Test Blu-ray / Les Oies sauvages, réalisé par Andrew V. McLaglen

LES OIES SAUVAGES (The Wild Geese) réalisé par Andrew V. McLaglen, disponible en DVD et Blu-ray chez Movinside le 10 octobre 2017

Avec :  Richard Burton, Roger Moore, Richard Harris, Hardy Krüger, Stewart Granger, Winston Ntshona, John Kani, Jack Watson, Frank Finlay…

Scénario : Reginald Rose d’après le roman de Daniel Carney

Photographie : Jack Hildyard

Musique : Roy Budd

Durée : 2h14

Date de sortie initiale : 1978

LE FILM

En Afrique du Sud, à la suite d’un coup d’état, le président Limbani est capturé par son rival, Ndofa. Sir Edward Matherson, un banquier londonien dont les intérêts financiers sont menacés, charge le colonel Faulkner d’aller délivrer Limbani. Faulkner s’adjoint deux amis, Shawn Fynn et Rafer Janders, et recrute une cinquantaine de mercenaires. L’opération est un succès. Limbani est libéré. Il ne reste plus qu’à le faire monter à bord d’un avion à destination de l’Europe. Mais, très vite, les choses se gâtent…

Si son nom n’est pas vraiment connu du grand public, le réalisateur anglo-américain Andrew V. McLaglen (1920-2014) a pourtant signé quelques pépites et classiques très prisés par les cinéphiles. Fils de Victor McLaglen, ancien boxeur poids lourd devenu comédien, Oscar du meilleur acteur pour Le Boxeur, chef d’oeuvre de John Ford dont il devient très proche, Andrew V. McLagen accompagne souvent son père sur les plateaux de cinéma et contracte très vite le virus du 7e art. Il grandit en côtoyant et en admirant John Ford et John Wayne, et décide très vite de devenir metteur en scène. Il est tout d’abord assistant-réalisateur, y compris sur L’Homme tranquille (1952) et passe enfin à la réalisation avec son premier long métrage, Légitime défenseGun the Man Down (1956), un western où il dirige James Arness et Angie Dickinson. Les séries télévisées Perry Mason et surtout Rawhide lui permettent de se perfectionner et de peaufiner son style. Il signe son retour au cinéma en 1963 avec le célèbre Le Grand McLintock avec John Wayne, Maureen O’Hara et Yvonne De Carlo. La consécration publique vient réellement en 1965 avec Les Prairies de l’honneurShenandoah et ce en dépit de critiques virulentes venues de la presse qui déclarent notamment que le réalisateur plagie le style de son modèle John Ford. Cela n’empêche pas le film d’être un grand succès (mérité), mais aussi de marquer le début d’une grande amitié et d’une collaboration fructueuse entre Andrew V. McLagen et le comédien James Stewart.

Dans les années 1970, le cinéaste persiste et signe dans le western avec Chisum, Le Dernier train pour Frisco, Rio Verde, Les Cordes de la potence et La Loi de la haine. Il se voit alors proposer Les Oies sauvagesThe Wild Geese, adapté de l’oeuvre de Daniel Carney par Reginald Rose, l’auteur de Douze hommes en colère, mais également scénariste de L’Homme de l’Ouest d’Anthony Mann en 1958. L’histoire est alors prétexte pour réunir quelques grands noms du cinéma pour un film d’aventures qui allait devenir alors une référence.

Le Colonel vétéran Allen Faulkner (Richard Burton), un mercenaire britannique, est embauché par Sir Edward Matherson (Stewart Granger) avec pour mission d’aller en Afrique centrale (dans un pays fictif proche du Burundi) libérer Julius Limbani, un homme censé pouvoir relever son pays. Faulkner recrute alors cinquante mercenaires, les « Oies sauvages », pour mener à bien sa mission. Parmi ces mercenaires : le pilote Shaun Fynn (Roger Moore), le Sud-Africain Pieter Coetzee (Hardy Krüger), et Rafer Janders (Richard Harris) un vieil ami de Faulkner qui prépare la mission. Avec l’accord tacite du gouvernement britannique, les mercenaires sont d’abord envoyés au Swaziland pour s’y entraîner. Ils se rendent ensuite dans leur pays de destination. Là, les Oies sauvages s’infiltrent dans la prison du Zembala et libèrent Limbani. Ils doivent ensuite s’emparer d’un aéroport pour rentrer à Londres. Pendant ce temps en Angleterre, Sir Edward Matherson négocie avec le gouvernement du Zembala et trahit les mercenaires. Ainsi l’avion qui devait les prendre est rappelé à la dernière minute, laissant les Oies sauvages seuls au milieu d’un territoire hostile.

Imaginez cette affiche ! Roger Moore cigare au bec, Richard Harris semblant crier Taïaut !, Hardy Krüger en pleine réflexion et Richard Burton prêt à défourailler ! Le quatuor star – sans compter leurs fabuleux partenaires – entouré d’explosions, de parachutistes et d’avion en fâcheuse posture ! Les aventures de ces Expendables des années 1970 restent encore jubilatoires quarante ans après. Assisté à la mise en scène par le monteur John Glen (réalisateur de cinq formidables James Bond dans les années 1980), Andrew V. McLagen signe un très bon film de guerre et d’action. Mené tambour battant durant plus de deux heures, interprété par des comédiens visiblement heureux de se donner la réplique qui ne manque pas de punchlines, Les Oies sauvages fait partie de ces films que l’on a plaisir à revoir.

S’il est évident que cette production n’est ni plus ni moins qu’une grosse série B de luxe, le casting phénoménal apporte toute la crédibilité nécessaire pour pardonner le caractère nawak de certaines séquences. Mention spéciale à Roger Moore qui campe tout de même un personnage plus « sérieux » et sombre que son James Bond plus pince-sans-rire et à qui le style sied à ravir. On en vient presque à regretter qu’il n’ait pas plus abordé cette face cachée pour l’agent 007. Roger Moore retrouvera le cinéaste pour le génial Les Loups de haute mer et Le Commando de Sa Majesté, tous deux sortis en 1980. L’alchimie avec ses partenaires est évidente, les paysages sont superbes, le récit rondement mené, les scènes d’action musclées, l’émotion et l’humour jamais oubliés, la chanson de Joan Armatrading et la musique de Roy Budd sont entêtantes, bref, Les Oies sauvages, très grand succès commercial de l’année 1978, reste un film culte au charme intact et toujours aussi divertissant. Ce ne sera pas le cas des Oies sauvages 2 réalisé sept ans plus tard, désastre artistique, mais c’est une autre histoire.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray des Oies sauvages, disponible chez Movinside, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. Visuel très beau et attractif reprenant celui de l’affiche originale. Le menu principal est animé sur la chanson du film. Le film d’Andrew V. McLaglen était déjà sorti en Blu-ray chez Filmedia. Malheureusement, l’édition Movinside n’a pas repris l’intégralité des suppléments. Manquent à l’appel le commentaire audio d’Euan Lloyd, John Glen et Roger Moore, ainsi que le documentaire sur le producteur Euan Lloyd.

Nous retrouvons en revanche le documentaire d’époque (24’30), qui donne un bel aperçu du plateau, de l’ambiance et des conditions de tournage en Afrique (avec 300 techniciens et comédiens) et le travail du réalisateur avec les comédiens. Quelques propos du producteur Euan Lloyd et de Roger Moore (qui fêtait ses 50 ans avec l’équipe) s’entrecroisent avec des images filmées entre les prises.

S’ensuit un petit reportage sur la Première du film au cinéma de Leicester Square de Londres. Le gratin mondain et de têtes couronnées déambule sur le tapis rouge, tandis qu’une voix annonce les nouveaux arrivants. Le tout organisé au profit d’une association d’aide pour les enfants handicapés. Après la projection, tout ce beau monde (ou presque) se retrouve dans un grand hôtel de la ville pour s’empiffrer, boire comme des trous et danser en chemise à col pelle à tarte (7’).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Il semble que ce master soit le même que celui précédemment sorti chez Filmedia. Le titre indique que la copie provient d’une source allemande. Points positifs : la propreté est de mise, les couleurs sont plutôt belles et chaudes, l’image stable et la clarté éloquente sur toutes les séquences africaines. Points négatifs : le DNR est encore passé par là et le grain original est bien trop lissé à notre goût. Résultat, les visages manquent de naturel et d’aspérité, les détails sont pauvres.

Point de Haute-Définition pour le son avec deux mixages LPCM 2.0 anglais et français. Si la version originale est bien supérieure, la piste française convoque des géants du doublage avec Jean-Claude Michel pour Richard Burton, Claude Bertrand pour Roger Moore, William Sabatier pour Richard Harris et Marc Cassot pour Hardy Krüger. Dans les deux cas, le confort est assuré, mais sans esbroufe, ce qui est dommage pour les scènes d’action.

Crédits images : © Victory Films MMV. All Rights reserved / Movinside /  Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Zardoz, réalisé par John Boorman

ZARDOZ réalisé par John Boorman, disponible en DVD et Blu-ray chez Movinside le 13 novembre 2017

Avec :  Sean Connery, Charlotte Rampling, John Alderton, Sara Kestelman, Sally Anne Newton, Niall Buggy, Bosco Hogan, Jessica Swift…

Scénario : John Boorman

Photographie : Geoffrey Unsworth

Musique : David Munrow

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

2293. La Terre a été totalement dévastée et la société est divisée en plusieurs castes : les Brutes, les Exterminateurs et les Barbares qui vouent un culte sans limites au dieu Zardoz. Tous oeuvrent pour les Éternels, un groupe d’humains immortels. Ce nouvel équilibre social va être bouleversé lorsque Zed, un Exterminateur, décide de pénétrer chez les Éternels, défiant ainsi le dieu Zardoz…

Pour la plupart, Zardoz se résume à l’accoutrement de Sean Connery dans le film. En effet, difficile d’échapper aux photogrammes du comédien avec sa grosse moustache à la Burt Reynolds (à qui le rôle avait d’abord été proposé), son catogan, sa cartouchière placée sur son torse velu, son cache-sexe rouge bombé et ses cuissardes en vinyle. D’ailleurs, nombreux sont ceux à avoir classé Zardoz – sans l’avoir vu – dans la catégorie nanar, ce qu’il n’est absolument pas. Malgré tout, le sixième long métrage de John Boorman, réalisé deux ans après Délivrance, demeure une vraie curiosité, souvent hermétique, qui vaut essentiellement pour ses recherches plastiques. Mais quand si l’on creuse un peu, on se rend compte que Zardoz va bien plus loin.

D’entrée de jeu, nous voilà plongés en 2293. Ce que nous pouvons comprendre : 300 ans après l’effondrement de la civilisation industrielle, dans un futur post-apocalyptique, la population humaine est divisée entre les Éternels, des humains ayant atteint l’immortalité grâce à la technologie, et les Brutes. Ces derniers vivent sur une terre ravagée et fournissent de la nourriture aux Éternels, peuplés de savants et d’intellectuels, qui vivent dans des régions isolées du reste du monde par un mur invisible et appelées « Vortex » et passent une existence luxueuse mais apathique. Arthur Frayn (Niall Buggy), l’Éternel chargé de gérer les « terres extérieures », se fait passer auprès des Brutes pour un dieu nommé Zardoz, qui se manifeste sous la forme d’un énorme masque de pierre volant. Ayant sélectionné des brutes, il a constitué un groupe d’exterminateurs, chargé de réduire en esclavage les autres humains, et auxquels il fournit des armes en échange de la nourriture qu’ils collectent. Zed (Sean Connery) est un de ces exterminateurs. Il se cache à bord du masque de pierre lors d’un voyage. Arrivé au Vortex, Zed est étudié en tant que spécimen : les Éternels n’ayant pas eu de contact depuis des siècles avec l’extérieur, ils essaient de comprendre comment les Brutes ont évolué. Il se retrouve au cœur d’une dissension entre deux Éternelles, Consuella (Charlotte Rampling) et May (Sara Kestelman), et doit effectuer des tâches pour Friend (John Alderton).

Zed découvre au fur et à mesure que cette société en apparence lissée et idéale est en fait violente et désespérée. Les Éternels sont dirigés et protégés de la mort par une intelligence artificielle appelée « le Tabernacle », un gros cristal qui est relié à l’esprit de tous les Éternels et qui conserve leur mémoire dans ses réflexions lumineuses. Du fait de leur immortalité, les Éternels ont arrêté de procréer et les hommes sont devenus impuissants. Certains sont victimes d’une maladie, qui les plonge en catatonie. Les dissidents, ceux qui refusent le système ou bien introduisent la discorde, sont vieillis, voire sont exclus et sont délibérément rendus séniles.

Voilà, bienvenue dans Zardoz, dont le nom provient du livre L. Frank Baum, The WiZARD of OZ, que le personnage de Sean Connery découvre dans une bibliothèque en ruine à l’extérieur du Vortex. Cette révélation le met alors face aux réalités, tout n’est que supercherie, d’autant plus que Zed, contrairement à ce que pensent les Eternels, n’est pas non plus un être primitif. Analyser ainsi Zardoz permet de réévaluer le film de John Boorman. Des manipulations politiques destinées à voiler la réalité, afin d’engranger des ressources naturelles. Plus près de nous, cela rappelle furieusement l’invasion de l’Irak en 2003 sous l’administration W. Bush. Mais Zardoz est une œuvre tellement étrange, difficile d’accès et marquée par une esthétique kitsch, que chacun est en fait libre d’y voir et de ressentir ce qu’il a envie. Les personnages et divinités ne sont pas ce qu’ils paraissent être, tout n’est que faux-semblants et superstitions, ce qui permet à la société de demeurer au lieu de penser et de réfléchir.

Zed apparaît comme le grain de sable qui va faire enrayer une machine jusqu’alors trop bien huilée. Son apparition dans le Vortex va ainsi rendre leur mortalité aux Éternels. Du point de vue formel, John Boorman joue avec les moyens mis à sa disposition et des effets spéciaux certes désuets, mais qui n’en restent pas moins bourrés de charme. On s’amusera des scènes dans le Tabernacle ou des trips psychédéliques qui rappellent parfois le Barbarella de Roger Vadim. Magnifiquement photographié par l’immense chef opérateur Geoffrey Unsworth, Zardoz, écrit, produit et mis en scène par John Boorman, est une fable philosophique qui ne laisse pas indifférent avec ses images éthérées sur fond de 7e symphonie de Beethoven et Sean Connery qui court torse-poil au ralenti avec sa queue-de-cheval qui se balance sur ses épaules. Pas un chef d’oeuvre de la science-fiction certes, en aucun cas un navet et encore moins un nanar, mais un film culte assurément.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Zardoz, disponible chez Movinside, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. Visuel très beau et attractif. Le menu principal est un peu plus cheap, animé et muet…

Spécialiste du cinéma américain et notamment du Nouvel Hollywood, Jean-Baptiste Thoret replace le sixième long métrage de John Boorman dans son contexte cinématographique, en croisant habilement le fond et la forme. Toujours aussi didactique, spontané et captivant, notre interlocuteur explique que John Boorman a ouvert sa propre boîte de Pandore avec Zardoz. Jean-Baptiste Thoret trouve le film passionnant, dissèque les thèmes explorés par le cinéaste, détaille les conditions de production et l’implication de Sean Connery – dont le costume a longtemps été moqué et l’est d’ailleurs encore aujourd’hui – qui souhaitait s’éloigner encore et toujours du personnage de James Bond. Une formidable présentation (26’).

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce.

L’Image et le son

Bon…en tant que puristes, nous ne pouvons pas laisser passer ça. Le bulldozer DNR est passé par là une fois de plus chez l’éditeur et la texture argentique de la merveilleuse photographie de l’immense Geoffrey Unsworth (Superman, Cabaret) a été lissée quasiment intégralement. C’est bien beau de proposer des films rares en Haute-Définition, mais pourquoi dénaturer les partis pris esthétiques et volontés artistiques ? Pour satisfaire certains consommateurs qui ne jurent que par une image sans aspérité ? Comme si le film avait été tourné en numérique ! Si la propreté de la copie est indéniable, on ne peut que tiquer tout du long face à l’aspect cireux des visages et sa définition chancelante. Certes, les photographies souvent éthérées du chef opérateur britannique ont toujours donné du fil à retordre aux éditeurs, mais là on frôle le blasphème. Les détails manquent à l’appel, la gestion des contrastes est aléatoire, tout comme le piqué. Un conseil pour Movinside, STOPPEZ le réducteur de bruit ! Le Blu-ray est néanmoins au format 1080p.

Les mixages anglais et français LPCM 2.0 distillent parfaitement la musique de David Munrow, ainsi que la 7e symphonie de Ludwig van Beethoven. Néanmoins, la piste française se focalise sans doute trop sur le report des voix (Jean-Claude Michel double Sean Connery), au détriment des ambiances annexes. La piste originale est très propre, sans souffle, dynamique et suffisamment riche pour instaurer un très bon confort acoustique.

Crédits images : © Twentieth Centyru Fox Home Entertainment / Movinside Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Puits et le Pendule, réalisé par Stuart Gordon

LE PUITS ET LE PENDULE (The Pit and the Pendulum) réalisé par Stuart Gordon, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2017 chez Movinside

Acteurs :  Lance Henriksen, Jeffrey Combs, Oliver Reed, Stephen Lee, William J. Norris, Mark Margolis, Carolyn Purdy-Gordon…

ScénarioDennis Paoli d’après la nouvelle « Le Puits et le Pendule » d’Edgar Allan Poe

Photographie : Adolfo Bartoli

Musique : Richard Band

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1991

LE FILM

Machiavélique, cruel, Torquemada règne sur la très catholique Espagne par l’intermédiaire de l’Inquisition, doctrine religieuse dont il fait un instrument de promotion personnelle. Ainsi, lorsque la très belle Maria se refuse à lui, Torquemada fait torturer son mari, un boulanger. A l’objet de sa convoitise, le Grand Inquisiteur inflige ensuite l’accusation de sorcellerie, soupçon qui ne peut que la conduire au bûcher…

Né en 1947, le réalisateur américain Stuart Gordon connaît le succès dès son premier long métrage, Re-Animator (1985), adapté d’une nouvelle de H.P. Lovecraft. Les films – aujourd’hui devenus cultes – s’enchaînent, From BeyondAux portes de l’au-delà (1986) autre adaptation de Lovecraft, Les PoupéesDolls (1987) et plus tard Fortress (1993) avec notre Christophe(r) – Hin Hin Hin – Lambert national. Mis en scène en 1991, Le Puits et le PenduleThe Pit and the Pendulum, directement sorti en VHS en France, est la transposition d’une nouvelle écrite par Edgar Allan Poe, publiée pour la première fois en 1842 dans la revue littéraire annuelle The Gift : A Christmas and New Year’s Present et en France dans le recueil Nouvelles histoires extraordinaires. Avant Stuart Gordon, cinq autres metteurs en scène avaient adapté ce court récit, la première en 1909 par Henri Desfontaines, en passant par le film La Chambre des tortures (1961) de Roger Corman, librement inspiré de la nouvelle de Poe et l’adaptation d’Alexandre Astruc avec Maurice Ronet, moyen métrage de 1964 considéré comme étant la plus respectueuse de l’oeuvre originale. A l’instar du film de Roger Corman, la scène de torture qui donne son titre à la nouvelle et au film de Stuart Gordon, n’apparaît que dans le dernier quart d’heure du film qui nous intéresse. Il fallait donc broder un scénario autour de cet élément central.

Nous voilà donc plongés en Espagne, en 1492. L’Inquisition a instauré un sanglant règne de terreur, tortures et meurtres au nom de la religion. Prise dans la tourmente, Maria, la femme du boulanger Antonio, est accusée de sorcellerie. Elle comparaît nue devant le grand inquisiteur Torquemada. Subjugué par sa beauté, au point d’en être troublé “physiquement”, Maria devient le jouet des tortures sadiques de Torquemada. De son côté, Antonio va tout tenter pour libérer celle qu’il aime. Ce qui intéresse Stuart Gordon ici, ce n’est pas tant de mettre en scène les supplices endurés par les prisonniers hérétiques lors de l’Inquisition espagnole, que raconter une histoire d’amour. Certes, le réalisateur n’y va pas de mainmorte en filmant des coups de fouet, des strangulations en gros plan, des cilices qui trouent la peau, des membres écartelés, des langues coupées, des sorcières qui explosent, mais Stuart Gordon montre aussi et avant tout le lien qui unit un homme et une femme, plus fort que toutes les tortures endurées.

Peu importe si Poe déformait la réalité historique, le scénariste Dennis Paoli (Re-Animator, Le Dentiste) parvient à trouver cet équilibre entre l’émotion et l’horreur. Toutefois, il est vrai que Le Puits et le Pendule vaut essentiellement pour ses séquences qui lorgnent sur le sous-genre du torture porn, qui rappelle le cinéma d’exploitation des années 70. Pure série B horrifique, étrange et anachronique dans le monde cinématographique du début des années 1990, Le Puits et le Pendule est une bizarrerie très plaisante où trône un Lance Henriksen complètement allumé, en transe et donc inquiétant dans son personnage de grand inquisiteur dégénéré. N’oublions pas la participation de Jeffrey Combs et même une apparition d’Oliver Reed. Rien à redire du point de vue technique. Les décors (bien que cheap) comme la photo et les costumes sont aussi soignés que possible en dépit d’un budget limité et parviennent à nous plonger dans un monde étouffant et poisseux, mais aussi outrancier et carnavalesque avec des personnages fardés, qui s’esclaffent à la vue du sang ou devant le corps nu d’une demoiselle aux belles miches (elle est boulangère rappelons-le) et qui s’amusent à fouetter des squelettes pour blasphème.

Le rythme est plutôt bien soutenu et on s’amuse souvent du jeu parfois exagéré de certains comédiens, tout comme devant certains partis pris gore ou au contraire naïfs (“l’évasion” des sorcières près d’une fontaine) qui font le charme indéniable et plus que sympathique de ce Puits et le Pendule.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Puits et le Pendule, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique et élégant de couleur noire. La jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

L’éditeur propose la bande-annonce originale et une présentation de ce bon vieux Marc Toullec (9’). Toujours installé dans son canapé, le journaliste a visiblement enchaîné les introductions disponibles sur le DVD de Bates Motel et le Blu-ray/DVD de La Nuit de la grande chaleur puisqu’on le retrouve dans la même position, le visage tourné vers son écran. Même principe que pour les deux autres présentations, Marc Toullec semble découvrir son texte pour la première fois, butte sur certains noms, se reprend et bafouille. La technique est tellement pauvre – avec un nombre conséquent de coupes – qu’elle prend le pas sur ce qui est raconté sur la production du film et le casting. Marc Toullec revient également sur les diverses adaptations de la nouvelle de Poe. On espère sincèrement que l’éditeur veillera à la qualité des suppléments sur ses prochaines sorties.

L’Image et le son

Comme pour La Nuit de la grande chaleur, le Blu-ray du Puits et le Pendule est au format 1080i. Toutefois, le master est plus qu’honorable, très propre, avec des contrastes denses et des couleurs plaisantes. Jusqu’alors inédit en DVD dans nos contrées, le film de Stuart Gordon tire profit de cette élévation Haute-Définition avec une stabilité jamais prise en défaut, un piqué pointu et une restitution élégante des partis pris esthétiques originaux avec son grain respecté. Seuls les arrière-plans sombres s’accompagnent de fourmillements.

Point de remixage à l’horizon, mais pas de Haute-Définition non plus en ce qui concerne le son ! Les pistes anglaise et française sont présentées en LPCM 2.0 et instaurent toutes deux un bon confort acoustique, même si la piste française surpasse son homologue sur la délivrance des dialogues. L’excellente partition de Richard Band bénéficie d’une belle ouverture des canaux, le doublage français est amusant et les effets annexes riches. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © FULL MOON FEATURES. ALL RIGHTS RESERVED / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Bates Motel, réalisé par Richard Rothstein

BATES MOTEL réalisé par Richard Rothstein, disponible en DVD le 26 septembre 2017 chez Movinside

Acteurs :  Bud Cort, Lori Petty, Moses Gunn, Gregg Henry, Jason Bateman, Khrystyne Haje, Kerrie Keane, Robert Picardo…

ScénarioRichard Rothstein

Photographie : Bill Butler

Musique : J. Peter Robinson

Durée : 1h31

Date de sortie initiale : 1987

LE DVD

Alex West a été le compagnon de chambrée et d’infortune de Norman Bates à l’asile de fous pendant près de 20 ans. A la mort de ce dernier, Alex hérite du sinistre, et désormais délabré, Bates Motel. Avec l’aide de Willie, une adolescente sans attaches, il décide de rouvrir l’hôtel. Mais bien vite l’étrange refait surface…

En 1987, sous la houlette d’Universal, le scénariste et réalisateur Richard Rothstein (producteur de la série Le Voyageur et créateur d’Universal Soldier en 1992) écrit et met en scène Bates Motel, un téléfilm supposé devenir le pilote d’une série télévisée évidemment basée sur le chef d’oeuvre d’Alfred Hitchcock, Psychose (1960). Le principe est d’éluder Psychose 2, grand succès de l’année 1983 qui montrait un Norman Bates guéri retourner au Bates Motel, ainsi que Psychose 3, suite directe réalisée et interprétée par Anthony Perkins lui-même quatre ans plus tard, qui se solde cette fois par un échec commercial grave. Pour la série envisagée Bates Motel, le personnage de Norman Bates n’est plus au centre du récit, même s’il sert de point de départ.

En 1960, suite à son procès, le tueur en série Norman Bates est envoyé dans un asile psychiatrique. Là, il fait la connaissance du jeune Alex, interné pour avoir tué son beau-père qui le maltraitait. Norman tient vite un rôle de père de substitution pour Alex qui lui voue une véritable admiration. Au décès de Bates et conformément à son testament, Alex hérite du motel familial, lieu où ont été perpétrés les crimes de Norman, laissé à l’abandon depuis l’arrestation de l’ancien propriétaire. Avec l’aide de Willie, une jeune femme en fugue, il décide de remettre la propriété sur pied, et part habiter (avec sous le bras l’urne funéraire contenant les cendres de Norman) dans l’ancienne maison de la famille Bates. Tandis qu’Alex s’installe et s’adapte à la vie, des événements étranges se produisent.

La diffusion de ce téléfilm en juillet 1987 sur NBC a été suivie de critiques incendiaires, y compris de la part d’Anthony Perkins, qui avait refusé d’y apparaître, laissant la place à sa doublure Kurt Paul pour le prologue. Ajoutez à cela des audiences catastrophiques et il n’en fallait pas plus pour que la série meurt dans l’oeuf. Soyons honnêtes, nous étions loin d’imaginer un tel téléfilm nanardesque, interminable et qui s’apparente dans sa dernière partie à un épisode de Scooby-Doo ! Après une introduction en N&B qui montre Norman Bates à la sortie de son procès se diriger vers l’asile d’aliénés où il finira sa vie (exit Psychose 2 et Psychose 3 donc), l’histoire se focalise sur le personnage d’Alex interprété par l’étrange Bud Cort. Découvert dans M.A.S.H. de Robert Altman en 1970, il tient le rôle-titre dans le célèbre Harold et Maude d’Hal Ashby réalisé l’année suivante. Prometteur, nommé pour les prix les plus prestigieux du cinéma et même honoré à la Cinémathèque française à l’âge de 25 ans, il est victime d’un très grave accident de voiture en 1979. Tous ses membres sont brisés et son visage défiguré. C’est le début de la fin pour le comédien de 31 ans, aussi bien dans sa vie personnelle que professionnelle. A l’instar de Montgomery Clift, Bud Cort connaît de très nombreuses opérations de chirurgie réparatrices et plastiques, ainsi que des séances multiples de rééducation. Entre un procès perdu et les studios qui l’oublient rapidement, Bud Cort tente de reprendre sa carrière en main, sans succès. En 1987, il est relativement confiant dans le projet Bates Motel qui pourrait lui assurer un rôle récurrent à la télévision. Il va très vite déchanter.

Bates Motel est un téléfilm pauvrement écrit, sinistre dans sa mise en scène et au rythme lent. Si Bud Cort promène son charisme particulier en écarquillant continuellement les yeux, il est malgré tout attachant. Il donne la réplique à la piquante Lori Petty, vue dernièrement dans la série Orange Is the New Black (Lolly), qui fait ici ses débuts devant la caméra et dont le film le plus célèbre demeure Point Break – Extrême limite de Kathryn Bigelow (1991) dans lequel elle interprète Tyler. Le surjeu nerveux de la comédienne agace plus qu’autre chose, mais rajoute au côté nanar de l’entreprise. Il ne se passe pas grand-chose dans Bates Motel, que l’on pourrait considérer comme un spin-off au film original. Si revoir le motel en question et surtout la célèbre maison des Bates fait toujours son petit effet, l’histoire fait du surplace et il faut vraiment attendre le dernier quart d’heure pour que les enjeux du téléfilm (et donc de la série) soient enfin exposés, avec notamment l’apparition du jeune Jason Bateman.

En faisant de ce lieu maudit une sorte de brèche entre deux mondes (en gros des fantômes apparaissent), l’intention était plutôt originale, mais l’approche reste bien trop paresseuse. Bates Motel reste malgré tout une vraie curiosité teintée d’humour noire. Par la suite, Anthony Perkins reviendra une dernière fois dans la peau de Norman Bates dans Psychose 4, téléfilm préquelle réalisé par Mick Garris en 1990. Outre le remake plan par plan (ou presque) de Psychose par Gus Van Sant en 1998, le Bates Motel renaîtra vraiment de ses cendres à travers une série éponyme, cinq saisons réalisées de 2013 à 2017, centrée sur la jeunesse tourmentée du jeune Norman Bates auprès de sa mère Norma, avec Freddie Highmore et Vera Farmiga.

LE DVD

Le DVD de Bates Motel, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Comme bonus, Marc Toullec présente Bates Motel (8’). Installé dans son canapé, de biais, le regard scotché à un texte qu’il a l’air de découvrir en même temps qu’il le récite comme une dictée, le journaliste peine à éveiller l’attention. Ce supplément donne vraiment la sensation qu’il a été réalisé dans l’urgence, sans aucun moyen (mention à la musique diffusée en boucle à côté de Toullec), au montage médiocre (que de coupes) et au procédé fatiguant. Marc Toullec bafouille, raconte parfois l’histoire, se reprend et échoue à donner un semblant de naturel à sa lecture. L’interactivité propose aussi le teaser original.

L’Image et le son

L’image ne peut cacher la facture télévisuelle de Bates Motel. Des points blancs, scratchs, griffures et tâches montrent que la restauration n’est pas récente, le N&B du prologue paraît bleuté et métallique. Les couleurs semblent fanées et brunâtres, la définition reste moyenne, l’image est floue et des moirages s’invitent à la partie. Ne cherchons pas de gestion des contrastes ici, elle est inexistante, tout comme le piqué émoussé. Le master est brut, marqué par ses trente ans d’âge et seule la stabilité est de rigueur ici.

Bien que le film ait été exploité en France en VHS sous l’égide de CIC Vidéo, nous ne trouvons pas de version française sur cette édition DVD. Le mixage anglais Dolby Digital 2.0 Mono instaure un bon confort acoustique avec des dialogues délivrés avec efficacité et clarté. La propreté est de mise, sans aucun souffle et les sous-titres français ne sont pas imposés.

Crédits images : © UNIVERSAL CITY STUDIOS.INC. ALL RIGHTS RESERVED / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / La Nuit de la grande chaleur, réalisé par Terence Fisher

LA NUIT DE LA GRANDE CHALEUR (Night of the Big Heat) réalisé par Terence Fisher, disponible en DVD et Blu-ray le 26 septembre 2017 chez Movinside

Acteurs :  Christopher Lee, Peter Cushing, Patrick Allen, Percy Herbert, Jane Merrow, Sarah Lawson, William Lucas, Kenneth Cope…

Scénario :  Ronald Liles d’après le roman de John Lymington

Photographie : Reginald H. Wyer

Musique : Malcolm Lockyer

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1967

LE FILM

Une invraisemblable vague de chaleur touche en plein hiver l’île britannique de Fara. À l’auberge du « Cygne Blanc », la tension monte en même temps que la température. Le mystérieux client Hanson finira par dévoiler la cause de cet étrange microclimat : des extraterrestres se préparent à envahir la Terre et la chaleur intense leur est indispensable pour survivre…

La Nuit de la grande chaleur, Night of the Big Heat en version originale et même Island of the Burning Damned pour son exploitation aux Etats-Unis, est l’un des derniers longs métrages du célèbre réalisateur Britannique Terence Fisher (1904-1980), grande figure de la Hammer Film Productions et metteur en scène de Frankenstein s’est échappé (1957), Le Cauchemar de Dracula (1958), La Revanche de Frankenstein (1958) et Le Chien des Baskerville (1959). Après avoir remis au goût du jour (et en couleur) les monstres qui avaient fait les belles heures des Studios Universal dans les années 1930-40, ainsi que Sherlock Holmes dans l’une des plus grandes adaptations de Sir Arthur Conan Doyle, le cinéaste s’engage pour deux films auprès de la Planet Film. Ce sera L’Île de la terreurIsland of Terror en 1966 et La Nuit de la grande chaleur (1967), d’après un roman de John Lymington. Disposant d’un budget restreint (euphémisme), Terence Fisher peut néanmoins compter sur la participation de deux monstres du genre, deux comédiens qu’il a très souvent fait tourner, Christopher Lee et surtout Peter Cushing qui collaborera près d’une quinzaine de fois avec le réalisateur. Malgré ce casting plus qu’attractif, La Nuit de la grande chaleur déçoit, ennuie souvent et le talent du cinéaste ne parvient pas à donner un souffle à son histoire limitée qui s’apparente souvent à du théâtre filmé.

Au mois de novembre, l’île de Fara située au large de l’Ecosse, est habituellement battue par les vents et la température y est hivernale. Cette année-là, il n’en est rien : une vague de chaleur inaccoutumée sévit sur la zone, perturbant animaux, végétaux et les habitants. Jeff Callum, un écrivain, propriétaire d’un hôtel, s’interroge sur les causes de ce bouleversement climatique. Il est également intrigué par le comportement d’un de ses clients, Godfrey Hanson. En forçant sa porte, il découvre dans sa chambre un véritable laboratoire. Hanson lui explique que des extraterrestres sont la cause directe de l’insupportable canicule. Malgré un excellent postulat de départ, une installation prenante et des effets paranormaux inquiétants, La Nuit de la grande chaleur ne tient pas longtemps la route. Si les comédiens sont évidemment excellents et font tout ce dont ils sont capables pour paraître inquiets et angoissés, le dispositif réduit le film à un quasi-huis clos, en réunissant les personnages principaux dans une auberge.

Terence Fisher distille une atmosphère moite très réussie. Le cinéaste y ajoute une touche sexy par la présence de la sensuelle Jane Merrow, dont le corps souvent exposé, caressé avec des glaçons ou tout simplement moulé dans un bikini du plus bel effet, fait tourner à la fois la tête du personnage interprété par Patrick Allen, mais aussi des spectateurs. Cette troisième tentative de science-fiction de Terence Fisher, après The Earth Dies Screaming (1965) et LÎle de la Terreur est plutôt banale et très bavarde. Le film emprunte beaucoup aux séries B de science-fiction qui envahissaient les cinémas américains dans les années 1950 et seules quelques scènes parviennent à vraiment à éveiller l’intérêt après la formidable exposition qui n’est pas sans rappeler l’album de Tintin, L’Étoile mystérieuse publié en 1942.

Terence Fisher parvient à restreindre les effets visuels en privilégiant le hors champ et les effets sonores à base d’acouphènes (très réussis par ailleurs), mais doit se résoudre à dévoiler les envahisseurs dans un final raté, involontairement drôle (quoique) et désuet. Profitant du titre « hot », le distributeur Empire Distribution, peu confiant sur la qualité du film, décide d’intégrer des scènes érotiques et de remanier le montage original, en misant uniquement sur le nom des deux actrices principales. Une arnaque qui a quand même attiré un demi-million de spectateurs dans les salles françaises en 1975 !

Revoir La Nuit de la grande chaleur dans son vrai montage n’apporte pas grand-chose, si ce n’est d’admirer le talent de deux grands comédiens, qui donnaient le meilleur d’eux-mêmes même dans les productions les plus fauchées. Pas désagréable, mais dispensable.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de La Nuit de la grande chaleur, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique et élégant de couleur noire. La jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Cette nouvelle vague Trésors du fantastique pèche par les présentations de Marc Toullec. S’il répond à l’appel, son introduction (7’) s’avère d’une pauvreté plutôt déconcertante. De biais, lisant un texte (sur un PC ?), bafouillant, se reprenant plusieurs fois, Marc Toullec se contente quasiment de faire une dictée, sans donner la moindre intonation à son texte, en se contentant d’énumérer des anecdotes de tournage, la sortie du film (dont la version agrémentée de scènes érotiques) et le casting de façon robotique. De plus, il semble que pour faire des économies en postproduction, Marc Toullec ait tout simplement mis une musique horripilante en fond pendant qu’il déclame son texte. A ce train-là, l’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies sera de dos lors de ses prochaines apparitions !

L’Image et le son

Le Blu-ray est au format 1080i. A cette bizarrerie s’ajoute un master défraîchi, aux couleurs complètement fanées à tendance jaunâtre. Le générique effraie quelque peu puisque l’image est constellée de points, de tâches et d’autres scories en tous genres. Si cela s’améliore après, la propreté n’est certainement pas le point fort de cette édition. D’ailleurs, l’ensemble demeure médiocre avec un piqué émoussé, un grain aléatoire et des contrastes du même acabit. La copie est néanmoins stable et diverses séquences tirent néanmoins leur épingle du jeu, même si la promotion HD n’est guère palpable sur ce titre.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage PCM 2.0. Pas de HD ici donc. Cependant, le confort acoustique est malgré tout assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © EUROLONDON FILMS LTD. ALL RIGHTS RESERVED / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Chiens, à vous de créver !, réalisé par Frank Wisbar

CHIENS, À VOUS DE CREVER ! (Hunde, wollt ihr ewig leben) réalisé par Frank Wisbar, disponible en DVD le 11 juillet 2017 chez Movinside

Acteurs : Joachim Hansen, Peter Carsten, Wolfgang Preiss, Horst Frank, Wilhelm Borchert, Carl Lange, Richard Münch, Günter Pfitzmann…

Scénario : Frank Wisbar, Frank Dimen, Fritz Wöss, Heinz Schröter

Photographie : Helmuth Ashley

Musique : Herbert Windt

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1959

LE FILM

Octobre 1942. Le général Friedrich Paulus qui commande la 6ème Armée obéit aveuglement à Hitler qui exige, coûte qui coûte, qu’il tienne Stalingrad et résiste par tous les moyens à l’encerclement des troupes soviétiques. Dans les rangs allemands, les soldats privés d’armes et de vivres commencent à prendre conscience de la folie mégalomane du Führer. Parmi eux, le lieutenant Wisse, le sergent Böse, le caporal Krämer et un aumônier, redécouvrent des valeurs humaines que la guerre avait annihilé.

Hormis le film soviétique Stalingradskaja Bitva (The Battle of Stalingrad) réalisé en 1949 de Vladimir Petrov, restauré il y a une dizaine d’années par l’International Historique Films, Chiens, à vous de crever !Hunde, wollt ihr ewig leben ! de Frank Wisbar est le premier long métrage allemand à parler de la débâcle allemande lors de la bataille de Stalingrad. De son vrai nom Frank Wysbar (1899-1967), le cinéaste né à Tilsit alors en Prusse-Orientale livre un très grand film de guerre malheureusement et injustement oublié aujourd’hui. Il est donc grand temps de réhabiliter Chiens, à vous de crever ! qui aborde frontalement et avec objectivité l’une des batailles les plus sanglantes de la Seconde Guerre mondiale, qui a opposé l’armée soviétique à l’armée allemande de juillet 1942 à février 1943.

Le film adopte le point de vue de l’armée allemande et montre comment les soldats et leurs supérieurs ont été tout simplement abandonnés par Adolf Hitler, qui promettait alors de les ravitailler en nourriture, en armes et en hommes. L’histoire s’attache à une poignée de personnages livrés à eux-mêmes, affamés, démunis, rongés par le froid (on brûle les photos encadrées du Führer pour se réchauffer) et la maladie, tandis que les cadavres s’amoncellent sur leur chemin, avant de se retrouver encerclés dans la ville de Stalingrad alors à feu et à sang. Dès la première séquence, Frank Wisbar montre une armée triomphante qui défile sous les yeux brillants du Führer, tandis qu’une voix-off vient couper court à cette parade en commentant des images du front dévasté, des soldats allemands morts au combat : « Jusqu’à ce que la neige et le vent recouvrent les cadavres et fassent oublier l’entrée triomphale. Le soldat mort n’a que faire de l’issue victorieuse ou non de la guerre ». Sur un montage percutant et fluide, Chiens, à vous de crever ! intègre d’incroyables et impressionnants stockshots, parfois très difficiles et violents, qui rend compte des tensions et des divisions au sein de la 6e armée envoyée sur le front de l’Est.

Avec des moyens plutôt conséquents, Frank Wisbar rend compte de la situation sur le front qui n’a de cesse de se dégrader (un soldat allemand meurt toutes les 7 secondes), tandis que les russes mieux équipés, resserrent leurs unités jusqu’à étouffer littéralement leurs adversaires. Adolf Hitler apparaît de dos principalement, tandis que sa voix exprime clairement son désintérêt pour ces hommes qui seraient très vite remplacés s’ils devaient tous tomber. De leur côté, Goebbels déclare déjà la victoire allemande sur Stalingrad et Göring s’époumone à la radio pour célébrer le dixième anniversaire de la prise du pouvoir. Jusqu’à la reddition des troupes allemandes après plus de six mois de combats, plus de 800.000 pertes soviétiques (civils et soldats) et 400 000 militaires allemands, roumains, italiens, hongrois et croates.

S’il démarre comme un documentaire, Chiens, à vous de crever ! s’avère un film maîtrisé et épatant, aussi passionnant sur le fond que sur la forme, porté par de remarquables comédiens et qui s’avère un témoignage sans concession ni faux héroïsme, qui colle au plus près de la vérité. C’est le cas de la séquence où durant une courte trêve demandée entre les deux armées afin d’aller récupérer leurs soldats décédés sur le front, un officier allemand trouve un piano dans les décombres recouvertes de neige et commence à jouer une sonate de Beethoven.

Sorti en France en 1960, le film de Frank Wisbar attire plus d’1,2 million de spectateurs dans les salles, et se voit récompenser par de nombreux prix en Allemagne, dont le meilleur réalisateur et le Deuxième meilleur film aux Prix du film allemand. Il faudra attendre 1989 et le film russe Stalingrad de Youri Ozerov pour que le cinéma s’intéresse à nouveau à cet épisode clé de la Seconde Guerre mondiale.

LE DVD

Chiens, à vous de crever ! intègre la collection Grands films de guerre disponible chez Movinside. Aucun supplément ni de chapitrage, le menu principal, animé et musical, ne propose que le choix des langues avant le lancement du film. Si l’éditeur aurait pu proposer une présentation de Chiens, à vous de crever ! par un historien du cinéma, la grande rareté du film l’emporte sur l’absence des suppléments.

L’Image et le son

La restauration est impressionnante ! Movinside a pu mettre la main sur un master qui permet de (re)découvrir Chiens, à vous de crever ! dans de très bonnes conditions. Certes, les stockshots n’ont évidemment pas été restaurés et détonnent avec les images filmées par Frank Wisbar, mais la copie s’avère propre, stable, les contrastes sont bien gérés, les noirs sont denses et certaines séquences s’avèrent lumineuses. Quelques points blancs et rayures verticales ont pu échapper au nettoyage, mais dans l’ensemble l’image est de fort bon acabit.

La version originale est proposée dans son intégralité avec des sous-titres français non imposés. La piste est étonnamment propre, ne serait-ce que deux ou trois craquements, sans souffle parasite et sans bruits de fond. Le confort acoustique est donc assuré. Une piste française est également au programme, un peu plus sourde, mais qui ne démérite pas.

Crédits images : © BETA FILM. / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test DVD / Les Chiens sont lâchés, réalisé par Falk Harnack

LES CHIENS SONT LÂCHÉS (Unruhige Nacht) réalisé par Falk Harnack, disponible en DVD le 11 juillet 2017 chez Movinside

Acteurs : Bernhard Wicki, Ulla Jacobsson, Hansjörg Felmy, Anneli Sauli, Erik Schumann, Werner Hinz, Richard Münch…

Scénario : Horst Budjuhn, Albrecht Goes

Photographie : Friedl Behn-Grund

Musique : Hans-Martin Majewski

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1958

LE FILM

En Russie, pendant la Deuxième Guerre mondiale, un pasteur est désigné pour assister un soldat condamné à mort pour désertion. Ce soldat est un très jeune homme, presque encore un adolescent, tendre, doux et buté… Il doit être exécuté le lendemain matin. Le pasteur, en possession du dossier de Boranovski, compte passer la nuit à l’étudier, ignorant encore qu’il ne sera pas seul dans sa chambre d’auberge : un jeune capitaine. Von Arnim, doit la partager avec lui. Celui-ci lui dit qu’il vient d’être désigné pour Stalingrad, d’où on ne revient pas, et qu’il a demandé à sa fiancée, infirmière, de venir passer avec lui cette nuit-là, qui sera bien vraisemblablement leur première et aussi leur dernière nuit…

Grand succès du box-office allemand, Les Chiens sont lâchésUnruhige Nacht est l’oeuvre du réalisateur Falk Harnack (1913-1991), qui fut très actif dans la résistance allemande durant la période nazie. Il est issu d’une famille de savants, d’artistes et de scientifiques, dont plusieurs ont payé de leur vie leur résistance antinazie. En 1943, il déserte pour rejoindre la Grèce où il s’allie au Greek People’s Liberation Army, avant de cofonder plus tard et de diriger le « comité antifasciste pour une Allemagne libre ». Les Chiens sont lâchés, réalisé en 1958, est symbolique de son combat et de son cinéma. Poignant, ce drame de guerre est une véritable révélation. Falk Harnack met en scène une poignée de soldats allemands, plongés en plein coeur de la Seconde Guerre mondiale, au cours de la bataille de Stalingrad. Un pasteur militaire parcourt le dossier d’un soldat allemand condamné à mort pour désertion après être tombé amoureux d’une jeune ukrainienne.

L’aumônier Brunner est interprété par le grand acteur allemand Bernhard Wicki, vu dans La Nuit de Michelangelo Antonioni et Paris, Texas de Wim Wenders. Il est également réalisateur et on lui doit entre autres les parties allemandes du Jour le plus long ou bien encore le célèbre film Le Pont, mis en scène en 1959. Dans Les Chiens sont lâchés, sa prestation tout en colère rentrée et immense délicatesse foudroie le spectateur. Son empathie et son amour pour ce jeune homme prénommé Fedor Boranovski (Hansjörg Felmy), dont le recours en grâce a été rejeté une dernière fois, sont traités avec finesse et intelligence. Malgré l’apparente austérité des décors et la sécheresse du montage, la mise en scène est très inspirée (très beaux mouvements de caméra) et l’émotion affleure progressivement, au fur et à mesure que le pasteur découvre l’histoire de celui qu’il doit informer de son exécution, en essayant de lui apporter une tranquillité d’esprit. L’aumônier arrive sur place en fin d’après-midi et découvre que Boranovski, accusé d’avoir déserté (plus de 200.000 jeunes soldats allemands avaient déserté) en ayant profité de la confusion d’une attaque aérienne, doit se faire fusiller le lendemain matin à l’aube.

Durant la nuit, alors qu’il partage sa chambre avec un capitaine sur le point d’être envoyé sur le champ de bataille à Stalingrad et sa fiancée Melanie, Brunner découvre l’histoire de Boranovski. Falk Harnack use alors de récents flashbacks qui dressent le portrait d’un jeune homme qui n’inspirait qu’à vivre comme n’importe quel être humain, qui a rencontré l’amour auprès d’une jeune mère et veuve ukrainienne. Un petit homme moustachu à frange en a décidé autrement. Par ailleurs, ce dernier apparaît seulement en fond sonore pendant un discours, comme si sa présence, ou plutôt son omniprésence était tellement devenue banale qu’on ne faisait même plus attention à lui. Tandis qu’il s’époumone sur la victoire qu’il sent « imminente », les soldats vaquent à leurs occupations, laissant ce chien aboyer dans le vide. Falk Harnack livre un film pacifiste, antimilitariste et antinazi, fortement engagé, beau et très attachant.

LE DVD

Les Chiens sont lâchés intègre la collection Grands films de guerre disponible chez Movinside. Aucun supplément ni de chapitrage, le menu principal, animé et musical, ne propose que le choix des langues (version originale avec ou sans sous-titres français) avant le lancement du film. Si l’éditeur aurait pu proposer une présentation des Chiens sont lâchés par un historien du cinéma, la grande rareté du film l’emporte sur l’absence des suppléments.

L’Image et le son

Movinside propose Les Chiens sont lâchés dans son format original 1.33 (4/3). Le grain original a été lissé quasiment entièrement, la copie a subi un certain dépoussiérage, même si des rayures verticales, points noirs, tâches et raccords de montages demeurent visibles. L’image est stable, divers moirages sont constatés, notamment sur les galons des officiers, sans oublier les décrochages sur les fondus enchaînés. Le N&B est lumineux, la gestion des contrastes équilibrée. Malgré les défauts énumérés, découvrir le film de Falk Harnack est une chance inespérée et nous ne pouvons que saluer l’éditeur pour cette ambitieuse sortie dans les bacs.

Seule la version originale est proposée avec des sous-titres français non imposés. La piste est étonnamment propre, ne serait-ce que deux ou trois craquements, sans souffle parasite et sans bruits de fond. Le confort acoustique est donc assuré.

Crédits images : © BETA FILM. / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Hit : le tueur était presque parfait, réalisé par Stephen Frears

THE HIT : LE TUEUR ÉTAIT PRESQUE PARFAIT (The Hit) réalisé par Stephen Frears, disponible en DVD et Blu-ray le 27 juin 2017 chez Movinside

Acteurs : John Hurt, Tim Roth, Terence Stamp, Jim Broadbent, Laura del Sol, Bill Hunter, Fernando Rey

Scénario : Peter Prince

Photographie : Mike Molloy

Musique : Paco de Lucía, Eric Clapton, Roger Waters

Durée : 1h38

Date de sortie initiale : 1984

LE FILM

Willie Parker, un truand anglais, dénonce ses complices en échange de la liberté. Il vit incognito en Espagne, sous la surveillance d’un policier du coin. Dix ans plus tard, ses ex-complices sortent de prison ; ils engagent deux « professionnels », Braddock, le vétéran, et Myron, dont c’est la première mission. Ceux-ci enlèvent Parker et traversent l’Espagne en direction de Paris, poursuivis par la police. Parker, qui s’est préparé depuis dix ans à ce dénouement, reste d’un calme olympien et s’amuse à pousser ses ravisseurs à l’erreur.

Avant d’être révélé en 1985 par My Beautiful Laundrette, le réalisateur britannique Stephen Frears avait déjà mis en scène deux longs métrages, Gumshoe avec Albert Finney (1971) et The Hit (1984). Ce dernier, sorti en France sous le titre The Hit : Le Tueur était presque parfait, est un formidable road-movie existentiel, teinté d’humour noir et marqué par une violence sèche. Méconnu, The Hit ne manque pourtant pas de qualités, loin de là.

Devant un tribunal londonien, Willie Parker (Terence Stamp) témoigne contre ses complices dans un hold-up. En quittant la salle d’audience, il sait qu’au bout des dix ans d’incarcération dont ils ont écopé à cause de sa trahison, la vengeance sera terrible. Dix ans plus tard, deux tueurs à gages retrouvent sa trace en Espagne, où Parker, pensant ainsi leur échapper, s’était exilé. Ses bourreaux ont les traits de Braddock (John Hurt), un tueur chevronné et taciturne, et de Myron (Tim Roth), son jeune acolyte nerveux et impulsif. Une longue traversée de la péninsule ibérique commence en Mercedes Euro W111 blanche, car la mission des deux hommes consiste à rapatrier Willie en France. Le repenti attend, le sourire aux lèvres, une fin qu’il sait inéluctable.

Quel étrange film que The Hit ! Mais c’est justement cette singularité dans la filmographie dense et éclectique de Stephen Frears qui en fait sa rareté. Le casting quatre étoiles emporte déjà l’adhésion. A l’écran, Terence Stamp est aussi impérial que magnifique, John Hurt flippant dans le rôle du tueur quasi-mutique, Tim Roth, tout juste révélé par l’exceptionnel Made in Britain d’Alan Clarke, crève l’écran en petite frappe pas si éloignée de son rôle précédent (qui avait été proposé à Joe Strummer de The Clash), sans oublier la présence de la pulpeuse Laura del Sol dans le rôle de Maggie, otage récupéré sur la route et qui va se battre pour rester en vie, et celle de Fernando Rey, l’inspecteur qui mène l’enquête sur l’enlèvement de Parker, et dont nous n’entendrons jamais la voix. Présenté au Festival de Cannes en 1984 dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, The Hit foudroie par la virtuosité de la mise en scène (jeux à foison sur la profondeur, les focales, les angles), l’élégance de la photographie et par ses partis pris. Atypique, le film s’avère une profonde réflexion sur la mort, sur la façon dont l’individu l’appréhende et l’affronte le moment venu. Ainsi, Parker agace ses ravisseurs à cause de sa nonchalance et du sourire qu’il affiche sur le chemin qui le mène vers son exécution programmée. Derrière ses lunettes de soleil, Braddock semble déstabilisé par l’attitude de Parker, tandis que Myron, jeune chien fou, perd son sang-froid et s’exprime par la violence.

Pendant une dizaine d’années, Stephen Frears a essentiellement oeuvré à la BBC. Pourtant sa mise en scène est exceptionnelle et le cinéaste semble lui-même trouver sa propre voie en réalisant The Hit. Les mouvements de caméra sont sublimes et sophistiqués, et donnent un côté aérien à cette histoire pourtant terrible avec ces hommes qui tentent de mourir de la meilleure façon possible. Stephen Frears ne s’en cache pas, pour lui The Hit est une véritable comédie humaine, où tout le monde est logé à la même enseigne puisque personne n’échappera à la mort. Aux hommes de se préparer à l’inévitable. Comme il l’indique lui-même, Parker a eu une dizaine d’années pour se faire à l’idée, sachant que ses anciens complices feraient tout pour le retrouver et lui rendre la monnaie de sa pièce. Dans un sens, ses airs décontractés bouleversent Myron et Braddock qui ont fait du crime leur métier. Tout d’abord impitoyables, les deux tueurs vont peu à peu dévoiler quelques fissures. S’ils ne peuvent plus inspirer la peur, alors c’est toute leur raison d’être qui est remise en question.

Outre ce scénario intelligent écrit par le dramaturge et romancier Peter Prince et cette virtuosité formelle, n’oublions pas la musique traditionnelle de Paco de Lucía et sa guitare flamenco, y compris le générique signé Eric Clapton et Roger Waters, ainsi que la photo aride et lumineuse de Mike Molloy (Le Cri du sorcier) qui donne aux paysages espagnols un aspect désolé proche du western. Mystérieux, presque inclassable, passionnant, métaphysique, languissant, The Hit est loin d’être un simple polar et s’avère une immense réussite, une de plus, dans l’oeuvre de Stephen Frears.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de The Hit est édité chez Movinside qui pour l’occasion inaugure une nouvelle collection Suspense/Polar avec également les titres Don Angelo est mort de Richard Fleischer et Le Flic se rebiffe de Burt Lancaster et Roland Kibbee (déjà chroniqués). La jaquette reprend un des visuels originaux du film et s’avère très élégante. Le menu principal est animé et musical. Aucun chapitrage et aucun supplément malheureusement.

L’Image et le son

Nous ne sommes pas déçus ! C’est avec un plaisir immense que nous découvrons ce film de Stephen Frears dans de pareilles conditions ! La colorimétrie s’impose par sa luminosité, le relief est très appréciable. Malgré un piqué émoussé, ainsi qu’un grain aléatoire et plus prononcé sur les séquences sombres, la photo riche et ouatée du chef-opérateur Mike Molloy est souvent excellemment restituée. La profondeur de champ est indéniable, certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise, les contrastes probants, la copie stable (merci au codec AVC), sans oublier la restauration impeccable. Le master est débarrassé de toutes les scories possibles et imaginables. Ce Blu-ray est en format 1080p.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 instaurent un confort acoustique satisfaisant. Malgré des dialogues clairs et ardents, la piste française manque d’ampleur et en oublie parfois certaines ambiances annexes. C’est un peu mieux pour la version originale, plus homogène et équilibrée, même si les dialogues auraient mérité d’être revus à la hausse. Dans les deux cas, la propreté est là et aucun souffle n’a été constaté. L’éditeur joint également une piste anglaise DTS-HD Master Audio 5.1 complètement anecdotique, avec une spatialisation décevante et des effets latéraux quasi-inexistants.

Crédits images : © Universal Pictures / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Flic se rebiffe, réalisé par Burt Lancaster et Roland Kibbee

LE FLIC SE REBIFFE (The Midnight Man) réalisé par Burt Lancaster et Roland Kibbee, disponible en DVD et Blu-ray le 27 juin 2017 chez Movinside

Acteurs : Burt Lancaster, Susan Clark, Cameron Mitchell, Morgan Woodward, Harris Yulin, Robert Quarry, Joan Lorring, Ed Lauter

Scénario : Burt Lancaster, Roland Kibbee d’après le roman The Midnight Lady and the Mourning Man de David Anthony

Photographie : Jack Priestley

Musique : Dave Grusin

Durée : 1h59

Date de sortie initiale : 1974

LE FILM

Après un séjour en prison pour avoir assassiné l’amant de sa femme, Slade, un ancien policier, trouve un petit boulot de gardien de nuit sur un campus universitaire. Il tente de mener à nouveau une vie normale et Linda, sa contrôleuse judiciaire, s’éprend même de lui. Malheureusement, une série de meurtres se produit dans l’université… Slade décide d’enquêter.

En 1954, bien qu’il ne soit pas crédité, Burt Lancaster cosigne la mise en scène du Roi des îles aux côtés de Byron Haskin. L’année suivante, il réalise officiellement son premier long métrage, L’Homme du Kentucky, western dans lequel il donne la réplique à Dianne Foster et Diana Lynn. Burt Lancaster attendra quasiment vingt ans pour repasser une dernière fois derrière la caméra. Le Flic se rebiffe, titre français à côté de la plaque pour le titre autrement plus beau et poétique en version originale The Midnight Man, est comme qui dirait un dernier baroud d’honneur pour la star vieillissante. S’il lui restait encore de fabuleuses aventures cinématographiques à venir, Violence et passion de Luchino Visconti, 1900 de Bernardo Bertolucci, L’Ultimatum des trois mercenaires de Robert Aldrich pour ne citer que ceux-là, Burt Lancaster a déjà l’essentiel de sa carrière derrière-lui, trente ans de métier, une quantité impressionnante de films et de chefs d’oeuvres tournés aux quatre coins du monde. Rétrospectivement, Le Flic se rebiffe, d’après la nouvelle The Midnight Lady and the Mourning Man de David Anthony, peut se voir comme le portrait d’un acteur quelque peu usé, paumé dans une décennie bouleversée, qui déambule dans un milieu où il n’a plus de repères et où il apparaît presque comme un anachronisme.

The Swimmer, immense chef d’oeuvre de Frank Perry, jouait déjà avec la mythologie Lancaster, le passage du temps, avec de nombreuses références aux films les plus célèbres du comédien. Ici, Burt Lancaster erre presque comme un spectre, dans un monde qui a perdu le sens des valeurs, même s’il souhaite démontrer qu’il en a encore sous le capot et qu’il n’est pas prêt à être envoyé à la casse. C’est ainsi que son personnage, Slade, ancien flic de la criminelle, mis au rebut après avoir tué l’amant de sa femme trouvé dans son propre lit, débarque dans une petite ville universitaire de la Caroline du Sud. Libéré sur parole, il a accepté un travail de gardien de nuit sur le campus, où il s’occupe de la tranche minuit-8h du matin. Il est recueilli chez un de ses meilleurs amis, Quartz, également ancien flic, joyeux drille et pince-sans-rire. Mais ce dernier est blessé au cours d’une arrestation qui tourne mal. La jambe dans le plâtre, il est alité. Slade commence à prendre ses nouvelles marques et rencontre Linda Thorpe (Susan Clarke et ses beaux yeux bleus), qui travaille étroitement avec la police et notamment le shérif Casey (l’excellent Harris Yulin, spécialiste de la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent »), non loin de l’université. Un matin, la fille du sénateur Clayborde (Morgan Woodward), étudiante sur le campus, est retrouvée assassinée. S’il n’a plus son insigne, Slade a conservé son instinct de flic et commence à recueillir quelques indices en parallèle de l’enquête de police. Il ne sait pas qu’il vient de mettre les pieds dans une affaire où il n’aurait pas dû intervenir. Toujours est-il qu’il n’hésitera pas à répondre à la violence par la violence s’il le faut.

Si Le Flic se rebiffe ne brille pas par sa mise en scène, également signée Roland Kibbee (scénariste de Vera Cruz), qui s’apparente plus à un téléfilm, The Midnight Man se regarde comme on lit un bon vieux polar à la couverture froissée et aux pages jaunies, un dimanche après-midi pluvieux, une tasse de thé à portée de main. Il y a tout d’abord le charme propre aux productions des années 1970 avec ce grain particulier, ses couleurs automnales, ses petites bourgades chichement éclairées, ses bars enfumés où les hommes seuls viennent noyer leur chagrin dans un verre de bière. Ensuite, il y a le pincement au coeur de voir l’une des plus grandes stars hollywoodiennes vieillir devant la caméra. Les yeux sont toujours brillants, mais le visage est marqué par la rosacée et les mains tachetées ne trompent pas sur les années qui ont passé.

Le Flic se rebiffe est un petit film bourré de charme, empreint d’une nostalgie qui émeut souvent, qui parvient à contenter les amoureux des histoires policières du style roman de gare avec un étonnant dénouement à tiroirs qui possède vraiment l’esprit d’une série noire. Heureusement, The Midnight Man, avec une mélancolie sous-jacente, la photographie duveteuse de Jack Priestley, la douce partition de Dave Grusin et la versatilité de ses personnages, parvient sans mal à se faire une place dans le coeur et même dans l’esprit des spectateurs.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray du Flic se rebiffe est édité chez Movinside qui pour l’occasion inaugure une nouvelle collection Suspense/Polar avec également les titres Don Angelo est mort de Richard Fleischer (déjà chroniqué) et The Hit de Stephen Frears. La jaquette reprend un des visuels originaux du film et s’avère très élégante. Le menu principal est animé et musical. Aucun chapitrage et aucun supplément malheureusement.

L’Image et le son

Le film de Burt Lancaster et de Roland Kibbee n’était disponible qu’en import allemand. C’est donc une vraie rareté proposée par Movinside, d’autant plus que l’éditeur propose ce titre en Blu-ray. Malgré un grain aléatoire, heureusement conservé ceci dit, les scènes diurnes et nocturnes sont logées à la même enseigne et formidablement rendues avec ce master HD nettoyé de toutes défectuosités. Mis à part un générique un poil tremblant, les contrastes du chef opérateur Jack Priestley (Né pour vaincre), retrouvent une nouvelle densité. Les nombreux points forts de cette édition demeurent la beauté des gros plans, la propreté du master (hormis quelques points blancs), les couleurs ravivées, les noirs profonds et le relief des scènes en extérieur jour avec des détails plus flagrants. Quelques fléchissements de la définition, mais rien de rédhibitoire. Enfin, le film est proposé dans son format d’origine 1.85.

Les mixages anglais et français DTS-HD Master Audio 2.0 sont propres, efficaces et distillent parfaitement la musique de Dave Grusin. La piste anglaise ne manque pas d’ardeur et s’avère la plus équilibrée du lot. Au jeu des différences, la version française, beaucoup moins dynamique, se focalise trop sur les dialogues au détriment de certaines ambiances et effets annexes. Aucun souffle constaté sur les deux pistes. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Universal / Movinside / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr


Test Blu-ray / Don Angelo est mort, réalisé par Richard Fleischer

DON ANGELO EST MORT (The Don is Dead) réalisé par Richard Fleischer, disponible en DVD et Blu-ray le 27 juin 2017 chez Movinside

Acteurs : Anthony Quinn, Frederic Forrest, Robert Forster, Al Lettieri, Angel Tompkins, Charles Cioffi

Scénario : Christopher Trumbo, Michael Butler d’après le roman The Don is Dead de Marvin H. Albert

Photographie : Richard H. Kline

Musique : Jerry Goldsmith

Durée : 1h52

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

Après le décès de Don Paolo, le chef de la mafia new-yorkaise, un Conseil réunissant les plus grandes familles du Milieu se réunit et désigne Don Angelo comme leur nouveau chef. Ce dernier prend sous sa protection Frank, le fils de Don Paolo et le désigne comme son héritier. Cet arrangement ne convient pas à Orlando, l’avocat d’un chef de famille rival et met tout en œuvre pour qu’une guerre éclate entre Don Angelo et Frank, guerre qui sera très sanglante…

L’immense Richard Fleischer (1916-2006) a déjà plus de trente longs métrages à son actif lorsqu’il réalise Don Angelo est mort – The Don is Dead en 1973. Alors qu’il s’attachait à décrire le quotidien professionnel et personnel d’une poignée de flic dans son film précédent, le merveilleux Les Flics ne dorment pas la nuit, le réalisateur de L’Etrangleur de Rillington Place et de Terreur aveugle, se penche ici sur l’autre côté de la loi, le monde de la mafia italo-américaine.

En (re)découvrant cet opus souvent oublié dans l’incroyable, prolifique et éclectique filmographie de Richard Fleischer, il est évident de constater que Don Angelo est mort découle tout naturellement du Parrain, sorti en 1971. De nombreuses séquences font d’ailleurs étrangement écho avec le chef d’oeuvre de Francis Ford Coppola, à tel point que cela en devient même troublant comme cette explosion de violence près des étals d’oranges ou bien encore un règlement de comptes chez le barbier. Mais Richard Fleischer est bien trop malin pour livrer un simple ersatz, ce qui lui a permis de survivre artistiquement dans cette décennie bousculée du 7e art.

Don Angelo (Anthony Quinn) règne en parrain vieillissant sur une puissante famille de la mafia. Son empire fait des envieux. Des rivaux montrent les dents. Le plus acharné de tous est Frank Regabulto (Robert Forster). Angelo et lui ont plus d’un compte à régler, en particulier en ce qui concerne une femme, Ruby, maîtresse de Frank et que Don Angelo a voulu aider pour lancer sa carrière de chanteuse. Devenu fou de jalousie, Frank s’en prend à Ruby, la frappe et l’envoie à l’hôpital. Attisée par la haine, la guerre se déchaîne entre les deux clans. Frank charge ses deux tueurs à gages, les frères Fargo, pour liquider le vieux Don. Mais Angelo, étroitement protégé par ses hommes, n’entend pas se laisser abattre facilement. Ses fidèles rendent coup pour coup. L’exécution du contrat se révèle meurtrière pour Frank et ses hommes.

Avant d’entamer le tournage de Soleil vert, un de ses plus grands et célèbres films, Richard Fleischer démontre une fois de plus son don et sa virtuosité pour passer d’un genre à l’autre. Sur un scénario de Christopher Trumbo et Michael Butler, d’après le roman The Don is Dead de Marvin H. Albert, le cinéaste dépeint un univers en s’attachant au moindre détail, ce qui a toujours fait sa renommée, avec parfois une dimension quasi-documentaire quand sa caméra portée s’immisce au cours d’une transaction drogue/argent, créant ainsi une tension permanente. A l’instar des Flics ne dorment pas la nuit et malgré la présence d’Anthony Quinn en haut de l’affiche dont le personnage donne son nom au titre du film, il n’y a pas de personnage principal dans Angelo est mort. Richard Fleischer passe de l’un à l’autre, jouant avec l’empathie du spectateur qui ne sait pas à quel protagoniste se raccrocher. Ainsi le metteur en scène présente tout d’abord Frank et ses portes flingues, les frères Fargo, Tony (Frederic Forrest) et Vince (Al Lettieri, qui sortait justement du Parrain), avant de passer à la séquence où les trois clans sont réunis pour désigner qui va prendre la succession du chef de la mafia. Le cinéma de Richard Fleischer est fait d’archétypes. Après cette introduction quasi-muette, le réalisateur présente donc chacun des personnages : Don Angelo DiMorra, Tony, Vince, Frank, Luigi, Mitch, Joe…ils sont tous là et leur fonction est désignée. Il y a les chefs, les hommes de main, les consiglieri. Ce procédé permet à Richard Fleischer de pouvoir commencer à peindre les portraits de tous ces acteurs, quel que soit leur rôle dans les diverses organisations.

Ces hommes, pères de famille, mari, amants, fils de, font partie du monde du crime. Certains espèrent devenir calife à la place du calife, à l’instar de Frank qui souhaiterait prendre la suite de son père récemment décédé, sans avoir le charisme ou l’expérience nécessaires, tandis que Tony – proche cousin de Michael Corleone – voudrait lui prendre ses distances avec l’organisation. Mais comme bien souvent dans ce milieu, un homme ambitieux que personne ne soupçonne prépare un coup en faisant en sorte que toutes ces organisations s’affrontent, afin de mieux en récolter les fruits. Et quoi de mieux que d’utiliser une femme pour déclencher une guerre interne.

Richard Fleischer suit le schéma du Parrain. Si ces hommes tentent de parler avant d’agir, les désirs refoulés prennent le dessus sans crier gare et engendrent une réaction en chaine d’actes violents et irréparables. Les scènes en famille tournées avec une vraie douceur contrastent avec la vendetta impitoyable à laquelle se livrent les personnages à l’instar de ce passage à tabac à coup de batte de baseball au milieu du désert, scène qui a sûrement inspiré Martin Scorsese pour le lynchage de Joe Pesci dans Casino. Le tournage en studio, qui a été très critiqué à la sortie du film, rajoute pourtant une touche au monde à part dans lequel déambulent les personnages, comme un Disneyland pour criminels.

Tout le monde est logé à la même enseigne dans Don Angelo est mort, véritable film choral à la mise en scène impeccable et élégante, interprétée par des acteurs aux tronches inoubliables. Techniquement irréprochable avec Richard H. Kline à la photographie et Jerry Goldsmith à la musique, The Don is Dead est un polar bien carré, une série B assumée et dissimulée dans l’ombre d’autres oeuvres majestueuses, pas une fresque mais plusieurs tranches de vies entremêlées. Comme il n’y a pas de « petits » Richard Fleischer – non, je ne parlerai pas de Conan le destructeur ni de Kalidor – la légende du talismanDon Angelo est mort est donc à connaître absolument.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Don Angelo est mort est édité chez Movinside qui pour l’occasion inaugure une nouvelle collection Suspense/Polar. La jaquette reprend un des visuels originaux du film et s’avère très élégant. Le menu principal est animé et musical. Aucun chapitrage et aucun supplément malheureusement. Mais la sortie d’un film de Richard Fleischer – en Haute-Définition qui plus est – est déjà un cadeau à part entière.

L’Image et le son

La qualité de ce nouveau master restauré HD convainc et redonne un certain panache à Don Angelo est mort, qui n’était alors disponible qu’en import. Les contrastes affichent une belle densité, la copie restaurée est propre et stable, même si les séquences en basse lumière perdent en détails. Le piqué est satisfaisant et de nombreux éléments jouissent de l’élévation HD (Blu-ray au format 1080p) sur les plans diurnes en extérieur. Alors certes, tout n’est pas parfait, quelques flous sporadiques font leur apparition, une ou deux séquences sont plus altérées et la définition a tendance à flancher, mais ces menus accrocs restent anecdotiques compte tenu de la clarté, du grain cinéma respecté, des couleurs pimpantes, des noirs denses et du relief parfois inattendu. Enfin, l’ensemble est consolidé par une compression AVC de haute tenue.

La version originale bénéficie d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0 nettement plus performant que la piste française encodée de la même façon. Pour la première option acoustique, l’espace phonique se révèle probant, la composition de Jerry Goldsmith jouit d’une belle ouverture, le confort est concret, et les dialogues, malgré certaines saturations, demeurent clairs et nets. De son côté, la version française apparaît beaucoup plus feutrée avec des voix sourdes et des effets annexes très pauvres. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre.

Crédits images : © Universal / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr