Test Blu-ray / L’Aiguille, réalisé par Rachid Nougmanov

L’AIGUILLE (Igla – ИГЛА) réalisé par Rachid Nougmanov, disponible en Combo Blu-ray + DVD – Édition Limitée le 14 décembre 2018 chez Badlands

Acteurs : Viktor Tsoi, Marina Smirnova, Pyotr Mamonov, Aleksandre Bashirov, Arkhimed Iskakov, Gennadi Lyui, Rakhimdzhan Abdykadyrov, Aleksandre Konks…

Scénario : Alexandre Baranov, Bakhyt Kilibaïev

Photographie : Murat Nugmanov

Musique : Kino

Durée : 1h17

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

De retour à Almaty, Moro retrouve ses anciens amis en pleine guerre des gangs et Dina, son ancienne petite amie, devenue morphinomane. Décidant de lui venir en aide, il devra affronter “le docteur”, responsable de son addiction.

Nous ne le savons pas en France, mais L’AiguilleIgla ou en cyrillique Игла réalisé par Rachid Nougmanov, a été un évènement à sa sortie en février 1989, en attirant 30 millions de spectateurs en URSS ! Pourquoi ce phénomène ? Tourné en pleine perestroïka, ce petit film a su immédiatement toucher le coeur des jeunes soviétiques, qui se sont retrouvés dans le personnage principal interprété par le rockeur Viktor Tsoi, de tous les plans, représentant d’une génération en pleine ébullition. L’Aiguille est également l’un des premiers films soviétiques qui aborde frontalement le thème de la dépendance à la drogue en URSS. A la limite de l’expérimental, imprégné d’un spleen contagieux et porté par le charisme magnétique de son acteur principal, Igla mérite d’être découvert dans nos contrées.

L’intrigue tourne autour du personnage de Moro, qui retourne à Almat Ata afin de récupérer l’argent qu’on lui doit. Devant faire face à un retard imprévu, il rend visite à son ancienne petite amie, Dina, et découvre qu’elle est devenue dépendante à la morphine. Il décide de l’aider à arrêter et combat la mafia locale, à la tête du trafic de drogue de la ville, responsable de son addiction. Mais Moro a un adversaire mortel, « le docteur », le parrain de la mafia, qui exploite Dina en cachant de la morphine dans sa cheminée. Moro part avec Dina près de la mer d’Aral pour l’aider à se sevrer de sa dépendance.

Fondateur de la nouvelle vague kazakhe, Rachid Nougmanov, né en 1954, offre à Viktor Tsoi le rôle de sa vie et le fait entrer définitivement dans la légende. Né en 1962 à Léningrad et mort accidentellement en août 1990, le jeune chanteur était rapidement devenu une icône du rock soviétique dans les années 1980, genre qu’il a entre autres introduit dans le pays, un mouvement alors underground, limité aux caves de Leningrad, à l’époque où il était leader du groupe Kino. D’origine coréenne par son père, Viktor Tsoi s’est très vite inspiré de groupes comme The Stranglers ou The Cure, pour devenir un vrai porte-parole de sa génération à travers des textes engagés, entre ombre et lumière, une noirceur teintée d’espoir. Quand il disparaît tragiquement après s’être endormi au volant de sa voiture, L’Aiguille venait de le consacrer au cinéma en faisant de lui l’une des stars les plus influentes de la fin des années 1980.

(Re)découvrir ce film aujourd’hui en connaissant le destin tragique du musicien/comédien, lui donne un cachet supplémentaire, comme si Rachid Nougmanov livrait sans le savoir un film-testament. Déambulant dans les rues d’Almaty, les mains dans les poches, le menton rentré dans son blouson, le regard bas, Viktor Tsoi renvoie à James Dean immortalisé dans sa poignée de films et sur quelques clichés qui ont imprimé sa jeunesse éternelle. L’Aiguille est une version soviétique de La Fureur de vivre, qui fait également écho aux premiers longs métrages d’Alan Clarke, mais aussi et surtout à ceux de Jim Jarmusch, Permanent Vacation (1980) et Stranger Than Paradise (1984) avec son cadre restreint, ses décors naturels constitués de hangars, de souterrains humides, de cages d’escaliers en ruine, où les protagonistes se perdent, déambulent sans véritable but, en allant là où leurs pieds veuillent bien les mener. Parallèlement au thème de l’addiction, Rachid Nougmanov dresse le portrait d’une génération désenchantée, qui a décidé malgré tout de ne pas baisser les bras, avec cette volonté de rester opposé à l’ordre établi.

Sur une musique de Kino (qui signifie cinéma), alors le groupe de punk-rock le plus populaire de l’Histoire de la Russie, L’Aiguille semble dépendante des pérégrinations du personnage principal et donne au film un aspect improvisé, libre, détaché de toutes contraintes. Pourtant, Igla est une œuvre bien construite, aux décors impressionnants (l’acte se déroulant dans le désert en met plein la vue) et aux références culturelles précises (la bande dessinée, les films de Bruce Lee avec les bruitages presque cartoonesques qui soulignent les coups donnés, les westerns avec un petit clin d’oeil au chef d’oeuvre de Sergio Leone, Le Bon, la Brute et le Truand), en utilisant notamment la musicalité des langues liées aux omniprésents programmes télévisés qui passent en boucle et qui parasitent même la bande-son. Donc oui, L’Aiguille est un vrai film culte.

LE BLU-RAY

L’Aiguille est proposé par Badlands, dans un superbe combo Blu-ray/DVD, sous la forme d’un Digipack 3 volets avec étui cartonné, disponible en édition limitée à 1000 exemplaires. Le menu principal est fixe et musical.

Avant de lancer le film, ne manquez pas l’excellente et passionnante présentation de L’Aiguille par Eugénie Zvonkine (13’). L’universitaire et spécialiste du cinéma russe parle de Rachid Nougmanov et évoque son parcours jusqu’à la réalisation de L’Aiguille, avant d’en venir plus précisément à Viktor Tsoi, musicien et chanteur encore interdit à l’époque. Sa carrière, son charisme, sa mort, sa légende sont également abordés. Le fond et la forme s’entrecroisent, et Eugénie Zvonkine donne beaucoup de détails sur ce film culte et populaire.

L’éditeur joint ensuite le court-métrage Yahha (36’), réalisé par Rachid Nougmanov en 1986. Une plongée en N&B dans l’univers du rock underground soviétique à la fin des années 80, aux côtés d’une jeunesse en quête de liberté et ses idoles locales, Viktor Tsoi et Mike Naumenko. Comme l’indique un carton en introduction, Yahha est « une expérience de ciné-transmission ».

Nous retrouvons Eugénie Zvonkine, cette fois derrière la caméra, pour la réunion des quatre membres fondateurs de la nouvelle vague kazakhe (44’). Rachid Nougmanov, Talgat Temenov, Ardak Amirkoulov et Serik Aprymov se retrouvent des années après s’être perdus de vue pour la plupart, afin de discuter de leurs premiers films, de leurs inspirations (la Nouvelle vague française) et de leur amour indéfini pour le cinéma. Les sensibilités s’entremêlent, les anecdotes s’enchaînent, les rires sont partagés, l’émotion est omniprésente. Le tout est illustré par de nombreux extraits de leurs œuvres.

Nettement plus anecdotique, pour ne pas dire dispensable, le bonus intitulé L’Aiguille Remix (85’), uniquement disponible sur le Blu-ray, est un nouveau montage réalisé par Rachid Nougmanov de son film original. Visiblement inspiré par Sin City de Robert Rodriguez, le cinéaste agrémente L’Aiguille (par ailleurs recadré) de planches de bandes-dessinées, de scènes tournées sur fond vert et incrustées sur des séquences tirées de Yahha. Des inserts ont été ajoutés ici et là, qui ne sont franchement pas du meilleur goût. Comme George Lucas avec sa trilogie originale quoi.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces.

L’Image et le son

Impeccable ! Présenté dans son format 1.33 respecté (compatible 4/3) et dans un Blu-ray au format 1080p, L’Aiguille renaît de ses cendres. La copie est d’une grande propreté, stable, claire et les couleurs fanées sont d’origine. Quelques séquences sont peut-être plus marquées que d’autres par les années passées, mais la qualité est indéniable et participe à l’engouement de cette belle découverte qu’est L’Aiguille.

Le film est proposé en langue russe DTS-HD Master Audio 2.0 avec les sous-titres français, anglais, espagnols, allemands et coréens en option. L’écoute est dynamique (les plages musicales), les effets précis et le travail de la bande-son est restitué en respectant les volontés artistiques originales.

Crédits images : © Kazakhfilms / Badlands / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Témoin à charge, réalisé par Billy Wilder

TÉMOIN À CHARGE (Witness for the Prosecution) réalisé par Billy Wilder, disponible en DVD et Blu-ray le 5 février 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : Tyrone Power, Marlene Dietrich, Charles Laughton, Elsa Lanchester, John Williams, Torin Thatcher, Una O’Connor, Henry Daniel, lIan Wolfe…

Scénario : Billy Wilder, Harry Kurnitz, Lawrence B. Marcus d’après la nouvelle et la pièce de théâtre d’Agatha Christie

Photographie : Russell Harlan

Musique : Matty Malneck

Durée : 1h56

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

A peine remis d’une crise cardiaque, Sir Wilfrid Robarts, brillant avocat londonien, accepte de défendre Leonard Vole, accusé d’avoir assassiné une riche veuve. Elément accablant : Vole est l’unique destinataire de l’héritage de la victime. Seule l’épouse de Vole, une mystérieuse allemande, pourrait le disculper. Elle va se révéler être un témoin à charge…

Quelle claque ! La filmographie de l’immense Billy Wilder regorge de titres exceptionnels, de films cultes, de chefs d’oeuvre, de grands moments et rares sont les opus moins inspirés, à part évidemment dans la dernière partie de sa carrière. Malgré son triomphe à sa sortie, Témoin à chargeWitness for the Prosecution n’en demeure pas moins méconnu et souvent dissimulé derrière des titres emblématiques comme Boulevard du crépuscule, Sept ans de réflexion et Certains l’aiment chaud tournés durant la même décennie. Si elle n’est pas l’oeuvre la plus représentative du réalisateur, Témoin à charge est pourtant un film de procès sensationnel, merveilleusement interprété par Charles Laughton, Marlene Dietrich et Tyrone Power, mis en scène avec virtuosité et une fluidité remarquable jusqu’au dénouement qui fait partie des plus grands twists de l’histoire du cinéma.

Sir Wilfrid Robarts, un brillant et expérimenté avocat spécialiste des causes perdues, sort d’un séjour prolongé à l’hôpital des suites d’un infarctus qui a failli le terrasser et doit, pour préserver sa santé, renoncer à s’occuper d’affaires criminelles trop stimulantes. C’est à ce moment que Leonard Vole, accusé du meurtre de madame French, vient demander son aide à ce ténor du barreau. Bien que l’affaire paraisse passionnante, Sir Wilfrid refuse de s’en occuper et conseille un autre avocat, Brogan-Moore, un de ses anciens élèves. Après le départ de Leonard Vole du bureau de Wilfrid, Christine Vole, la femme de Leonard, fait son apparition. Elle est son seul alibi pour le soir du meurtre. Son attitude très froide et désinvolte, ainsi que son rôle crucial dans l’affaire font changer Wilfrid d’avis, qui décide malgré les recommandations des médecins de s’occuper de cette affaire qui le fascine. Pensant qu’elle pourrait desservir son client, Wilfrid décide de ne pas faire témoigner Christine au procès, mais c’est l’accusation qui la fait témoigner. Elle explique alors qu’elle a menti aux policiers lors de son audition pour protéger son mari, et donne alors des éléments accablant ce dernier. À la suite de ces révélations, tout semble perdu pour Leonard.

A la base de Témoin à charge, il y a une nouvelle éponyme d’Agatha Christie publiée en 1925, adaptée en 1948 pour la BBC, avant de devenir une pièce de théâtre en 1953 que l’auteure transpose elle-même. Suite au succès gigantesque rencontré par Témoin à charge sur les planches (645 représentations rien qu’aux USA), les studios hollywoodiens s’arrachent les droits pour le cinéma. United Artists remporte la partie (contre une somme record) et confie la transposition à Billy Wilder. Ce dernier se fait plaisir derrière la caméra, mais aussi avec les « monstres » qu’il dirige. Charles Laughton (1899-1962) est fabuleux dans le rôle de sir Wilfrid Robarts. Le comédien britannique, qui avait d’ailleurs campé Hercule Poirot sur scène dans la pièce Alibi, démontre une fois de plus son talent immense pour composer des personnages inoubliables comme précédemment dans L’Île du docteur Moreau d’Erle C. Kenton, L’Extravagant Mr Ruggles de Leo McCarey, Quasimodo de William Dieterle et bien sûr Le Procès Paradine d’Alfred Hitchcock dans lequel il interprétait le juge Lord Thomas Horfield. Le premier tiers du film est centré uniquement sur lui, sur ses manies (l’utilisation du reflet dans le monocle en guise de lampe d’interrogatoire), son addiction pour les cigares (dissimulés dans sa canne) et l’alcool, ses répliques cyniques et ironiques, ainsi que sur sa relation avec l’infirmière (Elsa Lanchester, la véritable épouse de l’acteur) qui le surveille depuis son attaque cardiaque, au point de lui avoir fait installer un fauteuil-ascenseur pour l’économiser. Les dialogues, abondants, sont admirables, drôles et percutants, tandis que la mise en scène parvient à aérer ce quasi-huis clos à travers un sens étudié du cadre.

Si Tyrone Power est impeccable et ambigu dans le rôle de Leonard Vole, c’est Marlene Dietrich, impériale et qui intervient au bout de trente minutes qui retient l’attention après Charles Laughton. Dans un rôle finalement proche de celui qu’elle campait dans La Scandaleuse de Berlin (une scène de flashback reprend d’ailleurs une séquence de chant qui lui fait écho) presque dix ans auparavant, déjà sous la direction de Billy Wilder, Marlene Dietrich livre l’une de ses prestations les plus originales et énigmatiques. La moitié du film se déroule dans un tribunal, incroyablement reconstitué par le grand Alexandre Trauner, qui devient alors propice à d’éblouissants numéros d’acteurs. Billy Wilder filme ses personnages plongés dans un jeu sous tension, où se joue la vie d’un homme. Le stress et la réflexion se lisent sur le visage en sueur de Robarts, sur sa façon d’aligner ses cachets sur son pupitre, tandis qu’il écoute bien sagement l’accusation.

Que ce soit à la photographie (Russell Harlan), au montage (Daniel Mandell), à la musique (Many Malneck) et à la mise en scène proprement dite, Témoin à charge, nommé à six reprises aux Oscars et à cinq aux Golden Globes, est une nouvelle leçon de cinéma concoctée par Billy Wilder.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Témoin à charge, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui très élégant. Le menu principal est animé sur la scène d’ouverture du film en version française. N’oublions pas le livret de 32 pages concocté par Marc Toullec, qui propose un excellent retour sur la nouvelle et la pièce de théâtre d’Agatha Christie, puis l’adaptation de Billy Wilder, sa production, ses comédiens et la sortie du film.

Comme ils l’ont fait précédemment sur les autres titres de Billy Wilder sortis en DVD et Blu-ray chez Rimini Editions (La Grande combine, Embrasse moi, idiot, Irma la douce, La Garçonnière), Mathieu Macheret (Le Monde) et Frédéric Mercier (Transfuge) proposent une présentation et une analyse pertinente de Témoin à charge (40’). Face à face, les deux journalistes-critiques cinéma croisent le fond et la forme du film de Billy Wilder, en le replaçant tout d’abord dans la carrière du maître. Puis, les interventions des deux confrères se complètent parfaitement, l’un et l’autre rebondissant sur les arguments avancés, sans aucun temps mort. La genèse du film, l’écriture du scénario, les thèmes explorés, les partis pris, les intentions, le casting, la psychologie des personnages principaux, les décors d’Alexandre Trauner et bien d’autres sujets sont abordés avec une passion contagieuse !

On pensait que l’éditeur avait fait le tour des documentaires sur Billy Wilder, mais c’était sous-estimer Rimini ! Et quel plaisir de (re)découvrir le film Portrait d’un homme à 60% parfait (56’), réalisé par Michel Ciment et Annie Tresgot en 1980 ! Le journaliste rencontre le cinéaste, chez lui et dans son bureau à Los Angeles. Billy Wilder évoque sa jeunesse et sa carrière de journaliste à Vienne puis à Berlin (photos à l’appui), sa fuite à l’arrivée de Hitler, son travail de scénariste, la naissance de l’Hollywood classique, ses rencontres marquantes (Fitzgerald, Faulkner, Lubitsch, Trauner…), son amour pour la peinture. Les comédiens Jack Lemmon et Walter Matthau, ainsi que le scénariste I.A.L. Diamond interviennent également et racontent quelques anecdotes truculentes. Ce documentaire se clôt sur la désormais célèbre tirade de Billy Wilder s’adressant à Michel Ciment « Je déteste de n’être pas pris au sérieux, mais plus encore d’être pris trop au sérieux ».

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale, durant laquelle Charles Laughton s’adresse directement aux spectateurs pour leur signaler de ne pas dévoiler le dénouement du film après l’avoir vu. A l’instar des Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot et de Psychose d’Alfred Hitchcock, un panneau d’avertissement indique également que les spectateurs devront attendre la fin de la séance précédente avant d’être placé dans la salle.

L’Image et le son

S’il n’est pas mirifique, le master HD (1080p, AVC) de Témoin à charge ne démérite pas et offre aux spectateurs un joli confort de visionnage. Le N&B est plus que correct avec des contrastes équilibrés, une palette de gris assez riche et une texture argentique bien gérée. Quelques poussières et tâches diverses subsistent, ainsi qu’une poignée de plans plus abîmés et de sensibles décrochages sur les fondus enchaînés, mais la copie est propre, la stabilité est de mise et les gros plans sont peu avares en détails. Aux oubliettes le DVD édité par MGM en 2004 !

La version originale DTS-HD Dual Mono est très propre et se révèle nettement plus ardente et fluide que la piste française, au doublage obsolète, centrée essentiellement sur les voix, au détriment des effets annexes. Le changement de langue n’est pas verrouillé en cours de visionnage et les sous-titres français non imposés.

Crédits images : © MGM / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Johnny English contre-attaque, réalisé par David Kerr

JOHNNY ENGLISH CONTRE-ATTAQUE (Johnny English Strikes Again) réalisé par David Kerr, disponible en DVD et Blu-ray le 13 février 2019 chez Studiocanal

Acteurs : Rowan Atkinson, Emma Thompson, Olga Kurylenko, Ben Miller, Jake Lacy, David Mumeni, Adam James, Irena Tyshyna…

Scénario : Neal Purvis, Robert Wade

Photographie : Florian Hoffmeister

Musique : Howard Goodall

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Lorsqu’un pirate informatique révèle le nom et la couverture de tous leurs agents infiltrés, les Services secrets britanniques n’ont pas d’autre choix que de rappeler le seul agent capable de les aider à débusquer le criminel : Johnny English, retraité du MI7, et désormais simple enseignant.

Etait-ce bien raisonnable ? Il semblerait que tous les sept ans, Rowan Atkinson ait décidé de renfiler le smoking de l’agent Johnny English. Après deux films Mr Bean (près de 500 millions de dollars cumulés) et deux Johnny English (320 millions récoltés), la tentation était grande pour le comédien qui cartonne à la télévision depuis 2016 dans la peau du commissaire Jules Maigret. Certes, cela fait plaisir de revoir sa trogne sur le grand écran, mais ses grimaces sont directement reprises des anciens épisodes de la série Mr Bean des années 1990, tout comme les gags et quiproquos qui n’ont pour ainsi dire pas changé. A l’instar de son personnage d’agent secret mis à la retraite, Johnny English contre-attaque est un film complètement démodé aujourd’hui. On est d’ailleurs plus mal à l’aise qu’hilare…

Cette nouvelle aventure démarre lorsqu’une cyber-attaque révèle l’identité de tous les agents britanniques sous couverture. Johnny English devient alors le dernier espoir des services secrets. Rappelé de sa retraite, il plonge tête la première dans sa mission : découvrir qui est le génie du piratage qui se cache derrière ces attaques. Avec ses méthodes obsolètes Johnny English doit relever les défis de la technologie moderne pour assurer la réussite de sa mission.

« Il ne craint rien, il n’a peur de rien, il ne comprend rien «  scandait l’affiche française de Johnny English en 2003. Rowan Atkinson persiste et signe dans le rôle de l’agent le plus débile des services secrets britanniques, pour le pire et pas vraiment pour le meilleur. C’est même ce qui s’appelle tirer sur la corde, même si celle-ci est déjà bien entamée et ne tient plus que sur quelques fibres. Johnny English contre-attaque n’est pas le seul exemple dans le même genre. Mais quand on voit au générique le nom d’un réalisateur totalement inconnu, David Kerr, qui signe son premier long métrage après avoir oeuvré pendant vingt ans à la télévision (Inside No. 9), un budget divisé par deux par rapport à celui alloué au second volet, une durée moindre, un méchant falot (Jake Lacy), un thème musical qui tourne en boucle, on est en droit de se poser quelques questions sur la légitimité de cette entreprise. Comme pour Les Vacances de Mr Bean, Johnny English débarque dans le sud de la France pour accomplir sa mission, avec l’aide de son fidèle comparse Bough (Ben Miller). On connaît la suite, du moins la suite de la suite.

Rowan Atkinson n’est pas un débutant et sait ce que les spectateurs attendent de lui. Le problème, c’est qu’il n’a jamais su renouveler sa panoplie de comique, comme lors de la scène de danse endiablée ou de l’endormissement impromptu. Sur un postulat de départ qui tient sur un papier OCB, les séquences s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse, sans rythme, avec un je-m’en-foutisme, laissant au spectateur le choix de rire, de sourire, ou d’écarquiller les yeux devant des situations plutôt embarrassantes. Pourtant, âgé de 63 ans, Rowan Atkinson affiche une forme olympique et seule son énergie parvient à donner un semblant d’intérêt à ce troisième volet qui racle les fonds de tiroir. Même le charme de la sublime Olga Kurylenko – ancienne Bond Girl dans l’immonde Quantum of Solace – semble éteint et n’agit pas, c’est dire si le navire prend l’eau. Les très nombreux clins d’oeil à James Bond sont amusants, mais le scénario en abuse, jusqu’à reprendre certains décors vus GoldenEye et Casino Royale. Dans tout ce gloubi-boulga, la merveilleuse Emma Thompson surnage, mais c’est normal à force de mouliner constamment des bras. Quant à la mise en scène, elle se contente d’« enregistrer » ce qui se passe.

C’est embêtant, car moult gags auraient franchement pu donner quelque chose de très drôles, comme la scène de la réalité virtuelle, qui est de loin la meilleure du film, mais qui reste malheureusement bien trop sage. Malgré tout, cette dernière (?) mission de Johnny English, rejeton de l’Inspecteur Clouseau, Austin Powers et de Frank Drebin, a encore une fois remporté un très gros succès avec 160 millions de dollars de recette pour un budget de 25 millions. Preuve indiscutable de l’affection des spectateurs pour Rowan Atkinson.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Johnny English contre-attaque, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est fixe et muet.

Aucun supplément sur cette édition.

L’Image et le son

L’éditeur livre un master HD de haute volée, lumineux, détaillé, formidablement contrasté et au piqué vif. Si la définition n’est toutefois pas optimale avec des scènes sombres un peu trop douces, force est de constater le soin apporté au transfert. Le cadre large bénéficie d’un beau traitement de faveur, les détails abondent sur les gros plans et les séquences extérieures diurnes, la colorimétrie est bigarrée et la compression AVC consolide l’ensemble.

Les versions française et originale disponibles en DTS-HD Master Audio 5.1 se révèlent autant explosives et immersives dès le générique d’ouverture. La musique omniprésente du compositeur Howard Goodall, complice de Rowan Atkinson depuis La Vipère noire (1983), est constamment spatialisée, le caisson de basses est régulièrement sollicité sur les séquences d’action, les voix sont solidement plantées sur la centrale et la balance frontale demeure percutante tout du long. N’oublions pas les effets latéraux multiples sur les latérales. L’éditeur joint également une piste Audiodescription, ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Studiocanal / Universal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Grand bain, réalisé par Gilles Lellouche

LE GRAND BAIN réalisé par Gilles Lellouche, disponible en DVD et Blu-ray le 27 février 2019 chez Studiocanal

Acteurs : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Jean-Hugues Anglade, Virginie Efira, Leïla Bekhti, Marina Foïs, Philippe Katerine, Félix Moati, Alban Ivanov, Jonathan Zaccaï, Mélanie Doutey, Erika Sainte, Claire Nadeau…

Scénario : Gilles Lellouche, Ahmed Hamidi, Julien Lambroschini

Photographie : Laurent Tangy

Musique : Jon Brion

Durée : 2h02 (version cinéma) / 2h12 (version longue)

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

C’est dans les couloirs de leur piscine municipale que Bertrand, Marcus, Simon, Laurent, Thierry et les autres s’entraînent sous l’autorité toute relative de Delphine, ancienne gloire des bassins. Ensemble, ils se sentent libres et utiles. Ils vont mettre toute leur énergie dans une discipline jusque-là propriété de la gent féminine : la natation synchronisée. Alors, oui c’est une idée plutôt bizarre, mais ce défi leur permettra de trouver un sens à leur vie…

Quatorze ans après le génial Narco, qu’il avait co-réalisé avec Tristan Aurouet en 2004, Gilles Lellouche signe son premier long métrage en solo avec Le Grand bain. Depuis ce premier coup d’essai, le comédien/metteur en scène/scénariste a mûri et son cinéma s’en ressent. Vrai et grand coup de coeur de l’année 2018, Le Grand bain concilie l’humour et l’émotion de façon inattendue et dresse le portrait de quelques paumés, désenchantés, à qui la vie n’a pas fait de cadeaux, qui n’en espèrent d’ailleurs plus rien, jusqu’à ce qu’ils trouvent enfin un but et surtout une oreille attentive à laquelle se livrer, pour enfin retrouver le goût de vivre et l’estime de soi. Enfin, Le Grand bain c’est aussi et surtout un casting quatre étoiles, de magnifiques comédiens, merveilleusement dirigés, investis, en parfaite osmose, que Gilles Lellouche parvient comme qui dirait à rebooter en les présentant sans fard et avec une rare tendresse.

Huit hommes de diverses générations « cabossés » par la vie (dépression, échec professionnel ou familial…) vont reprendre goût à la vie en s’investissant dans leur équipe de natation synchronisée. En prévision des championnats du monde organisés en Norvège, ils sont pris en charge par deux coaches ex-championnes, Delphine, ancienne alcoolique, et Amanda, une sportive paraplégique.

Non, ce n’est pas un film de « potes » comme pouvait l’être Les Petits mouchoirs. Le Grand bain ne paraît jamais « forcé » et les acteurs retrouvent une authenticité qu’ils avaient pour la plupart pu perdre au fil des années. En s’inspirant du cinéma social britannique (The Full Monty entre autres), Gilles Lellouche leur offre un rôle en or, tout en restant lui-même derrière la caméra. A cette occasion, il retrouve Guillaume Canet (ici Laurent, directeur d’une aciérie), Benoît Poelvoorde (Marcus, directeur d’un magasin de piscines) et Mélanie Doutey. Si cette dernière fait plutôt une participation, le premier montre à quel point il peut être bon quand il est bien dirigé, tandis que le second est comme d’habitude immense, capable d’un humour dévastateur et d’une sensibilité à fleur de peau. Les autres membres de l’équipe ne déméritent évidemment pas avec rien de moins que Mathieu Amalric alias Bertrand (chômeur puis vendeur de meubles), Jean-Hugues Anglade (Simon, musicien raté), Philippe Katerine (Thierry, manutentionnaire de la piscine), Alban Ivanov (Basile, trentenaire sans ambition), Balasingham Thamilchelvan (le mystérieux Avanish qui ne parle pas un mot de français) et Félix Moati (John, infirmier, qui viendra renforcer la troupe). Ça c’est pour le groupe sportif. Ils sont coachés par Delphine (Virginie Efira, fragile comme du cristal) et Amanda (Leïla Bekhti, explosive en entraîneuse sadique), qui vont les encourager et les mener jusqu’à la compétition internationale.

Le réalisateur convoque et mélange tout ce beau monde, d’horizons et d’écoles divers, sans oublier les personnages satellites excellemment campés par Marina Foïs, Claire Nadeau, Jonathan Zaccaï et bien d’autres. Le Grand bain est à ce jour le projet le plus personnel de Gilles Lellouche, un film qu’il portait depuis plusieurs années, porté par une envie de parler d’individus renfermés sur eux-mêmes, qui se redécouvrent en intégrant et en étant accepté par un groupe au sein duquel la parole va progressivement se libérer. En toute honnêteté, on ne s’attendait pas à être cueilli de la sorte. Rien ne paraît exagéré ou poussif, tout y est chaleureux, sans pathos, sensible et mélancolique, très attachant. Loin des poncifs du cinéma bobo à la morale bien pensante, Le Grand bain mixe et rassemble les classes sociales, sans distinction, sans jugement, mais avec une certaine poésie. Outre la ribambelle de grands acteurs, Gilles Lellouche fait souvent preuve de virtuosité et soigne chacun de ses plans, sans tomber dans la gratuité et dans le seul but d’épater la galerie. La mise en scène, la photographie de Laurent Tangy et la géniale bande originale signée Jon Brion agrémentée de tube 80’s (Tears For Fears, Phil Collins, Imagination) emportent immédiatement l’adhésion.

Le Grand bain agit donc comme une véritable potion magique où tous les ingrédients se marient à merveille, pour le plus grand bonheur des spectateurs qui l’ont largement plébiscité puisque le film aura attiré près de 4,5 millions de spectateurs. Un succès populaire qui devrait être suivi par quelques César à la prochaine grande fête du cinéma, puisque Le Grand bain est nommé dans dix catégories : meilleurs film, réalisateur, acteur dans un second rôle (Jean-Hugues Anglade et Philippe Katerine), actrice dans un second rôle (Leïla Bekhti et Virginie Efira), scénario original, photographie, montage et son.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray du Grand bain, disponible chez Studiocanal, a été réalisé à partir d’un check-disc. Cette édition comprend deux disques. Le menu principal du premier Blu-ray est animé et musical, celui du second est fixe et musical. Les suppléments se trouvent sur le premier disques, tandis que le deuxième propose la version longue du Grand bain (2h12).

Si vous avez aimé voire adoré Le Grand bain, précipitez-vous sur le making of (35’) qui fait comme qui dirait office de film dans le film, dans le sens où les comédiens apprennent à se connaître véritablement durant leur entraînement qui aura duré sept mois, à raison d’une ou deux fois par semaine. Le tout chapeauté par Julie Fabre, ancienne entraîneuse de l’équipe de France de natation synchronisée olympique. Les acteurs se confient face caméra sur ce défi physique, qu’ils ont tous brillamment relevé. Gilles Lellouche revient quant à lui sur son « bébé », qu’il a porté durant quelques années avant de pouvoir enfin le concrétiser. A l’instar des personnages du Grand bain, tous les comédiens deviennent complices dans l’effort, dans leurs progressions et dans leurs motivations, et c’est aussi beau que dans le film. Mention spéciale au passage de la cryothérapie, où chacun passe à tour de rôle dans une pièce à -10 degrés, puis une autre à -60 degrés, pour finir à -110 degrés !

En plus d’une galerie de photos, l’éditeur joint une version longue du Grand bain, qui comprend notamment quelques scènes en plus avec Marcus, le personnage incarné par Benoît Poelvoorde, ainsi qu’une très belle scène entre Mathieu Amalric et Marina Foïs.

L’Image et le son

Les contrastes sont riches, la luminosité est omniprésente, les scènes nocturnes sont logées à la même enseigne et le relief est probant. Les visages sont détaillés à souhait, tout comme les décors, la colorimétrie est froide et hivernale, le piqué joliment aiguisé (surtout sur les scènes en extérieur), le relief est indéniable et la photo élégante du chef opérateur Laurent Tangy (Radiostars, La French, HHhH) trouve en Blu-ray un écrin idéal.

Un seul choix disponible, une piste DTS-HD Master Audio 5.1 créant d’entrée de jeu une large et puissante spatialisation musicale. La balance frontales-latérales est très dynamique, les voix solidement plantées sur la centrale. Toutes les enceintes sont mises à contribution, certains effets naturels tirent leur épingle du jeu. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont disponibles, tout comme une piste Audiodescription pour les spectateurs aveugles et malvoyants.

Crédits images : © Studiocanal / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Île Mystérieuse, réalisé par Cy Endfield

L’ÎLE MYSTÉRIEUSE (Mysterious Island) réalisé par Cy Endfield, disponible en Combo Blu-ray + DVD le 18 février 2019 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Michael Craig, Joan Greenwood, Michael Callan, Gary Merrill, Herbert Lom, Beth Rogan, Percy Herbert, Dan Jackson…

Scénario : John Prebble, Daniel B. Ullman, Crane Wilbur

Photographie : Wilkie Cooper

Musique : Bernard Herrmann

Durée : 1h41

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

Quatre hommes parviennent à s’échapper de prison à l’aide d’une montgolfière ! Le trajet dans les airs n’est pas de tout repos car une tempête éclate et les quatre compères s’écrasent sur une île déserte du Pacifique. L’un d’eux manque à l’appel et ils remarquent très vite que d’étranges et inquiétants phénomènes se produisent ici…

Juste après Le Septième voyage de Sinbad et Les Voyages de Gulliver, mais deux ans avant Jason et les Argonautes, le « titan des effets spéciaux » Ray Harryhausen décidait de peupler L’Île Mystérieuse de Jules Verne en le transposant à l’écran. Le film est produit par Charles H. Schneer et mis en scène par Cyril Raker Endfield aka Cy Endfield (1914-1995), scénariste, metteur en scène de théâtre et de cinéma, écrivain, magicien, et inventeur américain. Une longue carte de visite pour cet artiste méconnu dont les films les plus célèbres restent Train d’enfer (1957) et Jet Storm (1959), tous deux avec Stanley Baker. Si L’Île Mystérieuse n’atteint pas l’immense et magique réussite de Voyage au centre de la Terre, réalisé par Henry Levin en 1959, et encore moins celle du fantastique Vingt mille lieues sous les mersde Richard Fleischer (1954), ce film d’aventure n’en reste pas moins fort divertissant et conserve encore un charme dingue, qui inspire encore les cinéastes contemporains, à l’instar de J. A. Bayona pour son Jurassic World: Fallen Kingdom.

1865. Durant la guerre civile américaine, des soldats nordistes s’enfuient à bord d’une montgolfière d’un fort où ils étaient prisonniers ; par un concours de circonstances, un journaliste se retrouve avec eux dans la nacelle. Ne sachant comment piloter l’engin, ils partent à la dérive, portés par les vents violents d’une gigantesque tempête. Ils finissent par s’échouer sur une île qui semble déserte. Bientôt, deux autres naufragées les rejoignent et, alors que la vie commence à s’organiser, ils font connaissance avec les créatures qui peuplent l’île : un crabe, des guêpes, des oiseaux…, mais tous d’une taille démesurée !

En réalité, L’Île Mystérieuse est une suite quasi-directe de Vingt mille lieues sous les mers puisque le capitaine Nemo, que l’on croyait mort noyé lors du naufrage de son sous-marin révolutionnaire, le Nautilus, réapparaît ici. En fait, lui-même rescapé sur cette île volcanique, Nemo mène secrètement des expériences scientifiques hors du commun, dont les monstres gigantesques qui peuplent l’île sont le fruit. Tout ceci dans le but d’éradiquer la famine, pour un monde meilleur. Soyons honnêtes, L’Île Mystérieuse ne brille pas par sa réalisation standard et honnête, même si le rythme est bien géré et la photographie plaisante. Le film de Cy Endfield est pourtant passé à la postérité et demeure prisé par les spectateurs, surtout grâce, une fois de plus, aux renversants effets visuels signés Ray Harryhausen. Ce dernier a décidé de prendre de grandes libertés avec le roman, dans le but de le rendre encore plus divertissant. Pour cela, l’expert en animation de masse a créé tout un bestiaire d’anthologie, dont le plus célèbre reste probablement le crabe gigantesque, dont les pinces surdimensionnées sont capables d’attraper un être humain. Heureusement, nos rescapés parviendront à l’anéantir, en le poussant dans un geyser qui devient alors une cocotte-minute idéale pour ensuite le déguster sur la plage. Même chose pour le poulet géant, que les personnages s’empressent de faire cuire au coin du feu ! Ajoutez à cela des abeilles capables d’enfermer leurs proies humaines dans leurs alvéoles, sans oublier une pieuvre qui essaye de réduire à néant l’espoir de nos Robinson Crusoé en les attrapant jusqu’à leur couper le souffle !

Bref, Ray Harryhausen se fait plaisir et nous aussi. Le récit est bien mené, les acteurs (Michael Craig, Joan Greenwood et Herbert Lom dans le rôle du capitaine Nemo) très bons, les décors exotiques réussis, la musique du grand Bernard Herrmann ne manque pas d’ironie, l’humour est très présent et le matériel de plongée futuriste à base de coquillages ne manque pas d’imagination. Tous les ingrédients sont réunis pour faire de L’Île Mystérieuse une valeur sûre du cinéma d’aventure rétro, encore marquée par le génie du pionnier de la stop-motion.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de L’Île Mystérieuse, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique de Bernard Herrmann.


S’il fait inévitablement redondance, même s’il lui est antérieur, le documentaire intitulé Les Chroniques de Harryhausen réalisé par Richard Schickel, parvient à compléter celui de Gilles Penso, Ray Harryhausen – Le Titan des effets spéciaux, disponible en DVD mais également en HD dans les suppléments de l’édition collector de Jason et les Argonautes. 56 minutes forcément passionnantes et narrées par Leonard Nimoy, durant lesquelles Ray Harryhausen revient sur sa carrière, sur ses créatures les plus célèbres (qu’il manipule pour notre plus grand plaisir), le tout souligné par des interventions de son grand ami Ray Bradbury, du célèbre superviseur des effets spéciaux Dennis Muren, du producteur Charles H. Schneer, des cinéastes George Lucas et Henry Selick. C’est aussi l’occasion d’admirer des dessins et des animations de Ray Harryhausen.

L’éditeur joint ensuite une featurette (9’), composée d’une interview de Ray Harryhausen, de photos de tournage, de storyboards (y compris de séquences non tournées), de concepts rejetés. Le créateur des effets spéciaux revient sur la création de ses monstres préhistoriques gigantesques, tout en racontant quelques anecdotes liées à la production de L’Île Mystérieuse.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et la bande-annonce.

L’Image et le son

Le film est présenté dans son format respecté 1.66 et en 16/9. Le grain est excellemment géré, évidemment plus prononcé sur les séquences mettant en scène les personnages avec les créatures géantes ou sur les matte-painting, entraînant également de très légers fourmillements et une palette chromatique délavée. L’image de L’Île Mystérieuse a été excellemment restaurée. La définition est souvent exemplaire, la propreté indéniable, la belle photo flatte constamment les rétines et même le piqué est à l’avenant, y compris sur les scènes en intérieur où l’on peut apprécier chaque détail des décors. Les couleurs sont claires et vraiment très belles (voir les credits multicolores), magnifiquement saturées, les contrastes très appréciables. L’apport HD pour ce titre est vraiment indispensable. Un très beau lifting.

On commence par la piste anglaise proposée en DTS-HD Master Audio 5.1. Cette option permet de mettre en valeur l’évasion dans les airs des personnages principaux, ainsi que les affrontements des naufragés contre les créatures, en appuyant les basses, tout en créant une spatialisation élégante. Le reste du temps, l’action est essentiellement frontale, avec une centrale dynamique. Comme sur le Blu-ray de Jason et les Argonautes, cette piste offre surtout un écrin agréable à la partition de Bernard Herrmann. Toutefois, la version originale mono 2.0. conviendra largement et offre un confort acoustique solide et dynamique. Aucun souffle à déplorer. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue verrouillé à la volée. La piste française est également de fort bon acabit.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Jason et les Argonautes, réalisé par Don Chaffey

JASON ET LES ARGONAUTES (Jason and the Argonauts) réalisé par Don Chaffey, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 18 février 2019 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Todd Armstrong, Nancy Kovack, Gary Raymond, Laurence Naismith, Niall MacGinnis, Michael Gwynn, Douglas Wilmer, Jack Gwillim, Honor Blackman…

Scénario : Jan Read, Beverley Cross

Photographie : Wilkie Cooper

Musique : Bernard Herrmann

Durée : 1h44

Date de sortie initiale : 1963

LE FILM

Pour reconquérir le royaume dont son demi-frère a usurpé le trône, Jason se lance dans la quête de la Toison d’Or. A bord de l’Argos dans lequel embarquent les meilleurs marins et guerriers, il met le cap sur une terre lointaine et dangereuse d’accès. S’il bénéficie de l’aide de certains dieux de l’Olympe, d’autres, par contre, dressent devant lui des créatures et monstres qui défient l’imagination : des squelettes encore très vivants, un titan de bronze, des harpies, un dragon a sept têtes…

Certains films traversent les décennies sans perdre leur magie originelle. C’est le cas du mythique Jason et les ArgonautesJason et les Argonautes, librement inspiré par le poème épique les Argonautiques d’Apollonios de Rhodes, chef d’oeuvre absolu et encore aujourd’hui considéré comme la matrice du cinéma heroic fantasy, d’aventure et du péplum. Merveille visuelle, immense divertissement souligné par la partition du maître Bernard Herrmann, le film réalisé par Don Chaffey en 1963 a su conserver sa poésie grâce aux extraordinaires effets visuels du maître Ray Harryhausen, qui ont non seulement frappé les esprits des spectateurs du monde entier sur plusieurs générations, mais aussi influencé les plus grands cinéastes de la deuxième partie du XXe siècle. Vous avez dit culte ?

Dans la Grèce antique, pour reconquérir le royaume de son père Éson usurpé par son demi-frère Pélias, Jason doit rapporter à ce dernier la fabuleuse Toison d’or, dépouille sacrée d’un bélier, réputée pour apporter la paix et la prospérité, qui se trouve en lointaine Colchide. Il s’embarque à bord du navire de guerre Argo avec toute une équipe de héros, les Argonautes. À la fois aidés et contrariés par des dieux et déesses rivaux, ils vont être confrontés aux éléments déchaînés et à des créatures plus monstrueuses les unes que les autres : le colosse Talos, les deux horripilantes Harpies, les rochers broyeurs Symplégades, une hydre (un horrible dragon à sept têtes) ainsi qu’à une armée vindicative de terribles et agiles squelettes. Mais Jason va connaître l’enchantement amoureux sous les traits de Médée, vaincre les obstacles et rapporter la Toison d’or.

Près de soixante ans après sa sortie, Jason et les Argonautes n’a pour ainsi dire pas pris une ride. Premièrement, la mise en scène du britannique Don Chaffey (1917-1990) n’a rien d’académique et surprend même souvent avec ses partis pris, notamment une caméra à l’épaule qui saisit l’instant et la stupeur, l’effroi et l’action, sur les séquences où Jason et ses compagnons affrontent les créatures qui leur barrent le chemin. S’il a beaucoup tourné pour la télévision (Destination Danger, Le Prisonnier), on doit également à Don Channey La Reine des Vikings et Un million d’années avant J.C. (aaaah Raquel Welch…) réalisés pour le compte de la Hammer Films, l’atypique western Charley le borgne (avec Richard Roundtree et Roy Thinnes), mais aussi le superbe long métrage Disney Peter et Elliott le dragon, avant de terminer sa longue et prolifique carrière sur le méconnu et pourtant très réussi C.H.O.M.P.S. pour Hannah et Barbera. Si Jason et les Argonautes est entré dans l’Histoire du cinéma, cela n’est pas dû uniquement qu’au travail (de titan) de Ray Harryhausen et il est toujours bon de rappeler la virtuosité de la mise en scène de Don Chaffey.

Hollywood s’empare de la mythologie et invite les spectateurs à s’embarquer pour la Thessalie et au-delà des mers. L’intrépide Jason est interprété par le comédien Todd Armstrong, vu précédemment dans La Rue chaudeWalk on the Wild Side d’Edward Dmytryk. Il trouve ici le rôle de sa vie et campe un héros valeureux et bronzé à souhait. Celle qui se démarque une fois de plus est la mythique Honor Blackman, ici Héra, plus connue pour son personnage de Cathy Gale dans la série Chapeau melon et bottes de cuir et qui allait incarner l’une des James Bond Girls les plus connues de la saga James Bond, Pussy Galore dans Goldfinger de Guy Hamilton. Mais les personnages qui se distinguent encore plus sont bel et bien toutes les créatures imaginées, conçues et animées par l’immense Ray Harryhausen avec son célèbre procédé « Dynarama ».

Comme pour le mythe d’Hercule (personnage également présent aux côtés du héros), Jason doit affronter plusieurs épreuves pour accéder à l’objet convoité. Ray Harryhausen, également producteur aux côtés de Charles H. Schneer, s’est surpassé pour concocter des créatures devenues mythiques et qui n’ont de cesse d’inspirer encore et toujours les magiciens des effets spéciaux contemporains. Du colosse de bronze Talos dont les déplacements s’accompagnent d’un grincement de ferraille, en passant par les immondes (mais magnifiques) Harpies, une créature à têtes multiples, jusqu’au final anthologique où Jason et ses hommes affrontent au sabre une armée de 7 squelettes. Cette dernière séquence de trois minutes aura nécessité quatre mois de travail. L’animation en volume (ou stop-motion) est d’une fluidité remarquable, magnifique, et renvoie aussi bien au rêve qu’à l’imaginaire, avec une grâce de tous les instants. Jason et les Argonautes est inépuisable, intemporel, universel.

LE BLU-RAY

L’attente a été longue, interminable même pour les grands fans de Jason et les Argonautes, dont la seule et unique édition en DVD remonte à 1999 chez Sony Pictures. Vingt ans plus tard, le chef d’oeuvre de Don Chaffey et de Ray Harryhausen est enfin ressuscité par Sidonis Calysta. A cette occasion, Alain Carradore et son équipe ont concocté une édition Collector Blu-ray + DVD + Livre de 152 pages sur Ray Harryhausen par Marc Toullec ! Le menu principal de l’édition HD est animé et musical.

On commence par le supplément le plus conséquent de cette édition, à savoir l’incroyable documentaire réalisé en 2011 par Gilles Penso et produit par Alexandre Poncet, Ray Harryhausen – Le Titan des effets spéciaux (93’). Disponible chez Rimini depuis décembre 2013 en édition collector (que nous vous conseillons fortement), ce film exceptionnel, qui a nécessité plus de 4 ans de travail, rend hommage à ce géant du 7ème art, spécialiste des effets spéciaux. Il rassemble des images d’archives rarissimes, des interviews de Ray Harryhausen (conduites en 2004), de nombreux extraits, des images de tournage, des essais tournés en vidéo pour des projets finalement avortés ainsi que des témoignages des plus grands noms du cinéma actuel : Steven Spielberg, James Cameron, Peter Jackson, Tim Burton, Terry Guilliam, Guillermo Del Toro, et bien d’autres encore John Landis, Joe Dante, Nick Park, Phil Tippett, Vincenzo Natali, Dennis Muren, John Lasseter et bien d’autres. Un documentaire à compléter avec Le Complexe de Frankenstein, co-réalisé par Gilles Penso et Alexandre Poncet, disponible chez Carlotta Films.

Les plus téméraires s’aventureront vers la prestation de Michel Eloy (35’), rédacteur en chef du site PEPLVM – IMAGES DE L’ANTIQUITE, passionné par l’Antiquité gréco-romaine. Erudit, spécialisé dans l’étude de l’image au cinéma et dans la bande dessinée de l’antiquité, Michel Eloy propose une longue présentation des mythes, parfois difficile d’accès, mais qui n’en reste pas moins fort intéressante et instructive.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et des spots TV.

L’Image et le son

Voilà qui fait plaisir ! En effet, ce nouveau master restauré HD de Jason et les Argonautes comblera tous les espoirs du fan de base. Le grain est là, la texture argentique se ressent à chaque plan. La propreté est irréprochable, c’est superbe sur les séquences diurnes avec une clarté insoupçonnée et un relief des textures et des matières jusqu’alors inédit. La définition sur les tous les plans à effets spéciaux est évidemment plus chaotique. Mais c’est un choix, afin de préserver la nature originale de l’image composite, en respectant les partis pris et donc les défauts que cela comporte avec des fourmillements, une palette chromatique délavée, un piqué émoussé, une perte des détails et des contours parfois approximatifs. Retoucher à ces séquences aurait entraîné la furie des puristes. Le Blu-ray de Jason et les Argonautes ne déçoit pas, jamais, puisque nous n’avons jamais vu le film ainsi. D’autant que le reste du temps, les contrastes affichent une densité remarquable avec des noirs impeccables et les couleurs comme le bleu du ciel et de la mer sont souvent resplendissantes.

On commence par la piste anglaise proposée en DTS-HD Master Audio 5.1. Cette option permet de mettre en valeur les combats de Jason et de ses compagnons contre les créatures diverses et variées, en appuyant les basses, tout en créant une spatialisation élégante. Les ambiances naturelles comme l’eau, le craquement du bois et le vent se font ressentir sur les latérales, tout en laissant une large place à la partition de Bernard Herrmann. Toutefois, la version originale mono 2.0. conviendra largement et offre un confort acoustique solide et dynamique. Aucun souffle à déplorer. Les sous-titres français sont imposés et le changement de langue verrouillé à la volée. La piste française est également de fort bon acabit.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Paul Sanchez est revenu !, réalisé par Patricia Mazuy

PAUL SANCHEZ EST REVENU ! réalisé par Patricia Mazuy, disponible en DVD et Blu-ray le 2 janvier 2019 chez Blaq Out

Acteurs : Laurent Lafitte, Zita Hanrot, Philippe Girard, Idir Chender, Anne-Lise Heimburger, Anthony Paliotti, Achille Reggiani, Diego Bordonaro, Mike N’Guyen…

Scénario : Patricia Mazuy, Yves Thomas

Photographie : Frédéric Noirhomme

Musique : John Cale

Durée : 1h51

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Paul Sanchez, criminel disparu depuis dix ans, a été aperçu à la gare des Arcs sur Argens. A la gendarmerie, on n’y croit pas, sauf peut-être la jeune Marion…

Quel film étrange et déroutant ! Le cinquième long métrage de la réalisatrice Patricia Mazuy (Saint Cyr, Sport de filles) est en effet une véritable proposition de cinéma inclassable, qui joue constamment sur les ruptures de ton, tout en croisant les genres. Polar, comédie burlesque, western, thriller, Paul Sanchez est revenu ! ne cesse de décontenancer et de perturber. On ne sait pas si l’on doit rire devant l’absurdité de telle séquence, ou craindre pour tel personnage. Sur une histoire originale de son complice Yves Thomas (Travolta et moi), la cinéaste lorgne du côté de la série B et du western spaghetti, transformant les paysages du Var en Far West, en Var West donc, en se focalisant sur deux personnages placés d’un côté et de l’autre de la loi. Paul Sanchez est revenu ! est ni plus ni moins l’un des films les plus originaux de 2018.

Paul Sanchez, un criminel qui a assassiné toute sa famille et qui a disparu depuis 10 ans, semble être revenu sur les lieux de son crime ! Il est du moins signalé aux abords de la gare des Arcs dans le Var. À la gendarmerie de la ville, tout le monde croit à un canular, à l’exception de Marion, une gendarme de 25 ans. Elle va alors se mettre à le traquer seule.

Patricia Mazuy dresse le décor de son intrigue dans les premiers plans avec les enseignes multicolores de magasins divers disposés le long d’une voie rapide. Suivront rapidement la gendarmerie où tout le monde s’active pour assurer la paix dans les environs, puis le rocher rouge de Roquebrune qui surplombe la région avec l’autoroute qui se déploie à ses pieds. La jeune Marion, volontaire et animée par le désir de bien faire son travail, fait du zèle. Elle vient de surprendre Johnny Depp en train de se payer du bon temps dans sa Porsche, avant de le verbaliser et de lui confisquer son véhicule. Ce qui n’est pas vraiment du goût de son supérieur hiérarchique. Quelque peu cloisonnée dans son quotidien, Marion rêve visiblement d’action ou d’un évènement qui pourrait faire parler d’eux sur BFM TV. Alors quand elle apprend qu’un ancien meurtrier en cavale serait de retour dans le coin, elle décide de foncer pour lui mettre le grappin dessus la première.

Paul Sanchez est revenu ! c’est comme qui dirait une version française de Hot Fuzz d’Edgar Wright, mâtiné du cinéma des frères Coen, de Bruno Dumont et une pincée de Sergio Leone. D’un côté, Marion, incarnée par la divine Zita Hanrot (grande année 2018 avec La Fête est finie et Carnivores), est une gendarme au début de sa carrière, que l’on sent fatiguée de s’occuper des tâches ingrates, loin de ses évidents désirs d’aventures mouvementées. D’autant plus que ses collègues et son chef (génial Philippe Girard) ne cessent de la freiner ses ardeurs. De l’autre côté, Paul Sanchez, interprété par Laurent Lafitte, décidément abonné aux films qui sortent du lot (K.O., L’Heure de la sortie) est un individu trouble, énigmatique et sauvage qui trouve refuge dans une anfractuosité du rocher de Roquebrune. Sa taille imposante, ses bras ballants et les motifs de son blouson renvoient directement au Clint Eastwood de la Trilogie du Dollars de Sergio Leone, tandis que la superbe composition du gallois John Cale rappelle les compositions d’Ennio Morricone.

Dans ce western urbain contemporain, Patricia Mazuy dresse le portrait en parallèle de deux âmes solitaires qui pètent un câble à cause d’un présent moribond. Jusqu’à l’inéluctable confrontation. Durant la première partie, la réalisatrice fait perdre ses repères aux spectateurs, au point de relâcher parfois son attention et donc son intérêt. Malgré tout, l’étrangeté des relations entre les personnages et celle de leurs motivations font que l’on se laisse finalement porter par un récit quelque peu opaque qui rappelle parfois furieusement la série Twin Peaks. Les échanges entre les protagonistes semblent sans cesse à sens unique, comme un dialogue de sourds, comme si la réponse de l’un n’avait aucun rapport avec la question de l’autre. Paul Sanchez est revenu ! est une œuvre décalée qui ne fait que refléter le burn out des personnages. Comme si elle était placée sous cloche, la petite ville de Roquebrune-sur-Argens semble repliée sur elle-même, comme si tout s’était arrêté dix ans plus tôt, après l’assassinat par Paul Sanchez de son épouse et de leurs quatre enfants. Un trauma avec lequel les habitants doivent vivre ou qui leur a donné une envie de profiter encore plus de l’existence. Alors quand la figure du démon Paul Sanchez réapparaît, les désirs enfouis et les peurs cachées se révèlent, tandis que d’autres y voient l’occasion de transformer leur vie en mauvaise série télé policière.

Au premier visionnage, Paul Sanchez est revenu ! peut franchement laisser perplexe. Ce n’est qu’en y repensant après que toutes les strates du film de Patricia Mazuy se révèlent l’une après l’autre avec pour effet de donner envie de s’y replonger à nouveau. Une belle réussite que cet OVNI.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Paul Sanchez est revenu !, est disponible chez Blaq Out. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche du film. Même chose pour le menu principal, fixe et musical.

Après le film, rien de tel que d’écouter la réalisatrice Patricia Mazuy (15’). Durant son interview, la cinéaste aborde la genèse de Paul Sanchez est revenu !, les lieux de tournage, les thèmes, le casting, le travail avec les comédiens, la psychologie et l’évolution des personnages, sans oublier les partis pris et ses intentions, ainsi que la musique de John Cale. Patricia Mazuy évoque également à plusieurs reprises les ruptures de ton.

La réalisatrice intervient également sur les scènes coupées (11’). Dommage que l’éditeur n’ait pas proposé ces séquences avec les commentaires en option. Toutefois, il est toujours intéressant de comprendre pourquoi telle ou telle scène a été écartée au montage, qui s’est révélé très difficile dixit la cinéaste. Notons une séquence de cauchemar particulièrement réussie de Marion, durant laquelle la jeune gendarme imagine des enfants qui dansent dans l’ombre ou d’elle-même avec la bouche remplie de larves. Patricia Mazuy a également préféré retirer des éléments trop explicites quant à l’identité du personnage de Laurent Lafitte.

Enfin, l’éditeur, que l’on ne remerciera jamais assez de nous faire découvrir de nombreux courts-métrages, propose La Scarpa, réalisé par Patricia Mazuy en 1979 (8’). Un carton en introduction annonce que la réalisatrice a perdu la copie sonore, ainsi que le son de ce « court-métrage d’extrême jeunesse ». Demeure alors ce « vestige muet », tiré d’une copie de travail en Super 8, racontant l’histoire d’un cowboy fasciste qui poursuite une touriste dragueuse dans les rues de Rome. Avec la comédienne Laure Duthilleul dans les deux rôles.

L’Image et le son

Comme d’habitude, l’éditeur soigne son master HD qui se révèle exemplaire. Le label «Blaq Out» est donc encore une fois au rendez-vous pour le Blu-ray de Paul Sanchez est revenu !. L’image bénéficie d’un codec AVC de haut niveau, des contrastes d’une densité jamais démentie, ainsi que des détails impressionnants aux quatre coins du cadre large. Certains plans étendus sont magnifiques et tirent entièrement parti de cette indispensable élévation en Haute définition. Les visages, filmés en gros plans, des comédiens peuvent être analysés sous tous les angles, la photo est ambrée et chaude, la clarté demeure frappante, tout comme la profondeur de champ, le piqué est affûté et les partis pris esthétiques merveilleusement restitués. Ce Blu-ray est évidemment une franche réussite technique et offre de fabuleuses conditions pour revoir le film de Patricia Mazuy.

La version DTS-HD Master Audio 5.1 instaure d’excellentes conditions acoustiques et fait surtout la part belle à la musique de John Came. Les ambiances naturelles sont bien présentes, quelques effets sont saisissants (la circulation) et le rendu des voix est sans failles. L’éditeur joint aussi une piste française DTS-HD Master Audio 2.0 qui contentera largement celles et ceux qui ne disposeraient pas d’enceintes latérales. Nous trouvons également une piste audiodescription ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Blaq Out / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Legends of Tomorrow, saison 3

LEGENDS OF TOMORROW – SAISON 3, disponible en DVD et Blu-ray le 5 décembre 2018 chez Warner Bros.

Acteurs : Brandon Routh, Caity Lotz, Amy Louise Pemberton, Dominic Purcell, Franz Drameh, Victor Garber, Tala Ashe, Maisie Richardson-Sellers, Nick Zano, Arthur Darvill, Jes Macallan, Matt Ryan, Wentworth Miller, Neal McDonough…

Musique : Blake Neely

Durée : 17 épisodes de 43 minutes + 4 épisodes du crossover Crisis on Earth-X (avec Supergirl, Arrow et Flash)

Date de sortie initiale : 2017-2018

LA SÉRIE

Après avoir vaincu la Legion of Doom, les Légendes ont découvert qu’ils ont brisé le temps. Ils décident alors d’explorer cette nouvelle réalité pour remettre les choses en place avec l’aide du Bureau Temporel, une nouvelle agence protectrice du temps fondée par Rip Hunter. Ils seront à nouveau confrontés à Damien Darhk et à sa fille Nora, qui veulent ressusciter un démon temporel…

Voici déjà la troisième saison de la série Legends of Tomorrow, dérivée d’Arrow et de Flash. D’emblée, ce spin-off a su faire sa place avec un ton volontairement plus humoristique et en lorgnant sur les séries fantastiques des années 1990. Dans cette nouvelle saison, les scénaristes rendent un évident hommage à la cultissime série Code Quantum, puisque nos héros, qui voyagent dans le temps depuis le tout premier épisode, sont contraints de réparer leurs erreurs, les « anomalies » temporelles, conséquences de leur précédente mission. Diffusée sur The CW aux Etats-Unis entre le 10 octobre 2017 et le 9 avril 2018, cette troisième saison a vu ses audiences se stabiliser, contrairement à celles des autres séries DC plus malmenées. Legends of Tomorrow n’est peut-être pas la série la plus réussie du lot, Flash la domine largement, mais s’avère probablement la plus fun et la plus divertissante. Mission réussie pour cette nouvelle saison !

Résumé avec spoilers. Six mois se sont écoulés. Rip Hunter (Arthur Darvill, invité sur sept épisodes) a fondé une nouvelle agence, le Bureau Temporel, afin d’éradiquer les anachronismes (on pense beaucoup à Men In Black), c’est-à-dire les personnes, objets ou créatures présentes dans une époque qui n’est pas la leur. Pour le reste de l’équipe, le retour à la vie « normale » est un peu difficile. Ray Palmer travaille pour une start-up de la Silicon Valley tandis que Sara Lance travaille comme employée dans un supermarché de Star City. Nate, avec l’aide de Kid Flash, continue d’utiliser ses pouvoirs pour combattre le crime à Central City. Quant à Jefferson et au professeur Stein, ils coulent une vie paisible à Central City, ce dernier appréciant le fait de devenir bientôt grand-père. Mick se livre aux douceurs du farniente sur la plage d’Aruba.

C’est justement là-bas que Mick, croyant avoir affaire à un employé, l’invective en demandant de lui apporter un autre cocktail. En ôtant ses lunettes de soleil, il s’aperçoit que l’ombre en face de lui n’est autre que celle de Jules César, arguant conquérir le monde connu. Après avoir ligoté l’empereur, Mick contacte aussitôt Sara, qui réunit Ray et Nathaniel pour s’occuper du problème. Ensemble, ils se rendent à l’Agence du Bureau Temporel afin de signaler l’anachronisme à Rip, mais ce dernier est contrarié par les retombées de leurs dernières actions : en venant à bout de la Legion of Doom, ils ont également brisé le temps, ce qui a causé les anachronismes. Par conséquent, Rip ne leur fait plus confiance et ne souhaite plus les voir voyager dans le temps, ayant par ailleurs confisqué le Waverider qui sert de simulateur à ses agents.

Toutefois, les Légendes refusent de rester sur la touche. Ils reprennent leur vaisseau par la force et rejoignent Mick. Mais entre-temps César s’est enfui et se retrouve parmi des lycéens en vacances. Après avoir capturé de nouveau l’évadé du temps, le groupe retourne dans le passé pour remettre César à son époque. Croyant avoir réussi leur mission, un nouveau contretemps fait place : le régent a dérobé le livre de Nathaniel sur l’avenir de Rome et a par conséquent réécrit l’histoire en conquérant le monde connu. C’est à ce moment que Rip et son équipe arrivent pour reprendre l’affaire en main. Mais au moment de s’emparer de l’ouvrage, l’agent Ava Sharpe (Jes Macallan, atout charme et sexy) est enlevée. L’équipe des Légendes intervient et bat aisément César et ses soldats.

La continuité temporelle est sauvegardée, Sharpe et Hunter peuvent repartir. Malgré les conseils d’Ava, Rip autorise l’équipe à garder le Waverider pour qu’ils continuent de corriger les anomalies spatio-temporelles ; Sharpe s’étonne du choix de son supérieur, mais Hunter pense que le manque de subtilité des Légendes sera utile contre la menace qui arrive. Nathaniel confie à Ray qu’il regrette qu’Amaya (intense et magnétique Maisie Richardson-Sellers) ne soit plus là. Elle est retournée en 1942, au Zambèze, où elle protège son pays des braconniers et colons européens. Les Légendes se décident à utiliser la technologie du Bureau Temporel pour réparer les anachronismes et commencent par une cible simple : le cirque de P.T. Barnum aurait un smilodon parmi ses attractions de 1870. Pour maîtriser la bête, les pouvoirs des Légendes ne conviennent pas et Sara décide de ramener Amaya, retournée au Zambèze en 1942.

Cette saison 3 regorge de références à la pop culture. Au détour d’une conversation, Victor Garber concepteur du Titanic dans le chef d’oeuvre de James Cameron, rappelle le fiasco qu’à été le voyage inaugural du paquebot. Steven Spielberg et plus particulièrement E.T. l’extra-terrestre sont nommés à travers l’épisode où Ray Palmer, alors enfant, dissimule dans sa chambre un bébé Dominateur. Ray doit alors empêcher son propre assassinat par une agence peu orthodoxe. Les scénaristes se lâchent encore plus que d’habitude dans cette troisième saison à l’instar des morts exsangues retrouvés dans les rues de Londres en 1895, apparemment tués par un vampire, ou bien encore Hélène de Troie, échappée d’une guerre qu’elle n’a pas voulue, trouve finalement refuge sur l’île de Themyscira, foyer des Amazones et de la super-héroïne Wonder Woman. Les fans de Peter Jackson seront aux anges, puisqu’on y voit Ray intervenir sur le plateau du Seigneur des Anneaux en 1999, afin d’y rencontrer le comédien John Noble, qui incarnait Denethor, le père de Boromi et de Faramir. Finalement, tout ce qui concerne le grand « méchant » Mallus (à qui John Noble prête sa voix), un être maléfique et hors du temps, importe moins que les péripéties quotidiennes, l’humour bon enfant et les clins d’oeil cinématographiques. Même l’agaçant Damien Darhk apparaît ici plus cool, comme s’il se rendait compte lui-même du ridicule de ce qu’il dégageait.

C’est sans doute le bazar dans les épisodes, où l’on passe allègrement de la guerre du Vietnam (avec des références à Apocalypse Now), à l’affrontement avec le gorille Grodd (venu de la série Flash), en passant par une bataille contre les Vikings ou Barbe-Noire. Les Legends doivent également aider le jeune Elvis Presley à devenir le King en 1954, puis l’on passe à un épisode tout droit sorti d’Un jour sans fin où une boucle temporelle fait revivre la même journée à Zari Adrianna Tomaz, nouvelle venue dans la troupe, interprétée par l’excellence Tala Ashe. Recrutée en 2042, le talent principal de cette belle demoiselle est d’être une hackeuse hors pair et qui voue une passion pour les jeux vidéo vintage. Tout cela sans oublier la participation des Legends au formidable crossover Crisis on Earth-X, aux côtés des super-héros de Supergirl, Arrow et Flash. Un quadruple-épisode qui marque la disparition d’un des membres des Legends…Matt Ryan en profite pour revenir dans la peau et le costume débraillé de John Constantine, tandis que Wentworth Miller fait un dernier comeback. De son côté, Wally West, dont les scénaristes ne savaient plus quoi lui faire faire dans la série Flash, rejoint les Legends.

Alors certes Caity Lotz fait toujours la moue et fronces les sourcils, Dominic Purcell grogne à tout bout de champ et Brandon Routh abuse de son sourire Ultra-Brite, mais cela fonctionne vraiment bien, chacun est à sa place et semble prendre encore beaucoup de plaisir à se donner la réplique. Un plaisir contagieux et qui ne se dément pas au fil des épisodes.

LE BLU-RAY

La troisième saison des Legends of Tomorrow, disponible chez Warner Bros., se compose de trois disques placés dans un boîtier classique de couleur bleue, glissé dans un surétui cartonné. La liste des épisodes apparaît au verso, tout comme celle des suppléments. Le menu principal est identique sur les trois Blu-ray, fixe et musical, qui reprend le visuel de la jaquette. Signalons que l’éditeur a eu la bonne idée de proposer l’intégralité de l’épisode crossover divisé sur les quatre séries DC. Cette édition se compose donc de 21 épisodes de 42 minutes.

Des scènes coupées (16’30 au total), aux effets visuels non finalisés, sont disponibles sur les trois disques.

Le second Blu-ray contient un débat bien rythmé entre les producteurs des séries DC, qui répondent aux questions de l’animateur Hector Navarro (42’) sur la création de l’énorme crossover, Crisis on Earth-X, composé des épisodes 8 de Supergirl, Arrow, Flash et DC’s Legends of Tomorrow. C’est ici que vous apprendrez chacune des étapes ayant conduit à cette histoire de tentative d’invasion de la Terre par des soldats nazis issus d’un monde dystopique appelé Terre-X. Les spoilers sont évidemment au rendez-vous. Chacun aborde la difficulté d’écrire pour une vingtaine de personnages réunis à l’écran et sur les défis finalement relevés.

Le troisième disque est le plus rempli. On y trouve tout d’abord un module en compagnie du producteur exécutif Phil Klemmer (18’), qui propose un retour complet sur la création et les évènements de la troisième saison des Legends of Tomorrow.

Un petit supplément de 6 minutes rend compte du travail des artistes et créateurs des effets spéciaux, de la prévisualisation au tournage, en passant par la post-production.

Outre un petit bêtisier très sympa (7’30), cette section propose un best-of du Comic-Con 2017 avec notamment un résumé des présentations des nouvelles saisons de Supergirl, Flash, Arrow, DC’s Legends of Tomorrow et Gotham (58’).

L’Image et le son

Les épisodes sont proposés au format HD (1080p, AVC). Les couleurs sont chaudes et resplendissantes, le piqué acéré, les contrastes au top et la profondeur de champ abyssale. Les séquences diurnes sont éclatantes et seules quelques séquences à effets spéciaux s’avèrent sensiblement moins définies en raison des images composites. En dehors de ça, Warner Bros. met la barre haute, le résultat est superbe et la promotion HD indispensable.

Sans surprise, seule la version originale est livrée au format DTS-HD Master Audio 5.1. Privilégiez évidemment cette option qui instaure un confort acoustique digne des plus grands blockbusters avec une spatialisation tonitruante, des effets latéraux à foison, une percutante délivrance des dialogues et une balance frontale explosive. Mention également au caisson de basses très souvent sollicité dans les scènes d’action. Les réfractaires à la V.O. devront se contenter d’une toute petite VF Dolby Digital 2.0 Stéréo au doublage amusant. Etrangement, les allemands disposent d’un mixage Dolby Digital 5.1.


Crédits images : © Warner Bros. / DC Comics / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Jugement à Nuremberg, réalisé par Stanley Kramer

JUGEMENT À NUREMBERG (Judgment at Nuremberg) réalisé par Stanley Kramer, disponible en DVD et Blu-ray le 8 janvier 2019 chez Rimini Editions

Acteurs : Spencer Tracy, Burt Lancaster, Richard Widmark, Marlene Dietrich, Maximilian Schell, Judy Garland, Montgomery Clift, William Shatner…

Scénario : Abby Mann

Photographie : Ernest Laszlo

Musique : Ernest Gold

Durée : 3h

Date de sortie initiale : 1961

LE FILM

En 1948, le juge Haywood est envoyé à Nuremberg pour présider le procès de quatre magistrats allemands accusés de trop de complaisance à l’égard du régime Nazi. L’un d’eux, Janning, se renferme dans un silence méprisant et, en écartant les témoignages et les films sur les camps de concentration, dit qu’il n’a fait qu’appliquer la loi en vigueur…

On parle souvent du procès de Nuremberg, celui intenté par les puissances alliées contre 24 des principaux responsables du Troisième Reich, accusés de complot, crimes contre la paix, crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Un évènement qui s’est tenu du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946. En réalité, il s’agissait de la partie immergée de l’iceberg puisque d’autres procès visant différents acteurs et responsables des atrocités commises sous le Troisième Reich ont découlé du premier. Entre autres le procès des médecins, le procès Pohl (la bureaucratie des camps de concentration), le procès des Otages (les généraux basés dans l’ Sud-Est de l’Europe), le procès des Einsatzgruppen. Mais celui qui a retenu l’attention du scénariste américain Abby Mann (1927-2008) est celui moins connu des Juges et des juristes.

Dans ce procès, le troisième de Nuremberg, les accusés étaient seize juristes et avocats allemands. Neuf avaient été fonctionnaires du Reich au ministère de la Justice, d’autres étaient procureurs et juges de tribunaux spéciaux et tribunaux populaires du Troisième Reich. Ils étaient tenus pour responsables de la mise en œuvre et la promotion de la « pureté raciale » nazie par le biais d’un programme d’eugénisme et de lois raciales. C’est tout d’abord la télévision et le réseau CBS qui s’emparent du sujet d’Abby Mann (né d’une famille juive d’origine russe), dans le cadre de son programme Playhouse 90, qui proposait quelques téléfilms de 90 minutes. Réalisé par George Roy Hill et diffusé en avril 1959, Judgment at Nuremberg ne parvient pas réellement à trouver son public, malgré la présence de Claude Rains dans le rôle du juge Dan Haywood et de Maximilian Schell dans celui de l’avocat de la défense allemand Otto Rolfe. Amie d’Abby Mann, Katharine Hepburn montre ce téléfilm à son compagnon Spencer Tracy. Bien qu’extrêmement fatigué, le comédien se laisse séduire par l’idée d’interpréter le juge Haywood. Abby Mann reprend son scénario et l’étoffe en se basant une fois de plus sur de véritables archives et les vraies plaidoiries. Bien que non mentionné, le comédien Montgomery Clift collabore également à l’écriture du film. Spencer Tracy accepte à la condition que Stanley Kramer (1913-2001) réalise, vu que les deux hommes s’étaient merveilleusement entendus l’année précédente sur Procès de singeInherit the Wind. La production est lancée. Jugement à Nuremberg est une date dans l’histoire du cinéma.

Tout comme le procès des criminels de guerre en 1945, celui des hauts fonctionnaires du régime nazi se déroule à Nuremberg en 1948. Haywood, un vieux juge à la retraite désigné par les Etats-Unis, préside les séances. Quatre accusés sont présents. Trois plaident non-coupables, le quatrième, Janning, un juge à la réputation de haute probité, souhaite se taire, trouvant ce procès indigne et non fondé. Les pressions politiques deviennent de plus en plus fortes autour de la personnalité de Haywood. On lui demande d’être clément. Il s’y refuse. Il tente cependant de comprendre (« Je veux comprendre, vraiment, il le faut ! ») le comportement des accusés en discutant avec la veuve d’un général, pendu pour avoir commis des atrocités.

Stanley Kramer et Abby Mann font le pari de se concentrer uniquement sur le procès méconnu des Juges, survenu trois ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale et le procès des grands dirigeants nazis, alors que l’Allemagne et le reste de l’Europe entamaient leur reconstruction. Seulement voilà, ce ne sont pas des hommes comme les autres qui doivent faire face à la justice et répondre de leurs actes. Ceux-ci sont accusés d’avoir ordonné la stérilisation de Juifs ou d’avoir envoyé des milliers d’hommes dans les camps de la mort. Personne ne veut juger et la plupart s’en désintéressent, raison pour laquelle un vieux juge est appelé à la rescousse. Les tensions entre les Américains et les Soviétiques se resserrent. La guerre froide naît. Si le réalisateur adopte le point de vue du juge américain que le gouvernement américain a sorti de sa retraite pour venir conduire ce procès, Stanley Kramer préfère mettre les spectateurs dans sa peau comme témoin avant tout, comme vecteur.

Par un procédé aussi risqué qu’inventif, le cinéaste parvient à basculer de la langue allemande à l’anglais, pour offrir ainsi à ses comédiens un plus grand confort de jeu, mais aussi pour une meilleure exportation du film à l’international. Durant sa première plaidoirie, l’avocat Hans Rolfe (Maximilian Schell, qui reprend son rôle tenu dans le téléfilm), s’exprime tout d’abord en allemand, traduit en anglais par des traducteurs via un micro relié à des écouteurs portés par les américains. Par un effet de mise en scène inattendu, la langue bascule définitivement en anglais, tandis que les traducteurs continuent visiblement leur travail dans leur cabine. John McTiernan s’inspirera de ce subterfuge pour faire parler Sean Connery en anglais, après s’être rapidement exprimé en russe, dans A la poursuite d’Octobre Rouge. Jugement à Nuremberg peut alors véritablement démarrer.

180 minutes filmées comme un thriller ! Pas un seul moment de répit. Le spectateur est aspiré dans cet affrontement qui se tient essentiellement dans un tribunal. Stanley Kramer redouble d’inventivité derrière la caméra pour maintenir l’attention du spectateur (zooms sur les visages, sur les gestes, travellings, plans de grue), tandis que le grand chef opérateur Ernest Laszlo, collaborateur attitré de Robert Aldrich, capte les visages fatigués et les traits marqués des protagonistes. Certes, les dialogues sont très abondants, mais alors quelles répliques et surtout quels comédiens se font face et rivalisent de virtuosité ! Face à Spencer Tracy, impérial dans l’un de ses derniers rôles, apparaissent tour à tour Burt Lancaster (dans un rôle quasi-muet et qui ne s’exprime réellement qu’au bout de deux heures de film), Richard Widmark, dont le tempérament de feu explose l’écran une fois de plus, Marlene Dietrich qui représente l’Allemagne « victime » des atrocités du dictateur, Maximilian Schell, époustouflant et saisissant (lauréat de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle et du Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique), Judy Garland (bouleversante) et Montgomery Clift qui incarne la victime d’un faux procès qui a conduit à sa stérilisation en raison de ses troubles mentaux.

Entre deux plaidoiries, toutes plus extraordinaires les unes les autres, Stanley Kramer s’offre quelques moments pour permettre à ses personnages (et aux spectateurs) de souffler, en mettant le nez à l’extérieur, en suivant Haywood déambuler dans les rues de Nuremberg, près des habitations en ruine et des lieux où Hitler crachait ses discours devant ses admirateurs au bras levé. La rencontre d’Haywood avec madame Berthold (Marlene Dietrich) le place face au ressenti d’une nation tout entière, consciente d’être désignée comme coupable, mais également comme victime puisqu’inconsciente (ou non) des actes atroces commis par les nazis envers les juifs dans les camps de concentration. A ce titre, Jugement à Nuremberg reste également très célèbre pour la séquence où le colonel Ted Lawson (Richard Widmark) fait projeter à l’assemblée les (authentiques) images tournées durant la libération des camps, avec les corps dans les charniers, les enfants parqués, le fruit des expériences menées par les « scientifiques » du Troisième Reich.

Stanley Kramer expose les faits, les paroles tenues d’un côté et de l’autre. Bien sûr, l’issue est connue de tous, mais le cinéaste et Abby Mann (Oscar du meilleur scénario) vont plus loin en montrant que ces quatre monstres exposés à la vue de tous sont avant tout des êtres humains dont la pensée et les actes ont été « libérés » par un autre, grâce à son charisme, à son talent d’orateur, à son « patriotisme ». Les auteurs ne stigmatisent pas seulement les allemands (« si l’Allemagne est coupable, le monde l’est aussi, y compris les industriels américains qui ont participé au réarmement de l’Allemagne » déclare Rolfe), et démontrent que le mal est universel, qu’il n’a pas de visage et qu’il peut frapper à nouveau si nous n’y prenons pas garde.

Comment répondre à la question de la responsabilité individuelle et collective ? Comment sanctionner une nation alors que les Etats-Unis tentaient de s’en faire un allié contre les Soviétiques au tout début de la guerre froide ? Le jugement rendu par Hayward devrait être diffusé et étudié dans toutes les écoles, tandis que la dernière réplique du personnage – qui tombe comme un couperet – envers celui campé par un Burt Lancaster incroyable dans le rôle du démon conscient de ses actes, ne cesse de trotter dans la tête. Jugement à Nuremberg est un immense chef d’oeuvre. Sur onze nominations aux Oscars, le film est récompensé par deux statuettes, tandis que Stanley Kramer reçoit de son côté le Golden Globe du meilleur réalisateur.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Jugement à Nuremberg, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. Jaquette sobre, concentrée sur les visages des immenses stars du film. Le menu principal est fixe et musical. A noter que le film n’est pas présenté avec ses cartons d’ouverture, d’entracte et de fermeture diffusés à sa sortie, en raison de sa durée de 3 heures. Jugement à Nuremberg était sorti en DVD en 2004 chez MGM dans une édition aujourd’hui complètement obsolète.

Le premier supplément est une discussion entre l’auteur et scénariste Abby Mann et le comédien Maximilian Schell, réalisée en 2004 (20’). Si les deux intervenants passent un peu trop de temps à se féliciter l’un et l’autre (Abby Mann n’hésite pas à lui dire que le succès du film lui revient), ce rendez-vous permet d’en savoir plus sur la genèse et la première adaptation de Judgment at Nuremberg (dont nous parlons dans la critique), mais aussi et surtout de la performance de Maximilian Schell. Ce dernier évoque également son interprétation d’Ernest Janning (rôle tenu par Burt Lancaster dans le film) dans l’adaptation pour le théâtre, jouée à Broadway en 2001. Quelques anecdotes de tournage sont également au programme.

Karen Sharpe Kramer, épouse et veuve du cinéaste, évoque sa rencontre avec Stanley Kramer, les thèmes récurrents de l’oeuvre de feu son époux, sa passion pour le cinéma et son rapport aux comédiens (2004 – 14’30). Des photos de plateau de Jugement à Nuremberg viennent illustrer l’ensemble, ainsi qu’une intervention d’Abby Mann.

Ce dernier est de retour dans le dernier module intitulé La Valeur d’un seul être humain (6’), qui se focalise cette fois sur le verdict du juge Haywood, sur l’écriture de Jugement à Nuremberg et les intentions de l’écrivain.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Oui de très nombreuses tâches, des points noirs et d’autres poussières apparaissent encore fréquemment à l’image, mais le master HD de Jugement à Nuremberg ne déçoit pas. Quelques images d’archives au tout début font craindre le pire, mais la vraie copie apparaît dès l’arrivée du juge Haywood à Nuremberg avec des transparences toutefois très artificielles sur les scènes en voiture. Pas de réducteur de bruit, le grain est présent, la gestion est même parfois aléatoire avec une image plus grumelée sur certains aplats. Les très nombreux gros plans regorgent de détails (la sueur sur la peau, les cicatrices sur le visage de Montgomery Clift, le maquillage de Burt Lancaster), le rendu des matières (les boiseries) est palpable, la copie est stable. Le N&B est peut-être un peu léger, mais les contrastes trouvent un équilibre plaisant.

Pas de son HD. On peut d’abord tiquer quant à la présence d’une piste anglaise Dolby Digital 5.1, mais celle-ci parvient à tirer son épingle du jeu du point de vue spatialisation de la musique et sur les scènes en extérieur, même si tout reste relatif et anecdotique. N’hésitez pas à sélectionner la mixage anglais PCM 2.0, la meilleure option de ce Blu-ray, même si l’écoute reste souvent étouffée et marquée par un souffle. La version française vaut surtout pour son casting royal composé de Serge Nadaud, Claude Bertrand, Raymond Loyer, Lita Ricio, Roger Rudel…

Crédits images : © MGM / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Nonne, réalisé par Corin Hardy


LA NONNE (The Nun) réalisé par Corin Hardy, disponible en DVD et Blu-ray chez Warner Bros. le 23 janvier 2019

Acteurs : Taissa Farmiga, Demian Bichir, Jonas Bloquet, Bonnie Aarons, Ingrid Bisu, Charlotte Hope, Sandra Teles, August Maturo…

Scénario : Gary Dauberman

Photographie : Maxime Alexandre

Musique : Abel Korzeniowski

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 2018

LE FILM

Quand on apprend le suicide d’une jeune nonne dans une abbaye roumaine, la stupéfaction est totale dans l’Église catholique. Le Vatican missionne aussitôt un prêtre au passé trouble et une novice pour mener l’enquête. Risquant leur vie, les deux ecclésiastiques doivent affronter une force maléfique qui bouscule leur foi et menace de détruire leur âme. Bientôt, l’abbaye est en proie à une lutte sans merci entre les vivants et les damnés…

En 2013, Conjuring : Les dossiers Warren, produit avec un budget modeste de 13 millions de dollars en rapporte 318 millions dans le monde. Bien que surestimé, le film de James Wan (Saw, Insidious 1 et 2) casse la baraque y compris en France avec plus d’1,1 million d’entrées. Annabelle n’est pas une suite, mais un spin-off préquel dirons-nous puisque l’action se déroule avant celle de Conjuring et se focalise sur « l’origine » de la poupée maléfique aperçue dans la salle des trophées du couple d’exorcistes dans l’oeuvre de James Wan. Un film à tout petit budget (5 millions de dollars !) pour surfer allègrement sur le triomphe de Conjuring et en espérant amasser le plus possible de billets verts. Avec 245 millions de dollars de recette et 1,5 million d’entrées en France, la mission est réussie. 2016, James Wan donne suite aux aventures des Warren avec Conjuring 2 : Le Cas Enfield : 315 millions de dollars récoltés. La Warner n’allait pas laisser passer l’opportunité de surfer sur le succès d’Annabelle en lui donnant une suite, une préquelle plutôt avec Annabelle 2 : La Création du mal, qui se permet de surpasser le premier volet au box office avec 305 millions de dollars de recette pour un budget de 15 millions. Une entreprise très lucrative. James Wan et les studios ont le nez fin. Sachant que le personnage de la Nonne maléfique de Conjuring 2 : Le Cas Enfield avait fait sensation auprès des spectateurs, un nouveau spin-off est encore imaginé. Voici donc tout simplement La Nonne The Nun, « premier » volet dans l’ordre chronologique des événements de la franchise et qui est devenu le plus grand succès commercial de la saga. S’il n’a rien de bien innovant, La Nonne est cependant une agréable surprise avec ses superbes décors gothiques, une photo élégante et une solide interprétation.

Par une sombre nuit de l’année 1952, deux nonnes terrifiées se rendent dans les catacombes de leur abbaye de Saint-Carta, en Roumanie. Après avoir ouvert une sinistre porte sur laquelle sont gravés les mots « Finit hic deo » (Dieu s’arrête ici), l’une des nonnes disparaît dans l’obscurité, tandis que l’autre, après s’être enfuie, finit par se pendre en se jetant par une fenêtre de l’abbaye. La nouvelle de sa mort se répand rapidement après la découverte de son corps pas un jeune paysan des environs. Or, le suicide étant considéré par l’Eglise comme un péché envers Dieu, un prêtre au passé trouble et une sœur novice sont missionnés par le Vatican pour mener l’enquête. Une fois sur place, les deux ecclésiastiques constatent que malgré son passé glorieux, l’abbaye est devenu un lieu sinistre et délabré, craint par les habitants de la région. Seul le paysan ayant découvert le corps de la nonne, un Québécois installé sur place depuis plusieurs années, accepte de les y accompagner. Leur première impression se révèle rapidement exacte puisqu’à peine arrivés sur place, après avoir été « accueillis » par la mère supérieure du couvent dissimulée sous un voile noir, le paysan se fait attaquer sur le chemin du retour par la nonne suicidée revenue d’entre les morts. Le prêtre et la novice ne sont pas non plus épargnés, puisque le premier, réveillé par l’apparition d’un jeune garçon qu’il n’a pu sauver quelques années auparavant, est enterré vivant, puis sauvé par la novice, elle-même attaquée à son tour par une nonne malfaisante. Il semble donc clair que de sombres forces sont à l’œuvre et les deux ecclésiastiques décident de mener l’enquête chacun de leur côté. Le prêtre s’occupe de rassembler des informations sur la présence maléfique, tandis que la novice part à la recherche des Sœurs.

Avec son personnage de religieuse peu catholique, son prologue et son épilogue, La Nonne fait évidemment le lien avec les autres épisodes et notamment le premier opus réalisé par James Wan. Non seulement ça, le personnage principal Sister Irene est interprété à l’écran par…Taissa Farmiga, la sœur de Vera Farmiga, alias Lorraine Warren dans les deux épisodes Conjuring. Un lien qui n’est pourtant pas utilisé dans le récit, mais qui n’en demeure pas moins troublant. D’ailleurs, en ce qui concerne les acteurs, outre l’excellente Taissa Farmiga (vue dans The Bling Ring de Sofia Coppola et La Mule de Clint Eastwood), nous retrouvons également le comédien mexicain Demián Bichir, qui plongé dans la pénombre rappelle un peu notre Gilles Lellouche national et qui s’impose dans le rôle du Père Burke. N’oublions pas le belge Jonas Bloquet, aperçu et apprécié chez Joachim Laosse (Elève libre), Guillaume Brac (Tonnerre) et Paul Verhoeven (Elle), dont la carrière internationale s’ouvre toujours un peu plus après un détour chez Luc Besson (Malavita, Valérian et la Cité des mille planètes) et McG (3 Days to Kill).

Nettement plus solide qu’Annabelle, La Nonne flatte les rétines avec ses décors naturels filmés en Roumanie, mais aussi son atmosphère et ses ambiances réussies. Le récit rappelle parfois Sanctuaire de Michele Soavi, chose amusante quand on sait que le premier long métrage du réalisateur Corin Hardy s’intitulait…Le Sanctuaire. Si les autres spin-off étaient également des projets bâtis uniquement pour remplir le tiroir-caisse de la Warner, La Nonne (à qui l’impressionnante Bonnie Aarons prête son visage émacié) peut compter sur la passion pour le genre horrifique du réalisateur.

S’il reste avare en scènes fortes et marquantes, le dernier tiers enchaîne les sursauts attendus et efficaces, après une longue, lente, mais maîtrisée exposition qui ne manque certainement pas de charme. En attendant un retour prévisible de la Nonne sur les écrans, nous pourrons découvrir d’ici là le troisième volet d’Annabelle, le troisième de Conjuring, tandis qu’un autre spin-off, consacré cette fois au Crooked-Man, l’Homme tordu aperçu dans Conjuring 2 : Le cas Enfield est en préparation. Le producteur James Wan a du pain sur la planche !

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Nonne, disponible chez Warner Bros., repose dans un boîtier classique de couleur bleue et écolo (moins de plastique). Le menu principal est fixe et musical.

Une toute petite interactivité consacrée au dernier-né de la franchise Conjuring !

Le premier module de 5 minutes se contente de mettre en valeur la « nouvelle icône » du cinéma d’horreur, qui donne son titre au spin-off de la franchise Conjuring. James Wan, mais aussi les comédiens, le scénariste Gary Dauberman (lui-même à la barre du prochain Annabelle) et le réalisateur Corin Hardy présentent ce préquel de la saga, en se penchant surtout sur les conditions de tournage.

Le supplément suivant se concentre lui sur les lieux de tournage en Roumanie (6’), les décors naturels, ainsi que ceux reconstitués afin de donner vie à l’univers de La Nonne.

Le troisième bonus replace tout naturellement La Nonne dans l’univers cinématographique de Conjuring (4’).

L’interactivité se clôt sur 12 minutes de scènes coupées, intéressantes et qui auraient mérité d’être incluses au montage final.

L’Image et le son

On frôle l’excellence : relief, colorimétrie, piqué (acéré), contrastes (impressionnants), densité des noirs, on en prend plein les yeux. Les teintes froides s’allient avec les gammes chatoyantes, désaturées pour donner un aspect fifties, et chaque détail aux quatre coins du cadre large est aussi saisissant qu’étourdissant. Ce transfert immaculé soutenu par un encodage AVC solide comme un roc laisse pantois d’admiration. Heureusement, les scènes sombres sont logées à la même enseigne. Ce master HD de La Nonne permet de se plonger dans le film dans de superbes conditions.

Le spectateur est littéralement plongé dans l’atmosphère du film grâce aux mixages DTS-HD Master Audio 5.1 et Dolby Atmos anglais. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ces options sonores ne font pas dans la dentelle. En effet, la composition est parfois trop mise à l’avant pour en mettre plein les oreilles et aurait mérité d’être un peu plus équilibrée sur l’ensemble des enceintes. Mais bon, nous sommes en plein « conte » fantastique et les latérales, ainsi que les frontales et le caisson de basses remplissent parfaitement leur fonction, à savoir distiller un lot conséquent d’effets qui font sursauter, même à bas volume. Les conditions acoustiques sont donc soignées, amples, précises, les voix des comédiens jamais noyées par tout le fracas sonore annexe. La version française bénéficie d’une piste Dolby Digital 5.1 qui parvient également à tirer son épingle du jeu même si l’ensemble se révèle évidemment en deçà de son homologue en terme de fluidité et d’homogénéité.

Crédits images : © Warner Bros. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr