Test Blu-ray / Boule & Bill 2, réalisé par Pascal Bourdiaux

BOULE & BILL 2 réalisé par Pascal Bourdiaux, disponible en DVD et Blu-ray le 30 août 2017 chez Pathé

Acteurs :  Charlie Langendries, Franck Dubosc, Mathilde Seigner, Jean-François Cayrey, Nora Hamzawi, Isabelle Candelier, Manu Payet…

Scénario :  Benjamin Guedj d’après la bande dessinée de Roba

Photographie : Stéphane Le Parc

Musique : Mathieu Lamboley

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

La famille de Boule mène une existence aussi heureuse que paisible. Bill est parfaitement intégré dans cette petite famille, Boule travaille bien à l’école, sa maman donne des cours de piano à domicile tandis que son père est un dessinateur reconnu.
Tout bascule lorsque l’éditrice de ses bandes dessinées, bourrue et acariâtre, rejette le travail du père de Boule. Elle y voit une grosse panne d’inspiration due au fait que sa famille vit dans un bonheur très négatif sur sa créativité. Le père de Boule revient à la maison avec la ferme intention de réveiller sa famille de ce bonheur en générant un grand nombre de « bêtises ».
Boule et Bill mais aussi la maman vont également se mettre à faire dérailler ce « bonheur » familial jusqu’à l’explosion.

L’année 2017 n’a pas été simple pour le réalisateur Pascal Bourdiaux ! Deux échecs commerciaux et critiques très importants avec Mes trésors en janvier et Boule & Bill 2 en avril ! Avant de mettre en scène son premier long métrage en 2010, Le Mac, 1,5 millions d’entrées, Pascal Bourdiaux a d’abord fait ses classes sur la shortcom Un gars, une fille en réalisant près de 500 épisodes ! Il était aussi l’un des premiers à offrir à Kev Adams la tête d’affiche d’un film avec Fiston, dans lequel le jeune comédien donnait la réplique à Franck Dubosc. Porté par une critique positive et un bon bouche à oreille, près de deux millions de spectateurs avaient accueilli favorablement cette très bonne comédie. Pour Mes trésors et Boule & Bill 2 c’est une autre affaire.

Nous ne reviendrons pas sur Mes trésors, mais Boule & Bill 2 souffre des mêmes maux. Les scènes s’enchaînent à la va-comme-je-te-pousse, en cumulant les gags mous et les dialogues au rabais, sans oublier l’action de pacotille et une mise en scène fonctionnelle. Cette suite du film d’Alexandre Charlot et Franck Magnier (scénaristes d’Astérix aux Jeux Olympiques, Bienvenue chez les Ch’tis, Lucky Luke, R.T.T. et Imogène McCathery), qui ne s’imposait pas, mais alors pas du tout, s’offre le luxe d’être encore pire que le premier opus. En voyant ce nouveau volet, adaptation de la bande dessinée Boule & Bill, on se demande ce qui a pu se passer dans la tête de certains producteurs, sans doute trop confiants de penser que les 2 millions de spectateurs qui s’étaient déplacés dans les salles en 2013 pour la première « transposition » reviendraient. Mais c’était sans compter les mauvaises critiques et les avis négatifs. Une fois de plus, cette seconde adaptation live de l’oeuvre de Jean Roba ne retranscrit en rien la bande dessinée créée en 1959, à part peut-être la célèbre salopette bleue de Boule, et se trouve surtout dépourvue d’humour.

Franck Dubosc qui parvenait à s’en sortir dans le premier fait ici pitié. Ceci est d’autant plus regrettable qu’il peut parfois être très bon (Fiston, Les Seigneurs, Incognito), mais ce n’est pas en enchaînant les bouses-navets-nanars (Pension complète, Les Visiteurs : La Révolution, Camping 3, Les Têtes de l’emploi) qu’il parviendra à le prouver une fois de plus. Marina Foïs a eu du flair, puisqu’elle a gentiment refusé de reprendre son rôle de la maman de Boule. Elle laisse sa place à l’inénarrable Mathilde Seigner. Avec son jeu aussi léger qu’un 38 tonnes, l’actrice agace d’emblée par ses tics et ses répliques qui ne tombent jamais juste. Cela ne dure que 80 minutes montre en main et cela en paraît le double. C’est inter-minable, laid, niais. Du point de vue technique, la photo est orange, les décors aussi, les accessoires également, comme les cheveux de Boule et le teint de Mathilde Seigner.

Pourtant, la première séquence annonce d’emblée ce que sera le film à travers la réplique (sans trucage) « C’est de la merde. C’est à chier. C’est de la crotte, c’est du caca, c’est de la bouse, c’est du fumier, c’est de la pétoule de lapin, c’est de la fiente ». Bravo pour un film qui cible avant tout les très jeunes spectateurs ! Avec à peine 500.000 entrées pour un budget de près de 16 millions d’euros, Boule & Bill 2 rejoint le club des catastrophes industrielles aux côtés de Benoît Brisefer : les Taxis Rouges. La « franchise » est bel et bien enterrée. Tant mieux.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Boule & Bill 2, disponible chez Pathé, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Seul un bêtisier (8’) est proposé comme supplément. Sans doute pour faire ce que le film ne parvient jamais, faire sourire.

L’Image et le son

Ce transfert HD s’avère soigné, l’univers de la BD est bien retranscrit avec une prédominance de couleurs vives et pétillantes (les teintes orangées surtout), les contrastes sont au beau fixe et le piqué agréable. La définition est au top et ce master demeure un bel objet avec un relief omniprésent et des séquences diurnes aussi magnifiques qu’étincelantes.

Boule & Bill 2 n’est pas à proprement parler d’un film à effets et le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 ne fait pas d’esbroufe inutile. Seule la musique de Mathieu Lamboley est impeccablement spatialisée. Les effets latéraux et autres ambiances ont bien du mal à percer sur la scène arrière et pour cause puisque le film se déroule étrangement et très souvent dans l’appartement ou dans la maison. Quelques petites basses soulignent bien une ou deux scènes, mais demeurent le plus souvent en mode veille. La voix de Bill – Manu Payet se démarque sur la centrale avec un cran au-dessus de celles des autres comédiens. L’éditeur joint également une piste Stéréo, des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Nicolas Schul / Pathé Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Django, réalisé par Etienne Comar

DJANGO réalisé par Etienne Comar, disponible en DVD le 30 août 2017 chez Pathé

Acteurs : Reda Kateb, Cécile de France, Beáta Palya, Bimbam Merstein, Gabriel Mireté, Vincent Frade, Johnny Montreuil, Raphaël Dever, Patrick Mille, Xavier Beauvois…

Scénario : Etienne Comar, Alexis Salatko

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Warren Ellis

Durée : 1h57

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

En 1943 pendant l’occupation allemande, le tsigane Django Reinhardt, véritable “guitare héros”, est au sommet de son art. Chaque soir il fait vibrer le tout Paris aux Folies Bergère avec sa musique swing alors qu’en Europe, ses frères sont pourchassés et massacrés. Lorsque la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts, il sent le danger et décide de s’évader en Suisse aidé par une de ses admiratrices, Louise de Klerk. Pour passer, il se rend à Thonon-les-Bains, sur les bords du lac Léman, avec sa femme enceinte, Naguine et sa mère Negros. Mais l’évasion est plus compliquée que prévue, Django et ses proches se retrouvent plongés dans la guerre. Pendant cette période dramatique, il n’en demeure pas moins un musicien exceptionnel qui résiste avec sa musique, son humour, et qui cherche à approcher la perfection musicale…

On en entendait parler depuis plusieurs années déjà, mais le biopic sur Jean Reinhardt, plus connu sous le nom de Django Reinhardt (1910-1953), illustre guitariste de jazz, n’avait de cesse d’être repoussé. C’est finalement le producteur Etienne Comar, qui a entre autres produits les films de Laurent Bouhnik (Zonzon, 1999 Madeleine), Xavier Beauvois (Des hommes et des dieux, La Rançon de la gloire), Philippe Le Guay (Du jour au lendemain, Les Femmes du 6e étage) ou bien encore Maïwenn (Mon roi) et le multi-césarisé Timbuktu d’Abderrahmane Sissako, qui coproduit, coécrit et réalise ce Django, dont il s’agit du premier long métrage en tant que metteur en scène. Le film s’inspire du roman Folles de Django d’Alexis Salatko (également coscénariste du film), paru en 2013 pour le soixantième anniversaire de la mort du musicien. S’il n’est pas vraiment un biopic, Django, pour lequel a également collaboré David Reinhardt, le petit-fils de l’artiste, s’avère une illustration d’un des épisodes clés de la vie de l’artiste.

Si le film ne tient malheureusement pas ses promesses, Etienne Comar offre le rôle-titre au génial Reda Kateb, monstre de charisme et récompensé par le Swann d’or du meilleur acteur au Festival du film de Cabourg, qui s’empare véritablement du personnage au point de ne faire qu’un avec lui. Il est aussi élégamment et excellemment épaulé par Cécile de France dans le rôle d’un personnage fictif, mais finalement aussi marquant que celui tenu par son partenaire. Avouons-le, Django ne vaut que pour ses interprètes et rien d’autre.

Pourtant, le film démarre sur les chapeaux de roues avec l’effervescence d’un concert prêt à démarrer. La salle des Folies Bergère est remplie d’officiers allemands et des panneaux indiquent qu’il est formellement interdit de danser. Les musiciens sont prêts, mais Django n’est pas là. Ce dernier est tranquillement en train de pécher au bord de la Seine. On vient alors le chercher. Quelque peu éméché, il enfile son costume, sa vieille mère l’observe et le conseille. Le concert peut commencer, Django, plus grisé par sa musique que par l’alcool est enivré sur scène par les mélodies de son quintette. La salle est en transe, les spectateurs se lèvent et sont emportés par les mélodies, peu importent les interdictions. Une femme blonde, Louise de Klerk, entre dans la salle. On lui propose un siège, elle refuse et préfère rester debout. Elle observe Django puis les réactions dans la salle. Après ce triomphe, elle rejoint Django au moment certains officiers allemands lui annoncent qu’il devra se rendre à Berlin, afin d’y donner quelques concerts « monumentaux » auxquels participera probablement Adolf Hitler. Quelques jours après, Django décide de fuir avec les siens en direction de la Suisse.

En toute honnêteté, Django subjugue durant sa première demi-heure d’une folle élégance et son épilogue bouleversant. La reconstitution est simple, mais ne manque pas de classe, la photo de Christophe Beaucarne (Coco avant Chanel, Gemma Bovery, Irina Palm) est très belle et restitue l’atmosphère des salles enfumées. Ce concert est aussi l’occasion à Reda Kateb de montrer tout le travail de titan que le comédien a dû accomplir en amont pendant un an, afin de coller au plus près au style de jeu unique du guitariste. Cela fonctionne très bien à l’écran, tout part sous les meilleurs auspices, on tape même du pied au son du guitariste virtuose. Dommage que le soufflé retombe dès que le personnage décide finalement de s’enfuir afin de ne pas être envoyé à Berlin. Le film fait ensuite du sur-place pendant plus d’une heure où l’on voit Django attendre à Thonon-les-Bains, qu’un passeur veuille bien l’escorter avec sa mère et sa femme jusqu’en Suisse.

Comme s’il était lui-même stoppé dans son élan par son propre scénario, Etienne Comar semble ne plus savoir quoi faire de son personnage principal, qu’il filme souvent dans la nature, en train d’observer, tandis que les dialogues sonnent faux et semblent trop écrits. Django ne reprend la guitare que de manière sporadique, l’ennui s’installe progressivement, tout semble aller au ralenti. Pour que la mécanique soit relancée, il faut véritablement attendre le dernier acte, le concert donné au milieu des allemands et surtout la dernière séquence, celle où Django dirige le Requiem pour les frères Tsiganes, messe de sa composition jouée à la chapelle de l’Institut des jeunes aveugles de Paris en 1945, un hommage poignant aux victimes du génocide tsigane. Un panneau indique que cette œuvre n’a été jouée qu’une seule fois, la partition ayant été perdue par la suite et dont quelques bribes subsistent seulement. En dépit d’une remarquable exposition et un final déchirant, Django laisse une impression plus que mitigée. Si la qualité de l’interprétation est indéniable et marque les esprits, dommage que le film soit si déséquilibré et demeure d’un intérêt relatif.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Django a été réalisé à partir d’un check-disc. Le visuel de la jaquette reprend le visuel de l’affiche. Le menu est animé et musical.

Pour une production de cet acabit, nous étions en droit d’attendre bien plus qu’une petite poignée de scènes coupées (6’) comme suppléments ! Aucun making of, aucune interview, pas de commentaires audio. Seulement quatre séquences laissées sur le banc de montage. La première montre Louise de Klerk marcher avec Django dans un cimetière parisien, en lui donnant les instructions pour son passage en Suisse. Louise annonce alors à Django qu’elle ne pourra pas le suivre et qu’elle est retenue sur la capitale. La seconde scène se déroule à Thonon-les-Bains. Django joue au billard, quand un lieutenant allemand lui propose une partie à cinquante francs le point. L’officier lui dit que son visage lui semble familier. Les deux séquences suivantes sont plus anecdotiques, avec d’un côté Negros qui fait semblant d’être morte pour s’amuser et flanquer la frousse, et de l’autre un repas entre amis où l’on se lance des assiettes pour rire.

L’Image et le son

Après un succès honorable dans les salles avec près d’un demi-million de spectateurs, Pathé prend soin de Django pour son arrivée dans les salons et en Haute Définition. Un master HD quasi-irréprochable au transfert immaculé. Respectueux des volontés artistiques originales, la copie se révèle un petit bijou technique alliant des teintes chaudes, ambrées et dorées, avec des teintes plus froides dans la partie suisse, le tout soutenu par un encodage AVC de haute volée. Le piqué, tout comme les contrastes, sont riches et tranchants, seuls les arrière-plans auraient pu être un peu plus détaillés. Les gros plans sont ciselés à souhait, la colorimétrie est vive et joliment laquée, le relief très présent. Un service après-vente remarquable et élégant.

Le mixage DTS-HD Master Audio 5.1 convient parfaitement à un film ambitieux comme Django en spatialisant tout d’abord la musique de Warren Ellis (Comancheria, Des hommes sans loi) et en plongeant généreusement les spectateurs dans l’ambiance du concert dans la première partie. Les effets latéraux sont probants, les ambiances naturelles éloquentes sur les séquences en extérieur, les basses sont utilisées à bon escient. Si les dialogues auraient également mérité d’être plus ardents sur la centrale, le confort acoustique est indéniable, la balance frontale saisissante. La piste DTS-HD Master Audio 2.0 se révèle également dynamique, percutante même, créant une véritable homogénéité entre les dialogues, la musique et les effets. Pour finir, nous disposons d’une piste Audiovision ainsi que des sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

Crédits images : © Roger Arpajou / Pathé Distribution / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Embarras du choix, réalisé par Eric Lavaine

L’EMBARRAS DU CHOIX réalisé par Eric Lavaine, disponible en DVD et Blu-ray le 19 juillet 2017 chez Pathé

Acteurs : Alexandra Lamy, Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani, Jérôme Commandeur, Xavier Dumont…

Scénario : Laurent Turner, Laure Hennequart, Eric Lavaine

Photographie : François Hernandez

Musique : Fabien Cahen

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Frites ou salade ? Amis ou amants ? Gauche ou droite ? La vie est jalonnée de petites et de grandes décisions à prendre. Le problème de Juliette, c’est qu’elle est totalement incapable de se décider sur quoi que ce soit. Alors, même à 40 ans, elle demande encore à son père et à ses deux meilleures amies de tout choisir pour elle. Lorsque sa vie amoureuse croise la route de Paul, puis d’Etienne, aussi charmants et différents l’un que l’autre, forcément, le cœur de Juliette balance. Pour la première fois, personne ne pourra décider à sa place.

Mine de rien, le réalisateur Eric Lavaine a déjà attiré près de 7,5 millions de spectateurs en six longs métrages, dont près de 2,2 millions rien que pour Retour chez ma mère en 2016 ! Le metteur en scène – ou responsable c’est selon – de Poltergay, Incognito (de loin son meilleur film), Protéger et servir (son plus gros flop, malgré un score pas si déshonorant) et Barbecue remet le couvert un an après son plus grand succès avec L’Embarras du choix. Pour cette nouvelle comédie, il embarque à nouveau Alexandra Lamy et Jérôme Commandeur dans l’aventure, tout en leur joignant Arnaud Ducret, Jamie Bamber, Anne Marivin, Sabrina Ouazani et Lionnel Astier comme camarades de jeu. Habitué au succès dans les salles, Eric Lavaine a cependant connu un sacré revers avec seulement 440.000 entrées au compteur. Pourtant, L’Embarras du choix vaut bien mieux que Retour chez ma mère (difficile de faire pire c’est vrai), même si le scénario ne peut s’empêcher de tomber dans le nawak à mi-parcours, après une première partie pourtant encourageante.

Juliette, 40 ans, vient d’être quittée par Cédric, son fiancé, las de son indécision constante. Car faire un choix est au-dessus des forces de Juliette. Ses amies lui conseillent de se remettre en selle très vite. Juliette rencontre alors Etienne, un cuisinier talentueux, célibataire et charmant. Mais entretemps, elle a aussi croisé la route du beau Paul, un Ecossais. Juliette ne parvient pas à se décider entre ces deux hommes avec lesquels elle file le parfait amour. Les choses se compliquent quand chacun la demande en mariage. Juliette, incapable de trancher, s’enferme dans son mensonge. Voilà donc le pitch de L’Embarras du choix, qui part sur un postulat amusant et qui suffit parfois à emballer la majeure partie des productions du même acabit. Alexandra Lamy n’est pas une débutante et son jeu s’est affiné avec les années. Habituée des rom-com à la française (Au suivant !, On va s’aimer, Modern Love, Jamais le premier soir), la comédienne s’avère ici très pétillante et fait preuve d’une sobriété qui fait plaisir, elle qui est habituée à en faire un peu trop dans la comédie et qui a pourtant prouvé qu’elle pouvait être très bien quand elle est dirigée solidement dans le registre dramatique, à l’instar de ses prestations dans Ricky de François Ozon, Possessions d’Éric Guirado et J’enrage de son absence de Sandrine Bonnaire. Elle campe un ici un personnage atta-chiant dont le souci « hénaurme », pour ne pas dire le handicap, est de ne pas pouvoir faire de choix. A tel point que lorsque deux hommes lui déclarent leur amour et souhaite l’épouser, elle ne peut refuser les deux propositions.

Comme d’habitude, L’Embarras du choix se résume à deux ou trois lignes et repose uniquement sur un casting populaire et une écriture classique. Toutefois, même s’il manque sérieusement de rigueur et cumule les blagues faciles, L’Embarras du choix n’est justement pas si embarrassant que Retour chez ma mère dont l’auteur de ces mots ne s’est toujours pas remis de la scène du repas picard. Il n’y a aucune surprise ici, mais les acteurs font le job, en dépit de dialogues très pauvres. Comme souvent, Sabrina Ouazani emporte tous les suffrages dans le rôle de Sonia, dont le mode de vie est « d’essayer » tous les mecs qui se trouvent à sa portée, « un ouvrier », « un mec qui s’appelle Gilles », histoire de toucher à tout. Certes, ce n’est pas fin (euphémisme), mais ça fait sourire. Tout cela part bien et en mode automatique, mais c’était sans compter la mécanique qui commence à grincer sérieusement quand Juliette se retrouve entre ses deux mecs. A ce moment-là, les passages obligés s’accumulent en lorgnant sur Bridget Jones, certains personnages sont sacrifiés (Jérôme Commandeur passe le film à apprendre à son chat à taper dans la main, Arnaud Ducret devient subitement un gros beauf), la bande originale qui compile Keren Ann, REM, Coldplay et The Do s’emballe, l’émotion en préfabriqué reste coincé dans la gorge, tandis que le tournage se délocalise en Ecosse puisque le film précédent a permis de bénéficier d’un budget plus conséquent.

Au final, L’Embarras du choix est ce genre de film qui se laisse suivre sans prise de tête pendant qu’on établit son planning pour les vacances ou qu’on réalise sa liste de courses, puis qui s’oublie immédiatement comme après une rencontre avec les Men in Black.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de L’Embarras du choix, disponible chez Pathé, repose dans un boîtier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le même visuel coloré que l’affiche du film. Le menu principal est dynamique et lumineux, animé et musical.

Contrairement à l’édition HD de Retour chez ma mère qui ne comprenait aucun supplément, Pathé ne vient pas les mains vides ici et fournit quelques bonus promotionnels. C’est le cas des interviews réalisées pour la sortie du film au cinéma : Alexandra Lamy et Eric Lavaine (7’), Sabrina Ouazani et Anne Marivin (6’), Arnaud Ducret (4’) et Jamie Bamber (5’). Les questions apparaissent sous la forme de cartons et s’avèrent les mêmes pour chaque intervenant, à savoir quel est le pitch du film, comment était l’ambiance sur le plateau, quel est votre personnage, etc. C’est basique, c’est efficace, c’est bourratif.

Un petit module de deux minutes compile quelques images glanées ici et là sur le tournage.

L’Image et le son

Si le rendu n’est pas optimal en raison d’une définition moins ciselée sur les scènes en intérieur, le master HD au format 1080p de L’Embarras du choix ne manque pas d’attraits… La clarté est de tous les instants, la colorimétrie chatoyante et estivale, et le piqué affûté sur toutes les séquences en extérieur. Le chef opérateur François Hernandez voit ses partis pris esthétiques savamment respectés via un Blu-ray qui frôle la perfection. Le cadre large fourmille de détails, les contrastes riches et léchés affichent une constante solidité et l’encodage AVC emballe l’ensemble avec brio.

L’Embarras du choix repose essentiellement sur les dialogues. La piste DTS-HD Master Audio 5.1 distille les voix des comédiens avec un beau ramdam, tandis que les latérales ont fort à faire avec la bande-originale juke-box pop. Une spatialisation suffisamment immersive avec un caisson de basses qui délivre ses effets avec efficacité et des ambiances solides sur les frontales. La piste Stéréo est tout aussi pointilleuse en ce qui concerne la restitution des dialogues mais nous y perdons du point de vue spatialisation musicale. Une version Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles.

Crédits images : © Jean-Claude Lother Pathé Distribution/ Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Seul dans Berlin, réalisé par Vincent Pérez

SEUL DANS BERLIN (Alone in Berlin) réalisé par Vincent Pérez, disponible en DVD le 1er juillet 2017 chez Pathé

Acteurs : Emma Thompson, Daniel Brühl, Brendan Gleeson, Mikael Persbrandt, Louis Hofmann, Katharina Schüttler, Godehard Giese, Jacob Matschenz

Scénario : Achim von Borries, Vincent Perez, Bettine von Borries d’après le roman Seul dans Berlin de Hans Fallada

Photographie : Christophe Beaucarne

Musique : Alexandre Desplat

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Berlin, 1940. Otto et Anna Quangel, un couple d’ouvriers, vivent dans un quartier modeste où, comme le reste de la population, ils tentent de faire profil bas face au parti nazi. Mais lorsqu’ils apprennent que leur fils unique est mort au front, les Quangel décident d’entrer en résistance.

Espoir du cinéma français dans les années 1990 après avoir enchaîné Cyrano de Bergerac de Jean-Paul Rappeneau, Le Voyage du capitaine Fracasse de Ettore Scola, Indochine de Régis Wargnier, La Reine Margot de Patrice Chéreau, Le Bossu de Philippe de Broca ou bien encore Le Temps retrouvé de Raoul Ruiz et une incursion américaine dans le rôle-titre de The Crow, la cité des anges de Tim Pope, le comédien suisse Vincent Perez a ensuite connu bien des bas. Mis à part Fanfan la Tulipe de Gérard Krawczyk, les années 2000 n’ont guère brillé pour lui. Entre les comédies navrantes (Epouse-moi, Le Libertin, Bienvenue en Suisse) et les films de genre ratés (Les Morsures de l’aube, La Reine des Damnés, Le Pharmacien de garde), Vincent Perez n’aura vraiment participé qu’à un seul bon film, le méconnu Demain dès l’aube… de Denis Dercourt (2009). Bien décidé à rebondir, il s’essaye à la mise en scène avec son premier long métrage, Peau d’ange (2002), avec Guillaume Depardieu. En 2007, il se tourne vers le genre fantastique et les Etats-Unis pour son second film en tant que réalisateur, Si j’étais toi, avec David Duchovny, Lili Taylor et Olivia Thirlby. Dix ans plus tard, il signe son troisième long métrage, Seul dans Berlin, adaptée de l’oeuvre de Hans Fallada publiée en 1947 à Berlin-Est. Ce célèbre roman – Jeder stirbt für sich allein (titre original)évoque la résistance allemande face au régime nazi et les conditions de survie des citoyens allemands pendant la Seconde Guerre mondiale.

Déjà transposé à la télévision en 1962 et 1970, puis au cinéma en 1975, avant de faire l’objet d’un documentaire en 2013 pour France 3 (Seul contre Hitler), ce livre devenu best-seller international est fondé sur la véritable histoire d’Otto Hampel (rebaptisé Quangel dans le film de Vincent Pérez) et de sa femme Elise, exécutés le 8 avril 1943 pour des actes de résistance antinazie. Seul dans Berlin propose une version quelque peu édulcorée du roman et s’avère une adaptation trop propre, même si le film ne laisse évidemment pas indifférent. En 1940, à Berlin, ville paralysée par la peur, Anna et Otto Quangel ne vivent que pour avoir des nouvelles de leur fils, enrôlé dans l’armée allemande. Quand on leur annonce la mort de leur enfant, leur monde s’écroule. Alors que Hitler est au sommet de sa gloire, ils décident, brisés par le désespoir, d’ébranler le régime nazi à leur façon. Ils disséminent dans toute la ville des pamphlets. Les autorités, irritées par cet acte de rébellion, chargent un certain Escherich de découvrir qui se cachent derrière ces cartes postales. L’étau se resserre peu à peu autour du couple Quangel.

Alors que le roman proposait une description de la barbarie et de la cruauté du Troisième Reich et de la vie des habitants de Berlin pendant la Seconde Guerre mondiale, le film de Vincent Pérez repose sur une reconstitution classique et académique avec des rues clinquantes et des costumes flambants neufs. L’ensemble fait toc, mais ce n’est rien à côté de l’utilisation de la langue anglaise qui rend l’ensemble artificiel, même si Vincent Pérez s’est visiblement battu pour tourner son film en allemand, sans succès et à sa grande déception. Si Emma Thompson et Brendan Gleeson sont comme d’habitude excellents, Vincent Pérez aurait vraiment gagné à tourner son film avec un couple de comédiens allemands et surtout dans la langue de Goethe. Seul dans Berlin s’apparente plus à une illustration qu’à une véritable adaptation. Toutefois, après une première partie maladroite et qui peine à trouver son rythme, la seconde se montre plus passionnante puisqu’elle repose à la fois sur les actes de résistances du couple principal et l’enquête d’Escherich (Daniel Brühl dans la peau d’un agent de la Gestapo qui s’exprime en anglais en forçant l’accent teuton) qui tente de mettre la main sur l’individu qui rédige et dépose des cartes aux messages antinazis aux quatre coins de Berlin.

Seul dans Berlin échoue dans son désir d’émouvoir les spectateurs à cause de sa facture télévisuelle et de ses décors tape-à-l’oeil (le film a essentiellement été tourné à Görlitz, à la frontière polonaise), mais parvient finalement à capter l’attention du spectateur en instaurant un suspense dès l’entrée en scène du personnage d’Escherich qui commence sa chasse à l’homme. Certes, Seul dans Berlin permettra à certains de connaître l’histoire du couple Hampel, mais le film laisse toutefois un sentiment d’inachevé puisque les personnages manquent de chair et que l’empathie – l’émotion donc – peine à prendre.

LE DVD

Après un passage éclair dans les salles françaises en novembre 2016, Pathé édite le film de Vincent Pérez uniquement en DVD. Le disque repose dans un boîtier classique transparent et la jaquette reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément au programme.

L’Image et le son

Faites confiance à Pathé pour assurer le service après-vente ! Le film de Vincent Pérez n’a certes connu aucun succès dans les salles mais se trouve choyé par l’éditeur. Le master tient toutes ses promesses, la colorimétrie froide souvent désaturée est superbe, les contrastes denses, les détails ciselés sur le cadre large et le relief étonnant. Si la définition n’est pas optimale – certaines séquences en intérieur sont plus douces – le piqué est fort acceptable, et la photo du chef opérateur Christophe Beaucarne (Mal de pierres, La Chambre bleue) est admirablement restituée.

Comme pour l’image, l’éditeur a soigné le confort acoustique et livre deux mixages anglais et français, Dolby Digital 5.1, aussi probants dans la scène d’ouverture que dans les séquences plus calmes. La première séquence peut compter sur une balance assez percutante des frontales comme des latérales, avec des coups de feu très présents. Les effets annexes sont palpables et souvent dynamiques, les voix solidement exsudées par la centrale, tandis que le caisson de basses souligne efficacement chacune des séquences au moment opportun. La spatialisation musicale – composition d’Alexandre Desplat – est probante. L’éditeur joint également les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision. Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue impossible à la volée.

Crédits images : © Christine Schroeder / Marcel Hartman / X Verleih / Pathé / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Papa ou maman 2, réalisé par Martin Bourboulon

PAPA OU MAMAN 2 réalisé par Martin Bourboulon, disponible en DVD et Blu-ray le 12 avril 2017 chez Pathé

Acteurs : Laurent Lafitte, Marina Foïs, Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Sara Giraudeau, Michaël Abiteboul, Nicole Garcia

Scénario : Alexandre de La Patellière, Matthieu Delaporte, Marina Foïs, Laurent Lafitte, Martin Bourboulon

Photographie : Laurent Dailland

Musique : Jérôme Rebotier

Durée : 1h26

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Deux ans ont passé. Après avoir raté leur séparation, les Leroy semblent parfaitement réussir leur divorce. Mais l’apparition de deux nouveaux amoureux dans la vie de Vincent et de Florence va mettre le feu aux poudres. Le match entre les ex-époux reprend.

Après plus de 2,8 millions de spectateurs réunis dans les salles en 2015, réaliser une suite à Papa ou maman (Prix du Jury au Festival de l’Alpe d’Huez) était trop tentant. Un an et demi après la sortie du premier film au cinéma, Papa ou maman 2 a donc débarqué dans les salles avec le même casting et le même réalisateur à la barre. Si ce second épisode reprend quasiment les mêmes gags et le même canevas que le film précédent, Papa ou maman 2 n’en demeure pas moins très réussi, en dépit de son manque de surprises.

Redoutable comédie, coécrite par les talentueux Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière (Le Prénom, Un illustre inconnu), mais aussi par Martin Bourboulon et cette fois-ci par Marina Foïs et Laurent Lafitte qui ont pu mettre la main à la pâte, Papa ou maman 2 essaye d’aller encore plus loin dans les répliques vachardes, dans les règlements de comptes, le sarcasme et le cynisme. L’histoire commence là où elle s’était arrêtée à la fin du premier. Vincent Leroy et Florence, son ex-femme, semblent avoir tourné la page après leur séparation mouvementée. Ils ont refait leur vie chacun de leur côté (comprenez qu’ils habitent l’un en face de chez l’autre) : Vincent avec Bénédicte (délicieuse Sara Giraudeau) et Florence avec Edouard (l’excellent Jonathan Cohen). Cependant, Vincent accepte mal qu’Edouard soit beaucoup plus riche que lui. Florence, de son côté, a du mal à se réjouir à l’annonce de la grossesse de Bénédicte. Leurs enfants, qui détestent cette nouvelle situation, aimeraient que leurs parents reforment à nouveau un couple.

Derrière la caméra, Martin Bourboulon, ancien publicitaire, a fait plus de progrès, à l’instar de la première séquence tournée en plan-séquence, qui fait écho à celle du premier opus, mais en plus virtuose. Il signe un second long métrage on ne peut plus efficace, souvent très drôle, avec ce qu’il faut d’émotion pour rendre ses personnages, encore plus frappadingues que dans le premier, très attachants. Il faut dire que les deux têtes d’affiche, Marina Foïs et Laurent Lafitte ne reculent devant rien pour faire rire les spectateurs, surtout la première, aussi hilarante qu’à la bonne époque des Robin des Bois. Le duo fait toujours des étincelles, au sens propre comme au figuré et se délectent des dialogues cinglants tout comme des situations les plus grinçantes dans lesquelles sont plongés leurs personnages, prêts à tous les coups bas. A leurs côtés, les jeunes comédiens Alexandre Desrousseaux, Anna Lemarchand, Achille Potier s’avèrent encore plus convaincants que dans le premier, même s’ils apparaissent cette fois en retrait.

Alors oui Papa ou maman 2 sent parfois le réchauffé et s’avère une suite opportuniste (avec un tournage qui s’est déplacé à La Réunion), c’est d’ailleurs souvent un pléonasme, mais le spectateur aurait tort de bouder son plaisir car c’est aussi et avant tout une vraie comédie dynamique et brillamment interprétée par deux comédiens épatants et irrésistibles, qui prennent un évident plaisir à se renvoyer la balle, même en pleine figure. Les quiproquos s’enchaînent sur un rythme endiablé, la bande originale est au diapason, on se marre vraiment de bout en bout.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Papa ou maman 2, disponible chez Pathé, repose dans un boitier classique de couleur bleue. La jaquette reprend le visuel de l’affiche du film. Le menu principal est animé et musical.

Là où nous trouvions un sympathique commentaire audio du réalisateur Martin Bourboulon et des deux scénaristes Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, un making of de plus de 20 minutes et deux featurettes sur le Blu-ray de Papa ou maman, l’interactivité pour l’édition HD de ce second opus s’est réduite comme peau de chagrin. Certes le bêtisier (10’) est franchement très drôle et contagieux, mais à côté l’éditeur ne livre qu’un module promo de 2 minutes ! Quelques rapides images de tournage, principalement reprises du bêtisier, divers propos des comédiens (en voix-off) et débrouillez-vous avec ça !

Cette section se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pathé comble les espérances en livrant un master HD somptueux. Le piqué affiche d’emblée une précision dantesque, les contrastes sont d’une densité éblouissante et la clarté est à l’avenant. La profondeur de champ et le relief sont évidents, la colorimétrie chaude et ambrée au top, les textures sont palpables et le cadre large fourmille de détails. N’oublions pas non plus un léger grain très flatteur pour les mirettes, un codec AVC (contre VC-1 pour l’édition HD du premier volet) au mieux de sa forme et des noirs fermes. Le nec plus ultra de la Haute Définition.

Dès la première séquence de Papa ou maman 2, la piste DTS-HD Master Audio 5.1 sollicite l’ensemble des enceintes et offre une petite spatialisation soignée. Les dialogues se détachent sans mal sur la centrale, le caisson de basses délivre quelques effets sympathiques tandis que les ambiances naturelles des scènes en extérieur demeurent constantes. La DTS-HD Master Audio 2.0 est évidemment plus « plate » mais le spectacle acoustique est tout autant assuré. L’éditeur joint également les sous-titres destinés au public sourd et malentendant, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Tibo & Anouchka / 2016 – CHAPTER 2 – PATHÉ PRODUCTION – M6 FILMS – NEXUS FACTORY – UMEDIA – FARGO FILMS  / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Les Portes de la nuit, réalisé par Marcel Carné

LES PORTES DE LA NUIT réalisé par Marcel Carné, disponible en combo Blu-ray-DVD le 29 mars 2017 chez Pathé

Acteurs : Pierre Brasseur, Serge Reggiani, Yves Montand, Nathalie Nattier, Saturnin Fabre, Raymond Bussières, Jean Vilar, Sylvia Bataille

Scénario : Jacques Prévert

Photographie : Philippe Agostini

Musique : Joseph Kosma

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1946

LE FILM

A Paris, dans le quartier de Barbès-Rochechouart, au cours de l’hiver 1945, Diego, un ancien résistant, retrouve fortuitement Raymond Lécuyer, un de ses camarades de combat, qu’il croyait mort après une dénonciation. Alors qu’ils fêtent leurs retrouvailles autour d’une table, un clochard, surnommé «le Destin», prédit à Diego qu’il va rencontrer la plus belle femme du monde. La prédiction se réalise lorsque, sur un chantier de démolition qui appartient à son père, la belle Malou, en manteau de fourrure, croise le regard de Diego. Un amour passionné les lie bientôt. Mais Diego reconnaît en Guy, le frère de Malou, l’homme qui a dénoncé Raymond…

« Paris, février 1945, vers la fin d’une journée d’hiver, le dur et triste hiver qui suivit le merveilleux été de la libération de Paris.La guerre n’est pas encore finie, mais au nord de la ville, la vie coutumière reprend son cours avec ses joies simples, ses grosses difficultés, ses grandes misères, et ses terribles secrets… »

Longtemps considéré comme LE film maudit de Marcel Carné, Les Portes de la nuit n’est peut-être pas un chef d’oeuvre, mais n’en demeure pas moins une immense réussite. Cette dernière collaboration Carné – Prévert, d’après l’argument de son ballet Le Rendez-vous, se déroule durant une nuit de février 1945 à Paris, Jean Diego (Yves Montand) se rend chez la femme de son copain, Raymond Lécuyer (Raymond Bussières), pour lui annoncer la mort de son mari devant le peloton d’exécution des occupants nazis. Or, Raymond est bel et bien vivant. Un clochard, qui se présente comme étant le Destin (Jean Vilar), fil rouge de l’histoire, annonce à Jean qu’il va rencontrer, dans les heures à venir, « la plus belle fille au monde ».

« Il n’est pas donné à tout le monde d’avoir une mort heureuse... »

Malgré une ambiance sinistre et froide, qui reflète l’état d’un pays après des années de conflit, Les Portes de la nuit montre des personnages qui ont su rester optimistes, sauvés grâce à l’amour. Ce film choral avant l’heure, se focalise non pas sur un couple en particulier, mais sur un groupe de personnages qui se croisent et s’entrecroisent autour du destin personnifié, qui rôde autour d’eux, qui les met en garde, qui les encourage, qui les observe. Les Portes de la nuit, c’est aussi le portrait d’un quartier de Paris, le XIXe arrondissement. Le film s’ouvre sur un incroyable travelling montrant le métro aérien de la ligne 2 et la Place Stalingrad, la Rotonde et le Bassin de la Villette jusqu’à l’amorce de l’avenue Jean Jaurès. Les décors exceptionnels d’Alexandre Trauner prennent le relais puisque la station Barbès-Rochechouart a été intégralement reconstituée en studio, quasiment à l’échelle.

Alors que le film avait été pensé pour Jean Gabin et sa compagne Marlene Dietrich, Carné a vu ses deux comédiens se désister juste avant les prises de vue. Pris de panique, le cinéaste a jeté son dévolu sur Yves Montand, âgé de 25 ans, dont la carrière de chanteur venait de décoller. Il fait ici ses débuts, peu convaincants certes, au cinéma. Même chose pour sa partenaire Nathalie Nattier, dont la carrière restera cependant confidentielle. Face à ces jeunes premiers, Carné s’entoure de merveilleux acteurs « secondaires », qui font la grande réussite du film, Raymond Bussières et Jean Vilar donc, mais aussi Pierre Brasseur, Serge Reggiani, Saturnin Fabre, l’indispensable Julien Carette. Ces protagonistes reflètent le Paris d’époque, le français victime de l’Occupation, certains ayant trouvé la combine de mieux subsister que d’autres en mettant toute morale de côté. C’est le cas de monsieur Sénéchal, dont les affaires n’ont cessé de fleurir même en temps de guerre. Son fils, petite frappe sans envergure (Reggiani) a su prendre le train en marche pour essayer de s’imposer dans le quartier, jusqu’au jour où sa route croise celle du Destin.

Beau, tragique, forcément poétique, porté par l’envoûtante et mélancolique musique de Joseph Kosma et de la ritournelle des Feuilles mortes composée spécialement pour ce film, ce huitième long métrage de Marcel Carné ne peut laisser indifférent, même si le rythme paraît aujourd’hui poussif. Froidement accueilli par la critique – à tel point que Prévert songe à quitter le monde du cinéma – et malgré un public mitigé, Les Portes de la nuit, qui évoquent également celles de la Libération qui commençaient à s’entrouvrir, n’est pourtant pas un échec commercial, même si considéré comme tel.

Après avoir été démoli une nouvelle fois par Truffaut et sa clique, il faudra attendre les années 1970 pour que ce film maudit et tombé dans un relatif oubli, y compris au cours des rétrospectives consacrées à Marcel Carné, soit enfin reconsidéré.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray des Portes de la nuit a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé et musical.

Comme petit-four, l’éditeur et Jérôme Wybon nous proposent un petit entretien avec le réalisateur Jean-Pierre Jeunet (5’). Grand admirateur de Marcel Carné, il indique que Les Portes de la nuit arrive probablement en troisième position derrière Quai des brumes et Le Jour se lève, dans son top Carné personnel. Entouré d’objets de collection liés au cinéma de Marcel Carné, Jean-Pierre Jeunet indique ensuite comment ces films ont influencé les siens, notamment Delicatessen.

Après cette déclaration d’amour de Jeunet pour Carné, ne manquez pas le documentaire rétrospectif réalisé une fois de plus par Jérôme Wybon, intitulé Le Destin des Portes de la nuit (31’). Ce module croise les propos de Philippe Morisson (créateur du site Marcel Carné) et N.T. Binh (critique et enseignant du cinéma). Tout d’abord, les deux intervenants replacent Les Portes de la nuit dans l’oeuvre de Marcel Carné, la genèse du film, les personnages, mais aussi et surtout sur le casting puisque l’oeuvre devait être portée par Jean Gabin et Marlene Dietrich. Suite au désistement de la comédienne juste avant le tournage, l’acteur français, également compagnon de Dietrich, quitte également le projet. Carné doit alors trouver très rapidement deux remplaçants et jette son dévolu sur Yves Montand et Nathalie Nattier. Deux choix contestés à l’époque, également par les deux intervenants, même s’ils finissent par modérer leurs propos. Jérôme Wybon nous propose également quelques images d’archives rares, montrant les essais de Jean Vilar (pour le rôle finalement tenu par Saturnin Fabre), à qui Jean Gabin (de dos) en personne donne la réplique en tenant le rôle qui sera offert à Serge Reggiani (voir la capture suivante).

Nous voyons également le test passé par Yves Montand, ainsi que la construction de l’incroyable décor d’Alexandre Trauner qui reconstituait alors la station Barbès-Rochechouart en grandeur réelle. De nombreuses anecdotes de tournage sont dévoilées, la sortie du film est abordée (le film est froidement accueilli par la critique et les spectateurs) ainsi que sa reconnaissance tardive dans les années 1970.

L’Image et le son

Dans la continuité du plan de restauration de son catalogue, Pathé propose de (re)découvrir des classiques du cinéma français dans de très belles éditions DVD et Blu-ray restaurées. Les Portes de la nuit est enfin disponible dans les bacs, dans une nouvelle version numérisée et restaurée en 4K à partir du négatif original sous la supervision de Pathé et grâce aux bons soins du laboratoire L’Immagine Ritrovata. Avec son format respecté 1.37 et une compression AVC, ce Blu-ray au format 1080p permet enfin de (re)voir Les Portes de la nuit dans une superbe copie. La restauration est étincelante, les contrastes d’une densité impressionnante, la copie est stable, les gris riches, les blancs lumineux, la profondeur de champ évidente et le grain original heureusement préservé. Les séquences sombres sont tout aussi soignées que les rares scènes diurnes (l’ouverture du film), le piqué est parfois joliment acéré pour un film des années 1940 et les détails étonnent parfois par leur précision, surtout sur les gros plans. Toutefois, quelques légers flous sporadiques font parfois une apparition remarquée et quelques séquences paraissent plus douces.

Comme pour les autres titres prestigieux de son catalogue, Pathé est aux petits soins avec le film de Marcel Carné puisque la piste mono bénéficie d’un encodage en DTS HD-Master Audio. Si quelques saturations demeurent inévitables surtout sur les quelques dialogues aigus et la musique qui se fait plus chuintante, l’écoute se révèle fluide. Aucun craquement ou souffle intempestifs ne viennent perturber l’oreille des spectateurs et les échanges sont clairs à l’exception d’une séquence, celle où monsieur Sénéchal parle avec sa fille Malou. Les sous-titres destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles, ainsi qu’une piste Audiovision.

Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray :  Franck Brissard pour Homepopcorn.fr
 

Test Blu-ray / Tchao Pantin, réalisé par Claude Berri

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TCHAO PANTIN réalisé par Claude Berri, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 décembre 2016 chez Pathé

Acteurs : Coluche, Richard Anconina, Agnès Soral, Philippe Léotard, Mahmoud Zemmouri, Ahmed Ben Ismaël

Scénario : Claude Berri et Alain Page, d’après le roman d’Alain Page Tchao Pantin

Photographie : Bruno Nuytten

Musique : Charlélie Couture

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Lambert, le regard fatigué et l’oeil rougi par l’alcool, traine sa solitude dans un garage parisien. Il est pompiste de nuit. Bensoussan, jeune dealer, fuit la police et se réfugie dans la station. Ils deviennent amis. Un jour, Bensoussan est assassiné…

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Tchao Pantin est un film culte. Pourtant, qui aurait pu parier sur le succès, voire le triomphe de l’oeuvre de Claude Berri réalisée en 1983 ? En 1970, le producteur-réalisateur avait offert à Coluche, alors inconnu du grand public, son premier rôle au cinéma dans Le Pistonné. Les deux hommes se retrouveront onze ans plus tard pour Le Maître d’école, grand succès de l’année 1981 avec 3 millions d’entrées. Au début des années 1980, Coluche est au sommet du box-office et vient d’enchaîner les triomphes commerciaux avec Inspecteur la bavure, Deux heures moins le quart avant J.C., Banzaï et La Femme de mon pote, tous produits par Claude Berri. En revanche, la vie personnelle du comédien part à vau-l’eau. Sa femme vient de le quitter en emmenant les enfants, son meilleur ami Patrick Dewaere met fin à ses jours en juillet 1982 en utilisant l’arme que Coluche lui avait offert et les dettes s’accumulent. Il se perd dans la drogue.

tchao-pantintchao-pantinagnesC’est alors que Christian Spillemaecker, secrétaire particulier et ami de Coluche, découvre le roman Tchao Pantin d’Alain Page. Alors que Claude Berri est sur le point de prendre l’avion pour rejoindre le tournage de L’Africain de Philippe de Broca dont il est le producteur, Spillemaecker lui conseille de découvrir ce livre en imaginant Coluche dans le rôle principal pour une possible adaptation. Claude Berri a le coup de foudre et décide de transposer lui-même ce roman dont il achète les droits pour le cinéma. Le tournage est prévu pour l’été 1983, en décors naturels dans le XVIIIe arrondissement. Halluciné par la transformation physique et la performance de Coluche devant sa propre caméra, Claude Berri parvient à faire avancer la sortie du film à décembre 1983, persuadé que le comédien obtiendra le César du meilleur acteur. Effectivement, Coluche obtiendra la compression lors de la cérémonie en mars 1984.

tchao-pantin2tchao-pantin5Il faut dire qu’il est exceptionnel dans la peau de Lambert, le pompiste alcoolique aux yeux tombants qui trompe son ennui la nuit en enchaînant les verres d’alcool. Le comédien incarne ce personnage avec une vérité époustouflante. Une nuit pluvieuse, Youseff Bensoussan (Richard Anconina), qui semble suivi par une voiture de police, parvient à s’abriter dans la station-service de Lambert. Il prétend vouloir remplacer la bougie de sa mobylette, mais Lambert n’est pas dupe. Ils engagent la conversation. Le jeune homme juif-arabe lui tient compagnie jusqu’à l’aube et les deux prennent un café. Lambert, homme solitaire, s’attache très vite à Bensoussan. Mais le jeune homme est en réalité plongé dans un trafic de drogue. Il deale la nuit pour le compte du propriétaire d’un bar du quartier de Belleville. Après s’être fait voler sa marchandise, Bensoussan est poursuivi par deux motards et assassiné dans la station-service de Lambert, devant ses yeux. On apprend que ce dernier est un ancien inspecteur de police, qui suite au décès de son fils à la suite d’une overdose, a sombré dans la dépression après que sa femme l’ait quitté. Lambert, qui voyait en Bensoussan comme un fils de substitution, décide de mener son enquête afin de retrouver les commanditaires de son assassinat.

tchao-pantin3tchao-pantin4Il rencontre Lola (Agnès Soral, superbe), une jeune punk dont Bensoussan était amoureux. Elle assiste à un règlement de comptes durant lequel Lambert tue un des responsables de la mort de Bensoussan. Si Lola représente une lueur d’espoir dans ce qui lui reste de vie, et si un officier de police (Philippe Léotard) suspecte le pompiste de vouloir mettre son nez là où il ne devrait pas, Lambert est bien décidé à aller jusqu’au bout de sa vengeance, même s’il doit y laisser la vie.

tchao-pantin6tchao-pantin10Chef d’oeuvre absolu de noirceur et de mélancolie, filmé près du métro aérien dans le quartier crasseux et glauque de la Chapelle à Paris (avant sa rénovation et sa réhabilitation), Tchao Pantin fascine toujours autant plus de trente ans après sa sortie. Epaulé par la photo – césarisée – du chef opérateur Bruno Nuytten, qui donne un aspect spectral à la station-service (éclairée aux néons froids) et la composition aussi marquante qu’inquiétante de Charlélie Couture (dont la chanson Les nuits sont trop longues), Claude Berri signe un de ses plus beaux films. Magistralement réalisé, Tchao Pantin doit également sa réussite à son ton parfois très réaliste qui fait froid dans le dos. Le personnage de Lambert collera tellement à la peau de Coluche, que le comédien gardera son costume tout du long, même en dehors du tournage. Une façon pour lui d’exorciser tout ce qui n’allait pas dans sa vie. De son côté, Richard Anconina trouve également un de ses rôles les plus marquants, pour lequel il sera récompensé par deux César, le premier pour le meilleur espoir masculin, le deuxième pour le meilleur second rôle. Tchao Pantin est un triomphe et attire plus de 3,8 millions de spectateurs en décembre 1983.

Zur ARTE-Sendung Am Rande der Nacht 3: Mit Hilfe der jungen Punkerin Lola (Agns Soral) macht sich der Ex-Polizist und Tankwart Lambert (Coluche) auf die Suche nach den Mšrdern seines Freundes Bensoussan Ð ein tšdliches UnterfangenÉ © PathŽ Renn Productions Foto: ARTE France Honorarfreie Verwendung nur im Zusammenhang mit genannter Sendung und bei folgender Nennung "Bild: Sendeanstalt/Copyright". Andere Verwendungen nur nach vorheriger Absprache: ARTE-Bildredaktion, Silke Wšlk Tel.: +33 3 881 422 25, E-Mail: bildredaktion@arte.tv

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Tchao Pantin a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé sur un montage de séquences tirées du film.

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Près de deux heures de suppléments sont proposées, principalement repris de l’édition DVD Prestige sortie en 2006, même s’il manque l’interview de Coluche par France Roche !

Le principal bonus est le documentaire rétrospectif Il était une fois Tchao Pantin (51’), réalisé par Fabrice Ferrari et conçu par Serge July en 2003, composé d’entretiens de Christian Spillemaecker (producteur associé), Claude Berri (réalisateur et scénariste), Alain Page (romancier et dialoguiste), Fred Romano (compagne de Coluche), Paul Lederman (impresario-producteur qui a lancé Coluche), Didier Lavergne (maquilleur), Richard Anconina (« Bensoussan »), Mahmoud Zemmouri (« Rachid »), Agnès Soral (« Lola »), Bruno Nuytten (directeur de la photographie), Patrick Bordier (régisseur), Jacques Attali (conseiller politique) et Pierre Benichou (journaliste). A noter que le documentaire, jusqu’alors scindé en plusieurs modules sur le DVD Collector et en version tronquée, est ici présenté dans sa version intégrale.

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Malgré quelques légères digressions (sur la présentation de Coluche à l’élection présidentielle de 1981), vous y découvrirez tout ce qu’il faut savoir sur la genèse de Tchao Pantin, l’adaptation du roman d’Alain Page, le pari de confier le rôle principal à Coluche (qui traversait l’une des pires périodes de sa vie et sous l’emprise de la drogue), la préparation des comédiens (Agnès Soral qui a vécu avec des punks dans quelques squats), les partis pris esthétiques (la station-service éclairée aux néons), les conditions de tournage la nuit, durant deux mois, au milieu de véritables trafiquants de drogue et en décors naturels. Au-delà de l’aspect informatif, on apprécie le portrait de l’homme complexe qu’était Coluche, dressé au fil de ce documentaire.

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L’interview croisée de Richard Anconina et d’Agnès Soral (2003-29’) reprend peu ou prou les mêmes souvenirs de tournage racontés dans le documentaire précédent. Même s’ils sont assis l’un à côté de l’autre, les deux comédiens n’apparaissent étrangement jamais ensemble à l’écran. Agnès Soral revient sur la façon dont Claude Berri l’a engagée et lui a demandé de se préparer pour son personnage, tandis que Richard Anconina, explique comment il a obtenu le rôle grâce à son ami Coluche, qui lui a conseillé de mentir sur son âge et de dire qu’il avait 22 ans (alors qu’il en avait 31). Les deux comédiens évoquent également le travail avec Coluche et Claude Berri, le triomphe du film, celui aux César et l’après-Tchao Pantin.

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A l’instar de l’entretien précédent, l’éditeur reprend également celui de Claude Berri (10’) réalisé en 2003. Les propos tenus ici sont une fois de plus redondants avec ce qui a pu être entendu dans le film de Serge July ou lors de l’interview des deux acteurs. Une fois de plus, ce bonus revient sur l’adaptation du livre d’Alain Page, les personnages, le choix de Coluche pour incarner Lambert, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten, la musique de Charlélie Couture. Seul argument inédit, Claude Berri évoque un remake qu’aurait dû réaliser et interpréter Al Pacino.

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Seul élément inédit, l’interview de Xavier Castano (18′), réalisée par Jérôme Wybon. L’assistant-réalisateur donne beaucoup d’éléments nouveaux sur le tournage de Tchao Pantin. Notre interlocuteur revient notamment sur une des premières fois où le film a été abordé avec Coluche (qui avait déjà trouvé la tête de son personnage), ainsi que sur la situation personnelle du comédien (« à un carrefour de sa vie ») et sur ce qui a pu le motiver pour se lancer dans ce projet après le tournage difficile de La Femme de mon pote et surtout la mort de Patrick Dewaere son meilleur ami. Quelques images de tournage inédites viennent illustrer cet excellent entretien, qui indique aussi comment se déroulaient les prises de vue, les partis pris de la photo de Bruno Nuytten et le fait que Claude Berri lui-même ne croyait pas au succès du film en raison de sa noirceur et du contre-emploi de Coluche.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale (qui insiste sur la performance dramatique de Coluche et que l’on compare à Raimu, Fernandel et Bourvil), ainsi que sur le célèbre extrait (raccourci malheureusement) de la cérémonie des Césars en 1984 (3’).

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L’Image et le son

Tchao Pantin rejoint le plan de restauration du catalogue Pathé. La copie en 4K du film de Claude Berri est livrée dans un écrin Blu-ray au format 1080p. La photo signée par le grand chef opérateur Bruno Nuytten, qui a d’ailleurs supervisé la restauration en 2014 par les laboratoires Eclair, est ici respectée avec des couleurs très froides (aux teintes bleutées), volontairement délavées et une patine argentique très appréciable. L’image (1.66, 16/9 compatible 4/3) a été savamment nettoyée, la copie est vraiment très propre, l’ensemble est stable, le cadre ne manque pas de détails. Le piqué doux demeure agréable pour les mirettes, les contrastes sont élégants, bien que Tchao Pantin se déroule essentiellement de nuit et que certaines séquences s’avèrent très sombres. Si les noirs manquent légèrement de concision et tirent également sur le bleu, l’édition HD de Tchao Pantin demeure très soignée.

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L’éditeur propose un mixage DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Comme pour l’image, le son a également subi un dépoussiérage par L.E. Diapason. La piste est propre, mais les dialogues sont parfois sensiblement étouffés, pour ne pas dire plats. Toutefois, l’écoute reste supérieure à celle des anciennes diffusions télévisées, certains effets se distinguent (la pluie au début du film) et la musique de Charlélie Couture possède même un coffre inédit. Les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant sont également disponibles. Nous trouvons également une piste Audiovision.

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Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Marie-Octobre, réalisé par Julien Duvivier

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MARIE-OCTOBRE réalisé par Julien Duvivier, disponible en Combo Collector Blu-ray + DVD le 7 décembre 2016 chez Pathé

Acteurs : Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura, Noël Roquevert, Robert Dalban, Paul Frankeur, Serge Reggiani, Daniel Ivernel, Jeanne Fusier-Gir, Paul Guers

Scénario : Julien Duvivier d’après le roman Marie-Octobre de Jacques Robert

Photographie : Robert Lefebvre

Musique : Jean Yatove

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Marie-Hélène Dumoulin, patronne d’une maison de couture, était Marie-Octobre pendant la guerre. Membre d’un groupe de résistants, elle a vu son chef et amant Castille arrêté et exécuté par les Allemands. Quinze ans plus tard, elle apprend que le réseau avait été dénoncé par l’un des siens. Elle réunit tous les survivants pour un dîner, bien décidée à démasquer le traître.

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Imaginez un film dans lequel seraient réunis les comédiens prestigieux Danielle Darrieux, Paul Meurisse, Bernard Blier, Lino Ventura, Noël Roquevert, Robert Dalban, Paul Frankeur, Serge Reggiani, Daniel Ivernel, Jeanne Fusier-Gir et Paul Guers. Un casting de rêve qui est pourtant bien celui de Marie-Octobre, réalisé par Julien Duvivier (1896-1967) en 1958. Le metteur en scène de Pépé le Moko, La Fin du jour, Voici le temps des assassins et de La Belle équipe venait d’être marqué par 12 hommes en colère, tout juste réalisé par Sidney Lumet et souhaitait trouver une histoire qui lui permette de réunir une brochette de comédiens dans un espace réduit. Cinéaste du pessimisme et de la noirceur de l’âme humaine, Julien Duvivier trouve dans le roman Marie-Octobre de Jacques Robert, les éléments adéquats. Cependant, trouvant l’ouvrage trop inscrit dans son époque (1948), le réalisateur remanie le roman original et demande à son fidèle collaborateur Henri Jeanson de signer les dialogues qu’il souhaite plus incisifs.

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Marie-Octobre est un pur exercice de style : 11 personnages, 9 hommes, anciens résistants et 2 femmes, Marie-Octobre qui s’occupait du réseau avec Castille, exécuté par la Gestapo, et Victorine sa vieille gouvernante. Une intrigue qui respecte l’unité de lieu, de temps et d’action, autrement dit une maison cossue avec un grand salon au plafond bas, le temps d’une soirée, avec des échanges ininterrompus entre plusieurs individus. Sous l’égide de Marie-Hélène Dumoulin dite « Marie-Octobre » (Danielle Darrieux), directrice d’une maison de couture et de l’industriel François Renaud-Picart (Paul Meurisse), Julien Simoneau, avocat pénaliste (Bernard Blier), Carlo Bernardi, patron d’une boîte de strip-tease (Lino Ventura), Étienne Vandamme, contrôleur des contributions (Noël Roquevert), Léon Blanchet, serrurier plombier (Robert Dalban), Lucien Marinval, boucher mandataire aux Halles (Paul Frankeur), Antoine Rougier, imprimeur (Serge Reggiani), Yves Le Gueven, prêtre (Paul Guers) et Robert Thibaud, médecin-accoucheur (Daniel Ivernel) sont invités pour un dîner préparé par Victorine (Jeanne Fusier-Gir), qui scelle leurs retrouvailles. Il y a quinze ans, ces hommes et cette femme formaient un réseau de Résistance que dirigeait alors Castille, mort sous les balles de la Gestapo dans ce salon même où ils lui rendent hommage.

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Après le dîner, alors que le digestif et le café les apaisent, ces hommes sont invités à se réunir dans le grand salon qui servait alors de quartier général au réseau. Marie-Octobre et Renaud-Picart leur apprennent alors la véritable raison de cette soirée. Un traitre se cache parmi eux, celui qui en août 1944 a balancé le réseau aux allemands et qui se trouve par conséquent être le responsable de la mort de Castille. Les masques tombent, tous les coups sont permis. Les rancunes refont surface, les accusations commencent à pleuvoir, tout comme les secrets enfouis, les suspicions, les compromissions avec l’occupant. Une chose est sûre, le traitre sera démasqué avant l’aube et ne sortira pas vivant de cette maison.

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Alors que la Nouvelle vague pointe son nez et s’en prend violemment à ce « cinéma poussiéreux », Julien Duvivier démontre qu’il en a encore sérieusement sous le capot. Marie-Octobre est un très grand huis clos. La fluidité de la mise en scène, la photographie oppressante, l’excellence de l’interprétation et le montage percutant ne laissent aucune place à l’ennui. On admire la maîtrise de la technique et du langage cinématographique de Duvivier, tout comme les confrontations des monstres sacrés qui se renvoient la balle mouillée d’acide dans une remarquable partie de ping-pong verbal. Si le dispositif demeure proche du théâtre, Marie-Octobre échappe à ces limites imposées à travers une mise en scène inspirée, par ailleurs préparée bien en amont par le cinéaste avec quelques maquettes et des figurines en carton. Duvivier avait d’ailleurs tellement peaufiné ses plans et le montage que les prises de vues ont été réalisées en trois semaines seulement, du 17 novembre au 10 décembre 1958, dans un décor unique, dans l’ordre chronologique et sans que les comédiens eux-mêmes ne sachent qui était le coupable avant le dernier jour de tournage.

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Les corps, tout comme la caméra, se déplacent sans cesse, créant ainsi une valse des sentiments, tout d’abord légère quand les anciens résistants se retrouvent, puis qui se fait plus grave au fur et à mesure que la tension se resserre à cause de la peur et de l’issue qui semble fatale. Marie-Octobre est un film ingénieux, formidable, souvent captivant, même si finalement la révélation n’en est guère une et manque de puissance, malgré les doutes qui ne cessent de passer d’un personnage à l’autre. Sans doute parce que ce qui intéresse Julien Duvivier est ailleurs, comme les petites bassesses auxquelles se sont livrés ces hommes pourtant considérés comme des héros, comme quoi personne n’est parfait, surtout quand l’argent ou l’amour sont de la partie. Mais puisqu’un homme (ou une femme) doit payer pour ses fautes, autant qu’il/qu’elle serve d’exutoire pour les autres et que le spectateur serve de douzième homme pour composer un vrai jury.

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Marie-Octobre demeure une référence du whodunit à la française, qui inspirera d’ailleurs François Ozon pour 8 femmes, pour lequel Danielle Darrieux fait d’ailleurs le lien avec le film de Duvivier. Entre Dix petits nègres et une bonne partie de Cluedo (un tel, dans le grand salon avec le revolver), Marie-Octobre, grand succès de l’année 1959 avec 2,6 millions d’entrées, est une œuvre à redécouvrir et à réhabiliter.

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LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Marie-Octobre a été réalisé à partir d’un check-disc. Le Blu-ray et le DVD reposent dans un Digipack dans la collection Version restaurée par Pathé, glissé dans un fourreau cartonné. Le menu principal est très élégant, animé sur une des séquences du film.

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A l’instar des segments réalisés pour les éditions Blu-ray+DVD de Voici le temps des assassins, La Belle équipe et La Fin du jour sorties en juin 2016, celui de Marie-Octobre est signé Jérôme Wybon. Ce documentaire judicieusement intitulé Une femme en colère (17’), est composé d’entretiens avec Eric Bonnefille (auteur de Julien Duvivier – Le mal aimant du cinéma français), Hubert Niogret (auteur de Julien Duvivier – 50 ans de cinéma) et des archives montrant Danielle Darrieux qui évoque le prochain tournage de Marie-Octobre et d’autres images provenant d’une interview d’Henri Jeanson dans laquelle le dialoguiste explique ses rapports avec Julien Duvivier, « un personnage grognon et désagréable, n’ayant pas de conversation ».

screenshot002screenshot003screenshot005screenshot006Les deux spécialistes ès Duvivier replacent Marie-Octobre dans la filmographie éclectique du cinéaste et ne manquent pas de raconter quelques souvenirs liés à la production comme la genèse du film, la libre adaptation du roman de Jacques Robert, la minutieuse préparation du film, les conditions de tournage. Les thèmes de Marie-Octobre sont ensuite analysés, notamment la façon dont Duvivier aborde la face sombre et finalement « humaine » de ces héros de la Résistance. Enfin, l’accueil du film est évoqué, tout comme les attaques virulentes de Jean-Luc Godard envers le cinéma de Julien Duvivier.

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Force est de constater que nous n’avions jamais vu Marie-Octobre dans de telles conditions. Les contrastes affichent une densité inédite, les noirs sont denses, la palette de gris riche et les blancs lumineux. Seul le générique apparaît peut-être moins aiguisé, mais le reste affiche une stabilité exemplaire ! Les arrière-plans sont bien gérés, le grain original est respecté, le piqué est souvent dingue et les détails regorgent sur les visages des comédiens. La restauration 2K du film effectuée en 2016 par l’Immagine Ritrovata de la Cineteca di Bologna. Celle-ci se révèle extraordinaire, aucune scorie n’a survécu au scalpel numérique, l’encodage AVC consolide l’ensemble avec brio du début à la fin, le relief des matières est palpable. La photo est resplendissante et le cadre au format respecté, brille de mille feux. Ce master très élégant permet de redécouvrir ce très grand classique dans une qualité technique admirable.

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Egalement restaurée, la piste DTS-HD Master Audio Mono instaure un haut confort acoustique avec des dialogues percutants. Aucun souffle sporadique ni aucune saturation ne sont à déplorer. L’éditeur joint également une piste Audiovision, ainsi que les sous-titres anglais et français destinés au public sourd et malentendant.

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Crédits images : © Pathé / Captures du Blu-ray et des suppléments : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Julieta, réalisé par Pedro Almodóvar

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JULIETA réalisé par Pedro Almodóvar, disponible en Blu-ray et DVD le 23 septembre 2016 chez Pathé

Acteurs : Emma Suárez, Adriana Ugarte, Daniel Grao, Inma Cuesta, Rossy de Palma, Darío Grandinetti, Michelle Jenner…

Scénario : Pedro Almodóvar d’après trois nouvelles du recueil Fugitives d’Alice Munro

Photographie : Jean-Claude Larrieu

Musique : Alberto Iglesias, Chavela Vargas

Durée : 1h37

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Julieta s’apprête à quitter Madrid définitivement lorsqu’une rencontre fortuite avec Bea, l’amie d’enfance de sa fille Antía la pousse à changer ses projets. Bea lui apprend qu’elle a croisé Antía une semaine plus tôt. Julieta se met alors à nourrir l’espoir de retrouvailles avec sa fille qu’elle n’a pas vue depuis des années. Elle décide de lui écrire tout ce qu’elle a gardé secret depuis toujours.
Julieta parle du destin, de la culpabilité, de la lutte d’une mère pour survivre à l’incertitude, et de ce mystère insondable qui nous pousse à abandonner les êtres que nous aimons en les effaçant de notre vie comme s’ils n’avaient jamais existé.

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En 2011, Pedro Almodóvar signait un de ses chefs d’oeuvre, La Piel que habito, plus complexe, minimaliste, épuré et austère que ses précédents longs métrages, une véritable rupture avec ses superbes mélodrames qui ont fait son immense succès à travers le monde. Thriller organique traumatisant, croisement entre Franju et Hitchcock, porté par un Antonio Banderas glacial et glaçant et l’interprétation hallucinante d’Elena Anaya, La Piel que habito était un sommet dans la carrière du réalisateur espagnol. Ayant néanmoins déçu une partie de son public de base, Pedro Almodóvar revenait deux ans plus tard avec Les Amants passagers, pour lequel il renouait avec son genre de prédilection, la comédie chorale loufoque et bordélique période Movida. Ce 19e long métrage se révélait être le pire de sa filmographie. Rien ou presque ne fonctionnait dans ce retour à la fantaisie, véritable naufrage artistique. Heureusement, Les Amants passagers s’apparentait à une récréation. C’est peu dire qu’on attendait des nouvelles du vingtième film de Pedro Almodóvar après son indigeste cocktail rose-bonbon de sexe, de drogue, d’anxiolytiques, de champagne-vodka-mescaline-jus d’orange et de musique pop des années 1980 ! Et disons-le immédiatement, Julieta est un nouveau chef d’oeuvre à inscrire à son palmarès !

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Le cinéaste adapte trois nouvelles du recueil Fugitives (2004) d’Alice Munro, Hasard, Bientôt et Silence, toutes ayant comme point commun le personnage de Juliette. Pedro Almodóvar a donc imaginé comment rattacher ces trois histoires distinctes, pour qu’elles puissent en former une seule, afin que naisse le destin de Juliette, rebaptisée ici Julieta. L’histoire originale se situait à Vancouver. Ayant envisagé un temps de tourner son film en anglais et à New York, le metteur en scène a finalement préféré revenir à sa langue et à sa culture natales avec des prises de vues réalisées en Espagne. Pedro Almodóvar s’approprie l’histoire originale pour livrer un des plus beaux portraits de femmes de sa filmographie, et pourtant Dieu sait que de merveilleux personnages féminins ont déjà jalonné sa carrière. Julieta est un drame sensible, fragile comme du cristal, sur lequel plane un parfum de mystère. Pourquoi une jeune fille, Antía, a-t-elle disparu du jour au lendemain et n’a plus donné signes de vie à sa mère Julieta, ni même expliqué les raisons de son départ ? La belle cinquantaine, Julieta (Emma Suárez) ne s’est jamais remise de cette disparition et a dû apprendre à continuer à vivre avec l’incompréhensible, la douleur et l’inacceptable. Jusqu’au jour où la rencontre avec une amie d’enfance de sa fille, qui affirme l’avoir vue en Italie, remet en question son départ pour le Portugal avec son compagnon. Julieta entreprend alors d’écrire à sa fille et de se livrer comme elle ne l’a jamais fait, sur sa jeunesse jusqu’à sa rencontre avec l’homme de sa vie, le père d’Antía. Par flashbacks, nous découvrons alors la jeune Julieta, incarnée cette fois par Adrianna Ugarte. Deux actrices pour le même personnage à un âge différent, le cinéaste ayant peu confiance dans les maquillages supposés vieillir.

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Et Pedro Almodóvar de nous hypnotiser avec ses couleurs, les visages de ses sublimes comédiennes, son récit à tiroirs dans lequel s’enchevêtrent les époques – magnifique passage de relais – et les destins, la délicatesse de chaque geste esquissé ou avorté, ses scènes d’amour passionnées pour faire face à la mort et la fatalité, la beauté insondable des dialogues, tandis que le cinéaste instaure un suspense palpable et une réflexion universelle et bouleversante sur le deuil impossible. Forcément tragique, mais également constamment chaleureux et ensoleillé puisque les astres demeurent mais ne meurent jamais, Julieta est un des récits les plus poignants, gracieux et courageux du réalisateur ibérique qui ne cède jamais au pathos et nous donne furieusement envie de prendre dans nos bras son héroïne intensément romanesque.

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LE BLU-RAY

La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend le visuel de l’affiche française d’exploitation. Le menu principal est animé et musical.

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Pathé va droit à l’essentiel, mais les fans du cinéaste risquent de déchanter. En premier lieu nous trouvons deux entretiens croisés de Pedro Almodóvar et de la comédienne, l’autre avec Adrianna Ugarte. Cinq petites minutes durant lesquelles les intervenants s’expriment sur les intentions et les partis pris, les personnages, les thèmes et l’esthétique du film.

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En guise de making of vous trouverez un clip de 11 minutes compilant de nombreuses images du tournage montrant les coulisses, les répétitions, Pedro Almodóvar avec ses comédiens. Surtout, ne visionnez pas ces images avant d’avoir vu le film puisque de nombreuses scènes clés y sont dévoilées !

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L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Pathé nous livre un remarquable master HD de Julieta. Pour la seconde fois de sa carrière, Pedro Almodóvar réalise un film avec des caméras numériques et cela se ressent à l’image. Les contrastes sont tranchants, le piqué saisissant, les détails abondent sur tous les plans, le relief est palpable, la colorimétrie est étincelante et chatoyante. A part quelques petites saccades sur les mouvements rapides et divers plans trop surexposés, la compression AVC n’est jamais prise en défaut, la définition demeure spectaculaire aussi bien dans les scènes en intérieur que dans les séquences en extérieur, bref nous nous trouvons devant un très beau Blu-ray.

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En espagnol comme en français, les pistes DTS-HD Master Audio 5.1 sont en parfaite adéquation avec le sujet, à la fois intimiste dans les dialogues, mais également saisissantes et immersives. Les enceintes sont intelligemment mises à contribution même si le cadre confiné restreint les effets latéraux, les voix sont saisissantes sur la centrale et le caisson de basses se mêle efficacement à la partie. Evidemment, la version originale se révèle plus fluide et limpide que son homologue française et demeure la piste à privilégier, mais était-ce bien nécessaire de le préciser ? Les sous-titres français sont imposés sur la version originale et le changement de langue est verrouillé à la volée.

L’éditeur joint également une piste Audiovision ainsi que les sous-titres français destinés au public sourd et malentendant.

julieta9Copyright El Deseo – Manolo Pavón / Captures du Blu-ray : Franck Brissard