Test Blu-ray / Plus dure sera la chute, réalisé par Mark Robson

PLUS DURE SERA LA CHUTE (The Harder They Fall) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD et Blu-ray le 10 octobre 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  Humphrey Bogart, Rod Steiger, Jan Sterling, Mike Lane, Max Baer, Jersey Joe Walcott, Edward Andrews…

Scénario :  Philip Yordan d’après le roman d’après le roman « Plus dure sera la chute » (The Harder They Fall) de Budd Schulberg

Photographie : Burnett Guffey

Musique : Hugo Friedhofer

Durée : 1h49

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

Eddie Willis, journaliste sportif au chômage, accepte l’offre de Benko, un manager de boxe corrompu, pour monter une combine qui les rendra riches. Ils profitent de la naïveté de Toro Moreno, un boxeur lourd et pataud, pour abuser du public auquel ils le présentent comme une force de la nature. Match après match, Toro écrase ses adversaires et gagne la sympathie du public qui, comme lui, ignore que chaque rencontre est truquée. Après avoir accepté toutes les compromissions, Eddie finira par écrire un article sur le racket dans le milieu de la boxe.

Plus dure sera la chuteThe Harder They Fall est le dernier long métrage tourné par le mythique Humphrey Bogart. Agé de 56 ans, le comédien était alors souffrant depuis plusieurs mois et se savait condamné par un cancer de l’oesophage. La maladie l’emportera en janvier 1957. Depuis 1951, Humphrey Bogart souhaite se diriger vers des rôles qui diffèrent de ceux qui l’ont rendu célèbre. Le tournant arrive en 1951 avec African Queen de John Huston, pour lequel il obtient l’Oscar du meilleur acteur. Après Bas les masques de Richard Brooks, Sabrina de Billy Wilder et La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz, Humphrey Bogart retrouve le réalisateur Edward Dmytryk, qui l’avait dirigé dans Ouragan sur le Caine, pour La Main gauche du Seigneur, The Left Hand of God. Si le film n’est pas un chef-d’oeuvre, il vaut encore largement le coup pour admirer les comédiens, notamment la magnifique Gene Tierney. Bogart tourne ensuite La Maison des otages sous la direction de l’immense William Wyler, avant de s’engager sur Plus dure sera la chute. Une œuvre quasi-testamentaire.

Mis en scène par le canadien Mark Robson (1913-1978), ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson, Plus dure sera la chute offre à Bogey l’un de ses plus beaux rôles. Eclectique, mais aussi inégal, on doit à Mark Robson Le Champion avec Kirk Douglas (1949), déjà un film sur le milieu de la boxe, Le Procès avec Glenn Ford (1955), ainsi que deux films de guerre très célèbres, L’Express du colonel Von Ryan avec Frank Sinatra (1965) et Les Centurions avec Anthony Quinn et Alain Delon (1966). L’un de ses derniers films, Tremblement de terre (1974) demeure l’un des fleurons du genre catastrophe. Bon technicien, il signe avec Plus dure sera la chute un de ses meilleurs films, peut-être même son chef d’oeuvre.

Humphrey Bogart incarne Eddie Willis, journaliste sportif en quête d’un scoop, contacté par le manager et chef du «syndicat» de la boxe, Nick Benko (Rod Steiger, monumental), qui lui propose de contribuer à la promotion d’un jeune boxeur argentin, Toro Moreno. Espérant découvrir un futur champion, Willis accepte l’offre. Il ne tarde pas à déchanter. En effet, bien qu’impressionnant à première vue, Moreno boxe à peine mieux qu’un débutant. Willis comprend vite que ses combats sont truqués. Pour son dernier baroud d’honneur, Humphrey Bogart ne pouvait espérer plus beau personnage. Critique virulente du milieu sportif, Plus dure sera la chute montre un monde pourri, régi par des salopards véreux qui ne pensent qu’à l’argent et qui traitent les hommes comme des animaux, comme s’ils dirigeaient des combats de coqs, en ayant recours à des combines infâmes, tout en convoitant le pactole. S’il est étrange, pour ne pas dire invraisemblable, que le personnage incarné par Bogey paraisse crédule au début du film et semble ne pas se douter autant des agissements que des desseins de Benko, le comédien lui apporte une impressionnante ambiguïté qui fait passer la pilule. Ou quand le jeu sobre et tout en retenue de Bogart (impérial) contraste merveilleusement avec celui de la méthode de Rod Steiger, déchaîné, qui ne tient pas en place, qui vocifère et jure en se retenant continuellement de taper du poing sur la table.

Face à ce manager corrompu et magouilleur, Eddie Willis devra faire un choix entre préserver son intégrité ou s’enrichir au détriment de toutes déontologies. Se prenant d’affection pour ce grand colosse aux pieds d’argile qu’il est supposé vendre à la presse comme étant le futur champion du monde, Eddie doit bien admettre que Toro (inspiré du boxeur Primo Carnera, 1,97 m pour 122 kg, champion du monde des poids lourds en 1933) ne sait pas se battre et que seule sa taille hors normes impressionne le milieu et les lecteurs de ses articles. Jusqu’à ce que Benko et ses hommes aillent trop loin en envoyant Toro à l’abattoir dans un match final violent et d’une rare brutalité, remarquablement filmé caméra à l’épaule, dans un N&B charbonneux (sublime photo de Burnett Guffey, chef opérateur de Tant qu’il y aura des hommes et Bonnie et Clyde) et qui inspirera plus tard Martin Scorsese pour Raging Bull. Eddie est bien décidé à sauver la peau de Toro, malgré les menaces de Benko à son égard, avant que le supposé boxeur ne finisse dans le caniveau, la cervelle en bouillie, comme le montre cette séquence hallucinante de l’interview de l’ancien « champion » de boxe, devenu clochard, édenté et handicapé.

Divertissement passionnant doublé d’un pamphlet acide écrit par Philip Yordan, du moins ce que crédite le générique puisque Yordan a longtemps servi de prête-nom pour des auteurs victimes du Maccarthysme, d’après le roman éponyme de Budd Schulberg publié en 1947, Plus dure sera la chute rejoint ainsi les grandes réussites du genre sportif aux côtés de Nous avons gagné ce soir (1949) et Marqué par la haine (1956), tous deux réalisés par Robert Wise.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Plus dure sera la chute, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Une fois n’est pas coutume, pas de Patrick Brion sur cette édition ! En revanche, Bertrand Tavernier et François Guérif ont répondu présent. Durant son intervention de 28 minutes, le premier indique d’emblée qu’il s’agit d’un des meilleurs films de Mark Robson et qu’il a eu un très grand plaisir à réévaluer. Après une rapide présentation du réalisateur et de ses films les plus célèbres, Bertrand Tavernier se penche longuement sur le cas du scénariste Philip Yordan.

Fils d’émigrants polonais, ce dernier demeure un mystère pour les spécialistes du cinéma puisque le scénariste en apparence « prolifique » a longtemps fait travailler d’autres écrivains à sa place et certains scénaristes inscrits sur la tristement célèbre liste noire lors du Maccarthysme. Un prête-nom avoué certes, mais Philip Yordan n’hésitait pas non plus à s’attribuer certains succès qu’il n’avait pas écrits. Pour Bertrand Tavernier, qui avait interviewé Philip Yordan (« j’ai rarement entendu autant de bobards de ma vie » dit d’ailleurs le réalisateur) c’est le cas pour Plus dure sera la chute, dont il attribue la paternité au romancier Budd Schulberg, qui avait adapté lui-même son livre en 1947, qui devait ensuite être mis en scène par Edward Dmytryk.

Le projet tombe à l’eau, mais la Columbia rachète le scénario à la RKO, qui atterrit ensuite sur le bureau de Philip Yordan. Bertrand Tavernier suppose que le scénario original a dû n’être que très légèrement retouché, Yordan y couchant ensuite sa signature. Bertrand Tavernier en vient au casting en revenant sur la dernière apparition d’Humphrey Bogart à l’écran, ainsi que sur le jeu de Rod Steiger, qui avait quelque peu décontenancé Bogey. L’historien du cinéma évoque deux points du récit qui le laissent quelque peu perplexe, mais loue la grande réussite de Plus dure sera la chute, encense la photo du chef opérateur Burnett Guffey, la mise en scène et le montage rapide, l’utilisation des décors et l’attention aux petits détails. Voilà une remarquable présentation !

De son côté, François Guérif peine évidemment à nous donner quelques indications supplémentaires, surtout en huit minutes. L’éditeur et passionné de film noir se concentre surtout sur le roman de Budd Schulberg et sa représentation du monde sportif dans Plus dure sera la chute où tous les personnages sont pourris et seulement intéressés par l’appât du gain.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Ce master restauré au format respecté de Plus dure sera la chute, jusqu’alors inédit en France et présenté ici pour la première fois au monde en Haute-Définition, est on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, le splendide N&B de Burnett Guffey (Les Désemparés, Désirs humains) retrouve une densité inespérée dès l’ouverture. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Les contrastes sont fabuleux et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Le grain original est présent, sans lissage excessif, ce qui devrait rassurer les puristes. Le cadre fourmille de détails, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages et cette très belle copie participe à la redécouverte de ce grand classique.

L’éditeur nous propose les versions anglaise et française de Plus dure sera la chute. Passons rapidement sur cette dernière, moins dynamique, qui a toutefois bénéficié d’un nettoyage aussi complet que son homologue. Evidemment, notre préférence va pour la version originale, plus homogène et naturelle, tout aussi propre, sans souffle parasite. Le confort acoustique est largement assuré. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

Crédits images : © Columbia / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / M15 demande protection – The Deadly Affair, réalisé par Sidney Lumet

M15 DEMANDE PROTECTION (The Deadly Affair) réalisé par Sidney Lumet, disponible en DVD et Blu-ray le 10 octobre 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs :  James Mason, Simone Signoret, Maximilian Schell, Harriet Andersson, Harry Andrews, Kenneth Haigh, Roy Kinnear…

Scénario :  Paul Dehn d’après le roman « L’Appel du mort » (Call for the Dead) de John le Carré

Photographie : Freddie Young

Musique : Quincy Jones

Durée : 1h55

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

L’agent Charles Dodds enquête sur Samuel Fennan, soupçonné de sympathie envers le régime communiste. Après un interrogatoire où Fennan dément toute implication envers le communisme, il est retrouvé mort. L’agent Dodds va devoir prouver qu’il s’agit d’un meurtre…

Le romancier John le Carré (né en 1931) a travaillé pour les services secrets britanniques dans les années 50 et 60. L’auteur de L’Espion qui venait du froid, adapté dès 1965 par Martin Ritt avec Richard Burton, est certes le mieux placé pour décrire le monde des agents qu’il a côtoyés mais, une chose est certaine, c’est que ses histoires sont loin d’être aussi « explosives » qu’un James Bond. Pourtant, moult cinéastes se sont essayés à la transposition de cet univers glacial. Martin Ritt donc, Frank Pierson avec Le Miroir aux espions (1969), George Roy Hill avec La Petite Fille au tambour (1984), Fred Schepisi avec La Maison Russie (1990) porté par Sean Connery et Michelle Pfeiffer. Il faudra attendre les années 2000 pour que les scénaristes jettent à nouveau leur dévolu sur les romans de John le Carré. John Boorman avec Le Tailleur de Panama (2001), Fernando Meirelles avec The Constant Gardener (2005), probablement la plus belle et intense transposition à l’écran de le Carré, Tomas Alfredson avec La Taupe (2011), largement surestimé et d’un ennui mortel, sans oublier le talentueux Anton Corbijn avec le passionnant Un homme très recherché (2013), avec le regretté Philip Seymour Hoffman, dans sa dernière très grande prestation. Dernière transposition en date, Un traître idéal, adapté du roman Un traître à notre goût, publié en 2011, un honnête thriller. Mais l’exemple type du passage à l’écran d’une œuvre de John le Carré demeure M15 demande protection, titre français absurde de The Deadly Affair, réalisé par le géant Sidney Lumet en 1966.

Comme la plupart des autres adaptations de le Carré au cinéma, l’intrigue de The Deadly Affair, adaptée du roman L’Appel du mort, part dans tous les sens et l’action est absente, mais Sidney Lumet et son scénariste Paul Dehn (Goldfinger, L’Espion qui venait du froid) privilégient une approche intimiste originale. Pendant la Guerre froide, en Angleterre, Samuel Fennan, un employé du ministère des Affaires Etrangères accusé d’amitiés communistes, est retrouvé mort. Tout pousse à croire à un suicide mais Charles Dobbs, officier au Secret Intelligence Service, MI5 (pour Military Intelligence, section 5), en charge de l’enquête pour le ministère de l’Intérieur et qui a rencontré Fennan la veille de sa disparition, ne croit pas qu’il se soit ôté la vie. Ses supérieurs veulent rapidement classer l’affaire mais Dobbs insiste et finit par démissionner afin d’avoir les mains libres pour mener son enquête. Il rend alors visite à la veuve de Fennan, qui lui impute la responsabilité de la mort de son mari. Au même moment, un vieil ami et compagnon de guerre réapparaît dans sa vie.

M15 demande protection permet à Sidney Lumet de se livrer à quelques expériences. Comme il s’agit d’un film sur le désenchantement et la désillusion, le cinéaste a demandé à son chef opérateur Freddie Young (Lawrence d’Arabie, Le Docteur Jivago) de créer une palette de couleurs « sans couleur », d’atténuer les teintes, de les éteindre, afin d’appuyer l’atmosphère grisâtre de John le Carré, qui reflète un espionnage plus quotidien, neutre, peuplé de personnages qui ne savent pas où ils mettent les pieds, qui naviguent continuellement en eaux troubles, sur des terrains peu sûrs, où la réalité n’est jamais ce qu’elle paraît être. Loin de l’agent 007, les agents sont ici des bureaucrates, très rarement armés, qui déambulent dans des quartiers sales, glauques, sordides, où tout le monde soupçonne tout le monde et où la Realpolitik a eu raison des sentiments positifs. Plus que l’histoire d’espionnage elle-même, Sidney Lumet s’intéresse au drame psychologique vécu par les personnages, mais également aux ambiances et aux sensations.

The Deadly Affair est un film qui sent le feutre, le velours, l’encre, le sexe et la mort. La trahison est omniprésente, étatique et conjugale puisque la femme de Dodds est nymphomane et n’a de cesse de le tromper. Lumet et son scénariste se concentrent sur l’histoire personnelle de leur personnage principal, merveilleusement incarné par James Mason. Si la Paramount était détentrice du copyright du nom George Smiley depuis L’Espion qui venait du froid, le comédien britannique interprète ce même personnage rebaptisé ici Charles Dodds. Le regard tombant, la démarche fatiguée, le corps usé, le héros est ici malin, mais pas invulnérable et même tragique. Sidney Lumet instaure un climat sombre et pluvieux où tous les protagonistes semblent avoir quelque chose à se reprocher. En bénéficiant d’un casting européen, le cinéaste joue avec la musicalité des accents, entre la française Simone Signoret, l’allemand Maximilian Schell, la suédoise Harriet Andersson. Cette confrontation des langues appuie les tensions et surtout les suspicions des agents britanniques, dont le détective privé merveilleux incarné par Harry Andrews.

Afin de lui conférer un cachet intemporel, Quincy Jones compose une bande-originale décalée et bossa nova, qui contraste et qui pourtant s’intègre parfaitement à la complexité du récit et de ses personnages. Ce contrepied mélancolique aux aventures fantaisistes de 007 se cristallise lors du climax sensationnel où tous les protagonistes se retrouvent au théâtre, devant une représentation d’Edouard II, pièce sur la trahison, interprétée par David Warner. Les jeux de regards s’entrecroisent, les traitres se révèlent, les estomacs se retournent. C’est ici l’art du montage, du cadre et de la direction d’acteurs. C’est aussi virtuose qu’anthologique. Considéré comme un Lumet « mineur », M15 demande protectionThe Deadly Affair contient pourtant une des plus grandes séquences de toute l’immense carrière du réalisateur et rien que pour ça (mais pas seulement), le film mérite d’être reconsidéré.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Deadly Affair, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Trois présentations du film de Sidney Lumet pour le prix d’une ! Si elles se recroisent forcément à travers certains arguments identiques, ces trois interviews parviennent heureusement à se compléter suffisamment. Notre préférence se tourne vers celle de Bertrand Tavernier (25’30). Notre interlocuteur se moque gentiment du titre français (M15 et non pas MI5 !), évoque le roman L’Appel du mort de John Le Carré et revient en détails sur tous les éléments qui font pour lui la grande réussite du film : les décors, la photographie du chef opérateur Freddie Young, les thèmes sombres qui contrastent avec l’exotisme des James Bond qui triomphent dans le monde entier. Bertrand Tavernier examine le casting et déclare avoir de grandes réserves sur le jeu de l’actrice suédoise Harriet Andersson, tandis qu’il encense la prestation d’Harry Andrews et celle de Simone Signoret. S’il parle de deux ou trois éléments qu’il juge inappropriés, inutiles ou maladroits (deux plans en ouverture, l’esthétique quelque peu datée), Bertrand Tavernier fait l’éloge de la séquence finale quand les personnages se retrouvent au théâtre.

L’historien du cinéma Patrick Brion prend ensuite le relais (9’). Plus concis, ce dernier aborde tout d’abord la photo de Freddie Young et les volontés artistiques. Le travail sur la pellicule, les partis pris, les décors sont ensuite passés au peigne fin. L’adaptation de John le Carré est ensuite comparée à celle de L’Espion qui venait du froid, film réalisé par Martin Ritt et sorti l’année précédente. Pour Patrick Brion, The Deadly Affair est peut-être la plus belle transposition d’un des romans de l’écrivain au cinéma. Il s’attarde également sur le casting.

Dans le dernier entretien de cette édition, François Guérif (6’) parle tout d’abord du roman de John le Carré, avant d’analyser lui aussi les thèmes et les partis pris de M15 demande protection, titre français qui le fait encore rire comme son camarade Bertrand Tavernier avec qui il partage le même avis négatif sur Harriet Andersson. Il s’agit probablement du module le plus facultatif en raison de ses arguments quelque peu redondants, même si François Guérif demeure le plus critique sur le film de Sidney Lumet.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie d’affiches.

L’Image et le son

Très beau Blu-ray que celui édité par Sidonis Calysta ! Le disque est au format 1080p (AVC). Le master restauré par Sony respecte les magnifiques partis pris esthétiques du mythique chef opérateur Freddie Young avec cette palette de couleurs spécifique, volontairement fanées avec une prédominance de teintes brunes. Le grain est respecté, parfois peut-être un peu lissés ou au contraire trop duvêteux sur certaines scènes sombres, mais les détails ne manquent pas à l’instar de l’éclat des yeux bleus de Simone Signoret ou sur les nombreux gros plans. Hormis quelques séquences plus douces, la définition est impressionnante et l’image affiche une indéniable propreté.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 distillent parfaitement la musique de Quincy Jones. Néanmoins, la piste française se focalise sans doute trop sur le report des voix, au détriment des ambiances annexes. La piste originale est très propre, sans souffle, dynamique et suffisamment riche pour instaurer un très bon confort acoustique. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue impossible à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / 40 fusils manquent à l’appel, réalisé par William Witney

40 FUSILS MANQUENT À L’APPEL (40 Guns to Apache Pass) réalisé par William Witney, disponible en DVD le 18 juillet 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Audie Murphy, Michael Burns, Kenneth Tobey, Laraine Stephens, Robert Brubaker, Michael Blodgett, Michael Keep…

Scénario : Willard W. Willingham, Mary Willingham

Photographie : Jacques R. Marquette

Musique : Richard LaSalle

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1966

LE FILM

1868. Cochise et ses guerriers apaches sont sur le sentier de la guerre, décidés à éliminer les Blancs. L’armée doit défendre les colons mais le capitaine Coburn doit récupérer une cargaison de fusils – quarante – volés par des soldats déserteurs. Ceux-ci, dirigés par le caporal Bodine veulent les vendre aux Apaches…

Avant d’être acteur, Audie Leon Murphy (1925-1971) fut l’un des soldats américains les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale. Bardé de toutes les médailles militaires internationales existantes, il est notamment connu pour avoir stoppé et bloqué seul pendant une heure l’assaut d’une troupe allemande en janvier 1945 dans la poche de Colmar. Ayant participé aux campagnes d’Italie et de France, sa maîtrise des armes est remarquée par quelques producteurs qui souhaitent alors surfer sur sa notoriété. Il entame alors une carrière à la télévision et au cinéma et joua dans une quarantaine de longs métrages, y compris dans l’adaptation cinématographique de son autobiographie L’Enfer des hommesTo Hell and Back, réalisé par Jesse Hibbs en 1955, dans lequel il interprète son propre rôle. Audie Murphy reste surtout connu par les amateurs de westerns, genre dans lequel il s’est ensuite principalement illustré. Citons quelques titres : La Parole est au Colt (1966), Représailles en Arizona (1965), La Fureur des Apaches (1964), La Patrouille de la violence (1964), Les Cavaliers de l’enfer (1961), Le Diable dans la peau (1960), Le Fort de la dernière chance (1957).

A l’époque de 40 fusils manquent à l’appel, 40 Guns to Apache Pass, réalisé par William Witney en 1966, le western américain est en fin de vie, John Ford et Raoul Walsh viennent d’ailleurs de signer leur dernier film du genre deux ans auparavant, alors qu’en Europe, le genre bat son plein avec Sergio Leone qui met une touche finale à sa trilogie du Dollars avec Le Bon, La Brute et le Truand. Rétrospectivement, 40 fusils manquent à l’appel apparaît comme un dernier baroud d’honneur pour Audie Murphy, qui tourne alors la même année El Texican de Lesley Selander. C’est son adieu au western, avant de faire une dernière apparition dans Qui tire le premier ? de Budd Boetticher, dans lequel il interprète Jesse James. Audie Murphy sera victime d’un accident d’avion en 1971, il allait avoir 46 ans.

40 fusils manquent à l’appel est un western qui se déroule en 1868, peu après la fin de la guerre de Sécession sur le territoire de l’Arizona , le chef apache Cochise et sa bande de guerriers menacent d’entrer en guerre. Le capitaine Bruce Coburn est envoyé avec un détachement dans la région afin de faire le tour des fermes isolées et de ramener les colons et leurs familles au fort avant qu’ils ne soient massacrés par les apaches. Mais certaines fermes sont très éloignées et la route est longue pour en revenir, d’autant que certains colons n’acceptent pas facilement de tout abandonner aux mains des indiens. Afin de faire face à leurs ennemis, les soldats attendent une cargaison de fusils. Mais la livraison tourne mal. Coburn demande à être accompagné de dix volontaires pour aller récupérer les 40 carabines à répétition sur le territoire des Apaches. Mais les plans du capitaine sont contrecarrés par un de ses hommes, le caporal Bodine, qui entraîne plusieurs soldats dans son sillage afin de marchander avec les indiens. Foncièrement patriotique (le drapeau flotte bien au vent) et donnant aux indiens le mauvais rôle en faisant d’eux des guerriers sanguinaires qui souhaitent empêcher l’oncle Sam de s’étendre sur leur territoire, 40 fusils manquent à l’appel n’est sûrement pas un western inoubliable qui s’attache à la vérité historique, mais qui arrange les faits à sa sauce avec les grands héros américains d’un côté et les très méchants indiens de l’autre. Néanmoins, cela ne l’empêche pas d’être bien divertissant et agréable, grâce au jeu solide d’Audie Murphy, charismatique et attachant, tenant le film sur ses épaules bardées de galons.

Vétéran du serial qui avait déjà dirigé Audie Murphy dans La Fureur des Apaches (1964) et Représailles en Arizona (1965), le réalisateur William Witney (1915-2002) fait le boulot et même si son histoire n’a rien à envier à celles que l’on imaginait enfant quand on jouait aux Playmobiles, son film est de bonne tenue, les acteurs sont bons, les décors naturels plaisants et les scènes d’action réussies. En revanche, le film est étrangement parasité par la voix-off inutile d’un narrateur qui ouvre l’histoire comme un conte, à travers l’ouverture d’un livre, et revient de façon chronique, tout au long de ces 90 minutes, sans raison, en paraphrasant le récit comme une piste Audiodescription. Les scénaristes ont-ils pensé que leur histoire était si alambiquée – ce qui n’est évidemment pas le cas – que chaque action méritait d’être expliquée aux spectateurs ? Il semblerait plutôt que cette voix-off ait été utilisée afin de donner un cachet « film sérieux » à une œuvre finalement banale, désuète et sans véritable surprise.

Toujours est-il que 40 fusils manquent à l’appel remplit son contrat et se voit aujourd’hui comme une série B curieuse doublée du chant du cygne d’un genre et de celui d’un comédien qui a su s’inscrire dans la légende.

LE DVD

Le DVD de 40 fusils manquent à l’appel, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pas de Bertrand Tavernier à l’horizon pour ce petit western, même si Patrick Brion (7’) et François Guérif (8’) ont répondu à l’appel de leur côté. Les deux intervenants reviennent chacun à leur manière sur la carrière d’Audie Murphy, sur les très grandes libertés – euphémisme – prises avec la véritable histoire, notamment en ce qui concerne Cochise. François Guérif se penche un peu plus sur la dernière apparition en vedette du comédien dans le genre qui a fait de lui une star internationale, tandis que Patrick Brion nous donne une petite leçon sur l’histoire de la Winchester 73. Les qualités comme les défauts (la voix-off idiote et inutile) sont pointés par ces deux experts en la matière.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos constituée d’affiches internationales.

L’Image et le son

Chez Sidonis, même les plus petits westerns sont souvent aussi bien logés que les grands classiques et chefs-d’oeuvre incontestés ! Entièrement restauré en Haute-Définition, le master de 40 fusils manquent à l’appel s’avère lumineux, stable (hormis le générique d’ouverture), d’une propreté jamais démentie et franchement plaisant pour les mirettes. Le cadre 1.33 open matte étonne par son lot de détails, le piqué est pointu, les contrastes sont fermes et les fondus enchaînés n’entraînent pas trop de décrochages. Seule la colorimétrie est parfois un peu délavée sur certaines séquences, mais le fait est que la copie demeure de haute tenue, surtout que le grain original est respecté et très bien géré.

Seule la version originale aux sous-titres français imposés est disponible sur cette édition. La restauration est également fort satisfaisante, aucun souffle à déplorer, l’écoute est frontale, riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont conséquents et le confort acoustique assuré.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Phantasm 2, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM 2 réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et combo DVD/Blu-ray le 27 juin 2017 chez Sidonis Calysta et ESC Editions

Acteurs : James Le Gros, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Paula Irvine, Samantha Phillips, Kenneth Tigar, Ruth C. Engel

Scénario : Don Coscarelli

Photographie : Daryn Okada

Musique : Fred Myrow, Christopher L. Stone

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 1988

LE FILM

Six ans après les événements qui ont transformé son adolescence en cauchemar, Mike Pearson sort de l’hôpital psychiatrique où il a été soigné pendant tout ce temps. Du passé, il en est toujours imprégné, prêt à reprendre le combat contre le sinistre croque-mort à l’origine du trafic des cadavres du cimetière de Morningside vers une autre dimension. Bientôt rejoint par son ami Reggie, Mike s’engage sur les routes de l’Oregon. D’une ville fantôme à l’autre, les deux hommes découvrent que leur vieil ennemi a considérablement étendu son terrain de chasse…

Puisque Phantasm 2 reprend là où le premier s’arrêtait, nous ferons de même avec cette critique en reprenant le dernier paragraphe de notre chronique du premier opus. Alors si vous voulez en savoir plus sur Phantasm, vous savez ce qui vous reste à faire. A sa sortie, Phantasm est un succès critique et commercial. Le film rapporte près de 12 millions de dollars au box-office nord-américain et attire plus de 500.000 spectateurs en France où il obtient également le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz. Le budget de 300.000 dollars est donc largement rentabilisé. Toutefois, Don Coscarelli ne reviendra à Phantasm qu’en 1988, réalisant entre-temps un film d’heroic fantasy, Dar l’invincibleThe Beastmaster. Ce dernier porté par Marc Singer dans le rôle-titre et l’inénarrable et bustée Tanya Roberts (Dangereusement vôtre, Sheena, reine de la jungle) ne rencontre pas le succès escompté. Don Coscarelli planche alors sur la suite de Phantasm, à partir des éléments mis en place dans le premier volet.

Phantasm 2 sort presque dix ans après le premier volet et cela se ressent, car le cinéma américain a changé entre les deux opus. De nouveaux boogeymen ont fait leur apparition dans le genre épouvante, notamment un certain Freddy Kruger, tandis que la mode est au buddy-movie et aux films d’action stéroïdés du style Commando ou Rambo 2 : la mission. Si Don Coscarelli souhaite prolonger la légende du Tall Man, toujours incarné par l’incroyable Angus Scrimm, Phantasm 2 s’inscrit à la frontière des genres et s’avère un étonnant mélange de western, de film d’horreur bien sûr, de road-movie, saupoudré d’ingrédients de ce qui a fait la recette de L’Arme fatale ou de 48 heures. Evidemment, l’ambiance n’est pas à la rigolade, mais Phantasm 2 ne manque pas d’humour car plus ancré dans son époque. Ce qui pèche en revanche dans ce deuxième chapitre, c’est son manque d’originalité.

Phantasm 2 apparaît presque comme un spectre du premier. L’impression de déjà-vu se fait du début à la fin, toutes les séquences faisant quasiment écho à celles du premier film. Sauf qu’ici le réalisateur bénéficie d’un budget largement supérieur, 3 millions de dollars, soit dix fois plus que pour Phantasm. Du coup, Don Coscarelli se fait plaisir en faisant péter pas mal de choses, notamment deux maisons qui explosent dans les dix premières minutes du film. Dans Phantasm 2, Mike interné depuis les événements, quitte enfin l’hôpital psychiatrique. Quelques années auparavant, son ami et désormais tuteur Reggie le marchand de glaces (Reggie Bannister, présent dans toute la saga), l’avait tiré des mains d’un étrange personnage, le Tall Man, une espèce d’homme-cadavre accompagné de nains monstrueux qui s’emparait des humains pour les transformer et les envoyer, semble-t-il, dans un univers parallèle. Personne n’avait accordé de crédit à son récit et Mike avait été enfermé dans un asile d’aliénés. Dès sa sortie, le maléfique personnage se manifeste à nouveau en tuant toute la famille de Reggie. Cette fois, Mike et Reggie décident de prendre les armes et taillent la route, à la recherche du Tall Man.

Le plus gros problème de Phantasm 2 et ce qui a été reproché à Don Coscarelli (même s’il s’agissait d’une décision des producteurs), est de ne pas avoir repris le jeune A. Michael Baldwin pour le rôle de Mike, lui préférant le jeune et peu charismatique James Le Gros. Souvent irritant, jamais attachant ni convaincant, l’empathie pour le personnage en prend un coup. Outre deux personnages féminins complètement sacrifiés, l’autre point faible de Phantasm 2 est également d’avoir privilégié le côté guérilla – avec la séquence où les héros se fabriquent eux-mêmes leurs armes comme dans un épisode de L’Agence tous risques – au détriment de l’émotion et de la noirceur du premier épisode. Du coup, la première heure, malgré quelques fulgurances, ennuie et manque singulièrement de rythme. La déconvenue est de taille, surtout après l’immense réussite de Phantasm. Don Coscarelli s’amuse avec les millions de dollars mis à sa disposition, comme s’il pouvait enfin réaliser le film dont il rêvait vraiment en 1979. Alors certes le Tall Man évolue, on en apprend un peu plus sur sa nature, même si cela est suggéré, le cadre est inspiré, les sphères volantes et foreuses de crânes, ainsi que les nains cruels sont également multipliés, mais pourtant Phantasm 2 ne possède ni l’aura, ni la virtuosité, ni le fond, ni la force, ni le mystère de son modèle.

Aujourd’hui, cette séquelle demeure un bon divertissement, mais vaut essentiellement pour son dernier acte, où Don Coscarelli compile les morceaux de bravoure (un combat entre deux tronçonneuses, un lance-flammes à la Exterminator, un fusil à quadruple canons sciés), les moments gore et de vraie comédie à la Evil Dead 2 – d’ailleurs le nom de Sam Raimi apparaît à l’écran sur un sachet comprenant des cendres funéraires – avec un montage plus syncopé et des personnages agonisants dans d’impressionnantes convulsions. Mais les aficionados, même si indulgents, ne manqueront pas de pointer les points faibles de cette suite tardive nettement plus commerciale et conventionnelle que le film original.

LE BLU-RAY

A l’instar du Blu-ray du premier film, ESC Editions et Sidonis Calysta s’associent pour nous offrir Phantasm 2 en Haute-Définition. Le film est disponible en DVD, mais aussi en combo Blu-ray/DVD (édition limitée), disposés dans un boîtier métal. Le menu principal est élégant, animé sur des images du film et son célèbre thème principal.

Si le produit possède les mêmes caractéristiques que pour le premier volet, c’est également le cas pour son interactivité. Le premier supplément disponible sur cette édition est une interview croisée (27’) de Guy Astic (Directeur des éditions Rouge Profond, corédacteur en chef de la revue de cinéma Simulacres, parue de novembre 1999 à mai 2003) et de Julien Maury (scénariste et réalisateur, A l’intérieur). Forcément moins passionnante que la présentation de Phantasm, celle de cette séquelle vaut encore une fois essentiellement pour l’intervention de Guy Astic, qui convoque à la fois le fond et la forme du film de Don Coscarelli, tandis que Julien Maury, qui introduit et clôt ce module, partage surtout ses (bons) souvenirs liés à la découverte de Phantasm 2. Guy Astic revient sur l’imagination de Don Coscarelli et l’univers du réalisateur qui le fascinent véritablement. Les partis pris, les intentions du metteur en scène, les différences entre les deux films (moins sombre, plus drôle et débridé), les thèmes, l’évolution du Tall Man sont abordés. Si les propos de Julien Maury s’avèrent donc plutôt anecdotiques et même redondants, ceux de Guy Astic méritent quand même l’attention des cinéphiles et des passionnés du genre.

Le bonus suivant est un entretien de Gregory Nicotero, maquilleur et responsable des effets spéciaux ayant oeuvré sur Phantasm 2. Réalisé en 1995, ce bonus donne la parole à cet expert, devenu une référence à Hollywood (L’Antre de la folie, Une nuit en enfer, Scream, The Mist) qui a fait ses classes sur Le Jour des morts-vivants de George A. Romero (1985) et Evil Dead 2 de Sam Raimi (1987). Composée de nombreuses et précieuses images filmées dans les ateliers des effets visuels et sur le plateau de Phantasm 2, cette interview revient sur la création des scènes d’horreur du film de Don Coscarelli. L’occasion de voir Angus Scrimm se prêter au jeu lors du tournage de la séquence où le Tall Man fond sous l’effet de l’acide.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale et une galerie de photos.

Egalement au programme mais non reçu pour ce test, vous trouverez un livret de Marc Toullec intitulé « Au coeur du Phantasm », réalisé à l’occasion de cette édition.

L’Image et le son

Le travail est impressionnant et l’image de ce Blu-ray au format 1080p est très propre, débarrassée de la majeure partie des poussières, griffures et autres résidus qui ont dû être minutieusement enlevés image par image. Les images endommagées ont été réparées et les problèmes de densité et de stabilité ont été considérablement améliorés. Tout au long du processus de restauration, un soin particulier a été apporté afin que la texture originale du film, les détails, la structure du grain ne soient pas affectés par le traitement numérique. Ce nouveau transfert Haute Définition permet de redécouvrir Phantasm 2 sous toutes ses coutures avec une très belle patine argentique. Cette élévation HD offre à la colorimétrie un nouveau lifting et retrouve pour l’occasion une nouvelle vivacité. Si la gestion du grain et des contrastes demeure aléatoire et plus altérée sur les séquences sombres, et si la copie demeure moins impressionnante que celle du Blu-ray de Phantasm, au moins pas de réduction de bruit à l’horizon, les détails et le piqué sont plus qu’honorables. N’oublions pas la stabilité de la copie soutenue par un codec AVC exigeant.

En anglais comme en français, les deux mixages DTS-HD Master Audio 2.0 contenteront les puristes. Au jeu des comparaisons, la piste anglaise – pas de remixage 5.1 ici – s’avère nettement plus dynamique et limpide, bref largement supérieure à son homologue, avec une belle restitution des dialogues et de la musique. Les effets sont solides bien que certains paraissent plus étouffés, mais le confort est assuré. Pas de souffle constaté. Le doublage français réalisé entre autres par les illustres Patrick Préjean, Céline Monsarrat et Thierry Bourdon est très réussi et titille la fibre nostalgique. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © ESC Editions / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Gang Anderson, réalisé par Sidney Lumet

LE GANG ANDERSON (The Anderson Tapes) réalisé par Sidney Lumet, disponible en DVD et Blu-ray 13 juin 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Sean Connery, Dyan Cannon, Martin Balsam, Ralph Meeker, Alan King, Christopher Walken

Scénario : Frank R. Pierson d’après le roman de Lawrence Sanders

Photographie : Arthur J. Ornitz

Musique : Quincy Jones

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1971

LE FILM

A sa sortie d’une peine de dix ans de prison, le cambrioleur Duke Anderson retrouve sa maîtresse dans un hôtel de luxe. Reformant un gang avec l’aide d’un homme d’affaires baignant dans la mafia, il organise la mise à sac de l’immeuble et de ses richissimes occupants. Malheureusement, Duke est suivi par plusieurs équipes de surveillance qui en veulent aux personnages qu’il engage pour ce braquage de grande envergure…

Même les plus grands ont besoin d’une récréation ! C’est le cas du Dossier Anderson (titre français) aka Le Gang Anderson (titre belge) aka The Anderson Tapes (titre original), réalisé en 1971 par le grand, par le maître Sidney Lumet (1924-2011), sur un scénario de Frank Pierson (Luke la main froide, Un après-midi de chien) d’après le roman de Lawrence Sanders publié en 1969. Depuis 12 hommes en colère, son premier long métrage et coup d’essai-coup de maître en 1957, le cinéaste a quasiment signé un film par an, ce qu’il fera d’ailleurs durant toute sa carrière. Il rencontre Sean Connery en 1965 pour La Colline des hommes perdus et c’est un coup de foudre artistique réciproque entre les deux hommes. Sidney Lumet est le premier à vouloir emmener le comédien loin du personnage de James Bond, ce que désire Sean Connery qui commence à se demander si sa carrière pourra survivre après avoir rendu le Walther PPK.

Sous contrat avec la United Artists depuis James Bond contre Dr No, Sean Connery se tourne vers sa société de distribution qui lui propose alors un marché. Suite aux chiffres décevants du dernier opus Au service secret de sa Majesté (avec son remplaçant George Lazenby), la United Artists demande à Sean Connery de reprendre sa panoplie de super agent pour Les Diamants sont éternels, en échange de quoi elle s’engage à lui laisser carte-blanche pour deux films indépendants de son choix. Un salaire d’1,250,000 $ est alors posé sur la table plus un pourcentage sur les recettes de cet « ultime » épisode pour le comédien rentrant par ailleurs dans le Livre des records. Sean Connery accepte bon gré mal gré et emmène son smoking au pressing. Parallèlement, Sidney Lumet souhaite retrouver l’acteur écossais pour son nouveau film, Le Gang Anderson (nous utiliserons ce titre pour coller avec l’actualité DVD-Blu-ray) dans lequel il interprète un homme, Duke Anderson donc, libéré de prison après avoir purgé une peine de dix ans. Il retrouve sa maîtresse, Ingrid (Dyan Cannon, vraiment canon d’ailleurs), qui habite un luxueux appartement new-yorkais, dans un immeuble de grand standing. L’idée germe, dans l’esprit de Duke, voleur professionnel, d’un coup fabuleux qui devrait lui rapporter dix millions de dollars : piller la totalité de l’immeuble, trois étages, six appartements. Il commence à recruter ses hommes, pour la plupart ses anciens camarades de cellule : Tommy (Martin Balsam, formidable), un antiquaire homosexuel, chargé de se rendre sur place pour évaluer le mobilier de chacun des locataires, le Kid (Christopher Walken dans son premier vrai rôle au cinéma), expert en électricité, et Spencer (Dick Anthony Williams, la classe décontractée), conducteur chevronné et activiste des Black Panthers. Mais pendant la captivité de Duke, les technologies ont évolué. Le gangster commence les préparatifs sans se douter qu’il est épié – malgré lui – par un système de vidéo-surveillance omniprésent. Les caméras et les systèmes d’écoute enregistrent tous ses déplacements et ses conversations. Le plus ironique, c’est que cet espionnage est illégal et que les institutions (les stupéfiants, la brigade des fraudes fiscales…) qui en sont à l’origine se demandent même pourquoi elles enregistrent cela.

Comme nous le disions en début de critique, Le Gang Anderson est un film qui peut paraître plus léger dans l’immense, prolifique et éclectique filmographie de Sidney Lumet, surtout quand on le compare à d’autres opus comme Serpico ou bien encore le méconnu Equus. Toutefois, il serait faux de penser que Le Gang Anderson est un film où Sidney Lumet se laisse aller, car même si les personnages sont effectivement moins esquissés que d’habitude, le montage (virtuose, qui joue sur la temporalité des événements), la photographie, le cadre (les rues de New York vues par Lumet !), la direction d’acteurs, la mise en scène, tout y est exemplaire. D’un côté Sidney Lumet livre un film très distrayant. Il rend immédiatement attachant cette bande qui sort de prison et qui décide de « remettre ça » en peaufinant un coup financé par la mafia locale. Mais le réalisateur en profite pour dénoncer l’omniprésence des moyens de surveillance et l’espionnage au quotidien.

Oeuvre hybride, film de casse et à la fois film expérimental, Le Gang Anderson montre un réalisateur soucieux de distraire ses spectateurs, tout en l’informant et en le questionnant sur un fléau qui n’en était pourtant qu’à ses balbutiements. Au cadre parfois étrange, pour ne pas dire déroutant, se lie la musique funky-électro signée Quincy Jones, qui renforce le côté technologique de l’entreprise. Bien qu’il ne bénéficie pas du prestige d’autres films de son auteur, Le Gang Anderson n’a jamais été autant d’actualité qu’au XXIe siècle avec les révélations d’Edward Snowden et s’avérait même prophétique, puisque le scandale du Watergate éclatait quelques mois après la sortie du film. Sidney Lumet et Sean Connery se retrouveront l’année suivante pour leur chef d’oeuvre en commun, l’ambitieux et radical The Offfence, que la France ne découvrira que 35 ans après…

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Gang Anderson, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Trois présentations du film de Sidney Lumet pour le prix d’une ! Si elles se recroisent forcément à travers certains arguments identiques, ces trois interviews parviennent heureusement à se compléter suffisamment. Notre préférence se tourne vers celle de Bertrand Tavernier (20’), qui loue la brillante réussite du Gang Anderson, même si le film n’a pas la même profondeur psychologique que les autres opus de Sidney Lumet et que l’action prime sur le développement des personnages. Bertrand Tavernier indique que le film est sans doute encore meilleur aujourd’hui qu’à sa sortie, critique par erreur le choix de faire incarner un américain à Sean Connery (alors qu’une réplique montre bien que le personnage est britannique), tout en analysant la façon dont le cinéaste traite du thème de la surveillance et son caractère prophétique, un an avant le Watergate. Bertrand Tavernier se penche sur le casting et les personnages, et clôt cet entretien en disant avec le sourire que « c’est un film que devrait voir Christian Estrosi et dont la ressortie en DVD était nécessaire ».

L’historien du cinéma Patrick Brion prend ensuite le relais (7’). Plus concis, ce dernier aborde tout d’abord les thèmes du Gang des Anderson. Puis Patrick Brion se rappelle avoir été bluffé par le sujet et le montage à la sortie du film, avant d’avouer avoir été un peu déçu en le revoyant à l’occasion de cette sortie en DVD-Blu-ray. Notre interlocuteur pointe notamment des effets qui ont selon lui vieilli. Soucieux de l’effet que pourrait causer son avis auprès des spectateurs, Patrick Brion évoque ensuite quelques sommets de la carrière de Sidney Lumet, dont Point limiteFail Safe (1964) qu’il souhaite réhabiliter et qui n’avait pas fait grand bruit à sa sortie.

Dans le dernier entretien de cette édition, François Guérif (6’) parle tout d’abord du roman de Lawrence Sanders, publié en 1969, avant d’analyser lui aussi les thèmes du Gang des Anderson. Il s’agit probablement du module le plus facultatif en raison de ses arguments quelque peu redondants.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie d’affiches.

L’Image et le son

Le Gang Anderson était jusqu’alors disponible dans une édition DVD sortie en 2002 chez Sony Pictures, aujourd’hui épuisée. Les nombreux aficionados du film de Sidney Lumet vont être ravis d’apprendre que Le Gang Anderson fait désormais peau neuve en Haute-Définition (Blu-ray au format 1080p) chez Sidonis Calysta ! Avouons le d’emblée, le transfert n’est pas irréprochable, même si le master paraît très propre et même dépourvu de déchets résiduels. En revanche, le grain original a parfois été trop lissé à notre goût et les visages s’avèrent étrangement rosés, pour ne pas dire franchement saumonés à plusieurs reprises, surtout sur les séquences en intérieur. Heureusement, les détails ne manquent pas, le piqué est ciselé et la clarté est plaisante. Alors même si la restauration ne semble pas récente, la promotion HD sied à merveille à toutes les scènes en extérieur, plus équilibrées et mieux contrastées, à l’instar de l’assaut final.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio Mono 2.0 distillent parfaitement la musique de Quincy Jones et les étranges effets sonores. Néanmoins, la piste française se focalise sans doute trop sur le report des voix, au détriment des ambiances annexes. La piste originale est très propre, sans souffle, dynamique et suffisamment riche pour instaurer un très bon confort acoustique. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue impossible à la volée.

Crédits images : © Columbia Pictures / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / L’Enfer au-dessous de zéro, réalisé par Mark Robson

L’ENFER AU-DESSOUS DE ZÉRO (Hell Below Zero) réalisé par Mark Robson, disponible en DVD le 23 mai 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Alan Ladd, Joan Tetzel, Basil Sydney, Stanley Baker, Joseph Tomelty, Niall MacGinnis

Scénario : Alec Coppel, Max Trell, Richard Maibaum d’après le roman de Hammond Innes

Photographie : John Wilcox

Musique : Clifton Parker

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Lorsque son père capitaine est porté disparu en Antarctique, sa fille Judie Nordhall part immédiatement à sa recherche. En chemin, elle rencontre un ancien officier de la Navy, Duncan Craig. Ce dernier, qui tombe immédiatement sous le charme de la jeune femme, s’engage comme matelot sur le baleinier qui doit effectuer les recherches.

Entre Les Bérets rouges de Terence Young et La Brigade héroïque de Raoul Walsh, Alan Ladd trouve le temps de tourner un petit film d’aventures bien connu des cinéphiles, L’Enfer au-dessous de zéroHell Below Zero, produit par Albert R. Broccoli, bien avant qu’il ne lance la saga James Bond. Au sommet de sa carrière, le comédien sort du triomphe du western L’Homme des vallées perduesShane de George Stevens. En dehors de ses deux collaborations avec le cinéaste Delmer Daves sur L’Aigle solitaire (1954) et L’Or du Hollandais (1958), Alan Ladd ne parviendra jamais à retrouver les faveurs du public. Il sombre progressivement dans l’alcool et les médicaments jusqu’à sa mort prématurée en 1964 à l’âge de 50 ans.

L’Enfer au-dessous de zéro est un divertissement désuet réalisé par le canadien Mark Robson (1913-1978), ancien monteur de Jacques Tourneur sur La Féline et Vaudou, mais aussi d’Orson Welles sur La Splendeur des Amberson. Eclectique, mais aussi inégal, on lui doit Le Champion avec Kirk Douglas (1949), Le Procès avec Glenn Ford (1955), Plus dure sera la chute avec Humphrey Bogart (1956), ainsi que deux films de guerre très célèbres, L’Express du colonel Von Ryan avec Frank Sinatra (1965) et Les Centurions avec Anthony Quinn et Alain Delon (1966). L’un de ses derniers films, Tremblement de terre (1974) demeure l’un des fleurons du genre catastrophe. Bon technicien, Mark Robson s’en tire honorablement derrière la caméra sur L’Enfer au-dessous de zéro, même s’il n’est pas aidé par des transparences omniprésentes et surtout très mal fichues, ainsi que par l’utilisation de maquettes visibles et rudimentaires, sans oublier des décors en carton-pâte supposés représenter l’Antarctique. Tout est fait pour nous faire croire qu’Alan Ladd déambule sur le pont d’un baleinier, mais malgré les efforts de l’équipe des effets spéciaux, cela ne fonctionne pas. Mark Robson incruste des images très impressionnantes, pour ne pas dire horribles, provenant d’un documentaire sur la chasse à la baleine, qui pourraient encore heurter les défenseurs de la cause animale et les spectateurs les plus sensibles.

L’histoire ne manque pas d’attraits. Le Baker, un navire de Bland Nordhal Whaling company signale la disparition en mer de son capitaine, Bernd Nordhah, qui se serait suicidé. Aussitôt informés, Judie, la fille du disparu et son associé John Bland s’envolent pour l’Antarctique dans l’espoir de retrouver sa trace. Sur le chemin Judie fait la connaissance de Duncan Craig, un ancien officier de la Navy à qui elle confie sa crainte que son père ait pu être assassiné. Séduit, Duncan se fait embaucher comme premier matelot sur le baleinier où Judie embarque. Le médecin du bord, que l’ivresse rend bavard, lui raconte que Nordhal a très certainement été victime de son associé et ancien fiancé de Judie. La magie du Technicolor opère, mais L’Enfer au-dessous de zéro vaut essentiellement pour la prestation d’Alan Ladd, élégant, sourire en coin, regard de velours, qui n’hésite pas à donner du poing et qui s’en sort d’ailleurs pas mal dans les bagarres. A ses côtés, l’actrice Joan Tetzel, vue dans Le Procès Paradine d’Alfred Hitchcock, qui a peu tourné pour le cinéma, se révèle charmante et l’alchimie fonctionne avec son partenaire. Le badguy, c’est le vénéneux Stanley Baker avec sa trogne taillée à la serpe, qui tient la dragée haute à Alan Ladd et qui s’avère parfait en salaud de service.

L’Enfer au-dessous de zéro reste un spectacle agréable, qui se laisse agréablement suivre grâce au talent de ses comédiens, à ses nombreuses péripéties sur les eaux glacées de l’Antarctique et à son petit souffle romanesque.

LE DVD

Le DVD de L’Enfer au-dessous de zéro, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Comme pour ses titres western et polars, l’éditeur a confié la présentation de L’Enfer au-dessous de zéro à l’imminent Patrick Brion (7’). L’historien du cinéma évoque le tournage du film en Angleterre et ne cache pas son plaisir d’avoir revu Alan Ladd à l’écran en avouant que cela faisait longtemps qu’il n’avait pas visionné un long métrage avec le comédien. Brion revient rapidement sur le statut de star de l’acteur, tout en donnant quelques indications sur le réalisateur Mark Robson et l’usage des stockshots.

Sidonis nous gratifie ensuite d’un documentaire rétrospectif sur Alan Ladd réalisé en 1998 et intitulé Le Véritable homme tranquille (57’). Constitué d’archives personnelles, de photos, de films de famille, d’extraits, de bandes-annonces d’époque, ce module croise également les interventions – doublées par une voix-off française – de quelques acteurs (Lizabeth Scott , Mona Freeman, Peter Hansen, Paricia Medina), réalisateurs (Edward Dmytryk), d’historiens du cinéma et de proches (David Ladd, le fils du comédien). La réalisation est classique, comme une illustration en images de la fiche Wikipédia d’Alan Ladd (on y brasse son enfance, le trauma avec le suicide de sa mère devant ses yeux, ses débuts, ses premiers succès, ses problèmes avec l’alcool et les médicaments, sa vie de famille, son rapport avec les femmes), mais l’ensemble est suffisamment intéressant et n’est pas avare en images rares voire inédites.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos et d’affiches d’exploitation.

L’Image et le son

Si L’Enfer au-dessous de zéro a un temps été annoncé en Haute-Définition par Sidonis Calysta, force est de constater que l’éditeur a dû revoir ses ambitions puisqu’il ne propose le film de Mark Robson qu’en DVD. Vu l’état de la copie, cela semble plus raisonnable. Non pas que le master 1.33 (16/9) soit « ultra » mauvais, mais en raison de l’étalonnage des couleurs qui laisse parfois vraiment à désirer, tout comme le lissage vraiment trop important du grain original ! A tel point que les transparences, déjà mauvaises à la base, donnent à l’ensemble un côté artificiel assez laid. La gestion des contrastes est elle aussi aléatoire, parfois pendant une même séquence. Un effet de pompage n’a pu être équilibré, quelques scories demeurent, tâches, points, fils en bord de cadre et rayures verticales, les stockshots sont tout de suite visibles (ou moins, puisqu’ils sont souvent flous), bref, ce n’est pas très reluisant tout ça.

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est en revanche fort satisfaisante ici. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes et la musique sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée et les sous-titres français imposés sur la version originale.

Crédits images : © Columbia / Sidonis Calysta / Captures du DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Phantasm, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et combo DVD/Blu-ray le 6 juin 2017 chez ESC Editions & Sidonis Calysta

Acteurs : A. Michael Baldwin, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Kathy Lester, Terrie Kalbus, Kenneth V. Jones, Susan Harper, Lynn Eastman-Rossi

Scénario : Don Coscarelli

Photographie : Don Coscarelli

Musique : Fred Myrow, Malcolm Seagrave

Durée : 1h29

LE FILM

Le jeune Mike, treize ans, assiste en cachette à l’enterrement d’un ami. Après la cérémonie, il voit un colosse s’emparer du cercueil, qu’il soulève comme une plume. Le soir venu, Mike s’introduit dans le grand bâtiment au centre du cimetière et y découvre des activités déconcertantes. Il fait part de ses soupçons à son grand frère Jody, qui retourne avec lui au mausolée. Les deux frères acquièrent la conviction que des forces inconnues s’emparent des défunts dans un but innommable.

Phantasm est l’oeuvre de toute une vie, celle du scénariste et réalisateur américain Don Coscarelli. Né en 1954 à Tripoli, le cinéaste signe d’abord deux longs métrages en 1976, Jim the World’s Greatest, sur lequel il rencontre le comédien Angus Scrimm, puis Kenny & Company. Passionné par le cinéma d’horreur, Don Coscarelli se lance dans l’écriture d’un film de genre en s’isolant au milieu de nulle part, une situation qui lui permet de coucher ses peurs et ses névroses sur le papier. La suite appartient à la légende. Phantasm est un chef d’oeuvre du film fantastique et d’épouvante de la fin des années 1970, un succès qui engendrera quatre suites (1988, 1994, 1998, 2015), dont trois mises en scène par Don Coscarelli lui-même. S’il est également célèbre pour avoir réalisé Bubba Ho-tep en 2002 avec Bruce Campbell dans le rôle d’Elvis qui combat les momies, le cinéaste – qui compte aujourd’hui dix longs métrages à son actif – demeure avant tout le créateur de cette saga mythique.

Egalement producteur, monteur et directeur de la photographie, Don Coscarelli crée un monde foisonnant et virtuose, peuplé de nains dissimulés sous des capuches, un boogeyman gigantesque au teint blafard et à la force herculéenne, un monde parallèle au ciel embrasé, du sang jaune, des doigts coupés qui s’agitent seuls, des mouches géantes, une sphère métallique volante qui se plante dans la tête de la victime et qui la perce à l’aide d’un foret pour y pomper le cerveau. Tout cela pourrait facilement tomber dans l’absurde, mais Don Coscarelli embrasse son sujet avec autant de sérieux que d’humour et parvient à rendre son histoire réaliste et donc emphatique. Plusieurs choses viennent immédiatement en mémoire quand on évoque ce grand classique qu’est Phantasm, mais parmi ce kaléidoscope d’images inoubliables, c’est bel et bien la figure du Tall Man qui vient à l’esprit. Incarné par Lawrence Rory Guy, plus connu sous le nom d’Angus Scrimm (1926-2016), ce croquemitaine ou ce croque-mort plutôt, s’inscrit parmi les personnages les plus emblématiques et énigmatiques du genre aux côtés de Michael Myers, Freddy Krueger, Leatherface et Pinhead. Sa démarche, ses regards, son costume et sa voix (« Booooooy ? ») ont fait de lui une icône de l’épouvante.

Parallèlement à ce boogeyman, Phantasm s’avère un vrai film dramatique qui parle du deuil impossible d’un jeune adolescent pour ses parents et pour son frère aîné. Près de 40 ans après le film nous pouvons nous permettre de dévoiler que le film se révèle être une plongée dans l’imaginaire (quoique…) de Mike. A l’instar du merveilleux film de J.A. Bayona sorti début 2017, Quelques minutes après minuit, Phantasm s’attache à un jeune homme plongé malgré lui dans un monde cauchemardesque pour pouvoir, sans doute, affronter la réalité. Comme dans le Bayona dans lequel un jeune garçon avait recours malgré lui au pouvoir de l’imaginaire pour pouvoir admettre la mort prochaine de sa mère et à préparer son deuil, celui de Phantasm erre dans un cauchemar dans lequel il affronte un croquemitaine aux côtés de son frère aîné Mike. L’épilogue joue alors la carte de la frontière fragile entre le rêve et la réalité, quand les deux mondes rentrent en collision au point de se fondre l’un dans l’autre. La fin reste ouverte et de nombreuses questions en suspens. Si Don Coscarelli n’avait peut-être pas l’intention d’y répondre, du moins immédiatement puisque le second opus ne sera réalisé que dix ans après, on plonge à fond dans cet univers riche et singulier, unique, qui n’a de cesse de surprendre, animé par une passion contagieuse pour le genre, qui enchaîne les scènes anthologiques comme des perles sur un collier en se permettant même quelques soupapes d’humour noir, sans omettre l’émotion.

On ne peut s’empêcher de penser à certaines œuvres de Stephen King, à tel point que si Phantasm avait été une adaptation d’un livre de l’auteur de Carrie, le film se classerait parmi les meilleures transpositions d’une de ses œuvres au cinéma. En s’inscrivant pleinement dans le surréalisme et parfois le macabre diurne (ce qui est assez rare), Phantasm n’est pas sans rappeler Un chien andalou de Luis Buñuel, non seulement en raison de son atmosphère onirique, mais également par son montage de scènes étranges qui fait penser à un puzzle pour lequel chacune des pièces serait caractérisée par un mauvais rêve. Un jeu éclaté et pourtant conduit de main de maître du début à la fin, tandis que l’envoûtante musique de Fred Myrow et Malcolm Seagrave berce les spectateurs comme une comptine entêtante.

A sa sortie, Phantasm est un succès critique et commercial. Le film rapporte près de 12 millions de dollars au box-office nord-américain et attire plus de 500.000 spectateurs en France où il obtient également le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz. Le budget de 300.000 dollars est donc largement rentabilisé. Toutefois, Don Coscarelli ne reviendra à Phantasm qu’en 1988, réalisant entre-temps un film d’heroic fantasy, Dar l’invincibleThe Beastmaster.

LE BLU-RAY

C’est un grand jour pour les cinéphiles ! ESC Editions et Sidonis Calysta s’associent pour nous offrir le tant attendu Phantasm en Haute-Définition ! Le film est disponible en DVD, mais aussi en combo Blu-ray/DVD (édition limitée), disposés dans un boîtier métal avec effet arrondi en 3D. Le menu principal est élégant, animé sur des images du film et son célèbre thème principal.

Le premier supplément disponible sur cette édition est une interview croisée (21’) de Guy Astic (Directeur des éditions Rouge Profond, corédacteur en chef de la revue de cinéma Simulacres, parue de novembre 1999 à mai 2003) et de Julien Maury (scénariste et réalisateur, A l’intérieur). Cette présentation souvent passionnante de Phantasm vaut essentiellement pour l’intervention de Guy Astic, qui convoque à la fois le fond et la forme du film de Don Coscarelli, tandis que Julien Maury, qui introduit et clôt ce module, partage surtout ses souvenirs liés à la découverte de ce grand classique quand il était adolescent. Guy Astic revient sur les débuts de Don Coscarelli, sur les partis pris, les intentions du réalisateur, sa façon d’aborder le fantastique, les thèmes (Astic rapproche également Phantasm de Quelques minutes après minuit de J.A. Bayona), la figure du Tall Man, les effets visuels, la séquence de la sphère métallique. Si les propos de Julien Maury s’avèrent donc plutôt anecdotiques bien que passionnés, ceux de Guy Astic méritent l’attention des cinéphiles et des passionnés du genre.

Le supplément suivant est un document d’archives, avec son image vidéo typique de l’époque. Invités sur le plateau d’une émission réalisée pour une chaîne de télévision en Floride, le réalisateur, scénariste, monteur et producteur Don Coscarelli et le comédien Angus Scrimm répondent aux questions de l’animateur George Capwell (28’). Alors que Phantasm vient tout juste de sortir dans les salles, les deux intervenants réalisent la promotion du film. Le réalisateur aborde la genèse du projet, les conditions de production et de tournage (Coscarelli a été obligé d’emprunter de l’argent à son père), son amour pour les films d’horreur, comment le film a ensuite été acheté, les origines du titre. De son côté, en mode Tall Man, Angus Scrimm raconte l’histoire à sa manière, ses débuts au théâtre et au cinéma, mais aussi comment il a créé son personnage grâce à son costume (plus large que sa morphologie), des chaussures compensées, le maquillage et sa voix.

Angus Scrimm est de retour dans le bonus suivant dans lequel le comédien intervient à la convention Fangoria en 1989, un an après la sortie de Phantasm 2 (10’). A la manière de Gollum qui discute avec Sméagol, Angus Scrimm laisse parfois le Tall Man prendre le dessus, quand il ne dialogue tout simplement pas avec lui-même, pour le plus grand plaisir des spectateurs hilares. Entre deux délires très réussis, Angus Scrimm s’exprime sur ce rôle, celui de sa vie et s’amuse du peu de dialogues qu’il possède dans les deux films. Par ailleurs, il reprend chaque réplique déclamée sur le ton de son personnage, cinq pour Phantasm et dix pour sa suite. Booooooooy ????!!!!

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale et une galerie de photos.

Dommage de ne pas retrouver les commentaires audio du réalisateur accompagné de ses acteurs d’un côté et des producteurs de l’autre, les scènes coupées et le module sur les effets spéciaux pourtant présents sur l’édition américaine. Mais ce serait faire la fine bouche, car notre édition est vraiment formidable.

Egalement au programme mais non reçu pour ce test, vous trouverez un livret de Marc Toullec intitulé « Au coeur du Phantasm », réalisé à l’occasion de cette édition.

L’Image et le son

ESC Editions / Sidonis Calysta nous livre la tant attendue nouvelle copie tirée d’un master restauré en 4K par Bad Robot, la société de production de J.J. Abrams. Alors, si les puristes risquent de tiquer devant le lissage parfois excessif du grain original, force est de constater que Phantasm renaît bel et bien de ses cendres ! Totalement invisible en France depuis une vingtaine d’années, le film de Don Coscarelli bénéficie enfin d’une édition digne de ce nom. La propreté du master est ébouriffante. Toutes les scories, poussières, griffures ont été purement et simplement éradiquées grâce au scalpel numérique. Ce Blu-ray au format 1080p (AVC) s’avère tout autant saisissant dans son rendu des scènes diurnes que pour les séquences sombres, l’image est souvent éclatante avec un piqué inédit, une profondeur de champ impressionnante et un relief des textures que nous n’attendions pas. Les couleurs retrouvent une deuxième jeunesse, à tel point que l’on pourrait même distinguer le maquillage outrancier du Tall Man. Hormis le manque de patine argentique sur certains plans qui pourrait parfois donner un côté artificiel à l’entreprise (même si on a déjà vu bien pire dans le genre), l’élévation HD pour Phantasm est indispensable et le lifting de premier ordre.

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition enivrante de Fred Myrow et Malcolm Seagrave d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Souffle de la violence, réalisé par Rudolph Maté

LE SOUFFLE DE LA VIOLENCE (The Violent Men) réalisé par Rudolph Maté, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Glenn Ford, Barbara Stanwyck, Edward G. Robinson, Dianne Foster, Brian Keith, May Wynn

Scénario : Harry Kleiner d’après le roman de Doland Hamilton

Photographie : W. Howard Greene, Burnett Guffey

Musique : Max Steiner

Durée : 1h36

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

Vétéran de la Guerre de Sécession, John Parrish met son ranch en vente acheté il y a trois ans afin de se remettre de ses blessures, bien décidé à s’installer avec sa fiancée dans l’Est des Etats-Unis. Si la puissante famille Wilkison lui fait une offre, il la refuse, l’estimant ridiculement basse. Mais les Wilkison ne sont pas des gens auxquels on dit « non ». Pour faire plier Parrish, ils emploient les grands moyens. Ce qu’ils vont bientôt regretter…

Avant de passer à la mise en scène, le polonais Rudolf Mayer, plus connu sous le nom de Rudolph Maté (1898-1964) avait fait ses classes en tant que directeur de la photographie en travaillant avec Carl Theodor Dreyer sur La Passion de Jeanne d’Arc, Louise Brooks sur Prix de beauté, Fritz Lang sur Liliom, Leo McCarey sur la première version de Elle et lui, sans oublier Alfred Hitchcock sur Correspondant 17, René Clair sur La Belle ensorceleuse, Ernst Lubitsch sur To Be or Not To Be, Charles Vidor sur Gilda, jusqu’à La Dame de Shanghai d’Orson Welles en 1947. Réalisé en 1955, Le Souffle de la violenceThe Violent Men, demeure un de ses films les plus célèbres.

Réunissant un casting prestigieux composé de Glenn Ford, Barbara Stanwyck, Edward G. Robinson, Dianne Foster, Brian Keith et Richard Jaeckel, ce western entre classicisme et film noir possède plusieurs atouts dans son jeu pour qu’on s’y attarde. En 1870, dans l’Ouest américain. Installé depuis 20 ans dans une vallée, un gros propriétaire terrien, Lew Wilkison, agrandit continuellement son domaine en ruinant les petits fermiers des environs et en leur rachetant leurs terres à des prix dérisoires. Ceux qui refusent de lui céder sont brutalisés et même abattus par ses hommes. Lew, resté infirme à la suite d’une blessure, est encouragé dans son orgueil et sa tyrannie par sa femme, Martha, ambitieuse et cupide. Il trouve un terrain d’entente avec John Parrish pour racheter son ranch mais quand l’ami de ce dernier, le shérif Martin Kenner, est tué par un homme de main de Wilkison, c’est le début d’une guerre entre ranchers.

Si le travail à la réalisation de Rudolph Maté est moins reconnu que sa période en tant que chef opérateur, il n’en demeure pas moins que Le Souffle de la violence s’avère une belle réussite. Glenn Ford demeure une des meilleures incarnations du cowboy à l’écran. Aussi à l’aise au maniement de la pétoire qu’à cheval, merveilleux comédien dramatique au charisme flamboyant, on ne regarde pas Glenn Ford, on l’admire. La magie opère une fois de plus dans Le Souffle de la violence, d’autant plus que son personnage, comme tous les autres, n’est au final pas si attachant que cela. Une gageure pour Maté de nous faire accepter un cowboy, ancien militaire donc, qui n’aspire qu’à être tranquille, au point de ne pas intervenir lorsqu’un shérif se fait tirer dans le dos devant lui. John Parrish se dévoile par strate et l’on comprend alors que l’homme a connu la violence extrême sur le front, qu’il en est revenu sain et sauf en apparence, mais que les combats résonnent encore dans sa tête et qu’il reste tourmenté. Alors quand ses projets de partir dans l’est se voient contrecarrés, Parrish ne va pas avoir d’autres choix que d’avoir recours à ses méthodes militaires – ancien stratège de la cavalerie sudiste – pour affronter ses adversaires. Un peu comme s’il s’agissait du grand-père de Liam Neeson dans Taken quoi. Mais face à lui se joue un double et trouble jeu.

Martha Wilkison est mariée à un riche propriétaire terrien paralysé. Malgré son visible dévouement et sa douceur, la jeune femme entretient une relation avec le frère de son époux. Ambitieux, ces deux derniers parviennent à manipuler le mari de Martha afin d’étendre la propriété, en vue de se l’accaparer ultérieurement. Martha parvient à monter son mari contre Parrish. Il y a du film noir dans Le Souffle de la violence, impression renforcée par le jeu moderne et même la figure de Barbara Stanwyck, sans oublier celle d’Edward G. Robinson. Dix ans auparavant, les deux comédiens tenaient l’affiche du mythique Assurance sur la mort de Billy Wilder. Le Souffle de la violence se pose à la croisée des genres.

Rudolph Maté ponctue son film de quelques fulgurances à l’instar du règlement de comptes entre Parrish et Wade Matlock (Jaeckel, venimeux à souhait) dans le saloon, ou bien encore l’exécution d’un des hommes de Parrish, écartelé au lasso par les sbires menés par Matlock, avant d’être froidement exécuté. L’homme est un loup pour l’homme et porte la violence en lui. Si elle parvient à s’atténuer, elle ressurgit à la moindre occasion.

Tournée dans les merveilleux décors naturels de l’Arizona et des Alabama Hills en Californie capturés par deux chefs opérateurs, W. Howard Greene (Une étoile est née, Le Livre de la jungle) et Burnett Guffey (Tant qu’il y aura des hommes), marquée par la partition inspirée du prolifique Max Steiner, cette adaptation du roman Smoky Valley de Donald Hamilton publié en 1954 est très plaisante, divertissante, aussi généreuse dans l’action sèche que dans ses inattendus affrontements psychologiques.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Le Souffle de la violence, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pas moins de trois présentations au programme de cette édition !

On commence évidemment par la plus longue, la plus passionnée et passionnante, la plus complète, celle de Bertrand Tavernier (30′). Le cinéaste et historien du cinéma avoue d’emblée avoir réévalué Le Souffle de la violence avec un plaisir non dissimulé. S’il avait loué la qualité du scénario dans son ouvrage 50 ans de cinéma américain coécrit avec Jean-Pierre Coursodon, Bertrand Tavernier trouvait la mise en scène de Rudolph Maté très médiocre. Dans son mea culpa, l’historien évoque la beauté de la photographie, mais aussi celle du cadre, la violence sèche, les décors naturels, la musique de Max Steiner, la complexité des personnages, le casting, le décalage des archétypes. Encore une belle et grande leçon de cinéma.

Après cet entretien, les deux suivants font ce qu’ils peuvent pour apporter de nouveaux éléments qui pourraient intéresser les spectateurs. Comme d’habitude, Patrick Brion (9′), commence par réaliser un petit tour d’horizon du western l’année où le film qui nous intéresse est sorti sur les écrans. Cette manie commence à devenir bien redondante, d’autant plus que cette année avait déjà été passée en revue par l’intéressé sur d’autres titres, mais heureusement, nous arrivons à glaner quelques informations, notamment sur la psychologie des personnages. Comme bien souvent ces derniers temps, Patrick Brion évoque deux ou trois points “très intéressants” sans forcément les aborder et les approfondir, ce qui est un peu frustrant.

C’est ensuite au tour de François Guérif de présenter Le Souffle de la violence (9′). C’est sa spécialité, l’éditeur et critique de cinéma, directeur de la collection Rivages/Noir, nous parle tout d’abord du roman Smoky Valley et plus particulièrement de son auteur Donald Hamilton, créateur du personnage Matt Helm, plusieurs fois adapté au cinéma. Selon Guérif, ses westerns demeurent moins connus, malgré l’adaptation de The Big Country, Les Grands espaces par William Wyler. Cette analyse du film de Rudolph Maté est précise et complète bien celle de Bertrand Tavernier.

L’interactivité se clôt sur une galerie d’affiches.

L’Image et le son

Ce master HD s’avère de bonne qualité. Le générique reste cependant marqué par un grain beaucoup plus appuyé et des points blancs. La colorimétrie fait peur avec ses teintes délavées et ses fourmillements. Heureusement, cela s’arrange dès la fin des credits. Le piqué est soudain ferme, les détails appréciables sur le cadre large, les contrastes sont denses et le Technicolor retrouve une certaine vivacité. Seules les séquences sombres resteront moins définies avec quelques effets de pompage, des visages cireux et lisses. En dépit de décrochages sur les fondus enchaînés, du lissage parfois exagéré du grain original et d’une restauration qui semble datée, ce Blu-ray du Souffle de la violence tient ses promesses et de nombreuses scènes tirent profit de cette élévation HD. Signalons également que cette édition Blu-ray demeure pour l’instant une exclusivité mondiale !

L’éditeur ne propose pas un inutile remixage 5.1, mais encode la versions anglaise en DTS-HD Master Audio Stéréo et la piste française en Mono. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, mais dont les voix paraissent bien confinées et peu ardentes, sans parler de la pauvreté des effets annexes. Elle n’arrive pas à la cheville de la version originale, évidemment plus riche, vive, propre et aérée. Dans les deux cas, le souffle se fait discret et la musique bénéficie d’une jolie restitution. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Columbia Pictures / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / La Levée des tomahawks, réalisé par Spencer Gordon Bennet

LA LEVÉE DES TOMAHAWKS (Brave Warrior) réalisé par Spencer Gordon Bennet, disponible en DVD le 23 mars 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Jon Hall, Christine Larsen, Jay Silverheels, Michael Ansara, Harry Cording, James Seay

Scénario : Robert E. Kent

Photographie : William V. Skall

Musique : Mischa Bakaleinikoff

Durée : 1h09

Date de sortie initiale : 1952

LE FILM

1812 dans l’Indiana. Un nouveau conflit menace de naître entre les Etats Unis et L’Angleterre. Un radeau américain destiné à ravitailler les tribus Shawnee en sel est attaqué par les Anglais, ceux-ci en massacrent les occupants et coulent la cargaison. Cet acte est commandité par Shayne Mac Grégor, riche commerçant en fourrures à Vincennes. Au camp Shawnnee, las des promesses non tenues la révolte gronde, la division éclate entre le chef Tecumseh et son frère surnommé « Le Prophète ». Ce dernier veut déterrer la hache de guerre contre les Américains. Le gouverneur de l’état William Henry Harrison, afin d’éviter une nouvelle guerre, engage Steve Rudell ami d’enfance de Tecumseh. Steve propose alors à Tecumseh de bâtir une ville nouvelle :  » Tippecanoe  » avec une école pour les enfants, ce qui permettra de rapprocher les contacts pacifiques entre blancs et indiens.
De son côté, Mac Grégor prépare avec l’aide du prophète et des Anglais, une embuscade destinée à anéantir les troupes américaines venues pour établir leur quartier général dans la ville de Vincennes.

Spencer Gordon Bennet (1983-1987) demeure un des plus grands spécialistes de la série B du cinéma américain. Prolifique et éclectique, on lui attribue plus de 120 films tournés entre 1921 et 1966. Habitué des serials, ce réalisateur était capable de livrer une demi-douzaine de films par an dans les années 1920 jusqu’à l’entrée des Etats-Unis dans la Seconde Guerre mondiale. Dans sa filmographie, tous les genres y sont passés, en particulier les westerns, les films d’aventures et de science-fiction. Zorro, le vengeur masqué (1944), Superman (1948), Batman & Robin (1949), Le Sous-marin atomique (1959), restent ses œuvres les plus marquantes. Sur sa tombe, les studios lui ont rendu un dernier hommage en y faisant graver « King of Serial Directors, his final chapter ». La Levée des tomahawksBrave Warrior est un de ses cinq films tournés et sortis en 1952.

Ce petit western mis en scène avec peu de moyens, montre le savoir-faire du cinéaste pour emballer une aventure qui prend de très grandes libertés avec l’Histoire, afin de proposer aux spectateurs un récit aux personnages attachants, des archétypes où les gentils le sont vraiment, tout comme leurs adversaires que rien ne peut racheter, afin de ne pas compliquer les choses, pour aller à l’essentiel en à peine 70 minutes. Le lieu (la ville de Vincennes, Indiana), et le conflit en cours (les Anglais qui menacent les Américains, les Indiens Shawnees qui se retrouvent au milieu) sont exposés au moyen d’une carte dès le prologue. Spencer Gordon Bennet et son scénariste Robert E. Kent n’ont aucun scrupule pour remanier l’Histoire à leur guise et montrer de vrais héros américains, en paix avec les Indiens – ils leur fournissent même le sel nécessaire à la conservation de leur nourriture, afin de les remercier de leur avoir cédé leurs terres situées le long de la rivière Tippecanoe – jusqu’à ce que ces maudits Anglais essayent de contrecarrer leur expansion. Les Indiens Shawnees eux-mêmes vont se retrouver face à un dilemme puisque le guerrier surnommé « Le Prophète » (Michael Ansara) décide de se rebeller contre les Américains, tandis que son frère, le pacifiste Tecumseh (Jay Silverheels), qui admire la civilisation des Blancs et amoureux d’une Américaine, Laura (Christine Larsen), tente de ramener la paix dans la région. Mais les Anglais sont fourbes et vont user de stratagèmes, ainsi que de l’aide d’Américains qui ont rallié leur cause (dont le père de Laura), pour déclencher une guerre sur le sol de l’Oncle Sam, afin de mieux en récolter les fruits.

Comme il en a toujours eu l’habitude, Spencer Gordon Bennet soigne sa mise en scène, du moins autant que son budget restreint lui permettait de le faire, et se concentre avant tout sur les personnages et un beau Technicolor. De ce fait, les anachronismes, les décors carton-pâte, les costumes médiocres (les Indiens semblent affublés d’un pyjama) passent « mieux » à l’écran. Production modeste, La Levée des tomahawks repose sur un casting solide avec notamment Jon Hall, découvert dans quelques séries B d’aventures aux titres explicites Pago-Pago, île enchantée, Aloma, princesse des îles ou bien encore The Tuttles of Tahiti, avant de devenir une star avec les formidables La Vengeance de l’Homme Invisible et L’Agent invisible contre la gestapo.

La Levée des tomahawks se regarde comme on lit un roman d’aventures vintage à la couverture excitante, dont le contenu n’est sans doute pas à la hauteur des espérances, mais qui n’en demeure pas moins bourré de charme et extrêmement divertissant.

LE DVD

Le DVD de La Levée des tomahawks, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Point de Bertrand Tavernier à l’horizon, mais François Guérif a répondu présent à l’appel afin de présenter le film de Spencer Gordon Bennet. Pendant cinq petites minutes, le critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir, rappelle qui est le réalisateur, avant d’évoquer tous les anachronismes et les grandes libertés (euphémisme) prises avec la véritable histoire et les personnages réels. S’il dit que La Levée des tomahawks demeure une curiosité, François Guérif insiste bien sur le fait que tous les événements évoqués dans le film sont faux.

De son côté, Parick Brion est plus magnanime avec le film (7’). On apprend que La Levée des tomahawks est un film inédit dans les salles françaises, mais qu’il a bénéficié d’une sortie en Belgique en double-programme. Après avoir rappelé quelques grands titres du western sortis en 1952, l’historien du cinéma parle du réalisateur Spencer Gordon Bennet, du casting du film et indique que La Levée des tomahawks est rare et s’estime très heureux de pouvoir le présenter aux spectateurs grâce à cette édition DVD.

L’interactivité se clôt sur une galerie de photos.

L’Image et le son

Le catalogue de Sidonis s’enrichit ainsi avec l’édition de La Levée des tomahawks, jusqu’alors inédit en France et se revêt d’un beau master (1.33, 16/9) restauré. La photo et les partis pris esthétiques originaux sont très bien conservés, les contrastes certes un peu légers et les couleurs parfois pastelles, mais le générique affiche d’emblée une stabilité bienvenue. La définition ne déçoit jamais, les poussières n’ont pas survécu au lifting numérique, hormis quelques points et tâches. Les scènes sombres et nocturnes sont logées à la même enseigne que les séquences diurnes, la profondeur de champ est appréciable, le grain cinéma est conservé même si certaines scènes apparaissent étrangement lisses et le piqué demeure vraiment agréable.

Que votre choix se porte sur la version originale (avec sous-titres français imposés) ou la version française, la restauration est également fort satisfaisante. Aucun souffle constaté sur les deux pistes, l’écoute est claire, frontale et riche, dynamique et vive. Les effets annexes sont plus conséquents sur la version originale que sur la piste française, moins précise, mais le confort acoustique est assuré sur les deux options. Le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Columbia Pictures / Captures du DVD :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Homme de nulle part, réalisé par Delmer Daves

L’HOMME DE NULLE PART (Jubal) réalisé par Delmer Daves, disponible en DVD et Blu-ray le 23 mars 2017 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Glenn Ford, Ernest Borgnine, Rod Steiger, Valerie French, Felicia Farr, Basil Ruysdael, Charles Bronson, Jack Elam

Scénario : Russell S. Hughes, Delmer Daves

Photographie : Charles Lawton Jr.

Musique : David Raskin

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1956

LE FILM

Sans monture, épuisé, Jubal Troop s’écroule sur un chemin. Il est recueilli par un rancher, Shep Horgan, qui lui propose bientôt de travailler pour lui. Shep se prend d’amitié pour Jubal qu’il nomme très vite régisseur de son domaine, au grand dam de Pinky, qui briguait le poste. Mae, la femme de Shep, se lasse de la vulgarité de son mari au contact de Jubal, dont la distinction et la réserve naturelle la séduisent. Lorsque des vagabonds s’installent sur les terres de Shep, Pinky tente de les chasser, mais Jubal leur permet de rester et s’éprend même de la fille de l’un d’eux, Naomi Hoktor…

C’est ce genre de film qui nous fait aimer le cinéma, qui nous passionne, nous donne chaud au coeur et nous évade loin du quotidien. L’Homme de nulle partJubal est un des chefs d’oeuvres réalisés par Delmer Daves (1904-1977), réalisateur souvent oublié et sous-estimé, qui a pourtant signé de nombreux classiques tels que Les Passagers de la nuit (1947) aka Dark Passage avec Humphrey Bogart, qui est resté célèbre pour son usage de la caméra subjective, La Flèche brisée (1950) le premier western pro-indien, et 3h10 pour Yuma (1957), superbe western adapté d’une nouvelle écrite par l’immense et prolifique écrivain Elmore Leonard parue en mars 1953. L’Homme de nulle part (1956), est la première des trois collaborations Delmer Daves – Glenn Ford.

Ce film placé sous haute-tension malgré sa quasi-absence d’action, repose sur la confrontation psychologique entre les comédiens, Glenn Ford donc, mais aussi Ernest Borgnine et Rod Steiger (tous deux venaient d’obtenir l’Oscar du meilleur acteur), le débutant Charles Bronson, sans oublier les rôles féminins tenus par Valerie French et Felicia Farr. Dans un magnifique Technicolor signé par le directeur de la photographie Charles Lawton Jr. (3h10 pour Yuma, La Dame de Shanghaï), sur un montage sec, une mise en scène d’une suprême élégance et son cadre léché, L’Homme de nulle part oscille entre le western proprement dit, le mélodrame, renforcé par la composition de David Raskin, et le film noir avec une vraie femme fatale placée au centre de l’intrigue, incarnée par la sublime Valerie French. Tourné dans les extraordinaires paysages du Wyoming filmés en Cinemascope, L’Homme de nulle part agit comme un étau qui resserre et enferme progressivement ses personnages au fil du récit.

A travers ce western flamboyant et intimiste, Delmer Daves évoque la solitude et les désirs frustrés avec les personnages de Mae, jeune femme aimée maladroitement et dégoûtée par Shep (Ernest Borgnine), homme bon, mais paillard et naïf, amoureux maladroit et balourd, également désirée par Pinky (Rod Steiger), homme violent et jaloux, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de Jubal (Glenn Ford) dans leur ranch. Ce dernier, petit garçon non désiré par sa mère, a été sauvé de la noyade par son père, ce dernier n’ayant pu en réchapper à son tour, happé par l’hélice d’un bateau. Tout cela devant les yeux d’une mère reprochant à Jubal de s’en être sorti indemne. Comme il le confie à Naomi (Felicia Farr), Jubal n’a depuis cessé de courir sans se retourner. C’est ainsi que le film s’ouvre, sur un homme à bout de forces, qui finit par s’écrouler, après un long marathon. D’où vient-il ? Où a-t-il appris à manier si habilement le revolver alors qu’il n’en porte pas sur lui ? A quoi essaye-t-il d’échapper ? Pourquoi dit-il être poursuivi par la malchance ? Nous n’en saurons que très peu sur ce personnage ambigu auquel on s’attache d’emblée grâce à l’intensité du jeu de Glenn Ford, monstre de charisme, qui trouve un des plus beaux rôles de sa longue et prolifique carrière.

Ce qui a toujours fait la force du cinéma de Delmer Daves, c’est son attachement aux personnages, masculins comme féminins, plutôt que le contexte et le genre, même s’il affectionnait tout particulièrement le western puisqu’il en a réalisé près d’une dizaine, y compris La Dernière Caravane et La Colline des potences. Oeuvre complexe, dramatique, psychologique, qui met en relief l’homme, ses contradictions, ses espoirs et la rédemption grâce à l’amour, L’Homme de nulle part est un vrai chef d’oeuvre intense et inaltérable.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Homme de nulle part, disponible chez Sidonis Calysta, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé sur la musique du film.

Pas moins de trois présentations au programme de cette édition !

On commence évidemment par la présentation la plus longue, la plus passionnée et passionnante, la plus complète, celle de Bertrand Tavernier (38′). Le cinéaste et historien du cinéma évoque la collaboration Glenn Ford – Delmer Daves sur trois films (qu’il compare à celle de James Stewart avec Anthony Mann), l’écriture de L’Homme de nulle part par Delmer Daves qui a rejeté la première mouture trop fidèle au roman de Paul Wellman. Les personnages et donc l’interprétation de chaque comédien sont passés en revue et Tavernier met en parallèle l’histoire de Jubal avec celle d’Othello de Shakespeare. On apprend également que Delmer Daves ne voulait pas de Rod Steiger dans le rôle de Pinky, mais Aldo Ray. Tavernier raconte ensuite quelques anecdotes de tournage, dont les difficultés de Delmer Daves face à la « méthode » chérie par Rod Steiger. Après avoir revu le film, notre interlocuteur avoue avoir reconsidéré Rod Steiger dans la peau de ce personnage. Le soin apporté par Delmer Daves aux petits détails, au décor, aux costumes, aux accessoires est ensuite loué par Bertrand Tavernier.

Après cet entretien, les deux suivants font ce qu’ils peuvent pour apporter de nouveaux éléments qui pourraient intéresser les spectateurs. Comme d’habitude, Patrick Brion (14′), commence par réaliser un petit tour d’horizon du western l’année où le film qui nous intéresse est sorti sur les écrans. Cette manie commence à devenir bien redondante, mais heureusement, nous arrivons à glaner quelques informations, notamment sur la fin de carrière de Delmer Daves, qui a consacré ses derniers films à des drames sur la jeunesse américaine. Comme bien souvent ces derniers temps, Patrick Brion évoque deux ou trois points « très intéressants » sans forcément les aborder et les approfondir, ce qui est un peu frustrant.

A l’instar de Bertrand Tavernier, Patrick Brion compare L’Homme de nulle part à Othello, argument que conteste François Guérif dans la troisième et dernière présentation du film de Delmer Daves (12′). En effet, pour lui, ce parallèle ne tient pas en raison du personnage de Mae, en contradiction avec celui de Desdémone. Mais François Guérif ne concentre pas son intervention sur cette comparaison et évoque également le jeu des comédiens (dont l’interprétation « décalée » de Rod Steiger), l’histoire du film et celle du roman original et explique que L’Homme de nulle part était l’un des films préférés de son auteur.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie d’affiches.

L’Image et le son

Sidonis Calysta édite L’Homme de nulle part en Blu-ray, dans une version restaurée. Dès le générique d’ouverture, la copie affiche une remarquable propreté. Si le grain est très prononcé sur certains arrière-plans qui s’accompagnent également de sensibles fourmillements, les couloirs ne déçoivent pas. Certaines séquences paraissent moins définies, mais le Technicolor est assez vif, la copie HD au format 1080p trouve un équilibre fort convenable jusqu’à la fin. Le piqué est appréciable, les contrastes bien gérés, même si quelques petits points subsistent. Le codec AVC consolide l’ensemble avec fermeté, le cadre large n’est pas avare en détails. Hormis de menus décrochages sur les fondus enchaînés, L’Homme de nulle part n’a jamais paru aussi net et lumineux qu’à travers ce Blu-ray.

L’éditeur ne propose pas un inutile remixage 5.1, mais encode les versions anglaise et française en DTS-HD Master Audio mono 2.0. Passons rapidement sur la version française au doublage old-school très réussi, mais dont les voix paraissent bien confinées et peu ardentes, sans parler de la pauvreté des effets annexes. Elle n’arrive pas à la cheville de la version originale, évidemment plus riche, vive, propre et aérée. Dans les deux cas, le souffle se fait discret et la musique bénéficie d’une jolie restitution. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé à la volée.

Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr