modestes, Danny Boyle a toujours su imposer un style visuel reconnaissable et une énergie revigorante. T2 Trainspotting ne déroge pas à la règle et outre la joie non dissimulée de retrouver les personnages, le cinéaste signe également une œuvre mélancolique sur le passage du temps. C’est ainsi que Mark « Rent Boy » Renton parti d’un point A revient finalement au point A, là où tout avait commencé, là où rien n’avait commencé. La fureur de vivre s’est dissoute, sauf en ce qui concerne Francis « Franco » Begbie qui enfermé depuis vingt ans derrière les barreaux n’a eu de cesse de voir son désir de vengeance s’exacerber. La vie n’a pas changé pour lui puisqu’il n’a rien connu d’autre depuis son arrestation. Il reste très violent et inquiétant (si ce n’est plus), même les cheveux blancs et la bedaine. Si le feu s’est consumé, les personnages doivent apprendre à vivre à partir de ce qui reste des cendres de leur jeunesse. Daniel « Spud » Murphy parvient tant bien que mal à survivre, seul dans son appartement miteux. Ses retrouvailles avec Renton vont l’aider à lâcher définitivement l’héroïne. Quant à Simon « Sick Boy » Williamson, il parvient à se faire quelques rentrées d’argent en faisant du chantage auprès de bourgeois, filmés dans quelques positions compromettantes avec la délicieuse Veronika (Anjela Nedyalkova, révélée dans le rôle-titre du film Avé de Konstantin Bojanov), complice de Sick Boy, qui les attirent dans une chambre tamisée où une caméra a été dissimulée.

Si l’on craignait tout d’abord que T2 Trainspotting se contente de nous refaire le même film, le scénario original de James Hodge (complice de Danny Boyle depuis toujours), qui ne s’inspire que très sporadiquement de Porno (2002), la suite du livre écrite par Irvine Welsh, parvient à jouer avec la nostalgie du spectateur, tout en lui offrant quelque chose de frais. Ewan McGregor, Ewen Bremmer, Jonny Lee Miller et Robert Carlyle assurent le show avec classe et leur plaisir à retrouver ces personnages qui ont contribué à lancer leurs carrières respectives est contagieux. Si elle ne fait qu’une brève apparition, Kelly MacDonald est également de la partie, ce qui nous permet de comprendre que Diane est devenue une avocate qui a réussi. Le film est truffé de scènes destinées à devenir cultes (la soirée 1690, la course-poursuite dans le parking), marqué par une b.o explosive (Young Fathers, Wolf Alice, The Rubberbandits, Blondie) et une mise en scène au cordeau avec quelques réminiscences intelligemment amenées.

T2 Trainspotting ne cesse d’étonner par ses partis pris, par son approche des revers de la vie et des espoirs déçus. Bien qu’ils aient passé beaucoup de temps à fuir et à courir, personne, pas même Renton, ne peut finalement retenir et encore moins devancer le temps qui finit par nous rattraper. Finalement, après être finalement revenu au bercail, que faire maintenant ? Pourquoi ne pas écouter un album digne de ce nom ? Alors que Bowie s’en est allé et qu’Iggy Pop résiste encore, autant mettre Lust For Life à fond comme au bon vieux temps et on verra bien ce que nous réservent ces quarante prochaines années.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de T2 Trainspotting repose un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. Le visuel de la jaquette reprend l’un des visuels promotionnels avec nos quatre loustics occupant des toilettes. Etat-il nécessaire de la gâcher par les étoiles provenant des critiques françaises dithyrambiques ? Le menu principal est fixe et musical.

Les amateurs de suppléments seront ravis d’apprendre que l’éditeur nous propose ici près de trois heures de bonus !

On commence par le commentaire audio de Danny Boyle et du scénariste John Hodge, disponible en version originale sous-titrée en français. Les deux complices reviennent essentiellement sur le succès et le phénomène du premier film, la longue gestation de T2 Trainspotting et l’évolution des personnages. S’ils se marrent beaucoup pendant l’exercice, les deux intervenants ne livrent pas le commentaire du siècle. Mais comme ils ne s’arrêtent pour ainsi dire jamais de parler, qu’ils passent du coq à l’âne, qu’ils ne manquent pas d’anecdotes sur le tournage et qu’ils sont très sympathiques, il serait dommage de ne pas en profiter. Un commentaire distrayant.

Comme il l’indique dans le supplément précédent, Danny Boyle a beaucoup coupé au montage, surtout dans la première partie qui se penchait plus longuement sur chacun des personnages. Afin de les réunir le plus vite possible à l’écran, ces séquences n’ont donc pas été montées et se trouvent essentiellement réunies dans la section des scènes coupées (30’). Il y a donc plus de scènes en prison avec Begbie (et une où il se réveille pendant son opération), de Sick Boy dans son pub avec Veronika, de réunions d’entraide avec Spud, mais aussi des petits plans coupés ici et là pour accélérer le rythme. Une intrigue secondaire concernant Begbie et ses problèmes sexuels, ainsi que Begbie qui séquestre son avocat chez lui ont également été écarté du montage final. Ceux qui auraient été déçus de voir la participation de la belle Kelly McDonald réduite à une simple apparition seront heureux de la voir dans deux ou trois séquences où Diane héberge Renton chez elle après que ce dernier se soit fait agresser par Begbie dans le parking. On le voit allongé dans le canapé, se relever en pleine nuit avec l’envie d’aller rejoindre Diane dans sa chambre, avant d’y renoncer. Le lendemain, Renton lui demande si elle a déjà pensé à ce qu’aurait pu être leur vie s’ils avaient vécu ensemble. Une autre séquence très amusante montre Spud voler un iPad malgré la réticence de Renton. S’ensuit une course-poursuite dans la rue qui n’est évidemment pas sans rappeler la séquence d’ouverture du premier Trainspotting. Un vrai plaisir.

Après ces séquences, nous passons à une discussion sous forme de table ronde entre Danny Boyle et trois de ses comédiens principaux (25’), Ewan McGregor, Robert Carlyle et Jonny Lee Miller. Si Ewen Bremner n’est pas présent pour cause de tournage (Wonder Woman de Patty Jenkins), il introduit néanmoins ce supplément et apparaît parmi ses camarades sous forme de silhouette en carton. Le réalisateur et Ewan McGregor monopolisent la parole, avant d’être rapidement rejoint par Robert Carlyle. Seul Jonny Lee Miller semble trouver le temps long et n’ouvre la bouche qu’au bout d’un quart d’heure et encore de façon très sporadique. Les souvenirs des autres affluent (surtout sur le phénomène du premier film), chacun évoque son propre personnage ainsi que son évolution d’un film à l’autre, l’alchimie est toujours aussi évidente et cette réunion entre potes s’avère un très bon moment.

L’interactivité se clôt sur un spot promotionnel – intitulé « documentaire athlétique de Calton »pour une association sportive destinée à aider d’anciens junkies et alcooliques durant leur cure de désintoxication. Constitué de témoignages et de gros plans sur quelques rescapés, ce clip ne laisse évidemment pas indifférent (4’).

L’Image et le son

Sony Pictures prend soin de T2 Trainspotting et livre un master HD au format 1080p, irréprochable et au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques du chef opérateur Anthony Dod Mantle (Trance, Dredd, Antichrist), la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes multicolores et saturées (vert, rouge, rose, bleu, tout y passe), à la fois chaudes et froides (avec un usage de filtres à l’étalonnage), le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué est tranchant, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre 1.85. Les partis pris esthétiques sont donc respectés avec un léger grain cinéma conservé qui confère à l’image une agréable texture, une fabuleuse gestion des contrastes et des séquences sombres aussi soignées. Un service après-vente remarquable.

Voici le genre de mixage qui ne fait pas dans la demi-mesure ! Les pistes anglaise et française DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent fracassantes et redoutablement immersives. La bande-originale très « gros son » met à mal le caisson de basses à plusieurs reprises. Nous vous conseillons d’ailleurs de visionner T2 Trainspotting au moment où vos voisins seront absents. Les dialogues sont ardents sur la centrale, tandis que les frontales et les latérales n’ont de cesse de s’affronter lors des séquences plus agitées. Le doublage français est correct et reprend les mêmes comédiens que pour le premier film, mais le mixage peine parfois à mettre les dialogues en avant. Montez le volume, car c’est du très grand spectacle ! L’éditeur joint également une piste française Audiodescription.

Crédits images : © Sony Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Voice from the stone, réalisé par Eric D. Howell

VOICE FROM THE STONE réalisé par Eric D. Howell, disponible en DVD et Blu-ray le 26 juillet 2017 chez Marco Polo Production

Acteurs : Emilia Clarke, Marton Csokas, Caterina Murino, Kate Linder, Remo Girone, Lisa Gastoni, Edward Dring…

Scénario : Silvio Raffo d’après son roman « La voce della pietra »

Photographie : Peter Simonite

Musique : Michael Wandmacher

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans un vieux manoir de Toscane, Verena, une infirmière, s’occupe d’un jeune garçon devenu muet suite à la mort soudaine de sa mère. Elle découvre que l’enfant est en réalité hanté par des forces malveillantes emprisonnées dans les murs de la bâtisse. Au fur et à mesure que le temps passe et que ses relations avec le père de l’enfant évoluent, Verena est, elle aussi, peu à peu ensorcelée. Si elle veut sauver le garçon et se libérer, elle doit affronter les mauvais esprits cachés dans la pierre…

Alors que la septième saison de Game of Thrones vient de démarrer, la comédienne Emilia Clarke commence à se faire plus présente au cinéma, histoire de préparer tranquillement sa transition une fois qu’elle aura rendu le costume (bien qu’elle s’en débarrasse souvent il est vrai) de Daenerys Targaryen. Après l’inénarrable Terminator: Genisys d’Alan Taylor dans lequel elle reprenait – ou essayait de reprendre plutôt – le rôle de Sarah Connor, puis le drame romantique Avant toi adapté du roman de Jojo Moyes où elle s’occupait et tombait amoureuse d’un jeune homme tétraplégique, Emilia Clarke porte sur ses épaules Voice from the stone, d’après le roman La Voce Della Pietra de Silvio Raffo. Si elle n’est pas l’actrice la plus fine et que son jeu laisse souvent à désirer, elle s’avère plutôt « convaincante » dans ce petit film dramatique teinté de fantastique.

Dans les années 50 en Toscane, Verena, une jeune infirmière, se rend jusqu’à un manoir isolé afin de guérir Jakob, un enfant devenu muet depuis le décès de sa mère. Mais lors de son séjour, Verena se retrouve plongée au cœur des secrets et mystères de ce lieu. Alors qu’elle tombe amoureuse du père du garçon, elle est la proie de mauvais esprits présents dans les murs de la bâtisse. Si l’histoire n’a rien d’original, le metteur en scène Eric D. Howell, dont il s’agit du premier long métrage réalisé en solo après From Heaven to Hell en 2002 (avec Lou Ferrigno, Burt Ward et Adam West) et quelques courts-métrages, soigne l’esthétique de son film et crée une ambiance intrigante du début à la fin. Ancien coordinateur de cascades (Un plan simple, A Serious Man), Eric D. Howell livre donc un film tout à fait honorable.

Coproduction italienne, Voice from the stone a été intégralement tourné sur la Botte, dans les studios de Cinecittà pour les scènes en intérieur et dans les magnifiques paysages du Lazio pour les quelques séquences en extérieur. L’occasion pour Emilia Clarke de nous montrer son excellent accent à travers quelques dialogues dans la langue de Dante. Le principal ennui, c’est que Voice from the stone abat ses cartes durant le premier quart d’heure. Le spectateur habitué aux codes du genre fantastique découvrira immédiatement où le réalisateur souhaite l’emmener avec cette vieille bâtisse perdue au bout d’un chemin embrumé entouré d’arbres centenaires. Du coup, l’audience a souvent un coup d’avance sur les personnages, jusqu’à la résolution finale, que l’on peut également largement anticiper et qui s’avère d’ailleurs bien trop expédiée. Mais Voice from the stone n’est pas un film désagréable, d’autant plus que la photographie de Peter Simonite (collaborateur de Terrence Malick sur Song to Song, À la merveille, The Tree of life – l’arbre de vie) ravit souvent les yeux et met les acteurs en valeur. Dans quelques scènes assez gratuites mais pour le grand plaisir de ses fans, Emilia Clarke nous gratifie de son corps nu filmé sous tous les angles, devant les yeux émoustillés d’un Marton Csokas (L’Arbre, Sin City: j’ai tué pour elle) toujours aussi talentueux et charismatique.

Finalement, on s’intéresse plus à la forme qu’au fond dans Voice from the stone. On ne croit guère en l’évolution du personnage de Verena auprès de l’enfant dont elle a la charge, d’autant plus que le jeu de sourcils, tantôt en accent grave, tantôt en accent aigu, d’Emilia Clarke, sans oublier ses yeux sans cesse écarquillés n’arrangent pas vraiment les choses. On regarde donc Voice from the stone – sorti directement en DVD en France, sans passer par la case cinéma – en mode automatique, le spectacle n’est pas déplaisant en soi, mais ne cesse de faire penser à Rebecca d’Alfred Hitchcock ou Les Autres d’Alejandro Amenábar et s’oublie rapidement après.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Voice from the stone, disponible chez Marco Polo Production, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet. Le visuel de la jaquette française fait la part belle à Emilia Clarke aux côtés de Caterina Murino (qui apparaît très peu dans le film), contrairement au visuel original qui faisait apparaître Marton Csokas. Aucun supplément, ni de chapitrage. L’Image et le son

Faites confiance à Marco Polo pour assurer la sortie dans les bacs de ce DTV. En effet, si le film d’ Eric D. Howell n’a pas connu de sorties dans nos salles, il bénéficie tout de même d’une édition Blu-ray (au format 1080p) élégante. Cependant, si les contrastes affichent une densité fort acceptable, le piqué n’est pas aussi ciselé sur les scènes sombres et certaines séquences apparaissent un peu douces avec des visages légèrement cireux. En dehors de cela, la profondeur de champ demeure fort appréciable, les détails se renforcent et abondent en extérieur jour, le cadre large est idéalement exploité et la colorimétrie est très bien rendue. Le codec AVC consolide l’ensemble.

Du côté acoustique, les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique et à quelques effets latéraux. Des ambiances naturelles percent les enceintes arrière sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est convaincant. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu pop-up.

Crédits images : © Marco Polo Production / Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Logan, réalisé par James Mangold

LOGAN réalisé par James Mangold, disponible en DVD, Blu-ray et Blu-ray 4K Ultra HD le 5 juillet 2017 chez 20th Century Fox

Acteurs : Hugh Jackman, Patrick Stewart, Dafne Keen, Boyd Holbrook, Stephen Merchant, Elizabeth Rodriguez, Richard E. Grant, Eriq La Salle…

Scénario : Scott Frank, James Mangold, Michael Green

Photographie : John Mathieson

Musique : Marco Beltrami

Durée : 2h17

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans un futur proche, un certain Logan, épuisé de fatigue, s’occupe d’un Professeur X souffrant, dans un lieu gardé secret à la frontière Mexicaine. Mais les tentatives de Logan pour se retrancher du monde et rompre avec son passé vont s’épuiser lorsqu’une jeune mutante traquée par de sombres individus va se retrouver soudainement face à lui.

Alors que Bryan Singer s’évertue à détruire une saga qu’il a lui-même engrangée en 2000, avec récemment l’affreux X-Men: Days of Future Past (201) et l’immonde X-Men : Apocalypse (2016), le mutant le plus charismatique, Wolverine, avait également du mal à convaincre de son côté avec ses spin-off. Après l’ignominie réalisée par Gavin Hood en 2009, X-Men Origins: Wolverine (2011), James Mangold avait réussi à relever le niveau deux ans plus tard avec Wolverine : Le Combat de l’immortel. Toutefois, si Wolverine reprenait du poil de la bête, la réussite était loin d’être totale et le film péchait par un manque de rythme et d’intérêt. Les fans du griffu commençaient sérieusement à perdre patience et l’espoir, quand James Mangold et Hugh Jackman se sont enfin décidés à leur offrir LE film qu’ils attendaient. Remarquable, sublime, intelligent, hallucinant, les qualificatifs ne manquent pas pour parler de Logan, film indépendant, classé R donc interdit aux mineurs de moins de 17 ans non accompagnés aux Etats-Unis (aux moins de 12 ans avec avertissement en France), d’une violence inouïe (membres tranchés, décapitations, têtes transpercées), sombre, brutal et crépusculaire, qui fait fi des épisodes précédents, tout en jouant avec la mythologie du personnage principal.

2029. Désabusé et diminué, grisonnant, alcoolique, boitant d’une jambe, les yeux injectés de sang et ses griffes ayant même du mal à s’extraire, Logan veille sur le professeur Xavier dans un refuge isolé près de la frontière mexicaine. Le superhéros aux griffes d’acier veut à tout prix protéger le chef de X-Men. C’est alors qu’il croise le chemin de la petite Laura, qui a le même pouvoir que lui. En raison de son jeune âge, elle ne parvient pas à maîtriser son don. Logan décide de prendre Laura sous son aile. Donald Pierce, qui travaille pour le docteur Zander Rice, veut mettre la main sur l’enfant pour en faire un cobaye. En compagnie du professeur Xavier, Logan va devoir sortir de sa retraite et fuir leurs poursuivants. 17 ans après avoir créé le rôle de Wolverine dans le premier opus de la franchise et explosé aux yeux du monde, Hugh Jackman signe non seulement l’incarnation de Wolverine – la neuvième – telle que nous la rêvions tous, mais il signe également la plus grande prestation de toute sa carrière. S’il a maintes fois prouvé qu’il n’était pas seulement Wolverine à travers ses compositions chez Woody Allen (Scoop), Darren Aronofsky (The Fountain), Christopher Nolan (The Prestige), Baz Luhrmann (Australia) et dernièrement dans le génial Eddie the Eagle de Dexter Fletcher, Hugh Jackman livre une immense prestation dans Logan, qui devrait largement être saluée par une nomination aux prochains Oscars, ce qui serait largement justifié. Pour sa troisième collaboration avec James Mangold (Kate et Léopold en 2001 et le second Wolverine donc), le comédien tire sa révérence de façon magistrale.

Afin d’éviter la redondance auprès des spectateurs et afin de s’éloigner des standards actuels, tout comme des couleurs fluo et du spandex chers à Singer (et paf encore dans la tête), Logan a été pensé comme un opus qui se suffit à lui-même et qui s’adresse à un public adulte, non pas seulement avec ses séquences de violence très graphique à la John Rambo (si si), mais avec les thèmes qu’il explore. C’est ainsi que le personnage est mis face à ce qu’il redoute et ce qui l’effraie le plus au monde, l’amour, l’intimité et l’attachement. A la fois road-movie et récit initiatique, ce qui va souvent de paire, Logan s’avère un drame intimiste et bouleversant sur la transmission et la rédemption. Pensé comme un chaînon manquant entre L’Epreuve de force, Josey Wales hors-la-loi et Impitoyable de Clint Eastwood (Hugh Jackman ne lui a d’ailleurs jamais autant ressemblé physiquement), mâtiné de Little Miss Sunshine (dixit James Mangold) et L’Homme des vallées perdues de Georges Stevens (dont un extrait apparaît dans une scène centrale du film), Logan déjoue toutes les attentes tout en les comblant.

C’est ainsi que Logan se retrouve au milieu de nulle-part dans le désert californien, flanqué d’un professeur Xavier devenu dangereux car incapable de contenir des crises capables d’exterminer toutes les personnes autour de lui et qui ont sûrement (mais rien ne l’indique vraiment) tué les autres mutants. Confiné dans un réservoir délabré, sinistre et renversé qui rappelle furieusement le Cerebro, le professeur ne survit que grâce à Logan, obligé de le droguer. Tout irait presque pour le mieux quand apparaît soudain Laura, version miniature de Wolverine, qui s’avère – ce n’est pas vraiment un spoiler de le dévoiler – la « fille » de Logan, capable de se régénérer et également dotée de griffes rétractables aux mains et d’une autre au bout d’un de ses pieds. La jeune Dafne Keen crève l’écran dans le rôle de Laura et tient la dragée haute à Hugh Jackman. Même si elle ne décroche pas la mâchoire pendant 1h30, son charisme foudroie et sa prestation laisse pantois.

James Mangold avait déjà abordé le western à travers son excellent remake de 3h10 pour Yuma dix ans auparavant. Logan s’inscrit dans ce genre, entre autres, puisqu’il fait également penser aux thrillers des années 1970. Le sang se mélange à la poussière, les effets visuels sont limités et tout le film repose sur les personnages et l’histoire très ambitieuse. En prenant le contre-pied de tout ce qui a été fait jusque-là dans la franchise X-Men, avec un budget plus modeste, sans scène post-générique, sans caméo de Stan Lee, sans aucune surenchère visuelle, Logan s’impose comme l’un des plus grands films de super-héros jamais réalisé, dans lequel le personnage principal est au bout du rouleau, épuisé d’être Wolverine (d’ailleurs son corps se régénère beaucoup moins bien et très lentement) et fuit les responsabilités, les attentes et sa célébrité. Mangold et ses scénaristes, inspirés par le comics Old Man Logan créé par Mark Millar et Steve McNiven, jouent la carte méta en incluant des bandes dessinées X-Men inspirées des propres aventures de Wolverine et de ses camarades, que Logan rejette avec écoeurement. Outre son père spirituel et sa fille, Logan doit également faire face à son double, à une version de lui plus jeune et améliorée, un clone mutant X-23, qui représente le passé extrêmement violent du personnage, qu’il doit donc affronter, accepter, pour finalement partir en paix, tandis que les spectateurs pleurent toutes les larmes de leurs corps.

James Mangold et son chef opérateur John Mathieson (Gladiator, Hannibal) ont réussi à pousser encore plus loin cette expérience cinématographique en réalisant une version N&B de Logan, renforçant encore plus le nihilisme du film. Difficile après de s’en détacher et cette version monochrome s’inscrit instantanément dans les mémoires. Magnifique.

LE BLU-RAY

L’édition HD de Logan contient deux disques comprenant d’un côté la version cinéma et de l’autre la version Noir et Blanc. Ces galettes reposent dans un boîtier bleu classique. Le visuel déçoit quelque peu sur l’édition standard et l’on aurait aimé retrouver celui avec les mains de Logan et de Laura. Le boîtier repose dans un fourreau liseré noir, comme un brassard de deuil. Notons qu’il existe également une déclinaison limitée en Steelbook avec une illustration signée par Steve McNiven, dessinateur de comics (Civil War, Wolverine Old Man Logan). Sur les deux disques, les menus principaux sont identiques, animés et musicaux, en couleur sur le premier, en N&B sur le second.

Les deux Blu-ray contiennent tous les deux le commentaire audio (vostf) de James Mangold, enregistré un mois après la fin du tournage. Pendant 2h15, le réalisateur réalise une véritable leçon de cinéma et revient sur tous les aspects de son film. S’il se présente en disant qu’il faudra l’excuser si jamais il fait quelques pauses, celles-ci s’avèrent très rares et cela faisait un petit bout de temps que nous n’avions pas été en présence d’un aussi bon commentaire. Posément, James Mangold aborde la genèse de Logan, née du désir entre lui et Hugh Jackman d’amener le personnage en bout de course, tout en offrant enfin aux fans du personnage l’incarnation qu’ils désiraient depuis 17 ans. Il fallait pour cela presque reprendre Wolverine à zéro, en faisant fi des conventions liées aux blockbusters actuels (y compris les autres X-Men), en respectant sa mythologie et surtout s’adresser à un public adulte. L’écriture du scénario, l’investissement de Hugh Jackman, le casting, les partis pris, les effets visuels, les cascades, les décors, les personnages, la photographie, la musique, le montage, les intentions, tous ces sujets sont longuement abordés et de façon passionnante par un cinéaste arrivé au sommet de son art et qui a peut-être réalisé le film de sa vie. Nous ne saurons que trop vous conseiller de revoir Logan (une fois de plus, mais ça ne fait pas de mal) avec ce commentaire en tout point éclairant et passionnant.

La section des suppléments propose ensuite six scènes coupées (8’), également proposées avec les commentaires du même James Mangold en option (vostf). Ces séquences non montées essentiellement pour des raisons de rythme valent évidemment le coup d’oeil, notamment celle où le trio se fait arrêter par une femme flic pour vitesse excessive, ou bien encore celle du dîner alternatif durant laquelle Xavier évoque la femme décédée de Logan, une ancienne élève de son école qui s’appelait Jean Grey, que Logan « a assassiné ». Une autre séquence renforçait le côté méta avec un petit garçon mutant qui joue avec sa figurine Wolverine devant Logan, en lui demandant si Dents-de-Sabre a réellement existé.

On l’attendait, le voilà, le making of divisé en six chapitres, d’une durée totale et impressionnante d’1h16, qui propose de suivre le tournage du film dans l’ordre chronologique de l’histoire. Tous les comédiens, le réalisateur, les producteurs, le directeur de la photographie, le compositeur, le chef décorateur, les scénaristes interviennent à tour de rôle au fil de très nombreuses images du plateau, des répétitions, des concepts visuels et même de certains screentests dont celui de l’incroyable Dafne Keen. Un documentaire très bien réalisé et monté, dense, riche et une fois de plus indispensable pour celles et ceux qui ont comme nous succombé devant ce chef d’oeuvre. En plus, ce making of parvient à illustrer les propos de James Mangold dans son commentaire, sans tomber dans la redondance.

Outre trois bandes-annonces, dont une censurée, nous trouvons la version N&B de Logan, que James Mangold évoque dans son commentaire audio. Ruez-vous immédiatement sur cette option qui renforce encore plus les thèmes et les partis pris du film. D’une incroyable beauté, ce N&B (dont nous parlons dans la critique Image ci-dessous) brûle les rétines et il est fort probable que les spectateurs qui auront la chance de découvrir cette version ne jureront que par elle lors des prochains visionnages.

L’Image et le son

Version cinéma : Le master HD dépasse toutes les attentes et restitue merveilleusement les magnifiques partis pris esthétiques du directeur de la photographie John Mathieson (Gladiator, Hannibal, X-Men: Le commencement). Le piqué est constamment vif et acéré aux quatre coins du cadre large (jusque dans la barbe hirsute de Hugh Jackman), la colorimétrie scintillante (la terre sableuse et poussiéreuse s’oppose au bleu-blanc du ciel), les contrastes d’une rare densité, la compression solide comme un roc et la définition subjugue à chaque plan. Ajoutez à cela un grain sensible – tournage en Arri Alexa XT qui crée souvent une patine proche de l’argentique – qui flatte constamment la rétine, un relief impressionnant et une clarté aveuglante sur certains plans diurnes. Le rendu est optimal, y compris sur les séquences nocturnes avec des noirs denses et des détails aussi foisonnants. Un apport HD omniprésent !

Version Noir et Blanc : A l’instar de The Mist de Frank Darabont, qui avait tout d’abord imaginé son film en monochrome, version qui avait ensuite été disponible dans une version DVD limitée chez TF1 Vidéo, puis dans une moindre mesure celle récemment éditée de Mad Max: Fury Road de George Miller qui reprenait le même concept, Logan est donc proposé en N&B pour notre plus grand plaisir. Ce master HD se révèle extrêmement pointilleux en terme de piqué sur les nombreux gros plans, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés (la sueur sur les visages), de clarté et de relief. La copie est sidérante, la profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de James Mangold. Logan doit absolument être vu (et revu) ainsi car l’ensemble ravit les yeux et les sens du début à la fin. Quelle beauté ! Pour les cinéphiles, l’éditeur a même intégré l’ancien logo de la Fox et le panneau Cinemascope, renforçant ainsi l’illusion de se retrouver face à un western anachronique.

Passons rapidement sur ce qui nous empêche d’attribuer la note maximale à cette case : la version française. S’il n’est pas déshonorant et remplit parfaitement son office, le mixage DTS 5.1 ne peut rivaliser avec la piste anglaise DTS HD Master Audio 7.1. Cette dernière laisse pantois par son ardeur, son soutien systématique des latérales, ses basses percutantes. Véritablement explosive, la version originale s’impose comme une véritable acoustique de démonstration avec des dialogues remarquablement exsudés par la centrale, des frontales saisissantes, des effets et ambiances riches, les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées à l’instar des crises du Professeur Xavier et des bastons Logan/X24. Un excellent spectacle phonique que l’on retrouve sur les deux versions du film.

Crédits images : © Twentieth Century Fox France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / L’Embarras du choix, réalisé par Eric Lavaine

L’EMBARRAS DU CHOIX réalisé par Eric Lavaine, disponible en DVD et Blu-ray le 19 juillet 2017 chez Pathé

Acteurs : Alexandra Lamy, Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani, Jérôme Commandeur, Xavier Dumont…

Scénario : Laurent Turner, Laure Hennequart, Eric Lavaine

Photographie : François Hernandez

Musique : Fabien Cahen

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Frites ou salade ? Amis ou amants ? Gauche ou droite ? La vie est jalonnée de petites et de grandes décisions à prendre. Le problème de Juliette, c’est qu’elle est totalement incapable de se décider sur quoi que ce soit. Alors, même à 40 ans, elle demande encore à son père et à ses deux meilleures amies de tout choisir pour elle. Lorsque sa vie amoureuse croise la route de Paul, puis d’Etienne, aussi charmants et différents l’un que l’autre, forcément, le cœur de Juliette balance. Pour la première fois, personne ne pourra décider à sa place.

Mine de rien, le réalisateur Eric Lavaine a déjà attiré près de 7,5 millions de spectateurs en six longs métrages, dont près de 2,2 millions rien que pour Retour chez ma mère en 2016 ! Le metteur en scène – ou responsable c’est selon – de Poltergay, Incognito (de loin son meilleur film), Protéger et servir (son plus gros flop, malgré un score pas si déshonorant) et Barbecue remet le couvert un an après son plus grand succès avec L’Embarras du choix. Pour cette nouvelle comédie, il embarque à nouveau Alexandra Lamy et Jérôme Commandeur dans l’aventure, tout en leur joignant Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani et Lionnel Astier comme camarades de jeu. Habitué au succès dans les salles, Eric Lavaine a cependant connu un sacré revers avec seulement 440.000 entrées au compteur. Pourtant, L’Embarras du choix vaut bien mieux que Retour chez ma mère (difficile de faire pire c’est vrai), même si le scénario ne peut s’empêcher de tomber dans le nawak à mi-parcours, après une première partie pourtant encourageante.

Juliette, 40 ans, vient d’être quittée par Cédric, son fiancé, las de son indécision constante. Car faire un choix est au-dessus des forces de Juliette. Ses amies lui conseillent de se remettre en selle très vite. Juliette rencontre alors Etienne, un cuisinier talentueux, célibataire et charmant. Mais entretemps, elle a aussi croisé la route du beau Paul, un Ecossais. Juliette ne parvient pas à se décider entre ces deux hommes avec lesquels elle file le parfait amour. Les choses se compliquent quand chacun la demande en mariage. Juliette, incapable de trancher, s’enferme dans son mensonge. Voilà donc le pitch de L’Embarras du choix, qui part sur un postulat amusant et qui suffit parfois à emballer la majeure partie des productions du même acabit. Alexandra Lamy n’est pas une débutante et son jeu s’est affiné avec les années. Habituée des rom-com à la française (Au suivant !, On va s’aimer, Modern Love, Jamais le premier soir), la comédienne s’avère ici très pétillante et fait preuve d’une sobriété qui fait plaisir, elle qui est habituée à en faire un peu trop dans la comédie et qui a pourtant prouvé qu’elle pouvait être très bien quand elle est dirigée solidement dans le registre dramatique, à l’instar de ses prestations dans Ricky de François Ozon, Possessions d’Éric Guirado et J’enrage de son absence de Sandrine Bonnaire. Elle campe un ici un personnage atta-chiant dont le souci « hénaurme », pour ne pas dire le handicap, est de ne pas pouvoir faire de choix. A tel point que lorsque deux hommes lui déclarent leur amour et souhaite l’épouser, elle ne peut refuser les deux propositions.

Comme d’habitude, L’Embarras du choix se résume à deux ou trois lignes et repose uniquement sur un casting populaire et une écriture classique. Toutefois, même s’il manque sérieusement de rigueur et cumule les blagues faciles, L’Embarras du choix n’est justement pas si embarrassant que Retour chez ma mère dont l’auteur de ces mots ne s’est toujours pas remis de la scène du repas picard. Il n’y a aucune surprise ici, mais les acteurs font le job, en dépit de dialogues très pauvres. Comme souvent, Sabrina Ouazani emporte tous les suffrages dans le rôle de Sonia, dont le mode de vie est « d’essayer » tous les mecs qui se trouvent à sa portée, « un ouvrier », « un mec qui s’appelle Gilles », histoire de toucher à tout. Certes, ce n’est pas fin (euphémisme), mais ça fait sourire. Tout cela part bien et en mode automatique, mais c’était sans compter la mécanique qui commence à grincer sérieusement quand Juliette se retrouve entre ses deux mecs. A ce moment-là, les passages obligés s’accumulent en lorgnant sur Bridget Jones, certains personnages sont sacrifiés (Jérôme Commandeur passe le film à apprendre à son chat à taper dans la main, Arnaud Ducret devient subitement un gros beauf), la bande originale qui compile Keren Ann, REM, Coldplay et The Do s’emballe, l’émotion en préfabriqué reste coincé dans la gorge, tandis que le tournage se délocalise en Ecosse puisque le film précédent a permis de bénéficier d’un budget plus conséquent.

Au final, L’Embarras du choix est ce genre de film qui se laisse suivre sans prise de tête pendant qu’on établit son planning pour les vacances ou qu’on réalise sa liste de courses, puis qui s’oublie immédiatement comme après une rencontre avec les Men in Black.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Embarras du choix, disponible chez Pathé, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le même visuel coloré que l’affiche du film. Le menu principal est dynamique et lumineux, animé et musical.

Contrairement à l’édition HD de Retour chez ma mère qui ne comprenait aucun supplément, Pathé ne vient pas les mains vides ici et fournit quelques bonus promotionnels. C’est le cas des interviews réalisées pour la sortie du film au cinéma : Alexandra Lamy et Eric Lavaine (7’), Sabrina Ouazani et Anne Marivin (6’), Arnaud Ducret (4’) et Jamie Bamber (5’). Les questions apparaissent sous la forme de cartons et s’avèrent les mêmes pour chaque intervenant, à savoir quel est le pitch du film, comment était l’ambiance sur le plateau, quel est votre personnage, etc. C’est basique, c’est efficace, c’est bourratif.

Un petit module de deux minutes compile quelques images glanées ici et là sur le tournage.

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p de L’Embarras du choix ne manque pas d’attraits… La clarté est de tous les instants, la colorimétrie chatoyante et estivale, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Le chef opérateur François Hernandez voit ses partis pris esthétiques savamment respectés via un Blu-ray qui frôle la perfection. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes riches et léchés affichent une constante solidité et l’encodage AVC emballe l’ensemble avec brio.

L’Embarras du choix repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales ont fort à faire avec la bande-originale juke-box pop. Une spatialisation suffisamment immersive avec un caisson de basses qui délivre ses effets avec efficacité et des ambiances solides sur les frontales. La piste Stéréo est tout aussi pointilleuse en ce qui concerne la restitution des dialogues mais nous y perdons du point de vue spatialisation musicale. Une version Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Jean-Claude Lother Pathé Distribution/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Miss Sloane, réalisé par John Madden

MISS SLOANE réalisé par John Madden, disponible en DVD le 11 juillet 2017 chez Rimini Editions

Acteurs : Jessica Chastain, Mark Strong, Sam Waterston, Gugu Mbatha-Raw, John Lithgow, Alison Pill, Michael Stuhlbarg, Jake Lacy…

Scénario : Jonathan Perera

Photographie : Sebastian Blenkov

Musique : Max Richter

Durée : 2h12

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Elizabeth Sloane est une femme d’influence brillante et sans scrupules qui opère dans les coulisses de Washington. Face au plus grand défi de sa carrière, elle va redoubler de manigances et manipulations pour atteindre une victoire qui pourrait s’avérer éclatante. Mais les méthodes dont elle use pour parvenir à ses fins menacent à la fois sa carrière et ses proches. Miss Sloane pourrait bien avoir enfin trouvé un adversaire à sa taille…

Peu d’actrices rivalisent aujourd’hui avec Jessica Chastain. Depuis son explosion en 2011 avec Take Shelter de Jeff Nichols, The Tree of Life de Terrence Malick, Killing Fields d’Ami Canaan Mann et La Couleur des sentiments de Tate Taylor, la flamboyante comédienne n’a eu de cesse de surprendre en passant d’un genre à l’autre, de Zero Dark Thirty de Kathryn Bigelow, des Hommes sans loi de John Hillcoat, à Mama d’Andrés Muschietti, Interstellar de Christopher Nolan ou bien encore Crimson Peak de Guillermo del Toro. Mais avant tous ces films et d’être reconnue, Jessica Chastain avait tourné L’Affaire Rachel SingerThe Debt, film d’espionnage coécrit par Matthew Vaughn et sous la direction de John Madden, réalisateur de Shakespeare in love et Capitaine Corelli. Sept ans après, ce dernier retrouve l’actrice rousse incendiaire pour Miss Sloane, savoureux thriller politique, dans lequel Jessica Chastain crève l’écran une fois de plus et dont l’absence à la dernière cérémonie des Oscar demeure incompréhensible.

A Washington, Elizabeth Sloane est la lobbyiste du moment, celle qu’il faut connaître et qui connaît tout le monde, celle qui orchestre avec rigueur un système de corruption pour lui donner des airs de campagne de com’. Elle est ainsi capable de sauver ses riches clients des lois qui veulent prévenir la déforestation ou l’obésité. La défense des armes à feu, en revanche, sera la mission de trop. Étonnamment, Miss Sloane semble avoir des principes. Elle va donc passer dans le camp d’en face, celui des idéalistes, sans pour autant abandonner ses habitudes. Miss Sloane rappelle les grands films d’investigation et de procès des années 1990, La Firme, L’Affaire Pélican, Le Droit de tuer ?, qui avaient tous comme dénominateur commun d’être l’adaptation d’un roman de John Grisham. Il n’est donc pas étonnant de retrouver Elizabeth Sloane étendue sur son canapé en train de lire un des romans de l’écrivain ! Dense, le film dure près de 2h15 et ne laisse aucun répit aux spectateurs.

Jessica Chastain livre une prestation exceptionnelle. Quasiment de tous les plans, véritable tornade humaine montée sur des talons de quinze centimètres et vêtue chez les plus grands couturiers, l’actrice campe un personnage aussi fascinant que détestable, glaciale et implacable, n’hésitant pas à sacrifier ses soutiens et partenaires pour aller jusqu’au bout de son combat. Sans enfants, retrouvant un escort-boy de temps en temps dans sa chambre, marchant à la benzédrine afin de ne pas dormir et de bénéficier ainsi de plus de temps que ses adversaires, Elizabeth Sloane agit dans son milieu comme un véritable et impitoyable rouleau compresseur, tout en ayant parfois recours à des méthodes répréhensibles comme l’espionnage audiovisuel grâce à d’anciens membres de la National Security Agency.

Si Miss Sloane est un film très bavard, au point que certaines répliques peuvent souvent nous échapper tant elles se chevauchent sur un rythme effréné, le scénario de Jonathan Perera, ancien avocat, ne perd jamais le spectateur et parvient toujours à le remettre sur le circuit. Le monde des lobbyistes est rare dans le cinéma, on se souvient du sympathique Thank You for Smoking de Jason Reitman, mais le sujet du film, le soutien d’une loi limitant le port d’armes à feu aux Etats-Unis et donc la remise en question du deuxième amendement de la Constitution l’est encore plus. Miss Sloane a entraîné beaucoup de débats sur le sol de l’Oncle Sam, ainsi qu’une riposte virulente de la toute-puissante NRA, ce qui a probablement causé en grande partie le grave échec commercial du film et entraîné une distribution médiocre dans le reste du monde. Pourtant, Miss Sloane est une grande réussite.

Aux côtés de l’impériale Jessica Chastain, nommée pour le Golden Globe de la meilleure actrice dans un film dramatique, on retrouve également l’excellent Mark Strong et toute une bande d’acteurs aussi talentueux que charismatiques, Gugu Mbatha-Raw, Michael Stuhlbarg, Alison Pill, John Lithgow, Sam Waterston, un casting de luxe qui n’est pas là pour servir la soupe à la comédienne principale, mais qui ont tous leur partition à jouer dans cette chorale sociale et politique menée de main de maître par un John Badden en très grande forme. Filmé comme un vrai film de guerre, Miss Sloane parvient à divertir et à captiver malgré ses sujets casse-gueules (trafic d’influence et tractations politiques dans les coulisses de Washington) et qui peuvent tout d’abord laisser perplexes, mais c’était sans compter sur l’intelligence d’un scénario qui ne prend pas les spectateurs de haut, sans oublier un montage percutant, une mise en scène au cordeau et l’éminence de ses interprètes.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Miss Sloane, disponible chez EuropaCorp, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. Après son passage éclair dans les salles, l’éditeur a préféré miser sur un nouveau visuel, assez sombre, plutôt que de reprendre celui de l’affiche. Le menu principal est sobre, animé et musical.

EuropaCorp joint un petit making of de 11 minutes, classique, composé d’entretiens intéressants avec l’équipe (réalisateur, acteurs, scénariste, producteur), d’images de tournage et des coulisses. Les intervenants s’expriment sur les thèmes et les conditions de prises de vue.

Le deuxième et déjà dernier supplément est un module de 2 minutes constitué d’images de la présentation de Miss Sloane par le réalisateur John Madden et de la comédienne Jessica Chastain (la spécialiste des selfies avec ses fans) à l’UGC Normandie, le 2 mars 2018.

L’Image et le son

Si l’on excepte deux ou trois plans plus doux et des séquences sombres moins définies, la copie HD du film de John Madden se révèle irréprochable. Que l’histoire se déroule en extérieur ou bien dans des bureaux froids et aseptisés, le master restitue brillamment la belle photographie du chef opérateur Sebastian Blenkov (Les Bouchers verts, The Riot Club). Le relief est omniprésent, la colorimétrie est vive, le piqué aiguisé comme une lame de rasoir, la clarté de mise et les contrastes d’une densité indiscutable. Le cadre large est magnifiquement exploité, les détails sont légion et la profondeur de champ impressionnante.

Le film profite à fond de l’apport HD pour en mettre plein les oreilles grâce à deux pistes DTS-HD Master Audio 5.1 spectaculaire. Le score très présent de Max Richter (Valse avec Bachir, Perfect Sense) est délivré par l’ensemble des enceintes, les basses sont sollicitées, tout comme les latérales qui créent un environnement acoustique percutant. Les dialogues sont dynamiques et solidement délivrés par la centrale, jamais noyés par les effets sonores et la musique. L’éditeur joint également une piste Audiosdescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © KERRY HAYES / 2016 EUROPACORP – FRANCE 2 CINÉMA – TOUS DROITS RÉSERVÉS / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Lost City of Z, réalisé par James Gray

THE LOST CITY OF Z réalisé par James Gray, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2017 chez ESC Editions

Acteurs : Charlie Hunnam, Sienna Miller, Tom Holland, Robert Pattinson, Angus Macfadyen, Edward Ashley…

Scénario : James Gray, d’après le livre de David Grann « La Cité perdue de Z : une expédition légendaire au cœur de l’Amazonie » (« The Lost City of Z: A Tale of Deadly Obsession in the Amazon« )

Photographie : Darius Khondji

Musique : Christopher Spelman

Durée : 2h15

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

L’histoire vraie de Percival Harrison Fawcett, un des plus grands explorateurs du XXe siècle. Percy Fawcett est un colonel britannique reconnu et un mari aimant. En 1906, alors qu’il s’apprête à devenir père, la Société géographique royale d’Angleterre lui propose de partir en Amazonie afin de cartographier les frontières entre le Brésil et la Bolivie. Sur place, l’homme se prend de passion pour l’exploration et découvre des traces de ce qu’il pense être une cité perdue très ancienne. De retour en Angleterre, Fawcett n’a de cesse de penser à cette mystérieuse civilisation, tiraillé entre son amour pour sa famille et sa soif d’exploration et de gloire…

En cinq longs métrages seulement, James Gray est devenu l’un des cinéastes les plus prisés de la critique française, tout en bénéficiant également de la faveur des spectateurs. De Little Odessa son premier film (1994), puis The Yards (2000), La Nuit nous appartient (2007) son plus grand succès en France, suivi de près par Two Lovers (2008) puis The Immigrant avec notre Marion Cotillard nationale, le metteur en scène américain, très influencé par le cinéma européen, a su très vite se faire une place dans le coeur des cinéphiles. Son sixième long métrage, The Lost City of Z, est l’adaptation du roman La Cité perdue de Z, écrit par David Grann et publié en 2009. Depuis sa découverte du livre, James Gray cherchait à le transposer à l’écran, sans obtenir les financements nécessaires (30 millions de dollars, son plus gros budget à ce jour) afin de pouvoir tourner dans la forêt tropicale colombienne. Ceci pour mieux coller aux véritables aventures du célèbre explorateur britannique Percy Fawcett, né en 1867 et probablement décédé en 1925, qui a mystérieusement disparu sans laisser de trace dans la jungle brésilienne en cherchant une cité perdue datant de l’Atlantide, ainsi que son ancienne civilisation amazonienne.

A l’instar de Werner Herzog et de ses chefs d’oeuvre absolu Fitzcarraldo et Aguirre, la colère de Dieu, James Gray souhaite ici retranscrire la soif de découverte de son personnage principal, prêt à tout pour aller au bout son rêve (y compris pour s’élever socialement), quitte à délaisser sa famille et à plonger toujours plus profondément, jusqu’à se perdre dans un mirage. Percival Harrison Fawcett sait que la résolution est proche, même si le but ultime semble chaque fois inaccessible. Prêt à affronter le scepticisme de la communauté scientifique et l’armée britannique, il ne renoncera jamais, quitte à endurer les trahisons de ceux qu’il croyait être ses proches, sans oublier les épreuves les plus inimaginables comme renoncer à voir grandir ses enfants. Malgré les défections de Brad Pitt (qui reste néanmoins producteur délégué) et de Benedict Cumberbact qui auraient pu le décourager, James Gray, comme son personnage principal, n’a jamais renoncé à The Lost City of Z. C’est finalement Charlie Hunnam (Sons of Anarchy, Pacific Rim et Crimson Peak de Guillermo del Toro) qui hérite du rôle principal, tâche dont il s’acquitte admirablement. Des tranchées de la Somme (Fawcett était militaire de carrière) au fin fond de la jungle amazonienne, le comédien campe un Percy Fawcett magnifiquement ambigu et charismatique, attachant et parfois agaçant, en contradiction avec lui-même, toujours animé par son rêve qui a conduit sa vie, ainsi que celle de sa famille.

Comme d’habitude, James Gray a constitué un casting exceptionnel. Aux côtés de Charlie Hunnam, Robert Pattinson est tout aussi investi. Après ses incursions chez David Cronenberg et The Rover de David Michôd, il démontre une fois de plus que la période Twilight est déjà loin. The Lost City of Z confirme également que Sienna Miller est bel et bien devenue l’une des meilleures et précieuses comédiennes aujourd’hui. A l’instar de ses dernières compositions dans Foxcatcher de Bennett Miller, American Sniper de Clint Eastwood et Live by Night de Ben Affleck, elle démontre son art de la transformation, tout comme son immense talent pour passer d’un univers à l’autre et camper des personnages diamétralement opposés. Elle y est sensationnelle. Tom Holland, révélation en 2012 de The Impossible de Juan Antonio Bayona et désormais nouveau Peter Parker / Spider-Man, prouve tout le bien que l’on pense de lui dans le rôle de Jack, le fils de Percy, qui a grandi sans voir son père et qui décide pourtant se joindre à lui pour son ultime expédition.

Même si pour la première fois l’un de ses films ne se déroule pas à New York, la mélancolie propre au cinéaste imprègne The Lost City of Z du début à la fin, tout comme il y aborde une fois de plus ses thèmes de prédilection, la lutte des classes sociales, la place de l’individu dans la société et la cellule familiale. Ou comment allier le grandiose avec cette obsession d’une cité perdue, pour finalement se diriger vers l’intime et l’apaisement avec cet amour enfin trouvé entre un père et son jeune fils dans un épilogue bouleversant et foudroyant de beauté, à la lisière du fantastique.

Véritable séance d’hypnose, impression renforcée par la photo ambrée, émeraude et éthérée réalisée en 35mm par l’immense chef opérateur Darius Khondji, The Lost City of Z est ni plus ni moins la plus grande expérience cinématographique de l’année 2017, un chef d’oeuvre instantané dont on aimerait découvrir un jour la première version d’une durée dingue de 4h15. Une fresque foisonnante, épique, immersive, vertigineuse et époustouflante, dont l’anachronisme dans le monde cinématographique contemporain décuple la rareté.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Lost City of Z, disponible chez StudioCanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Le premier module de trois minutes (!) donne la parole à l’auteur David Grann, aux comédiens Charlie Hunnam et Sienna Miller, ainsi qu’au réalisateur James Gray, qui reviennent sur l’histoire, les personnages et le financement chaotique du film (« des difficultés qui ont décuplé mon envie de faire The Lost City of Z » dixit James Gray), lors de sa promotion. Quelques rapides images dévoilent l’envers du décor et les conditions de tournage. Dommage que ce document soit si court !

L’éditeur joint encore deux interviews promotionnelles, celle de James Gray (6’) et de Sienna Miller (4’). Les questions apparaissent sous forme de carton. Si Sienna Miller apparaît plus à l’aise dans l’exercice, on sent James Gray se forcer à répondre à quelques questions « classiques », du style « Pourquoi avez-vous eu envie de faire ce film ? », tout en évoquant le livre de David Grann et en indiquant que « c’était un tournage amusant ». De son côté, la ravissante Sienna Miller revient sur son personnage, sa préparation, le tournage en Irlande du Nord et indique qu’elle s’était engagée sur ce film sept ans auparavant.

Un segment de cinq minutes revient sur la figure de Percival Harrison Fawcett, à travers des propos de l’écrivain David Grann, du journaliste et écrivain Dan Snow et du sociologue Mark Greaves.

Mais le plus gros de cette interactivité s’avère la masterclass de James Gray (39’) réalisée à la Cinémathèque française le 6 mars 2017 après la projection de The Lost City of Z. Animée par le journaliste Frédéric Bonnaud, également directeur de la Cinémathèque française, cette discussion est évidemment indispensable pour tous les passionnés du cinéma de James Gray, même si celui-ci aime parfois brouiller les pistes et ne pas dévoiler toutes les clés de ses œuvres. Le réalisateur évoque la longue gestation de son sixième long métrage (presque dix ans pour trouver les financements), les thèmes, les personnages, mais parle également de l’industrie hollywoodienne, de la production indépendante, de ses influences (le cinéma européen), son rapport avec les spectateurs (« satisfaire, mais pas exploiter l’audience »), les conditions de tournage et la photographie 35mm de Darius Khondji.

L’Image et le son

Studiocanal se devait d’offrir un service après-vente remarquable pour la sortie dans les bacs du plus beau film de l’année 2017. L’éditeur prend donc soin du chef d’oeuvre de James Gray et livre un master HD irréprochable au transfert immaculé. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Darius Khondji, qui avait précédemment signé la photographie de The Immigrant, la copie de The Lost City of Z se révèle un petit bijou technique avec des teintes chaudes, ambrées et dorées (des filtres jaunes pour résumer), un grain argentique palpable (tournage réalisé en 35mm), le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont tranchants, les arrière-plans sont magnifiquement détaillés, le relief omniprésent et les détails foisonnants sur le cadre large. Le Blu-ray était l’écrin tout désigné pour revoir cette œuvre majestueuse.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio anglais et français pour vous plonger dans l’atmosphère du film, bien que l’action demeure souvent réduite. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent quelques ambiances naturelles. Le caisson de basses se mêle également à la partie avec quelques montées bienvenues. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française, se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Aidan Monaghan / StudioCanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Aftermath, réalisé par Elliott Lester

AFTERMATH réalisé par Elliott Lester, disponible en DVD et Blu-ray le 18 juillet 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Arnold Schwarzenegger, Maggie Grace, Scoot McNairy, Kevin Zegers, Hannah Ware, Mariana Klaveno, Glenn Morshower, Martin Donovan…

Scénario : Javier Gullón

Photographie : Pieter Vermeer

Musique : Mark D. Todd

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

A la suite d’un crash aérien qui a coûté la vie à sa famille, un homme refuse la thèse officielle de l’accident et décide de rétablir la justice. Son attention se porte sur le contrôleur aérien en poste lors de la catastrophe.

C’est avec un gros pincement au coeur que nous découvrons Aftermath, le premier Direct to video avec Arnold Schwarzenegger. Alors que le très bon Maggie, le drame fantastique de Henry Hobson avait connu une sortie dans les salles et obtenu une critique très correcte, Aftermath a dû se contenter d’une exploitation en DVD et Blu-ray en France. Ce qui est bien dommage, car ce drame intimiste s’avère une belle et franche réussite, offrant à Arnold Schwarzenegger un de ses plus beaux rôles. Dans la continuité de Maggie, le chêne autrichien, également producteur sur les deux films, livre une de ses meilleures prestations et malgré son dernier baroud d’honneur (on l’espère) dans Terminator Genisys, le comédien ne cache évidemment plus son âge (70 ans en juillet 2017) en jouant désormais de ses rides creusées.

Aftermath s’inspire de l’histoire de Vitaly Kaloyev et celle de l’accident aérien d’Überlingen survenu le 1er juillet 2002, tuant tous les passagers à bord de deux appareils. Alors qu’il pensait enfin pouvoir accueillir sa femme et sa fille aux Etats Unis, Roman un immigré russe va voir sa vie s’écrouler en apprenant que leur avion a été victime d’une collision en plein vol qui n’a laissé aucun rescapé. Dans sa tour de contrôle, Jack, aiguilleur aérien, était seul au moment du drame à devoir gérer des problèmes techniques qui ne lui ont pas permis de voir à temps venir l’accident. Désormais la vie de ces deux hommes est brisée. Est-il possible de se remettre un jour d’un pareil événement ? Dévasté, Roman cherche rapidement à en savoir plus et se met en tête de retrouver l’homme qu’il estime responsable de la tragédie.

Sur un scénario subtil et intelligent écrit par Javier Gullón (Enemy de Denis Villeneuve), le réalisateur Elliott Lester (Blitz avec Jason Statham) signe un film prenant et viscéral, qui étonne par sa sobriété et l’investissement de ses acteurs, Arnold Schwarzenegger donc, mais aussi l’impressionnant Scoot McNairy, second rôle qui a su marquer les spectateurs dans des œuvres aussi variées que Monsters, Argo, Batman v Superman: L’aube de la justice, Gone Girl, The Rover et 12 Years a Slave. Aftermath suit ces deux personnages en parallèle, qui comme ces deux avions n’auraient jamais se rencontrer. D’un côté Roman, essaye de survivre après cet accident dans lequel sa fille de 25 ans et sa femme enceinte ont péri avec plus de 270 autres passagers, et de l’autre Jake, contrôleur aérien, qui se sent responsable de cette collision et qui tente également de continuer à vivre. Mais un an après les faits, Roman, qui n’a obtenu aucune excuse de la part de la compagnie aérienne qui lui propose en contrepartie une somme d’argent conséquente – qu’il refuse – pour espérer éviter un procès, essaye d’obtenir la nouvelle identité et la nouvelle adresse de Jake.

Délicat et tout en colère rentrée, Aftermath étonne par son approche, avec une économie de dialogues, sans pathos, sur un rythme lent mais maîtrisé et ne juge jamais l’acte de son personnage principal, préférant laisser au spectateur le choix de se faire sa propre opinion. Si l’on pense parfois à Dommage Collatéral d’Andrew Davis et surtout à La Fin des temps, film sous-estimé de Peter Hyams, dans lesquels Arnold Schwarzenegger interprétait déjà un père et mari en deuil, Aftermath parvient à tirer profit de la maturité du comédien, tandis que la très belle photo du chef opérateur Pieter Vermeer (Nightingale) sublime son charisme, par ailleurs toujours intact.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Aftermath, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est étonnamment sobre, lumineux, fixe et musical. Les langues, les chapitres (trois !) et les suppléments sont affichés sur la même page.

Pas grand-chose à se mettre sous la dent malheureusement en guise de bonus. Il faudra se contenter d’une mini-featurette de 7 minutes, composée d’interviews croisées du réalisateur Elliott Lester et du directeur de la photographie Pieter Vermeer, qui reviennent sur le travail du scénariste Javier Gullón, les thèmes abordés dans Aftermath et l’interprétation.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Metropolitan Vidéo livre un très beau Blu-ray d’Aftermath. D’entrée de jeu, les couleurs sensiblement désaturées et un léger grain sont magnifiquement restitués. Les décors fourmillent de détails (merci au cadre large), la profondeur de champ est toujours appréciable, les contrastes sont denses et les séquences sombres très élégantes. Si le film se déroule essentiellement en intérieur, aux teintes grisâtres, froides et métalliques, les séquences tournées en extérieur demeurent lumineuses, avec un piqué ciselé. Le nombreux gros plans sur les visages des deux principaux protagonistes ne manquent pas de précisions. Le codec AVC consolide l’ensemble avec brio, le relief est constamment palpable. Une édition HD française de très haut niveau, qui permet d’apprécier le film d’Elliott Lester dans les meilleures conditions.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent particulièrement sobres, mais instaurent un confort acoustique suffisant. En version originale, si les dialogues s’avèrent plus discrets, la centrale parvient à leur donner un relief en adéquation avec les sentiments des personnages. Le doublage français est réussi, l’excellent Daniel Beretta prêtant heureusement sa voix à Arnold Schwarzenegger. Dans les deux cas, la spatialisation musicale demeure évidente, les latérales soutiennent l’ensemble comme il se doit, les ambiances naturelles ne manquent pas, tout comme les interventions étonnantes du caisson de basses.

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / À ceux qui nous ont offensés, réalisé par Adam Smith

À CEUX QUI NOUS ONT OFFENSÉS (Trespass Against Us) réalisé par Adam Smith, disponible en DVD et Blu-ray le 5 juillet 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs : Michael Fassbender, Brendan Gleeson, Lyndsey Marshal, Georgie Smith, Rory Kinnear, Killian Scott, Sean Harris…

Scénario : Alastair Siddons

Photographie : Eduard Grau

Musique : The Chemical Brothers

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Les Cutler vivent comme des hors-la-loi depuis toujours dans une des plus riches campagnes anglaises, braconnant, cambriolant les résidences secondaires et narguant la police. Luttant pour faire perdurer leur mode de vie, Chad est tiraillé entre les principes archaïques de son père et la volonté de faire le nécessaire pour ses enfants. Mais la police, les traquant sans relâche, l’obligera peut-être à choisir entre sa culture et le bonheur des siens…

Depuis dix ans et sa révélation au grand public dans Angel de François Ozon, Michael Fassbdender est devenu l’un des acteurs les plus demandés du cinéma. Il faut dire que le comédien germano-irlandais a su très vite montrer l’étendue de son talent et de son registre, en étant capable de passer du blockbuster (300, Inglourious Basterds, Jonah Hex, les derniers X-Men, Prometheus, Assassin’s Creed, Alien : Covenant) au petit film d’auteur (Hunger, Shame, Fish Tank, Jane Eyre, Frank) avec une incroyable aisance. Entre deux grandes machines hollywoodiennes, il est la vedette d’À ceux qui nous ont offensésTrespass Against Us, premier long métrage d’Adam Smith, réalisateur venu de la télévision (Skins, Little Dorrit, Doctor Who) et auteur d’un documentaire- concert filmé des Chemical Brothers, Don’t Think (2012).

À ceux qui nous ont offensés est l’histoire de Chad Cutler (Michael Fassbender), père d’un petit garçon et d’une fille, issu de la deuxième génération de gens du voyage à vivre dans l’ouest du Royaume-Uni. Colby (Brendan Gleeson), son père, adore raconter des histoires à dormir debout autour du feu de camp et encourage ses petits-enfants à se méfier de ce qu’ils apprennent à l’école. Chad, qui ne sait ni lire ni écrire, et son épouse Kelly (Lyndsey Marshal) ne sont pas d’accord avec lui et veulent un meilleur avenir pour leurs enfants. Quand une série de vols se produit dans la région, la police suspecte immédiatement cette communauté. Chad, coupable idéal en raison de son passé de cambrioleur, est harcelé par les autorités. Soyons honnêtes, À ceux qui nous ont offensés passerait inaperçu s’il ne bénéficiait pas d’un tel casting. Ecrit par Alastair Siddons, le scénario voudrait inscrire le film dans une réalité sociale propre aux familles de nomades, mais s’en éloigne en narrant une intrigue parallèle faite de larcins et d’hommes traqués par la police, afin de rendre le film divertissant. Le film est certes bancal et peu réaliste, mais plaisant à suivre, grâce à l’investissement des acteurs.

Le duel amour-haine entre un père et son fils interprétés par Brandan Gleeson et Michael Fassbdender – également père et fils dans Assassin’s Creed de Justin Kurzel – emporte tous les suffrages. Ces monstres de charisme sont également bien épaulés par les excellents Lyndsey Marshal (vue dans la série Rome et Au-delà de Clint Eastwood), Rory Kinnear et Sean Harris. À ceux qui nous ont offensés est la chronique d’une famille où les générations s’affrontent. Le grand-père est fier d’avoir élevé son fils lui-même, loin des institutions, envers et contre tous, tandis que le fils, illettré comme son père (qui est fier de l’être), désire s’en affranchir et surtout que ses propres enfants aillent à l’école pour recevoir une éducation qu’il n’a pas eue. De ce point de vue, le film d’Adam Smith est très réussi. Inspiré par Chat noir, chat blanc d’Emir Kusturica, le réalisateur parvient à restituer les conditions de vie de cette communauté, sans tomber dans la caricature gratuite, sans pathos, sans non plus chercher l’empathie gratuite. Le film pèche avec cette pseudo-histoire faite de cambriolages et de vols commis dans les manoirs du comté par une bande de gitans hors-la-loi qui parviennent à échapper à la police grâce aux talents de Chad au volant. Le cocktail a du mal à prendre, même si encore une fois les acteurs sont parfaits et la mise en scène plutôt soignée (la course-poursuite nocturne est même très bien), tout comme la composition de Tom Rowlands des Chemical Brothers.

À ceux qui nous ont offensés est un joli film, même s’il finit par s’éloigner de tout réalisme documentaire, ce que le metteur en scène souhaitait au départ, au profit de l’entertainment et de l’émotion avec un final plutôt étonnant. Si on aurait préféré que tous ces ingrédients se mélangent mieux, il serait dommage de passer à côté de cette histoire qui contient quand même plus de qualités que de défauts.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’À ceux qui nous ont offensés, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Aux côtés de la bande-annonce du film, l’éditeur joint un entretien avec Michael Fassbender (16’) réalisé sur le plateau. Visiblement très investi sur ce petit film, le comédien répond aux questions (qui apparaissent sous forme de carton) et défend le premier long métrage d’Adam Smith en détaillant les personnages et les thèmes. Le scénario est passé au peigne fin, tout comme le travail avec les très jeunes acteurs et le reste du casting, qu’on aurait également voulu entendre.

L’Image et le son

Etonnant qu’avec ses 20.000 entrées au compteur, le film d’Adam Smith bénéficie d’une édition HD alors que nous disions dernièrement que La Confession (plus de 200.000 spectateurs) devait se contenter d’une simple édition DVD. Mais ne faisons pas la fine bouche. La photo signée Eduard Gray (A Single Man, Buried, Suite française) est habilement restituée, notamment les partis pris esthétiques, la colorimétrie vive et saturée sur les séquences diurnes, et un piqué joliment acéré. Les détails sont abondants sur le cadre large, la luminosité omniprésente. Là où le bât blesse, c’est que ce master apparaît beaucoup trop lisse, agressif, laqué et manque de patine.

Quatre mixages au programme ! Nous n’avons pas à nous plaindre des mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 qui répartissent les répliques, la musique et les effets avec une belle fulgurance. Il est évidemment nécessaire de visionner À ceux qui nous ont offensés en version originale, même si la piste française s’en sort aussi bien, techniquement parlant. La séquence de poursuite jouit d’une belle ouverture de l’ensemble des enceintes, les ambiances fusant de toutes parts. Le caisson de basses intervient aux moments opportuns et souligne les vrombissements des moteurs dès la scène d’ouverture. Les pistes Stéréo instaurent un confort acoustique riche et très plaisant.

Crédits images : © The Jokers / Le Pacte / SND / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Grave, réalisé par Julia Ducournau

GRAVE réalisé par Julia Ducournau, disponible en DVD et Blu-ray le 26 juillet 2017 chez Wild Side Video

Acteurs : Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella, Joana Preiss, Laurent Lucas, Bouli Lanners…

ScénarioJulia Ducournau

Photographie : Ruben Impens

Musique : Jim Williams

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature et comprend très vite qu’elle ne peut plus s’en passer. Surtout saignante. Et un campus ne manque pas de chair fraîche !

Avant Grave, son premier long métrage pour le cinéma, Julia Ducournau, ancienne élève de la Fémis, est la réalisatrice d’un court-métrage, Junior (2011) puis d’un téléfilm pour Canal+ mis en scène avec Virgile Bramly, Mange (2012), interdit aux moins de 16 ans. Pour ses débuts au cinéma, Julia Ducournau retrouve Garance Marillier, qu’elle avait dirigée dans Junior. C’est une double révélation et pour une fois le mot n’est pas usurpé. De par son sujet aussi singulier que dérangeant, et par son impressionnante maîtrise formelle, ce premier film multi-récompensé – par le Grand Prix à Gérardmer et le Prix de la critique internationale à la Semaine de la critique à Cannes – est un choc dans le cinéma français et a su créer l’événement dans les festivals du monde entier où certains spectateurs se seraient même évanouis devant les scènes de cannibalisme.

Justine, comme le reste de sa famille, est végétarienne. A 16 ans, la jeune femme, précoce, est reçue dans l’école vétérinaire où sa soeur aînée, Alexia, est déjà élève. Mais l’intégration est brutale : le bizutage commence en effet tout de suite pour Justine, qui ne peut pas compter sur le soutien de sa soeur et se retrouve forcée d’ingérer un morceau de viande crue, un rein de lapin. Cette expérience douloureuse n’est pas sans conséquences sur l’étudiante qui commence à développer un étrange comportement. Le point commun des trois mises en scène de Julia Ducournau, alors grande admiratrice du cinéaste canadien David Cronenberg, est le sujet de la métamorphose physique. On retrouve dans Grave ce rapport au corps et cette approche clinique qui a fait la marque de fabrique et le succès de l’auteur de La Mouche. Outre quelques références notables, à l’instar de Carrie de Brian de Palma, la réalisatrice a su digérer ses modèles et influences pour planter son film dans un réalisme morbide.

Si l’on craint tout d’abord de manquer d’empathie pour le personnage principal, l’incroyable Garance Marillier emporte tous les suffrages. Avec son visage doux et à la fois inquiétant qui rappelle étonnamment Dominique Blanc, elle signe une véritable, charismatique et ébouriffante prestation. Un sacré défi qu’un César devrait normalement récompenser en 2018, puisque la caméra ne la quitte quasiment pas du début à la fin, s’attachant à capter les moindres nuances de la transformation du personnage (qui change littéralement de peau), comme la mutation « reptilienne » d’une ado tomboy en jeune fille dans Junior. Certes, on retrouve le côté punk-sexe de Mange, mais Grave s’inscrit dans la continuité du court-métrage, d’autant plus que l’héroïne s’appelle Justine – en référence au livre du Marquis de Sade, Justine ou les malheurs de la vertu – dans les deux films et qu’il s’agit de la même comédienne.

Drame et récit d’émancipation, le spectateur suit cette jeune étudiante, qui apparaît d’abord sûre d’elle-même en arrivant à l’école vétérinaire, avant de se rendre compte très vite de la violence et de la brutalité de l’entrée dans le monde adulte. Après quelques mises à l’épreuve, Justine va se révéler à elle-même et laisser sa véritable nature prendre le dessus, en se laissant aller à ses pulsions, ses envies (sexuelles et gustatives), après une longue opposition entre l’esprit qui voudrait rester rationnel et les désirs physiques avec un corps voulant jouir et s’épanouir, pour enfin s’affirmer et accepter sa différence.

Frontal, graphique, organique et clinique (superbe photo teintée de giallo du chef opérateur Ruben Impens), mais pourtant sensuel et jamais glauque, Grave est un film burné qui n’a pas peur de foncer dans le tas, de déplaire et de provoquer le malaise – la musique de Jim Williams et la b.o hystérique participent également à l’ambiance – auprès d’une audience qui a oublié ce que voulait dire être secoué dans les salles. C’est cette franchise qui rappelle le formidable Dans ma peau de Marina de Van, cette envie de cinéma, cette audace de sortir des sentiers battus qui font de Grave, malgré un dénouement largement prévisible en raison de la présence de Laurent Lucas au générique, une grande et radicale réussite.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Grave, disponible chez Wild Side Video, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray est proposé avec le DVD en combo. Le menu principal est coloré, animé et musical.

Point de making of à l’horizon, c’est la grande déception de cette édition. En revanche, l’éditeur charge la section des suppléments avec deux très (trop ?) longues interviews de la réalisatrice Julia Ducournau (47’) et de la comédienne Garance Marillier (48’), toutes deux animées par Fausto Fasulo, rédacteur en chef du magazine Mad Movies.

Durant le premier entretien, Julia Ducournau revient sur son parcours, sur Junior et Mange, l’écriture et l’évolution du scénario de Grave, la psychologie du personnage de Justine, l’importance du son, les partis pris, la structure du film, les scènes coupées au montage, ses influences, le casting et bien d’autres éléments. Dommage que cet échange soit foutraque, parfois hésitant et maladroit. L’éditeur aurait gagné à tailler dans le gras afin d’insuffler un rythme qui fait cruellement défaut à cette interview qu’on aurait aimée plus dense et intéressante.

En revanche, la rencontre avec Garance Marillier s’avère plus sympathique, même si cette fois encore l’interview n’a aucune structure et passe du coq à l’âne. La jeunesse et la spontanéité de la jeune actrice font le charme de ce rendez-vous durant lequel elle évoque son intérêt pour le jeu, sa formation (musicale), sa rencontre, son travail et son amitié fusionnelle avec Julia Ducournau, sa passion pour David Lynch et Wong Kar-wai, son premier choc cinématographique (Vertigo d’Alfred Hitchcock), sa préparation pour le rôle, le défi des scènes physiques, ses impressions de tournage, la réception du film et son avis sur les critiques négatives.

L’éditeur a pu mettre la main sur deux scènes coupées (alors qu’il y en avait bien plus), Oracle (2’) et Gravité (3’). Complètement anecdotiques mais sympas, ces séquences non montées valent le coup d’oeil et prolongent entre autres un cours réalisé par un professeur singulier avec comme sujet l’utérus d’une vache.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et les credits du disque.

L’Image et le son

Saturation des couleurs primaires, luminosité aveuglante, piqué chirurgical, détails au scalpel aux quatre coins du cadre large, contrastes fabuleux, c’est sublime ! La profondeur de champ est sidérante et chaque parti pris inspiré de la photo du chef opérateur Ruben Impens (Alabama Monroe, Les Herbes folles, La Merditude des choses), est magnifiquement restitué à travers cette édition HD absolument indispensable. Le Blu-ray démo du mois de juillet 2017.

La piste unique DTS-HD Master Audio 5.1 instaure un confort acoustique total avec une redoutable homogénéité des voix et des effets annexes. Le pouvoir immersif du mixage est fort plaisant dès la première scène. Toutes les enceintes sont intelligemment mises à contribution, les effets souvent percutants. La balance frontale et latérale est constante et riche, le caisson de basses souligne efficacement les séquences du film les plus agitées (ça vibre même de partout durant les fiestas et le bizutage) et l’imposante bande-son, tandis que les dialogues et commentaires restent fluides et solides. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Wild Bunch Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr