Test DVD / Dans la forêt, réalisé par Gilles Marchand

DANS LA FORÊT réalisé par Gilles Marchand, disponible en DVD le 20 juin 2017 chez Pyramide Vidéo

Acteurs : Jérémie Elkaïm, Timothé Vom Dorp, Théo Van de Voorde, Mika Zimmerman, Sophie Quinton, Mireille Perrier

Scénario : Gilles Marchand, Dominik Moll

Photographie : Jeanne Lapoirie

Musique : Philippe Schoeller

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Tom et son grand frère Benjamin partent en Suède retrouver leur père pour les vacances d’été. Tom appréhende les retrouvailles avec cet homme étrange et solitaire. Le père, lui, semble convaincu que Tom a le don de voir des choses que les autres ne voient pas. Quand il leur propose d’aller vers le Nord pour passer quelques jours dans une cabane au bord d’un lac, les enfants sont ravis. Mais l’endroit est très isolé, au milieu d’une immense forêt qui exacerbe les peurs de Tom. Et plus les jours passent, moins le père semble envisager leur retour…

Gilles Marchand est avant tout scénariste. Il y a vingt ans, il signe Les Sanguinaires et Ressources humaines (1999) de Laurent Cantet. En 2000, il fait aussi une rencontre déterminante avec le réalisateur Dominik Moll pour lequel il écrit le scénario de Harry, un ami qui vous veut du bien, grand succès public et critique dans le monde entier. Tout en continuant sa collaboration avec divers metteurs en scène, tels que Jean-Paul Rappeneau pour Bon voyage et Cédric Kahn pour Feux rouges, Gilles Marchand passe lui-même derrière la caméra pour son premier long métrage, Qui a tué Bambi ? (2003), avec Laurent Lucas et Sophie Quinton. Il faudra attendre 2010 pour découvrir son deuxième film, L’Autre monde, très bon thriller à la frontière du fantastique, coécrit avec Dominik Moll, avec au casting Louise Bourgoin, Melvil Poupaud, Grégoire Leprince-Ringuet et Pauline Etienne. Malheureusement, même si très réussi, L’Autre monde ne remporte aucun succès dans les salles. Coauteur de Main dans la main et de Marguerite et Julien de Valérie Donzelli, Gilles Marchand revient avec son troisième long métrage, Dans la forêt, coproduit par la réalisatrice de La Guerre est déclarée et par Jérémie Elkaïm, tandis que Dominik Moll coécrit le scénario une fois de plus.

Tom, 8 ans, sent une présence maléfique. Son frère Benjamin, 11 ans, ne le croit pas. Ensemble, ils doivent rejoindre en Suède leur père qu’ils n’ont pas beaucoup vu depuis qu’il a divorcé de leur mère. Insomniaque, celui-ci leur propose de partir en excursion en forêt. Il veut se rendre dans une maison perdue dans les bois. D’emblée, les enfants ne se sentent pas bien et sont de plus en plus effrayés par le comportement étrange de leur père. Quand ils lui demandent de s’en aller, celui-ci voit rouge et jette au feu le téléphone de Benjamin. Il sait que Tom a un don et qu’il perçoit des choses invisibles pour le commun des mortels.

C’est une claque comme il en arrive rarement dans le film de genre français. Dans la forêt joue avec les peurs liées à l’enfance, celles du croquemitaine, comme une version moderne du Petit Poucet, mais pas seulement. Film à la croisée de genres, drame psychologique imprégné d’une aura fantastique, Dans la forêt ne cesse de faire perdre ses repères aux spectateurs, comme à ses jeunes personnages, afin de mieux les plonger dans un univers étouffant et angoissant, à l’instar de cette forêt pourtant sublime qui se referme progressivement sur ses protagonistes de façon angoissante. Inspiré des propres souvenirs d’enfance du cinéaste, liés à de nombreux voyages faits avec son frère pour rejoindre leur père dans un pays étranger, Dans la forêt peut également se lire comme une relecture de La Nuit du chasseur et surtout de Shining avec ce petit garçon – Timothé Vom Dorp vu dans Le Fils de Jean de Philippe Lioret et Ce sentiment de l’été de Mikhaël Hers, incroyable de justesse – qui aurait un don de médium. Comme il l’indique à un psy pour enfants, Tom a « peur de comment ça va se passer » chez son père en Suède. Et il s’agit plus d’un pressentiment que d’une appréhension. Le récit se déroule ensuite lentement, à hauteur d’enfant, où chaque plan, chaque cadre ne cesse d’engloutir le spectateur, sans oublier la beauté de la photographie de Jeanne Lapoirie (8 femmes, Michael Kohlhaas) et la composition de Philippe Schoeller. De plus, Gilles Marchand offre son meilleur rôle à Jérémie Elkaïm. Habituellement monocorde et peu expressif, le comédien est ici incroyablement inquiétant, impressionnant et ambigu. Chaque regard noir ou chaque réplique glaciale font ici l’effet d’une guillotine, tandis qu’une menace semble se rapprocher des enfants et de Tom en particulier. Mais d’ailleurs d’où vient-elle ? Et quel est ce monstre étrange que seul Tom semble apercevoir ? Est-ce juste le fruit de son imagination ? Que veut réellement le père ?

Des questions, on s’en pose beaucoup tout au long du film. Félicitons Gilles Marchand, metteur en scène décidément trop rare, de ne pas y répondre et surtout de laisser son audience se faire sa propre interprétation. Dans la forêt est une œuvre à connaître absolument et gageons qu’un excellent bouche-à-oreille entre cinéphiles lui offrira une seconde vie. Ce qu’il mérite amplement.

LE DVD

Le test du DVD de Dans la forêt, disponible chez Pyramide Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical et le visuel de la jaquette reprend celui de l’affiche du film.

Dommage de ne pas trouver de making of dans la section des suppléments, tout comme de commentaire audio. Car l’interview scindée en quatre chapitres (42’ au total) de Jérémie Elkaïm et de Gilles Marchand s’avère absolument riche et passionnante. L’acteur et producteur d’un côté (du canapé), le scénariste et metteur en scène de l’autre, reviennent sur la genèse de Dans la forêt, l’écriture du scénario avec Dominik Moll, les thèmes, la part de mystère dans le film, le point de vue des enfants, le casting, les repérages et les lieux de tournage, le travail avec la directrice de la photo Jeanne Lapoirie, la création du monstre et enfin le rapport avec le spectateur. Si comme nous, vous avez adoré Dans la forêt, ne manquez pas cet entretien, également illustré par des photos de tournage et des images provenant des essais en vidéo des deux jeunes comédiens.

La bande-annonce du film est également au programme.

L’Image et le son

Compte tenu de son inadmissible échec dans les salles, Dans la forêt ne dispose pas d’une édition HD. Heureusement le DVD est de fort bonne qualité et permet d’admirer le travail de la directrice de la photographie, Jeanne Lapoirie, avec sa belle luminosité, des couleurs superbes et ses contrastes duveteux toujours plaisants sur toutes les scènes en forêt. Si les séquences sombres dénotent par rapport au reste avec un léger fléchissement de la définition, des noirs tirant sur le bleu et un piqué plus émoussé, les scènes diurnes sont agréables avec des détails plus ciselés sur le cadre large, une profondeur de champ appréciable, un léger grain et des visages plus précis.

Le mixage Dolby Digital 5.1 est très souvent bluffant. Le spectateur est happé dans cette étrange forêt aux côtés des personnages, grâce au soutien constant des enceintes latérales qui environnent l’audience avec de multiples ambiances naturelles. Les voix sont solidement ancrées sur la centrale, la balance frontale est dynamique. D’une précision sans faille, dense, dynamique, le confort acoustique est largement assuré. La Stéréo est par définition frontale, mais de fort bon acabit. Les sous-titres français pour les spectateurs sourds et malentendants sont également disponibles.

Crédits images : © Pyramide Distribution / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Zeder, les voix de l’au-delà, réalisé par Pupi Avati

ZEDER, LES VOIX DE L’AU-DELÀ (Zeder) réalisé par Pupi Avati, disponible en combo Blu-ray-DVD le 18 mars 2017 chez The Ecstasy of Films

Acteurs : Gabriele Lavia, Anne Canovas, Paola Tanziani, Cesare Barbetti, Bob Tonelli, Ferdinando Orlandi, Enea Ferrario, John Stacy

Scénario : Pupi Avati, Maurizio Costanzo, Antonio Avati

Photographie : Franco Delli Colli

Musique : Riz Ortolani

Durée : 1h40

Date de sortie initiale : 1983

LE FILM

Stefano, un jeune journaliste, achète une vieille machine à écrire. Il découvre du texte encore imprimé sur le ruban. Il apprend ainsi l’existence d’un certain Paolo Zeder, un scientifique qui aurait découvert dans les années 50 un moyen de faire revivre les morts suivant le lieu de leur enterrement. Stefano entre bientôt en contact avec un obscur groupe de savants qui tentent de prouver la véracité des thèses exposées par Zeder…

Réalisateur, scénariste et producteur, Giuseppe Avati, plus connu sous le nom de Pupi Avati (né en 1938) signe avec Zeder, les voix de l’au-delà – connu aux Etats-Unis sous le titre Revenge of the Dead – un de ses films les plus célèbres, du moins pour les amateurs de cinéma fantastique. Eclectique et plutôt prolifique, le cinéaste de La Mazurka del barone, della santa e del fico fiorone (1975) et de La Cage aux minetsBordella (1976), comédies qui ont fait sa renommée, s’est aussi illustré dans l’épouvante dès son premier long métrage avec le gothique Balsamus, l’homme de Satan (1970). Suivront Thomas e gli indemoniati (1970) et surtout La Maison aux fenêtres qui rient (1976). Passionné par les phénomènes paranormaux, l’ésotérisme et l’occultisme, mais aussi par le macabre, Pupi Avati revient à son genre de prédilection sept ans après ce succès international, avec Zeder, les voix de l’au-delà.

Stefano (le monolithique Gabriele Lavia), un romancier, reçoit une vieille machine à écrire de la part de sa femme Alessandra (la délicieuse Anne Canovas, vue récemment dans la série Plus belle la vie), en guise de présent pour leur anniversaire de mariage. Alors qu’il s’apprête à changer le ruban encreur de la machine, il découvre que les empreintes dactylographiques laissées sur celui-ci par le précédent propriétaire sont encore lisibles. Fasciné par la perspective de cette découverte, Stefano extirpe du ruban la narration d’expériences réalisées par un scientifique du nom de Paolo Zeder qui semblait avoir découvert un moyen de vaincre la mort. Hanté par cette découverte prometteuse sur les théories de Zeder, Stefano va se lancer dans un terrifiant voyage et sera confronté à une conspiration de réanimation des morts !

Zeder, les voix de l’au-delà n’a rien perdu de son pouvoir hypnotique et repose entièrement sur la mise en scène très inspirée de Pupi Avati. Zeder, les voix de l’au-delà est un film très étrange, quasi-inclassable, jouant avec les codes du giallo sans en être un malgré un meurtre réalisé dans le noir avec un objet contondant. A l’instar du personnage principal, le spectateur se retrouve souvent incrédule, mais ne peut s’empêcher de continuer à visionner cette œuvre insolite, poussé par la curiosité, d’autant plus que les événements n’ont de cesse de surprendre et de devenir de plus en plus inquiétants voire franchement dérangeants. Mais cette attraction de l’horreur se manifeste surtout par les partis pris, notamment la photo sombre, poisseuse, étouffante et froide du chef opérateur Franco Delli Colli (Je suis une légende avec Vincent Price), ainsi que par la composition inspirée de Riz Ortolani, les décors fantomatiques, comme cet énorme bâtiment laissé à l’abandon, dans lequel se perd le personnage principal en quête de vérité.

Zeder, les voix de l’au-delà ne manque pas de rebondissements et promène l’audience de Chartres dans les années 1950 à Bologne et plus largement dans la région d’Emilie-Romagne pour ce qui concerne la partie contemporaine. Sans effets gratuits ni ostentatoires, le récit, qui rappelle Simetierre de Stephen King alors publié la même année, se déroule posément, tandis qu’un étau semble se refermer aussi bien sur la gorge du personnage que sur celle du spectateur. Pupi Avati convoque le dernier cri du matériel audiovisuel et les images vidéo renvoyées dans la tombe du terrain K, où les morts peuvent revenir à la vie, sont à la fois drôles et effrayantes. Zeder, les voix de l’au-delà ne verse jamais dans l’excès, bien au contraire, ne joue pas la carte du gore ou des zombies en décomposition, et pourtant se révèle être une œuvre, maîtrisée de A(vati) à Z(eder), pesante et anxiogène, tout en gardant un pied dans un réalisme troublant.

S’il n’est pas sorti dans les salles françaises, le drame de Pupi Avati, car il s’agit bien plus d’un drame que d’un film fantastique, a connu une carrière en VHS et son groupe d’aficionados n’a jamais cessé de croitre. A connaître absolument.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray et le DVD de Zeder, les voix de l’au-delà, disponible chez The Ecstasy of Films, repose dans un élégant boîtier classique de couleur noire. L’élégante jaquette (réversible) saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de cinéma Bis, et des autres, avec son visuel mystérieux. Le menu principal est animé et musical. Ce titre intègre la collection Cauchemars italiens.

The Ecstasy of Films ne vient pas les mains vides, mais avec près d’une heure de suppléments.

On commence par l’interview de Pupi et Antonio Avati (31’). Enregistrés séparément, les deux frères, le premier réalisateur et le second producteur, reviennent sur la genèse de Zeder, les voix de l’au-delà (à partir du ruban d’une machine à écrire), l’écriture du scénario, le choix des décors, les partis pris, les intentions, le casting et les lieux de tournage. Pupi Avati indique entre autres que Zeder, les voix de l’au-delà correspond à une période de sa vie où il était fasciné par le sujet de la vie après la mort et constituait beaucoup de recherches sur ce thème.

Dans la seconde interview, nous retrouvons l’illustre compositeur Riz Ortolani (1926-2014). Visiblement enregistré peu de temps avant son décès, cet entretien avec le maestro qui aurait signé près de 230 musiques pour le cinéma et la télévision, permet d’en savoir un peu plus sur le travail de ce passionné qui a oeuvré avec les plus grands. Riz Ortolani passe en revue son enfance placée sous le signe de la musique, ses débuts dans le cinéma, ses rencontres déterminantes et bien évidemment sa longue collaboration avec Pupi Avati. Le tout accompagné d’anecdotes diverses et variées, aussi intéressantes que truculentes à écouter.

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce, une galerie de photos (y compris de tournage), ainsi qu’un comparatif avant/après la restauration, sans oublier la bande-annonce de Re-Animator 2Bride of Re-Animator, bientôt disponible chez The Ecstasy of Films!

N’oublions de mentionner la présence d’un formidable et exclusif petit livret de 20 pages, intitulé De A(vati) à Z(eder), conçu par Frank Lafond, essayiste et directeur de collection, auteur de Jacques Tourneur, les figures de la peur (2007), Joe Dante, l’art du je(u) (2011) et du Dictionnaire du cinéma fantastique et de science-fiction (2014).

L’Image et le son

Zeder, les voix de l’au-delà est présenté pour la première fois en France en DVD et Blu-ray, dans une version intégrale restaurée en Haute-Définition et dans son format original respecté 1.85. L’éditeur indique s’être occupé de l’étalonnage de restauration à Paris, tandis qu’un laboratoire italien s’est chargé du transfert numérique du négatif original du film. Le film est désormais disponible en Blu-ray, au format 1080p (AVC). Difficile de juger une image comme celle de Zeder, les voix de l’au-delà ! Quelques scories et dépôts résiduels demeurent, surtout durant la première partie française, mais dans l’ensemble la copie s’avère propre et bien nettoyée. Les couleurs ternes de la première partie sont bien restituées, de même pour les teintes plus chaudes du reste du film. Dommage cependant que le teint des comédiens passe souvent du rose au plus saumoné. Le master affiche une belle stabilité, certains effets de pompage peuvent se faire ressentir au cours d’une même séquence, sans que cela perturbe le visionnage. Les contrastes sont fermes et le piqué souvent étonnant. La promotion HD est donc validée pour ce titre et l’éditeur s’en sort très bien, malgré l’évidente complexité à respecter les volontés artistiques originales.

Les versions italienne et française sont proposées en DTS-HD Master Audio Mono. Sans surprise, la piste originale s’avère la plus propre et dynamique du lot. Evitez le doublage français, qui privilégient le report des voix – pincées et parfois chuintantes – au détriment des effets et ambiances annexes. Zeder, les voix de l’au-delà est un film qui se déguste avec la musicalité de la langue transalpine. Un panneau indique également que certains éléments audio d’origine ont été perdus.

Crédits images : © OB Films / The Ecstasy of Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / The Bye Bye Man, réalisé par Stacy Title

THE BYE BYE MAN réalisé par Stacy Title, disponible en DVD et en Blu-ray (version non censurée) le 22 juin 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Douglas Smith, Lucien Laviscount, Cressida Bonas, Carrie-Anne Moss, Faye Dunaway, Doug Jones, Jenna Kanell, Michael Trucco

Scénario : Jonathan Penner d’après la nouvelle The Bridge to Body Island de Robert Damon Schneck

Photographie : James Kniest

Musique : The Newton Brothers

Durée : 1h36 (version cinéma) 1h39 (version non censurée)

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Lorsque trois étudiants s’installent dans une vieille maison aux abords de leur campus, ils libèrent inconsciemment le Bye Bye Man, une entité surnaturelle qui ne hante que ceux qui découvrent son nom. Les amis comprennent alors qu’il n’y a qu’un moyen d’échapper à sa malédiction et d’éviter qu’elle ne se propage : ne pas le dire, ne pas y croire. Quand le Bye Bye Man arrive à s’immiscer dans vos pensées, il prend le contrôle et vous fait commettre l’irréparable…

The Bye Bye Man marque le retour au cinéma de la réalisatrice Stacy Title, révélée en 1995 avec L’Ultime souper. Attirée par l’épouvante, la cinéaste a également signé Let the Devil Wear Black en 1999 et Hood of Horror en 2006. A part une participation à un show collectif réalisé pour la télévision, The Greatest Show Ever, nous étions sans nouvelles de Stacy Title. The Bye Bye Man est l’adaptation d’une nouvelle de Robert Damon Schneck intitulée The Bridge to Body Island. Le film aurait dû être distribué dans les salles françaises l’été 2016, sortie finalement annulée en raison du report de l’exploitation américaine (dans une version finalement tronquée) et surtout des critiques très négatives. Pourtant cela partait bien.

On est tout d’abord happé par un prologue filmé en plan-séquence, d’une incroyable brutalité sèche. En octobre 1969, un homme débarque dans une petite bourgade du Wisconsin. Armé d’un fusil, il demande à l’une de ses connaissances si « elle connaît son nom ou l’a dit à quelqu’un ? » avant de lui tirer à bout portant. D’autres meurtres suivent rapidement après, un homme handicapé qui rampe sur le sol, les voisins alertés par les détonations, tandis que l’homme au fusil n’arrête pas de répeter « N’y pense pas. Ne dis pas son nom ». Quoi ? Encore Voldemort ? Passée cette formidable introduction, l’action se déroule de nos jours où nous suivons un jeune couple d’étudiants et leur ami, qui viennent de louer une maison – quelque peu délabrée – en dehors du campus afin d’y être plus tranquilles. C’est alors que The Bye Bye Man adopte un rythme de croisière tout aussi peinard et s’enlise rapidement dans tous les clichés du genre.

Les étudiants restent dans cette baraque qui s’avère évidemment très vite hantée ou tout du moins le lieu de phénomènes paranormaux. Les visions cauchemardesques se multiplient, notamment celle du fameux Bye Bye Man interprété par l’incroyable Doug Jones, qui prête une fois de plus sa longue silhouette filiforme à un personnage fantastique après avoir marqué les cinéphiles dans Le Labyrinthe de Pan, les deux Hellboy et même Gainsbourg (Vie héroïque). Mais à côté de ça, les jeunes comédiens, la mannequin Cressida Bonas (l’ex du prince Harry pour les plus people), Douglas Smith (la série Vinyl, Miss Sloane) et Lucien Laviscount font ce qu’ils peuvent pour rendre leurs personnages bébêtes un peu attachants. S’ils y arrivent au départ, la direction d’acteurs va à vau-l’eau dès que le fantastique s’immisce. Constamment au bord de l’apoplexie, les yeux écarquillés, les comédiens en font trop, des tonnes même et il faut attendre l’apparition inattendue de l’excellente Carrie-Anne Moss pour redonner un peu d’intérêt à l’ensemble. Trop rare, l’actrice canadienne vole les deux scènes où elle apparaît. Un peu plus tard dans le film, on est encore plus surpris de voir, ou plutôt de reconnaître non sans difficulté, Faye Dunaway, dont le visage ravagé par la chirurgie esthétique fait vraiment peine à voir.

The Bye Bye Man se contente de plagier ouvertement Candyman, Wishmaster, Sinister et autres films convoquant un boogeyman, de mélanger tout cela dans un shaker et de déverser ce cocktail dans le bec des spectateurs en essayant d’adopter la forme du merveilleux It Follows de David Robert Mitchell, en espérant que ceux-ci ne voient pas trop l’entourloupe. Non seulement le film cumule les poncifs comme des perles sur un collier (l’amie médium qui organise une séance de spiritisme), mais en plus la réalisatrice ne parvient jamais à instaurer de suspense, les jumpscares ne fonctionnent jamais car trop attendus, le croquemitaine et son clebs en (mauvaises) images de synthèse ne possèdent aucune aura et les quelques scènes « choc » semblent tirées d’un ersatz de Destination Finale. Déception donc.

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de The Bye Bye Man, disponible chez Metropolitan Vidéo, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobrement animé et musical.

Aucun supplément en dehors d’un lot de bandes-annonces et du montage non censuré (3 minutes en plus) uniquement disponible sur l’édition Blu-ray.

L’Image et le son

The Bye Bye Man, DTV dans nos contrées, est proposé en HD dans un format 1080p. Si l’on est d’abord séduit par le rendu de la colorimétrie et de la luminosité durant le prologue, force est de constater que la définition chancelle à plusieurs reprises, avec un piqué trop doux à notre goût et un manque de détails, notamment au niveau des visages des comédiens. Le codec tente de consolider certains plans avec difficulté, surtout sur les nombreuses séquences sombres. De plus, la profondeur de champ est décevante, quelques légers fourmillements s’invitent à la partie, la gestion des contrastes étant au final aléatoire. Toutefois, certains plans sortent aisément du lot avec un relief indéniable.

Vous pouvez compter sur les mixages DTS-HD Master Audio 5.1 anglais et français pour vous plonger dans l’ambiance du film, bien que l’action demeure souvent réduite. La bande originale est la mieux lotie. Toutes les enceintes sont exploitées, les voix sont très imposantes sur la centrale et se lient à merveille avec la balance frontale, riche et dense, ainsi que les enceintes latérales qui distillent gentiment les jumpscares. Le caisson de basses se mêle également à la partie. Notons que la version originale l’emporte sur la piste française (au très mauvais doublage), se révèle plus naturelle et homogène, y compris du point de vue de la spatialisation musicale. La version non censurée est uniquement disponible en version anglaise avec les sous-titres français imposés.

Crédits images : © STX Productions, LLC. All rights reserved / Metropolitan FilmExport / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / Ssssnake le cobra, réalisé par Bernard L. Kowalski

SSSSNAKE LE COBRA (Sssssss) réalisé par Bernard L. Kowalski, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Strother Martin, Dirk Benedict, Heather Menzies-Urich, Richard B. Shull, Tim O’Connor, Jack Ging, Kathleen King, Reb Brown

Scénario : Hal Dresner d’après une idée originale de Daniel C. Striepeke

Photographie : Gerald Perry Finnerman

Musique : Patrick Williams

Durée : 1h39

Date de sortie initiale : 1973

LE FILM

David, un jeune étudiant, est engagé comme assistant de laboratoire par le docteur Stoner, un herpétologiste spécialisé dans les serpents. Il ne tarde pas à tomber amoureux de la fille du docteur, tandis que ce dernier décide d’utiliser sur lui un sérum secret, destiné à créer un hybride homme-serpent.

Connu en France sous le titre SSSSnake le cobra ou tout simplement SSSSnake, Sssssss (titre original) est réalisé par Bernard L. Kowalski (1929-2007) en 1973. Oeuvrant habituellement pour la télévision sur des séries aussi diverses que variées que M Squad, Perry Mason, Les Incorruptibles, Rawhide, le metteur en scène signe avec ce petit film d’horreur une de ses rares incursions au cinéma. Après Night of the Blood Beast (1958) et Attack of the Giant Leeches (1959) – ou L’Attaque des sangsues géantes – qui lui avaient déjà donné l’occasion de toucher à l’horreur, Bernard L. Kowalski livre une formidable série B qui risque de donner quelques sueurs froides à ophiophobes, aux spectateurs qui ont peur des serpents.

Le docteur Stoner, herpétologiste réputé, conduit des recherches dont l’audace amène ses confrères et commanditaires à s’éloigner de lui. C’est ainsi qu’il a mis au point un sérum, dérivé de venin de cobra, qui peut transformer un homme en serpent. Tout cela dans le but de créer l’espèce parfaite et ultime. Mais sa première victime, Tim, n’est pas devenu tout-à-fait un serpent, et on le montre désormais comme attraction dans les foires. Après avoir refusé d’appuyer ses demandes de subventions, le docteur Daniels, qui ne se doute pas des véritables recherches de Stoner, lui recommande de prendre comme nouvel assistant un de ses étudiants, David Blake. Dans son laboratoire rempli de serpents, Stoner débute sa nouvelle expérience en lui injectant un sérum de son invention, supposé l’immuniser contre le venin. David commence alors à changer.

Produit par la jeune société Zanuck / Brown Productions (qui se préparait à financer un petit film intitulé Les Dents de la mer) pour Universal avec un budget d’un million de dollars, SSSSnake adopte un rythme lent, mais maîtrisé et repose sur un excellent casting, véritablement investi puisque plus de 150 véritables serpents – certains encore venimeux – ont été utilisés et manipulés par les comédiens pour les besoins du film. Bernard L. Kowalski fait preuve de rigueur dans sa mise en scène et sa direction d’acteurs, tout en distillant une tension maintenue pendant plus d’1h30. Le scénario d’Hal Dresner (Luke la main froide et Folies d’avril de Stuart Rosenberg, The Extraordinary Seaman de John Frankenheimer) joue avec les codes du genre en vigueur à l’époque et parvient à rendre réaliste une histoire extraordinaire.

Connu comme étant l’un des éternels seconds couteaux, le comédien Strother Martin, vu chez John Huston, Robert Aldrich, Delmer Daves, John Ford, Sam Peckinpah et George Roy Hill, accède ici au premier rôle. Peu habitué à cet événement, il porte néanmoins le film en créant un décalage intéressant et en rendant son personnage de savant fou inquiétant, qui tombe de plus en plus dans la démence au fil du récit. A ses côtés, les nostalgiques de la série L’Agence tous risques reconnaîtront Dirk Benedict qui interprétait Futé pendant les six saisons. Dans SSSSnake, c’est lui qui incarne le cobaye malgré-lui et qui va voir son corps se transformer, jusqu’à devenir un véritable cobra aux yeux bleus de plus de deux mètres.

Entre Frankenstein et L’Ile du Docteur Moreau, avec une petite touche de Freaks, la monstrueuse parade, SSSSnake s’avère une excellente surprise, récompensée par le Saturn Award du meilleur film de science-fiction en 1975 et sélectionnée en compétition au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1974. Il n’est pas anodin de penser que SSSSnake ait ensuite largement influencé la série éphémère mais culte Manimal (1983), dans laquelle Simon MacCorkindale possédait la faculté de se transformer en panthère noire, en faucon et même en serpent. Si la mutation est définitive dans SSSSnake, celles dans Manimal font sérieusement penser à la séquence finale du film de Bernard L. Kowalski, par ailleurs la seule à utiliser les effets spéciaux. Le maquillage de Dirk Benedict est par ailleurs très réussi.

Au final, malgré une conclusion quelque peu décevante car trop expédiée, SSSSnake demeure une excellente récréation, relativement ambitieuse et continue de faire le bonheur des adeptes d’histoires horrifiques bien troussées.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de SSSSnake, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique classe de couleur noire. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des cinéphiles passionnés de fantastique, et des autres, puisqu’elle reprend l’un des visuels originaux. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

Dans sa présentation du film (13’30), Marc Toullec rapproche judicieusement SSSSnake de Willard de Daniel Mann, réalisé deux ans plus tôt, et revient sur la genèse du long métrage de Bernard L. Kowalski. Notre spécialiste en films fantastiques évoque ensuite le casting, le producteur Richard D. Zanuck, les effets spéciaux, les maquillages, l’utilisation de véritables serpents sur le plateau, les thèmes et les conditions de tournage. Une introduction simple, concise, bourrée d’anecdotes, enjouée et très sympathique.

L’Image et le son

Fort d’un master au format respecté 1.85 et d’une compression AVC qui consolide l’ensemble avec brio, ce Blu-ray au format 1080p permet de (re)découvrir SSSSnake dans de très bonnes conditions techniques. Malgré de légères scories, la restauration est souvent impressionnante, les contrastes bien équilibrés, la copie est propre, stable et lumineuse. Les détails étonnent souvent par leur précision, notamment sur les gros plans, détaillés à souhait (la sueur qui brille sur le front de Dirk Benedict au fil du traitement), les couleurs retrouvent un éclat inespéré à l’instar des credits verts. En revanche, certains risquent de tiquer devant le lissage parfois excessif du grain argentique original, du manque de relief et du piqué trop doux à notre goût.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage Dolby Digital 2.0 Mono. Pas de HD ici donc. Cependant, le confort acoustique est malgré tout assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, précis, même si l’ensemble manque de vivacité sur la piste française. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. Les sous-titres français ne sont pas imposés sur la version originale.

Crédits images : © Movinside / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test DVD / Doomwatch, réalisé par Peter Sasdy

DOOMWATCH réalisé par Peter Sasdy, disponible en DVD le 9 mai 2017 chez Movinside

Acteurs : Ian Bannen, Judy Geeson, John Paul, Simon Oates, Jean Trend, Joby Blanshard, George Sanders

Scénario : Clive Exton d’après la série « Doomwatch »

Photographie : Kenneth Talbot

Musique : John Scott

Durée : 1h32

Date de sortie initiale : 1972

LE FILM

Doomwatch, un laboratoire scientifique anglais repère des anomalies biologiques sur la côte ouest du pays. le laboratoire décide alors d’envoyer Del Shaw sur l’île de Balfe, afin que celui-ci enquête. Le scientifique récolte des algues qu’il envoie à Doomwatch. Après les avoir analysées le laboratoire conclue qu’il s’agit d’une contamination chimique. Mais bientôt Del découvre le corps d’un enfant mort enterré dans la forêt.

D’origine hongroise, Peter Sasdy (né en 1935) est un des réalisateurs emblématiques de la célèbre Hammer Film Productions. On lui doit notamment Une messe pour Dracula (1970), Comtesse Dracula (1971), trois épisodes cultes de la série La Maison de tous les cauchemars (1980) et La Fille de Jack l’Eventreur (1971). Spécialisé dans le film d’horreur, il signe Doomwatch en 1972, qui s’inspire de la série télévisée éponyme de la BBC, 38 épisodes tournés entre 1970 et 1972. Dans cette adaptation cinématographique, trois des comédiens de la série font une apparition, John Paul, Simon Oates et Joby Blanshard. Les médecins interprétés par les deux premiers et la spécialiste en informatique incarnée par la troisième laissent la place à un acteur plus chevronné, l’écossais Ian Bannen, vu dans La colline des hommes perdus et The Offence de Sidney Lumet, Le Vol du Phénix et Trop tard pour les héros de Robert Aldrich. Doomwatch s’inscrit dans le genre science-fiction et d’horreur, mais « réaliste ».

Ian Bannen est le docteur Del Shaw est chargé par l’organisation Doomwatch d’analyser les effets d’une marée noire survenue un an auparavant sur la côte de la petite île de Balfe dans les Cornouailles. Alors qu’il commence ses relevés océanographes, il y découvre une population isolée et hostile, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de ce nouveau venu et semble dissimuler un secret. Étonné par leurs comportements, puis par une macabre révélation, Shaw commence à enquêter sur les autochtones, assisté par la jeune institutrice du village, Victoria Brown (Juddy Geeson). Il semble que les villageois soient frappés les uns après les autres d’une maladie mystérieuse, qui déforme leur apparence physique, tout en les rendant extrêmement agressifs. Shaw réalise que les déchets chimiques rejetés dans la mer par un laboratoire travaillant sur de dangereuses expériences, seraient à l’origine de cette étrange malédiction. Mais il se heurte à l’obstination de la population, qui refuse de quitter ses terres, et à l’hypocrisie du laboratoire en question.

Doomwatch démontre l’habileté du réalisateur à rendre inquiétant l’ordinaire, grâce à son sens du cadre et en créant une atmosphère trouble avec des décors en apparence banale. Peter Sasdy bénéficie du travail du chef opérateur Kenneth Talbot, un de ses fidèles collaborateurs, également connu pour avoir éclairé Charley-le-borgne et Solo pour une blonde. Le spectateur plonge dans le brouillard aux côtés du Dr Del Shaw, dans une enquête anxiogène durant laquelle les menaces se multiplient autour du personnage principal. Si Peter Sasdy repousse la révélation jusqu’au dernier acte, le suspense est maintenu, les protagonistes inquiétants et les rebondissements bien menés. Seul faux pas de ce scénario, rendre finalement peu inquiétant, pour ne pas dire inoffensif, le fait que l’armée déverse dans la mer des dizaines de fûts de produits chimiques, puisque les autres, ceux contenant les fameuses hormones de croissance sont les seuls responsables de la mutation de la faune et des habitants !

Doomwatch s’ouvre comme un film de la Hammer, le corps d’une petite fille est transporté dans les bois pour y être enterré en cachette, et se clôt comme une enquête d’Hercule Poirot, pour laquelle Agatha Christie aurait conviée Stephen King à sa table. Autant dire que cette petite série B britannique originale vaut bien d’être découverte en France où elle n’a jamais connu d’exploitation.

LE DVD

Le DVD de Doomwatch, disponible chez Movinside, repose dans un boîtier classique de couleur noire, glissé dans un surétui cartonné. La jaquette est très élégante et attractive. Cette collection « Trésors du fantastique », est dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy. Le menu principal est quant à lui animé et musical.

Si vous êtes fidèles au rendez-vous, vous savez que chaque titre de cette collection est présenté par l’excellent Marc Toullec. C’est évidemment encore le cas pour Doomwatch (13’). Durant cette intervention dynamique et riche en anecdotes de production, Marc Toullec évoque la série originale, inédite en France et passe en revue le casting, les thèmes du film et le célèbre producteur Tony Tenser, jusqu’alors spécialisé dans le cinéma coquin, qui avait décidé d’ajouter une corde à son arc au milieu des années 1960 en finançant des films d’horreur à petit budget. Parmi ceux-ci, Repulsion réalisé par un certain Roman Polanski…

L’Image et le son

Nous ne sommes pas déçus ! C’est avec un plaisir immense que nous découvrons ce film de Peter Sasby dans de pareilles conditions ! D’emblée, la colorimétrie s’impose, le relief est très appréciable et le piqué est souvent tranchant. Le chef-opérateur Kenneth Talbot voit sa photo ouatée merveilleusement restituée et offre un lot de détails conséquents. Si la profondeur de champ n’est guère exploitée, certains gros plans étonnent par leur précision, la clarté est de mise, les contrastes probants, la copie stable, le grain bien géré et les noirs denses. N’oublions pas non plus la vertueuse restauration et la propreté de la copie, débarrassée de toutes les scories possibles et imaginables.

Comme Doomwatch n’a pas connu de sortie dans les salles françaises, le film est uniquement disponible en version originale aux sous-titres français non imposés. Le mixage anglais Dolby Digital 2.0 Mono instaure un confort acoustique total. Les dialogues sont ici délivrés avec ardeur et clarté, la propreté est de mise, les effets riches, sans aucun souffle.

Crédits images : © Tigon British Film Productions. All Rights Reserved / Movinside / Captures DVD : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Phantasm, réalisé par Don Coscarelli

PHANTASM réalisé par Don Coscarelli, disponible en DVD et combo DVD/Blu-ray le 6 juin 2017 chez ESC Editions & Sidonis Calysta

Acteurs : A. Michael Baldwin, Reggie Bannister, Angus Scrimm, Bill Thornbury, Kathy Lester, Terrie Kalbus, Kenneth V. Jones, Susan Harper, Lynn Eastman-Rossi

Scénario : Don Coscarelli

Photographie : Don Coscarelli

Musique : Fred Myrow, Malcolm Seagrave

Durée : 1h29

LE FILM

Le jeune Mike, treize ans, assiste en cachette à l’enterrement d’un ami. Après la cérémonie, il voit un colosse s’emparer du cercueil, qu’il soulève comme une plume. Le soir venu, Mike s’introduit dans le grand bâtiment au centre du cimetière et y découvre des activités déconcertantes. Il fait part de ses soupçons à son grand frère Jody, qui retourne avec lui au mausolée. Les deux frères acquièrent la conviction que des forces inconnues s’emparent des défunts dans un but innommable.

Phantasm est l’oeuvre de toute une vie, celle du scénariste et réalisateur américain Don Coscarelli. Né en 1954 à Tripoli, le cinéaste signe d’abord deux longs métrages en 1976, Jim the World’s Greatest, sur lequel il rencontre le comédien Angus Scrimm, puis Kenny & Company. Passionné par le cinéma d’horreur, Don Coscarelli se lance dans l’écriture d’un film de genre en s’isolant au milieu de nulle part, une situation qui lui permet de coucher ses peurs et ses névroses sur le papier. La suite appartient à la légende. Phantasm est un chef d’oeuvre du film fantastique et d’épouvante de la fin des années 1970, un succès qui engendrera quatre suites (1988, 1994, 1998, 2015), dont trois mises en scène par Don Coscarelli lui-même. S’il est également célèbre pour avoir réalisé Bubba Ho-tep en 2002 avec Bruce Campbell dans le rôle d’Elvis qui combat les momies, le cinéaste – qui compte aujourd’hui dix longs métrages à son actif – demeure avant tout le créateur de cette saga mythique.

Egalement producteur, monteur et directeur de la photographie, Don Coscarelli crée un monde foisonnant et virtuose, peuplé de nains dissimulés sous des capuches, un boogeyman gigantesque au teint blafard et à la force herculéenne, un monde parallèle au ciel embrasé, du sang jaune, des doigts coupés qui s’agitent seuls, des mouches géantes, une sphère métallique volante qui se plante dans la tête de la victime et qui la perce à l’aide d’un foret pour y pomper le cerveau. Tout cela pourrait facilement tomber dans l’absurde, mais Don Coscarelli embrasse son sujet avec autant de sérieux que d’humour et parvient à rendre son histoire réaliste et donc emphatique. Plusieurs choses viennent immédiatement en mémoire quand on évoque ce grand classique qu’est Phantasm, mais parmi ce kaléidoscope d’images inoubliables, c’est bel et bien la figure du Tall Man qui vient à l’esprit. Incarné par Lawrence Rory Guy, plus connu sous le nom d’Angus Scrimm (1926-2016), ce croquemitaine ou ce croque-mort plutôt, s’inscrit parmi les personnages les plus emblématiques et énigmatiques du genre aux côtés de Michael Myers, Freddy Krueger, Leatherface et Pinhead. Sa démarche, ses regards, son costume et sa voix (« Booooooy ? ») ont fait de lui une icône de l’épouvante.

Parallèlement à ce boogeyman, Phantasm s’avère un vrai film dramatique qui parle du deuil impossible d’un jeune adolescent pour ses parents et pour son frère aîné. Près de 40 ans après le film nous pouvons nous permettre de dévoiler que le film se révèle être une plongée dans l’imaginaire (quoique…) de Mike. A l’instar du merveilleux film de J.A. Bayona sorti début 2017, Quelques minutes après minuit, Phantasm s’attache à un jeune homme plongé malgré lui dans un monde cauchemardesque pour pouvoir, sans doute, affronter la réalité. Comme dans le Bayona dans lequel un jeune garçon avait recours malgré lui au pouvoir de l’imaginaire pour pouvoir admettre la mort prochaine de sa mère et à préparer son deuil, celui de Phantasm erre dans un cauchemar dans lequel il affronte un croquemitaine aux côtés de son frère aîné Mike. L’épilogue joue alors la carte de la frontière fragile entre le rêve et la réalité, quand les deux mondes rentrent en collision au point de se fondre l’un dans l’autre. La fin reste ouverte et de nombreuses questions en suspens. Si Don Coscarelli n’avait peut-être pas l’intention d’y répondre, du moins immédiatement puisque le second opus ne sera réalisé que dix ans après, on plonge à fond dans cet univers riche et singulier, unique, qui n’a de cesse de surprendre, animé par une passion contagieuse pour le genre, qui enchaîne les scènes anthologiques comme des perles sur un collier en se permettant même quelques soupapes d’humour noir, sans omettre l’émotion.

On ne peut s’empêcher de penser à certaines œuvres de Stephen King, à tel point que si Phantasm avait été une adaptation d’un livre de l’auteur de Carrie, le film se classerait parmi les meilleures transpositions d’une de ses œuvres au cinéma. En s’inscrivant pleinement dans le surréalisme et parfois le macabre diurne (ce qui est assez rare), Phantasm n’est pas sans rappeler Un chien andalou de Luis Buñuel, non seulement en raison de son atmosphère onirique, mais également par son montage de scènes étranges qui fait penser à un puzzle pour lequel chacune des pièces serait caractérisée par un mauvais rêve. Un jeu éclaté et pourtant conduit de main de maître du début à la fin, tandis que l’envoûtante musique de Fred Myrow et Malcolm Seagrave berce les spectateurs comme une comptine entêtante.

A sa sortie, Phantasm est un succès critique et commercial. Le film rapporte près de 12 millions de dollars au box-office nord-américain et attire plus de 500.000 spectateurs en France où il obtient également le prix spécial du jury au Festival international du film fantastique d’Avoriaz. Le budget de 300.000 dollars est donc largement rentabilisé. Toutefois, Don Coscarelli ne reviendra à Phantasm qu’en 1988, réalisant entre-temps un film d’heroic fantasy, Dar l’invincibleThe Beastmaster.

LE BLU-RAY

C’est un grand jour pour les cinéphiles ! ESC Editions et Sidonis Calysta s’associent pour nous offrir le tant attendu Phantasm en Haute-Définition ! Le film est disponible en DVD, mais aussi en combo Blu-ray/DVD (édition limitée), disposés dans un boîtier métal avec effet arrondi en 3D. Le menu principal est élégant, animé sur des images du film et son célèbre thème principal.

Le premier supplément disponible sur cette édition est une interview croisée (21’) de Guy Astic (Directeur des éditions Rouge Profond, corédacteur en chef de la revue de cinéma Simulacres, parue de novembre 1999 à mai 2003) et de Julien Maury (scénariste et réalisateur, A l’intérieur). Cette présentation souvent passionnante de Phantasm vaut essentiellement pour l’intervention de Guy Astic, qui convoque à la fois le fond et la forme du film de Don Coscarelli, tandis que Julien Maury, qui introduit et clôt ce module, partage surtout ses souvenirs liés à la découverte de ce grand classique quand il était adolescent. Guy Astic revient sur les débuts de Don Coscarelli, sur les partis pris, les intentions du réalisateur, sa façon d’aborder le fantastique, les thèmes (Astic rapproche également Phantasm de Quelques minutes après minuit de J.A. Bayona), la figure du Tall Man, les effets visuels, la séquence de la sphère métallique. Si les propos de Julien Maury s’avèrent donc plutôt anecdotiques bien que passionnés, ceux de Guy Astic méritent l’attention des cinéphiles et des passionnés du genre.

Le supplément suivant est un document d’archives, avec son image vidéo typique de l’époque. Invités sur le plateau d’une émission réalisée pour une chaîne de télévision en Floride, le réalisateur, scénariste, monteur et producteur Don Coscarelli et le comédien Angus Scrimm répondent aux questions de l’animateur George Capwell (28’). Alors que Phantasm vient tout juste de sortir dans les salles, les deux intervenants réalisent la promotion du film. Le réalisateur aborde la genèse du projet, les conditions de production et de tournage (Coscarelli a été obligé d’emprunter de l’argent à son père), son amour pour les films d’horreur, comment le film a ensuite été acheté, les origines du titre. De son côté, en mode Tall Man, Angus Scrimm raconte l’histoire à sa manière, ses débuts au théâtre et au cinéma, mais aussi comment il a créé son personnage grâce à son costume (plus large que sa morphologie), des chaussures compensées, le maquillage et sa voix.

Angus Scrimm est de retour dans le bonus suivant dans lequel le comédien intervient à la convention Fangoria en 1989, un an après la sortie de Phantasm 2 (10’). A la manière de Gollum qui discute avec Sméagol, Angus Scrimm laisse parfois le Tall Man prendre le dessus, quand il ne dialogue tout simplement pas avec lui-même, pour le plus grand plaisir des spectateurs hilares. Entre deux délires très réussis, Angus Scrimm s’exprime sur ce rôle, celui de sa vie et s’amuse du peu de dialogues qu’il possède dans les deux films. Par ailleurs, il reprend chaque réplique déclamée sur le ton de son personnage, cinq pour Phantasm et dix pour sa suite. Booooooooy ????!!!!

L’interactivité se clôt sur la bande-annonce originale et une galerie de photos.

Dommage de ne pas retrouver les commentaires audio du réalisateur accompagné de ses acteurs d’un côté et des producteurs de l’autre, les scènes coupées et le module sur les effets spéciaux pourtant présents sur l’édition américaine. Mais ce serait faire la fine bouche, car notre édition est vraiment formidable.

Egalement au programme mais non reçu pour ce test, vous trouverez un livret de Marc Toullec intitulé « Au coeur du Phantasm », réalisé à l’occasion de cette édition.

L’Image et le son

ESC Editions / Sidonis Calysta nous livre la tant attendue nouvelle copie tirée d’un master restauré en 4K par Bad Robot, la société de production de J.J. Abrams. Alors, si les puristes risquent de tiquer devant le lissage parfois excessif du grain original, force est de constater que Phantasm renaît bel et bien de ses cendres ! Totalement invisible en France depuis une vingtaine d’années, le film de Don Coscarelli bénéficie enfin d’une édition digne de ce nom. La propreté du master est ébouriffante. Toutes les scories, poussières, griffures ont été purement et simplement éradiquées grâce au scalpel numérique. Ce Blu-ray au format 1080p (AVC) s’avère tout autant saisissant dans son rendu des scènes diurnes que pour les séquences sombres, l’image est souvent éclatante avec un piqué inédit, une profondeur de champ impressionnante et un relief des textures que nous n’attendions pas. Les couleurs retrouvent une deuxième jeunesse, à tel point que l’on pourrait même distinguer le maquillage outrancier du Tall Man. Hormis le manque de patine argentique sur certains plans qui pourrait parfois donner un côté artificiel à l’entreprise (même si on a déjà vu bien pire dans le genre), l’élévation HD pour Phantasm est indispensable et le lifting de premier ordre.

La version originale bénéficie d’un remixage DTS-HD Master Audio 5.1. Au premier abord on pouvait craindre le pire. Il n’en est rien, bien au contraire. Cette option acoustique séduisante permet à la composition enivrante de Fred Myrow et Malcolm Seagrave d’environner le spectateur pour mieux le plonger dans l’atmosphère du film. Les effets latéraux ajoutés ne tombent jamais dans la gratuité ni dans l’artificialité. De plus, les dialogues ne sont jamais noyés et demeurent solides, la balance frontale assurant de son côté le spectacle acoustique, riche et dynamique. Les fans de la version française devront se contenter d’une piste mono DTS-HD Master Audio. Cette version se révèle assez percutante et propre, mais certains dialogues s’avèrent sensiblement grinçants. Les sous-titres ne sont pas imposés sur la version originale. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © ESC Editions / Sidonis Calysta / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Monster Cars, réalisé par Chris Wedge

MONSTER CARS (Monster Trucks) réalisé par Chris Wedge, disponible en DVD et Blu-ray le 2 mai 2017 chez Paramount Pictures

Acteurs : Lucas Till, Jane Levy, Thomas Lennon, Barry Pepper, Rob Lowe, Danny Glover, Amy Ryan, Holt McCallany

Scénario : Derek Connolly, d’après une histoire originale de Matthew Robinson, Jonathan Aibel, Glenn Berger

Photographie : Don Burgess

Musique : David Sardy

Durée : 1h45

Date de sortie initiale : 2016

LE FILM

Monster Cars nous embarque pour vivre l’incroyable aventure d’un garçon ordinaire, Tripp, se liant d’amitié avec un adorable monstre, Creech.
Pour échapper à la vie trop tranquille de sa ville natale, Tripp, un lycéen passionné de voiture, construit une « Monster Car », 4X4 surpuissant et surdimensionné, dans le but de partir un jour à l’aventure ! À la suite d’un accident près d’un site de forage pétrolier, il fait la rencontre de Creech, une créature souterraine étrange qui a un goût certain pour le pétrole et un talent pour la vitesse. Pour protéger Creech de l’entreprise de forage qui tente de dissimuler l’incident au grand public, Tripp cache le monstre sous le capot de sa Monster Car, la transformant ainsi en un bolide super-puissant ! Aidés par la jolie Meredith, Ils vivront une expérience inoubliable pour que Creech puisse retrouver sa famille et son habitat naturel.

C’est l’une des plus grandes catastrophes industrielles de ces dernières années. Monster Trucks aka Monster Cars dans nos contrées n’était même pas encore sorti dans les salles, que la Paramount annonçait déjà que le studio serait déficitaire de plus 115 millions de dollars ! Pour son premier film mis en scène en live action, le réalisateur Chris Wedge, Oscar du meilleur court-métrage d’animation en 1999 pour Bunny, puis responsable de l’horrible franchise L’Age de glace, n’a pas été gâté. Tourné en 2014, Monster Cars n’a eu de cesse de voir sa sortie initiale – alors prévue au mois d’août 2015 – reportée finalement jusqu’à Noël 2016, la Paramount ne sachant pas comment vendre ce projet qui lorgne sur les films familiaux des années 1980-90, alors que le studio espérait également vendre des millions de jouets et autres produits dérivés. Le budget estimé à plus de 120 millions de dollars a littéralement été englouti dans la titanesque postproduction. Pourtant, rien ne distingue ce film à effets spéciaux des autres, d’autant plus que Monster Cars s’avère un film bien sage, pour ne pas dire avare sur les scènes d’action et que ses monstres tout moches manquent singulièrement d’âme.

Nous n’arrivons pas à comprendre comment des millions de dollars ont pu être dépensés pour un film de cet acabit, visiblement sorti de l’imagination d’un gamin de quatre ans. Ceci est véridique. A l’instar de Robert Rodriguez et ses Aventures de Shark Boy et Lava Girl en 2005, il semblerait que le fils d’Adam Goodman, l’ancien boss de la Paramount Pictures, ait eu cette idée innocente de mettre des monstres à tentacules dans la carcasse d’une voiture, remplaçant ainsi le moteur. Les membres de la créature étant dotée de roulements à billes (!), la voiture, en l’occurrence un 4X4, bénéficie alors de la force du grand poulpe aux dents acérées pour être lancée à fond sur l’asphalte et sur les chemins les plus impraticables. « Et pourquoi pas lui faire franchir des murs papa ? » « Oh ouais, c’est une super idée ça fiston ! Aller hop, je suis le patron, je lance le film et j’engage quatre scénaristes (dont Derek Connolly, le responsable du calamiteux Kong: Skull Island) pour écrire ce qu’il faut d’histoire et la saga Transformers n’a qu’à bien se tenir ! Ah, mais c’est vrai que Transformers c’est moi aussi ! Pas grave, ça nous fera deux franchises lucratives ». C’est peu dire que l’engouement est vite retombé.

Si on a déjà vu bien pire dans le genre divertissement niais, Monster Cars ne s’adresse en réalité à personne. Les enfants peuvent s’amuser un temps devant cette bestiole pathétique, mais comme elle disparaît la plupart du temps sous la carrosserie, leur patience sera mise très vite à rude épreuve. Quant aux spectateurs plus âgés…S’il y a indéniablement un parfum rétro qui peut parfois titiller la fibre nostalgique, le récit demeure tellement poussif et sans enjeux, sans parler de l’interprétation tout en dents UltraBrite du jeune comédien Lucas Till (vu dans les affreux derniers X-Men et dans le rôle principal du reboot de la série MacGyver), sorte de version live du prince Très Très Charmant de Shrek 2, ou d’une jeune pousse d’endive avec des cheveux devant les yeux, que cela irrite d’entrée de jeu. Sa partenaire Jane Levy, déjà appréciée dans Evil Dead (version 2013) et Don’t Breathe : La Maison des ténèbres, réalisés par Fede Alvarez, illumine un petit peu ce film extrêmement paresseux. Amy Ryan, Danny Glover, Barry Pepper et Rob Lowe viennent payer leurs impôts en espérant peut-être intégrer une prochaine saga lucrative.

Il n’y a aucun potentiel dans Monster Cars, film qui se mord la queue, ou le tentacule plutôt, dont le message écolo extrêmement maladroit, pour ne pas dire irresponsable, s’est retourné contre le film qui utilise des monstres, des animaux donc, pour pouvoir faire fonctionner des 4X4. Moteur faussement hybride donc puisque le monstre en question raffole du pétrole qu’il engloutit avec gourmandise, afin de se donner plus de force pour propulser l’énorme véhicule – ici sublimé, autre paradoxe – à tout berzingue. C’était une fausse bonne idée. Cela peut arriver. Sauf qu’il s’agit d’une centaine de millions de dollars ici. Monster Cars reste et restera un film malade, étrange, singulier, ennuyeux, qui se voit comme une curiosité ou à titre d’expérience.

LE BLU-RAY

Monster Cars déboule en Blu-ray chez Paramount Pictures. Le menu principal est fixe et musical. La jaquette, glissée dans un boîtier classique de couleur bleue, reprend l’un des visuels français. Une petite plaquette comprenant des autocollants est également insérée dans le boîtier. Conservez-les ! Ça peut devenir collector ! Pourquoi riez-vous ?

Afin de lui donner une seconde chance, la Paramount Pictures accompagne Monster Cars de suppléments sympathiques, environ 45 minutes au total.

Les trois premiers modules (Qui conduit les Monster Trucks ? – 7’, Le Monstre dans le 4X4 – 5’, Création du Monster Truck – 6’30) convient les comédiens, le réalisateur, les responsables des effets visuels, les animateurs, le scénariste et les producteurs pour promouvoir le film avec une bonne humeur innocente, sans penser à la galère monstre (c’est le cas de le dire) dans laquelle allait être précipité le film. Si rien n’est dit quant à la genèse du projet, on s’amusera de l’intervention de Danny Glover (« Ça va être palpitant ! »), les yeux éteints, qui semble crier intérieurement « Je suis une célébrité, sortez-moi de là ! ». Seuls les plus jeunes comédiens semblent y croire à fond, tandis que l’on nous présente l’histoire, les cascades et la création des images de synthèse. Des images du tournage et du plateau illustrent cet ensemble.

S’ensuit un journal de la production (10’) composé d’une dizaine de featurettes d’une minute. Celles-ci reprennent de nombreuses images issues des suppléments précédents avec les mêmes intervenants. Mais comme cela va très vite, ça peut passer.

En plus d’un bêtisier amusant (5’), l’éditeur joint enfin quelques scènes coupées (9’), qui prolongent essentiellement les cours de soutien en biologie de Meredith à Tripp (avec quelques sous-entendus à caractère sexuel, ce qui expliquerait l’éviction de cette séquence) et les diverses poursuites avec une mention spéciale pour le changement de roue réalisé à fond la caisse.

L’Image et le son

Si vous en avez la possibilité, découvrez Monster Cars en Haute définition. Les effets numériques sont magnifiquement incrustés dans les véritables paysages, le piqué est ciselé (surtout sur les scènes diurnes), les couleurs impressionnantes. Seules quelques séquences plus agitées apparaissent parfois moins nettes et occasionnent quelques pertes de la définition. Il n’empêche que les contrastes sont léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures, notamment des carrosseries des engins, est subjuguant. Une nouvelle réussite technique pour Paramount Pictures.

Le mixage français Dolby Digital 5.1 laisse pantois par sa pauvreté acoustique. Aucune dynamique, soutien classique des latérales, basses légères. Elle n’arrive évidemment pas à la cheville de l’explosive piste anglaise Dolby Atmos – ou Dolby TrueHD 7.1 pour les non équipés – avec ses dialogues remarquablement placés sur la centrale, les frontales saisissantes, les effets et ambiances riches et explosives (surtout lors de la poursuite finale), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson, mis à rude épreuve, qui n’en finit pas de marteler les séquences les plus mouvementées ou même quand les véhiculent ne font que rouler tranquillement. Un grand spectacle acoustique.

Crédits images : © Paramount Pictures. All Rights Reserved. / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

Test Blu-ray / A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, réalisé par J.A. Bayona

QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT (A Monster Calls) réalisé par J.A. Bayona, disponible en DVD et Blu-ray le 9 mai 2017 chez Metropolitan Vidéo

Acteurs : Lewis MacDougall, Sigourney Weaver, Felicity Jones, Toby Kebbell, Ben Moor, James Melville

Scénario : Patrick Ness, d’après son roman « Quelques minutes après minuit » (A Monster Calls)

Photographie : Oscar Faura

Musique : Fernando Velázquez

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 2017

LE FILM

Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

Juan Antonio García Bayona est un génie et le mot n’est pas galvaudé. Ces dix dernières années, moult réalisateurs ont été qualifiés de « nouveau Spielberg », notamment Jeff Nichols, mais s’il y a bien un cinéaste, qui allie à la fois le coeur, l’âme et la virtuosité comme l’auteur d’E.T. l’extra-terrestre, c’est bel et bien le cinéaste et scénariste espagnol né en 1975 à Barcelone. Lauréat du Goya du meilleur nouveau réalisateur en 2008 pour son premier film, le chef d’oeuvre L’OrphelinatL’Orfanato, J.A. Bayona a ensuite confirmé avec son second long métrage The Impossible, pour lequel il bénéficiait des stars Naomi Watts et Ewan McGregor comme têtes d’affiche. Avec A Monster Calls – Quelques minutes après minuit, le réalisateur clôt une trilogie sur le rapport mère-fils avec des personnages pris dans une situation anxiogène et sur lesquels plane l’ombre de la mort.

Conor, 13 ans, souffre beaucoup de voir sa mère affaiblie par le cancer. Alors que celle-ci vient de commencer un nouveau traitement, l’adolescent redoute la nuit et ses cauchemars. Harcelé à l’école, délaissé par un père absent et habitant aux Etats-Unis, il subit également l’autorité de sa grand-mère. A minuit sept, un monstre, qui a l’apparence d’un if gigantesque, vient le voir. Grâce au monstre, Conor gagne en maturité, apprend le courage, à dépasser son chagrin et à affronter la cruelle vérité. A l’origine, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit est un roman inachevé de l’auteure britannique Siobhan Dowd, décédée des suites d’un cancer en 2007. L’écrivain anglo-américain Patrick Ness, spécialisé dans la littérature pour enfants, s’est vu proposer de reprendre cette histoire. C’est d’ailleurs ce dernier qui adapte le récit pour le cinéma. Porté par un casting exceptionnel, de Sigourney Weaver (la classe absolue) en passant par Felicity Jones (sublime), Toby Kebbell, Liam Neeson, qui prête non seulement sa voix au monstre, mais également sa prestation physique grâce à la motion-capture, sans oublier la performance de la grande révélation du film, le jeune Lewis MacDougall, vu dans Pan de Joe Wright dans lequel il interprétait le personnage de Nibs, le troisième film de J.A. Bayona subjugue par sa beauté plastique et foudroie par son ouragan d’émotions.

Comment rester de marbre devant cette histoire universelle magnifiquement interprétée, réalisée, écrite, photographiée et narrée ? Le deuil est personnel, unique, propre à chaque individu. De quelle façon aborder ce sujet à travers les yeux d’un enfant qui n’est pas encore entré dans le monde adulte ? Grâce à la force et au pouvoir de l’imagination, du conte, de l’animation, du dessin, de la création. A Monster Calls – Quelques minutes après minuit use du fantastique pour faire avancer Conor lancé malgré lui dans son premier parcours initiatique. Refusant de voir la vérité en face, il préfère convoquer indirectement un monstre-arbre grâce à la pointe de son fusain. Débarquant un soir de la colline voisine sur laquelle il surplombe le cimetière d’une petite ville, cet if géant entreprend de lui raconter trois contes (superbe animation) afin de l’aider à affronter la réalité, la vérité, sa propre vérité : accepter de laisser partir sa mère, tout en disant adieu au monde innocent de l’enfance.

Avec ce drame intimiste sur la transmission, J.A. Bayona touche au sublime. Pudique et extrêmement délicat, complexe et psychologique, passionnant, envoûtant et déchirant, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit fait oublier la semi-déception du Bon Gros Géant de Steven Spielberg en 2016 avec lequel il partage beaucoup d’éléments – décidément les deux metteurs en scène sont liés – et s’inscrit directement parmi les plus grandes réussites de ces quinze dernières années. Le final, bouleversant, vous fera pleurer toutes les larmes de votre corps et s’inscrira définitivement dans vos mémoires. Reste à espérer que le talent de J.A. Bayona ne soit pas trop parasité par Hollywood, puisque le cinéaste espagnol prépare actuellement Jurassic World 2 !

LE BLU-RAY

Le test du Blu-ray de Quelques minutes après minuit, disponible chez Metropolitan Vidéo et rebaptisé A Monster Calls – Quelques minutes après minuit pour sa sortie dans les bacs, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est sobrement animé et musical.

La section des suppléments s’ouvre sur un formidable commentaire audio du réalisateur J.A. Bayona, disponible en espagnol sous-titré en français. Pendant près de deux heures, le cinéaste aborde à la fois le fond et la forme de son œuvre, sans aucun temps mort. Malin, J.A. Bayona donne de nombreuses indications pour aider les spectateurs à mieux comprendre son film, tout en dissimulant quelques éléments afin de laisser leur imagination faire le reste. Le casting, le livre original et son adaptation par Patrick Ness lui-même, la mise en scène, les thèmes, les partis pris, le travail de Liam Neeson en motion-capture, les effets visuels, l’animation, la psychologie des personnages, la photo, la musique, tout y est posément analysé. Un commentaire indispensable.

Dommage que l’éditeur n’ait pas sous-titré le commentaire du scénariste et écrivain Patrick Ness ! Réservé uniquement aux plus anglophiles.

S’ensuivent diverses séquences coupées (6’), très réussies, mais qui s’avèrent sans doute redondantes ou inutiles au récit. C’est le cas de la scène de Connor et de son père qui partent de la fête foraine sous un ciel gris, ou bien celle de la grand-mère encore sous le choc après avoir découvert sa maison saccagée par Connor, et qui ne lui adresse plus la parole en l’emmenant à l’école. La plus belle scène laissée sur le banc de montage demeure celle de Connor avec sa mère, qui préparent le petit-déjeuner, avant que celle-ci lui indique sa grand-mère viendra habiter chez eux quelques jours.

L’éditeur joint également un making of traditionnel – en fait plusieurs featurettes mises bout à bout – composé de nombreuses images du tournage et d’interviews de toute l’équipe (20’). Nous en avions déjà appris beaucoup en écoutant le commentaire audio de J.A. Bayona et ce documentaire met ces propos en images.

Dans l’atelier des effets spéciaux et de la capture de mouvements, les animatroniques et les maquettes sont dévoilés, tandis que les comédiens, le scénariste, les producteurs et le cinéaste présentent le film et ses enjeux.

Avant de terminer par des liens internet et un lot de bandes-annonces, n’oubliez pas de visionner le module intitulé Le Dessous des contes (8’), un remarquable montage qui dissèque les différentes phases de l’animation créée par les studios GlassWorks, afin d’illustrer les contes narrés à Conor par le Monstre.

L’Image et le son

Tourné grâce aux caméras numériques Arri Alexa XT, A Monster Calls – Quelques minutes après minuit doit se voir ou se revoir en Haute définition. Les effets numériques sont ahurissants de beauté, le piqué est affûté comme la lame d’un scalpel, les couleurs impressionnantes, les contrastes léchés, les noirs denses et la profondeur de champ omniprésente. Les détails sont légion à l’avant comme à l’arrière-plan, de jour comme de nuit, le relief ne cesse d’étonner et le rendu des textures est subjuguant. Le nec plus ultra pour apprécier toute la richesse de la photographie du chef opérateur surdoué Oscar Faura, à qui l’on doit les images des précédents films de J.A. Bayona. Quant aux séquences réalisées en animation, elles sont tout simplement stupéfiantes et élèvent cette édition HD au rang de disque de démonstration. Nous l’avons déjà dit, mais nous le répétons, Métropolitan Vidéo demeure sur la première marche des éditeurs français.

Les versions française et anglaise sont proposées en DTS-HD Master Audio 5.1. Dans les deux cas, les dialogues y sont remarquablement exsudés par la centrale (la voix de Liam Neeson en particulier), les frontales sont saisissantes, les effets et ambiances riches (les grincements et craquements des branches de l’arbre), les enceintes arrière instaurent constamment un environnement musical, tout comme le caisson de basses qui se mêle habilement à l’ensemble, notamment quand le géant se déplace. Un grand spectacle acoustique !

Crédits images : © Metropolitan Vidéo / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Soudain…les monstres !, réalisé par Bert I. Gordon

SOUDAIN…LES MONSTRES ! (The Food of the Gods) réalisé par Bert I. Gordon, disponible en DVD et Blu-ray le 28 février 2017 chez Movinside

Acteurs : Marjoe Gortner, Pamela Franklin, Ralph Meeker, Jon Cypher, Ida Lupino, Belinda Balaski

Scénario : Bert I. Gordon d’après le roman de H.G. Wells

Photographie : Reginald H. Morris

Musique : Elliot Kaplan

Durée : 1h28

Date de sortie initiale : 1976

LE FILM

Morgan et ses amis partent chasser sur une île canadienne isolée, quand ils sont attaqués par un essaim de guêpes géantes. Alors qu’il cherche de l’aide, Morgan tombe par hasard sur une grange habitée par un énorme poulet tueur. Peu à peu, il découvre que l’île est devenue le territoire d’animaux géants, les plus dangereux étant les rats, qui n’entendent pas laisser leur île aux intrus humains…

Pour beaucoup de cinéphiles, Soudain…les monstres !, The Food of the Gods, demeure une véritable madeleine. Réalisé par l’américain Bert I. Gordon (né en 1922), ce petit film fantastique sorti en 1976 reflète la fascination et la passion du cinéaste pour le gigantisme. Révélé en 1955 avec King Dinosaur, Bert I. Gordon est ensuite devenu le spécialiste du genre humain face à des créatures géantes, dans des œuvres aux titres explicites : The Cyclops (1957), The Amazing Colossal Man (1957), War of the Colossal Beast (1958), Village of the Giants (1965), Soudain…les monstres ! (1976), L’Empire des fourmis géantes (1977). Par ailleurs, ses initiales font que le monde du cinéma le surnommait tout simplement « BIG ». Le film qui nous intéresse est tiré du roman La Nourriture des dieux (également connu sous le titre Place aux Géants) de H.G. Wells publié en 1904, ou tout du moins « basé sur une partie du roman » comme l’indique le générique.

Morgan, un joueur de football professionnel et son ami Davis ont décidé de passer quelques jours de détente sur une île canadienne quasiment déserte. Rapidement, Davis disparaît mystérieusement. Morgan décide alors d’examiner les alentours et se fait attaquer par un poulet géant. S’étant sorti difficilement des ergots acérés du gigantesque volatile, notre héros fait la connaissance d’une fermière des environs qui lui fait une bien étrange révélation. En effet, la terre de l’île recèle une étrange matière étrange qui, mélangée aux aliments, a la particularité de faire grandir tout animal qui l’absorbe. Morgan, comprenant vite que l’île est infestée de bêtes aux proportions inimaginables va tenter, en compagnie des autochtones, touristes et autres financiers peu scrupuleux désirant exploiter la substance extraite du sol, de survivre aux assauts des bestioles affamées devenues très agressives. Soudain…les monstres ! montre le savoir-faire de Bert I. Gordon, également en charge de la plupart des effets spéciaux, mais force est d’admettre qu’il n’est guère aidé par un casting particulièrement mauvais, ce qui toutefois n’est en rien dérangeant pour un film de cet acabit, bien au contraire. Nous sommes ici en plein film Bis avec des comédiens qui en font des tonnes, mention spéciale à l’acteur principal Marjoe Gortner, spécialiste du genre, que nous verrons plus tard dans Starcrash, le choc des étoiles, Les Guerriers de la jungle et American Ninja 3: Blood Hunt. Il faut le voir rouler des yeux, en hyperventilation du début à la fin, que ça soit en chassant, en conduisant, en prises avec un poulet géant, ou en tirant sur des rats surdimensionnés. Un vrai bonheur pour les bisseux que nous sommes.

Bert I. Gordon fait fi d’un budget somme toute modeste et prend soin des effets spéciaux, certes naïfs comme les rats supposés géants qui s’avèrent de mignons rongeurs filmés en gros plan en train d’escalader une maquette ou une voiture Majorette, mais qui n’en demeurent pas moins bourrés de charme. Ces bestioles sont aussi remplacées par des têtes animées pour les plans où ils se retrouvent face aux humains. Finalement, Soudain…les monstres ! se révèle être un film bien mené doublé d’un message écologique simple mais pas bête, où l’on se prend beaucoup plus d’affection pour les rats géants que pour les insupportables et idiots personnages. On prend d’ailleurs beaucoup de plaisir à les voir se faire bouffer. Le film se permet même un petit hommage aux Oiseaux d’Alfred Hitchcock. Néanmoins, il semble que les rats aient subi pas mal de mauvais traitements, à l’instar des éclats de confiture de fraise supposés être des blessures causées par les balles, ou tout simplement les pauvres bêtes quasi-noyées dans le déluge final. Hormis des guêpes géantes franchement ratées et transparentes, des vers et chenilles dégoûtants (que combat la mythique Ida Lupino), ainsi qu’un poulet rigolo de deux mètres, Soudain…les monstres fonctionne fonctionne bien. Même s’il faut accepter le fait que les personnages trouvent cette situation quasi-normale, sans se poser de questions ou tout simplement en prenant l’air surpris quelques secondes avant d’accepter de se retrouver face à des poulets que n’aurait pas renié le Tricatel de L’Aile ou la cuisse de Claude Zidi.

Soudain…les monstres ! deviendra rapidement un film culte (qui a dit un chef d’oeuvre du nanar ?), récompensé par la Licorne d’or au Festival international de Paris du film fantastique et de science-fiction, et connaîtra même une suite en 1989 intitulée La Malédiction des rats, réalisé par Damian Lee.

LE BLU-RAY

Le Blu-ray de Soudain…les monstres !, disponible chez Movinside dans une collection dirigée par Marc Toullec et Jean-François Davy, repose dans un boîtier classique de couleur bleue, contrairement au visuel qui montre un boîtier noir. L’élégante jaquette saura immédiatement taper dans l’oeil des Bisseux, et des autres, puisqu’elle reprend le visuel de l’affiche originale. Le menu principal est tout aussi classe, animé et musical.

A l’instar du Blu-ray de Nuits de cauchemar, cette édition HD ne contient qu’un seul supplément, une présentation du film par le journaliste Marc Toullec. L’ancien co-rédacteur en chef de Mad Movies se focalise essentiellement sur le réalisateur Bert I. Gordon dont il dresse le portrait et détaille la filmographie placée sous le signe du gigantisme. Puis, notre interlocuteur revient sur Soudain…les monstres !, avec notamment quelques informations sur les conditions de tournage.

L’Image et le son

Si l’on excuse les points, une rayure verticale à droite de l’écran qui subsiste en ouverture et diverses scories qui demeurent occasionnelles du début à la fin, alors ce master HD (au format 1080p) de Soudain…les monstres ! tient ses promesses. Il ne faudra pas être trop exigeant, mais la copie trouve rapidement une stabilité convenable, les couleurs sont correctes et les détails appréciables. Certains plans, notamment à effets spéciaux, avec les rats géants incrustés aux côtés des comédiens, s’avèrent plus altérés avec un grain plus accentué et une perte de la définition. Un côté système D qui ne dérange cependant pas outre mesure et qui en rajoute dans le côté Bis.

Les versions française et originale sont proposées en DTS-HD Dual Mono. Comme pour l’image, l’écoute rappelle les séances en VHS avec un son plutôt étouffé pour la piste française, qui bénéficie du doublage d’époque très réussi et amusant. La version anglaise s’en sort mieux et s’avère plus riche dans ses effets et la délivrance de la musique. Les sous-titres français sont imposés sur la piste anglaise et le changement de langue est verrouillé à la volée.

Crédits images : © Movinside  / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / L’Ile du docteur Moreau, réalisé par Erle C. Kenton

L’ILE DU DOCTEUR MOREAU (Island of Lost Souls) réalisé par Erle C. Kenton, disponible en DVD et combo Blu-ray-DVD le 25 janvier 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Charles Laughton, Richard Arlen, Leila Hyams, Bela Lugosi, Kathleen Burke, Arthur Hohl

Scénario : Waldemar Young, Philip Wylie d’après le roman de H.G. Wells

Photographie : Karl Struss

Durée : 1h10

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Victime d’un naufrage en plein Océan Indien et recueilli par un cargo qui transporte une cargaison de fauves, Edward Parker se retrouve sur une petite île qui n’est mentionnée par aucune carte et s’avère peuplée d’êtres étranges mi-hommes, mi-bêtes. Le domaine appartient au docteur Moreau. Depuis des années, ce dernier poursuit des expériences sur les animaux afin de les transformer en humains par greffes successives. Son « chef-d’œuvre », Lota, est une ancienne panthère qui a maintenant toutes les apparences d’une femme…

L’Ile du Docteur Moreau Island of Lost Souls, réalisé en 1932 par Erle C. Kenton est l’adaptation du roman homonyme de l’immense H.G. Wells publié en 1896. Cette merveilleuse transposition offre à Charles Laughton un de ses plus grands rôles. Le comédien britannique semble prendre beaucoup de plaisir à composer un personnage cynique qui se prend littéralement pour Dieu. Moreau est un scientifique vivant en démiurge sur une île perdue dans l’Océan Indien, au milieu de ses créatures mi-animales mi-humaines, fruits de ses expériences et de ses recherches bio-anthropologiques. Pour ce Docteur Moreau, entouré d’hommes-singes et d’un homme-chien, cette île est le lieu idéal pour « jouer » avec la nature. Dans son discours bien rodé, Moreau indique être passé des fleurs à l’être humain pour le challenge. Si l’homme est le point culminant d’un long processus d’évolution, la vie animale tend vers la forme humaine.

Grâce à ses recherches, Moreau est parvenu à éliminer des centaines de milliers d’années d’évolution, en partant d’une simple orchidée, pour en venir à ces êtres hybrides qui peuplent cette île isolée. « Savez-vous ce que c’est de se sentir comme Dieu ? » demande-t-il à son hôte Edward Parker (Richard Arlen), recueilli chez Moreau après avoir été débarqué de force. Tout d’abord, ce dernier voit d’un mauvais œil qu’un individu devienne témoin de ses recherches, mais Moreau y voit ensuite l’opportunité de lancer une nouvelle expérience : voir si Lota, la seule femme présente sur l’île, en l’occurrence une femme-panthère dotée d’une conscience, d’états d’âme et de sentiments, saura séduire Parker.

« Ne pas marcher à quatre pattes. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas laper pour boire. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas manger de chair ni de poisson. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas griffer l’écorce des arbres. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? »

« Ne pas chasser les autres Hommes. C’est la Loi. Ne sommes-nous pas des Hommes ? » 

Voilà comment Moreau maintient son emprise sur ses « enfants », dont un Béla Lugosi méconnaissable sous le maquillage, tel un gourou sur ses adeptes. Ces derniers obéissent au son du gong, apeurés à l’idée de retourner dans le bloc-opératoire, qu’ils appellent La Maison des Souffrances, où ils ont vu le jour. L’Ile du Docteur MoreauIsland of Lost Souls surpasse, et de loin, les autres adaptations du roman de H.G. Wells, celle de 1977 réalisée par Don Taylor avec Burt Lancaster dans le rôle du Docteur, et surtout celle de 1996, gigantesque navet mis en scène par John Frankenheimer avec Marlon Brando en savant-fou.

Chef d’oeuvre pessimiste sur la nature humaine, il en ressort encore une exceptionnelle poésie sombre et moderne plus de 80 ans après sa sortie. Si Charles Laughton, fascinant monstre de charisme, s’avère une fois de plus impérial, la « Panther Woman » (comme elle est seulement indiquée au générique) incarnée par Kathleen Burke reste dans toutes les mémoires avec son charisme très félin, son érotisme troublant (avant le fameux code Hays) et ses grands yeux émouvants. Erle C. Kenton (1896-1980), qui réalisera plus tard Le Fantôme de Frankenstein (1942), La Maison de Frankenstein (1944) et La Maison de Dracula (1945), livre le plus grand film de sa carrière et peut également compter sur la sublime photographie du chef opérateur Karl Struss, oscarisé pour son travail sur L’Aurore de F.W. Murnau en 1927, qui met en valeur la beauté des décors et l’immense réussite des maquillages.

LE BLU-RAY

Le test de l’édition HD de L’Ile du Docteur Moreau, disponible chez Elephant Films en combo Blu-ray-DVD, a été réalisé à partir d’un check-disc. Le menu principal est animé et musical.

Jean-Pierre Dionnet présente L’Ile du Docteur Moreau (10’). Comme à son habitude, le critique-journaliste fait le tour du casting et de l’équipe technique en se focalisant notamment sur le réalisateur Erle C. Kenton, l’actrice Kathleen Burke (la femme panthère) et le chef opérateur Karl Struss. Dionnet parle également de l’oeuvre de l’écrivain H.G. Wells et les autres adaptations du roman.

A l’occasion de l’Etrange Festival, Jaz Coleman, chanteur et compositeur du groupe Killing Joke, s’est vu proposer une carte blanche cinématographique. Parmi sa sélection figuraient Equus de Sidney Lumet, La Dernière vague de Peter Weir et L’Ile du Docteur Moreau de Erle C. Kenton. L’éditeur a rencontré Jaz Coleman qui revient sur les raisons de cette sélection et pourquoi L’Ile du Docteur Moreau est un film qu’il affectionne tout particulièrement (7’).

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces, une galerie de photos et les credits du Blu-ray.

L’Image et le son

Cette édition restaurée en Haute définition laisse encore apparaître quelques points, griffures et poussières. Signalons que ces mini-défauts ne gâchent en rien le visionnage et demeurent relativement discrets. Si le noir et blanc retrouve une certaine fermeté, une clarté plaisante et une densité indéniable, le piqué et la gestion du grain restent aléatoires. Des fondus enchaînés décrochent sensiblement, mais la stabilité est de mise grâce à un encodage solide. Si divers effets de pompage se font sentir, d’autres séquences se révèlent particulièrement belles. La photographie de Karl Struss est détaillée et digne du support Blu-ray made in Elephant. La copie est proposée dans son format 1.33 respecté et en 1080p

Seule la version originale est disponible en DTS-HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible. Le confort acoustique reste très appréciable.

Crédits images : © Elephant Films / Captures Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr