Test Blu-ray / Le Cynique, l’Infâme et le Violent, réalisé par Umberto Lenzi

LE CYNIQUE, L’INFÂME, LE VIOLENT (Il Cinico, l’infame, il violento) réalisé par Umberto Lenzi, disponible en combo DVD/Blu-ray le 18 mars 2017 chez The Ecstasy of Films

Acteurs : Maurizio Merli, Tomás Milián, John Saxon, Renzo Palmer, Gabriella Lepori, Claudio Undari, Bruno Corazzari

Scénario : Ernesto Gastaldi, Dardano Sacchetti, Umberto Lenzi d’après une histoire originale de Sauro Scavolini

Photographie : Federico Zanni

Musique : Franco Micalizzi

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Luigi Maietto, dit   »le Chinois » , jeune truand cynique et ambitieux, vient de s’évader de prison. Son premier souhait est de faire mordre la poussière au responsable de sa condamnation à vie, l’ex-commissaire de police Leonardo Tanzi, en lui envoyant deux tueurs. En dépit de graves blessures, il se fait passer pour mort et se cache à Rome pour y donner la chasse à son persécuteur. Le Chinois, qui se croit débarrassé, a repris son activité au sein de la pègre organisée, en s’associant au « boss » italo-américain Frank Di Maggio pour mieux régner en maître sur la Mafia romaine. Tanzi monte un plan machiavélique pour anéantir Le Chinois en l’opposant à Di Maggio. Une guerre sans merci va débuter.

Au cours des années 70, l’Italie subit les revendications politiques des Brigades Rouges et vit ce que l’on appellera plus tard ses « années de plomb » . Reflet social, le cinéma va exprimer cette violence dans une vague de polars urbains âpres et cruels. Fortement inspirés par des films comme L’inspecteur Harry (1971), Un justicier dans la ville (1974) ou encore French Connection (1971), les réalisateurs Enzo G. Castellari, Fernando Di Léo, Umberto Lenzi, et bien d’autres, vont faire mettre en images violence, vengeance et justice. Franco Nero, Tomás Milián, Fabio Testi, ou Maurizio Merli, vont camper les flics, voyous, mafieux, escrocs ou justiciers, pour le plus grand bonheur des spectateurs.

Celui qui nous intéresse ici est Le Cynique, l’Infâme et le Violent Il cinico, l’infame, il violento (et même The Cynic, the Rat and the Fist en anglais !) réalisé par le prolifique Umberto Lenzi (Maciste contre Zorro, Kriminal, Le tueur à l’orchidée) avec le mythique Tomás Milián, comédien cubain qui alternait les séries B lucratives et les films d’auteur chez Mauro Bolognini, Alberto Lattuada, Valerio Zurlini, Liliana Cavani, Bernardo Bertolucci, Michelangelo Antonioni. A l’heure où certaines villes italiennes sont ratissées par certains gangs organisés et les petits commerçants pillés de toutes parts, Le Cynique, l’Infâme et le Violent agit comme un véritable défouloir dans les salles de cinéma en 1977.

Triomphe public, ce thriller violent n’a sans doute pas l’audace de Big Racket d’Enzo G. Castellari, mais n’en demeure pas moins un reflet de l’Italie d’alors et n’a rien perdu de sa férocité aujourd’hui. Porté par le charisme animal de Tomás Milián d’un côté, de Maurizio Merli de l’autre et du comédien italo-américain John Saxon entre les deux, Le Cynique, l’Infâme et le Violent est un véritable festival de bastons aux bruitages à la Terence Hill / Bud Spencer, de répliques cinglantes (en version originale tout du moins), de règlements de comptes (on y casse des jambes avec un cric, on jette de l’acide au visage d’une femme, on défonce la tête d’un homme à l’aide de balles de golf avant de le donner à bouffer à des dogues allemands), ça défouraille sévère. Le tout en gardant l’air décontracté, la chemise au col pelle à tarte bien ouvert sur le torse poilu où brillent les chaînes en or.

Après La rançon de la peurMilano odia : la polizia non può sparare, Bracelets de sangIl giustiziere sfida la città, Opération casseur Napoli violenta, Le Cave sort de sa planqueIl trucido e lo sbirro, Le Clan des pourrisIl trucido e lo sbirro et surtout Brigade spécialeRoma a mano armata dont il s’agit d’une suite (mais contrairement à Merli, Milian n’incarne pas le même personnage), Umberto Lenzi réunit ses précédentes têtes d’affiche pour Le Cynique, l’Infâme et le Violent, même si Tomás Milián et Maurizio Merli, qui ne se supportaient plus au point d’en venir aux mains, n’apparaissent jamais dans le même plan, y compris lors de l’affrontement final, grâce à un montage malin et très découpé.

Maurizio Merli traverse le film en singeant Franco Nero, au point d’y ressembler de façon troublante sur certains plans, comme si rien ne pouvait l’atteindre, en mettant un coup de poing d’abord et en discutant après. L’intrigue est typique du néo-polar italien aka poliziesco, avec quelques ingrédients directement issus du western et même de Mission Impossible lors d’un casse réalisé à l’aide de quelques gadgets (dont des lunettes à infrarouges pour passer à travers des lasers), et l’on suit avec délectation ces trois intrigues en parallèle, jusqu’à ce que le destin réunisse les trois personnages principaux sur la même scène.

Quarante ans après, Le Cynique, l’Infâme et le Violent demeure un savoureux divertissement, un pur plaisir de cinéma Bis, un petit bijou de l’Eurocrime fait évidemment pour remplir le tiroir-caisse, mais avec une redoutable efficacité doublé d’un vrai sens du spectacle populaire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray et le DVD du Cynique, l’Infâme et le Violent, disponible chez The Ecstasy of Films, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. L’élégante jaquette (réversible) saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de cinéma Bis, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est animé et musical. La tranche de la jaquette indique que ce titre est le numéro 1 de la collection Eurocrime et la sérigraphie du disque arbore les couleurs du drapeau italien.

Pour cette édition limitée, The Ecstasy of Films propose 1h45 de suppléments ! Autant dire que les fans vont être ravis !

On commence par l’entretien avec le réalisateur Umberto Lenzi (22’). Né en 1931, le cinéaste revient tout d’abord sur son amour du film noir américain, ses études au Centro Sperimentale di Cinematografia, ses débuts au cinéma dans le péplum et dans les films de pirates. Puis, Lenzi aborde son travail dans le giallo et le polizieco avec quelques-uns de ses plus grands succès. Le metteur en scène est visiblement heureux de partager ses souvenirs et de revenir sur la période la plus glorieuse de sa carrière. Evidemment, il n’oublie pas de mentionner les acteurs qu’il a fait tourné à plusieurs reprises, Maurizio Merli et Tomás Milián (« qui avait besoin de se charger avant de tourner »), en insistant sur le fait que les deux comédiens, qui ne pouvaient pas se supporter, ne se sont pas croisés une seule fois sur le plateau du Cynique, l’Infâme et le Violent. Le titre original du film « Insieme per una grande rapina » (Ensemble pour un grand casse), utilisé sur le plateau et même pour la bande-annonce, est gentiment moqué de la part de Lenzi puisque cette idée des producteurs ne correspondait pas du tout au film qu’il était en train de tourner. C’est le réalisateur lui-même qui a ensuite trouvé le titre définitif en s’inspirant bien sûr de Sergio Leone. Ne manquez pas ce rendez-vous bourré d’anecdotes intéressantes.

Réalisée peu de temps avant sa disparition, l’interview de Tomás Milián (13’) est également au programme. Aux côtés d’un chat tranquillement endormi, le comédien passe pas mal de temps à parler (en anglais) de son statut d’immense star en Italie, sur ses collaborations avec les plus grands et son triomphe dans les séries B. Milián s’attarde surtout sur ses diverses collaborations avec Umberto Lenzi, « un réalisateur qui avait besoin de travailler avec moi, car il était sûr de gagner de l’argent ». L’acteur se penche notamment sur sa relation avec le cinéaste, « un rapport amour-haine, car je refusais de faire ce qui ne me plaisait pas ». Dans la dernière partie de cet entretien, Tomás Milián aborde le côté défouloir d’incarner des salauds à l’écran, « cela permet de vider son sac et c’est donc plutôt relaxant », ainsi que sa participation aux dialogues pour ses personnages, en indiquant que chacune de ses trouvailles faisait le bonheur des spectateurs.

C’est avec une grande joie que nous découvrons ensuite un entretien avec le grand John Saxon (16’). Visiblement réalisée pour la télévision allemande, cette interview est étrangement présentée, mais les propos n’en demeurent pas moins spontanés, drôles et toujours intéressants. Tenant toujours la forme à 80 ans, le comédien évoque sa collaboration avec Tomás Milián (« avec qui cela s’est très bien passé »), Maurizio Merli (« qui parlait de lui à la troisième personne  et qui était très satisfait de lui-même […] une grande star, mais qui planait un peu »), Umberto Lenzi (« qui criait beaucoup et qui maudissait tout ce qu’il pouvait »). John Saxon se dit surpris par le regain d’intérêt pour le sous-genre polizieco, dont il savait le succès colossal dans les salles, mais qu’il n’allait pas voir au cinéma, préférant les films d’auteurs dans les petites salles souvent éloignées de la ville. Le comédien revient également sur sa carrière en Italie (dont son premier film La Fille qui en savait trop de Mario Bava en 1963) et son attachement pour le pays et sa culture, étant lui-même d’origine italienne.

Le plus long supplément de cette interactivité s’avère l’entretien avec Franco Micalizzi (36’). Le compositeur à qui l’on doit les thèmes de On l’appelle Trinita, Brigade spéciale, Le Cynique, l’Infâme, le Violent, Quand faut y aller, faut y aller et Attention les dégâts revient ici sur l’ensemble de sa carrière et ses rencontres déterminantes. Sa passion pour la musique, ses débuts, ses influences, sa passion pour le jazz, son travail à la maison de disques R.C.A., son arrivée dans l’industrie du cinéma, tous ces sujets sont abordés avec passion par Franco Micalizzi.

Le dernier bonus est une présentation du Cynique, l’Infâme et le Violent par Mike Malloy (11’). S’il recoupe l’essentiel des modules précédents, notre interlocuteur ne manque pas d’imagination pour parler du film qui nous intéresse avec notamment l’apparition d’un fan de Tomás Milián qui tente d’imposer le portrait de son comédien favori au moment où Malloy évoque Merli et Saxon.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale.

L’Image et le son

Alors là, chapeau ! Jusqu’alors inédit en DVD et Blu-ray, Le Cynique, l’Infâme et le Violent déboule en version restaurée et Haute-Définition chez The Ecstasy of Films. Dès le générique d’ouverture (en français), l’image, au format respecté 2.35, affiche une propreté remarquable et une stabilité jamais prise en défaut, la clarté est de mise, les couleurs sont restituées pimpantes, le grain cinéma bien géré, les contrastes riches, le piqué agréable. La définition flatte les mirettes, la compression demeure discrète. C’est superbe ! Le Blu-ray est au format 1080p.

Propre et dynamique, le mixage italien DTS HD Master Audio Mono ne fait pas d’esbroufe et restitue parfaitement les dialogues, laissant une belle place à la musique de Franco Micalizzi . Elle demeure la plus dynamique du lot, mais également la plus virulente et la plus frontale dans ses dialogues par rapport à son homologue à l’adaptation plus « légère ». La version française DTS HD Master Audio Mono pousse un peu trop les dialogues, légèrement chuintants, au détriment des effets annexes. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © OB Films / The Ecstasy of Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Tchao Pantin, réalisé par Claude Berri

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TCHAO PANTIN réalisé par Claude Berri, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 décembre 2016 chez Pathé

Acteurs : Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral, Philippe Léotard, Mahmoud Zemmouri, Ahmed Ben Ismaël

Scénario : Claude Berri et Alain Page, d’après le roman d’Alain Page Tchao Pantin

Photographie : Bruno Nuytten

Musique : Charlélie Couture

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Lambert, le regard fatigué et l’oeil rougi par l’alcool, traine sa solitude dans un garage parisien. Il est pompiste de nuit. Bensoussan, jeune dealer, fuit la police et se réfugie dans la station. Ils deviennent amis. Un jour, Bensoussan est assassiné…

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Tchao Pantin est un film culte. Pourtant, qui aurait pu parier sur le succès, voire le triomphe de l’oeuvre de Claude Berri réalisée en 1983 ? En 1970, le producteur-réalisateur avait offert à Coluche, alors inconnu du grand public, son premier rôle au cinéma dans Le Pistonné. Les deux hommes se retrouveront onze ans plus tard pour Le Maître d’école, grand succès de l’année 1981 avec 3 millions d’entrées. Au début des années 1980, Coluche est au sommet du box-office et vient d’enchaîner les triomphes commerciaux avec Inspecteur la bavure, Deux heures moins le quart avant J.C., Banzaï et La Femme de mon pote, tous produits par Claude Berri. En revanche, la vie personnelle du comédien part à vau-l’eau. Sa femme vient de le quitter en emmenant les enfants, son meilleur ami Patrick Dewaere met fin à ses jours en juillet 1982 en utilisant l’arme que Coluche lui avait offert et les dettes s’accumulent. Il se perd dans la drogue.

tchao-pantintchao-pantinagnesC’est alors que Christian Spillemaecker, secrétaire particulier et ami de Coluche, découvre le roman Tchao Pantin d’Alain Page. Alors que Claude Berri est sur le point de prendre l’avion pour rejoindre le tournage de L’Africain de Philippe de Broca dont il est le producteur, Spillemaecker lui conseille de découvrir ce livre en imaginant Coluche dans le rôle principal pour une possible adaptation. Claude Berri a le coup de foudre et décide de transposer lui-même ce roman dont il achète les droits pour le cinéma. Le tournage est prévu pour l’été 1983, en décors naturels dans le XVIIIe arrondissement. Halluciné par la transformation physique et la performance de Coluche devant sa propre caméra, Claude Berri parvient à faire avancer la sortie du film à décembre 1983, persuadé que le comédien obtiendra le César du meilleur acteur. Effectivement, Coluche obtiendra la compression lors de la cérémonie en mars 1984.

tchao-pantin2tchao-pantin5Il faut dire qu’il est exceptionnel dans la peau de Lambert, le pompiste alcoolique aux yeux tombants qui trompe son ennui la nuit en enchaînant les verres d’alcool. Le comédien incarne ce personnage avec une vérité époustouflante. Une nuit pluvieuse, Youseff Bensoussan (Richard Anconina), qui semble suivi par une voiture de police, parvient à s’abriter dans la station-service de Lambert. Il prétend vouloir remplacer la bougie de sa mobylette, mais Lambert n’est pas dupe. Ils engagent la conversation. Le jeune homme juif-arabe lui tient compagnie jusqu’à l’aube et les deux prennent un café. Lambert, homme solitaire, s’attache très vite à Bensoussan. Mais le jeune homme est en réalité plongé dans un trafic de drogue. Il deale la nuit pour le compte du propriétaire d’un bar du quartier de Belleville. Après s’être fait voler sa marchandise, Bensoussan est poursuivi par deux motards et assassiné dans la station-service de Lambert, devant ses yeux. On apprend que ce dernier est un ancien inspecteur de police, qui suite au décès de son fils à la suite d’une overdose, a sombré dans la dépression après que sa femme l’ait quitté. Lambert, qui voyait en Bensoussan comme un fils de substitution, décide de mener son enquête afin de retrouver les commanditaires de son assassinat.

tchao-pantin3tchao-pantin4Il rencontre Lola (Agnès Soral, superbe), une jeune punk dont Bensoussan était amoureux. Elle assiste à un règlement de comptes durant lequel Lambert tue un des responsables de la mort de Bensoussan. Si Lola représente une lueur d’espoir dans ce qui lui reste de vie, et si un officier de police (Philippe Léotard) suspecte le pompiste de vouloir mettre son nez là où il ne devrait pas, Lambert est bien décidé à aller jusqu’au bout de sa vengeance, même s’il doit y laisser la vie.

tchao-pantin6tchao-pantin10Chef d’oeuvre absolu de noirceur et de mélancolie, filmé près du métro aérien dans le quartier crasseux et glauque de la Chapelle à Paris (avant sa rénovation et sa réhabilitation), Tchao Pantin fascine toujours autant plus de trente ans après sa sortie. Epaulé par la photo – césarisée – du chef opérateur Bruno Nuytten, qui donne un aspect spectral à la station-service (éclairée aux néons froids) et la composition aussi marquante qu’inquiétante de Charlélie Couture (dont la chanson Les nuits sont trop longues), Claude Berri signe un de ses plus beaux films. Magistralement réalisé, Tchao Pantin doit également sa réussite à son ton parfois très réaliste qui fait froid dans le dos. Le personnage de Lambert collera tellement à la peau de Coluche, que le comédien gardera son costume tout du long, même en dehors du tournage. Une façon pour lui d’exorciser tout ce qui n’allait pas dans sa vie. De son côté, Richard Anconina trouve également un de ses rôles les plus marquants, pour lequel il sera récompensé par deux César, le premier pour le meilleur espoir masculin, le deuxième pour le meilleur second rôle. Tchao Pantin est un triomphe et attire plus de 3,8 millions de spectateurs en décembre 1983.

Zur ARTE-Sendung Am Rande der Nacht 3: Mit Hilfe der jungen Punkerin Lola (Agns Soral) macht sich der Ex-Polizist und Tankwart Lambert (Coluche) auf die Suche nach den Mšrdern seines Freundes Bensoussan Ð ein tšdliches UnterfangenÉ © PathŽ Renn Productions Foto: ARTE France Honorarfreie Verwendung nur im Zusammenhang mit genannter Sendung und bei folgender Nennung "Bild: Sendeanstalt/Copyright". Andere Verwendungen nur nach vorheriger Absprache: ARTE-Bildredaktion, Silke Wšlk Tel.: +33 3 881 422 25, E-Mail: bildredaktion@arte.tv

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Tchao Pantin a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé sur un montage de séquences tirées du film.

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Près de deux heures de suppléments sont proposées, principalement repris de l’édition DVD Prestige sortie en 2006, même s’il manque l’interview de Coluche par France Roche !

Le principal bonus est le documentaire rétrospectif Il était une fois Tchao Pantin (51’), réalisé par Fabrice Ferrari et conçu par Serge July en 2003, composé d’entretiens de Christian Spillemaecker (producteur associé), Claude Berri (réalisateur et scénariste), Alain Page (romancier et dialoguiste), Fred Romano (compagne de Coluche), Paul Lederman (impresario-producteur qui a lancé Coluche), Didier Lavergne (maquilleur), Richard Anconina (« Bensoussan »), Mahmoud Zemmouri (« Rachid »), Agnès Soral (« Lola »), Bruno Nuytten (directeur de la photographie), Patrick Bordier (régisseur), Jacques Attali (conseiller politique) et Pierre Benichou (journaliste). A noter que le documentaire, jusqu’alors scindé en plusieurs modules sur le DVD Collector et en version tronquée, est ici présenté dans sa version intégrale.

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Malgré quelques légères digressions (sur la présentation de Coluche à l’élection présidentielle de 1981), vous y découvrirez tout ce qu’il faut savoir sur la genèse de Tchao Pantin, l’adaptation du roman d’Alain Page, le pari de confier le rôle principal à Coluche (qui traversait l’une des pires périodes de sa vie et sous l’emprise de la drogue), la préparation des comédiens (Agnès Soral qui a vécu avec des punks dans quelques squats), les partis pris esthétiques (la station-service éclairée aux néons), les conditions de tournage la nuit, durant deux mois, au milieu de véritables trafiquants de drogue et en décors naturels. Au-delà de l’aspect informatif, on apprécie le portrait de l’homme complexe qu’était Coluche, dressé au fil de ce documentaire.

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L’interview croisée de Richard Anconina et d’Agnès Soral (2003-29’) reprend peu ou prou les mêmes souvenirs de tournage racontés dans le documentaire précédent. Même s’ils sont assis l’un à côté de l’autre, les deux comédiens n’apparaissent étrangement jamais ensemble à l’écran. Agnès Soral revient sur la façon dont Claude Berri l’a engagée et lui a demandé de se préparer pour son personnage, tandis que Richard Anconina, explique comment il a obtenu le rôle grâce à son ami Coluche, qui lui a conseillé de mentir sur son âge et de dire qu’il avait 22 ans (alors qu’il en avait 31). Les deux comédiens évoquent également le travail avec Coluche et Claude Berri, le triomphe du film, celui aux César et l’après-Tchao Pantin.

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A l’instar de l’entretien précédent, l’éditeur reprend également celui de Claude Berri (10’) réalisé en 2003. Les propos tenus ici sont une fois de plus redondants avec ce qui a pu être entendu dans le film de Serge July ou lors de l’interview des deux acteurs. Une fois de plus, ce bonus revient sur l’adaptation du livre d’Alain Page, les personnages, le choix de Coluche pour incarner Lambert, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten, la musique de Charlélie Couture. Seul argument inédit, Claude Berri évoque un remake qu’aurait dû réaliser et interpréter Al Pacino.

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Seul élément inédit, l’interview de Xavier Castano (18′), réalisée par Jérôme Wybon. L’assistant-réalisateur donne beaucoup d’éléments nouveaux sur le tournage de Tchao Pantin. Notre interlocuteur revient notamment sur une des premières fois où le film a été abordé avec Coluche (qui avait déjà trouvé la tête de son personnage), ainsi que sur la situation personnelle du comédien (« à un carrefour de sa vie ») et sur ce qui a pu le motiver pour se lancer dans ce projet après le tournage difficile de La Femme de mon pote et surtout la mort de Patrick Dewaere son meilleur ami. Quelques images de tournage inédites viennent illustrer cet excellent entretien, qui indique aussi comment se déroulaient les prises de vue, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten et le fait que Claude Berri lui-même ne croyait pas au succès du film en raison de sa noirceur et du contre-emploi de Coluche.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale (qui insiste sur la performance dramatique de Coluche et que l’on compare à Raimu, Fernandel et Bourvil), ainsi que sur le célèbre extrait (raccourci malheureusement) de la cérémonie des Césars en 1984 (3’).

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L’Image et le son

Tchao Pantin rejoint le plan de restauration du catalogue Pathé. La copie en 4K du film de Claude Berri est livrée dans un écrin Blu-ray au format 1080p. La photo signée par le grand chef opérateur Bruno Nuytten, qui a d’ailleurs supervisé la restauration en 2014 par les laboratoires Eclair, est ici respectée avec des couleurs très froides (aux teintes bleutées), volontairement délavées et une patine argentique très appréciable. L’image (1.66, 16/9 compatible 4/3) a été savamment nettoyée, la copie est vraiment très propre, l’ensemble est stable, le cadre ne manque pas de détails. Le piqué doux demeure agréable pour les mirettes, les contrastes sont élégants, bien que Tchao Pantin se déroule essentiellement de nuit et que certaines séquences s’avèrent très sombres. Si les noirs manquent légèrement de concision et tirent également sur le bleu, l’édition HD de Tchao Pantin demeure très soignée.

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L’éditeur propose un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Comme pour l’image, le son a également subi un dépoussiérage par L.E. Diapason. La piste est propre, mais les dialogues sont parfois sensiblement étouffés, pour ne pas dire plats. Toutefois, l’écoute reste supérieure à celle des anciennes diffusions télévisées, certains effets se distinguent (la pluie au début du film) et la musique de Charlélie Couture possède même un coffre inédit. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles. Nous trouvons également une piste Audiovision.

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Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Mortelle randonnée, réalisé par Claude Miller

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MORTELLE RANDONNEE réalisé par Claude Miller, disponible en Édition Digibook Collector Blu-ray + DVD + Livret le 25 octobre 2016 chez TF1 Vidéo

Acteurs : Michel Serrault, Isabelle Adjani, Guy Marchand, Stéphane Audran, Macha Méril, Geneviève Page, Sami Frey, Patrick Bouchitey

Scénario : Jacques Audiard, Michel Audiard d’après le roman de Marc Behm

Photographie : Pierre Lhomme

Musique : Carla Bley

Durée : 1h58 (version cinéma), 1h36 (version TV)

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

L’Oeil, surnommé ainsi pour ses talents de fin limier, travaille pour l’agence de détectives de Madame Schmitt-Boulanger. Divorcé, il est hanté par le souvenir de sa fille Marie qu’il n’a plus revue depuis sa petite enfance, et cherche désespérément à savoir où elle se trouve sur la seule image qu’il possède d’elle, une photo de classe lorsqu’elle avait huit ans…

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Garde à vue ayant été un grand succès public et critique en 1981, Claude Miller a le vent en poupe et devient libre de choisir ses projets. Il jette son dévolu sur le roman Eye of the Beholder – Mortelle randonnée de Marc Behm et confie son adaptation à Michel Audiard et à son fils Jacques. Le réalisateur souhaite prendre le contrepied de son précédent film en voulant tourner aux quatre coins de l’Europe et en misant sur une esthétique sophistiquée. Il engage Pierre Lhomme, directeur de la photographie de Tout feu, tout flamme et Le Sauvage, et bénéficie d’un casting quatre étoiles avec Michel Serrault et Isabelle Adjani en tête d’affiche, accompagnés de Guy Marchand, Stéphane Audran, Macha Méril, Geneviève Page, Sami Frey, Geneviève Page, Patrick Bouchitey et la participation de Jean-Claude Brialy.

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Las, comme usé par la vie, Beauvoir (Michel Serrault), surnommé « l’Œil », travaille dans l’agence de détectives de Madame Schmitt-Boulanger (Geneviève Page). Des années auparavant, il avait une vie de famille et une petite fille prénommée Marie mais sa femme l’a quitté, emmenant avec elle leur fille qu’il n’a jamais revue et dont il ne conserve qu’une vieille photo de petite écolière, sans parvenir à se rappeler où elle s’y trouve. À l’occasion d’une enquête, il croise la route de Catherine Leiris (Isabelle Adjani), alias Lucie Brentano, alias Ève Granger, alias Dorothée Ortis, alias Ariane Chevalier, alias Charlotte Vincent, jeune femme instable d’une vingtaine d’années qui assassine et dévalise des hommes fortunés. Catherine change de peau après chaque meurtre. Plutôt que de la dénoncer, « l’Œil » décide de la protéger et il va la suivre dans son périple meurtrier, de Monte-Carlo à Biarritz, en passant par Bruxelles, Rome, Baden-Baden…jusqu’en Seine-Saint-Denis. Sur la route, il croisera un couple mal intentionné, L’Homme pâle (Guy Marchand) et La Dame en gris (Stéphane Audran, enlaidie), qui en veulent visiblement à Catherine.

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Mortelle randonnée demeure un film très étrange, qui peut laisser perplexes certains spectateurs à cause de sa complexité et de son intrigue bâtie autour de non-dits et de suppositions par ailleurs non résolues, mais qui ravit toujours autant par son côté inclassable et énigmatique sur lequel plane l’entêtante partition de Carla Bley. Michel et Jacques Audiard livrent un scénario très étrange, que Claude Miller prend à bras-le-corps, en espérant que les spectateurs comprennent tout ce qui se joue derrière cette apparente et banale filature. Mortelle randonnée est un film sur le deuil impossible d’un père pour sa fille décédée. Thème d’autant plus troublant que Michel Audiard et Michel Serrault ont tous les deux perdu un enfant dans un accident de la route. L’audience n’a pas suivi les symboles et les figures de style, certains spectateurs étant même persuadés que Catherine est la fille de L’Oeil. La plupart y ont vu un film long, voire interminable, filmé comme une publicité de parfum de luxe. Pourtant, Mortelle randonnée est peut-être et même sans doute un des plus beaux films français des années 1980 et la photo de Pierre Lhomme demeure sublime, renforçant l’aspect série noire parasitée par un conte macabre, mélancolique et onirique où Isabelle Adjani est magnifiée à chaque plan. Le résultat est fascinant.

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Après un tournage prolongé d’un mois et demi et l’explosion du budget initial dû entre autres aux prises de vue réalisées dans des décors naturels et prestigieux, suivi d’un montage chaotique qui finit par opposer Claude Miller et son monteur Albert Jurgenson qui trouvait le film beaucoup trop long, Mortelle randonnée sort sur les écrans le 9 mars 1983. Le film attire un peu plus de 900.000 spectateurs malgré des critiques plutôt froides et même certaines assassines. Mais Mortelle randonnée est considéré comme un échec. A l’occasion de sa première diffusion à la télévision sur Canal+ en 1989, la chaîne demande au producteur Charles Gassot de raccourcir le film d’au moins 25 minutes. Claude Miller confie la tâche à Albert Jurgenson. Ce nouveau montage d’1h35 est celui habituellement diffusé. En 1999, à l’instar de Garde à vue, Mortelle randonnée bénéficie d’un remake (Voyeur) par Stephen Elliott avec Ewan McGregor et Ashley Judd dans les rôles principaux.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Mortelle randonnée, disponible chez TF1 Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le disque est estampillé du H de la collection Héritage. Le menu principal est animé sur une des séquences du film. Le Blu-ray et le DVD de la version longue intégrale (sortie au cinéma) s’accompagne également du DVD du film en version remontée réalisée en 1989 pour la télévision, glissés dans un boîtier Digibook avec un livret retraçant l’histoire du film présenté par Olivier Curchod (52 pages).

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Comme sur le Blu-ray de Garde à vue, nous trouvons un documentaire rétrospectif de 32 minutes intitulé Sacrée Randonnée : l’épopée d’un film culte coréalisé par Olivier Curchod et Luc Béraud. Ce dernier, collaborateur et ami de Claude Miller, intervient également dans ce module. La réalisation est assez triste, mais les propos tenus ici valent largement le déplacement. Se succèdent à l’écran Nathan Miller (le fils de Claude Miller), le producteur Charles Gassot, Annie Miller (la femme du cinéaste), Nadine Muse (monteuse son), Jacques Audiard (coscénariste), Thierry Chabert (assistant du réalisateur), le directeur de la photographie Pierre Lhomme, et surtout Claude Miller lui-même (décédé en 2012). S’il apparaît à travers quelques images d’archives, l’émouvant entretien avec ce dernier a été réalisé par Jérôme Wybon, peu de temps avant son décès.

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Chacun revient sur la production houleuse et coûteuse de Mortelle randonnée, les retards et dépassements de budget, les difficultés de tourner aux quatre coins de l’Europe, sans oublier la phase du montage où Claude Miller et le monteur Albert Jurgenson s’opposent sur la durée du film et le résultat final.

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Le réalisateur Philippe Le Guay (Les Femmes du 6ème étage, Alceste à bicyclette) s’exprime à son tour sur Mortelle randonnée dans un module de six minutes. Le mot qui revient le plus dans cette présentation est « hypnotique », qui donne d’ailleurs son titre à ce segment. Philippe Le Guay, visiblement fasciné par le film, aborde l’esthétique du film de Claude Miller et le jeu des deux acteurs principaux.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Fort d’une promotion numérique et d’une remastérisation 2K, la version intégrale de Mortelle randonnée est enfin proposé dans un master HD de très haut niveau, qui permet d’apprécier enfin la magnifique photographie de Pierre Lhomme comme il se doit. Bien qu’elles demeurent froides et presque cotonneuses sur les séquences sombres, les scènes extérieures sont les mieux loties avec un relief plus probant, un piqué plus acéré et des détails plus nombreux. Les séquences nocturnes ne sont pas pour autant dédaignées avec une jolie restitution des matières, le grain cinéma est respecté, la copie affiche une stabilité jamais prise en défaut, la copie demeure impressionnante, la restauration est superbe (toutes les scories ont disparu) et les contrastes assurés avec des noirs solides.

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Le mixage DTS-HD Master Audio Mono permet à la composition de Carla Bley d’être délivrée avec un coffre inédit. Egalement restauré, le son a subi un dépoussiérage depuis la dernière sortie du film en DVD. Le confort acoustique est ici largement assuré, jamais entaché par un souffle quelconque. La musique, les effets annexes, les voix des comédiens, tout est ici mis en valeur avec fluidité probante.

Les sous-titres français pour sourds et malentendants sont également disponibles, ainsi qu’une piste en Audiodescription.

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Crédits images : © TF1 Vidéo / Captures Blu-ray et Bonus : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Du plomb pour l’inspecteur, réalisé par Richard Quine

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DU PLOMB POUR L’INSPECTEUR (Pushover) réalisé par Richard Quine, disponible en DVD le 19 octobre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Fred MacMurray, Kim Novak, Philip Carey, Dorothy Malone, E.G. Marshall, Allen Nourse

Scénario : Roy Huggins d’après le roman The Night Watch de Thomas Walsh et Rafferty de Bill S. Ballinger

Photographie : Lester White

Musique : Arthur Morton

Durée : 1h24

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Des braqueurs tuent un vigile avant de prendre la fuite avec leur butin. Un inspecteur infiltré surveille la maîtresse de l’un d’eux. Mais l’amour entre en jeu. Coincé entre gangsters et policiers, sa vie est en jeu.

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Dix ans après Assurance sur la mort de Billy Wilder, le comédien Fred MacMurray se retrouve à nouveau entre les griffes d’une femme fatale dans Du plomb pour l’inspecteurPushover, réalisé en 1954 par Richard Quine (1920-1989). Blonde incendiaire, sexy, pour ne pas dire sexuelle et animale, Kim Novak, 21 ans, incendie l’écran dans son premier rôle au cinéma. Le film s’ouvre sur une incroyable séquence de hold-up. Muette en dehors de la belle composition d’Arthur Morton, cette scène virtuose montre des gangsters calmes et appliqués, alors que les credits apparaissent, notamment « Introducing Kim Novak ». S’ensuit la rencontre entre les personnages principaux. Après la représentation d’une pièce de théâtre, une jeune femme se rend à sa voiture et tente de la démarrer, sans succès.  Un homme apparaît à sa vitre et lui propose de l’aider. C’est un coup de foudre. Autant pour le couple que pour le spectateur pour Kim Novak, véritable bombe sexuelle, envoûtante dès son apparition. On s’amuse des dialogues aux sous-entendus coquins du genre « je peux regarder sous votre capot » « oui j’attendais que vous me le proposiez ». Le moteur est noyé (sans métaphore) et le couple passe la soirée à discuter et à boire. Ils finissent la soirée chez elle. Le lendemain, on apprend que l’homme, Paul Sheridan (Fred MacMurray) est en réalité un flic qui surveillait Lona McLane (Kim Novak), compagne attitrée d’Harry Wheeler, chef des criminels soupçonnés du hold-up qui a coûté la vie à un membre des forces de l’ordre.

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La surveillance s’organise autour du logement de la jeune femme. Paul et ses collègues investissent l’appartement situé en face de celui de Lona et se relaient jour et nuit aux jumelles, ce qui leur permet d’observer en même temps la voisine dans l’appartement d’à côté, qui fait sa gym en toute innocence devant sa fenêtre. Pendant ce temps, Paul, alors épris de Lona, lui avoue la vérité. Tout d’abord désarçonnée, Lona lui avoue également ses sentiments. Ils décident tous les deux de s’emparer du butin du hold-up. Mais Paul va se rendre compte que jouer sur les deux tableaux n’est pas chose aisée. Ann, la voisine de Lona, interprétée par la non moins mythique Dorothy Malone, devient témoin malgré elle en les apercevant tous les deux. Et le réalisateur Richard Quine, ancien danseur et chorégraphe, d’organiser toute cette valse de sentiments, de meurtres, de planques, de surveillances, de faux-semblants, d’allées et venues !

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Remarquablement mis en scène et reposant sur un solide scénario de Roy Huggins d’après les romans The Night Watch de Thomas Walsh et Rafferty de Bill S. Ballinger, Du plomb pour l’inspecteur subjugue du début à la fin. Si l’on pense évidemment au chef d’oeuvre absolu de Billy Wilder, Assurance sur la mort, Pushover s’en éloigne et se démarque par le traitement réservé au couple principal. Paul et Lona s’aiment sans ambiguïté et sans aucune manipulation de la part de la femme. Le premier est un homme fatigué, solitaire, qui visiblement n’a jamais eu de chance et qui voit arriver d’un coup une jeune femme désirable et l’opportunité de mettre la main sur un magot inattendu. Lona, malgré son jeune âge, semble déjà avoir tout connu et être tombée sur des hommes mal intentionnés. Elle voit en Paul une maturité et une douceur qu’elle n’espérait plus. Tout pourrait aller pour le mieux si Paul n’était pas autant poursuivi par la poisse. C’est d’ailleurs la force du film et de l’interprétation de Fred MacMurray, rendre ce personnage très attachant dans sa maladresse, lui qui espère alors faire au mieux, mais qui ne cesse de s’enfoncer au fur et à mesure que l’étau se resserre sur lui.

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Du plomb pour l’inspecteur est un vrai et grand film noir à réhabiliter, entre suspense et tragédie, humour à froid et séduction, passionnant et immersif, avec une unité de temps et de lieu puisque l’action se déroule quasiment au cours d’une nuit pluvieuse – très belle photo de Lester White – dans un quartier en particulier. Après ce film, Richard Quine, cinéaste qui vaut bien plus que pour ses comédies populaires, épousera Kim Novak, qui collaboreront ensuite sur L’Adorable voisine, Liaisons secrètes et L’Inquiétante Dame en noir.

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Pushover (1954) Directed by Richard Quine Shown from left: Kim Novak, Fred MacMurray, Dorothy Malone

LE DVD

Disponible chez Sidonis Calysta, Du plomb pour l’inspecteur intègre la collection Film Noir. Le visuel de la jaquette est très attractif et soigné, tout comme la sérigraphie du DVD. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

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On ne change pas une équipe qui gagne ! Bertrand Tavernier est le premier à présenter Du plomb pour l’inspecteur (24’). Remarquable exposé, passionnant, érudit, drôle et communicatif, le réalisateur et historien du cinéma souhaite tout d’abord réhabiliter Richard Quine, dont il dresse le portrait et présente la carrière. Bertrand Tavernier enchaîne les anecdotes. Nous apprenons entre autres que ce film était le modèle utilisé par Jean-Luc Godard pour A bout de souffle. Mais ce qui intéresse Tavernier ce sont surtout les points communs, mais également les grandes différences avec Assurance sur la mort de Billy Wilder. Il met les deux œuvres en parallèle pour indiquer que Du plomb pour l’inspecteur est bien plus original que son histoire laisse supposer. L’historien du cinéma s’attarde ensuite minutieusement sur les personnages, celui de la femme fatale incarnée par Kim Novak (qui allait épouser Richard Quine après ce film), et bien sûr celui de l’inspecteur interprété par Fred MacMurray, qui renvoie évidemment à Assurance sur la mort.

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Cette présentation est suivie de celle de François Guérif, critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir (14’). Si quelques propos reprennent quelques arguments entendus durant la présentation de Bertrand Tavernier, François Guérif rappelle que Du plomb pour l’inspecteur est en réalité l’adaptation de deux romans, The Night Watch de Thomas Walsh et Rafferty de Bill S. Ballinger. A l’instar de Bertrand Tavernier, François Guérif évoque les similitudes et les divergences avec Assurance sur la mort, tout en indiquant que le film de Richard Quine a lui-même été copié dans Etroite surveillance de John Badham (1987) ou même Ridley Scott avec Traquée (1987). Guérif loue les grandes qualités du film, l’efficacité du scénario, la beauté et le talent de Kim Novak (qu’il avait interviewé au festival de Deauville). Dans cette présentation, comme dans la première, les éléments de l’intrigue, y compris le dénouement sont révélés. Visionnez donc ces modules uniquement si vous avez déjà vu Du plomb pour l’inspecteur.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce (très abimée) et une galerie de photos.

L’Image et le son

Difficile de faire mieux ! Fort d’un master au format 1.85 respecté (16/9 compatible 4/3) et d’une compression solide comme un roc, ce DVD en met souvent plein les yeux dès l’introduction avec une définition étincelante du N&B qui laisse souvent pantois. Les contrastes sont d’une densité impressionnante, les noirs profonds, les blancs lumineux et le grain original préservé. En dehors d’une ou deux séquences peut-être moins définies, cela demeure franchement anecdotique car les très nombreuses séquences sombres sont tout aussi soignées que les scènes plus claires, le piqué est tranchant, la stabilité de mise, les détails étonnent par leur précision et la profondeur de champ permet d’apprécier la composition des plans de Richard Quine et la photo du chef opérateur Lester White. On ne peut qu’applaudir devant la beauté de la copie !

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L’éditeur nous propose les version anglaise et française de Du plomb pour l’inspecteur. Passons rapidement sur cette dernière, étouffée et sourde, qui peine à délivrer les ambiances annexes. Evidemment, notre préférence va pour la version originale, plus homogène et naturelle, très propre, sans souffle parasite. Le confort acoustique est largement assuré. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.
pushover-11pushover-9Crédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard
 

Test DVD / La Ronde du crime (The Lineup), réalisé par Don Siegel

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LA RONDE DU CRIME (The Lineup) réalisé par Don Siegel, disponible en DVD le 19 octobre 2016 chez Sidonis Calysta

Acteurs : Eli Wallach, Robert Keith, Richard Jaeckel, Mary LaRoche, William Leslie, Emile Meyer, Marshall Reed

Scénario : Stirling Silliphant

Photographie : Hal Mohr

Musique : Mischa Bakaleinikoff

Durée : 1h23

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

Une bande de trafiquants d’héroïne a trouvé un moyen astucieux de faire passer de la drogue. Ils la cachent dans des objets achetés par des touristes. Lorsque ces derniers reviennent à San Francisco, ils sont pris en filature par plusieurs complices pour récupérer le précieux chargement. Deux de ces hommes, Dancer, un psychopathe extraverti, et Julian, un homme froid et calculateur, doivent reprendre la poudre à trois personnes qui viennent de débarquer, mais la police a découvert la manoeuvre…

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Don Siegel (1912-1991) commence sa carrière cinématographique en 1934 en tant que monteur pour la Warner. Il participe notamment au tournage de Griffes jaunes de John Huston (1943) et Casablanca (1943) de Michael Curtiz. En 1945, il passe derrière la caméra avec deux courts-métrages, Star in the Night et Hitler Lives, tous les deux primés par un Oscar. En 1946, Don Siegel signe son premier long métrage, The Verdict, son premier Film noir. Suivront Ça commence à Vera Cruz (1949), Duel sans merci (1952), Ici brigade criminelle (1954), L’Invasion des profanateurs de sépultures (1956). En 1958, on lui propose l’adaptation au cinéma de la série télévisée policière The Lineup, qui fait les beaux jours de la chaîne CBS depuis 1954. La série s’arrêtera en 1960 au bout de 200 épisodes. Mais pour l’heure, Don Siegel souhaite s’éloigner quelque peu de la série originale en se focalisant sur deux tueurs à gages. Même chose, il voudrait intituler son film The Chase, en référence à la poursuite finale prévue dans les rues de San Francisco, qui doit être le point d’orgue de l’intrigue. Le producteur Jaime Del Valle est aussi celui de la série originale et refuse puisque cette transposition doit surfer sur le succès déjà bien installé de ce rendez-vous télévisuel. Qu’à cela ne tienne, le scénario est confié à Stirling Silliphant, auteur du formidable Nightfall de Jacques Tourneur en 1956, qui signera ensuite quelques classiques comme Le Village des damnés (1960), Dans la chaleur de la nuit (1967), L’Aventure du Poséidon (1972) et La Tour infernale (1974).

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La Ronde du crimeThe Lineup démarre sur les chapeaux de roues. Sur un montage sec et nerveux, la première minute du film, foudroyante, plonge immédiatement les spectateurs dans l’action. Un taxi démarre en trombe, manque de percuter un camion, renverse un officier de la circulation et termine sa course accidentellement. Le titre apparaît. Nous ne sommes pas là pour rigoler. Les flics arrivent sur les lieux de l’accident. Warner Anderson reprend son rôle du Lieutenant Ben Guthrie pour cette adaptation sur le grand écran, tandis que le personnage de l’Inspecteur Al Quine (Emile Meyer) remplace celui de l’Inspecteur Matt Grebb, créé par Tom Tully dans la série. Les vieux de la vieille, semblant dépasser par les événements, tentent d’en savoir un peu plus. Durant les vingt premières minutes, l’intrigue est solidement posée, avec quelques éléments proches du documentaire, impression renforcée par les prises de vues réalisées dans les rues de San Francisco. C’est alors que les deux tueurs à gages débarquent. Julian (Robert Keith), le plus âgé, ne porte pas d’arme, ne tue pas, et forme son comparse Dancer (Eli Wallach), qui doit visiblement prendre sa relève. Mais Dancer est imprévisible, nerveux, et semble constamment sur le point d’exploser de violence alors difficilement contenue. Ils ont pour mission de récupérer trois chargements de drogue arrivés à San Francisco par l’intermédiaire de mules qui s’ignorent, en l’occurrence des passagers qui ont transporté sans le savoir quelques grammes d’héroïne. Un travail d’enfant selon Julian, même si Dancer, stressé, semble perdre patience, d’autant plus que la mission doit être remplie avant 16h05 le même après-midi.

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Le scénario de Stirling Silliphant ne s’encombre pas du superflu et va droit à l’essentiel. Les personnages sont bien installés et le réalisateur ne s’en cache pas, ce sont bien les deux tueurs à gages qui lui importent. Pour sa deuxième apparition au cinéma après La Poupée de chair d’Elia Kazan (1956), Eli Wallach, exceptionnel, crève littéralement l’écran dans le rôle du gangster psychopathe. Souvent filmé en gros plan, ses tics nerveux, ses rictus, ses regards noirs deviennent la principale attraction de The Lineup. Sur un rythme effréné et un montage remarquable signé Al Clark (Mr. Smith au Sénat, 3h10 pour Yuma), le réalisateur suit le parcours de ces deux tueurs jusqu’à ce que leur mission capote à cause d’une petite fille qui a trouvé le sachet de drogue dans sa poupée et l’a utilisé pour…lui repoudrer le visage. Dancer arrive à bout et Julian ne peut alors plus le contenir. Plus dure sera la chute, au sens propre comme au figuré.

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Méconnu en France, La Ronde du crime est un des meilleurs films de Don Siegel, qui compte pourtant déjà plusieurs classiques et chefs-d’oeuvre à son actif. Un diamant noir à découvrir absolument.

Et pour le plaisir…

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LE DVD

Disponible chez Sidonis Calysta, La Ronde du crime intègre la collection Film Noir. Le visuel de la jaquette est très attractif et soigné, tout comme la sérigraphie du DVD. Le boîtier est glissé dans un surétui cartonné. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

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Bertrand Tavernier présente La Ronde du crime (25’) avec une passion contagieuse et un humour communicatif. Il évoque tout d’abord un entretien donné par James Ellroy à Eddie Muller, grand spécialiste du Film Noir, pour le DVD américain du film de Don Siegel. Un supplément interdit aux moins de 17 ans explique Tavernier, dans lequel Ellroy se lâche sur les « Chinetoques », les « Bonnes femmes » et quelques mots fleuris désignant les communautés. Après cette introduction, Bertrand Tavernier en vient directement au film en expliquant tout d’abord que la grande réussite de The Lineup ne lui avait pas sauté aux yeux la première fois. Il le considère aujourd’hui comme un des plus grands films de Don Siegel. La genèse du film, le scénario de Stirling Silliphant, le casting, les partis pris, les lieux de tournage (qui seront repris par le même Don Siegel pour L’Inspecteur Harry), tout est ici abordé avec une érudition exceptionnelle.

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C’est ensuite au tour de François Guérif, critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir, de revenir sur La Ronde du crime (13’). Si quelques propos reprennent quelques arguments entendus durant la présentation de Bertrand Tavernier, François Guérif s’attarde surtout sur l’aspect documentaire du film, renforcé par le tournage en décors naturels, faisant de la ville de San Francisco un personnage à part entière.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce et une galerie de photos.

L’Image et le son

Ce master restauré au format respecté 1.85 de La Ronde du crime, jusqu’alors inédit en France, est on ne peut plus flatteur pour les mirettes. Tout d’abord, le splendide N&B de Hal Mohr (Capitaine Blood, L’Equipée sauvage) retrouve une densité inespérée dès l’ouverture. La restauration est indéniable, aucune poussière ou scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’image est d’une stabilité à toutes épreuves. Les contrastes sont fabuleux et le piqué n’a jamais été aussi tranchant. Le grain original est présent, sans lissage excessif, ce qui devrait rassurer les puristes. Le cadre fourmille de détails, les fondus enchaînés n’entraînent pas de décrochages et cette très belle copie participe à la redécouverte de ce chef d’oeuvre oublié de Don Siegel.

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L’éditeur nous propose les versions anglaise et française de La Ronde du crime. Passons rapidement sur cette dernière, moins dynamique, qui a toutefois bénéficié d’un nettoyage aussi complet que son homologue. Evidemment, notre préférence va pour la version originale, plus homogène et naturelle, tout aussi propre, sans souffle parasite. Le confort acoustique est largement assuré. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue verrouillé.

the-lineupCrédits images : © Sidonis Calysta / Captures DVD : Franck Brissard

Chronique du Blu-ray / Le Flic ricanant, réalisé par Stuart Rosenberg

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LE FLIC RICANANT (The Laughing Policeman) réalisé par Stuart Rosenberg, disponible en Blu-ray et DVD le 21 septembre 2016 chez Rimini Editions

Acteurs : Walter Matthau, Bruce Dern, Louis Gossett Jr., Albert Paulsen, Joanna Cassidy, Anthony Zerbe…

Scénario : Thomas Rickman, d’après le roman de Maj Sjöwall et Per Wahlöö

Photographie : David M. Walsh

Musique : Charles Fox

Durée : 1h50

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

San Francisco, années 1970. Un inconnu pénètre dans un bus nocturne et en mitraille les passagers. Bilan : huit morts, dont un inspecteur de police. Son ami et partenaire, le cynique Jake Martin, mène l’enquête selon des méthodes très personnelles, secondé par une jeune recrue, l’arrogant Leo Larsen. L’oeuvre d’un fou, d’un serial killer ? Plutôt que de suivre la piste officielle, Martin obéit à son instinct, convaincu que le carnage trouve son origine dans une vieille affaire…

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Un polar des années 1970 dont l’intrigue se déroule à San Francisco, avec Walter Matthau et Bruce Dern dans les rôles principaux ? En disant cela, le cinéphile est directement conquis et Le Flic ricanant tient toutes ses promesses. Le réalisateur Stuart Rosenberg (1927-2007), célèbre pour Luke la main froide avec Paul Newman et Folies d’avril avec Catherine Deneuve et Jack Lemmon, adapte le roman Le Policier qui rit, écrit par le couple suédois Maj Sjöwall et Per Wahlöö. L’histoire est évidemment délocalisée aux Etats-Unis et le nom du protagoniste, Martin Beck, personnage principal de cette série d’enquêtes publiées de 1965 à 1975, n’est repris que partiellement puisqu’il se nomme ici Jake Martin.

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Le film démarre très fort avec une tension installée dès les premiers plans. 23h05, dans une gare routière, un homme semble être suivi par un autre. L’agitation du jour s’est dispersée, le lieu est quasi-désert. Un bus arrive. L’homme suivi, stressé, y monte. C’est au tour de l’autre de s’y engouffrer in extremis avant que le bus démarre. A l’intérieur une dizaine de personnes. Quelques arrêts plus loin, le bus stoppe et prend un passager vêtu d’un imperméable, mais dont nous ne verrons pas le visage. Il s’installe à l’arrière. Ses mains gantées s’affairent et montent un fusil-mitrailleur. Alors que le bus poursuit sa route, l’homme se lève et tire sur tous les passagers et le chauffeur. Le bus termine sa course accidentellement, le criminel prend la fuite. Peu de temps après, la police arrive sur les lieux, suivie de l’équipe scientifique. Il semble y avoir un survivant, mais son état reste critique. Le flic Jake Martin (Walter Matthau), la cinquantaine, 1m90, bougon, visage buriné, la mâchoire occupée par un chewing-gum. Il observe le travail de ses collègues et se rend compte qu’une des victimes, en l’occurrence l’homme qui suivait l’autre, est son collègue qu’il croyait en congé maladie. Cela devient une affaire personnelle. On lui adjoint les services de l’inspecteur Leo Larsen (Bruce Dern), chien fou et impulsif. Martin est persuadé que cet acte terroriste possède un lien avec une affaire qui lui a échappé deux ans auparavant. Malgré les réticences de Larsen, Martin préfère se fier à son instinct. L’enquête est ouverte, mais Martin décide de la mener à sa façon, loin des règles habituelles prônées par Larsen.

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Après cette ouverture dantesque et très violente, suivie d’une séquence quasi-documentaire montrant l’équipe scientifique au travail au milieu des cadavres, Le Flic ricanant adopte un rythme hérité du film noir. Les décors urbains tiennent une place importante dans l’intrigue, le réalisateur mène le spectateur dans certaines communautés et dans des coins alors peu montrés de San Francisco au cinéma. Alors que l’enquête avance, à petits pas, le quotidien des flics n’est pas oublié et l’on suit Martin dans sa famille. Ses enfants le voient à peine, tout comme sa femme qui se demande chaque soir s’il va pouvoir passer la nuit chez eux. « C’est un sale boulot » comme il le dit, mais c’est le sien et ce job est toute sa vie. Larsen, plus jeune, aime son travail à la criminelle, pas seulement à cause de la paye, mais parce qu’il le trouve passionnant. Deux écoles s’affrontent, deux générations s’observent, même s’il y a fort à parier que Larsen deviendra un Martin avec les années. Le déroulement de l’enquête est souvent captivant, bien que certains spectateurs risquent de perdre le fil tant les éléments peuvent paefois se disperser. Même si la mise en scène de Stuart Rosenberg n’égale pas celle de Don Siegel, Sidney Lumet et William Friedkin, Le Flic ricanant demeure un formidable polar, digne des meilleurs fleurons du genre dans cette extraordinaire décennie de cinéma.

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LE BLU-RAY

Jusqu’alors inédit en France, Le Flic ricanant est enfin disponible en DVD et en Blu-ray dans nos contrées. C’est à l’éditeur Rimini Editions que l’on doit cette sortie attendue par les amateurs de polars des années 1970. Le Blu-ray repose dans un boîtier classique de couleur noire. Le menu principal est animé sur la musique du film.

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Afin d’en savoir un peu plus sur Le Flic ricanant, l’éditeur nous livre un formidable entretien avec François Guérif, critique de cinéma, éditeur et directeur de la collection Rivages/Noir (22’). Avec sa passion toujours contagieuse pour le polar et le film policier, Guérif profite de la sortie du Flic ricanant en Blu-ray et DVD, pour nous présenter les livres engagés du couple scandinave Maj Sjöwall et Per Wahlöö, et plus particulièrement la saga des enquêtes de l’inspecteur Martin Beck, dix romans publiés entre 1965 et 1975. Les thèmes et les personnages de cette saga de livres sont alors passés en revue (le crime de la société capitaliste et ultralibérale contre les travailleurs, l’envers du décor du « modèle suédois ») par cet expert. François Guérif revient sur la radiographie du pays réalisée au fil des livres, dresse le portrait des deux écrivains, indique ce qui fait la préciosité de leur collaboration et la rareté de voir adapter un roman suédois à Hollywood. En revanche, François Guérif n’aborde jamais la transposition à l’écran et évoque à peine le film de Stuart Rosenberg. Les premières traductions françaises des Martin Beck sont parues aux éditions Planète, puis chez 10/18 dans la collection Grands Détectives. Les traductions révisées et intégrales sont maintenant publiées dans la collection Rivages/Noir.

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En plus de la bande-annonce du Flic ricanant (non sous-titrée), un petit module centré sur la restauration (2’) oppose les images avant/après le nettoyage numérique. C’est malheureusement ici que la disparition du grain original se fait le plus remarquer.

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L’Image et le son

Le Blu-ray du Flic ricanant est au format 1080i. Comme l’atteste un module dans les suppléments, une restauration a eu lieu. Mais alors, où est passé le grain original ? Certes, ce master HD présente une propreté quasi-irréprochable (rares sont les rayures et les points blancs), mais était-il nécessaire de gommer ce qui fait l’essence des photographies de cette époque bénie du cinéma ? Les décors dépouillés sont omniprésents et les personnages se détachent sans mal devant des fonds unis, souvent froids, les gros plans étant bien restitués avec de beaux détails, en particulier sur la tronche burinée de Walter Matthau, malgré des visages un peu roses à notre goût. Les noirs paraissent tantôt concis tantôt poreux et dénaturent quelque peu le piqué. Signalons également quelques fourmillements, mais dans l’ensemble la définition s’avère correcte.

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Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 sont propres et distillent parfaitement la musique du film. La piste anglaise manque peut-être un peu d’ardeur, mais se révèle nettement suffisante. Au jeu des différences, la version française (au doublage excellent) se focalise trop sur les dialogues au détriment de certaines ambiances et effets annexes, mais le rendu musical est élevé. Aucun souffle constaté sur les deux pistes.

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Crédits images : © Rimini Editions / Captures Bonus : Franck Brissard

 

Chronique du Blu-ray / Mr. Majestyk, réalisé par Richard Fleischer

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Mr. Majestyk réalisé par Richard Fleischer, disponible en Édition Collector Blu-ray + DVD + Livre le 5 octobre 2016 chez Wild Sild Vidéo.

Acteurs : Charles Bronson, Al Lettieri, Linda Cristal, Lee Purcell, Paul Koslo, Taylor Lacher

Scénario : Elmore Leonard

Photographie : Richard H. Kline

Musique : Charles Bernstein

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Vétéran du Vietnam, Vince Majestyk n’aspire aujourd’hui qu’à une seule chose : mener une existence paisible en dirigeant son exploitation de pastèques. Sa rencontre avec Bobby Kopas, crapule locale, va provoquer une redoutable réaction en chaîne et placer en travers de sa route Frank Renda, tueur à gages des plus sadiques… L’heure de l’affrontement a sonné. La lutte sera acharnée…

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Fils du pionnier de l’animation Max Fleischer (producteur de Popeye et de Betty Boop), Richard Fleischer (1916-2006) tente d’abord de devenir comédien mais se retrouve rapidement dans la salle de montage pour s’occuper des films d’actualités pour la RKO. Après quelques courts-métrages remarqués en tant que réalisateur, Richard Fleischer se voit confier quelques séries B. C’est le cas d’Assassin sans visage, remarquable film noir d’une heure montre en main tourné en seulement dix jours en 1949. Jalon de l’histoire du film criminel, l’oeuvre de Richard Fleischer repose sur une mise en scène virtuose et stylisée et demeure l’un des premiers films à traiter de manière réaliste de la figure du serial killer.

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Sous contrat avec la RKO, Richard O. Fleischer, signe plus tard Bodyguard, un petit polar à l’intrigue banale et même sans surprise, qu’il parvient à élever grâce à une mise en scène inspirée et dynamique, une direction d’acteurs parfaite (parfait Lawrence Tierney et dernière apparition de l’adorable Priscilla Lane) et même quelques touches d’humour qui font mouche. Bodyguard fait partie des premiers longs-métrages du réalisateur, qui en profite ici pour se faire la main en expérimentant sur le cadre, le rythme et le montage. Série B vive et dynamique, particulièrement intéressante sur le plan visuel et faisant fi d’un budget somme toute restreint, bourrée d’idées (la scène finale dans l’abattoir) et de trouvailles sympathiques (un gros plan sur un oeil), Bodyguard, ce quatrième long-métrage de Richard Fleischer, se voit encore aujourd’hui comme une belle curiosité annonçant par bribes, les plus grands films du cinéaste.

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Tous ces « petits longs métrages » vont permettre à Richard Fleischer de révéler son savoir-faire. Sa spécialité ? Les polars secs et nerveux à l’instar du Pigeon d’argile grâce auquel le cinéaste transcende une fois de plus un postulat de départ classique pour s’amuser avec les outils techniques mis à sa disposition. Dès 1952 avec L’Enigme du Chicago Express, le réalisateur est reconnu dans le monde entier comme étant un nouveau maître du cinéma. Cette ascension fulgurante lui ouvrira les portes des principaux studios Hollywoodiens où il démontrera son immense talent et son goût pour un éclectisme peu commun : Vingt Mille lieues sous les mers (1954), La Fille sur la balançoire (1955), Les Inconnus dans la ville (1955), Les Vikings (1958), Le Voyage fantastique (1966), L’Etrangleur de Boston (1968), Soleil vert (1973). Pour beaucoup de cinéphiles, Mr. Majestyk, réalisé en 1973, est un de ses meilleurs films.

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Richard Fleischer, réalisateur prolifique, est assurément l’un des plus grands metteurs en scène et raconteur d’histoires de l’industrie hollywoodienne. Dans Mr. Majestyk, comme il n’a eu de cesse de le prouver tout au long de sa longue carrière (60 films en 45 ans), Le cinéaste s’entoure de formidables comédiens et confie le rôle principal à Charles Bronson. Tout auréolé de son nouveau statut de star après un détour par le cinéma européen qui lui a fait prendre du galon, l’acteur alors âgé de 52 ans est de retour aux Etats-Unis et commence sa véritable carrière en tant que tête d’affiche. Entre le polar et le thriller d’aventures, Mr. Majestyk repose sur un scénario en béton écrit par l’immense écrivain Elmore Leonard (1925-2013), spécialisé dans les romans de western. Il n’est donc pas étonnant de retrouver de nombreux codes du genre dans le film de Richard Fleischer avec les affrontements nerveux et violents et les courses-poursuites dantesques où les voitures remplacent les chevaux sur des chemins impraticables. Les personnages apparaissent comme de vrais cowboys du XXe siècle.

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Vince Majestyk dirige une exploitation de pastèques dans un coin paumé du Colorado. Homme solitaire, il ne pensait pas être ennuyé par Bobby Kopas (Paul Koslo), une petite frappe de la petite bourgade du coin, qui voudrait l’obliger à engager de la main-d’oeuvre « du pays » plutôt que des saisonniers mexicains comme il a l’habitude de le faire, parmi lesquels Nancy Chavez (Linda Cristal), à qui Majestyk est venu en aide lors de son arrivée en ville. Mais c’était sans compter sur Vince Majestyk qui a plus d’un tour dans son sac, ou plutôt qui ne garde pas ses poings – gros comme des gants de baseball – serrés dans ses poches. Cette petite « anicroche » va alors le précipiter en prison, le mettre au contact du tueur Frank Renda (Al Lettieri), arrêté une dizaine de fois mais systématiquement relâché faute de preuves. Cette fois pourrait être la bonne. Mais lors du convoi des prisonniers vers le tribunal, une attaque destinée à libérer Renda a lieu en plein centre-ville. Les victimes tombent des deux côtés et finalement Majestyk s’empare du bus de la police et s’enfuit avec Renda, toujours menotté. Majestyk pense alors livrer Renda aux autorités en échange de sa propre libération, pour ainsi aller récolter ses pastèques qui l’attendent sur son terrain de 65 hectares. Mais son plan ne se déroule pas comme prévu.

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Soutenu par un montage vif de Ralph E. Winters (Ben-Hur, La Panthère rose), une photo élégante du chef opérateur Richard H. Kline (Soleil vert, Le Mystère Andromède, L’Etrangleur de Boston) et l’entêtante musique de Charles Bernstein (Les Griffes de la nuit, Cujo), Richard Fleischer déroule son récit avec une virtuosité unique et un art jamais démenti de la conduite dramaturgique. Charles Bronson, corps de reptile et regard de félin, n’a que « peu à faire » pour s’imposer et semble prendre beaucoup de plaisir à incarner Vince Majestyk, ennuyé dans son quotidien par quelques sbires mal intentionnés. Ces derniers étaient loin d’imaginer que ce propriétaire terrien avait passé trois ans dans l’armée, avait été instructeur de rangers à Fort Benning, capturé puis évadé d’un camp au Viet Nam et avait été décoré de la Silver Star. Autrement dit, ils auraient dû y réfléchir à deux fois avant de lui chercher des noises. Bronson, sourire en coin et la bonne répartie prête à fuser, est parfait dans un rôle à l’origine écrit pour Steve McQueen. Il prend la pétoire et n’allait quasiment plus la lâcher jusqu’à la fin de sa carrière en enchaînant directement avec Un justicier dans la ville, qui sera suivi par de nombreuses suites au cinéma et à la télévision pendant 25 ans. Bronson fait face à Al Lettieri, dont la carrière fut courte en raison de sa mort prématurée, mais son visage et son imposante carrure demeurent dans la mémoire des cinéphiles grâce à ses participations au Parrain de Francis Ford Coppola et Guet-Apens de Sam Peckinpah.

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Divertissement sévèrement burné qui fait parfois penser au Prime Cut Carnage de Michael Ritchie, Mr Majestyk est encore un joyau issu de la filmographie de Richard Fleischer.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Mr. Majestyk, disponible chez Wild Side, a été réalisé sur un check-disc. Cette édition se compose du Blu-ray et du DVD du film, ainsi que d’un livret exclusif de 86 pages sur le film et sa genèse, écrit par Frédéric Albert Lévy (journaliste de cinéma et cofondateur de la revue Starfix), illustré de magnifiques photos et de documents d’archives rares. Le menu principal est animé et musical.

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Pour cette édition, deux interviews sont proposées :

Colorado cool (14′) : Le directeur de la photographie Richard H. Kline, né en 1926, partage ses souvenirs liés au tournage de Mr. Majestyk, y compris sur ses diverses collaborations avec Richard Fleischer sur L’Étrangleur de Boston, Soleil vert et Don Angelo est mort. Les deux hommes travailleront ensemble une dernière fois en 1975 sur Mandingo. Le chef opérateur parle également de Charles Bronson, l’homme et le comédien, tout en partageant quelques anecdotes de tournage. Mais dans l’ensemble et bien que le bonhomme soit très sympathique, nous ne tirons pas grand-chose de cette interview, d’autant plus que Richard H. Kline passe plus ou moins son temps à raconter l’histoire du film.

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Colorado chic (28′) : Dans Mr. Majestyk, la comédienne Lee Purcell interprète Wiley, le contact de Frank Renda. A l’instar de Richard H. Kline, peu de choses sont à retenir de cet entretien. Lee Purcell nous parle de son arrivée sur le film, s’avère aujourd’hui surprise que Mr. Majestyk soit considéré comme une œuvre culte pour beaucoup de cinéphiles. Après, cela devient typique de l’entretien « américain » où tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil. On ne doute pas de la sincérité de ces propos, mais il y avait sûrement plus d’éléments à raconter sur le film de Richard Fleischer.

L’Image et le son

Ce nouveau master restauré HD de Mr. Majestyk brille souvent de mille feux et s’impose comme une grande réussite technique à ajouter au palmarès de l’éditeur. En effet, en dépit de quelques petites poussières subsistantes, l’image bénéficie d’un traitement de faveur qui participe à la (re)découverte du film de Richard Fleischer. Le cadre offre une profondeur de champ très plaisante, le piqué est acéré, la stabilité jamais démentie, les contrastes soignés. Si les noirs manquent parfois de stabilité et la définition vacille quelque peu sur les séquences sombres, la colorimétrie retrouve un éclat et une chaleur bienvenus sur les scènes diurnes. Les gros plans sont souvent épatants, les détails abondent et la gestion du grain est épatante. C’est beau, c’est carré, c’est élégant.

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Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 Surround sont propres et distillent parfaitement la musique de Charles Bernstein. La piste anglaise (avec les sous-titres français imposés) est la plus équilibrée du lot avec une homogénéité entre les dialogues et les bruitages. Au jeu des différences, la version française (au doublage excellent avec Claude Bertrand et Georges Aminel) s’avère plus chuintante et couverte, avec certaines ambiances et d’autres effets annexes qui peinent à se faire entendre quand on compare avec la piste anglaise. Le changement de langue est impossible à la volée et nécessite le retour au menu contextuel.

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Crédits images : © Wild Side Vidéo