Test Blu-ray / D’où viens-tu Johnny ?, réalisé par Noël Howard

D’OÙ VIENS-TU JOHNNY ? réalisé par Noël Howard, disponible en combo DVD/Blu-ray le 5 juin 2018 chez TF1 Studio

Acteurs :  Johnny Hallyday, Sylvie Vartan, Pierre Barouh, Jean-Jacques Debout, Evelyne Dandry, Fernand Sardou, André Pousse, Jean-Marie Rivière, Hélène Tossy, Henri Vilbert, Daniel Cauchy…

Scénario :  Yvan Audouard

Photographie : Walter Wottitz

Musique : Eddie Vartan, Jean-Jacques Debout, Johnny Hallyday

Durée : 1h40

Année de sortie : 1963

LE FILM

Johnny Rivière est un jeune Parisien au cœur pur, passionné de rock’n’roll. Le sous-sol d’un bar lui sert de salle de répétition, à lui et à ses musiciens, en échange de menus services qu’il rend au patron, M. Franck. Lorsqu’il comprend qu’il est manipulé par des truands, il se révolte et jette à la Seine un chargement de drogue qu’il était chargé de convoyer à son insu. Menacé de mort, il part se réfugier auprès des siens en Camargue, bientôt rejoint par sa fiancée Gigi mais aussi traqué par les malfrats qui se sont lancés à ses trousses. D’où bagarres, chevauchées, amour et chansons…

D’où viens-tu Johnny ? (1963) n’est pas la première apparition de Johnny Hallyday au cinéma, mais le film qui l’a véritablement consacré star du rock’n’roll en France. Outre une apparition subliminale dans Les Diaboliques de Henri-Georges Clouzot (1955) alors qu’il n’est âgé que de douze ans, le film à sketches Les Parisiennes (1962) marque son incursion dans le septième art, dans le segment Sophie, réalisé par Yves Allégret, dans lequel il donne la réplique à une débutante nommée Catherine Deneuve. Mais c’est bel et bien D’où viens-tu Johnny ? qui assoit définitivement sa popularité. Par ailleurs, le film restera son plus grand succès au box-office avec 2,8 millions d’entrées. S’il démarre comme un petit polar en N&B, teinté de musique et de chansons, le long métrage de Noël Howard passe ensuite en couleurs après le générique (qui apparaît au bout d’un quart d’heure) pour plonger le personnage principal dans un western tourné dans les magnifiques décors naturels de la Camargue, où les seconds couteaux entourent la vedette avec leur accent chantant.

Avec sa petite amie Gigi, Johnny Rivière joue et chante dans un groupe de rock à Paris. En échange d’un local de répétition, le jeune homme rend quelques services au patron du club, un dénommé M. Franck. Un jour, il découvre que la valise qu’il a été sommé de récupérer à la consigne contient de la drogue et jette son contenu dans la Seine. Furieux, M. Franck jure de se venger. Johnny part alors se réfugier en Camargue d’où il est originaire. Il retrouve avec bonheur ses amis d’enfance et les habitants du coin. Mais les acolytes de M. Franck vont bientôt retrouver sa trace…

Produit par Ray Ventura, D’où viens-tu Johnny ? devait à la base être réalisé par Abel Gance. Victime d’un infarctus, le cinéaste laisse finalement la place à l’américain Noël Howard, réalisateur de seconde équipe sur La Terre des pharaons de Howard Hawks (1955), Ariane de Billy Wilder (1957), Le Roi des rois de Nicholas Ray (1961) et même sur Lawrence d’Arabie de David Lean (1962). C’est sans doute pour avoir côtoyé les plus grands que la mise en scène de Noël Howard apporte un vrai sens visuel à ce petit film devenu culte. Tourné dans un superbe N&B, le prologue parisien installe le récit et les personnages, notamment celui campé par l’idole des jeunes qui venait alors d’exploser sur la scène musicale française.

Charismatique, démarche à la James Dean, mimiques à la Elvis Presley, Johnny Hallyday, 20 ans, s’impose face à la caméra en faisant preuve de naturel et d’aisance. Le générique arrive puis le cadre capture les merveilles de la Camargue, terrain de jeu malin pour instaurer un western à la française.

Si l’histoire qui s’ensuit est somme toute anecdotique et prétexte pour mettre Johnny en valeur et le faire pousser la chansonnette à la moindre occasion, dont le tube écrit par Jean-Jacques Debout Pour moi la vie va commencer, le spectacle se laisse suivre très agréablement. Johnny doit non seulement essayer d’échapper à ceux qui sont lancés à ses trousses, mais il se retrouve également plongé dans un triangle amoureux, doit faire du rodéo avec ses potes, compter fleurette à l’élue de son coeur Gigi (Sylvie Vartan), boire du pastis avec Fernand Sardou (qui ne faisait certainement pas semblant d’enchaîner les verres), tout ça en gardant le sourire et les yeux plissés pour montrer sa fureur de vivre. D’où viens-tu Johnny ? reste un film frais, léger, beau à regarder et bourré de charme.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de D’où viens-tu Johnny ?, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est lumineux, animé et musical.

Journaliste français et critique musical, Philippe Manoeuvre présente D’où viens-tu Johnny ? (25’). Cette introduction se concentre sur l’arrivée de Johnny Hallyday sur la scène musicale, sur ses premiers succès, son triomphe, sa consécration et ses apparitions au cinéma jusqu’au film qui nous intéresse. Le grand concert gratuit donné devant 150.000 personnes de la Place de la Nation en juin 1963 est également évoqué. Cinq minutes avant la fin, Philippe Manoeuvre est rejoint par le chanteur, auteur et compositeur Jean-Jacques Debout qui se souvient de la création de la chanson Pour moi la vie va commencer et du tournage du film de Noël Howard.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce. Cette édition combo Blu-ray/DVD dispose également un livret exclusif et inédit de 36 pages comprenant le carnet de tournage et 40 photos commentées.

L’Image et le son

D’où viens-tu Johnny ? a été restauré en 4K à partir du négatif image par le Laboratoire VDM. La première partie en N&B est sublime. Les noirs sont denses, les blancs lumineux, les contrastes très riches, la texture argentique respectée, la propreté indéniable et le piqué inédit. Après le générique, la partie couleurs déçoit légèrement. Les teintes apparaissent parfois un peu pâles, la gestion du grain est aléatoire, la définition chancelle parfois et certaines séquences laissent apparaître des rayures verticales. Mais dans l’ensemble ce master HD permet de (re)voir ce film très sympathique dans les meilleures conditions possibles.

Le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 permet aux chansons de Johnny et à la musique d’Eddie Vartan d’être délivrées avec un coffre inédit. Egalement restauré à partir du négatif, le son a subi un dépoussiérage. Le confort acoustique est ici largement assuré, jamais entaché par un souffle quelconque. Les effets annexes, les voix des comédiens, tout est ici mis en valeur avec fluidité probante. Les sous-titres français pour sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : ©  TF1 Studio / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Fantôme avec chauffeur, réalisé par Gérard Oury

FANTÔME AVEC CHAUFFEUR réalisé par Gérard Oury, disponible en Blu-ray le 20 juin 2018 chez Gaumont

Acteurs :  Philippe Noiret, Gérard Jugnot, Jean-Luc Bideau, Charlotte Kady, Daniel Russo, Béatrice Agenin, Maxime Boidron, Sophie Desmarets, Daniel Gélin…

Scénario :  Francis Veber

Photographie : Robert Fraisse

Musique : Wojciech Kilar

Durée : 1h21

Année de sortie : 1996

LE FILM

Philippe Bruneau-Tessier, grand patron d’usines, et son fidèle chauffeur, Georges, décèdent tous deux d’une mort violente à vingt quatre heures d’intervalle. Ils n’avaient rien en commun de leur vivant mais les deux fantômes auront quarante huit heures avant le grand appel pour apprendre à mieux se connaître au cours d’une fantastique aventure posthume.

Fantôme avec chauffeur est l’avant-dernier long métrage de Gérard Oury, l’homme aux 69 millions d’entrées en France. Après la déconvenue Vanille fraise (1989), La Soif de l’or avait redonné quelques couleurs au réalisateur, puisque le film avec Christian Clavier avait engrangé plus d’1,5 million d’entrées dans les salles en 1993. En voyant les triomphes des Visiteurs et des Anges gardiens, qui comprenaient de nombreux effets spéciaux numériques, Gérard Oury décide d’utiliser ces nouveaux outils pour sa prochaine comédie. Mais pour la première et unique fois de sa carrière, le cinéaste ne collabore pas au scénario et laisse le grand Francis Veber s’en occuper seul. A sa sortie, Fantôme avec chauffeur a été très mal accueilli par la presse et seulement 400.000 spectateurs avaient fait le déplacement pour découvrir Philippe Noiret et Gérard Jugnot devenir des spectres grâce aux trucages créés par un certain Pitof. Comédie-fantastique qui a recours à quelques gags lourdingues, le film étonne cependant par son émotion, grâce notamment à une histoire de filiation et d’amour père-fils.

Alors oui, rétrospectivement, il s’agit d’un des films les plus faibles de Gérard Oury et probablement du scénario le plus basique et scolaire de Francis Veber. A une époque, cette association aurait probablement pulvérisé le box-office, ce qui n’a malheureusement pas été le cas ici. Pourtant, Fantôme avec chauffeur est loin d’être un film déplaisant. Les deux têtes d’affiche semblent complices et s’amusent visiblement à se donner à la réplique, tout en jouant avec ce que les effets visuels leur permet de faire à l’écran. Les CGI de l’époque ne pouvaient déjà pas rivaliser avec ce qui se faisait aux Etats-Unis et l’ensemble fait très franchouillard, pourtant les séquences truquées s’accompagnent d’une certaine poésie. On pense alors à Garou-Garou, le passe-muraille, réalisé par Jean Boyer sorti en 1951, dans lequel Bourvil se réveillait avec le don de traverser les murs et qui au détour d’une scène mettait une gifle à…Gérard Oury.

Bénéficiant d’un budget très modeste, le réalisateur de La Grande vadrouille insuffle un charme rétro à son récit pourtant contemporain et aux images de synthèse alors à la pointe de la technologie. Fantôme avec chauffeur apparaît également comme une œuvre testamentaire. Le thème de la mort est évidemment omniprésent durant 1h15. Gérard Oury avait 76 ans au moment du tournage de son seizième film. Après une carrière en tant qu’acteur et une autre exceptionnelle en tant que scénariste et metteur en scène, la vue déclinante, Gérard Oury pensait peut-être qu’il s’agirait de son ultime long métrage. Si Le Schpountz (1999) allait démentir cela, Fantôme avec chauffeur évoque le passage de relais dans un monde en pleine mutation.

Le personnage joué par Philippe Noiret a sans doute eu un enfant très tard dans sa vie. Plusieurs fossés de générations les séparent. L’héritier de Bruneau-Teissier est un jeune homme passionné par les jeux vidéo, qui se réfugie dans une réalité virtuelle. La mort de son père et la chance laissée à Bruneau-Teissier de rester quelques jours auprès de son fils, vont finalement les rapprocher, les faire se découvrir, pour enfin se parler et se dire les sentiments qu’ils ont l’un envers l’autre. Malgré l’excellence de Gérard Jugnot, on sent que Gérard Oury accorde plus d’importance au personnage de Philippe Noiret. Le chauffeur, Georges Morel est juste là pour entraîner les quiproquos. Tout ce qui tourne aux histoires de cul du personnage, son trafic de drogue et ses petites combines ne fonctionnent pas et intéressent encore moins.

Toujours est-il que Fantôme avec chauffeur est une petite comédie sympathique, qui se laisse revoir avec plaisir.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Fantôme avec chauffeur, disponible chez Gaumont, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet.

Les suppléments sont peu nombreux et se résument à la bande-annonce et une présentation du film par Yves Alion (21’30). Le journaliste, critique et historien du cinéma défend Fantôme avec chauffeur qu’il affectionne tout particulièrement. Après avoir dressé une liste des films de Gérard Oury, Yves Alion en vient à la collaboration du réalisateur avec les comédiens, puis plus précisément à la mise en route, au tournage, aux effets visuels et aux thèmes de Fantôme avec chauffeur.

L’Image et le son

Le master HD est correct. Ce n’est pas non plus transcendant et l’image fait un peu vieillotte, mais au moins la copie est très propre, stable et les nombreuses séquences truquées sont plutôt homogènes. Seules les scènes de nuit sont moins bien définies, surtout sur les transparences ou quand les images de synthèse sont présentes, à l’instar des deux fantômes qui passent à travers le capot de la DS lors de la course-poursuite. Sinon les couleurs sont jolies, les contrastes soignés.

Le mixage DTS-HD Master Audio 2.0 instaure un réel confort acoustique. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches et les silences denses, sans aucun souffle. La composition de Wojciech Kilar est bien lotie. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Gaumont / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Kickboxer : Vengeance, réalisé par John Stockwell

KICKBOXER : VENGEANCE réalisé par John Stockwell, disponible en DVD et Blu-ray le 25 janvier 2017 chez M6 Vidéo

Acteurs :  Alain Moussi, Jean-Claude Van Damme, Gina Carano, Dave Bautista, Darren Shahlavi, Georges St. Pierre, Sam Medina, Patrick Kearns…

Scénario :  Jim McGrath, Dimitri Logothetis

Photographie : Mateo Londono

Musique : Adam Dorn

Durée : 1h29

Année de sortie : 2016

LE FILM

Kurt Sloan est bien décidé à venger la mort de son frère Eric, tué par un champion de boxe thaïlandaise. Pour cela, il est entraîné par un maître en arts martiaux.

Kickboxer : Vengeance est le remake du film éponyme de Mark DiSalle, sorti en 1989, qui avait largement contribué à faire de Jean-Claude Van Damme une star de cinéma, a movie star. C’est aussi le sixième film de la série qui comprend notamment deux épisodes mis en scène par Albert Pyun. Alors donc, reboot ? Remake ? Suite ? En fait c’est un peu tout cela à la fois. Quoi qu’il en soit, ce nouvel opus réalisé par John Stockwell, habituellement cantonné aux films de belles nanas qui font du surf ou de la plongée sous-marine (Blue Crush, Bleu d’enfer), n’arrive pas à la cheville de l’original. Pourtant le casting est prometteur puisque Dave Bautista (pratiquant de combat libre et catcheur américain et Drax dans le MCU) est annoncé dans le rôle mythique de Tong Po, tandis que Jean-Claude Van Damme lui-même, himself, interprète ici l’entraîneur de Kurt Sloane, personnage qu’il interprétait alors dans le premier Kickboxer et qui prend ici les traits d’Alain Moussi. Acteur et cascadeur canadien spécialisé dans les arts martiaux, notamment le Ju-jitsu, ce dernier obtient donc la tête d’affiche de ce remake. S’il n’y a rien à redire sur ses capacités physiques, Alain Moussi manque cruellement de charisme et de crédibilité dans les scènes « dramatiques ». Ah oui, Gina Carano, combattante MMA (elle est donc bien assurée) qui avait commencé sa carrière sportive par le muay thaï, fait aussi une petite apparition.

Eric et Kurt Sloane sont les descendants d’une famille connue de Venice championne d’arts martiaux. Mais Kurt a toujours été dans l’ombre de son frère plus âgé. Eric (dernière apparition à l’écran de Darren Shahlavi, vu dans la série Arrow, mort à l’âge prématuré de 42 ans) accepte, malgré les réticences de son frère, une grosse somme pour combattre en Thaïlande un certain Tong Po, champion de Muay-thaï. Après un affrontement très violent, Eric est tué devant les yeux de son frère. Kurt s’engage alors sur le chemin de la vengeance. Il s’entraîne avec le mentor de son frère, Durand, pour un combat revanche contre Tong Po. Même si Durand croit que l’entraînement de Kurt est impossible, il découvrira assez vite que Kurt a une force intérieure qui pourrait bien lui permettre de battre Tong Po…

Voilà, c’est à peu près peu ou prou la même chose que le tout premier Kickboxer, sans le charme ni la fraîcheur. Franchement, cet opus sous-titré « Vengeance » vaut essentiellement pour JCVD qui accède donc ici au rôle de maître Yoda qui prend sous son aile son jeune Padawan, dont il perçoit la Force et surtout la colère qui l’anime et qui pourrait le faire baculer du côté obscur. La mise en scène est lourdingue, peu aidée par un montage qui ne met jamais en valeur les exploits sportifs et les bastons. Les séquences d’entraînement sont amusantes, d’autant plus que Van Damme, toujours en très grande forme, semble lui-même prendre du bon temps. Il bouffe d’ailleurs l’écran à chaque apparition. Alain Moussi fait pâle figure avec ses deux expressions au compteur, la première quand il boude comme un gros bébé pour montrer qu’il est triste, la seconde pour montrer qu’il est toujours vénère, même quand son rival est en train de le massacrer.

Certaines séquences sont dignes d’un vrai nanar, comme cet affrontement sur le dos d’un éléphant. L’enchaînement parkinsonien des scènes essaye de nous duper, mais le pachyderme réalisé en carton-pâte ne peut pas se rater. Du nawak rigolo. De son côté, Dave Bautista, bouc peint au pochoir, a peu à faire pour s’imposer et campe un Tong Po qui aurait fait s’enfuir Michel Qissi qui campait le personnage dans le film original. Autre élément qui ne va pas, JCVD qui clame ses dialogues dans la langue de Shakespeare avec son célèbre accent est parfois redoublé en postsynchro avec une voix totalement différente pour certaines répliques ! Et dommage que Gina Carano se contente de jouer avec ses sourcils plutôt qu’avec ses gambettes musclées !

Kickboxer: Vengeance est un petit film d’action sympathique, entre le navet et le nanar, qui passe le temps sans ennuyer. La version 1989 peut néanmoins être rassurée, puisque ce n’est pas ce remake qui lui fera de l’ombre ! Il n’y a qu’à voir le clin d’oeil à la célèbre danse de JCVD dans Kickboxer pour se rendre compte à quel point Alain Moussi manque de naturel devant la caméra. L’équipe sera pourtant réunie à nouveau dans Kickboxer : L’Héritage, réalisé cette fois par Dimitri Logothetis, alors scénariste sur Kickboxer : Vengeance.

LE BLU-RAY

Kickboxer : Vengeance est disponible en DVD et Blu-ray chez AB Vidéo. Le visuel se focalise uniquement sur le dos tatoué de David Bautista. Le menu principal est animé et musical.

En plus de la bande-annonce à voir en français ou en anglais, mais également en Stéréo ou en 5.1, l’éditeur propose un petit making of (6’30) composé de rapides images de tournage et de propos d’intervenants divers, les acteurs surtout, mais dont les noms n’apparaissent pas à l’écran. Evidemment, l’ensemble se focalise sur les scènes de bastons et autour du film original, même si l’un des producteurs indique « notre film est déjà aussi culte que le premier et il ne faut absolument pas le manquer ! ».

L’Image et le son

Tourné en numérique, Kickboxer : L’Héritage n’est guère aidé par ce master HD platounet qui peine à donner un relief aux décors ou un piqué digne de ce nom, d’autant plus que les partis-pris esthétiques ne sont guère reluisants. Si la clarté est agréable, quelques flous sporadiques subsistent, les incrustations (la séquence des éléphants) sont laides et la définition chancelle quelque peu. Demeure la propreté de l’image, mais bon, il n’y a rien d’étonnant non plus puisque le film a été réalisé en 2016.

Les mixages français et anglais DTS-HD Master Audio 5.1 créent un espace d’écoute suffisamment plaisant en faisant la part belle à la musique. Quelques basses percutantes et acclamations mettent à mal le caisson et les enceintes latérales sans se forcer mais avec une efficacité chronique. Le doublage français est assez marrant et ajoute du piment au jeu d’Alain Moussi. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue impossible pendant le visionnage nécessite le recours au menu contextuel. Les deux langues sont également proposées en Stéréo de fort bon acabit.

Crédits images : ©  Acme Kick LLC All Rights reserved / AB Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Normandie nue, réalisé par Philippe Le Guay

NORMANDIE NUE réalisé par Philippe Le Guay, disponible en DVD et Blu-ray le 16 mai 2018 chez M6 Vidéo

Acteurs :  François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison, Arthur Dupont, Grégory Gadebois, Philippe Rebbot, Patrick d’Assumçao, Julie-Anne Roth…

ScénarioPhilippe Le Guay, Olivier Dazat, Victoria Bedos

Photographie : Jean-Claude Larrieu

Musique : Bruno Coulais

Durée : 1h49

Année de sortie : 2018

LE FILM

Au Mêle sur Sarthe, petit village normand, les éleveurs sont touchés par la crise. Georges Balbuzard, le maire de la ville, n’est pas du genre à se laisser abattre et décide de tout tenter pour sauver son village… Le hasard veut que Blake Newman, grand photographe conceptuel qui déshabille les foules, soit de passage dans la région. Balbuzard y voit l’occasion de sauver son village. Seulement voilà, aucun normand n’est d’accord pour se mettre à nu…

Le réalisateur Philippe Le Guay revient en force après la déconvenue de son précédent film, Floride, dernière apparition au cinéma de Jean Rochefort, qui avait malheureusement déçu à plus d’un titre. Trois ans plus tard, le cinéaste semble ragaillardi et livre un de ses meilleurs films avec Normandie nue, coécrit avec Olivier Dazat et Victoria Bedos (La Famille Bélier). Comédie sur fond social, fantaisie récréative et très attachante, le neuvième long métrage de Philippe Le Guay fait penser à un savoureux mélange de la trilogie Profils Paysans de Raymond Depardon et de The Full Monty de Peter Cattaneo. Une belle réussite.

Dans un petit village normand, la crise agricole touche gravement les éleveurs à bout de forces et ruinés, qui cherchent des idées pour attirer l’attention sur leur profession moribonde. Ils organisent une manifestation et un barrage routier sur une route départementale. Un photographe d’art américain, Blake Newman, spécialisé dans le nu, à la recherche de l’endroit idéal pour créer sa prochaine œuvre photographique, se trouve bloqué par la manifestation. Lors de la rencontre entre Newman et Georges Balbuzard, paysan et maire de la ville, celui-ci décide de créer un buzz médiatique pour aider ses confrères agriculteurs : Balbuzard l’engage pour qu’il photographie les gens du village nus. Mais les normands sont réticents à se déshabiller, notamment le boucher du village qui sait que tous les hommes aimeraient beaucoup voir le corps nu de sa femme Gisèle, ancienne miss Normandie. Sur fond de querelles familiales ancestrales et de pudeur généralisée, la photo d’art moderne composée de nus au milieu du Champ Chollet et le buzz politique auront-ils vraiment lieu ?

Pour Normandie nue, le réalisateur de L’Année Juliette, Le Coût de la vie, Les Femmes du 6e étage (son plus grand succès) et Alceste à bicyclette réunit de formidables comédiens venant d’horizons différents, qui se complètent parfaitement pour une chronique sociale douce-amère drôle, pittoresque et rythmée. François Cluzet semble prendre beaucoup de plaisir à interpréter le rôle de Georges Balbuzard, le maire du village, et cela faisait longtemps que nous ne l’avions pas vu aussi à l’aise et naturel devant la caméra. Excellent directeur d’acteurs, Philippe Le Guay entoure sa vedette principale de Toby Jones, grand comédien britannique, François-Xavier Demaison, dans le rôle du parisien qui tente de se convaincre que l’air de la campagne lui est bénéfique, Grégory Gadebois, dont l’épaisseur convient parfaitement à son rôle de boucher, le poétique Philippe Rebbot, sans oublier la nouvelle génération avec Arthur Dupont et la révélation Daphné Dumons. Philippe Le Guay fait également appel à des comédiens non-professionnels, des gens de la région qui interprètent leur propre rôle de paysans, d’éleveurs et d’exploitants agricoles.

Le réalisateur connaît bien le Perche en Basse Normandie, où il habite une partie de l’année. Il rend donc un très bel hommage à ces hommes et à ces femmes qui luttent pour la préservation de leur métier. Oubliés par les médias, ces habitants désespérés ne savent plus quoi entreprendre pour faire entendre leur combat et leurs souffrances. Un happening inattendu organisé par un artiste américain pourrait être l’occasion de faire parler d’eux. Sur ce postulat, Philippe Le Guay raconte une fable légère sur un fond pourtant grave et d’actualité, sans forcer le trait, même si tout ce qui touche au personnage de François-Xavier Demaison fait plutôt office de sketchs récurrents et d’interludes tout au long du film.

Mais cela fonctionne, très bien même, l’authenticité est non feinte, le cinéaste ayant visiblement un immense respect et une passion contagieuse pour son sujet et les personnages qu’il aborde et dépeint, notamment à travers des dialogues très réussis. Un très bon moment.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Normandie nue, disponible chez M6 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical. Le visuel reprend celui de l’affiche du film.

L’éditeur propose un petit making of (11’), composé de propos de François Cluzet, de Philippe Le Guay et d’agriculteurs-éleveurs qui ont participé au tournage de Normandie nue. Ces derniers évoquent leurs conditions de travail, tandis que le comédien et le réalisateur parlent du tournage et des thèmes du film.

Outre une galerie d’affiches alternatives (certaines étant vraiment très laides), nous trouvons également neuf scènes coupées (9’) réussies, mais probablement coupées au montage en raison de leur redondance.

L’Image et le son

Voici un très beau master HD ! Les contrastes sont riches, la luminosité omniprésente et le relief probant. Si la clarté tend parfois à amoindrir les détails des visages, la colorimétrie est vive, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), la profondeur de champ éloquente et la photo élégante du chef opérateur Jean-Claude Larrieu (Les femmes du 6ème étage, Carte des sons de Tokyo) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne sert essentiellement qu’à spatialiser la musique de Bruno Coulais et à plonger quelque peu les spectateurs dans l’ambiance champêtre. Les effets latéraux ne se résument souvent qu’au vent qui balaie les environs, mais c’est tout. Les dialogues auraient également mérité également d’être plus ardents sur la centrale. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle plus dynamique, percutante même, créant une véritable homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets. Nous disposons une piste Audiodescription ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : ©  Sévérine Brigeot – Les Films des Tournelles / SND / M6 Vidéo / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Buffy, tueuse de vampires réalisé par Fran Rubel Kuzui

BUFFY, TUEUSE DE VAMPIRES (Buffy the Vampire Slayer) réalisé par Fran Rubel Kuzui, disponible en DVD et Blu-ray le 27 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Kristy Swanson, Donald Sutherland, Paul Reubens, Rutger Hauer, Luke Perry, Michele Abrams, Hilary Swank, Paris Vaughan, David Arquette, Thomas Jane, Natasha Gregson Wagner, Ben Affleck, Alexis Arquette, Seth Green, Ricki Lake…

ScénarioJoss Whedon

Photographie : James Hayman

Musique : Carter Burwell

Durée : 1h25

Année de sortie : 1992

LE FILM

Pom-pom girl dans un lycée de Los Angeles, Buffy Summers ignorait qui elle était vraiment jusqu’au jour de la rencontre avec Merrick Jamison-Smythe. Il lui apprend qu’elle est une tueuse de vampires, désignée comme telle par des aptitudes physiques hors du commun. Au terme d’une formation accélérée et de la disparition de son mentor, elle affronte Lothos, le plus féroce des descendants de Dracula…

Seuls les vrais fans de la série Buffy contre les vampires sont au courant, mais à l’origine, cinq ans avant le lancement de la première saison, sortait sur les écrans américains une comédie fantastique intitulée Buffy, tueuse de vampiresBuffy the Vampire Slayer. Réalisé par une certaine Fran Rubel Kuzui, qui avait signé Tokyo Pop en 1988 et future productrice de Capitaine Orgazmo (1997) de et avec Trey Parker, Buffy, tueuse de vampires est aujourd’hui injustement considéré comme un nanar. Pourtant, ce délire assumé aux couleurs bariolées et au casting fort sympathique est un excellent divertissement qui n’a souvent rien à envier aux opus du genre qui pullulent dans les salles de cinéma aujourd’hui. Cependant, même si le scénario est signé Joss Whedon, il ne reste rien des intentions – beaucoup plus sombres et introspectives – de ce dernier, qui l’a d’ailleurs toujours rejeté avant même sa sortie.

Buffy est une pom-pom girl populaire au Lycée Hemery à Los angeles, dont la vie se résume surtout à faire du shopping et la fête avec sa bande de copines. Jusqu’à sa rencontre avec un homme du nom de Merrick Jamison-Smythe. Il lui apprend qu’elle est La Tueuse (ou la Terreur en français) – une jeune femme née avec une force et une habileté supérieures à la moyenne et dont la destinée est de lutter contre les vampires. Elle admet s’être vue en rêve combattre des vampires et accepte finalement son « destin ». Après une brève formation, elle doit affronter un maître Vampire appelé Lothos, qui a éliminé un certain nombre de Tueuses par le passé.

Buffy, tueuse de vampires n’a pour ainsi dire rien à voir avec la série, immense succès public et critique qui s’est étalé sur sept saisons (de 1997 à 2003), au fil de 144 épisodes, sans oublier le spin-off Angel. Ici, point de réflexion ou d’allégories sur l’entrée dans le monde adulte, sur le droit à la différence, sur le mal-être adolescent, même si cela était pourtant bien le souhait original de Joss Whedon. Buffy, tueuse de vampires est ni plus ni moins un teen-movie éclairé aux néons rose bonbon interprété par une nouvelle génération de comédiens qui allaient alors exploser pour la plupart et qui donnent la réplique à quelques stars confirmées qui sont là pour cachetonner. Buffy aka Bichette dans l’improbable version française, responsable du cachet nanar qui accompagne souvent le film, est interprétée par Kristy Swanson. Après une apparition dans La Folle journée de Ferris Bueller (1986), diverses séries (Quoi de neuf, docteur ?, Côte Ouest, Nightingales), sans oublier dans Hot Shots ! dans lequel elle joue la pilote Kowalski, la jeune comédienne de 23 ans obtient ici le premier rôle, proposé en premier lieu à Alyssa Milano. Mignonne, attachante et sexy, très investie dans les scènes physiques, drôle, Kristy Swanson porte le film sur ses épaules sportives et s’en acquitte fort honorablement en ne se prenant pas au sérieux.

A ses côtés, Luke Perry, le célèbre Dylan McKay de la série Beverly Hills, s’amuse à jouer les amoureux fragiles, tandis que des inconnus du nom d’Hilary Swank, David Arquette, Thomas Jane et Ben Affleck passent également devant la caméra. Mais cela n’est rien à côté de Donald Sutherland, qui se demande constamment ce qu’il fait dans ce film en jouant les Van Helsing de pacotille, Paul Reubens, vampire bien allumé, et surtout Rutger Hauer qui entamait alors sa ruée vers les productions obscures, dans le rôle de l’infâme Lothos. Tout ce beau petit monde est réuni pour un divertissement sans prétention, mais qui s’avère beaucoup plus réussi que ne le vaut sa réputation.

La version française qui transforme les prénoms Buffy en Bichette, Pike en Marcel (!), Benny en Benoît, sans oublier quelques répliques bien gratinées montrent le peu d’intérêt des traducteurs pour cette production qui n’a même pas connu d’exploitation dans nos salles suite au succès mitigé du film aux Etats-Unis. Pourtant, la mise en scène n’a rien de déshonorant, Buffy, tueuse de vampires est amusant du début à la fin, bien photographié, une parodie du genre réussie qui mérite d’être redécouvert.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Buffy, tueuse de vampires, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique et élégant de couleur noire. La jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Outre deux spots TV et la bande-annonce originale du film, Marc Toullec intervient pour parler de Buffy, tueuse de vampires (11’). S’il y a eu des améliorations sur les présentations, force est de constater que le journaliste et spécialiste du fantastique bafouille à plusieurs reprises. On a même droit à une « Sarah Michelle Gérard ». Ces hésitations auraient mérité d’être coupées au montage. Si l’ensemble fait très amateur, Marc Toullec ne manque pas d’arguments pour présenter le film qui nous intéresse. Evidemment, le parallèle est fait avec la série Buffy contre les vampires, phénomène de la télévision dans les années 1990. Le casting du film, le scénario de Joss Whedon (qui a très tôt renié le film pour divergences artistiques), les colères de Donald Sutherland sur le plateau (qui se demandait constamment où il avait mis les pieds et qui avait pu écrire des dialogues aussi ineptes) et bien d’autres éléments sont abordés ici.

L’interactivité se clôt sur un mini making-of (4’) promotionnel, constitué de rapides images de tournage et d’interviews d’une partie de l’équipe du film.

L’Image et le son

Voilà une très belle résurrection ! La propreté de ce master est quasi-irréprochable, la stabilité est de mise et ce sont surtout les couleurs bigarrées qui retrouvent un nouvel éclat et qui profitent de cette élévation HD. Le piqué est doux, mais la luminosité est de mise, les détails sont appréciables et les noirs denses.

Point de Haute-Définition ici puisque les mixages anglais et français sont uniquement disponibles en Dolby Digital 5.1. Ces pistes sont plutôt anecdotiques et se focalisent surtout sur les frontales. La musique est spatialisée, mais le remixage manque de cohérence, fait passer certaines ambiances, surtout lors de l’affrontement final. La version française est peut-être plus dynamique dans sa restitution des dialogues. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : ©  Twentieh Century Fox Home Entretainment LLC All Rights Reserved / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Garde alternée, réalisé par Alexandra Leclère

GARDE ALTERNÉE réalisé par Alexandra Leclère, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2018 chez Wild Side Video

Acteurs :  Didier Bourdon, Valérie Bonneton, Isabelle Carré, Hélène Vincent, Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Jackie Berroyer…

Scénario :  Alexandra Leclère

Photographie : Jean-Marc Fabre

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h44

Année de sortie : 2017

LE FILM

Sandrine, mariée depuis quinze ans, deux enfants, découvre que son mari Jean a une relation extraconjugale. Passé le choc, elle décide de rencontrer sa rivale, Virginie, et lui propose un étrange marché : prendre Jean en garde alternée. Les deux femmes se mettent d’accord et imposent à leur homme ce nouveau mode de vie.

En dehors de Maman en 2012, la réalisatrice Alexandra Leclère demeure abonnée aux succès publics depuis son premier long métrage Les Soeurs fâchées, sorti en 2004, qui avait attiré près d’1,5 million de spectateurs dans les salles. Après la rencontre Catherine Frot / Isabelle Huppert, la cinéaste enchaînait avec une seconde réussite commerciale, Le Prix à payer (2007, 1,4 million d’entrées) avec Christian Clavier et Nathalie Baye. Son quatrième film, Le grand partage, comédie dite chorale, avait réussi à rassembler plus d’un million de spectateurs durant l’hiver 2015 malgré une critique désastreuse. Deux ans plus tard, quasiment jour pour jour, sort sur les écrans Garde alternée, la nouvelle comédie de la réalisatrice. Elle retrouve ici Didier Bourdon et Valérie Bonneton, qu’elle avait fait tourné dans son précédent long métrage, auxquels se joint l’excellente Isabelle Carré. Seulement voilà, malgré toute la bonne volonté du trio vedette, rien, absolument rien ne fonctionne malgré les quelques bonnes bases en ouverture.

Garde alternée est un film bien consternant, rempli de clichés, de bons sentiments qui prennent le pas sur la soi-disant méchanceté des personnages. Les acteurs ont l’air eux-mêmes fatigués de débiter des dialogues au rabais. La mise en scène et les décors font penser à une série du style Fais pas ci, fais pas ça ou Scènes de ménages, un épisode à rallonge, étouffant, interminable et surtout pas drôle. Et tout devient alors extrêmement gênant.

Sandrine (Valérie Bonneton) et Jean (Didier Bourdon) sont mariés depuis quinze ans et ont deux enfants découlant de leur union. Jean trompe sa femme avec Virginie depuis quelque temps. Sandrine trouve l’idée de garde partagée de son mari afin de conserver l’équilibre familial. Jean partage alors sa vie entre sa femme et sa maîtresse en alternance. Mais tout devient alors plus compliqué.

Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Alexandra Leclère semble repousser les limites à chaque nouveau film. Si Les Soeurs fâchées était un premier film très prometteur, jamais la réalisatrice n’a su retrouver l’inspiration dans ses opus suivants. Alors oui le casting est sympathique, les trois comédiens principaux rivalisent d’énergie, de grimaces et se mettent même à poil devant la caméra. Ils sont d’ailleurs bien entourés avec Laurent Stocker, Michel Vuillermoz, Hélène Vincent (déchaînée) et Jackie Berroyer, mais tout cela au service d’un très mauvais marivaudage, qui met souvent profondément mal à l’aise.

Quel marasme ! Le pire est de voir s’enfoncer les personnages, les acteurs donc, dans des situations de plus en plus déplacées, vulgaires et idiotes, jusqu’au dénouement complètement irresponsable et d’une crétinerie sans nom. On ne sait pas trop où Alexandra Leclère veut en venir. Le polyamour ? L’adultère ? Le ménage à trois ? Le désir dans le couple ? Il y a de tout cela dans Garde alternée, mais c’est tellement mal écrit et réalisé que ces 105 minutes demeurent insupportables du début à la fin.

On ne saurait que trop conseiller à la cinéaste de revoir son premier film, dont l’ambition semble déjà bien loin. Alexandra Leclère semble vouloir se consacrer à la comédie bas de gamme reposant sur des noms susceptibles d’attirer les spectateurs. Ce qui n’a pas été le cas pour Garde alternée puisque le film n’aura pas franchi la barre des 500.000 spectateurs. On souhaite à la réalisatrice de considérer cet échec comme une chance, afin de se remettre en question.

LE BLU-RAY

Le DVD et le Blu-ray de Garde alternée sont édités chez Wild Side. Le test a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche d’exploitation et le menu principal est animé et musical.

Pour la sortie de son film au cinéma, la réalisatrice Alexandra Leclère répond aux questions de Carlos Gomez (30’). D’emblée, ce dernier la brosse dans le sens du poil, en fait des tonnes en indiquant – sans trucage – « j’aime beaucoup ce que vous faites, j’aime beaucoup ce que vous êtes, j’aime beaucoup ce que vous écrivez, cette séquence est cataclysmique ». Evidemment ravie, l’invitée revient sur ses thèmes de prédilection, sur la genèse de Garde alternée (elle s’est elle-même retrouvée dans la peau de la maîtresse, bref elle raconte sa life), sur le casting et la collaboration avec les acteurs. Avec ses questions sans intérêt et son art pour flatter son interlocutrice (c’est à croire qu’il n’a jamais vu ses films puisqu’il la compare à une Bertrand Blier au féminin), Carlos Gomez marche sur les plates-bandes d’un certain Laurent Weil, ce qui est un véritable exploit.

Nous trouvons ensuite un lot de scènes coupées (6’30) aussi vulgos que celles finalement gardées au montage, dont une où le personnage joué par Laurent Stoker se masturbe dans le dos de Didier Bourdon. La classe made in Leclère.

L’Image et le son

Une édition plutôt lambda. Les couleurs sont éclatantes, le piqué est aléatoire, mais s’en tire honorablement, surtout que les partis pris esthétiques font plus penser à une série télévisée qu’à un long métrage. La gestion des contrastes est solide, même si nous pouvions attendre plus de détails. Heureusement, l’encodage AVC consolide l’ensemble et les rares séquences tournées en extérieur sont très belles.

Garde alternée repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales s’occupent de la musique du film, omniprésente. Une spatialisation concrète, immersive (la scène de l’anniversaire de mariage) et efficace. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiodescription.

Crédits images : ©  Pan-Européenne / Wild Side Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Grease 2, réalisé par Patricia Birch

GREASE 2 réalisé par Patricia Birch, disponible en Blu-ray le 24 avril 2018 chez Paramount Pictures

Acteurs :  Maxwell Caulfield, Michelle Pfeiffer, Lorna Luft, Maureen Teefy, Alison Price, Pamela Segall…

Scénario :  Ken Finkleman

Photographie : Frank Stanley

Musique : Louis St. Louis

Durée : 1h54

Année de sortie : 1982

LE FILM

En 1961, à la Rydell High School, deux ans après les aventures de Sandy. C’est son cousin, Michael, qui débarque au lycée. Très vite, on le considère comme l’intello de service. Et tout de suite, il tombe raide amoureux de Stéphanie Zinone, la chef des « Pink Ladies ». L’autre bande phare de l’école, c’est bien sûr les « T-Birds », dont fait partie Johnny, l’ex-petit ami de Stephanie. Michael est décidé à séduire celle qu’il aime. Il prend alors des cours de moto et devient le meilleur d’entre tous. Sans révéler son identité, il arrive à soulever la curiosité de la belle…

Grease. Triomphe international de l’année 1978 avec entre autres plus de 5,3 millions d’entrées en France et 4,9 millions en Allemagne. Un vrai raz-de-marée. La bande-originale est sur toutes les lèvres (encore aujourd’hui), les mecs se prennent pour John Travolta (moins aujourd’hui), les filles rêvent de rencontrer un bad-boy romantique. Sans oublier les cinq nominations aux Golden Globes et celle de la meilleure chanson (Hopelessly Devoted to You) aux Oscars. La Paramount attendra finalement quatre ans pour lancer une suite au film de Randal Kleiser. Enfin, une fausse suite puisque ni John Travolta, ni Olivia Newton-John acceptent d’y participer. La tâche est rude pour le scénariste Ken Finkleman, chargé la même année de signer un Y a-t-il enfin un pilote dans l’avion ?, qui doit alors imaginer de nouveaux personnages principaux, pour en faire les nouvelles stars du lycée Rydell. Mais la sauce ne prendra pas auprès du public et Grease 2 sera un échec commercial impressionnant, souffrant de son inévitable comparaison avec le film original. Pourtant, Grease 2, conspué très sévèrement par la critique et ignoré du public à sa sortie, n’est pas si déshonorant que ça. D’ailleurs, le film mérite d’être vu pour voir les réels premiers pas devant la caméra de la sublime Michelle Pfeiffer.

C’est la rentrée scolaire 1961 à Rydell Highschool. Deux groupes s’opposent au collège, les T-Birds, qui règnent en maître sous le commandement de Johnny, et les Pinkies, les filles, qui constituent la chasse gardée des T-birds. Michael, un nouvel arrivé, sème le trouble parmi les lycéens et peine à s’intégrer parmi ses nouveaux camarades. Venant d’Angleterre, il est bien différent des jeunes de Rydell. Il succombe néanmoins au charme de Stephanie, qui fait partie du groupe des Pinkies, et dont l’idéal masculin, les motards mystérieux, est tout à fait l’opposé de Michael… Pour parvenir à la séduire, le jeune homme apprend en secret (et en quelques jours seulement, la classe) à piloter une moto, en devenant même un véritable cascadeur professionnel et joue un double-jeu des plus subtiles.

Plus de 35 ans après sa sortie, on peut le dire, Grease 2 vaut bien mieux que sa mauvaise réputation. Certes, le scénario se révèle être un copier-coller du premier film, mais le fait d’inverser les rôles et ingrédients, autrement dit de créer une idylle entre une lycéenne rebelle au grand coeur et un lycéen timide et de bonne famille fonctionne plutôt bien. Un an avant d’exploser dans Scarface de Brian De Palma, Michelle Pfeiffer, qui n’avait fait alors que divers téléfilms, séries et quelques apparitions au cinéma, crève déjà l’écran de sa beauté et s’en sort pas mal du tout au chant, comme elle le prouvera bien plus tard dans l’excellent Hairspray version Adam Shankman. Bon d’accord, elle en fait trop parfois à faire des bulles à la chaîne avec son chewing-gum (rose) et à bouger la tête comme si elle était montée sur ressort à bille pour montrer qu’elle n’est pas une fille facile. Mais on lui pardonne tout.

En revanche, son partenaire Maxwell Caulfield apparaît bien falot face à la blonde incendiaire. Il fera sa carrière principalement à la télévision dans des séries, notamment Dynastie. Le reste du casting est du même acabit, aucun acteur ne parvient à rivaliser de talent et de charisme avec ceux de Grease, même si Didi Conn (Frenchy), Eve Arden (la principale McGee), Sid Caesar (le coach Calhoun) et Dody Goodman (Blanche, la secrétaire) reprennent leur rôle du premier opus avec visiblement beaucoup de plaisir. Ce qui fait l’attrait de Grease 2 c’est son côté acidulé, hérité du premier film, mais dont le charme agit encore ici. Sans jamais chercher à rivaliser avec l’épisode précédent, cette suite réalisée par Patricia Birch, chorégraphe sur le premier et qui met en scène ici son seul film pour le cinéma, parvient à trouver un ton qui lui est propre.

La bande-originale n’est clairement pas inspirée, tout comme les numéros musicaux, toutefois, certaines séquences sont plutôt cools (Reproduction , Cool Rider) ou même l’ouverture placée sous le signe de la rentrée scolaire. Franchement, ce serait dommage de ne pas connaître cette suite, loin d’être honteuse, qui si elle n’égale pas son modèle, en propose une variation sucrée, naïve (c’est limite niais c’est vrai), honnête et surtout divertissante. Pour résumer, Grease 2, dont beaucoup de spectateurs ignorent même jusqu’à l’existence, ressemble à un spectacle de fin d’année scolaire qui aurait été monté par des lycéens pour rendre hommage au premier avec les moyens du bord et des acteurs peu expérimentés. On regarde le show avec indulgence et politesse, on passe un bon moment et on se dépêche d’aller à la buvette en sortant.

LE BLU-RAY

La Paramount Pictures n’a jamais été très généreuse envers Grease 2. Après une sortie standard en DVD en 2003, le film de Patricia Birch arrive quand même en Haute-Définition en France. Mais cette sortie s’apparente surtout à une simple sortie technique. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément.

L’Image et le son

Une chose est sûre, c’est que si l’éditeur ne propose que le film sur ce disque, la restauration n’a pas été bâclée. Tel un phénix inattendu, Grease 2 renaît littéralement se de ses cendres avec ce master HD. Les fans, car il y en a beaucoup mine de rien, vont être comblés. La propreté est de mise dès les premiers plans, toutes les scories diverses et variées ont été éradiquées et ce sont surtout les couleurs qui sont ici éblouissantes, vives et chatoyantes. Le patchwork multicolore de Patricia Birch est éclatant en Blu-ray et redonne un véritable intérêt à cette suite mal aimée. Le grain original est savamment respecté, la clarté omniprésente, la stabilité de mise, chaque recoin des décors contient son lot de détails, le relief des textures est inédit et le piqué aiguisé. Les contrastes n’ont jamais été aussi fermes et les noirs denses.

Tout d’abord, la version originale Dolby True HD 5.1 : Montez le volume, car c’est du grand spectacle ! Ce mixage se révèle particulièrement riche avec des frontales et latérales qui rivalisent d’énergie, les chansons étant bien sûr particulièrement choyées. La spatialisation est éloquente. En revanche, la piste française est proposée dans une petite et anecdotique Dolby Digital 2.0. Le doublage est plutôt réussi et l’ensemble est propre, mais la comparaison est inutile.

Crédits images : ©  Paramount Pictures / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Proie, réalisé par Robert Siodmak

LA PROIE (Cry of the City) réalisé par Robert Siodmak, disponible en DVD et Blu-ray le 24 avril 2018 chez ESC Editions

Acteurs :  Richard Conte, Victor Mature, Fred Clark, Shelley Winters, Betty Garde, Berry Kroeger, Tommy Cook, Debra Paget…

Scénario :  Ben Hecht, Richard Murphy d’après le roman The Chair for Martin Rome de Henry Edward Helseth

Photographie : Lloyd Ahern Sr.

Musique : Alfred Newman

Durée : 1h35

Année de sortie : 1948

LE FILM

Au cours d’une rixe, Martin Rome est blessé. Retenu prisonnier dans un hôpital pénitentiaire, ce multirécidiviste est soupçonné par le Lieutenant Candella, son ami d’enfance, d’avoir participé au cambriolage et au meurtre crapuleux d’une riche New-Yorkaise. Innocent, le malfrat se voit proposer par Niles, un avocat véreux, de porter le chapeau. Refus net et catégorique. Mais, intrigué, Rome s’évade, se rend chez Niles et découvre des bijoux volés dans le coffre-fort de l’avocat, qu’il assassine. C’est le début d’un long et violent jeu du chat et de la souris entre Candella et Rome…

Coécrit par le prolifique Ben Hecht (La Maison du docteur Edwardes, Gilda, Les Enchaînés) et Richard Murphy (La Lance brisée, Le Génie du mal) d’après le roman The Chair for Martin Rome de Henry Edward Helseth, La ProieCry of the City, est un des films noirs les plus emblématiques du réalisateur, scénariste, producteur et acteur allemand Robert Siodmak (1900-1973). Né dans une famille d’origine polonaise juive à Dresde, Siodmak sent la montée du nazisme et fuit l’Allemagne au début des années 1930. Après une étape par Paris, il s’envole pour Hollywood. En 1941, il réalise West Point Widow, son premier film américain puis signe un contrat avec les studios Universal pour sept ans. Evidemment très influencé par l’expressionnisme allemand et le cinéma d’Orson Welles, il signe Le Fils de Dracula, son premier film pour les Universal Studios, et impose son style qui fera la marque de fabrique de ses plus polars les plus célèbres comme Les Tueurs avec Burt Lancaster et Ava Gardner en 1946 ou Pour toi j’ai tué (Criss Cross) en 1949. La Proie est donc mis en scène entre ces deux monuments, pour le compte de la 20th Century Fox de Darryl F. Zanuck. S’il reste moins connu, Cry of the City est pourtant un bijou noir, d’une incroyable sécheresse, magistralement réalisé et interprété.

Truand du Bronx new-yorkais, Martin Rome (Richard Conte) a abattu un policier : il était, affirme-t-il, en état de légitime défense. Grièvement blessé, il est interrogé sur son lit d’hôpital par les inspecteurs Collins (Fred Clark) et Candella (Victor Mature). Ce dernier, qui fut autrefois son ami, le soupçonne d’être également impliqué dans l’affaire De Grazia – une femme assassinée et dépouillée de ses bijoux. Un suspect est sous les verrous mais deux complices, un homme et une femme, sont en cavale : Rome, peut-être, et cette mystérieuse jeune fille qui est venue le voir à l’hôpital et dont personne ne connaît l’identité. Martin nie farouchement ce crime, mais il veut surtout éviter que l’inconnue – Teena Riconti (Debra Paget, dans sa première apparition au cinéma), sa bien-aimée – ne soit inquiétée. Succédant aux policiers, un avocat, Niles (Berry Kroeger), tente vainement de persuader Rome d’avouer sa culpabilité dans l’affaire De Grazia et ce, en échange d’une forte somme qui serait versée à sa mère. Quelques jours après, Rome parvient à s’évader. Par l’intermédiaire de Tony (Tommy Cook), son jeune frère, il cherche d’abord à prendre contact avec Teena, mais celle-ci a disparu.

La Proie confronte les deux côtés d’une même pièce. Les personnages principaux, le flic et le voyou sont italo-américains, se connaissent, ont visiblement grandi ensemble et chacun connaît la famille de l’autre. D’un côté, Victor Mature (La Poursuite infernale, Le Carrefour de la mort), colosse aux pieds d’argiles, de l’autre Richard Conte (Quelque part dans la nuit, L’Orchidée blanche), à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession. Deux anciens gosses de la rue, qui n’ont pas eu la même chance, mais qui ont décidé de s’en sortir. C’est cette confrontation qui fait le sel du film de Robert Siodmak, cinéaste qui a toujours été sensible à cette frontière sensible entre le bien et le mal.

Candella le flic, très attaché à ses origines, se lance alors aux trousses de Rome, accusé à tort d’un vol de bijoux, qui va tenter de son côté de prouver son innocence, tout en voulant protéger la femme qu’il aime. Malgré cela et en dépit de son charme souvent blagueur et attachant, Rome est un tueur de flic, un type violent, la rue fait partie de lui. Il ne sera pas remis en prison et n’hésitera pas à riposter si Candella le retrouve. Quant à ce dernier, malgré l’amitié et l’amour qu’il peut avoir pour Rome et sa famille, il restera inflexible, fermé et bien déterminé à aller jusqu’au bout.

Robert Siodmak tourne dans les rues du Bronx et celles du quartier de Little Italy, ajoutant à son film à une authenticité encore rare dans le cinéma hollywoodien qui privilégiait encore les confortables prises de vue en studio. Cela ajoute une dimension documentaire à La Proie, comme les parfums provenant des restaurants, d’un minestrone qui cuit à feu doux sur le gaz, mais aussi celui de la crasse et des bas-fonds dans lesquels les personnages se débattent. Les lumières de la ville sont là, à travers les néons et enseignes lumineuses, mais le rêve américain n’est qu’un mirage clinquant. Derrière, certains luttent pour survivre et les voies pour s’en sortir sont peu nombreuses. D’ailleurs, quel que soit le chemin emprunté, le résultat est le même pour les protagonistes. Policiers ou malfrats, ils sont tous fatigués de courir et le fruit de leur labeur se résume finalement à peu de choses.

Film riche et passionnant, soutenu par la musique d’Alfred Newman et la photo charbonneuse de Lloyd Ahern (Laura, La Folle ingénue), ainsi qu’un humour noir avec la présence de l’immense Hope Emerson dans le rôle d’une masseuse peu orthodoxe, La ProieCry of the City, souvent oublié dans la filmographie de Robert Siodmak, est absolument à réhabiliter, d’autant plus qu’il apparaît aujourd’hui comme étant l’une des grandes inspirations d’un certain Martin Scorsese.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de La Proie, disponible chez ESC Editions, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

La Proie, est présenté par Antoine Sire (31’). L’auteur de Hollywood, la cité des femmes (editions Institut Lumière / Acte Sud) propose une analyse brillante et éclairée du film de Robert Siodmak. Le fond et la forme sont croisés sur un rythme soutenu, le casting est passé au peigne fin. La carrière du cinéaste est également abordée et La Proie située dans sa filmographie. Fourmillant d’informations et d’anecdotes, Antoine Sire part un peu dans tous les sens et se répète parfois, mais on ne pourra pas lui reprocher la passion contagieuse avec laquelle il évoque ce polar urbain, déroutant et décalé. Composé d’extraits et de bandes-annonces, cet entretien s’avère riche, spontané et passionnant.

L’Image et le son

Un Blu-ray au format 1080p (AVC). Ce nouveau master restauré en HD au format respecté 1.33 de La Proie, qui était jusqu’alors disponible en DVD chez Carlotta, se révèle souvent pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de stabilité, de clarté et de relief. La nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Robert Siodmak, la photo signée Lloyd Ahern retrouve une nouvelle jeunesse doublée et le grain d’origine a heureusement été conservé. Notons quelques baisses de la définition avec des plans légèrement flous. La propreté de la copie est indéniable.

Seule la version originale, avec les sous-titres français non imposés, est disponible. Point de remixage superflu à l’horizon, l’écoute demeure fort appréciable avec une excellente restitution de la musique, des effets annexes et des voix très fluides et aérées. Pas de souffle constaté.

Crédits images : ©  Twentieh Century Fox Home Entretainment International Corporation / ESC Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Knock, réalisé par Lorraine Lévy

KNOCK réalisé par Lorraine Lévy, disponible en DVD et Blu-ray le 20 février 2018 chez Studiocanal

Acteurs :  Omar Sy, Alex Lutz, Ana Girardot, Sabine Azéma, Pascal Elbé, Audrey Dana, Michel Vuillermoz, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus…

ScénarioLorraine Lévy, d’après la pièce de théâtre de Jules Romains

Photographie : Emmanuel Soyer

Musique : Cyrille Aufort

Durée : 1h54

Année de sortie : 2017

LE FILM

Le Docteur Knock est un ancien voyou devenu médecin qui débarque dans le petit village de Saint-Maurice afin d’y faire fortune selon une méthode particulière. Suivant son adage « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore. », il va ainsi faire croire aux villageois en les manipulant astucieusement, qu’ils ne sont pas aussi bien portants qu’ils pourraient le penser. C’est ainsi qu’il trouvera chez chacun un symptôme, imaginaire le plus souvent, et de ce fait pourra exercer lucrativement sa profession. Sous ses airs de séducteur et après avoir acquis la confiance du village, Knock est sur le point de parvenir à ses fins. Mais son passé le rattrape et une ancienne connaissance vient perturber les plans du docteur.

Bon, comment dire, était-ce bien nécessaire ? Si la réalisatrice Lorraine Lévy se défend d’avoir voulu « faire un coup » en proposant le rôle de Knock à un acteur noir, sa relecture (la quatrième au cinéma) de la pièce de théâtre Knock ou le Triomphe de la médecine (1923) de Jules Romains n’a pour ainsi dire aucun intérêt. Pourtant, le casting est alléchant, mais la mise en scène reste d’une platitude confondante et ne parvient jamais à donner du corps au texte original. Par ailleurs, Omar Sy semble lui-même gêné et impressionné par les mots qui lui ont été confiés. Alors oui la photo est belle et solaire, mais Knock version 2017, transposé dans la France des années 1950, est un film figé et même si l’adaptation de Guy Lefranc, immortalisée par Louis Jouvet dans le rôle-titre – et qui l’avait déjà interprété sur scène et dans la seconde transposition en 1933 par Roger Goupillières – a pris pas mal de rides, elle lui reste bien supérieure.

L’affiche est impressionnante : Omar Sy, Ana Girardot, Alex Lutz, Sabrine Azéma, Audrey Dana, Pascal Elbé, Christian Hecq, Hélène Vincent, Andréa Ferréol, Rufus, Michel Vuillermoz, Nicolas Marié et bien d’autres sont visiblement ravis de se donner la (succulente) réplique de Jules Romains. Le problème, c’est que Lorraine Lévy n’a jamais été une bonne réalisatrice. Scénariste de Ma Meilleure amie d’Elisabeth Rappeneau en 2004, elle écrit et réalise son premier long métrage la même année, La Première Fois que j’ai eu 20 ans. S’ensuit Mes amis, mes amours (2008), adapté du roman de son frère, le célèbre écrivain Marc Lévy, avec Vincent Lindon et Pascal Elbé. Son meilleur film à ce jour, Le Fils de l’autre (2012) était – malgré une certaine naïveté – une oeuvre humaniste, un plaidoyer sans pathos pour la paix, universel et émouvant, tourné au pied du mur de séparation entre l’Israël et la Palestine. Après quelques téléfilms et l’écriture de plusieurs épisodes de la série Joséphine, ange gardien (si si), elle revient avec Knock, un projet qui lui tenait à coeur depuis huit ans et son film le plus ambitieux.

Avec un budget confortable de près de 13 millions d’euros, Lorraine Lévy mise tout sur la reconstitution, les décors, les accessoires. Le résultat est honnête, l’image est clinquante, c’est moelleux pourrait-on dire. Seulement Omar Sy, sur lequel s’est monté le projet, apparaît immobile du début à la fin. Engoncé dans son costume, le comédien césarisé pour Intouchables n’est guère à l’aise avec le texte de Romains, d’autant plus que le rôle lui demande de rester sobre, sans avoir recours à quelques pirouettes qui ont contribué à faire son succès au cinéma. A ce titre, il est bien plus à son affaire lors du prologue qui le montre en train d’échapper à quelques voyous notoires, pour ne pas avoir réglé une dette de jeu. Omar Sy peut alors se permettre de rire et d’utiliser son corps de plus d’1m90. Mais c’est autre chose quand son personnage débarque dans un petit village dans le but d’exercer la médecine. Le comédien se tient droit comme un i, déclame ses tirades sans y croire et de façon monocorde.

L’ensemble prend alors la forme d’un film à sketches, avec une succession de rencontres plus ou moins inspirées. Knock face au pharmacien, Knock face au facteur, Knock face à la femme du pharmacien, sans parvenir à instaurer un rythme de croisière, de façon mécanique. Ce n’est pas que l’on s’ennuie, mais le film n’est jamais émouvant, n’interpelle jamais, ne fait pas rire non plus. On sourit, mais grâce au charme d’Ana Girardot, l’abattage d’une Audrey Dana chaude comme la braise qui se déshabille et demande à Omar Sy « Comment trouvez-vous mes seins ? », qui lui répond alors « Je ne les trouve pas, je ne les cherche même pas ! ». Lorraine Lévy est capable de faire preuve de retenue, tout comme de se vautrer dans la scatologie comme dans cette scène où Pascal Elbé, pris de coliques, repeint littéralement les murs de sa chambre, sur fond de bruitages de pets repris directement de la bande-son de La Soupe aux choux. Voilà, c’était Knock. Cela ne gratouille pas, ça ne chatouille pas, mais ça irrite souvent il faut bien le dire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Knock, disponible chez Studiocanal, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Comme si elle avait besoin de se justifier sur son nouveau film, Lorraine Lévy prend le micro et commente Knock. C’est par ailleurs le seul bonus sur cette édition. Sans se présenter, la réalisatrice attaque bille en tête en indiquant « au risque de choquer » que le film de Guy Lefranc n’est pas un chef d’oeuvre, que la réalisation se contente de champs-contrechamps tournés dans un N&B standard. S’il y a évidemment du vrai dans ses propos, on sent que Lorraine Lévy a été très touchée par les nombreuses mauvaises critiques à la sortie de Knock. L’écoute n’est pas désagréable. La réalisatrice revient également sur les partis pris, sur la libre adaptation de la pièce de théâtre de Jules Romains, sur le casting, la photographie et la musique. Notons tout de même quelques longs silences.

L’Image et le son

Le master HD du Knock tient toutes ses promesses et offre au spectateur un très bon confort de visionnage. Le relief est omniprésent, les contrastes fermes et la luminosité constante. Le piqué est très agréable, les détails sont précis et le cadre large bien exploité. La photo est douce et ambrée, les noirs denses, les teintes chatoyantes, et les séquences nocturnes bien gérées.

Un seul choix disponible, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 créant d’entrée de jeu une large et puissante spatialisation musicale. La balance frontales-latérales est très dynamique, les voix solidement plantées sur la centrale. Toutes les enceintes sont mises à contribution, certains effets naturels tirent leur épingle du jeu. Les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, tout comme une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Studiocanal / Curiosa Films – Moana Films – Versus Production – France 2 Cinéma – France 3 Cinéma – Solo Films – Korokoro – Auvergne-Rhône-Alpes Cinéma/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Ange exterminateur, réalisé par Luis Buñuel

L’ANGE EXTERMINATEUR (El Ángel exterminador) réalisé par Luis Buñuel, disponible en DVD et Blu-ray le 2 avril 2018 chez Movinside

Acteurs :  Silvia Pinal, Enrique Rambal, Claudio Brook, José Baviera, Augusto Benedico, Antonio Bravo…

ScénarioLuis Buñuel

Photographie : Gabriel Figueroa

Musique : Raúl Lavista

Durée : 1h33

Année de sortie : 1962

LE FILM

Grands bourgeois domiciliés rue de la Providence, les Nobile reçoivent une vingtaine d’amis, après un concert. Tout le personnel de la maison s’éclipse sans raison. Les invités passent la nuit sur le tapis du salon et commencent à perdre la raison…

Oeuvre matricielle de toute la filmographie de Luis Buñuel, L’Ange exterminateurEl Ángel exterminador signe également la fin de la période mexicaine du cinéaste. Cette référence ultime du huis clos permet à son auteur de s’attaquer à l’un de ses thèmes de prédilection, la bourgeoisie, figée et hypocrite, devenant ici prisonnière de son propre système. Repliée sur elle-même, cette caste va alors perdre le contrôle et le vernis de la bienséance commencer à s’écailler. Chef d’oeuvre absolu, unique en son genre, L’Ange exterminateur est un des sommets, si ce n’est le plus grand film de Luis Buñuel.

Edmundo et Lucia de Nobile, un couple bourgeois de Mexico, donnent une réception après l’opéra dans leur luxueuse demeure. Quelques faits bizarres se produisent alors : des domestiques partent l’un après l’autre sans expliquer leur comportement et avant même que la soirée commence. Seul reste le majordome, Julio. Les invités connaissent une impression de déjà-vu (certains se présentent deux fois, d’autres déclament la même tirade), Ana retire de son sac deux pattes de poulet alors que Blanca joue au piano une sonate de Paradisi. Au moment de partir, une étrange réaction interdit aux invités de quitter les lieux. Ces derniers, confinés dans le même salon, finissent par dormir sur place. Mais le lendemain, ils constatent qu’il est toujours impossible de sortir de la pièce. La panique s’empare des maîtres de maison et de leurs invités. La nourriture est épuisée (certains mangent du papier), l’eau est manquante (on envisage un temps de boire celle au fond des vases), l’odeur devient pestilentielle (incapacité de se laver), la promiscuité est de plus en plus révoltante et certains instincts, notamment sexuels, se libèrent. Les jours et les nuits passent, la notion du temps se perd. A l’extérieur, la police, les badauds et les domestiques, victimes du même sortilège, n’arrivent pas à franchir le portail de la propriété. Dans le salon devenu asphyxiant, les véritables caractères et personnalités se révèlent. Soudain, apparaissent un ours et des moutons.

Toujours aussi insaisissable, virtuose et remarquable, L’Ange exterminateur, un temps envisagé sous le titre Les Naufragés de la rue de la Providence, touche au sublime. En voulant rendre réaliste l’inexplicable, Luis Buñuel ne prend pas les spectateurs pour les imbéciles et fait confiance à leur intelligence pour décoder les métaphores et allégories qui constituent son récit. Redoutablement subversif, ce film, réalisé juste après Viridiana, pose les bases de la seconde partie de la carrière du réalisateur, qui seront reprises dans Belle de jour (1967) et surtout Le Charme discret de la bourgeoisie (1972).

S’il enferme ses personnages dans un cadre restreint, la mise en scène est sans cesse en mouvement et chaque cadre capture une réaction, un mouvement, la réaction suite à ce mouvement. Si théâtralité il y a, cela provient uniquement du rôle que l’on joue en société, mais en aucun cas du dispositif, des partis pris et de la mise en scène. La peur engendre le cauchemar, le cauchemar entraîne la fatigue, l’épuisement, réduisant l’homme aisé à l’état d’animal qui se laisse aller. Les vêtements se froissent, les coiffures de ces dames s’écroulent, l’hygiène devient secondaire. Peu importe si le comportement manque aux règles les plus élémentaires de l’étiquette. Il n’y a plus que des hommes et des femmes, quasiment rendus à l’état primitif, qui tentent de survivre et la religion ne peut rien faire pour eux dans cette situation.

Luis Buñuel peint ses protagonistes, merveilleusement incarnés entre autres par Silvia Pinal (Viridiana, Simon du désert), Claudio Brook (Du rififi à Paname, La Grande vadrouille, La Voie lactée), avec un pinceau à pointe sèche et acérée, sans oublier un humour noir savoureux. La bourgeoisie est un naufrage, le salon est l’île déserte de cette vingtaine de rescapés. Sans révéler le dénouement, le réalisateur n’est pas dupe quant à ce que ses personnages pourraient tirer de cette expérience. Si l’histoire fait alors l’effet d’une boucle, l’épilogue montre que seule l’Apocalypse permettrait une remise à égalité de tous les êtres humains. Mais pour combien de temps ?

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Ange exterminateur, disponible chez Movinside, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. Visuel très beau et attractif. Le menu principal est simple, animé et musical. Mention spéciale à la sérigraphie bien pensée du disque.

Seule la bande-annonce est proposée comme bonus sur cette édition.

L’Image et le son

Le générique fait un peu peur. L’image est claire, mais les contrastes laissent à désirer. Même chose concernant la première bobine. Puis, la propreté de la copie devient évidente, la stabilité est de mise et les noirs retrouvent une vraie fermeté. Certes les partis pris limitent la profondeur de champ, mais le grain est joliment restitué, les détails sont parfois présents sur les visages. Signalons tout de même quelques plans plus abimés ou à la définition beaucoup plus aléatoire. Mais dans l’ensemble, cette édition HD est convenable.

En ce qui concerne la mixage espagnol proposé en PCM, l’écoute est également fluctuante. Tout va bien durant les quarante premières minutes, quand soudain un souffle important se fait entendre. Les dialogues sont chuintants, parfois sourds, tandis que les notes de piano s’accompagnent de saturations. Pas de craquement intempestif, mais le souffle demeure chronique et souvent entêtant. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © 1962 Producciones Gustavo Alatriste / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr