Test DVD / Les Jours comptés, réalisé par Elio Petri

LES JOURS COMPTÉS (I Giorni contati) réalisé par Elio Petri, disponible en DVD le 5 octobre 2017 chez Tamasa Diffusion

Acteurs :  Salvo Randone, Franco Sportelli, Regina Bianchi, Marcella Valeri, Angela Minervini, Renato Maddalena…

Scénario :  Elio Petri, Tonino Guerra, Carlo Romano

Photographie : Ennio Guarnieri

Musique : Ivan Vandor

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1962

LE FILM

A plus de cinquante ans, Cesare Conversi a travaillé toute sa vie avec abnégation. Un jour, il voit mourir dans le tram un homme de son âge. Obsédé par l’approche inexorable de la mort, il s’arrête de travailler afin de profiter de la vie avant qu’il ne soit trop tard…

Malgré une Palme d’or remportée en 1972 pour La Classe ouvrière va au paradis, le prix FIPRESCI et le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes en 1970 pour Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon, le réalisateur italien Elio Petri (1929-1982) semble avoir été oublié dans le paysage cinématographique, notamment dans son pays. Ce cinéaste brillant, autodidacte, engagé et passionné a d’abord fait ses classes en tant que scénariste avant de se tourner vers le documentaire dans les années 50, puis de se lancer dans la fiction en 1961 avec son premier long métrage L’Assassin, coécrit avec le fidèle Tonino Guerra. Bien que Les Jours comptésI Giorni contati ait été écrit avant L’Assassin, il s’agit du second film d’Elio Petri. Dédié à son père, ouvrier chaudronnier, affaibli et vieilli prématurément en raison des difficultés de son métier, Elio Petri signe un film – inédit en France – politique et redoutablement pessimiste, contre le travail et son aliénation, qui bouffe littéralement la vie et sur lequel plane l’ombre d’Umberto D. de Vittorio De Sica (1952) et celle des Fraises sauvages d’Ingmar Bergman (1957). Il n’est d’ailleurs pas idiot de penser que Les Jours passés inspirera également à son tour Yves Robert pour son cultissime Alexandre le bienheureux (1968) avec Philippe Noiret qui décide à la mort de sa femme de ne plus travailler et surtout de dormir. Ce qui ne manque pas d’entraîner incompréhension et stupéfaction.

En rentrant du travail, un ouvrier plombier quinquagénaire assiste dans un tramway bondé au décès d’un homme de son âge. Ce drame sert de détonateur à la prise de conscience du temps qu’il lui reste à vivre (« mes jours sont désormais comptés »). Bouleversé, il ressent, plus que jamais, la nécessité de modifier ses habitudes (cela commence par mettre son habit du dimanche en semaine) et décide même de cesser son activité professionnelle afin de profiter de l’existence. Mais, chaque initiative prise dans ce sens ne fait qu’accroître douloureusement son désarroi… Il est, hélas, impossible, à son âge, de changer son destin. Il retourne finalement au travail, lucidement, mais toujours aussi convaincu de l’inutilité de son existence. Et le spectateur suit l’itinéraire de ce personnage bouleversant, magnifiquement interprété par Salvo Randone, acteur fétiche d’Elio Petri qui a quasiment joué dans tous ses films et par ailleurs lauréat du Masque d’argent du meilleur second rôle pour L’Assassin.

Partant d’un point A pour finalement revenir au même point, Cesare va rapidement déchanter. En croisant la route d’anciens amis, d’un vieil amour, d’un artiste et d’une jeune nymphette, l’homme de 53 ans (l’âge auquel est décédé Elio Petri) va se rendre compte qu’il est déjà passé à côté de sa vie et qu’il est déjà trop tard pour pouvoir en profiter. D’une part parce que ses moyens financiers sont bien trop limités et qu’il se retrouve très vite à court d’argent, au point d’envisager de devenir mendiant pour subsister, d’autre part parce qu’il est tout simplement inadapté à l’oisiveté. Cesare n’a essentiellement connu que son travail depuis quarante ans. Il est sympathique avec ses clients, bien portant, il se lève tôt et rentre courbé et fatigué à la fin de la journée. Comme des millions (des milliards) de personnes, Cesare se laisse vivre, jusqu’à ce qu’il soit témoin de ce drame. Non seulement l’homme du tramway est mort tandis qu’il lisait son journal, mais il ressemble également à Cesare. Comme s’il ne parvenait pas à se remettre de ce choc, Cesare semble constamment accompagné, observé par la « Mort ». En voulant finalement la déjouer, la contourner, la remettre à plus tard, Cesare ne fera en fait que mieux l’attirer, annihilant alors ses espoirs d’être heureux et de jouir des plaisirs de la vie.

La vie est passée, en ne laissant que des souvenirs dont plus rien ne subsiste comme lors du retour de Cesare sur les lieux où il a passé ses jeunes années. Dans L’Assassin, Elio Petri critiquait ouvertement et de manière acerbe l’autorité de son pays à l’aube des années ‘60 en présentant une police très autoritaire, omnisciente, obéissant à un état démocrate chrétien désireux de contrôler les esprits et qui ne laisse pas la possibilité à un individu de se défendre. Dans Les Jours passés, l’individu semble se réveiller « de la matrice », mais la machine l’a déjà broyé. Son corps est fatigué, il n’a même pas les ressources pour pouvoir se permettre de manquer le travail plusieurs jours puisque ce qu’il gagne le fait déjà survivre plutôt que vivre. Alors quand une bande d’escrocs lui proposent d’arnaquer l’assurance, il est prêt à se faire casser le bras pour empocher le pactole.

Portrait acide, tragique et psychologique d’un homme asphyxié par le système, seul (veuf et père d’un fils qui ne lui rend visite que quand il a besoin d’argent), oublié du boum économique italien, I Giorni contati foudroie en plein coeur par son propos acide toujours d’actualité et également par la beauté du cadre, de la mise en scène d’Elio Petri et la photo brûlante d’Ennio Guarnieri qui impriment de nombreuses scènes dans les mémoires, comme celle du passage piéton peint de nuit devant le Colisée. Un très grand film psychologique.

LE DVD

Le DVD disponible chez Tamasa Diffusion repose dans un slim digipack cartonné qui comprend également un petit livret de 16 pages illustré et contenant une note d’intentions d’Elio Petri, un entretien avec le réalisateur réalisé par Jean A. Gili, une mini-bio du cinéaste et sa filmographie. En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi que la bande-annonce 2012 et les filmographies d’Elio Petri et de Salvo Randone. Le menu principal est fixe et musical.

L’Image et le son

La restauration numérique des Jours comptés a été réalisée à partir du meilleur élément disponible aujourd’hui, un marron conservé à la Cineteca di Bologna. L’élément a été numérisé en 2K, puis restauré numériquement. Le directeur de la photographie Ennio Guarnieri (Medée, Le Jardin des Finzi-Contini, Le Grand embouteillage) a supervisé l’étalonnage. La restauration a été effectuée par le Laoboratoire L’Immagine Ritrovata en 2011. Ce nouveau master au format respecté des Jours comptés se révèle extrêmement pointilleux en matière de piqué, de gestion de contrastes (noirs denses, blancs lumineux), de détails ciselés, de clarté et de relief. La propreté de la copie est souvent sidérante, la nouvelle profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans d’Elio Petri (les scènes sur la plage sont magnifiques), la photo signée par le grand Ennio Guarnieri retrouve une nouvelle jeunesse doublée d’un superbe écrin, et le grain d’origine a heureusement été conservé.

Comme pour l’image, le son original a été numérisé et restauré numériquement à partir du même élément. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien Mono, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, peuvent parfois saturer ou apparaître en léger décalage avec le mouvement des lèvres. La composition d’Ivan Vandor (Tire encore si tu peux) est joliment délivrée.

Crédits images : © Titanus TDR/ Tamasa Diffusion / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Fast & Furious 8, réalisé par F. Gary Gray

FAST & FURIOUS 8 (The Fate of the Furious) réalisé par F. Gary Gray, disponible en DVD, Blu-ray et 4K Ultra-HD le 16 août 2017 chez Universal Pictures France

Acteurs :  Vin Diesel, Jason Statham, Dwayne Johnson, Michelle Rodriguez, Tyrese Gibson, Chris ‘Ludacris’ Bridges, Charlize Theron, Kurt Russell, Nathalie Emmanuel, Luke Evans, Elsa Pataky, Kristofer Hivju, Scott Eastwood…

Scénario :  Chris Morgan

Photographie : Stephen F. Windon

Musique : Brian Tyler

Durée : 2h15

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

La « famille » que forment Dom, Letty, Brian et Mia semble s’être avoir trouvé une vie normale. Quand Cipher, une cyberterroriste anarchiste entre en action, ce fragile équilibre est bouleversé. Celle-ci peut prendre le contrôle des voitures et ainsi semer le chaos. Sous sa coupe, Dom doit trahir les siens. Letty n’accepte pas le volte-face de son compagnon et veut le ramener dans le droit chemin. Avec Brian, Hobbs et leur ancien ennemi Deckard Shaw, elle va se mettre à nouveau derrière en volant, faire crisser les pneus, se lancer dans des course-poursuite à Cuba, à New-York, et les plaines gelées de la mer arctique et tenter de ramener Dom au bercail…

Depuis 2001, la franchise Fast & Furious est devenue l’une des plus lucratives de l’histoire du cinéma. Le phénomène est assez rare pour être signalé, depuis le quatrième opus en 2009, chaque opus aura fait plus de recette que le précédent, le cinquième épisode ayant engrangé plus de 600 millions de dollars à travers le monde, le sixième près de 800 millions. Le septième marqué par la mort prématurée de Paul Walker en novembre 2013, a explosé tous les records en rapportant plus d’1,5 milliard de dollars. Même chose concernant les budgets qui se sont littéralement envolés entre le premier, réalisé à l’époque pour seulement 38 millions de dollars, le huitième étant estimé à 250 millions. Bien qu’il était difficilement envisageable que le huitième volet fasse autant que le précédent, l’épisode qui nous intéresse a quand même battu les records une nouvelle fois avec 1,2 milliards de dollars de recette. Depuis l’arrivée de Dwayne Johnson et désormais Jason Statham dans l’équipe originale, la saga a su trouver un nouvel élan, tout en attirant de nouveaux spectateurs.

L’explosif épisode 7 mené de main de maître par James Wan, devait entamer une nouvelle trilogie et être suivi de deux autres films. Ce ne sera finalement pas le cas, puisque Vin Diesel, producteur chanceux de la saga, a fait savoir qu’il y aura trois autres épisodes désormais, les opus VIII, IX et X. Après un au revoir à Paul Walker, réalisé en images de synthèse à la fin du VII, notre Baboulinet préféré et sa clique partent donc sur de nouvelles routes. La franchise est donc à nouveau repensée. Mais comment surpasser ce qui a été fait précédemment ? Est-ce seulement possible ? Maintenant que Dom et Letty sont en lune de miel, que Brian et Mia se sont rangés (au revoir aussi à Jordana Brewster du coup) et que le reste de l’équipe a été disculpé, la bande de globetrotteurs retrouve un semblant de vie normale. Mais quand une mystérieuse femme, Cipher, une cyberterroriste anarchiste entraîne Dom dans le monde de la criminalité, ce dernier ne pourra éviter de trahir ses proches qui vont faire face à des épreuves qu’ils n’avaient jamais rencontrées jusqu’alors. Des rivages de Cuba (une première depuis 1962 pour une production américaine) aux rues de New York en passant par les plaines gelées de la mer arctique de Barrents (en fait le film a été tourné en Islande), notre équipe va sillonner le globe pour tenter d’empêcher Cipher de déchaîner un chaos mondial et de ramener à la maison l’homme qui a fait d’eux une « famille ».

Ce huitième « Rapides et Dangereux » ou plutôt ici « Le Destin des dangereux », titre traduit littéralement de l’anglais « The Fate of the Furious » pour le Québec, est cette fois signé F. Gary Gray. Venu du clip vidéo (pour Jay-Z, R. Kelly, TLC, Ice Cube), il est révélé en 1995 avec sa comédie Friday (avec Ice Cube et Chris Tucker), puis en 1996 avec son excellent polar Le Prix à payer. Deux ans plus tard, Le Négociateur, avec Samuel L. Jackson et Kevin Spacey est un joli succès au box-office et le réalisateur a désormais le vent en poupe. En 2003, on lui doit Un homme à part, l’une des rares incursions de Vin Diesel dans le registre dramatique, puis Braquage à l’italienne (avec Charlize Theron et Jason Statham), Be Cool en 2005 (la suite de Get Shorty adaptée d’Elmore Leonard) et Que justice soit faite en 2009. Il faudra attendre 2015 et le triomphe inattendu de NWA : Straight Outta Compton pour que F. Gary Gray fasse à nouveau parler de lui. Raison de plus pour que son ami Vin Diesel, qui avait un temps envisagé de rappeler Rob Cohen, metteur en scène du tout premier volet, fasse engager celui qui lui avait offert un contre-emploi plus de dix ans auparavant. F. Gary Gray prend donc le relais et signe un formidable divertissement, dans la droite lignée du film de James Wan, la virtuosité en moins sans doute. Mais le résultat est là. Fast & Furious 8 est un très grand spectacle décontracté et ne trahit en rien les attentes et espérances des spectateurs conquis. Fast & Furious 8 est un film d’action phénoménal, marqué par des séquences de poursuites hallucinantes à bord de véhicules en tous genres, des scènes de fusillades et de bastons dantesques et décalées, d’explosions, de cascades stupéfiantes repoussant sans cesse les limites de l’entertainment, avec toujours un ton résolument cartoonesque et proche de l’univers de Tex Avery sous stéroïdes croisé avec Mission Impossible et L’Agence tous risques.

Du point de vue des acteurs, rien ne bouge, ou presque : Vin Diesel parle toujours comme Terminator, roule des mécaniques en faisant la moue boudeuse. Visiblement, il souhaite montrer ici ses capacités d’acteur en se reposant sur la direction de son ami F. Gary Gray, ce qui nous vaut quelques séquences assez jubilatoires où il serre la mâchoire pour montrer son mécontentement ou sa tristesse. C’est pourquoi il reste toujours attachant. Il tente des trucs l’ami Vin, il est certes très limité, mais au moins il continue d’essayer à 50 ans. Michelle Rodriguez fait son retour habillée en débardeur et rivalise avec son partenaire en ce qui concerne les dents serrées. Dwayne Johnson se prend toujours pour G.I. Joe et détourne une torpille à mains nues, Tyrese Gibson et Chris « Ludacris » Bridges rivalisent de vannes potaches, Nathalie Emmanuel fait plutôt ici de la figuration et ne participe pas du tout à l’action, Elsa Pataky fait coucou (et au revoir), tout comme Luke Evans, Helen Mirren et d’autres apparitions surprises, tandis que Kurt Russell vient empocher son salaire et pour se marrer. C’est surtout Jason Statham, dans le rôle d’Owen Shaw, méchant de l’épisode précédent, qui intègre finalement l’équipe (oui bon, c’est aussi crédible qu’un rebondissement de soap-opéra), qui se taille la part du lion à chaque apparition à l’instar de l’évasion de la prison et surtout une baston anthologique à bord d’un avion, flingue en main, l’autre tenant un couffin. Sa confrontation avec Dwayne Johnson est un grand moment et devrait prochainement donner naissance à un spin-off ! Nouveau venu, probablement pour « succéder » à Paul Walker, Scott Eastwood interprète un protégé de Kurt Russell et promène son charisme brouillon lisse de Clint Eastwood avec beaucoup d’humour. Et la grande méchante alors ? Charlize Theron, regard de glace et arborant des dreads, surjoue à chaque réplique et prend visiblement beaucoup de plaisir. Peut-être moins à embrasser Vin Diesel, mais c’est une autre histoire. N’oublions pas la participation du comédien norvégien Kristofer Hivju, le redoutable guerrier Tormund Giantsbane de la série Game of Thrones, ici en homme de main impitoyable.

Comme les trois derniers opus l’avaient démontré, la saga a su évoluer en même temps que les spectateurs qui la suivent depuis le début en se concentrant dorénavant sur l’action pure et simple dans la droite lignée d’une bande dessinée grâce à un montage percutant, mais heureusement toujours fluide, limpide, lisible. Il faut voir comment le metteur en scène s’amuse avec ses personnages, à leur faire défier les lois de la gravité, sauter de plusieurs mètres et se relever sans une égratignure, le sourire toujours aux lèvres, une bonne vanne prête à être dégainée, à l’instar de la séquence sensationnelle à New York où des voitures « zombies » sont lâchées dans les rues de la grosse Pomme. Comme une adaptation live du dessin animé MASK, rien n’est réaliste dans Fast & Furious 8 et c’est pourquoi le spectateur est amené à prendre son pied pendant ces 135 minutes menées tambour battant, même s’il est évident que faire reposer l’histoire (et le suspense) sur la trahison de Dom envers les siens, est aussi vraisemblable qu’envisager Vin Diesel pour le rôle de James Bond.

Les personnages ? On les connaît, on les fait évoluer un peu, suffisamment pour mettre en route le neuvième épisode, mais en attendant, comme des figurines dans des petites voitures, on les place derrière leur volant et on leur fait faire des pirouettes, des tonneaux, on les fait voler, on sort la grosse artillerie et on fait joujou (principalement pour de vrai) avec tous les véhicules possibles et imaginables, dont un sous-marin. C’est ça la franchise Fast & Furious, véritablement à part dans le cinéma et l’on est toujours éberlué de voir comment un petit film « à la mode » et sans prétention est devenu aujourd’hui une immense entreprise de divertissement, LA référence du genre action, généreux, invraisemblable et jusqu’au-boutiste, qui donne aux spectateurs TOUT ce qu’il désire à en avoir la mâchoire pendante, les tympans crevés et les yeux révulsés. Ce n’est même pas un plaisir coupable, car depuis quand prendre du plaisir serait-il honteux ?

On ne sait pas ce que les scénaristes nous réservent pour le neuvième volet. Vu comme c’est parti, on imagine très bien Toretto et sa « famille » rouler sur la Lune. C’est peu dire qu’on a hâte de connaître la suite, prévue désormais en avril 2020.

LE BLU-RAY

Universal sort la grosse artillerie ! Le Blu-ray de Fast & Furious 8 repose dans un boîtier Steelbook rutilant, bleuté et argenté. Le menu principal est animé, musical et plonge directement dans l’univers du film. La version Extended director’s cut (13 minutes supplémentaires) n’est pas disponible sur le Blu-ray, mais sur la copie Digitale, un comble !

Alors que James Wan avait refusé de réaliser le commentaire audio sur l’opus qu’il avait (brillamment) mis en scène, F. Gary Gray prend le micro et se livre avec plaisir à l’exercice. Pas un seul temps mort durant ce commentaire très bien mené, généreux en anecdotes de tournage et sur la collaboration du réalisateur avec ses comédiens. En arrivant sur le huitième épisode d’une saga, il est évident que l’homme aux manettes ait dû faire ses preuves, ce qui est le cas, mais F. Gary Gray explique comment il a pris le train en route et démontrer qu’il en avait sous le capot. Pardon pour tous ces jeux de mots. Le cinéaste détaille ses intentions, les partis pris et rend également hommage à toute son équipe, en indiquant qu’un spectacle-bulldozer de cet acabit ne se fait évidemment pas seul et qu’il serait honteux qu’il récolte tous les lauriers. Quelques propos involontairement drôles nous font beaucoup rire quand F. Gary Gray indique que Scott Eastwood a tout pour devenir une grande star, que Vin Diesel livre ici sa plus grande prestation dramatique (et qu’il le compare à Marlon Brando ou Humphrey Bogart) ou que la scène du baiser Diesel/Theron allait bouleverser l’histoire du cinéma. Rien que ça. Ah oui et l’un de ses films d’action préférés est Nikita de Luc Besson. Un commentaire très sympa on vous dit.

Chaque segment est ensuite présenté par un des comédiens du film face caméra.

Le premier module vidéo est consacré au tournage du film à Cuba (8’). Vin Diesel, le réalisateur F. Gary Gray, les acteurs, les producteurs, le réalisateur de la seconde équipe, les cascadeurs, le scénariste, qui reviennent d’ailleurs dans chaque supplément, interviennent pour partager leurs expériences. De nombreuses images du plateau dévoilent l’envers du décor et la préparation de la séquence d’ouverture.

S’enchaînent alors quatre suppléments consacrés aux personnages (22 minutes au total). Ce sont les bonus les plus promotionnels dans le sens où les comédiens racontent l’histoire, les enjeux, l’évolution des personnages par rapport aux épisodes précédents, ainsi que l’introduction des nouveaux protagonistes. Cette fois encore, les propos sont illustrés par des images de tournage.

Un des intérêts de Fast & Furious 8 est évidemment l’utilisation de bolides hors-du-commun. Nous avons donc 3 documentaires (21 minutes au total) consacrés au tournage avec les Dodge, les Ford et les vieilles Chevrolet, les Ferrari, Lamborghini, Jaguar, Toyota, Subaru ou un concept car, une Bentley GT Groupe, un tank Ripsaw prêté par le département de la défense, un hors-bord Mystic, un Buggy militaire Stryker. Avec quelques gros plans sur la Dodge Ice Charger de Dom, la Dodge Ice Ram Truck de Hobbs ou encore la Rally Fighter de Letty. De quoi faire plaisir aux fans. L’un des segments s’attarde également sur la création de la séquence new-yorkaise avec les voitures zombies et la « pluie de voitures » sur le bitume.

Trois autres suppléments se focalisent sur le tournage des plus grandes cascades du film, à Cuba (6’), en Islande (7’) et à New York (5’). Même principe que dans les segments précédents, on y trouve des interviews de l’équipe et des images de tournage.

L’interactivité se clôt sur les séquences de bastons en prison et en avion, proposées en version longue (5’).

L’Image et le son

Nous n’en attendions pas moins ! Le master HD de Fast & Furious 8 est éblouissant et s’inscrit instantanément dans la liste des disques de démonstration. Le piqué et le relief sont renversants, les contrastes léchés, de jour comme de nuit tout est magnifiquement restitué et les détails abondent aux quatre coins du cadre large avec une profondeur de champ abyssale. Les carrosseries sont divinement lustrées, l’apport HD reste omniprésent, d’autant plus que F. Gary Gray s’est équipé de toute une armada de caméras numériques en tous genres (Arri Alexa XT Plus, Blackmagic Micro, Red Weapon Dragon), la clarté est aveuglante, la colorimétrie est riche et bigarrée avec une prédominance de teintes bleutées et les noirs sont denses. Vive le Blu-ray !

Sans surprise, dès l’apparition du logo Universal, le fracassant et immersif mixage DTS-X (autrement dit 11.2, oui vous avez bien lu), qui s’encode automatiquement en DTS-HD Master Audio 7.1 (et 5.1 donc) si – comme la plupart – vous ne possédez pas le matériel approprié. Ce mixage exploite les latérales dans leurs moindres recoins, et ce jusqu’à la fin du film avec la séquence de poursuite sur la glace entre le sous-marin et les voitures. C’est peu dire que Fast & Furious 8 met à mal toute installation acoustique digne de ce nom. La musique de Brian Tyler bénéficie d’une spatialisation percutante et systématique, les effets, explosions, tôles froissées, déflagrations et ambiances annexes foisonnent sans jamais noyer les dialogues. Les moteurs rugissent de partout. A titre de comparaison, la piste française DTS 5.1 fait pâle figure face à son homologue du point de vue homogénéité car trop rentre-dedans et manque singulièrement de finesse. Les rares séquences calmes jouissent d’un beau traitement de faveur. N’oublions pas le caisson de basses qui ne tient pas en place sur le sol et fait vibrer les murs pendant plus de deux heures. Le chaos ! Top démo si vous désirez épater la galerie ! Epique !

Crédits images : © Universal Pictures International France / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Détenu en attente de jugement, réalisé par Nanni Loy

DÉTENU EN ATTENTE DE JUGEMENT (Detenuto in atessa di guidizio) réalisé par Nanni Loy, disponible en DVD le 5 octobre 2017 chez Tamasa Diffusion

Acteurs :  Alberto Sordi, Elga Andersen, Andrea Aureli, Lino Banfi, Antonio Casagrande, Mario Pisu…

Scénario :  Sergio Amidei, Emilio Sanna, Rodolfo Sonego

Photographie : Sergio D’Offizi

Musique : Carlo Rustichelli

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

Giuseppe Di Noi est géomètre et vit en Suède depuis sept ans. Il décide de prendre quelques semaines de vacances avec sa femme et ses enfants en Italie, son pays natal. Mais à la frontière, un douanier lui demande de le suivre, pour une simple formalité. À peine entré dans les locaux de la douane, il en ressort menotté et en état d’arrestation sans savoir de quoi on l’accuse. Convaincu que l’erreur sera vite éclaircie, le malheureux est mis en prison, à l’isolement, et aura à subir à un vrai chemin de croix judiciaire…

Quel choc ! Sorti en 1971, Détenu en attente de jugement Detenuto in attesa di giudizio est sans aucun doute l’un des plus grands films des années 1970. 45 ans après, le film de Giovanni Loi dit Nanni Loy (1925-1995), alors habitué des comédies à l’instar de son Hold-up à la milanaise (1959), la suite du mythique Pigeon de Mario Monicelli et père de la caméra cachée transalpine, n’a rien perdu de sa force et demeure même toujours d’actualité. Dans son premier rôle entièrement dramatique, Alberto Sordi, alors âgé de 50 ans et fêtant ses trente années de carrière consacrées essentiellement à la comédie, livre une prestation époustouflante qui hante encore les esprits bien longtemps après.

Depuis plusieurs années le géomètre Giuseppe Di Noi s’est installé en Suède, où il a épousé une femme suédoise. Père de deux petites filles, il est devenu un professionnel estimé. Après avoir signé un gros contrat, il décide d’emmener sa famille (et leur chien) en vacances en Italie pour une durée de trois semaines. Mais à la frontière italienne, juste après avoir franchi le Tunnel du Mont-Blanc, il est arrêté sans qu’on lui donne la moindre explication. Le cauchemar se prolonge bien au-delà de ce qu’il avait prévu, et il faudra l’acharnement passionné de son épouse et de son avocat pour montrer qu’il s’agit d’une erreur et obtenir la libération de l’innocent.

Ce très grand film, ce chef d’oeuvre qu’est Détenu en attente de jugement repose sur un scénario impitoyable signé Sergio Amidei (Rome ville ouverte, Païsa, Allemagne année zéro) et Rodolfo Sonego (Un héros de notre temps, Il Vedovo, L’Argent de la vieille). Autrement dit un scénariste préoccupé par la situation politique, sociale et économique de son pays, et le second habitué à écrire des rôles sur mesure pour le grand Alberto Sordi, « l’Albertone », le comédien italien le plus populaire de tous les temps. Ce dernier est vraiment fantastique dans le rôle de Giuseppe Di Noi, que l’on pourrait traduire par « comme nous », un individu comme les autres. Le succès et le triomphe d’Alberto Sordi pendant plus de soixante ans s’expliquent par cette empathie immédiate qu’il a toujours su créer, en incarnant l’italien moyen dans lequel les spectateurs se reconnaissaient. Ce « personnage » troque ici son nez rouge pour adopter le fard blanc du clown triste. Cette prestation bouleversante s’est vue récompensée par l’Ours d’argent du meilleur acteur au Festival de Berlin en 1972, ainsi que le David di Donatello partagé avec Giancarlo Giannini pour Mimi métallo blessé dans son honneur.

Victime du système judiciaire, politique et carcéral d’un pays en roue libre, Giuseppe Di Noi ne saura pas pourquoi il est arrêté, ni pourquoi on lui refuse le droit de se défendre ou tout simplement d’être écouté. Avec une caméra portée qui donne au film une dimension quasi-documentaire, ainsi qu’une photographie froide et aux teintes « immédiates » de Sergio D’Offizi, Nanni Loy plonge autant son personnage principal que les spectateurs dans un cauchemar kafkaïen, qui devient de plus en plus sombre et tortueux. L’humour noir sert de soupapes dans le premier acte, notamment lors de la fouille « en profondeur » du présumé coupable, mais déjà le malaise s’installe, quand Giuseppe doit se mettre à nu, au sens propre comme au figuré, tandis qu’on lui ôte toute dignité. Et le film agit toujours ainsi, en crescendo, en créant une sensation d’étouffement, à mesure que Giuseppe perd pied et espoir, au risque de sombrer dans la folie.

Alors que le personnage est transféré aux quatre coins du pays, en voiture, en train, en bateau, sous les huées des passants, il semble que Giuseppe doive se résoudre à rester emprisonné, dans des conditions de plus en plus dramatiques, déplorables et dangereuses puisqu’il échappe de peu à une tentative de viol collectif. S’il parvient à se sortir de cet enfer, nul doute que cette expérience le marque à vie.

Pamphlet corrosif, engagé et terrifiant sur les conditions aussi ancestrales que caduques des systèmes qui régissent l’Italie, pays obéissant encore à des règles fascistes dans l’unique but de broyer les individus, Détenu en attente de jugement est un triomphe à sa sortie et reste un film à découvrir absolument durant sa vie de cinéphile, d’autant plus qu’il demeurait encore inédit en France jusqu’en 2017.

LE DVD

Le DVD disponible chez Tamasa Diffusion repose dans un slim digipack cartonné qui comprend également un petit livret de 16 pages illustré et contenant les avis d’Olivier Père, de Justin Kwedi (DVDClassik), de Loïc Blavier (Tortillapolis), ainsi que des bios d’Alberto Sordi et de Nanni Loy, sans oublier la fiche technique du film. En guise d’interactivité nous trouvons une galerie de photos et d’affiches, ainsi que la bande-annonce. Le menu principal est fixe et musical. Petite erreur de la part de l’éditeur qui indique que le film date de 1960…

L’Image et le son

Posséder Détenu en attente de jugement en DVD était inespéré. Le film de Nanni Loy renaît donc de ses cendres chez Tamasa dans une copie – présentée dans son format 1.85 – d’une propreté souvent hallucinante. Point d’artefacts de la compression à signaler, aucun fourmillement, les couleurs se tiennent, le master est propre, immaculé, stable, les noirs plutôt concis et les contrastes homogènes. Hormis divers moirages et des séquences sombres au grain plus appuyé, le cadre fourmille souvent de détails, le piqué est joliment acéré, le relief et la profondeur de champ sont éloquents, les partis pris du célèbre directeur de la photographie Sergio D’Offizi (La Longue nuit de l’exorcisme) sont divinement bien restitués. Certains plans rapprochés tirent agréablement leur épingle du jeu avec une qualité technique quasi-irréprochable. Une véritable redécouverte, merci Tamasa !

Le confort acoustique est largement assuré par la piste mono d’origine italienne. Seule la version italienne est disponible, mais aucune raison de s’en plaindre. Ce mixage affiche une ardeur et une propreté remarquables, créant un spectre phonique fort appréciable et un bel écrin pour la musique de Carlo Rustichelli. Les effets et les ambiances sont nets. Les sous-titres ne sont pas imposés.

Crédits images : © SNC (Groupe M6) / Compass Movietime TDR / Tamasa /  Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Couple modèle, réalisé par Peter Askin

COUPLE MODÈLE (A Good marriage) réalisé par Peter Askin, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Rimini Editions

Acteurs :  Joan Allen, Anthony LaPaglia, Stephen Lang, Cara Buono, Kristen Connolly, Mike O’Malley, Theo Stockman, Will Rogers…

Scénario :  Stephen King, d’après sa nouvelle Bon ménage

Photographie : Frank G. DeMarco

Musique : Danny Bensi, Saunder Jurriaans

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 2014

LE FILM

Pour leurs amis, leurs enfants, leurs familles, Darcy et Bob Anderson forment un vrai couple modèle. 25 ans de mariage, pas le moindre accroc, et ils semblent amoureux comme au premier jour. Mais Darcy découvre que Bob pourrait être le violeur et le tueur en série qui sème la terreur dans la région depuis plusieurs années. Soudain l’horreur s’invite dans leur foyer…

S’il est indiscutable que Stephen King est et demeurera l’un des plus grands écrivains du XXe siècle, on ne peut pas dire que ses participations aux adaptations pour le grand écran (comme le petit) de ses romans et nouvelles soient autant réussies que ses écrits. Après les catastrophes en date, la série Under the Dome et le film Cell phone, et après ses avis dithyrambiques sur les transpositions (navrantes) de La Tour Sombre, The Mist et 22.11.63 (si si), on est finalement surpris de la réussite de Couple modèle, A Good Marriage, tiré de la nouvelle Bon ménage, parue en 2010 dans le recueil Nuit noire, étoiles mortes.

Darcy et Bob Anderson sont mariés depuis presque trente ans et vivent un bonheur simple. Un soir, alors que Bob est en déplacement, Darcy fouille dans le garage à la recherche de piles et trouve une boîte contenant diverses pièces d’identité. Elle identifie l’une d’elles comme celle d’une victime du tueur en série Beadie, qui sévit depuis de nombreuses années. En faisant des recherches, Darcy découvre que Bob était à chaque fois en déplacement dans une zone proche des crimes lorsqu’ils ont eu lieu, ce qui achève de la convaincre qu’il est le tueur. Darcy, incertaine sur la conduite à tenir, va se coucher en remettant sa décision au lendemain. Elle est réveillée par Bob, qui l’a appelée dans la soirée et a senti son trouble. Bob sait qu’elle a découvert son secret et lui explique calmement qu’il a des pulsions homicides depuis l’adolescence et que, malgré tous ses efforts et surtout l’équilibre que Darcy lui a apporté, il n’arrive pas toujours à les contrôler. Bob implore Darcy de ne rien révéler pour le bien de toute leur famille et lui promet de ne plus jamais recommencer. Darcy, secrètement horrifiée, accepte mais doute que son mari tienne son engagement.

S’il œuvre principalement à Broadway en tant que metteur en scène (Hedwig and the Andry Inch), Peter Askin, fondateur du Westside Theatre, a également tâté du cinéma. On lui doit notamment Company Man (2000), coécrit, coréalisé et interprété par Douglas McGrath. S’il est étonnant de le retrouver aux manettes d’une adaptation de Stephen King, le dispositif finalement proche du théâtre de Couple modèle lui convient parfaitement. Outre un scénario très efficace et pour une fois très fidèle à la nouvelle originale (Stephen King ne s’est pas trahi sur ce coup-là), ce qui fait la force du film est l’interprétation des deux comédiens principaux, la grande Joan Allen et Anthony LaPaglia (Jack Malone dans la série FBI – Portés disparus). Excellemment dirigés, les deux acteurs rivalisent de cynisme, d’ambiguïté et tout simplement de talent dans ce thriller-dramatique qui se moque de la belle vitrine affichée par la bonne famille américaine puritaine où tout semble merveilleux et synonyme de bonheur. Derrière les façades des belles maisons fraîchement repeintes, des monstres guettent et attendent la tombée de la nuit pour sortir et se repaître de sang frais. Ou comment un homme, mari et père-modèle, se révèle être un serial-killer, qui après ses crimes rentre tranquillement chez lui où l’attend son épouse avec un verre de vin et prête à lui masser les épaules pour le détendre après un déplacement fatiguant. Jusqu’à ce que la femme en question découvre la véritable identité de celui avec qui elle partage la vie depuis plus d’un quart de siècle.

Joan Allen incarne parfaitement le trauma, le choc, la douleur, puis le combat de Darcy dissimulé sous le masque désormais ébréché du quotidien. Couple modèle prend alors un goût amer et savoureux, quand les deux époux, désormais « honnêtes » l’un envers l’autre, tentent de reprendre le cours de leur vie. Jusqu’à ce que l’un des deux cède. Avec sa réalisation élégante et bien tenue, sa solide interprétation (n’oublions pas la courte, mais intense participation de Stephen Lang), son humour noir et sa peinture de l’American Way of Life faite de sang et de vitriol, Couple modèle ne devrait pas décevoir les fans de Stephen King.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Couple modèle, disponible chez Rimini Editions, repose dans un boîtier classique de couleur noire. La jaquette reprend le visuel de l’affiche américaine. Très efficace, elle saura interpeller les fans de Stephen King, dont le nom apparaît en plus gros caractères que celui des acteurs et surtout en rouge-sang. Le menu principal est sobre, animé et musical.

Seule la bande-annonce en version originale est disponible.

L’Image et le son

Couple modèle débarque chez nous directement en DVD et Blu-ray. L’éditeur soigne son master HD qui se révèle quasi-exemplaire. Les contrastes sont d’une densité rarement démentie, à part peut-être durant les séquences sombres où l’image paraît plus douce. Le reste du temps, la clarté demeure frappante, le piqué est affûté, les gros plans détaillés et la colorimétrie froide. Les détails sont élégants et précis aux quatre coins du cadre large.

Seule la version originale dispose d’une piste DTS-HD Master Audio 5.1. C’est évidemment ce mixage qui instaure un confort acoustique bien plus ample et plaisant que la version française (bon doublage) qui doit elle se contenter d’une petite PCM Stéréo. En anglais, la musique est systématiquement spatialisée grâce au soutien des latérales. Si les dialogues auraient mérité d’être un peu plus relevés sur la centrale, ils sont heureusement toujours nets et précis, la balance frontale est puissante et le caisson de basses utilisé à bon escient, sans esbroufe. La version originale est également disponible en PCM Stéréo, plus riche et naturelle que son équivalente française. Les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © Anrderson, Coins, LLC. All Rights Reserved / Rimini Editions / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?, réalisé par Maurizio Liverani

SAIS-TU CE QUE STALINE FAISAIT AUX FEMMES ? (Sai cosa faceva Stalin alle donne ?) réalisé par Maurizio Liverani, disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Helmut Berger, Margaret Lee, Silvia Monti, Benedetto Benedetti, Solveyg D’Assunta, Piero Vida…

Scénario :  Maurizio Liverani, Benedetto Benedetti

Photographie : Marcello Gatti

Musique : Roberto Perpignani

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1969

LE FILM

A la fin de la dernière guerre, deux jeunes intellectuels communistes partisans, Aldo et Benedetto, arrivent à Rome où ils vont vivre sous la protection d’un important homme politique de gauche. Benedetto, contrairement à Aldo qui s’est engagé politiquement avec sagacité, a choisi le communisme uniquement pour des raisons externes et par snobisme. Persuadé de ressembler à Staline et fasciné par la personnalité du dictateur, Benedetto pousse son admiration jusqu’à en imiter le comportement, les gestes et l’habillement. Lorsque le mythe de Staline s’effondre, Benedetto se trouvera dans une situation de conflit intérieur.

Etrange film que ce Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?Sai cosa faceva Stalin alle donne ? (1969), premier des deux seuls longs-métrages réalisés par Maurizio Liverani. Totalement inclassable, nawak, fourre-tout, prétentieux et attachant, inracontable, long, bavard, épuisant, une chose est certaine, c’est que cette comédie qui n’en est pas une, mais qui est considérée ainsi, ne laisse pas indifférent. Né en 1928, Maurizio Liverani est journaliste, réalisateur et écrivain, neveu d’Augusto Liverani, ministre des communications de la République de Salò, autrement dit la République sociale italienne dirigée par Benito Mussolini. A l’âge de 16 ans, Maurizio Liverani adhère au Parti Communiste Italien et s’engage dans la Résistance aux côtés du Corpo volontari della libertà durant la Seconde Guerre mondiale. En 1952, il devient journaliste au Paese Sera et se voit confier la page des spectacles, puis des événements culturels. Cela le mène à la critique de cinéma, puis Maurizio Liverani décide d’écrire et de réaliser son premier film, Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?, inspiré de ses propres souvenirs.

Comme des réminiscences, le récit semble fractionné et les séquences montées sans souci dramaturgique, tandis que certaines images d’archives s’incrustent pour situer le récit dans le temps. Satire sur le conformisme des intellectuels communistes romains, le film vaut essentiellement aujourd’hui pour son aspect expérimental (La Chinoise de Jean-Luc Godard a visiblement inspiré le réalisateur), son portrait de jeunes idéalistes fous ou hédonistes, ainsi que son casting hétéroclite. Ce quasi-opéra comique contre le communisme, animé par une indiscutable mais aussi harassante énergie, qui veut surtout ridiculiser le dogmatisme des militants, est « interprété » par Helmut Berger, au tout début de sa carrière et juste avant d’être dirigé par Luchino Visconti dans Les Damnés, ainsi que par les bombes Margaret Lee (Casanova ’70, Le Tigre se parfume à la dynamite, Les Insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock) et Silvia Monti (la Sofia qui prenait une douche sensuelle dans Le Cerveau de Gérard Oury).

Etrange également de retrouver le maestro Ennio Morricone dans ce joyeux bordel sans queue ni tête. Son excellente partition dirigée par Bruno Nicolai apporte un plus non négligeable à cette mixture confuse. Le film n’est pas le succès espéré à sa sortie, le public étant quelque peu décontenancé par l’aspect puzzle-foutraque qu’on lui propose. Maurizio Liverani ne reviendra derrière la caméra qu’en 1975 pour Il Solco di pesca, comédie coquine sans prétention. Depuis, sa carrière se résume à ses activités de journaliste et de réalisateur de documentaires. Pas certain que Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? attirera les cinéphiles contemporains, en dehors des plus déviants et des plus curieux qui tomberaient dessus par hasard, même si ces derniers risquent de perdre patience rapidement devant cet objet filmique incompréhensible.

LE DVD

Le DVD de Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! Le visuel de la jaquette fait penser à un film de la Nazisploitation, ce qui n’est évidemment pas le cas. Le verso montre tous les titres déjà disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné.

Cette collection, désormais entièrement chroniquée dans nos colonnes, a été éditée dans les bacs en trois vagues. La première en mars 2017 avec Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague au mois de juin avec Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). La dernière en septembre avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Pour ce dernier tour de piste, du moins en ce qui concerne cette collection, Stéphane Roux rame quelque peu pour présenter Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? (9’). L’historien indique rapidement qui est le réalisateur Maurizio Liverani en mentionnant son parcours, et se focalise après sur le casting, en particulier Helmut Berger, ainsi que sur la musique d’Ennio Morricone. Cette introduction est souvent entrecoupée d’extraits du film et nous n’en tirons finalement pas grand-chose.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Nous ne dirons pas que l’éditeur clôt cette collection en beauté, puisque le master proposé de Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? est probablement le pire de tous. Usée jusqu’à la moelle, sale, constellée de points et de tâches, de rayures verticales, de griffures, de plans flous, de scories diverses et variées, cette copie fait mal aux yeux du début à la fin avec également un gros grain grumeleux et des couleurs fanées. Néanmoins, l’ensemble du film n’est pas pire que le générique en ouverture, presque illisible.

Même chose en ce qui concerne l’acoustique. La piste unique italienne demeure parasitée par un bruit de fond constant et des voix pincées, avec des dialogues tantôt sourds tantôt aigus, ainsi que de nombreuses saturations. N’ayez pas peur des craquements et des grésillements, car ils ne sont pas rares. Les sous-titres français sont imposés sur un lecteur de salon.

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Conseils/ Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Boule & Bill 2, réalisé par Pascal Bourdiaux

BOULE & BILL 2 réalisé par Pascal Bourdiaux, disponible en DVD et Blu-ray le 30 août 2017 chez Pathé

Acteurs :  Charlie Langendries, Franck Dubosc, Mathilde Seigner, Jean-François Cayrey, Nora Hamzawi, Isabelle Candelier, Manu Payet…

Scénario :  Benjamin Guedj d’après la bande dessinée de Roba

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

La famille de Boule mène une existence aussi heureuse que paisible. Bill est parfaitement intégré dans cette petite famille, Boule travaille bien à l’école, sa maman donne des cours de piano à domicile tandis que son père est un dessinateur reconnu.
Tout bascule lorsque l’éditrice de ses bandes dessinées, bourrue et acariâtre, rejette le travail du père de Boule. Elle y voit une grosse panne d’inspiration due au fait que sa famille vit dans un bonheur très négatif sur sa créativité. Le père de Boule revient à la maison avec la ferme intention de réveiller sa famille de ce bonheur en générant un grand nombre de « bêtises ».
Boule et Bill mais aussi la maman vont également se mettre à faire dérailler ce « bonheur » familial jusqu’à l’explosion.

L’année 2017 n’a pas été simple pour le réalisateur Pascal Bourdiaux ! Deux échecs commerciaux et critiques très importants avec Mes trésors en janvier et Boule & Bill 2 en avril ! Avant de mettre en scène son premier long métrage en 2010, Le Mac, 1,5 millions d’entrées, Pascal Bourdiaux a d’abord fait ses classes sur la shortcom Un gars, une fille en réalisant près de 500 épisodes ! Il était aussi l’un des premiers à offrir à Kev Adams la tête d’affiche d’un film avec Fiston, dans lequel le jeune comédien donnait la réplique à Franck Dubosc. Porté par une critique positive et un bon bouche à oreille, près de deux millions de spectateurs avaient accueilli favorablement cette très bonne comédie. Pour Mes trésors et Boule & Bill 2 c’est une autre affaire.

Nous ne reviendrons pas sur Mes trésors, mais Boule & Bill 2 souffre des mêmes maux. Les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse, en cumulant les gags mous et les dialogues au rabais, sans oublier l’action de pacotille et une mise en scène fonctionnelle. Cette suite du film d’Alexandre Charlot et Franck Magnier (scénaristes d’Astérix aux Jeux Olympiques, Bienvenue chez les Ch’tis, Lucky Luke, R.T.T. et Imogène McCathery), qui ne s’imposait pas, mais alors pas du tout, s’offre le luxe d’être encore pire que le premier opus. En voyant ce nouveau volet, adaptation de la bande dessinée Boule & Bill, on se demande ce qui a pu se passer dans la tête de certains producteurs, sans doute trop confiants de penser que les 2 millions de spectateurs qui s’étaient déplacés dans les salles en 2013 pour la première « transposition » reviendraient. Mais c’était sans compter les mauvaises critiques et les avis négatifs. Une fois de plus, cette seconde adaptation live de l’oeuvre de Jean Roba ne retranscrit en rien la bande dessinée créée en 1959, à part peut-être la célèbre salopette bleue de Boule, et se trouve surtout dépourvue d’humour.

Franck Dubosc qui parvenait à s’en sortir dans le premier fait ici pitié. Ceci est d’autant plus regrettable qu’il peut parfois être très bon (Fiston, Les Seigneurs, Incognito), mais ce n’est pas en enchaînant les bouses-navets-nanars (Pension complète, Les Visiteurs : La Révolution, Camping 3, Les Têtes de l’emploi) qu’il parviendra à le prouver une fois de plus. Marina Foïs a eu du flair, puisqu’elle a gentiment refusé de reprendre son rôle de la maman de Boule. Elle laisse sa place à l’inénarrable Mathilde Seigner. Avec son jeu aussi léger qu’un 38 tonnes, l’actrice agace d’emblée par ses tics et ses répliques qui ne tombent jamais juste. Cela ne dure que 80 minutes montre en main et cela en paraît le double. C’est inter-minable, laid, niais. Du point de vue technique, la photo est orange, les décors aussi, les accessoires également, comme les cheveux de Boule et le teint de Mathilde Seigner.

Pourtant, la première séquence annonce d’emblée ce que sera le film à travers la réplique (sans trucage) « C’est de la merde. C’est à chier. C’est de la crotte, c’est du caca, c’est de la bouse, c’est du fumier, c’est de la pétoule de lapin, c’est de la fiente ». Bravo pour un film qui cible avant tout les très jeunes spectateurs ! Avec à peine 500.000 entrées pour un budget de près de 16 millions d’euros, Boule & Bill 2 rejoint le club des catastrophes industrielles aux côtés de Benoît Brisefer : les Taxis Rouges. La « franchise » est bel et bien enterrée. Tant mieux.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Boule & Bill 2, disponible chez Pathé, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Seul un bêtisier (8’) est proposé comme supplément. Sans doute pour faire ce que le film ne parvient jamais, faire sourire.

L’Image et le son

Ce transfert HD s’avère soigné, l’univers de la BD est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes (les teintes orangées surtout), les contrastes sont au beau fixe et le piqué agréable. La définition est au top et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent et des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes.

Boule & Bill 2 n’est pas à proprement parler d’un film à effets et le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne fait pas d’esbroufe inutile. Seule la musique de Mathieu Lamboley est impeccablement spatialisée. Les effets latéraux et autres ambiances ont bien du mal à percer sur la scène arrière et pour cause puisque le film se déroule étrangement et très souvent dans l’appartement ou dans la maison. Quelques petites basses soulignent bien une ou deux scènes, mais demeurent le plus souvent en mode veille. La voix de Bill – Manu Payet se démarque sur la centrale avec un cran au-dessus de celles des autres comédiens. L’éditeur joint également une piste Stéréo, des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Nicolas Schul / Pathé Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir, réalisé par Alberto Sordi

TANT QU’IL Y A DE LA GUERRE, IL Y A DE L’ESPOIR (Finché c’è guerra c’è speranza) réalisé par Alberto Sordi, disponible en DVD le 12 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Alberto Sordi, Silvia Monti, Alessandro Cutolo, Matilde Costa Giuffrida, Marcello Di Falco, Mauro Firmani, Eliana De Santis, Fernando Daviddi, Edoardo Faieta…

Scénario :  Alberto Sordi, Leonardo Benvenuti, Piero De Bernardi d’après une histoire originale d’Alberto Sordi

Photographie : Sergio D’Offizi

Musique : Piero Piccioni

Durée : 1h58

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Un homme d’affaires essuie le mépris de sa femme et de ses enfants lorsque ceux-ci découvrent qu’il est marchand d’armes.

Immense star en Italie, peut-être la plus grande de toute l’histoire du cinéma transalpin, adulé par les spectateurs, encore plus que les autres piliers Marcello Mastroianni, Vittorio Gassman, Nino Manfredi, Ugo Tognazzi et autres monstres, Alberto Sordi (1920-2003) a non seulement fait les grandes heures de la comédie italienne, mais il a également été metteur en scène d’une quinzaine de longs métrages et deux segments de films à sketches. De Fumo di Londra (1966) à Incontri Proibiti (1998), Alberto Sordi est passé durant plus de trente ans derrière la caméra pour s’investir plus personnellement dans certaines œuvres qui lui tenaient plus à coeur. C’est le cas du méconnu et pourtant irrésistible Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoirFinché c’è guerra c’è speranza.

Dans cette sixième réalisation, Alberto Sordi interprète Pietro Chiocca, ancien commerçant milanais de pompes hydrauliques, reconverti dans un commerce plus lucratif, celui des armes à feu. Il parcourt les pays du Tiers Monde, déchirés par les guerres civiles. Grâce à ses affaires, sa famille, déjà aisée et habitant en centre-ville, peut enfin s’installer dans une luxueuse villa avec jardin, comblant ainsi sa femme à laquelle il ne refuse rien. Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce qu’un journaliste qui lui avait procuré le contact pour la vente d’armes à un mouvement de libération national dans l’état africain de la Guinée-Bissau, ne dénonce les agissements de Chiocca. Loin de se reposer sur ses lauriers, Alberto Sordi n’aura de cesse de se renouveler de film en film, à l’instar du sensationnel Détenu en attente de jugement de Nanni Loy (1971). Quarante ans avant Lord of War d’Andrew Niccol, même si dans un autre registre, Alberto Sordi s’attaquait donc aux profiteurs de guerre.

Essentiellement tourné au Sénégal avec quelques séquences en français dans le texte, Finché c’è guerra c’è speranza est un vrai bijou de la comédie italienne, centrée sur un individu sans aucune morale ni aucun scrupule, qui exploite les tensions et les conflits en Afrique afin d’y vendre toutes les armes possibles et imaginables. Alberto Sordi apporte son empathie habituelle à ce personnage ignoble, espérant qu’une guerre soit votée au détriment du financement de l’agriculture, pour ensuite proposer quelques échantillons (grenades, balles explosives) bien rangés dans sa valise. Et quand un concurrent marche sur ses plates-bandes, Chiocca ne recule devant rien pour épater les leaders prêts à lui acheter tout son arsenal, surtout qu’il a une famille à nourrir et que sa femme et ses enfants sont les premiers à dépenser l’argent dont ils ne se préoccupent pas de la provenance.

Charge féroce et impitoyable où tout le monde en prend pour son grade, où les institutions et les gouvernements de chaque pays s’avèrent autant corrompues qu’hypocrites, Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir démontre comme son titre l’indique qu’il y aura toujours des individus qui s’en mettront plein les poches, tant qu’il y aura des états à renverser et des guerres de religion.

LE DVD

Le DVD de Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette se focalise uniquement sur Alberto Sordi. Le verso montre tous les titres déjà disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est fixe et muet. Aucun chapitrage. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné.

Cette collection, bientôt entièrement chroniquée dans nos colonnes, a été éditée dans les bacs en trois vagues. La première en mars 2017 avec Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague au mois de juin avec Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). La dernière en septembre avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Nous retrouvons un Stéphane Roux très inspiré pour la présentation de Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir (14’). Après une belle introduction d’Alberto Sordi comédien (peut-être le plus populaire de tous les temps en Italie), l’historien du cinéma se penche sur la carrière méconnue d’Alberto Sordi réalisateur, en indiquant quelques-unes de ses mises en scène et pourquoi l’acteur avait décidé de passer également derrière la caméra. Stéphane Roux en vient au film qui nous intéresse en mentionnant les difficultés du tournage au Sénégal, le travail des scénaristes et le très grand succès dans les salles italiennes.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

C’est là que le bât blesse comme pour Belfagor le magnifique et Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ?. On ne peut pas vraiment parler de définition ici puisque le master est constellé de scories, de points, de tâches et semble parasité par un voile grumeleux du début à la fin. La gestion des contrastes est totalement absente, les couleurs sont délavées, l’image tremble. Cette copie semble provenir d’un autre temps et aucun effort de restauration n’a semble-t-il été réalisé. C’est ici un dilemme pour les cinéphiles puisqu’il s’agit de la seule opportunité de découvrir Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir.

Point de restauration pour les deux pistes proposées. La version française est étonnamment la plus dynamique ne serait-ce qu’au niveau de la délivrance des dialogues, plus clairs et moins étouffés qu’en français, malgré un bruit de fond chronique. Les ambiances sont soigneusement restituées sur les deux pistes. L’incontournable musique de Piero Piccioni est quant à elle parfaitement restituée. Dans les deux cas, n’hésitez pas à monter le volume, même si un souffle persiste, afin de bénéficier au mieux des échanges entre les personnages. Les sous-titres français – qui se contentent de retranscrire les dialogues français et non de traduire les véritables dialogues – sont imposés sur la version originale. Notons également que l’éditeur n’a toujours pas réglé les problèmes au niveau des retranscriptions des « oe » (« cur » à la place de « coeur », « ufs » à la place de « oeufs ») !

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Conseils / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / M15 demande protection – The Deadly Affair, réalisé par Sidney Lumet

M15 DEMANDE PROTECTION (The Deadly Affair) réalisé par Sidney Lumet, disponible en DVD et Blu-ray le 10 octobre 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  James Mason, Simone Signoret, Maximilian Schell, Harriet Andersson, Harry Andrews, Kenneth Haigh, Roy Kinnear…

Scénario :  Paul Dehn d’après le roman « L’Appel du mort » (Call for the Dead) de John le Carré

Photographie : Freddie Young

Musique : Quincy Jones

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

L’agent Charles Dodds enquête sur Samuel Fennan, soupçonné de sympathie envers le régime communiste. Après un interrogatoire où Fennan dément toute implication envers le communisme, il est retrouvé mort. L’agent Dodds va devoir prouver qu’il s’agit d’un meurtre…

Le romancier John le Carré (né en 1931) a travaillé pour les services secrets britanniques dans les années 50 et 60. L’auteur de L’Espion qui venait du froid, adapté dès 1965 par Martin Ritt avec Richard Burton, est certes le mieux placé pour décrire le monde des agents qu’il a côtoyés mais, une chose est certaine, c’est que ses histoires sont loin d’être aussi « explosives » qu’un James Bond. Pourtant, moult cinéastes se sont essayés à la transposition de cet univers glacial. Martin Ritt donc, Frank Pierson avec Le Miroir aux espions (1969), George Roy Hill avec La Petite Fille au tambour (1984), Fred Schepisi avec La Maison Russie (1990) porté par Sean Connery et Michelle Pfeiffer. Il faudra attendre les années 2000 pour que les scénaristes jettent à nouveau leur dévolu sur les romans de John le Carré. John Boorman avec Le Tailleur de Panama (2001), Fernando Meirelles avec The Constant Gardener (2005), probablement la plus belle et intense transposition à l’écran de le Carré, Tomas Alfredson avec La Taupe (2011), largement surestimé et d’un ennui mortel, sans oublier le talentueux Anton Corbijn avec le passionnant Un homme très recherché (2013), avec le regretté Philip Seymour Hoffman, dans sa dernière très grande prestation. Dernière transposition en date, Un traître idéal, adapté du roman Un traître à notre goût, publié en 2011, un honnête thriller. Mais l’exemple type du passage à l’écran d’une œuvre de John le Carré demeure M15 demande protection, titre français absurde de The Deadly Affair, réalisé par le géant Sidney Lumet en 1966.

Comme la plupart des autres adaptations de le Carré au cinéma, l’intrigue de The Deadly Affair, adaptée du roman L’Appel du mort, part dans tous les sens et l’action est absente, mais Sidney Lumet et son scénariste Paul Dehn (Goldfinger, L’Espion qui venait du froid) privilégient une approche intimiste originale. Pendant la Guerre froide, en Angleterre, Samuel Fennan, un employé du ministère des Affaires Etrangères accusé d’amitiés communistes, est retrouvé mort. Tout pousse à croire à un suicide mais Charles Dobbs, officier au Secret Intelligence Service, MI5 (pour Military Intelligence, section 5), en charge de l’enquête pour le ministère de l’Intérieur et qui a rencontré Fennan la veille de sa disparition, ne croit pas qu’il se soit ôté la vie. Ses supérieurs veulent rapidement classer l’affaire mais Dobbs insiste et finit par démissionner afin d’avoir les mains libres pour mener son enquête. Il rend alors visite à la veuve de Fennan, qui lui impute la responsabilité de la mort de son mari. Au même moment, un vieil ami et compagnon de guerre réapparaît dans sa vie.

M15 demande protection permet à Sidney Lumet de se livrer à quelques expériences. Comme il s’agit d’un film sur le désenchantement et la désillusion, le cinéaste a demandé à son chef opérateur Freddie Young (Lawrence d’Arabie, Le Docteur Jivago) de créer une palette de couleurs « sans couleur », d’atténuer les teintes, de les éteindre, afin d’appuyer l’atmosphère grisâtre de John le Carré, qui reflète un espionnage plus quotidien, neutre, peuplé de personnages qui ne savent pas où ils mettent les pieds, qui naviguent continuellement en eaux troubles, sur des terrains peu sûrs, où la réalité n’est jamais ce qu’elle paraît être. Loin de l’agent 007, les agents sont ici des bureaucrates, très rarement armés, qui déambulent dans des quartiers sales, glauques, sordides, où tout le monde soupçonne tout le monde et où la Realpolitik a eu raison des sentiments positifs. Plus que l’histoire d’espionnage elle-même, Sidney Lumet s’intéresse au drame psychologique vécu par les personnages, mais également aux ambiances et aux sensations.

The Deadly Affair est un film qui sent le feutre, le velours, l’encre, le sexe et la mort. La trahison est omniprésente, étatique et conjugale puisque la femme de Dodds est nymphomane et n’a de cesse de le tromper. Lumet et son scénariste se concentrent sur l’histoire personnelle de leur personnage principal, merveilleusement incarné par James Mason. Si la Paramount était détentrice du copyright du nom George Smiley depuis L’Espion qui venait du froid, le comédien britannique interprète ce même personnage rebaptisé ici Charles Dodds. Le regard tombant, la démarche fatiguée, le corps usé, le héros est ici malin, mais pas invulnérable et même tragique. Sidney Lumet instaure un climat sombre et pluvieux où tous les protagonistes semblent avoir quelque chose à se reprocher. En bénéficiant d’un casting européen, le cinéaste joue avec la musicalité des accents, entre la française Simone Signoret, l’allemand Maximilian Schell, la suédoise Harriet Andersson. Cette confrontation des langues appuie les tensions et surtout les suspicions des agents britanniques, dont le détective privé merveilleux incarné par Harry Andrews.

Afin de lui conférer un cachet intemporel, Quincy Jones compose une bande-originale décalée et bossa nova, qui contraste et qui pourtant s’intègre parfaitement à la complexité du récit et de ses personnages. Ce contrepied mélancolique aux aventures fantaisistes de 007 se cristallise lors du climax sensationnel où tous les protagonistes se retrouvent au théâtre, devant une représentation d’Edouard II, pièce sur la trahison, interprétée par David Warner. Les jeux de regards s’entrecroisent, les traitres se révèlent, les estomacs se retournent. C’est ici l’art du montage, du cadre et de la direction d’acteurs. C’est aussi virtuose qu’anthologique. Considéré comme un Lumet « mineur », M15 demande protectionThe Deadly Affair contient pourtant une des plus grandes séquences de toute l’immense carrière du réalisateur et rien que pour ça (mais pas seulement), le film mérite d’être reconsidéré.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Deadly Affair, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Trois présentations du film de Sidney Lumet pour le prix d’une ! Si elles se recroisent forcément à travers certains arguments identiques, ces trois interviews parviennent heureusement à se compléter suffisamment. Notre préférence se tourne vers celle de Bertrand Tavernier (25’30). Notre interlocuteur se moque gentiment du titre français (M15 et non pas MI5 !), évoque le roman L’Appel du mort de John Le Carré et revient en détails sur tous les éléments qui font pour lui la grande réussite du film : les décors, la photographie du chef opérateur Freddie Young, les thèmes sombres qui contrastent avec l’exotisme des James Bond qui triomphent dans le monde entier. Bertrand Tavernier examine le casting et déclare avoir de grandes réserves sur le jeu de l’actrice suédoise Harriet Andersson, tandis qu’il encense la prestation d’Harry Andrews et celle de Simone Signoret. S’il parle de deux ou trois éléments qu’il juge inappropriés, inutiles ou maladroits (deux plans en ouverture, l’esthétique quelque peu datée), Bertrand Tavernier fait l’éloge de la séquence finale quand les personnages se retrouvent au théâtre.

L’historien du cinéma Patrick Brion prend ensuite le relais (9’). Plus concis, ce dernier aborde tout d’abord la photo de Freddie Young et les volontés artistiques. Le travail sur la pellicule, les partis pris, les décors sont ensuite passés au peigne fin. L’adaptation de John le Carré est ensuite comparée à celle de L’Espion qui venait du froid, film réalisé par Martin Ritt et sorti l’année précédente. Pour Patrick Brion, The Deadly Affair est peut-être la plus belle transposition d’un des romans de l’écrivain au cinéma. Il s’attarde également sur le casting.

Dans le dernier entretien de cette édition, François Guérif (6’) parle tout d’abord du roman de John le Carré, avant d’analyser lui aussi les thèmes et les partis pris de M15 demande protection, titre français qui le fait encore rire comme son camarade Bertrand Tavernier avec qui il partage le même avis négatif sur Harriet Andersson. Il s’agit probablement du module le plus facultatif en raison de ses arguments quelque peu redondants, même si François Guérif demeure le plus critique sur le film de Sidney Lumet.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie d’affiches.

L’Image et le son

Très beau Blu-ray que celui édité par Sidonis Calysta ! Le disque est au format 1080p (AVC). Le master restauré par Sony respecte les magnifiques partis pris esthétiques du mythique chef opérateur Freddie Young avec cette palette de couleurs spécifique, volontairement fanées avec une prédominance de teintes brunes. Le grain est respecté, parfois peut-être un peu lissés ou au contraire trop duvêteux sur certaines scènes sombres, mais les détails ne manquent pas à l’instar de l’éclat des yeux bleus de Simone Signoret ou sur les nombreux gros plans. Hormis quelques séquences plus douces, la définition est impressionnante et l’image affiche une indéniable propreté.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 distillent parfaitement la musique de Quincy Jones. Néanmoins, la piste française se focalise sans doute trop sur le report des voix, au détriment des ambiances annexes. La piste originale est très propre, sans souffle, dynamique et suffisamment riche pour instaurer un très bon confort acoustique. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue impossible à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Il Gaucho, réalisé par Dino Risi

IL GAUCHO réalisé par Dino Risi, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez ESC Editions

Acteurs :  Vittorio Gassman, Amedeo Nazzari, Silvana Pampanini, Nino Manfredi, Maria Grazia Buccella, Annie Gorassini, Nando Angelini…

Scénario :  Dino Risi, Ruggero Maccari, Tullio Pinelli, Ettore Scola

Photographie : Alfio Contini

Musique : Armando Trovajoli

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1964

LE FILM

Marco Ravicchio, un attaché de presse financier « légèrement » à court d’argent, accompagne une compagnie de production italienne pour un voyage d’affaires en Argentine, afin de présenter un film lors d’un festival. Quand ce n’est pas avec les femmes, il passe le plus clair de son temps, à essayer de gagner un maximum d’argent, soit aux paris, soit en soutirant de l’argent auprès d’un italien expatrié, devenu un riche et prospère industriel…

La carrière du maître Dino Risi a été tellement grandiose, que l’on a de cesse de découvrir des pépites oubliées. C’est le cas avec Il Gaucho, réalisé en 1964, sixième collaboration entre le cinéaste et le comédien Vittorio Gassman, sur les 16 films qu’ils tourneront ensemble, de L’homme aux cent visages (Il mattatore) en 1959 à Valse d’amour en 1990. A peine sortis du chef d’oeuvre Le Fanfaron (1962) et des mythiques Monstres (1963), grisés par le succès et animés par la même énergie, les deux hommes remettent immédiatement le couvert avec Il Gaucho et partent tourner en Argentine. Méconnu, dissimulé derrière des œuvres devenues très populaires, Il Gaucho est pourtant l’une des plus grandes réussites de Dino Risi.

Vittorio Gassman est Marco Ravicchio. Marié et père de famille, il conduit une misérable délégation de cinéastes italiens à un festival à Buenos Aires, ainsi que quelques starlettes. Un italien expatrié, qui a fait sa fortune en Argentine, organise une réception somptueuse pour impressionner cette troupe. Entre mesquinerie et provincialisme, les Italiens découvrent en Argentine un monde qu’ils ne connaissent pas. Comme il se trouve à des milliers de kilomètres de chez lui, Marco décide de prendre du bon temps et espère retrouver un de ses anciens amis, parti faire fortune à Buenos Aires. Sous ses airs clinquants et déambulant dans au milieu des vedettes de cinéma, Marco s’est en réalité endetté et se voit vite rattrapé par sa situation.

On l’a souvent répété, mais Vittorio Gassman est une fois de plus immense dans Il Gaucho où il campe un personnage lâche, prétentieux, cupide, cruel, en un mot humain. Véritable typhon, le comédien virevolte constamment, nous gratifie de son immense sourire et emporte les spectateurs dans ses délires. De là à penser que son jeu inspirera le Belmondo des années 1970 il n’y a qu’un pas. Cependant, et c’est là tout le génie de Dino Risi et de ses coscénaristes, dont l’imminent Ettore Scola, l’énergie et la bonne humeur quotidienne du personnage, dissimulent en réalité la peur de se retrouver démuni ou tout du moins d’avoir des difficultés à joindre les deux bouts. Alors que le film est mené à cent à l’heure, Dino Risi effectue un virage inattendu en plein milieu de son récit, pour se concentrer sur les retrouvailles de Marco avec un ami d’enfance, Stefano, interprété par un autre monstre de la comédie italienne, Nino Manfredi, sublime et poignant, récompensé par le Grolla d’Oro du meilleur acteur en 1965.

Pensant que Stefano a réussi dans les affaires en Argentine, conformément à ses rêves, Marco tombe des nues quand il découvre son ami marié à une femme ingrate et vivant dans un appartement fort modeste, rongé par l’humidité. Stefano, vêtu d’un costume, probablement le seul qu’il possède, froissé et trop grand pour lui, a du mal à jouer bonne figure devant son ami, tandis que Marco, le visage affaissé et le regard triste, ne peut jouer son numéro habituel devant Stefano avec qui il a toujours été honnête. Dino Risi s’interroge alors sur le temps qui passe, sur les désillusions, sur les occasions manquées, sur le sort réservé à ceux qui n’ont pas eu la chance de réussir dans la vie. Une grande mélancolie s’installe durant cette incroyable séquence, la plus belle du film, tandis que Marco montre enfin son véritable visage, loin des paillettes et des mirages du monde du cinéma.

Le film reprend alors sur un ton doux-amer et même si l’humour est toujours aussi présent (un homme qui pourrait bien être Hitler est devenu jardinier, les bimbos qui ne comprennent rien à ce qui se dit ou qui croient voir la ligne de l’Equateur par le hublot), la vraie vie s’est immiscée un temps et tout ce qui est désormais montré dans le monde professionnel de Marco, fait de strass, de champagne, d’hôtels de luxe et de paillettes, est encore plus superficiel qu’au début. Il Gaucho est un film à redécouvrir et à réhabiliter d’urgence.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray d’Il Gaucho est disponible chez ESC Editions, dans la collection intitulée Edizione Maestro, consacrée aux grands maîtres du cinéma italien, dont certains films inédits sont même proposés en Haute-Définition ! La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur noire (contrairement au visuel), lui-même glissé dans un surétui cartonné, se focalise uniquement sur Vittorio Gassman. Le verso montre tous les titres déjà disponibles dans cette superbe collection ! Le menu principal est animé et musical. Aucun chapitrage.

Cette collection, bientôt entièrement chroniquée dans nos colonnes, a été éditée dans les bacs en trois vagues. La première en mars 2017 avec Le Prophète de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Brancaleone s’en va-t-aux Croisades de Mario Monicelli (Blu-ray et DVD), Moi, moi, moi… et les autres d’Alessandro Blasetti (DVD) et Bluff – Histoire d’escroqueries et d’impostures de Sergio Corbucci (DVD). La seconde vague au mois de juin avec Les nuits facétieuses d’Armando Crispino et Luciano Lucignani (Blu-ray et DVD), Le Canard à l’orange de Luciano Salce (Blu-ray et DVD), Les russes ne boiront pas de Coca Cola de Luigi Comencini (DVD) et Histoire d’aimer de Marcello Fondato (DVD). La dernière en septembre avec Il Gaucho de Dino Risi (Blu-ray et DVD), Belfagor le magnifique d’Ettore Scola (DVD), Sais-tu ce que Staline faisait aux femmes ? de Maurizio Liverani (DVD) et Tant qu’il y a de la guerre, il y a de l’espoir d’Alberto Sordi (DVD).

Une fois de plus, nous retrouvons l’historien du cinéma Stéphane Roux pour une présentation d’Il Gaucho (13’). Visiblement très inspiré par ce chef d’oeuvre, notre interlocuteur s’attarde avec une passion contagieuse sur la collaboration du tandem Vittorio Gassman/Dino Risi, sur les personnages du film et explique en le citant qu’Il Gaucho était l’un des meilleurs souvenirs de cinéma du comédien. Stéphane Roux évoque également le succès critique et public du film, les thèmes, la méthode de travail de Dino Risi et d’Ettore Scola, le tout avec quelques anecdotes de tournage intéressantes.

L’interactivité se clôt sur une succession de bandes-annonces des douze films que comptera la collection Edizione Maestro.

L’Image et le son

Mauvais point, le Blu-ray proposé est au format 1080i et ne respecte pas la vitesse de défilement originale de la pellicule, ici plus rapide. Malgré tout, le master HD d’Il Gaucho proposé ici est de fort bonne facture avec notamment une superbe restauration, des contrastes denses, une luminosité plaisante et un grain respecté. Hormis divers décrochages sur les fondus enchaînés, des fourmillements à la 72e minute (la séquence dans l’appartement de Stefano) et des petites déchirures ici et là, le Blu-ray d’Il Gaucho installe un confort de visionnage évident et cette copie qui ne manque pas d’éclat participe à la (re)découverte de ce bijou oublié de Dino Risi.

Comme pour l’image, le son a également un dépoussiérage de premier ordre. Résultat : aucun souci acoustique constaté sur ce mixage italien Stéréo 2.0 aux sous-titres français imposés, pas même un souffle parasite. Le confort phonique de cette piste unique est total, les dialogues sont clairs et nets, même si les voix des comédiens, enregistrées en postsynchronisation, peuvent parfois saturer ou apparaître en léger décalage avec le mouvement des lèvres.

Crédits images : © R.T.I. S.P.A. / ESC Conseils/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / État d’urgence, réalisé par Frédéric Forestier

ÉTAT D’URGENCE (The Peacekeeper) réalisé par Frédéric Forestier, disponible en DVD et Blu-ray le 12 septembre 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs :  Dolph Lundgren, Montel Williams, Roy Scheider, Michael Sarrazin, Christopher Heyerdahl, Monika Schnarre,Tim Post…

Scénario :  Stewart Harding, Robert Geoffrion

Photographie : John Berrie

Musique : François Forestier

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1997

LE FILM

Un groupe de terroristes prend d’assaut une base militaire américaine qui abrite des missiles nucléaires et menace le Pentagone. C’était sans compter sur Major Frank Cross, l’élite de l’armée US.

État d’urgenceThe Peacekeeper marque l’entrée de l’action-man Dolph Lundgren dans le Direct-to-Video. Pourtant, les succès s’étaient enchaînés pour l’acteur suédois depuis sa révélation dans Rocky IV en 1985, du Scorpion rouge de Joseph Zito (1988) à Universal Soldier de Roland Emmerich (1992). Après The Shooter de Ted Kotcheff (1995) et Tireur en péril de Russell Mulcahy (1996, directement sorti en VHS), Dolph Lundgren décide de mettre une parenthèse à sa carrière afin de se consacrer à sa famille. Il retrouve les chemins des studios un an après pour État d’urgence, réalisé par un jeune metteur en scène français de 26 ans, Frédéric Forestier. Porté par le triomphe dans les festivals internationaux de son court-métrage Paranoïa (1993) avec Jean Reno et Michèle Laroque, Frédéric Forestier se retrouve à la barre d’une belle production américaine de huit millions de dollars, un film d’action qui va lui permettre de faire ses preuves derrière la caméra. Entre Piège de cristal de John McTiernan et L’Ultimatum des trois mercenaires de Robert Aldrich, État d’urgence se voit aujourd’hui comme un chant du cygne du divertissement d’action né dans les années 1980.

Depuis que le Président des États-Unis lui a confié la responsabilité de l’arsenal nucléaire américain, le commandant Frank Cross est devenu un des membres les plus importants de l’armée et la cible d’une redoutable organisation terroriste. Celle-ci est parvenue à lui dérober la mallette contenant les codes secrets et menace Washington de destruction nucléaire si ses exigences ne sont pas respectées… A commencer par le suicide télévisé du Président. Cross a peu de temps pour agir et aucun droit à l’erreur. Quelques années avant de se voir confier des budgets colossaux du cinéma français (Le Boulet, Astérix aux Jeux Olympiques, Stars 80), Frédéric Forestier a donc eu cette rare opportunité de signer un premier long métrage aux Etats-Unis, porté par une star de la castagne et même celle des Dents de la mer, le grand Roy Sheider, qui interprète rien de moins que le Président des États-Unis. Alors que le film devait raconter une prise d’otages dans l’avion présidentiel Air Force One, le projet est remis en question puis remodelé après l’annonce du film Air Force One de Wolfgang Petersen, avec Harrison Ford en tête d’affiche. Finalement, le scénario de Stewart Harding et Robert Geoffrion (L’Arme secrète avec Chuck Norris) redevient « basique », mais comme le film avait déjà été vendu, les arguments mercenaires – terroristes-élément perturbateur (ou une mouche dans le lait, un petit rouage qui grippe, un emmerdeur)-Président des Etats-Unis demeurent dans une trame complètement différente, mais étonnamment proche de Rock de Michael Bay, sorti l’année précédente.

État d’urgence reste un très bon cru de l’ami Dolph. La réalisation de Frédéric Forestier ne manque ni de charme, ni de morceaux de bravoure à l’instar de cette poursuite en voiture sur les toits de Chicago ou de la désintégration du Mont Rushmore, ni d’humour avec quelques punchlines bien senties et le rythme est plutôt bien soutenu. Même si la première partie emballe plus avec le personnage de Dolph Lundgren qui n’avait rien demandé à personne et qui va prendre la pétoire pour éliminer les sbires qui menacent de rayer l’état de Washington de la carte, le film remplit largement son cahier des charges. Le comédien semble prendre beaucoup de plaisir dans ce rôle de commandant qui pour avoir fait trop de zèle (il a livré seul des sacs de riz à la population Kurde, sans en avoir reçu l’autorisation), se retrouve à jouer le chien-chien du Président afin d’éviter la cour martiale. Si Dolph Lundgren n’est pas Arnold Schwarzenegger ou Sylvester Stallone, il a souvent su démontrer ses capacités physiques, mais aussi d’interprétation, du moins si ses rôles le lui permettaient, et il s’en tire à merveille dans État d’urgence où il a quand même sacrément la classe en uniforme.

Entre gunfights et poursuites, menaces nucléaires et retournements de situation, le suspense est maintenu, on ne s’ennuie pas et The Peacekeeper demeure un digne représentant de ce qui faisait dans le genre dans les années 1990. Même si le film est sorti au cinéma dans quelques pays (Italie, Corée du Sud, Portugal, Japon), la carrière d’État d’urgence se fera essentiellement en VHS et une diffusion sur HBO aux Etats-Unis en décembre 1997.

LE BLU-RAY

Après une édition en DVD en avril 2000 chez Seven7 Editions, État d’urgence renaît de ses cendres en Haute-Définition. Metropolitan Vidéo reprend logiquement le flambeau et n’a pas fait les choses à moitié pour les amateurs de Dolph Lundgren puisque État d’urgence est accompagné de L’Homme de guerre pour une séance double-programme ! A la manière de ses récentes sorties consacrées à Jean-Claude Van Damme et Albert Pyun, deux films avec Dolph Lundgren se trouvent donc réunis sur la même galette. Le test de L’Homme de guerre est déjà disponible dans nos colonnes. Une fois le disque inséré, un menu fixe et muet nous propose de sélectionner directement le film, la langue et le supplément désiré.

A l’instar de L’Homme de guerre, l’éditeur propose une brève, mais excellente présentation du film par Jérémie Damoiseau (3’). Ce spécialiste de Dolph Lundgren et auteur du livre Punisher : l’histoire secrète (Broché), replace le film dans la carrière du comédien, tout en expliquant les mutations des films d’action au milieu des années 1990.

Excellente initiative de la part de Metropolitan d’avoir été à la rencontre du réalisateur Frédéric Forestier à l’occasion de la sortie de son premier long métrage en Haute-Définition (30’). Spontané et vraiment sympathique, le cinéaste révèle comment il s’est retrouvé aux commandes d’État d’urgence, une production de près de 10 millions de dollars avec Dolph Lundgren en tête d’affiche, alors qu’il n’avait réalisé qu’un seul court-métrage ! Les anecdotes de tournage s’enchaînent sans aucun temps mort (sa rencontre et le travail avec Dolph Lundgren, les réécritures du scénario, le tournage à Montréal, sa préparation minutieuse à partir de storyboards, le casting, les effets spéciaux), avec même quelques photos et des images d’un making of d’époque qui montrent Frédéric Forestier et Dolph Lundgren sur le plateau entre deux prises. Ne manquez pas le moment où le réalisateur explique une scène ambitieuse qu’il rêvait de tourner, à partir d’un missile lancé dans les rues de Washington (voir les dessins conceptuels) et télécommandé par le personnage de Dolph Lundgren à partir d’un joystick, mais qui est restée au stade du fantasme faute de moyens.

L’Image et le son

État d’urgence arrive en Blu-ray ! Vous vous rendez compte ! Dans un nouveau master Haute Définition qui plus est ! Et la copie est pas mal du tout en plus. Cette galette bleue au format 1080p, présente le film de Frédéric Forestier avec encore quelques défauts, points blancs, pertes de la définition sur les scènes sombres, petites tâches, mais franchement, nous n’avions peut-être jamais vu État d’urgence dans de pareilles conditions. L’image est stable tout du long, les scènes diurnes lumineuses, le piqué agréable et les couleurs retrouvent une nouvelle fraîcheur. Le grain est respecté, même si la gestion est plus instable sur les séquences nocturnes, mais rien de vraiment gênant. Le lifting respecte l’oeuvre originale. Bref, c’est du tout bon et on en redemande !

En ce qui concerne le son, nous avons évidemment le choix entre la version originale et la version française en DTS-HD Master Audio 2.0 ! Le doublage français original avec le grand Daniel Beretta prête son timbre grave à Dolph Lundgren est évidemment respecté et cette piste s’avère aussi claire et dynamique que la version originale. Les ambiances, la musique, les déflagrations et les dialogues sont aussi riches, même si la piste anglaise l’emporte probablement au niveau des effets. Les sous-titres ne sont pas imposés sur cette piste et le changement de langue n’est pas verrouillé.

Crédits images : © Metropolitan Video / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr