Test Blu-ray / Flagellations, réalisé par Pete Walker

FLAGELLATIONS (House of Whipcord) réalisé par Pete Walker, disponible en combo Blu-ray/DVD chez Artus Films le 6 mars 2018

Avec :  Barbara Markham, Patrick Barr, Ray Brooks, Ann Michelle, Sheila Keith, Dorothy Gordon…

Scénario : Pete Walker, David McGillivray

Photographie : Peter Jessop

Musique : Stanley Myers

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Jeune mannequin français vivant à Londres, Anne-Marie se laisse séduire par Mark, qui l’emmène chez ses parents, dans une vieille et grande maison de campagne. Elle comprend bien vite qu’elle n’est qu’une proie de plus, donnée en pâture à Mme Wakehurst, une ancienne directrice de prison pour femmes, et son mari, le juge Bailey. Sous prétexte de rédemption et de lutte contre la dépravation, ces deux pervers assouvissent en fait leur sadisme et leur perversité.

Etrange long métrage que Flagellations, aka House of Whipcord en version originale, écrit par David McGillivray et réalisé par Pete Walker en 1974, cinéaste britannique qui a fait les grandes heures de la sexploitation et de l’épouvante, de la fin des années 1960 au début des années 1980. Né en 1939, Pete Walker débute par des courts-métrages dénudés (Soho Striptease, The Girl That Boys Dream About, Please Do Not Touch) qu’il produit lui-même et revend sous le manteau, avant de passer au long-métrage en 1968 avec The Big Switch. Suivront alors des œuvres aux titres explicites L’Ecole du sexe, Der Porno-Graf von Schweden, Four Dimensions of Greta en relief !. Puis, il change de registre en abordant l’épouvante avec Meurs en hurlant, Marianne et Le Rideau de la mort. Pour les aficionados, les cinéphiles et les amateurs de films de genre, Flagellations reste et demeure son meilleur film. Si l’on est tout d’abord attiré par la sublime affiche qui vend une belle créature en prise avec des matrones mal intentionnées et armées d’un fouet qui donne son titre au film en anglais, Flagellations ne se contente pas de ces quelques ingrédients qui servent finalement à appâter les spectateurs. C’est aussi et surtout un thriller tendu et violent, emblématique de la situation politique britannique alors extrêmement rigoriste et rétrograde.

Anne-Marie DeVarnet (la belle Penny Irving), est une top-modèle venue de France pour tenter sa chance en Angleterre. Remarquée pour avoir fait quelques clichés dénudés, elle se voit inviter lors d’une soirée par un inconnu, un certain Mark E. Desade (Robert Tayman, vu dans Le Cirque des vampires de Robert Young), qui lui propose de l’emmener chez ses parents. Julia accepte et se retrouve dans une gigantesque demeure qui semble inhabitée. Elle va bientôt découvrir le secret de cet endroit insolite et de sa présence ici : elle vient en réalité de se faire kidnapper et se retrouve devant une directrice (Barbara Markham, glaçante), son mari aveugle (Patrick Barr) et deux gardiennes sadiques (Sheila Keith et Dorothy Gordon) qui vont lui inculquer le savoir-vivre, sous peine de lui faire subir quelques tortures dont la punition du fouet. La demeure entourée de hauts murs impénétrables et plantée au milieu de nulle part dans la campagne anglaise est une ancienne prison abandonnée devenue un lieu de séquestration pour jeunes filles, dirigée par des individus prônant le retour de l’ordre moral et de la civilité.

Non seulement Pete Walker parvient à flatter son public de base, souvent plus intéressé par les formes exposées des jolies actrices que par l’histoire qui leur est racontée, mais le réalisateur parvient également à dresser un constat aussi réaliste que pessimiste sur l’Angleterre au début des années 1970. Les institutions et autorités en prennent pour leurs grades, Pete Walker n’hésitant pas à fustiger des juges (également bourreaux) qui décident de rendre une autre justice, en punissant des jeunes femmes qui enfreignent selon eux les codes moraux. Décidées à les faire revenir dans le droit chemin, des gardiennes revêches, vieilles filles, à la sexualité refoulée et dépourvue de sentiments, ont alors recours à des méthodes brutales en traitant ces jeunes « délurées » comme des animaux parqués dans d’anciennes cellules glauques et suintantes.

Si l’une des pensionnaires vient à fauter, celle-ci est mise en isolement. En cas de récidive, elle est déshabillée et fouettée. Si jamais la pécheresse venait à commettre une troisième faute, elle est condamnée à être pendue. Le processus de déshumanisation est en cours. Même s’il a toujours nié faire passer un message politique dans ses films qu’il revendiquait comme étant uniquement commerciaux, Flagellations – titre français évidemment racoleur et pas du tout représentatif de l’histoire – incite à la réflexion. Ceci dès le carton introductif « Ce film est dédié à ceux que le relâchement des codes moraux actuels inquiète et qui attendent impatiemment le retour du châtiment corporel et de la peine de mort » jusqu’à la fin redoutablement sombre avec ses costumes ternes et la photographie pluvieuse de Peter Jessop.

Alors que la Hammer est morte en emportant avec elle ses créatures démoniaques et ses couleurs baroques, des monstres apparaissent en déambulant dans la société d’aujourd’hui sous un ciel grisâtre. Joyaux de la British Horror, Flagellations, classé X à sa sortie, s’apparente plus à un thriller psychologique et pervers dont le statut culte n’est pas usurpé.

LE BLU-RAY

Avec Flagellations, l’éditeur Artus Films signe ses premiers pas dans le domaine de la Haute-Définition. Le film de Pete Walker est chouchouté puisque disponible dans un beau combo Blu-ray-DVD. Le visuel est attractif et la jaquette glissée dans un boîtier classique de couleur bleue. Le menu principal est fixe et muet.

Qui de mieux que l’incontournable et érudit David Didelot pouvait nous présenter Flagellations ? Pendant une heure (1h01 pour être précis), le co-fondateur du fanzine Vidéotopsie revient armé jusqu’aux dents de VHS, d’ouvrages et de DVD pour illustrer ses propos toujours aussi passionnants et qui donnent furieusement envie de se jeter sur tous les titres Bis évoqués. Pas un seul moment de répit pour David Didelot qui dans la première demi-heure dresse un fabuleux portrait du réalisateur Pete Walker. Ses débuts au cinéma, ses films, ses partis pris, ses intentions, mais également son ambiguïté sont passés au crible. Ne tarissant pas d’éloges sur ce réalisateur indépendant qu’il affectionne tout particulièrement, David Didelot déclare que Pete Walker mériterait d’être reconsidéré à sa juste valeur. Au bout de 27 minutes, Flagellations est analysé – dans le fond comme dans la forme – par notre spécialiste du Bis, évoquant également le casting, l’accueil critique, la sortie du film et les divers titres d’exploitation tels que La Pension du plaisir ou Mutilator !

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Une belle entrée en fanfare dans la HD pour l’éditeur ! Le transfert est irréprochable, le master immaculé, stable et dépourvu de déchets résiduels. Les noirs sont concis, la colorimétrie est volontairement atténuée et tire vers les gris-bruns. Les décors dépouillés sont omniprésents et les personnages n’ont aucun mal à ressortir devant un fond uni, froidement éclairé, avec de très beaux gros plans qui foisonnent de détails. La gestion des contrastes est également très solide. Malgré un très léger voile apparent sur les séquences nocturnes et tamisées, ainsi que de menus changements chromatiques au cours d’une même séquence ou sur un champ-contrechamp, ce master HD présenté dans son format d’origine 1.66. est exemplaire. Le Blu-ray est au format 1080p.

Le film de Pete Walker bénéficie d’un doublage français, le film étant sorti en 1984 dans nos contrées. Au jeu des comparaisons avec la version originale, la piste française au doublage réussi s’accompagne de quelques chuintements. Véritable gruyère suite à de nombreuses coupes, cette version passe directement en version originale sous-titrée en français lors des séquences jamais doublées. La piste anglaise est plus dynamique, propre et intelligible, homogène dans son rendu, notamment au niveau des effets sonores. Les sous-titres français ne sont pas imposés.


Crédits images : © Artus Films Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Fellini Roma, réalisé par Federico Fellini

FELLINI ROMA (Roma) réalisé par Federico Fellini, disponible en DVD, Blu-ray et Édition Collector Blu-ray + DVD chez Rimini Editions le 23 janvier 2018

Avec :  Federico Fellini, Anna Magnani, Gore Vidal, Alvaro Vitali, Eleonora Giorgi…

Scénario : Federico Fellini, Bernardino Zapponi

Photographie : Giuseppe Rotunno

Musique : Nino Rota

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Rome durant la première moitié du XXe siècle… A travers ses souvenirs d’enfance ou d’adolescence, Federico Fellini livre la plus belle des déclarations d’amour à sa ville d’adoption. De la nostalgie à la satire, de la truculence au lyrisme, une fresque inoubliable, aux innombrables séquences d’anthologie.

Sans tenir compte des Feux du music-hall, coréalisé avec Alberto Lattuada en 1950, ni du documentaire TV Bloc-notes d’un cinéaste (1969), Fellini Roma apparaît au beau milieu de l’immense filmographie du maître italien. Véritable œuvre centrale de la carrière de Federico Fellini, ce douzième long métrage est à la fois une œuvre bilan, mais également annonciateur de ce que le maestro comptait alors aborder dans ses prochains rêves éveillés, centrés sur ses souvenirs personnels. Chef d’oeuvre absolu que l’on a de cesse de redécouvrir à chaque visionnage, Fellini Roma n’a pas fini de livrer ses secrets.

Rome d’hier et Rome d’aujourd’hui. Fellini, pressé par ses étudiants de signer un cinéma engagé, se penche sur Rome, sa ville d’adoption. Sur la cité antique des souvenirs scolaires, d’abord, celle de la Louve et de Néron, des gladiateurs de cinéma qui côtoyaient, dans les salles obscures, les fascistes des actualités. Sur la Rome de son adolescence, ensuite, qu’il éprouva dès son arrivée dans la capitale, au sein d’une pittoresque pension de famille dominée par l’imposante et impotente «mamma». Peuplée des truculents clients des trattorias, des spectacles minables du music-hall Jovinelli, cette Rome-là fut aussi, pour le jeune provincial de Rimini, le site des premiers désirs amoureux, apaisés dans des maisons plus ou moins accueillantes, sous les grondements des alertes aériennes et des échos de la guerre…

Si Satyricon donnait le ton sur l’orientation formelle et sensorielle de son auteur, Fellini Roma, réalisé après la parenthèse des Clowns, téléfilm finalement exploité dans les salles, transcende les partis pris de sa précédente fresque. Mais là où Satyricon pouvait parfois être pesant, surtout sur le fond particulièrement hermétique, Fellini Roma est un film qui inspire l’empathie. Pourtant, comme l’indique une voix-off en version française qui imite l’accent italien du cinéaste, Fellini Roma ne ressemble à aucun autre film et en complète rupture avec les structures classiques de la dramaturgie. Collage, patchwork, kaléidoscope, maelström, puzzle onirique, instantanés, mirages, hallucinations, fantasmes, Fellini Roma utilise la forme d’un faux reportage pour entrelacer réalité et rêveries, propres au réalisateur italien. Les saynètes et récits n’ont de point commun que la ville de Rome, qui se transforme au fil de la narration, observée par Fellini qui entrecroise les grandes évolutions de la capitale italienne depuis 1900 et ses propres souvenirs liés à son arrivée à la gare de Rome-Termini.

Dans les années 1930, on suit ainsi l’arrivée d’un jeune provincial dans un monde qu’il ne connaît pas, puis l’on passe dans la Rome moderne avec son autoroute périphérique (reconstituée en studio) où des prostituées aguichent les conducteurs. Puis, retour dans les années 1940 où un spectacle populaire se joue dans un music-hall de bas étage, alors que les bombardements aériens sifflent au-dessus de la tête des spectateurs. S’ensuit alors la découverte de sites antiques au moment de la construction du métro, puis retour à l’époque du fascisme avec ses bordels blindés. Enfin, place à un défilé de mise ecclésiastique avec ses toges en néons, avant de laisser la voie libre aux hippies et aux bikers qui déferlent dans les rues de Rome avec la fleur au bout du fusil, Peace & Love autour du cou et leurs motos aux moteurs pétaradants à qui la ville appartient désormais. Tout cela entremêlé, sans ordre chronologique, en prenant le spectateur par surprise, en le perdant pour mieux le déstabiliser.

Furieusement poétique, Fellini Roma est une succession de tableaux vivants peints par le maître, où la beauté de l’architecture côtoie celle des visages (dont celui d’Anna Magnani, dans une apparition subliminale dans son propre rôle) et corps atypiques, avec ses hommes aux faciès émaciés et ses femmes aux seins lourds et aux fesses larges, composantes de la magnificence de la ville. Caricaturiste, Federico Fellini use de la pellicule comme d’une toile et passe d’un modèle à l’autre, en mélangeant les encres pour en faire ressortir les âmes, les senteurs (celles d’un plat de spaghetti, des joues fardées d’une prostituée, de la pollution sur le périphérique) et la cacophonie de Rome. Un fascinant chef d’oeuvre qui n’a de cesse de stimuler l’imagination encore après, justement récompensé par le Grand Prix Technique au Festival de Cannes en 1972.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition collector Blu-ray+DVD de Fellini Roma, disponible chez Rimini Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend donc le Blu-ray et le DVD du film, ainsi que deux DVD de suppléments comprenant chacun deux modules issus de la série documentaire intitulée Zoom sur Fellini. Les menus principaux sont animés et musicaux. Fellini Roma est également disponible en DVD et Blu-ray standard.

Le Blu-ray contient tout d’abord un entretien avec le réalisateur et scénariste Italo Moscato (22’), qui dans un premier temps, replace Fellini Roma dans la carrière du cinéaste. Il compare l’oeuvre qui nous intéresse à d’autres films de Fellini, puis analyse plus en profondeur les thèmes, les partis pris et les intentions de Federico Fellini. Parallèlement, Italo Moscato évoque l’évolution de Rome à travers les décennies.

Ce disque contient également les célèbres scènes coupées et plans éliminés de Fellini Roma (17’). En introduction, un carton indique que toutes les bobines ont connu des coupes pour des questions de rythme. Les rejets les plus célèbres concernent les séquences à la fête de Noantri dans le Trastevere avec Marcello Mastroianni et Alberto Sordi, qui ont disparu du montage définitif. Les images ont été restaurées par L’Immagine Ritrovata en 2010. Des différences de colorimétrie indiquent quels sont les plans laissés sur le banc de montage.

L’interactivité du Blu-ray se clôt sur deux bandes-annonces.

Jetez-vous immédiatement sur les deux DVD inclus à l’édition collector.

Le premier disque contient les deux premières parties de Zoom sur Fellini (1983 – Gianfranco Angelucci), consacrées aux comédiens qui ont tourné avec le maestro (47’ et 50’). Interviennent pêle-mêle Marcello Mastroianni, Alberto Sordi, Franco Fabrizi, Leopoldo Trieste, Franco Interlenghi, Terence Stamp, Magali NoëlDonald Sutherland, Donatella Damiani, Freddie Jones, Caterina Boratto, Sandra Milo, Armando Brancia, Giulietta Masina, Ciccio Ingrassia, Alain Cuny, Anouk Aimée, Anita Ekberg et François Périer. Ouf ! Ces artistes exceptionnels ont bien voulu se raconter et parler de leur collaboration avec Federico Fellini, qui apparaît également à travers différentes images de tournage. Les anecdotes se multiplient et s’entrecroisent.

Le second disque Bonus démarre avec la partie 3, Fellini au panier (45’). Comme son titre l’indique, ce supplément se focalise sur des séquences entières coupées des films de Federico Fellini. Ce dernier, accompagné de l’écrivain, journaliste et traducteur Oreste del Buono, présentent et commentent des scènes laissées sur le banc de montage d’Amarcord, des Nuits de Cabiria et même du Casanova de Fellini. Les amateurs (ou mateurs c’est selon) de films Bis auront la surprise de découvrir une séquence où Donald Sutherland poursuit l’impressionnante Chesty Morgan, star du « classique » Supernichons contre mafia de Doris Wishman (1974), alléché par ses formes ultra-généreuses. Dommage que les propos soient parfois parasités par des petites interventions supposées être drôles de la starlette Nicoletta Della Corte, mais cela reste anecdotique.

La quatrième et dernière partie intitulée Les Visages de Fellini (49’30) se déroule au beau milieu des studios de Cinecittà, où Federico Fellini est en train de tourner Et vogue le navire. Alors que le réalisateur (et assistant de Fellini sur ce tournage) Andrea De Carlo déambule entre les restes de précédents tournages (La Cité des femmes notamment) laissés à l’abandon, les figurants interviennent face caméra pour raconter comment et pourquoi Federico Fellini les a engagés sur son film. La caméra s’immisce dans les coulisses, certains dorment dans un recoin du décor, Fellini fait un petit tour pour donner quelques indications sur le maquillage de ses acteurs. Un peu plus tard, Marcello Mastroianni est interviewé (en costume) sur le plateau d’Henri IV, le Roi fou de Marco Bellocchio.

L’Image et le son

Premier bon point : Exit le master 4/3 jusqu’alors disponible en DVD chez MGM et bienvenue à ce cher 16/9 qui nous avait tant manqué sur ce titre ! Fellini Roma débarque dans un master Haute-Définition. Bon, en revanche, quelques couacs à signaler. Le Blu-ray est au format 1080i, d’où sa durée d’1h54 puisque le film de 2 heures défile plus rapidement. Ensuite, l’image demeure parfois marquée par des tâches et points disparates, surtout durant la première partie. Toutefois, pour sa première édition en HD dans nos contrées, Fellini Roma s’avère plus que plaisant et même à redécouvrir dans ces conditions. Le confort de visionnage est présent, la colorimétrie est également à l’avenant avec de beaux contrastes, une texture argentique exemplaire, un piqué souvent confondant sur les séquences diurnes et même quelques noirs compacts. Le transfert est élégant et stable.

Il n’y a rien de bien méchant à signaler concernant la piste italienne DTS-HD Master Audio Mono 1.0 qui demeure de fort bon acabit et propre, si ce n’est quelques dialogues étrangement plus sourds que d’autres au cours d’une même séquence, ou bien diverses résonances et saturations émaillées par-ci, par-là. La version française DTS-HD Master Audio Mono manque quant à elle de naturel et se focalise trop sur le rendu des voix.

Crédits images : © Rimini Editions Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Petit Spirou, réalisé par Nicolas Bary

LE PETIT SPIROU réalisé par Nicolas Bary, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 30 janvier 2018

Avec :  Sacha Pinault, Pierre Richard, François Damiens, Natacha Régnier, Gwendolyn Gourvenec, Philippe Katerine…

Scénario : Laurent Turner, Nicolas Bary d’après la bande-dessinée Le Petit Spirou de Tome & Janry

Photographie : Vincent Gallot

Musique : Rolfe Kent

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Petit Spirou, comme toute sa famille avant lui, a un destin professionnel tout tracé. Quand sa mère lui annonce qu’il intégrera dès la rentrée prochaine l’école des grooms, Petit Spirou, avec l’aide de ses copains, va profiter de ses derniers jours de classe pour déclarer sa flamme à Suzette. Et pas n’importe comment. Ils décident de vivre une aventure extraordinaire.

Il fallait s’y attendre. Après Boule & Bill (un succès) et sa suite (un four monumental), L’Elève Ducobu (un succès) et sa suite (un succès relatif), Benoît Brisefer : les taxis rouges (un accident industriel), Le Petit Nicolas (un triomphe) et sa suite (un échec commercial), l’exécrable Lucky Luke de James Huth, la baudruche Valérian et la Cité des mille planètes de Luc Besson, sans compter les Astérix, Sur la piste du Marsupilami, les Largo Winch et en attendant Bécassine de Bruno Podalydès, le Gaston Lagaffe de Pierre-François Martin-Laval (qui avait déjà commis les deux Profs) et un possible Astérix en Chine, la bande-dessinée inspire encore et toujours le cinéma français et Le Petit Spirou devait y passer également. L’oeuvre de Tome (le scénariste) et Janry (le dessinateur) créée en 1990, 17 tomes et un hors-série à ce jour, déboule à son tour sur le grand écran en version live, sous la direction de Nicolas Bary.

Révélé en 2008 avec Les Enfants de Timpelbach, adaptation du roman homonyme d’Henry Winterfeld, puis réalisateur d’Au bonheur des ogres (2013), transposition du best-seller de Daniel Pennac, Nicolas Bary retrouve un univers qu’il connaît bien et qui lui sied à merveille, celui des enfants. Fan de Steven Spielberg, George Lucas, Terry Gilliam et Tim Burton, le jeune cinéaste passionné par les contes livre un film un peu patchwork, coloré, extrêmement soigné dans sa forme avec de très beaux décors à la fois rétro et modernes, ainsi qu’une photographie bigarrée. Le rythme est soutenu du début à la fin, les sous-intrigues s’imbriquent comme les cases d’une planche de BD, les dialogues sont bien écrits, surtout lorsque Spirou s’interroge sur le libre-arbitre, puisque le petit garçon n’est pas certain de vouloir reprendre le flambeau, à savoir devenir groom comme ses parents et leurs parents avant eux, depuis plusieurs générations.

Alors qu’on l’inscrit de force dans une école destinée à lui apprendre son futur métier, Spirou va peu à peu découvrir ce pour quoi il est né, l’aventure. Mais en attendant, il décide d’emmener Suzette, sa camarade de classe dont il est amoureux, faire un tour du monde que devrait apprécier le réalisateur Michel Gondry. Le Petit Spirou est un film très attachant, loin des produits sans âmes comme les deux hideux Boule & Bill, les hystériques Ducobu ou l’imbuvable Benoît Brisefer. D’une part parce que l’ensemble témoigne d’un grand savoir-faire technique, plutôt rare dans le cinéma hexagonal, d’autre part parce que les comédiens sont tous excellemment castés et semblent prendre beaucoup de plaisir dans cette aventure drôle, tendre et poétique.

Dans le rôle-titre, le jeune Sacha Pinault se montre très naturel, espiègle et charismatique devant la caméra. Avec leurs grands yeux bleus pétillants, Pierre Richard et Natacha Régnier étaient les choix les plus judicieux pour incarner le grand-père et la maman du Petit Spirou. Peu habituée des grosses productions, la comédienne rayonne et son immense sensibilité crève une fois de plus l’écran. Pierre Richard, bientôt 84 ans, est en pleine forme et incarne avec énergie ce grand-père lunaire et porté sur les jolies femmes. A leurs côtés, François Damiens est parfait dans le rôle du prof de gym Désiré Mégot, Armelle campe une voyante décalée entourée de ses chats, Philippe Katerine est un génial abbé Langélusse, passionné par le métal, qui cite allègrement AC/DC et Iron Maiden. Quant à la fameuse Mademoiselle Chiffre, professeur de mathématiques qui fait chavirer le coeur des tous petits, le dessin de Janry prend littéralement vie sous les traits (et les courbes affriolantes) de Gwendolyn Gourvenec, révélation du film que l’on espère revoir très bientôt au cinéma. Tout ce beau petit monde est réuni avec les amis du Petit Spirou (Suzette, Vertignasse, Cassius, Ponchelot) dans un récit fait de quiproquos et d’émotions fait pour divertir les spectateurs, petits et grands.

Si le film est loin d’avoir eu le succès espéré avec 465.000 entrées pour un budget de 8,5 millions d’euros, la fin reste néanmoins ouverte pour une suite. Mais avant cela Spirou fera son retour – adulte cette fois – le 21 février 2018 dans Les Aventures de Spirou et Fantasio, réalisé par Alexandre Coffre, avec Thomas Solivéres et Alex Lutz.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Petit Spirou, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est coloré, animé et musical.

L’interactivité est centrée sur un making of traditionnel de 25 minutes. Présenté par la vedette du film Sacha Pinault, ce documentaire compile les propos des comédiens avec d’un côté les « grands », Natacha Régnier, François Damiens, Pierre Richard et Gwendolyn Gourvenec, et les petits de l’autre. Nicolas Bary intervient également, tout comme les auteurs de la BD, Tome et Janry, le compositeur Rolfe Kent, pour évoquer le tournage, la transposition de l’oeuvre originale en prises de vues réelles, le travail sur les décors, les costumes et la photographie. Le casting est évidemment passé au peigne fin, les images de tournage abondent, bref ce making of remplit parfaitement le cahier des charges.

Du coup, les featurettes intitulées La Famille Spirou (5’), Les Enfants (3’), Les Profs (3’30) et Spirou au cinéma (2’) ne font que reprendre des extraits du module précédent et n’ont aucun intérêt.

Cette section se clôt sur le clip musical de Vianney, « Si on chantait » (3’). On serait tenté de lui dire « Si tu te taisais », mais ce serait méchant.

L’Image et le son

Ce transfert HD s’avère soigné, l’univers de la BD est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes, avec des ambiances cuivrées caractéristiques de l’univers des grooms et des tons plus froids pour le monde de l’école. Les contrastes sont au beau fixe et le piqué agréable. La définition est au top et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent et des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes.

Dès la première séquence, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une solide spatialisation. Ce mixage fait la part belle à la musique enfantine et légère de Rolfe Kent, présente pendant tout le film. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets frappants tandis que les ambiances naturelles en extérieur demeurent constantes. Le spectacle acoustique est assuré. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © La Belle Company / Apollo Films / TF1 Studio /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Petit paysan, réalisé par Hubert Charuel

PETIT PAYSAN réalisé par Hubert Charuel, disponible en DVD et Blu-ray chez Pyramide Vidéo le 9 janvier 2018

Avec :  Swann Arlaud, Sara Giraudeau, Isabelle Candelier, Bouli Lanners, Valentin Lespinasse, Clément Bresson…

Scénario : Claude Le Pape, Hubert Charuel

Photographie : Sébastien Goepfert

Musique : Myd

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Pierre, la trentaine, est éleveur de vaches laitières. Sa vie s’organise autour de sa ferme, sa sœur vétérinaire et ses parents dont il a repris l’exploitation. Alors que les premiers cas d’une épidémie se déclarent en France, Pierre découvre que l’une de ses bêtes est infectée. Il ne peut se résoudre à perdre ses vaches. Il n’a rien d’autre et ira jusqu’au bout pour les sauver.

On ne l’avait pas vu arriver, et pourtant Petit paysan est l’un des meilleurs films de 2017. Venu tout droit de la Haute-Marne, le réalisateur Hubert Charuel, né en 1985, est fils d’agriculteurs. Il grandit entouré d’animaux et travaille dans le secteur de l’élevage laitier, avant de s’orienter vers des études de cinéma. Ses excellents courts-métrages, Diagonale du vide (2011), son film de fin d’études et K-nada (2015), primé au Festival Premiers Plans d’Angers, montrent son attachement pour sa région et traite des rêves des jeunes de sa génération, tandis que son troisième court-métrage Fox-Terrier (2016), dévoile plutôt son amour pour le cinéma de genre puisqu’il s’agit d’un vrai petit thriller rural se déroulant dans le milieu de la chasse. Pour son premier long métrage Petit paysan, Hubert Charuel condense tous ces éléments pour livrer un intense et grand drame teinté de polar, magnifiquement interprété.

A 35 ans, Pierre, paysan, gère seul un troupeau de vaches laitières dans l’ancienne ferme de ses parents. Un jour, il sollicite sa sœur, vétérinaire, pour obtenir son avis sur une vache dont le comportement lui semble anormal. Est-ce le début inquiétant d’une série ? Ou bien, comme lui dit sans hésitation sa sœur, la vache n’a-t-elle absolument rien d’anormal ? A l’heure où des troupeaux entiers sont abattus en raison de la maladie belge, la FHD (fièvre hémorragique dorsale), il se rend compte que la vache auscultée commence à suer du sang. Malgré son attachement et même son amour pour la bête, Pierre, voulant sauver le reste du troupeau, décide de la tuer durant la nuit, puis l’enterre en y mettant le feu. Mais quelques jours après une autre vache présente les mêmes symptômes. Pierre entre alors dans une spirale infernale.

Diplômé de la Fémis, Hubert Charuel signe un véritable coup de maître avec Petit paysan. Depuis plus de dix ans, le comédien Swann Arlaud, né en 1981 a su se faire remarquer dans des œuvres aussi variées sur Les Ames grises d’Yves Angelo (2005), Le Temps des porte-plumes (2006), Le Bel Age de Laurent Perreau (2009), Les Emotifs anonymes de Jean-Pierre Améris (2010), Michael Kohlhaas d’Arnaud des Pallières (2013) ou bien encore dernièrement dans Une vie de Stéphane Brizé (2016). Il obtient enfin pour la première fois le premier rôle dans Petit paysan et foudroie le spectateur par son talent, son charisme magnétique et sa force digne d’un Patrick Dewaere. A fleur de peau, le personnage se retrouve piégé par ses propres stratagèmes pour maintenir son cheptel d’une trentaine de vaches qui répondent aux doux noms de Cactus, Griotte, Verdure… Comme il le dit lui-même à sa sœur, Pierre, solitaire, ne « sait faire que ça » et sa vie n’aurait plus de sens si son troupeau devait être abattu.

Tourné dans la véritable ferme familiale à Droyes, situé entre Reims et Nancy, Petit paysan est autant un thriller paranoïaque qu’un drame psychologique. Swann Arlaud s’est minutieusement préparé pour assimiler les gestes du quotidien et les séquences où son personnage s’occupe de ses animaux sont empreints d’une dimension documentaire. A l’heure où nous ne connaissons pas encore les nominations pour la prochaine cérémonie des César, espérons que l’académie saura récompenser le comédien en le nommant dans la catégorie Meilleur acteur, pour laquelle il mérite d’ailleurs d’obtenir le Saint Graal. N’oublions pas ses partenaires, Isabelle Candelier, India Hair, Marc Barbé, Bouli Lanners et surtout Sara Giraudeau. Hubert Charuel rend hommage à sa famille, d’ailleurs ses parents et son grand-père apparaissent dans le film, à ce métier qui aurait pu être le sien, à l’investissement de ceux qui lui ont donné la vie, à leur courage et à l’investissement personnel que cela leur a coûté chaque jour.

Inspiré par la crise de la vache folle dans les années 1990, Petit paysan rend compte du lien unique entre l’exploitant agricole et son bétail, à travers un récit anxiogène bourré de tension du début à la fin, d’émotions (le vêlage filmé en temps réel !) et d’humour noir. Une des grandes révélations de 2017.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Petit paysan, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Un petit making of de 12 minutes, donne la parole au réalisateur Hubert Charuel, aux comédiens Swann Arlaud et Sara Giraudeau, ainsi qu’aux parents et au grand-père du metteur en scène, le tout illustré par des images de tournage. Hubert Charuel revient sur la genèse de son premier long métrage, ses intentions, l’écriture du scénario, les partis pris, tandis que les acteurs abordent leur préparation et la complexité des prises de vue avec les animaux, notamment la scène du vêlage qui a nécessité trois nuits blanches consécutives. La famille du réalisateur évoque le choix d’Hubert Charuel d’avoir voulu embrasser une carrière cinématographique, plutôt que d’avoir repris l’exploitation agricole.

Ne manquez pas les trois courts-métrages d’Hubert Charuel également disponibles en bonus, qui démontrent un vrai talent pour la direction d’acteur, le goût d’ancrer les histoires à la campagne, de peindre le portrait d’une jeune génération paumée au milieu de nulle part, entre rire (pour le premier film) et mélancolie (le second), sans oublier une affection pour le genre comme le montre le troisième film :

Diagonale du vide (24’ – 2011) : Laurent et Gavroche, tous deux âgés de dix-sept ans, ont deux jours pour trouver du shit pour une grosse fête. Problème, il y a eu une grosse saisie et c’est la pénurie.

K-nada (22’ – 2015) : Deux frères que tout oppose, sont paumés sur la route de leurs rêves un peu absurdes. Dans deux jours, ils doivent se rendre à Amsterdam. Greg pour un concours de DJing, Valentin pour en ramener des kilos de marijuana. Film récompensé par le Prix CCAS au Festival Premiers Plans d’Angers.

Fox-Terrier (14’ – 2016) : Daniel et Cajou, son fox-terrier à trois pattes, retrouvent Hervé à la chasse. Cajou, il a trois pattes à cause de Francis, le fils de Gilles.

L’Image et le son

Nous ne nous attendions pas un master aussi beau. Le film d’Hubert Charuel, composé essentiellement de plans larges et de gros plans sur les visages des comédiens, est magnifiquement restitué grâce à un transfert de haute volée. Le piqué est minutieux, les détails fourmillent, le cadre large est magnifique et la colorimétrie intense avec un mixe de teintes chatoyantes et de gammes froides. Les contrastes sont denses et tranchants, la clarté éloquente. Ce master de Petit paysan tient toutes ses promesses et offre des conditions optimales au spectateur pour se replonger dans l’ambiance du film.

Certes ce n’est pas avec Petit paysan que vous réaliserez une démonstration acoustique, mais tout de même ! On ne s’attendait pas à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 aussi percutant dans son rendu des dialogues et de la musique de Myd dont certains pics donnent beaucoup de frissons. A ce moment-là, la spatialisation est ardente, le caisson de basses souligne la partition tandis que divers effets naturels savent plonger délicatement mais sûrement le spectateur dans l’atmosphère du film grâce à un usage intelligent des enceintes latérales. Même chose pour le mixage Stéréo, frontal par définition, les plages de silence sont particulièrement limpides et la balance gauche-droite savamment équilibrée. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © Pyramide Distribution Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / L’un dans l’autre, réalisé par Bruno Chiche

L’UN DANS L’AUTRE réalisé par Bruno Chiche, disponible en DVD et Blu-ray chez Universal Pictures France le 23 janvier 2018

Avec :  Stéphane De Groodt, Louise Bourgoin, Aure Atika, Pierre-François Martin-Laval, Anne Benoit, Elliot Daurat…

Scénario : Bruno Chiche, Nicolas Mercier, Fabrice Roger-Lacan

Musique : Philippe Rombi

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Deux couples, Pierre et Aimée, et Eric et Pénélope, partagent tous les quatre plusieurs années d’amitié sans nuage. Seul souci, Pénélope et Pierre sont devenus amants… La situation devenant intenable, ils décident de rompre. Mais après une ultime nuit d’amour passionnée, le sort leur joue un tour : Pierre et Pénélope se réveillent chacun dans le corps de l’autre ! Pour protéger leur secret, ils se retrouvent chacun à devoir vivre la vie de l’autre. C’est le début des complications…

Le pitch de L’un dans l’autre n’est pas nouveau et a déjà été traité au cinéma. En France par Patrick Schulmann avec Rendez-moi ma peau… (1980) et Nicolas & Bruno avec La Personne aux deux personnes (2008), ou bien aux Etats-Unis par Gary Nelson avec Un vendredi dingue, dingue, dingue (1976), qui avait d’ailleurs connu un remake en 2003 avec Jamie Lee Curtis et Lindsay Lohan, Freaky Friday : Dans la peau de ma mère, réalisé par Mark Waters. On pense également à Dans la peau d’une blonde de Blake Edwards (1991) avec la géniale Ellen Barkin. Evidemment, nous sommes en France et cet échange d’identité d’un couple d’amants, mariés chacun de leur côté, est propice à quelques gags clichés et sexistes (la femme fait la vaisselle et mange bio, le mec bricole, fume comme un pompier et mange n’importe comment) qui ne révolutionnent en rien la comédie. Néanmoins, le film se laisse voir grâce aux comédiens qui s’amusent et prennent un plaisir évident à se donner la réplique.

Réalisateur inégal, on lui doit Barnie et ses petites contrariétés (2001), Hell (2006) et Je n’ai rien oublié (2011), Bruno Chiche parvient à donner du rythme à son film, ce qui fait souvent défaut dans les comédies hexagonales, même si sa mise en scène demeure illustrative. Heureusement, le couple vedette est parfait d’alchimie. Ancienne miss-Météo qui a depuis fait ses preuves au cinéma chez Anne Fontaine (La Fille de Monaco), Luc Besson (Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec), Gilles Marchand (L’Autre Monde), René Bezançon (Un heureux événement), Guillaume Nicloux (La Religieuse) et Nicole Garcia (Un beau dimanche), Louise Bourgoin n’avait finalement pas tellement tâté de la comédie proprement dite. Après Sous le même toit de Dominique Farrugia, elle trouve ici matière pour laisser libre court à sa fantaisie et à son talent pour le genre. De plus, la comédienne nous gratifie de quelques plans topless plutôt flatteurs pour les mirettes.

Face à elle, le désormais incontournable Stéphane de Groodt prend un malin plaisir à imiter sa partenaire en prenant un petit air pincé, en adoptant une démarche chaloupée et un phrasé maniéré. On aurait tendance à dire qu’il en fait beaucoup, trop même, mais finalement cet échange de corps fonctionne bien. Même si le film tient sur leurs noms, Louise Bourgoin et Stéphane de Groodt sont également bien épaulés par Pierre-François Martin-Laval et Aure Atika, qui loin de servir la soupe aux deux premiers, tirent agréablement leur épingle du jeu en apportant même un peu d’émotion. Le problème dans L’un dans l’autre, ce n’est pas de savoir la raison pour laquelle Pénélope se retrouve dans le corps de Pierre et Pierre dans le corps de Pénélope, d’ailleurs on ne le saura pas, mais que les deux personnages sont dès le départ assez méprisants dans leur petite bulle, qu’ils le restent durant leur transformation et qu’ils le demeurent finalement encore après.

Pénélope est mariée à Eric, un homme bon et sensible (Pierre-François Martin-Laval) avec qui elle souhaite adopter un enfant puisqu’elle ne peut pas en avoir. Pierre est marié depuis près de dix ans avec Aimée (Aure Atika),  qui lui a donné deux enfants. Plongé dans son travail, Pierre néglige sa femme. Pénélope et Pierre sont amants depuis pas mal de temps, couchent ensemble après le boulot et rentrent chez leur conjoint respectif. Jusqu’au jour où Pierre apprend que Pénélope et son fiancé Eric vont adopter un enfant.

Certes, nous sommes dans le domaine de la comédie, mais les personnages sont loin d’être attachants et finalement l’empathie se fait plutôt pour Eric et Aimée. Dommage que le final soit également complètement raté et laisse sur une note amère. Toujours est-il que L’un dans l’autre enchaîne les gags et quiproquos à vitesse grand V et tient grâce à l’énergie revigorante ainsi qu’au charme de ses comédiens.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Un dans l’autre, disponible chez Universal Pictures, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur quelques extraits du film.

L’éditeur propose peu de suppléments et c’est bien dommage. Cette section s’ouvre sur trois scènes coupées (4’), disponibles avec le commentaire audio de Bruno Chiche en option. Ces séquences laissées sur le banc de montage montraient Pierre (en fait Pénélope) qui appelle Pénélope (en fait Pierre) en urgence pour l’aider à changer le joint de l’évier comme il l’avait promis à sa femme. Les deux autres scènes se focalisaient sur Aimée, surprise avec son amant (le prothésiste dont elle avait parlé à Pénélope (aka Pierre) et aussitôt énervée de voir Pierre (aka Pénélope) s’en moquer gentiment. La suite de cette scène découle de la précédente, puisque Pierre qui a retrouvé son corps, ne comprend pas ce que son épouse est en train de lui dire quant à la situation.

S’ensuit une interview rapide des deux comédiens (3’) où l’un répond aux questions de l’autre.

Puis, un bêtisier amusant (7’), une galerie de photos et l’avant-première du film à Angoulême (1’) viennent fermer l’interactivité.

L’Image et le son

Universal frôle la perfection avec le master HD de L’un dans l’autre. Si les séquences tamisées se révèlent un poil moins ciselées, le reste est à l’avenant. Toutes les scènes se déroulant en extérieur impressionnent par leur rendu saisissant. Le piqué reste tranchant comme la lame d’un scalpel, les détails abondent sur le cadre large, la profondeur de champ est omniprésente, les contrastes sont denses et la colorimétrie chatoyante. L’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio, la luminosité ravit constamment les yeux.

Le spectacle est également assuré du point de vue acoustique grâce à un mixage DTS-HD Master Audio 5.1 qui exploite toutes les enceintes dans leurs moindres recoins. La balance frontale est saisissante, les effets nets et précis, les dialogues savamment délivrés sur le point central et les ambiances latérales constantes participent à l’immersion totale du spectateur. La musique de Philippe Rombi bénéficie d’un écrin phonique puissant sans pour autant dénaturer l’intelligibilité des voix des comédiens. La piste Stéréo est également très dynamique. L’éditeur joint également une piste Audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Universal Pictures International France Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Sleepless, réalisé par Baran bo Odar

SLEEPLESS réalisé par Baran bo Odar, disponible en DVD et Blu-ray chez TF1 Studio le 12 décembre 2017

Avec :  Jamie Foxx, Michelle Monaghan, Dermot Mulroney, David Harbour, Scoot McNairy, Gabrielle Union…

Scénario : Andrea Berloff d’après une histoire originale de Nicolas Saada et Olivier Douyère

Photographie : Mihai Malaimare Jr.

Musique : Michael Kamm

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Une grosse livraison de cocaïne destinée à la mafia est détournée. Vincent Downs et Sean Tip, deux flics de Las Vegas, sont rapidement suspectés. La police des polices les met sous pression. La mafia aussi. En kidnappant le fils de Downs, la mafia franchit la ligne blanche : blessé et traqué, Downs va devenir un adversaire brutal et impitoyable. Il est prêt à tout pour sauver son fils et il n’a qu’une nuit devant lui.

A l’origine de Sleepless, il y a un film français, Nuit Blanche, un polar réalisé par Frédéric Jardin sorti en 2011. Remarqué avec Les Frères Sœur et Cravate club, le cinéaste délaissait la comédie au profit d’une intrigue sombre, où s’affrontaient flics ripoux, dealers et un mafieux dirigeant un night-club. Ce thriller ultra-efficace se déroulait presque uniquement dans le cadre d’une boîte de nuit branchée, pendant une nuit. Coécrit par l’excellent Nicolas Saada et interprété par Tomer Sisley, JoeyStarr, Serge Riaboukine et un glacial Julien Boisselier, Nuit blanche emportait le spectateur dans une tornade d’action nerveuse, de rebondissements et d’affrontements sans jamais le lâcher une seconde pendant 1h35. Esthétiquement abouti avec sa photo signée Tom Stern, chef opérateur attitré de Clint Eastwood depuis Créance de sang, percutant, passionnant, Nuit blanche n’a malheureusement connu aucun succès dans les salles françaises, mais a su taper dans l’oeil de certains producteurs hollywoodiens puisque le remake a été mis en route. Il s’agit de Sleepless, réalisé par le suisse Baran bo Odar, lauréat du Prix du jury au Festival du film policier de Beaune en 2011 pour son film Il était une fois un meurtre. Si la trame est quasi-identique, le traitement est évidemment différent, plus classique et standard, tandis que le casting mené par un Jamie Foxx comme bien souvent en roue libre n’est guère enthousiasmant.

Il faudra un jour se pencher sur le jeu ou plutôt le surjeu souvent éhonté de ce comédien, qui passe la plupart de son temps à plisser les yeux, à froncer les sourcils et à faire la moue pour se donner un côté bad-ass qui tombe constamment à plat. Dans Sleepless, il roule des mécaniques en murmurant ses répliques, comme dans l’ensemble de ses films, y compris le Miami Vice : Deux flics à Miami de Michael Mann. A ses côtés, Michelle Monaghan s’avère bien plus convaincante, même si elle vaut bien mieux que ce genre de polars de seconde zone. Dermot Mulroney hérite du rôle du proprio d’un hôtel de luxe situé à Las Vegas, qui s’acoquine avec la mafia locale, tandis que David Harbour peine à donner un relief à son personnage dont on comprend d’emblée de jeu la véritable nature.

Sleepless est un thriller d’action qui ne se démarque en rien du tout-venant, qui plagie ouvertement la séquence de la boîte de nuit de Collateral, qui compile les scènes d’action et d’affrontement à la va comme je te pousse, sur un mauvais montage, avec une intrigue jamais prenante et des personnages dont on se fout royalement. Malgré une mise en scène souvent frénétique, le rythme en dents de scie ne parvient jamais à installer des enjeux pourtant simples et l’ensemble se contente de passer d’un personnage à l’autre dans un espace confiné, étouffant, qui a très vite raison de la patience du spectateur. D’ailleurs, même Jamie Foxx a fait savoir lors de la promotion du formidable Baby Driver, que Sleepless était mauvais et qu’il reniait le film. Peut-être était-ce pour se dédouaner de l’échec commercial du film aux Etats-Unis et dans le reste du monde, mais on est plutôt d’accord avec lui. Une série B totalement prévisible et éculée.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Sleepless, disponible chez TF1 Studio, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Le module « sobrement intitulé » Une nuit avec Jamie Foxx (4’) est une featurette sans intérêt qui enchaîne les propos des comédiens et les images de tournage. Rapidement, chacun revient sur les conditions de prises de vue, la préparation des scènes d’action et la collaboration avec le réalisateur.

Dans leur interview (3′) réalisée pour la promotion du film en France, Michelle Monaghan et Jamie Foxx répondent aux questions sans imagination d’un journaliste qui se force à jouer au type qui a adoré le film.

S’ensuivent six scènes coupées (ou rallongées), d’une durée totale de 9 minutes, qui se focalisent essentiellement sur le personnage incarné par Dermot Mulroney.

L’Image et le son

Ce master HD (1080p, AVC) de Sleepless ne déçoit pas et se révèle même superbe. Le piqué et le relief sont acérés tout du long et permet d’apprécier les visages des comédiens, le cadre large offre un lot confondant de détails y compris sur les très nombreuses scènes sombres et la photographie est habilement restituée. Evidemment, la copie est d’une propreté immaculée, les contrastes sont denses. Les meilleures conditions techniques sont réunies et la définition est exemplaire. Un disque de démonstration.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 français et anglais, très impressionnants. Les quelques pics de violence peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec les balles qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont très présents et dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des actions au moment opportun. La spatialisation est en parfaite adéquation avec le ton du film. L’éditeur joint également les sous-titres français, destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription. Les sous-titres français sont imposés en version originale.

Crédits images : © TF1 Studio /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Ôtez-moi d’un doute, réalisé par Carine Tardieu

ÔTEZ-MOI D’UN DOUTE réalisé par Carine Tardieu, disponible en DVD et Blu-ray chez M6 Vidéo le 10 janvier 2018

Avec :  François Damiens, Cécile De France, Guy Marchand, André Wilms, Alice de Lencquesaing, Estéban…

Scénario : Carine Tardieu, Michel Leclerc, Raphaële Moussafir

Photographie : Pierre Cottereau

Musique : Eric Slabiak

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Erwan, inébranlable démineur breton, perd soudain pied lorsqu’il apprend que son père n’est pas son père. Malgré toute la tendresse qu’il éprouve pour l’homme qui l’a élevé, Erwan enquête discrètement et retrouve son géniteur : Joseph, un vieil homme des plus attachants, pour qui il se prend d’affection. Comme un bonheur n’arrive jamais seul, Erwan croise en chemin l’insaisissable Anna, qu’il entreprend de séduire. Mais un jour qu’il rend visite à Joseph, Erwan réalise qu’Anna n’est rien de moins que sa demi-sœur. Une bombe d’autant plus difficile à désamorcer que son père d’adoption soupçonne désormais Erwan de lui cacher quelque chose…

Révélée en 2007 avec le sensible La Tête de maman, la réalisatrice Carine Tardieu avait ensuite confirmé cinq ans plus tard avec Du vent dans mes mollets, feel-good movie porté ou plutôt emporté par Agnès Jaoui, Denis Podalydès et Isabelle Carré. A nouveau cinq ans plus tard, le troisième film de la cinéaste sort sur les écrans, Ôtez-moi d’un doute. Alors que le monde de l’enfance faisait la sève de ces deux premiers films, avec également le thème de la mère et de la maternité, Ôtez-moi d’un doute s’intéresse ici à la filiation vue du côté du père, en adoptant cette fois le point de vue d’un quadra interprété par François Damiens. Si le film peut souvent paraître attachant, surtout grâce à ses acteurs, il y a quelque chose de foncièrement dérangeant qui imprègne le récit du début à la fin et qui laisse sur une note amère.

Alors que sa fille arrive au terme de sa grossesse et qu’il se prépare lui-même à devenir grand-père, Erwan, veuf, un solide démineur breton, apprend au cours d’un examen médical que l’homme qui l’a élevé n’est pas son père biologique. Ses repères s’écroulent. Déstabilisé, il décide d’engager une détective privée pour reconstituer son passé, afin de savoir pourquoi et comment il s’est retrouvé dans cette situation. L’enquête aboutit. A seulement quelques kilomètres de chez lui, un certain Joseph, un vieil homme qui vit seul avec son chien, serait l’homme recherché. Erwan décide d’aller lui rendre visite. En ville, il rencontre Anna, dont il tombe follement amoureux. Il se rend compte alors qu’elle est en réalité la fille de Joseph et qu’Anna serait alors sa demi-sœur. Erwan ne lui dit rien, mais quand Anna tombe également amoureuse de lui, la situation se complique. C’est bon ? Vous avez compris ce qui mettait mal à l’aise ?

Alors certes les comédiens sont très bons, François Damiens donc, qui a déjà prouvé son talent dans la retenue (La Délicatesse, Tango libre, Suzanne), qui partage l’affiche avec Cécile de France, à qui la quarantaine sied à merveille et qui est toujours aussi radieuse face à la caméra, mais Ôtez-moi d’un doute joue avec un suspense particulièrement déplacé. Coucheront ? Coucherons pas ? Même au moment où Anna apprendra qu’Erwan est susceptible d’être son frère (ou demi-frère certes), cela n’empêchera pas les personnages de réserver une chambre d’hôtel à proximité de la clinique où ils feront un test ADN pour en avoir le coeur net, afin de ne pas perdre de temps et se mettre au plumard si la génétique le leur permet. Nous n’irons pas dire que ce truc scénaristique (coécrit par Michel Leclerc, réalisateur du Nom des gens et de Télé Gaucho) est « puant », mais reposer le film sur cet élément incestueux est très gênant. Malgré tout ça, oui, le film se laisse voir grâce à l’ensemble des acteurs. Outre le duo vedette, Guy Marchand et André Wilms sont très élégants, Alice de Lencquesaing est mignonne comme tout, Estéban (chanteur du groupe Naive New Beaters) pourrait définitivement interpréter Homer Simpson dans une version live.

Du point de vue formel, Ôtez-moi d’un doute s’apparente à un banal téléfilm tourné pour France Télévisions, tandis que la métaphore du démineur, qui s’occupe à creuser la terre pour y découvrir des bombes, se retrouve à creuser son propre passé pour y découvrir un élément explosif est un peu lourdingue. Au final, Ôtez-moi d’un doute est une comédie sentimentale étrange, parfois émouvante, rigolote sur certains points, mais irresponsable sur beaucoup d’autres.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray d’Ôtez-moi d’un doute, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel reprend celui de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Un module condense les propos de la réalisatrice Carine Tardieu, de François Damiens en compagnie de Cécile de France, Guy Marchand également en présence de la cinéaste, et André Wilms au micro avec Alice de Lencquesaing (16’). Ce segment promotionnel s’avère plutôt plaisant, d’une part par la simplicité des intervenants, d’autre part pour leurs propos intéressants. Les thèmes du film (inspiré par une histoire vraie) sont abordés, tout comme le travail avec Carine Tardieu, l’alchimie des comédiens, les influences (Claude Sautet entre autres), etc.

En plus de la bande-annonce, nous trouvons également une vidéo qui met en scène Estéban, dans la peau de son personnage Didier. Déguisé en Zorro, Didier s’adresse à sa future progéniture en lui donnant quelques conseils sur l’école, le goûter, les amis (4’). On ne sait pas d’où provient cette vidéo, peut-être d’une scène coupée, rien ne l’indique. Présenté ainsi sans explication, ce document présent peu d’intérêt.

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080p-AVC. M6 Vidéo soigne le master HD du film de Carine Tardieu. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée. La clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses, la profondeur de champ éloquente et la colorimétrie reste chatoyante, riche et bigarrée.

La belle musique est admirablement délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les dialogues s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste au point mort. La version Stéréo est également à l’avenant avec une minutieuse homogénéité des voix, de la composition et des bruitages annexes. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / 3615 Code Père Noël, réalisé par René Manzor

3615 CODE PÈRE NOËL réalisé par René Manzor, disponible en combo Blu-ray+DVD chez Le Chat qui fume le 12 décembre 2017

Avec :  Brigitte Fossey, Louis Ducreux, Patrick Floersheim, Alain Musy-Lalanne, François-Eric Gendron, Stéphane Legros, Franck Capillery, Nicole Raucher, Gédéon, Mousse…

Scénario : René Manzor

Photographie : Michel Gaffier

Musique : Jean-Félix Lalanne

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1990

LE FILM

Il a 9 ans. Il s’appelle Thomas. Il croit au Père Noël. Il a 2 passions : l’informatique et les super-héros. Le 24 décembre, caché sous la table de la salle à manger, Thomas attend l’arrivée du Père Noël, bien décidé à le capturer. Mais, ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il est sur le point de vivre la nuit la plus terrifiante de toute sa vie. Un duel sans merci va l’opposer à un psychopathe.

C’est un film qui revient de loin. Pourtant, ceux qui ont eu la chance de découvrir 3615 Code Père Noël, en ouverture du Festival international du Film Fantastique d’Avoriaz le 13 janvier 1990, durant sa courte exploitation au cinéma ou lors d’une diffusion sur Canal+, ne l’ont jamais oublié. Et pour cause, puisque le second long métrage de René Manzor (né en 1959) est un chef d’oeuvre, une immense référence du cinéma de genre français qui n’a pourtant connu aucun succès dans les salles et longtemps resté incompris. Virtuose, captivant, 3615 Code Père Noël est un véritable conte qui invite le spectateur à entrer dans un univers foisonnant, immédiatement attachant, chaleureux, qui vire ensuite au survival et à l’épouvante, avec une maîtrise exceptionnelle.

Thomas, 9 ans, vit avec sa mère, patronne d’un grand magasin de la capitale et son grand-père, vieil homme quasi-aveugle et atteint de diabète, dans le château familial situé en région parisienne. Ce qu’il préfère faire pour passer ses journées ? Se déguiser comme Arnold Schwarzenegger dans Commando (ou Sylvester Stallone dans Rambo, choisissez) et jouer à la guerre, en poursuivant son chien dans les couloirs de l’immense bâtisse, tout en utilisant des passages-secrets et trappes dissimulées. Il aime aussi les gadgets électroniques, se débrouille comme un as en informatique et sait se servir du Minitel. Le soir du réveillon, un homme solitaire travaille comme père Noël pour le magasin de la mère de Thomas. Suite à une altercation avec une petite fille, il se fait renvoyer et souhaite alors se venger. Il se cache dans une fourgonnette chargée de cadeaux destinés au fils de son ex-patronne. De son côté, bien décidé à prouver à son meilleur ami que le Père Noël existe, Thomas prépare des caméras de surveillance et attend patiemment l’arrivée de la houppelande rouge, devant la cheminée. A minuit pile, Thomas se retrouve nez à nez avec un psychopathe à la barbe blanche. Le duel peut alors commencer.

Révélé par Le Passage avec Alain Delon, deux millions d’entrées en France à sa sortie en décembre 1986, René Manzor signe un véritable coup de maître après son premier coup d’essai déjà très impressionnant. 3615 Code Père Noël n’est pas un film fantastique, mais joue avec les codes du genre pour plonger l’audience dans un univers sombre et même parfois gothique, dont les partis pris – photo de Michel Gaffier – convoquent les films de la Hammer, mais fait aujourd’hui curieusement écho à Edward aux mains d’argent de Tim Burton qui n’était pas encore sorti et d’ailleurs même pas encore tourné. C’est dire l’immense réussite de ce deuxième film !

Adieu au monde de l’enfance, récit initiatique, drame sur le dysfonctionnement familial, thriller d’aventure et psychologique, 3615 Code Père Noël est un film riche, composé de diverses strates qui pourraient s’opposer et former un gloubi-boulga sans consistance, mais c’était sans compter sur l’immense talent de René Manzor, qui fait fi d’un budget limité et entièrement produit par son frère Francis Lalanne, grâce aux recettes du Passage où il officiait en tant que coproducteur avec Alain Delon. Bourré d’imagination, le cinéaste déploie toute sa maestria visuelle au service d’un scénario original. Chaque plan contient une idée (minimum) de mise en scène, chaque plan est étudié (à l’avance avec un storyboard), chaque plan en met plein les yeux.

Si le film est évidemment représentatif de son époque avec la coupe mulet du jeune héros, son clip vidéo intégral de la chanson Merry Christmas de Bonnie Tyler intégré à la narration, son esthétique eighties avec ses ambiances monochromes et voilées, sans oublier ses cadres obliques, 3615 Code Père Noël échappe pourtant aux moqueries qui accompagnent souvent ces réminiscences. D’une part parce que René Manzor croit à son histoire et qu’il la raconte divinement bien. D’autre part, il peut également compter sur l’investissement de ses comédiens, en particulier sur l’interprétation incroyable de son propre fils, Alain Musy (de son vrai nom Alain Lalanne), qui interprétait le fils d’Alain Delon dans Le Passage. Aussi à l’aise dans les scènes intimistes, quand il donne la réplique à la sublime Brigitte Fossey ou au touchant Louis Ducreux, que dans les scènes très physiques de la seconde partie où il n’est vraiment pas ménagé, Alain Musy, incroyable de charisme, foudroie le spectateur, lequel s’attache immédiatement à ce petit garçon sans père, seul, qui parvient à « s’évader » grâce à son immense imagination d’enfant, par ailleurs surdoué.

Quant au fameux Père Noël en question, il est incarné par l’immense Patrick Floersheim, acteur polymorphe vu dans French Connection 2 de John Frankenheimer, Coup de tête de Jean-Jacques Annaud, Frantic de Roman Polanski, mais plus connu pour avoir prêté sa sublime voix à Michael Douglas, Jeff Bridges, Ed Harris, Robin Williams, Christopher Walken, Willem Dafoe, Dennis Hopper. Un monstre du doublage, un très grand comédien. Il est parfait dans ce rôle ambigu, sorte de grand enfant resté bloqué au temps de l’innocence, gamin dans un corps d’adulte qui souhaite avant tout s’amuser. Tour à tour effrayant, sympathique et même drôle avec un humour noir contagieux, ce Père Noël atypique devient un ogre une fois minuit passé. Mais ce qu’il n’avait pas prévu, ce sont tous les pièges astucieux tendus par Thomas, qui redouble d’inventivité pour contrer son adversaire, quitte à utiliser le feu. Non seulement Thomas doit penser à se protéger lui-même, mais il doit également s’occuper de son grand-père, qui au départ prend cela pour un nouveau délire de son petit-fils. Il va alors très vite déchanter.

René Manzor filme les moindres recoins de son incroyable décor et ses personnages lâchés dans un vrai labyrinthe comme des souris poursuivis par un chat sauvage. Un face à face également soutenu par la partition très inspirée du troisième frère Lalanne, Jean-Félix, composante essentielle de la narration. Difficile de ne pas penser à Maman, j’ai raté l’avion Home Alone de Chris Columbus, sorti sur les écrans in 1990. Il est évident que John Hughes, alors scénariste, a su puiser de nombreux éléments dans le film de René Manzor, tant quelques rebondissements et la débrouillardise de son jeune héros rappellent 3615 Code Père Noël. Les années et le travail de l’éditeur indépendant Le Chat qui fume permettent enfin de réhabiliter ce désormais grand classique, un film culte et audacieux, un bijou poétique, un chef d’oeuvre méconnu et sous-estimé du cinéma français.

LE BLU-RAY

Mais où s’arrêtera-t-il ? Ou plutôt non, prions pour qu’il ne s’arrête jamais ! Le Chat qui fume a encore frappé en proposant sa plus grande, sa plus dingue, sa plus complète édition à ce jour ! Anciennement disponible en VHS et LaserDisc, mais inédit en DVD, 3615 Code Père Noël est ENFIN là, dans les bacs (mais pas à litière), dans nos mains, dans un magnifique combo Blu-ray/Double DVD ! Immense travail éditorial. Les disques – un Blu-ray, deux DVDs – reposent dans un Digipack à trois volets avec au recto un visuel tiré de la séquence de la confrontation dans le garage, et au verso un portrait de Patrick Floersheim en Père Noël vénère. Une fois replié, ce Digipack est glissé dans un surétui cartonné liseré orange, reprenant le visuel mythique de l’affiche originale. Les menus principaux sont animés, bruités et musicaux. Attention, édition tirée à 2000 exemplaires ! Alors, si ce n’est pas déjà fait, précipitez-vous dessus !

La hotte du Père-Noël est pleine à craquer ! 4H30 de suppléments les enfants ! Il y en aura pour tout le monde ! Et chose incroyable, aucun bonus redondant à signaler, tous se complètent et se prolongent parfaitement.

On commence les festivités par un commentaire audio de René Manzor. Calmement, posément, le réalisateur aborde les conditions de production de 3615 Code Père Noël, en indiquant que certains éléments sont abordés ou plus approfondis dans son interview disponible également dans les bonus. Du coup, c’est comme si nous visionnions le film en compagnie de son auteur, qui revient sur chaque séquence, sur tous les aspects du tournage, sur les partis pris et son travail avec les comédiens. René Manzor rend un bel hommage à Patrick Floersheim, décédé en 2016, à qui le Blu-ray est dédié, comme un carton l’indique en avant-programme. Véritable production familiale avec un père derrière la caméra, son fils devant, l’un de ses frères à la production et l’autre à la musique, 3615 Code Père Noël est disséqué pour le grand plaisir de ses fans.

Vous pensiez que René Manzor vous avait tout dit sur son deuxième long métrage ? Erreur ! N’hésitez surtout pas à sélectionner son interview (1h29 !) qui donne de très nombreuses informations sur la genèse de 3615 Code Père Noël, sa rencontre avec Patrick Floersheim, sur les lieux de tournage (trois mois dans d’anciens hangars frigorifiques devenus les studios d’Arpajon, situés le long d’une voie de chemins de fer), le casting, le travail avec son fils Alain, les conditions des prises de vues, les effets visuels (maquettes, matte painting), la sortie du film, les ressemblances « troublantes » avec Home AloneMaman, j’ai raté l’avion, les décors, ses influences (Marcel Carné, Jean Delannoy, Steven Spielberg, Brian De Palma), les héros des années 80, la musique de Jean-Félix Lalanne, la chanson de Bonnie Tyler, l’investissement personnel de Francis Lalanne en tant qu’unique producteur, ses intentions et les thèmes abordés. Le cinéaste aborde également le cinéma de genre en France, alors inexistant au début des années 90, le succès du Passage qui paradoxalement l’a empêché de tourner et conduit à monter des bandes-annonces pendant trois ans pour pouvoir gagner sa vie. Cette immanquable interview, blindée d’anecdotes de tournage et liée à la production, est illustrée par des extraits du making of d’époque, disponible un peu plus loin dans les suppléments.

Et le petit Alain Musy, de son vrai nom Alain Lalanne ? Qu’est-il donc devenu ? L’éditeur est allé à la rencontre du petit garçon qui a marqué tant de spectateurs dans Le Passage (1986) et 3615 Code Père Noël. Né en 1978, Alain Musy est devenu producteur dans le domaine des effets spéciaux à Hollywood. Il a notamment collaboré à des superproductions de renom comme Avatar, The Dark Knight, Gravity, Edge of Tomorrow, San Andreas et Le Revenant. Dans son entretien (41’), Alain Musy évoque ses débuts devant la caméra de son père dans Le Passage, puis deux ans plus tard (le film a été tourné en 1988) dans 3615 Code Père Noël. Les « Je me souviens » et « J’ai souvenir » s’enchaînent avec émotion, humilité et un naturel très attachants. Alain Musy revient sur cette expérience qui était « juste un jeu que je faisais avec ma famille », sur la genèse de 3615 Code Père Noël, donne son point de vue sur les thèmes du film, ses partenaires à l’écran et même sur sa coupe de cheveux ! Il clôt cette interview en se souvenant de la sortie de 3615 Code Père Noël, de son prix d’interprétation au Festival de Rome, que lui avait remis Christopher Lee, qu’il avait recroisé quelques années plus tard, lui rappelant cet événement et l’invitation à dîner du comédien qui s’ensuivit.

Passons à un module qui croise les interventions d’Alain Schlockoff, rédacteur-en-chef de l’Ecran Fantastique et de Jérôme Pham Van Bouvier, podcasteur (PODSAC) (19’). Si le premier ne peut s’empêcher de tomber dans ses travers habituels (« C’est moi qui », « Moi je… ») sur un rythme très lent, le second s’avère beaucoup plus pertinent et dynamique, tandis que sa passion et son admiration pour le travail de René Manzor se révèlent extrêmement contagieuses. Les propos des deux intervenants se complètent et donnent de nombreuses indications sur le cinéma de genre en France dans les années 1980-90, sur l’énorme contribution de René Manzor au genre fantastique hexagonal. Le fond et la forme de 3615 Code Père Noël sont également analysés, tout comme la mauvaise distribution du film à sa sortie, ce qui agace particulièrement Jérôme Pham Van Bouvier (« On est toujours à côté de la plaque ! ») qui n’hésite pas à balancer certains critiques français qui ont pour habitude de dénigrer le cinéma de genre. Merci Jérôme !

Nous trouvons ensuite le making of d’époque (9’), constitué d’images du plateau, du tournage et d’interviews d’Alain Musy, de Patrick Floersheim, du chef décorateur Eric Moulard, du producteur Francis Lalanne et du réalisateur René Manzor. C’est ici l’occasion d’avoir un réel aperçu des conditions de tournage, de la concentration et de l’étonnante maturité d’Alain Musy qui s’exprime sur son personnage (« il aime trop la guerre… »), tandis que René Manzor s’exprime sur sa façon de collaborer avec son fils. Chose amusante, la version de la chanson Merry Christmas diffusée sur le plateau au moment des prises de vue, est celle chantée par Francis Lalanne lui-même, imitant la voix de Bonnie Tyler !

Les amateurs de cinéma d’animation auront plaisir à trouver le court-métrage Synapses, réalisé en 1981 par René Manzor (5’). Grand prix du festival d’Hyères, Synapses est un petit film étonnant, dans lequel un clochard, qui s’est immiscé dans une pellicule de cinéma, s’assoit sur une chaise électrique, « filmée » par René Manzor qui apparaît brièvement face à sa création, et tente de construire un mur en plein désert.

On enchaîne rapidement sur le clip vidéo Merry Christmas de Bonnie Tyler réalisé par René Manzor (3’), un comparatif film/storyboard (7’), les bandes-annonces française, italienne et anglaise , ainsi que le teaser.

L’interactivité se clôt sur un module explicatif sur la réalisation du teaser (3’), ainsi qu’une large galerie de photos de tournage (18’), les deux suppléments étant commentés par le cinéaste lui-même.

L’Image et le son

Le Chat qui fume se devait d’offrir un Blu-ray soigné pour la sortie dans les bacs de ce film tant attendu et quasiment inédit depuis 30 ans. Et le résultat est exceptionnel. L’éditeur prend soin du film de René Manzor et livre un sublime master HD au format 1080p. Respectueuse des volontés artistiques originales concoctées par Michel Gaffier, la copie de 3615 Code Père Noël affiche une propreté ahurissante, restaurée 2K à partir du négatif original. Le film tire constamment et agréablement partie de la Haute-Définition (une vraie cure de jouvence) avec des teintes froides, glacées, une palette chromatique spécifique qui contraste avec la première partie plus chaleureuse, aux ambiances diffuses et ouatées, le tout soutenu par un encodage de haute volée. Le piqué est souvent tranchant, les arrière-plans sont détaillés, le relief plaisant, les noirs denses et les détails foisonnants. Cette édition Blu-ray offre à 3615 Code Père Noël la grande sortie dont il avait été injustement privé en 1990. Tout finit par arriver.

Point de remixage superflu à l’horizon, l’unique piste française DTS-HD Master Audio 2.0 – également restaurée – instaure un très large confort acoustique. La musique de Jean-Félix Lalanne, à redécouvrir absolument, bénéficie d’une large ouverture des canaux, les effets annexes sont riches et le report des voix très dynamique.Les sous-titres anglais sont également disponibles.

Crédits images : © René Manzor / Le Chat qui fume /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Bonne Pomme, réalisé par Florence Quentin

BONNE POMME réalisé par Florence Quentin, disponible en DVD et Blu-ray chez ARP Sélection le 2 janvier 2018

Avec :  Gérard Depardieu, Catherine Deneuve, Chantal Ladesou, Guillaume de Tonquédec, Françoise Lépine, Grégoire Ludig…

Scénario : Florence Quentin, Alexis Quentin

Photographie : Pascal Gennesseaux

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Gérard en a marre d’être pris pour une bonne pomme par sa belle-famille. Il quitte tout et part reprendre un garage dans un village niché au fin fond du Gâtinais. En face du garage, il y a une ravissante auberge tenue par Barbara : une femme magnifique, déconcertante, mystérieuse, imprévisible. Leur rencontre fera des étincelles.

Deneuve/Depardieu : Dixième ! Après Le Dernier métro (1980), Je vous aime (1980), Le Choix des armes (1981), Fort Saganne (1984), Drôle d’endroit pour une rencontre (1988), Les Cent et une nuits de Simon Cinéma (1995), Les Temps qui changent (2004), Potiche (2010) et Astérix et Obélix : Au service de sa majesté (2012), les deux monstres du cinéma français sont à nouveau réunis pour Bonne Pomme. A cette occasion, ils ont visiblement décidé de se faire plaisir avec un tout petit film, sans prétention, une comédie réalisée dans le seul but de se retrouver une fois de plus devant la caméra. Bonne pomme est le quatrième long métrage de Florence Quentin, venue de la publicité, scénariste césarisé pour La Vie est un long fleuve tranquille (1988), également auteur de Tatie Danielle (1990) et Le Bonheur est dans le pré (1995), du même Etienne Chatiliez. La suite de sa carrière est d’un tout autre acabit. Scénariste chez Ariel Zeitoun (XXL, 1997), elle signe J’ai faim !!! (2001), son premier film en tant que réalisatrice, puis Olé ! (2005) avec déjà Gérard Depardieu, et enfin Leur morale…et la nôtre (2008). Un honnête succès et deux échecs cinglants. Après les retrouvailles avec Etienne Chatiliez sur L’Oncle Charles (2012), qui se sont soldées par un bide monumental, Florence Quentin persiste et signe avec Bonne pomme.

Soyons honnêtes, ce film, qui s’apparente d’ailleurs plus à un téléfilm, n’aurait absolument aucun intérêt s’il n’y avait pas la grande Catherine et notre bon Gégé en tête d’affiche. Parce-que bon, il faut bien avouer que cette comédie champêtre ne vole pas bien haut. Tous les comédiens réunis ici ont visiblement eu envie de s’amuser, en assurant le minimum syndical et en suivant une intrigue quelque peu éculée, redondante et même invraisemblable où Gérard Depardieu nous refait le coup de la bonne pâte comme dans La Tête en friche de Jean Becker, bonhomme costaud à l’immense sensibilité, tandis que Catherine Deneuve, en très grande forme, joue la foldingue douce et poétique. Guillaume de Tonquédec, Chantal Ladesou et Grégoire Ludig appuient les deux stars, sachant pertinemment qu’ils ne jouent pas dans le plus grand film du monde, mais dans lequel ils peuvent laisser libre cours à leur fantaisie. Ils sont tous très bien ici.

Il ne faut pas attendre grand-chose de Bonne pomme, récréation désuète d’1h40 où il ne se passe quasiment rien, mais force est de constater que l’aura, le charisme et l’immense talent des deux stars demeurent intacts. On les suivrait donc n’importe où, comme c’est le cas ici pour ce divertissement modeste et néanmoins sympathique.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Bonne Pomme, disponible chez ARP Sélection a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

L’éditeur livre trois petits entretiens avec Guillaume de Tonquédec (4’), Chantal Ladesou (3’) et Grégoire Ludig (3’), durant lesquels les comédiens reviennent sur les personnages et les conditions de tournage avec Gérard Depardieu et Catherine Deneuve. Des images de plateau illustrent l’ensemble.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et deux teasers.

L’Image et le son

Les contrastes sont denses et flatteurs pour les mirettes, la copie se révèle claire et lumineuse, le relief est appréciable, la colorimétrie chatoyante mais quelques fourmillements sont constatables sur les arrière-plans et quelques détails manquent à l’appel. Le piqué est parfois émoussé mais cela n’entrave en rien les conditions de visionnage qui demeurent plaisantes.

La musique composée par Mathieu Lamboley (Lolo, Daddy Cool) est très bien délivrée et spatialisée par le mixage DTS-HD Master Audio 5.1. Les voix des comédiens s’imposent sans mal sur la centrale, toujours clairs et distincts. Quelques ambiances naturelles parviennent à percer sur les latérales sur les séquences en extérieur, la balance gauche-droite est dynamique, même si le caisson de basses reste au point mort. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : © ARP Sélection /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Seven Sisters, réalisé par Tommy Wirkola

SEVEN SISTERS (What Happened to Monday) réalisé par Tommy Wirkola, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra HD chez M6 Vidéo le 30 décembre 2017

Avec :  Noomi Rapace, Glenn Close, Willem Dafoe, Marwan Kenzari, Christian Rubeck, Pål Sverre Hagen…

Scénario : Max Botkin, Kerry Williamson

Photographie : José David Montero

Musique : Christian Wibe

Durée : 2h07

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

2073. La Terre est surpeuplée. Le gouvernement décide d’instaurer une politique d’enfant unique, appliquée de main de fer par le Bureau d’Allocation des Naissances, sous l’égide de Nicolette Cayman. Confronté à la naissance de septuplées, Terrence Settman décide de garder secrète l’existence de ses sept petites-filles. Confinées dans leur appartement, prénommées d’un jour de la semaine, elles devront chacune leur tour partager une identité unique à l’extérieur, simulant l’existence d’une seule personne : Karen Settman. Si le secret demeure intact des années durant, tout s’effondre le jour où Lundi disparaît mystérieusement…

C’est le grand succès surprise de l’année 2017 en France, le film que personne n’attendait et qui grâce à un excellent bouche-à-oreille a finalement attiré près de 2 millions de spectateurs. Seven Sisters, titre « français » de What Happened to Monday, est le sixième long métrage de Tommy Wirkola, né en 1979, réalisateur, scénariste et producteur norvégien, remarqué en 2009 avec Dead Snow (et sa suite en 2014), qui a connu un grand succès avec son premier film américain, le sympathique Hansel et Gretel : Witch Hunters (2013), avec Jeremy Renner et Gemma Arterton. Cette co-production américano-européenne était à l’origine destinée à être distribuée en ligne sur Netflix. Si cela a été le cas aux Etats-Unis ainsi qu’en Grande-Bretagne, le distributeur SND, croyant au potentiel du film, a décidé de sortir Seven Sisters dans les salles françaises. Bien lui en a pris, puisque cette dystopie est devenue le sleeper de l’été 2017 avec des entrées stables de semaine en semaine. Après Millenium : Les hommes qui n’aimaient pas les femmes (2009) et Prometheus (2012), c’est donc un nouveau succès personnel pour l’incroyable Noomi Rapace, qui se démultiplie ici pour notre plus grand plaisir.

Face à la surpopulation de la Terre en raison de naissances incontrôlées et d’effets secondaires – explosion de naissances multiples – liées aux nouvelles technologies mises en place pour accroître les rendements agricoles, les autorités ont décidé d’appliquer la politique de l’enfant unique. Cette mesure est imposée sévèrement par le Bureau d’Allocation des Naissances (Child Allocation Bureau), dirigé par Nicolette Cayman, qui récupère les enfants surnuméraires pour les cryogéniser dans l’attente d’être réveillés lorsque les ressources de la planète seront jugées suffisantes. Quelques années plus tard, Karen, la fille de Terrence Settman, donne naissance à des septuplées. Alors que la mère ne survit pas à l’accouchement, Terrence décide de garder secrète l’existence de ses sept petites-filles malgré la loi. Toutes prénommées d’un jour de la semaine, elles devront rester cachées dans leur appartement. Elles partagent alors une identité unique lorsqu’elles sortent à l’extérieur : celle de leur mère Karen Settman. Cet incroyable secret demeure préservé pendant des années. 30 ans plus tard, en 2073, Lundi ne rentre pas à la maison.

Le scénario de Seven Sisters traînait depuis 2010 dans les tiroirs et apparaissait sur ce qu’on appelle la Blacklist, qui regroupe les scénarios les plus prometteurs en attente de financements. Sept ans plus tard, le résultat à l’écran est une bonne série B de science-fiction dont l’attraction principale est évidemment Noomi Rapace qui s’éclate, dans tous les sens du terme. Elle interprète Lundi, qui a adopté le style de vie de Karen Settman, Mardi, la hippie, qui fume de la beuh, Mercredi, la fan de sport, un peu brute et garçon manqué, Jeudi, la rebelle, qui souhaite avoir sa propre vie, Vendredi, l’as de l’informatique, la moins sociable, Samedi, qui doit assurer la vie de Karen en dehors du travail, et Dimanche, comme qui dirait la mère, qui s’occupe de toute la clique en faisant à manger et en prenant soin de ses sœurs. Si certaines incarnations demeurent quelque peu attendues, en particulier la geek à lunettes, Noomi Rapace est en très grande forme, et réalise elle-même de très nombreuses scènes d’action et cascades. Véritablement investie, la comédienne prouve qu’elle est une des plus grandes action-woman de ces dernières années, capable d’élever par sa présence n’importe quel film lambda, comme dernièrement dans Dead Man Down et Conspiracy. N’oublions pas Willem Dafoe, toujours incroyable et même ici sublime dans le rôle du grand-père qui a pris ses sept petites-filles sous son aile, afin de leur offrir le droit de vivre. Quant à la garce du film, Glenn Close parvient sans mal à aller au-delà des clichés liés à son personnage de politicienne véreuse et arriviste.

Malgré un budget qu’on imagine modeste en comparaison des blockbusters hollywoodiens, certaines invraisemblances et un dénouement prévisible, Tommy Wirkola apporte un vrai souffle à son récit somme toute classique, pour ne pas dire déjà vu, grâce à une mise en scène dynamique et au montage lisible, une succession de rebondissements spectaculaires, un vrai sens du cadre, des décors et des effets visuels soignés et une solide direction d’acteurs. Certes, ce sont évidemment les performances de Noomi Rapace qui restent en tête après le film, mais Seven Sisters parvient à laisser passer quelques messages pas bêtes sur la démographie, l’écologie et les systèmes politiques, qui peuvent entraîner le débat.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de Seven Sisters, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le film est disponible en DVD, Blu-ray (dont une édition Steelbook) et Blu-ray 4K Ultra HD. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Vu le succès du film en France, on pouvait s’attendre à plus de suppléments. Le premier module est un making of classique, mais complet (13’), composé d’images de tournage, de plateau et d’interviews des comédiens, du réalisateur Tommy Wirkola, du chef opérateur José David Montero, du chef décorateur, du superviseur des effets spéciaux et des producteurs. La genèse et les thèmes du film sont passés en revue, mais l’ensemble se focalise surtout sur les conditions des prises de vues et la façon dont Noomi Rapace a été multipliée à l’écran. Entre fonds verts, doublures, split-screen, les secrets de tournage sont dévoilés pour les amateurs.

A l’occasion de la sortie française de Seven Sisters, Noomi Rapace revient sur l’histoire du film, le challenge d’interpréter sept personnages à l’écran, la façon dont elle a créé chaque sœur (look, personnalité), les effets spéciaux, son implication dans l’écriture du scénario, son entrainement physique avant le tournage et sur ses partenaires (6′).

L’interactivité se clôt sur un petit montage avant/après l’incrustation des effets visuels en post-production (4’).

L’Image et le son

L’éditeur soigne son master HD, quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce et moins affûtée, mais cela demeure franchement anecdotique. La clarté demeure frappante, les noirs sont profonds, le piqué affûté, les gros plans détaillés, les contrastes denses et la colorimétrie marquée par les décors métalliques reste vive et froide. Les détails sont légion aux quatre coins du cadre large et la copie restitue les partis pris esthétiques caractéristiques de ce monde futuriste. Ce Blu-ray offre d’excellentes conditions pour revoir le film de Tommy Wirkola et profiter de la photographie signée José David Montero. L’apport HD sur ce titre est évidemment indispensable. Probablement un des plus beaux masters Haute-Définition disponible chez M6 Vidéo.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre pas moins de quatre mixages, deux français et deux anglais DTS-HD Master Audio 5.1 et 2.0 ! Ces options s’avèrent percutantes, surtout dans les scènes d’action. Les séquences d’affrontements peuvent compter sur une balance impressionnante des frontales comme des latérales, avec des effets en tous genres qui environnent le spectateur. Les effets annexes sont présents et dynamiques. Seuls les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, comme bien souvent chez l’éditeur. De son côté, le caisson de basses souligne efficacement chacune des scènes agitées. Les pistes Stéréo sont également solides et très riches. L’éditeur joint également une piste française en Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © SND / M6 Vidéo /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr