Test Blu-ray / Le Cantique des cantiques, réalisé par Rouben Mamoulian

LE CANTIQUE DES CANTIQUES (The Song of Songs) réalisé par Rouben Mamoulian, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 7 février 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Marlene Dietrich, Brian Aherne, Lionel Atwill, Alison Skipworth, Hardie Albright, Helen Freeman

Scénario : Leo Birinsky, Samuel Hoffenstein d’après le roman de de Hermann Sudermann

Photographie : Victor Milner

Musique : Karl Hajos, Herman Hand, Bernhard Kaun, Milan Roder

Durée : 1h30

Date de sortie initiale : 1933

LE FILM

Une jeune paysanne orpheline, Lily, part vivre à Berlin chez sa tante, une libraire au tempérament bien trempé. Rapidement, elle fait la connaissance de Richard, un séduisant sculpteur dont l’atelier se trouve en face de la librairie. Charmé par les formes de la jeune femme, il lui propose de poser pour lui.

Le Cantique des cantiquesSong of songs, également connu sous un autre titre français, Cantique d’amour, est le premier film que Marlene Dietrich tourne avec un autre réalisateur que Josef von Sternberg depuis son arrivée et son triomphe aux Etats-Unis. Ce mélodrame est mis en scène par Rouben Mamoulian (1897-1987), cinéaste et producteur géorgien, d’origine arménienne. Eclectique, il commence sa carrière à la fin des années 1920 avec Applause, puis enchaîne quasiment un film par an jusqu’à la fin des années 1930. Rouben Mamoulian n’a que quatre films à son actif, dont la comédie musicale Aimez-moi ce soir avec Maurice Chevalier et surtout le film d’épouvante Docteur Jekyll et M. Hyde avec Fredric March dans le(s) rôle(s) titre(s), quand il se voit confier Le Cantique des cantiques. Marlene Dietrich connaît son premier revers avec Vénus Blonde, qui n’a pas convaincu la critique et encore moins les spectateurs. On lui propose alors une nouvelle adaptation – la troisième, après deux transpositions en 1918 et 1924 – du roman Das Hohelied (1908) de Hermann Sudermann (L’Aurore) et de la pièce de théâtre d’Edward Sheldon qui en a découlé. D’abord très réticente, tout comme Rouben Mamoulian qui détestait l’histoire originale, la comédienne accepte finalement le rôle de Lily, une jeune paysanne qui vient de perdre son père.

Lily quitte la campagne afin d’être recueillie par sa tante, Madame Rasmussen, libraire à Berlin, une femme autoritaire, rigide et légèrement portée sur l’alcool. De la fenêtre de sa chambre, Lily aperçoit un atelier de sculpteur qui la fascine. Un jour, Richard le sculpteur entre dans la librairie et semble captivé par le corps de Lily, il la persuade de venir poser pour elle. Elle accepte après avoir hésité et déjoue la surveillance de sa tante pour se rendre chez Richard qui la convainc de se déshabiller pour prendre la pose. Bientôt une très belle sculpture prend forme et les deux jeunes gens entament une idylle. Survient alors le vieux Baron von Merzbach, mécène de Richard et colonel des hussards, qui tombe en admiration devant la statue et de son modèle. Il demande à être présenté à Lily. Très vite, le Baron souhaite littéralement « s’emparer » de la jeune femme.

Manifeste féministe et critique de la femme-objet, Le Cantique des cantiques apparaît tout d’abord léger dans le ton adopté et dans l’interprétation de Marlene Dietrich, qui en fait même un peu trop dans le rôle de l’ingénue. Son personnage candide, qui n’a jamais quitté son foyer, est obligée de rejoindre la grande ville. Innocente, elle ne sait pas qu’elle risque de devenir l’objet de toutes les convoitises, même si elle dissimule son corps sous 9 jupons. Mais sa vieille tante, délaissée par ses propres enfants et qui souhaite la traiter comme sa fille, la rappelle à l’ordre et l’avertit que ses formes peuvent rendre les hommes fous. C’est alors qu’un sculpteur, Richard Waldow (Brian Aherne) rentre dans sa vie et tombe sous le charme de Lily, ou plutôt de son corps qu’il souhaite immédiatement reproduire pour une sculpture qu’un Baron (Lionel Atwill, génialement abject) lui a commandée. Lors d’une visite, ce dernier tombe lui aussi amoureux de Lily, ou plutôt de sa reproduction. Le Cantique des cantiques dresse alors le portrait d’une femme convoitée pour son corps et non pour ce qu’elle est.

Lily, rêvant du grand amour absolu, passionnée et espérant que l’homme qui l’aimera pour son âme apparaîtra un jour devant elle, se retrouve entre deux hommes. Le premier a d’abord aimé son corps avant de tomber amoureux d’elle, le second demeure fasciné par l’oeuvre d’art inspirée par le corps de Lily et jette son dévolu sur la jeune femme. Le Baron rappelle d’ailleurs à Richard que quand il souhaite acquérir quelque chose, il finit toujours par l’obtenir d’une façon ou d’une autre. Devant se résoudre à laisser partir Lily, Richard lui laisse un mot et l’informe qu’il la quitte, ne pouvant lui offrir la vie qu’elle mérite d’avoir. Cela laisse le chemin libre pour le Baron, qui épouse rapidement Lily et en fait très vite sa « chose » en lui faisant apprendre le piano et le français, mais aussi en la violant la nuit de noces en la faisant boire. Lily devient son « singe savant » qu’il exhibe avec fierté devant ses invités.

Remarquable plaidoyer pour la condition des femmes et le droit à disposer d’elles-mêmes, Le Cantique des cantiques est un film élégamment mis en scène, comprenant quelques scènes d’un érotisme rare et osé pour un film de 1933. C’est le cas du sculpteur qui caresse de façon très suggestive sa statue en regardant le corps nu de son modèle. Juste avant l’instauration du tristement célèbre Code Hays, Marlene Dietrich apparaît ici très dénudée. On comprend au final ce qui a séduit la comédienne dans cette histoire prônant l’indépendance des femmes.

LE BLU-RAY

Disponible en DVD chez Universal depuis 2005 sous le titre Cantique d’amour, Le Cantique des cantiques atterrit dans l’escarcelle d’Elephant Films, en combo Blu-ray-DVD qui plus est ! Le titre intègre l’impressionnante et sublime collection Cinéma MasterClass de l’éditeur. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Dans un premier temps, le journaliste et critique de cinéma Xavier Leherpeur propose un portrait de Marlene Dietrich (12’30). Visiblement fasciné par la comédienne – qui ne le serait pas – l’intéressé évoque les grandes étapes de sa carrière avec ce qu’il faut de propos dithyrambiques. Certes, Xavier Leherpeur est passionné par son sujet, mais il se contente essentiellement de dresser une liste de ses films les plus célèbres, ceux tournés avec Josef von Sternberg (L’Ange bleu en Allemagne, les autres aux Etats-Unis) et les artistes qui se sont inspirés du mythe Dietrich (Lauren Bacall, Rita Hayworth…Madonna), tout en évoquant brièvement le caractère farouche, indépendant et sexuel de la comédienne qui en a fait l’un des premiers modèles du mouvement féministe. Un portrait simple, pour ne pas dire simpliste, anecdotique, même si sympathique.

En revanche, la présentation du film par le même Xavier Leherpeur (13’) manque singulièrement d’intérêt. Le journaliste et critique de cinéma ne fait que paraphraser ce qui se déroule dans le film en indiquant ici et là une petite information anecdotique, en indiquant qu’il trouve la scène « formidable », sans jamais revenir une seule fois sur les conditions de tournage ou sur le fait que ni Rouben Mamoulian ni Marlene Dietrich ne voulaient au départ faire le film. En introduction, un panneau indique que des éléments de certaines scènes clés sont dévoilés. En réalité il n’y a que cela, le tout entrecoupé d’extraits beaucoup trop longs du film.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

Le master HD au format 1080p du Cantique des cantiques n’est pas aussi convaincant que celui de Vénus Blonde. Cette édition pourtant restaurée contient encore quelques points, griffures, rayures et poussières, surtout durant le générique en ouverture, avec diverses instabilités. Signalons que ces défauts tendent à s’amenuiser au fil du visionnage. Si le N&B retrouve une certaine fermeté, une clarté plaisante et une densité indéniable, le piqué et la gestion du grain restent aléatoires. Au début du film, Rouben Mamoulian use de certains stockshots qui n’ont évidemment pas été restaurés comme le reste du film et se voient donc comme le nez au milieu de la figure. Des fondus enchaînés décrochent, un bruit vidéo est notable mais aidé par un encodage solide, un effet de pompage peut agacer sur les scènes sombres, tandis que d’autres sortent du lot et se révèlent particulièrement belles – la superbe photo diffuse est signée Victor Milner (Haute pègre, L’odyssée du docteur Wassell) – détaillées et dignes du support Blu-ray made in Elephant. La copie est proposée dans son format 1.33 respecté.

La bande-son semble avoir été restaurée également car peu de craquements sont à déplorer. Les dialogues, tout comme la musique, demeurent propres et distincts sur cette piste unique DTS-HD Master Audio Mono 2.0. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est audible du début à la fin, mais le confort acoustique est appréciable. Précisons que le spectateur devra actionner lui-même les sous-titres français en début de film et que la dernière réplique n’a pas été traduite !

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Vénus Blonde, réalisé par Josef von Sternberg

VÉNUS BLONDE (Blonde Venus) réalisé par Josef von Sternberg, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 7 février 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Marlene Dietrich, Herbert Marshall, Cary Grant, Dickie Moore, Gene Morgan, Rita La Roy

Scénario : Jules Furthman, S.K. Lauren d’après une idée originale de Josef von Sternberg

Photographie : Bert Glennon

Musique : W. Franke Harling, John Leipold, Paul Marquardt, Oscar Potoker

Durée : 1h34

Date de sortie initiale : 1932

LE FILM

Edward Faraday, un chimiste américain, est tombé follement amoureux d’une chanteuse de cabaret allemande, Helen, qu’il a aperçue se baignant dans un lac de montagne. Il a tant et si bien fait qu’il l’a épousée et que le couple s’est installé aux Etats-Unis. Helen a abandonné la scène et se consacre entièrement à leur fils, Johnny. Elle apprend un jour qu’Edward a été victime de radiations, dans son laboratoire et qu’il doit partir en Europe pour une cure. Le traitement que le malheureux doit subir s’avère très onéreux et Helen décide de reprendre son ancien métier. Elle fait alors la connaissance d’un séduisant milliardaire qui lui fait une cour pressante…

En 1930, L’Ange bleuDer blaue Engel marque non seulement la première collaboration entre Marlene Dietrich (1901-1992) et le réalisateur Josef von Sternberg (1894-1969), mais aussi le sacre pour la comédienne et chanteuse qui explose alors aux yeux des spectateurs. Parallèlement, c’est aussi le premier film parlant du cinéma allemand. Alors que la Paramount souhaite trouver une actrice concurrente à Greta Garbo choyée par la Metro-Goldwyn-Mayer, Josef von Sternberg recommande au studio sa nouvelle protégée avant même que L’Ange bleu ne sorte sur les écrans. Marlene Dietrich signe un contrat de 1250 dollars la semaine avec la Paramount et débarque aux Etats-Unis. Josef von Sternberg va largement contribuer à créer le mythe Marlene Dietrich, alors quasi-inconnue chez l’Oncle Sam. Le cinéaste et son actrice tourneront six films aux Etats-Unis : Cœurs brûlésMorocco (1930), Agent X 27Dishonored (1931), Shanghaï Express (1932), Vénus Blonde (1932), Le Cantique des cantiquesSong of Songs (1933), L’Impératrice rougeThe Scarlet Empress (1934) et La Femme et le PantinThe Devil is a Woman (1935). Marlene Dietrich devient très vite une star et obtient même une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice pour son premier film en langue anglaise. Les films suivants ne vont faire qu’accroître sa célébrité, tandis que les spectateurs demeurent fascinés par la femme derrière l’actrice. Le film qui nous intéresse, Vénus Blonde, est donc la cinquième collaboration Sternberg/Dietrich.

S’il n’obtiendra pas le même succès que les précédents, ce long métrage n’en demeure pas moins une immense réussite. Un magnifique portrait de femme, transcendé par la prestation de sa comédienne qui enflamme la pellicule. De son côté, Josef von Sternberg, toujours inspiré par sa muse, signe une de ses plus belles mises en scène. Si les spectateurs n’ont pas accueilli ce film comme il le méritait, c’est parce que le cinéaste a voulu montrer une autre facette de la comédienne, loin de la femme fatale que l’audience adorait retrouver. Marlene Dietrich interprète ici Helen, une ancienne danseuse de cabaret venue d’Allemagne, mariée à un chimiste américain, Edward Faraday (Herbert Marshall), malheureusement gravement irradié par du radium. Pour gagner de l’argent dans le but de soigner son mari en Europe, Helen retourne sur scène, dans le rôle de « la Vénus blonde », et obtient chaque nuit un vif succès, y compris lors de son numéro où elle apparaît…déguisée en gorille. Après un striptease des plus affriolants, elle revêt une perruque blonde afro avant d’entamer sa chanson. Elle se sent aussi très attirée par un fringant homme politique, Nick Townsend (Cary Grant dans un de ses premiers films), captivé par la Vénus blonde, qui va lui offrir un soutien financier. Elle fait alors croire à Edward d’avoir obtenu une avance. Grâce à cet argent, Edward peut partir en Allemagne avec l’espoir d’être sauvé par la médecine. Durant son absence, Helen tombe dans les bras de Townsend. Mais Edward revient plus tôt que prévu et découvre son appartement vide et comprend la situation. Helen s’enfuit avec leur fils.

On admire Marlene Dietrich incarner une mère au foyer, aimante, dévouée à son mari, qui a dû arrêter sa carrière pour s’occuper de leur fils, tout en assistant parfois son mari dans ses recherches. Vénus Blonde montre ensuite une femme qui reprend progressivement son indépendance, certes par amour, mais qui décide par elle-même, qui assume ses choix et la conséquence de chacun de ses actes, y compris lorsque ceux-ci s’avèreront mauvais et les conduiront à la rue elle et son enfant de cinq ans. Helen ne baissera jamais les bras, parviendra à s’en tirer un temps en se livrant à la prostitution, mais devra se résoudre à laisser son mari reprendre leur fils. Film à ellipses, Vénus Blonde suit l’itinéraire du personnage d’Helen, son nouveau succès, sa déchéance, sa nouvelle rédemption. Josef von Sternberg ne lâche jamais Marlene Dietrich, filme son corps quasi-nu dans sa première scène (le Code Hays n’entrera en vigueur que deux ans plus tard), son merveilleux visage, ses traits et expressions, sauf quand le personnage doit se résoudre à l’inévitable. La comédienne est alors filmée de dos, le visage dissimulé par un chapeau. Sans une larme et sans un cri.

Vénus Blonde est un très grand film et probablement un des plus beaux rôles féminins du cinéma des années 1930. Mais aucune actrice n’aurait pu l’interpréter comme Marlene Dietrich, dont la véritable personnalité sert ici de terreau à l’incarnation d’Helen. C’est là toute la magie de l’éternelle Marlene, incarner un nouveau personnage tout en étant elle-même à l’écran. On ne voit « qu’elle » quand elle chante Hot Voodoo, You Little So-and-so et I Couldn’t Be Annoyed vêtue d’un smoking blanc et d’un haut-de-forme, mystérieuse, déterminée, indomptable. Vénus Blonde évite le côté mélo larmoyant grâce à la sublime et intense interprétation de Marlene Dietrich et la mise en scène sans cesse inspirée, exceptionnelle et d’une modernité à couper le souffle.

LE BLU-RAY

Disponible en DVD chez Universal depuis 2005, Vénus Blonde atterrit dans l’escarcelle d’Elephant Films, en combo Blu-ray-DVD qui plus est ! Le film intègre l’impressionnante et sublime collection Cinéma MasterClass de l’éditeur. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est fixe et musical.

Dans un premier temps, le journaliste et critique de cinéma Xavier Leherpeur propose un portrait de Marlene Dietrich (12’30). Visiblement fasciné par la comédienne – qui ne le serait pas – l’intéressé évoque les grandes étapes de sa carrière avec ce qu’il faut de propos dithyrambiques. Certes, Xavier Leherpeur est passionné par son sujet, mais il se contente essentiellement de dresser une liste de ses films les plus célèbres, ceux tournés avec Josef von Sternberg (L’Ange bleu en Allemagne, les autres aux Etats-Unis) et les artistes qui se sont inspirés du mythe Dietrich (Lauren Bacall, Rita Hayworth…Madonna), tout en évoquant brièvement le caractère farouche, indépendant et sexuel de la comédienne qui en a fait l’un des premiers modèles du mouvement féministe. Un portrait simple, pour ne pas dire simpliste, anecdotique, même si sympathique.

Xavier Leherpeur est de retour pour présenter Vénus Blonde (12’). La plupart du temps, le journaliste se contente de paraphraser les quelques grandes séquences du film, y compris la fin. Même si l’éditeur indique que ce module contient quelques spoilers, dont le dénouement de l’intrigue, nous vous conseillons évidemment de visionner cette « introduction » après le film. Xavier Leherpeur remet Vénus Blonde dans son contexte, ainsi que dans la carrière de Marlene Dietrich et de Josef von Sternberg. Il évoque également les thèmes, la mise en scène, la photographie, l’échec commercial du film et tente de comprendre ce qui a pu décontenancer les spectateurs américains à sa sortie, tout en abordant la psychologie du personnage principal.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces et une galerie de photos.

L’Image et le son

Vénus Blonde fait peau neuve en Haute-Définition chez Elephant Films, dans un magnifique Blu-ray au format 1080p. Si le générique reste très légèrement marqué par des rayures verticales, le N&B s’impose immédiatement avec une clarté étonnante, des contrastes denses, une large palette de gris, un grain cinéma excellemment géré. L’image est d’une stabilité à toute épreuve, hormis d’inévitables décrochages sur les nombreux fondus enchaînés et divers stockshots visibles avec un aspect plus grumeleux. Toujours est-il que Vénus Blonde, présenté ici dans son format respecté 1.33, ne fait vraiment pas ses 85 ans ! Ce master offre de formidables conditions pour (re)découvrir le film de Josef von Sternberg. On ne saurait faire mieux.

Seule la version originale est disponible en DTS-HD Dual Mono Mono 2.0. Les dialogues, tout comme la musique et les chansons, demeurent propres et distincts. Certains échanges sont peut-être plus étouffés que d’autres, un petit souffle est parfois audible, mais rien d’important. Le confort acoustique reste très appréciable.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Clan des irréductibles, réalisé par Paul Newman

LE CLAN DES IRREDUCTIBLES (Sometimes a Great Notion) réalisé par Paul Newman, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 2 mai 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Paul Newman, Henry Fonda, Lee Remick, Michael Sarrazin, Richard Jaeckel, Linda Lawson

Scénario : John Gay d’après le roman « Sometimes a Great Notion » de Ken Kesey

Photographie : Richard Moore

Musique : Henry Mancini

Durée : 1h54

Date de sortie initiale : 1970

LE FILM

Les Stamper sont une famille de bûcherons vivant dans une petite ville de l’Oregon. Le village est en faillite et les autres bûcherons entrent en grève. Mais Hank Stamper pousse sa famille à poursuivre le travail, ce qui provoque l’animosité des autres…

En 1971, Paul Newman signe Le Clan des irréductibles, son deuxième long métrage en tant que metteur en scène après Rachel, Rachel (1968) et avant le merveilleux De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites (1972). Bien que le cinéaste l’ait ensuite renié après avoir remplacé Richard A. Colla qui avait commencé à réaliser le film, mais qui s’est désisté en plein tournage en raison de divergences artistiques avec l’acteur principal, Sometimes a Great Notion s’avère une véritable pépite cachée au sein de la filmographie déjà impressionnante de Paul Newman, également producteur avec son associé John Foreman.

Ce film magnifique est l’adaptation du livre engagé et militant de Ken Kesey, l’auteur de Vol au-dessus d’un nid de coucou. En mettant sa mise en scène au service de l’histoire et des comédiens, sans effets ostentatoires, Paul Newman réalise un très grand film mélancolique marqué par ses thèmes de prédilection, la jeunesse perdue, les idéaux qui se sont envolés, les rapports père/fils, le quotidien social tourmenté et la solitude d’une famille tout en dressant un constat amer social, économique et politique de l’entrée des Etats-Unis dans les années 70 après la guerre du Vietnam. Reposant sur un casting quatre étoiles (et aux yeux bleus), dont le cinéaste lui-même, Henry Fonda, Lee Remick, Richard Jaeckel, Michael Sarrazin, Le Clan des irréductibles démontre une fois de plus le grand directeur d’acteurs qu’était Paul Newman. Entre sensibilité à fleur de peau et bouillonnements intérieurs, le récit dévoile la richesse des personnages, leurs tourments, leurs secrets, à travers des non-dits, des regards, des conversations avortées. Mais Le Clan des irréductibles subjugue également par son ton quasi-documentaire du quotidien d’une famille de bûcherons sur le chantier d’abattage (ou symboles d’une Amérique qui s’effondre), de 4h30 du matin jusqu’à la tombée de la nuit.

Au milieu des immenses forêts de l’Oregon, les Stamper, bûcherons de père en fils, possèdent une entreprise indépendante d’abattage de bois. Henry (Henry Fonda), le chef de famille, décide, avec son fils Hank (Paul Newman) et son gendre Joe Ben (Richard Jaeckel, nommé à juste titre pour l’Oscar du meilleur second rôle masculin), de ne pas s’associer au mouvement de grève lancé par les bûcherons syndiqués de la ville de Wakonda pour défendre leur activité contre l’arrivée d’un conglomérat. Les Stamper se heurtent alors à l’hostilité de la population alentour. Lorsque Leeland (Michael Sarrazin, découvert dans On achève bien les chevaux), le second fils d’Henry, débarque dans la demeure familiale après dix ans d’absence (une séquence qui fait écho à l’ouverture du premier Rambo), il admet difficilement cette situation, d’autant plus que sa présence fait remonter à la surface de pénibles souvenirs familiaux. De son côté, Viv (Lee Remick, magnétique), la femme de Hank et sensible au charme de Leeland, supporte de plus en plus mal la domination brutale des hommes de la maison et pense peut-être quitter la maison. Malgré les épreuves et les menaces, les liens du clan Stamper se resserrent à travers la lutte qui l’oppose aux grévistes.

Paul Newman plonge ses personnages – qu’il ne ménage pas et qui n’inspirent pas forcément la sympathie – au milieu de paysages sublimes, les montre en plein travail à travers une mise en scène sans cesse inspirée, délicate, caressante. Soutenu par la magnifique photographie du chef opérateur Richard Moore (Virages), le metteur en scène instaure un spleen qui lui est propre et qui prendra tout son essor dans De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites. Il y a du John Ford chez Paul Newman – on pense alors à Qu’elle était verte ma vallée ou bien encore aux Raisins de la colère avec Henry Fonda qui fait le lien – qui montre également la violence et les risques du métier de manière frontale, à l’instar de cette séquence hallucinante où un arbre se fend et entraîne avec lui Henry et Joe Ben. Quand ce dernier, probablement empalé sur un tronc flottant, se retrouve à la merci de la montée des eaux et que Hank tente de l’en sortir, le suspense est à son comble. Cette scène très difficile est déconseillée aux âmes sensibles. Un extraordinaire moment de mise en scène et d’émotions. On se dit d’ailleurs que c’est peut-être une des plus grandes séquences dramatiques jamais tournées.

Sur la superbe composition d’Henry Mancini, la beauté et la violence des dialogues, ce diamant brut, pudique, psychologique, brutal, complexe et pourtant non dépourvu d’humour cynique et d’espoir, qui s’impose de minute en minute, de scène en scène, est à redécouvrir de toute urgence.

LE BLU-RAY

Le Clan des irréductibles est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

En guise de suppléments, outre une galerie de photos, un lot de bandes-annonces et les credits du Blu-ray, Elephant Films convoque Sophie Serbinide, journaliste à SFR Sport, ainsi que son confrère Charles Alf Lafon de So Film. Dans ces entretiens croisés, les deux journalistes proposent un portrait de Paul Newman (15’). L’homme engagé, le mari, le père, l’acteur, le réalisateur, le sportif, toutes ces facettes sont abordées en un petit quart d’heure plutôt plaisant qui donne envie de se refaire une petite rétrospective consacrée à ce monstre hollywoodien.

L’Image et le son

Que dire si ce n’est que nous nous trouvons devant une remarquable restauration du film de Paul Newman. On oublie rapidement les deux ou plans plus flous ou grumeleux, car dès la première séquence, le master HD du Clan des irréductibles en met plein la vue et permet d’apprécier la sensationnelle photographie du chef opérateur Richard Moore ainsi que les extraordinaires paysages naturels de l’Oregon. Le piqué est constamment ciselé, la texture du grain toujours palpable, la luminosité chronique (mention spéciale aux scènes d’abattage) et les détails omniprésents aux quatre coins du cadre large. Les contrastes affichent également une solidité à toutes épreuves sur les scènes nocturnes et diurnes, le relief est indéniable, la colorimétrie est chatoyante et la profondeur de champ impressionnante. Un lifting de très grande classe.

Le Clan des irréductibles est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / La Castagne, réalisé par George Roy Hill

LA CASTAGNE (Slap Shot) réalisé par George Roy Hill, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 2 mai 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Paul Newman, Strother Martin, Michael Ontkean, Jennifer Warren, Lindsay Crouse, Jerry Houser

Scénario : Nancy Dowd

Photographie : Victor J. Kemper

Musique : Elmer Bernstein

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 1977

LE FILM

Reggie Dunlop est l’entraîneur, célèbre mais malchanceux, de l’équipe de hockey sur glace de Charleston. Ses protégés, les Chiefs, accumulent les défaites. Malgré l’état désastreux de ses finances, Joe McGrath, le manager, engage les trois frères Hanson. Véritables brutes montées sur patins, les Hanson font merveille dès qu’ils sont autorisés à quitter le banc de touche. Ils commencent par massacrer discrètement leurs adversaires à coups de crosse, avant de voler vers une victoire que l’équipe concurrente, décimée, n’est plus en état de leur disputer. L’un de leurs coéquipiers, Braden, ne partage guère leur conception du sport, mais Reggie et McGrath doivent se rendre à l’évidence : la méthode des frères Hanson est la plus efficace…

Après Butch Cassidy et le Kid (1969) et L’Arnaque (1973, Oscar du meilleur réalisateur), le cinéaste George Roy Hill (1921-2002) et le comédien Paul Newman s’associent pour un troisième et dernier tour de piste avec La Castagne aka Slap Shot en version originale. Cette fois, la piste est glacée puisque le metteur en scène d’Abattoir 5 (1972), La Kermesse des aigles (1974) et du Monde selon Garp (1982) envoie son acteur fétiche sur une patinoire. Risée du public, les Chiefs sont une équipe de troisième ordre qui stagne dans les bas-fonds du classement de la Ligue fédérale de hockey. Parallèlement, la principale usine de Charlestown fermera bientôt, emportant avec elle le club et ses 10.000 employés. Dunlop, jouant le tout pour le tout, fait d’abord croire au déménagement de l’équipe en Floride afin de stimuler ses joueurs. Malgré le désastre économique que représente cette fermeture, les ouvriers assurant jusque-là un maigre soutien financier, les dirigeants de l’équipe engagent trois nouveaux joueurs, les frères Hanson, qui sont de véritables brutes. Leur venue incite Reggie à prôner un style de jeu violent et agressif, au grand plaisir des spectateurs qui ne demandent que ça.

Chers spectateurs, bienvenus dans une comédie sportive jubilatoire ! Si le terme sauvage feel good movie n’était pas encore inventé à l’époque, La Castagne serait aujourd’hui considéré comme tel s’il venait de sortir sur les écrans. D’ailleurs, le film de George Roy Hill n’a pas pris une ride et demeure un fabuleux moment de cinéma et de rigolade. En racontant les déboires d’une médiocre équipe de hockey des ligues mineures, les Chiefs de Charlestown ligue fictive inspirée par la North American Hockey League, avec leur joueur-entraîneur qui prend de la bouteille et ses équipiers tous plus allumés les uns que les autres, le réalisateur signe un film formidable et enthousiasmant du début à la fin. A sa sortie, La Castagne a été largement critiqué pour ses dialogues décomplexés jugés vulgaires, mais dans l’ensemble, l’énergie dévastatrice du film a été louée de toute part. Sur un rythme enlevé, George Roy Hill suit cette équipe de bras cassés qui s’apparente plus à des grands gamins survoltés qui règlent leurs comptes dans un bac à sable où tous les coups sont permis qu’à une véritable armada de joueurs de hockey sur glace.

En constatant que les bastons leur amènent une nouvelle popularité, les joueurs s’en donnent à coeur joie, attendant le coup de sifflet (parfois non) pour se jeter sur leurs adversaires, tout aussi avides qu’eux de donnes des coups de crosses bien sentis. Mais à côté de cela, le cinéaste dresse également le portrait d’hommes et de femmes, simples habitants d’une petite ville industrielle au bord de la ruine, qui tentent de survivre avec bonne humeur et optimisme, malgré leurs déboires sentimentaux pour certains et les défilés de mode minables qu’on leur impose pour faire de la pub. On s’attache immédiatement à cette équipe menée par un Paul Newman au sommet, à qui le look des années 1970 va comme un gant, entre cuir et fourrure, cols pelle à tarte et lunettes fumées, aussi à l’aise dans ses scènes dramatiques que sur la glace après un entraînement intensif de près de deux mois. A ses côtés, se démarque également Michael Ontkean, plus connu sous le nom du Sheriff Harry S. Truman de la série Twin Peaks, lui-même ancien joueur de hockey. N’oublions pas la présence de véritables joueurs engagés pour l’occasion comme Jeff et Steve Carlson qui interprètent deux des frères Hanson, le troisième étant tenu par…Dave Hanson.

Devenu un vrai film culte, tout d’abord au Canada puis dans le reste du monde, cette satire irrévérencieuse sur l’évolution du sport à la fin des années 70 a connu deux suites tardives destinées au marché de la vidéo en 2002 et 2008. Mais c’est aussi et avant tout LA référence du genre.

LE BLU-RAY

La Castagne est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Journaliste à SFR Sport, Sophie Serbini réalise une excellente présentation de La Castagne, tout en évoquant le hockey sur glace, le sport lui-même puis le sujet abordé au cinéma (16’). Dynamique et dans son élément, Sophie Serbini évoque la collaboration de Paul Newman avec George Roy Hill, les thèmes de La Castagne, mais aussi l’histoire du hockey sur glace, de sa naissance au Canada jusqu’à sa renommée mondiale, les grands noms qui se sont illustrés dans ce sport et son évolution. Notre interlocutrice mentionne également les autres films avec le hockey sur glace comme sujet principal à l’instar deux suites de La Castagne (dont nous parlons dans la critique), Les Petits championsThe Mighty Ducks (produit par Disney), sans oublier Les Boys, gigantesque succès du cinéma québécois, qui avait donné du fil à retordre à Titanic en récoltant quasiment autant au box-office en 1997 ! Un triomphe qui a donné suite à 4 autres volets et une série télévisée.

Nous retrouvons Sophie Serbini dans le segment suivant, ainsi que son confrère Charles Alf Lafon de So Film. Dans ces entretiens croisés, les deux journalistes proposent un portrait de Paul Newman (15’). L’homme engagé, le mari, le père, l’acteur, le réalisateur, le sportif, toutes ces facettes sont abordées en un petit quart d’heure plutôt plaisant qui donne envie de se refaire une petite rétrospective consacrée à ce monstre hollywoodien.

Une fois n’est pas coutume, l’éditeur joint un commentaire audio. Disponible en version originale sous-titrée en français, l’exercice est ici réalisé par « les frères Hanson ». Attention, parmi les trois comédiens, seuls deux sont vraiment frères, Jeff et Steve Carlson (respectivement les n°18 et n°17 dans le film), accompagnés de Dave Hanson (le n°16) qui campe le troisième de la fratrie dans La Castagne. Véritables joueurs professionnels, les trois sportifs se remémorent le tournage du film, même si de nombreux silences entrecoupent leurs interventions. Souvent potaches, se marrant de leur interprétation, les trois complices ont finalement peu de choses à dire sur le film et c’est bien dommage. Deux heures qui passent lentement et qui n’apportent rien il faut bien être honnête, à part savoir que tel magasin n’existe plus, qu’un tel est mort, que ce gymnase existe encore aujourd’hui…

En revanche, vous en saurez sans doute plus sur la production de La Castagne à travers la petite vidéo qui convie une fois de plus « les frères Hanson » (5’). Les trois sportifs parlent du casting, de leur participation au film, du succès de La Castagne et du travail avec Paul Newman.

L’interactivité se clôt sur une galerie de bandes-annonces de films disponibles chez Elephant Films, sans oublier une galerie de photos.

L’Image et le son

Elephant Films livre un master HD (1080p, AVC) de haute qualité. Les partis pris esthétiques du mythique directeur de la photographie Victor J. Kemper (Un après-midi de chien, Husbands, Le Dernier nabab) trouvent en Blu-ray un nouvel écrin et se voient entièrement respectés. Point ou peu de réducteur de bruit à l’horizon, le grain est présent tout en étant discret, la colorimétrie retrouve un certain éclat et le piqué est probant. Le format original est conservé, la profondeur de champ fort appréciable. Notons tout de même quelques plans flous, divers mouvements de caméra qui entraînent quelques pertes de la définition, des séquences sombres moins précises avec des noirs tirant sur le bleu et des visages légèrement rosés ou cireux. Néanmoins, l’encodage AVC demeure solide et la propreté est indéniable.

Les versions originale et française bénéficient d’un mixage DTS-HD Master Audio 2.0. Le confort acoustique est largement assuré dans les deux cas. L’espace phonique se révèle probant et les dialogues sont clairs, nets, tout comme la musique très bien délivrée. Que vous ayez opté pour la langue de Shakespeare (conseillée) ou celle de Molière, aucun souffle ne vient parasiter votre projection et l’ensemble reste propre. La piste française, moins naturelle que son homologue, place peut-être les voix trop en avant par rapport aux ambiances annexes, mais cela demeure anecdotique. Chose amusante, l’éditeur joint également une piste québécoise absolument tordante, qui était déjà disponible sur le DVD.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Virages, réalisé par James Goldstone

VIRAGES (Winning) réalisé par James Goldstone, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 2 mai 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Paul Newman, Joanne Woodward, Robert Wagner, Richard Thomas, David Sheiner, Clu Gulager, Barry Ford

Scénario : Howard Rodman

Photographie : Richard Moore

Musique : Dave Grusin

Durée : 2h03

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

Frank Capua est un grand pilote de course. Passionné par son métier, il délaisse Elora, la séduisante employée d’un bureau de location de voitures, qu’il vient d’épouser et avec laquelle il a passé une lune de miel en Californie. Celle-ci, désespérée par le désintérêt de son mari et livrée à elle-même, décide de le tromper avec son plus âpre concurrent, Luther Erding, tandis que Frank est confronté à divers incidents techniques qui le relèguent au bas du classement. C’est pendant les essais de la course d’Indianapolis, où il sait qu’il va jouer sa carrière s’il ne remonte pas la pente, que Frank apprend la trahison de son épouse…

Virages ou Winning en version originale, réalisé par James Goldstone, dont le film le plus célèbre reste Le Toboggan de la mortRollercoaster (1977), sort la même année que Butch Cassidy et le Kid de George Roy Hill. Après Luke la main froide de Stuart Rosenberg, Paul Newman est l’un des comédiens les plus demandés à Hollywood à la fin des années 1960. Il vient d’ailleurs de créer sa propre maison de production avec son complice John Foreman et de signer son premier film en tant que réalisateur, Rachel, Rachel, interprété par sa femme Joanne Woodward. Attiré par le sport automobile, il jette son dévolu sur le scénario d’Howard Rodman, qui venait de signer Un shérif à New YorkCoogan’s Bluff de Don Siegel. Virages s’avère un drame sportif qui combine à la fois la crise d’un couple nouvellement marié et l’effervescence du milieu de la course automobile.

Amateur de ce sport, Paul Newman désire réaliser lui-même les séquences de courses et s’entraîne pour cela aux côtés de pilotes confirmés et professionnels comme Bob Sharp et Lake Underwood. Cette expérience de haut niveau décuple la passion de l’acteur pour le volant, qui n’aura de cesse d’y revenir tout au long de sa vie, jusqu’à participer à de véritables courses comme les 24 heures du Mans en 1979 au volant d’une Porsche et même à créer sa propre écurie de voitures sur les circuits américains dans les années 1980. Aux scènes de courses automobiles réalisées pour le film, le cinéaste James Goldstone inclut des séquences tirées d’une véritable édition des 500 miles d’Indianapolis, celle de 1966 qui avait été marquée par un terrible carambolage au premier tour. Mais Virages n’est pas seulement un film sur ce milieu sportif, mais aussi et surtout un drame sur un homme qui ne peut s’épanouir qu’au volant.

La victoire n’est même plus grisante pour Frank Capua, star des circuits automobiles auquel il ne manque plus à son palmarès que la fameuse coupe de l’Indianapolis 500. Atteindre la première place est devenu un plus pour ce pilote confirmé, qui se renferme aussitôt qu’il sort du baquet de son engin. Un soir, après une soirée de beuverie, il rencontre par hasard Elora (Joanne Woodward, lumineuse), employée dans une entreprise de location de voitures. Célibataire, vivant avec sa mère et son fils de 15 ans, Elora n’a pas le temps de penser à sa propre personne. Elle paraît même étonnée que cet homme s’intéresse à elle. Alors qu’il la raccompagne, Capua embrasse la jeune femme. Elle se confie à lui et parle de sa solitude. Quelques jours plus tard, le couple se marie et Capua adopte le fils d’Elora. Mais très vite, l’appel du volant et de la course est plus fort que tout. Capua retourne à ses habitudes et délaisse petit à petit Elora. Jusqu’à ce que cette dernière tombe dans les bras de son plus grand rival, Luther Erding (Robert Wagner). Capua les surprend. L’homme reste froid, imperturbable, ne dit rien et part. De son côté, Charley (Richard Thomas, le Bill Denbrough de la minisérie Ça de 1990), le fils d’Elora, abandonné par son vrai père, a pris Capua comme modèle et souhaite rester avec lui. Encouragé par Charley, Capua décide de prendre sa revanche en battant Erding à la prochaine édition des 500 miles d’Indianapolis.

Les amateurs de sports mécaniques risques d’être quelque peu décontenancés par Virages, car même si le film est ponctué ici et là de scènes de courses, il faut véritablement attendre 1h20 pour être véritablement plongés dans le domaine. Aidé par un montage atypique et malin, marqué par de lents fondus enchaînés qui caressent presque les personnages, puis par un montage beaucoup plus syncopé qui reflète l’animation bouillonnante et les flots d’adrénaline sur le circuit, James Goldstone signe un superbe drame, à la fois intimiste et spectaculaire, lumineux et crépusculaire. Le portrait d’un homme qui n’arrive pas à être heureux en dehors de sa passion, qui ne parvient pas à établir de liens sociaux en dehors des circuits automobiles comme le montre cette séquence où Capua, qui a la possibilité de rentrer chez lui pour passer un peu de temps avec son épouse, préfère profiter de ce moment libre pour réaliser quelques tours de circuit au volant de sa voiture personnelle, le sourire s’épanouissant sur son visage.

Le titre français Virages est par ailleurs bien trouvé puisque le film, souvent très mélancolique, est avant tout l’histoire d’un homme qui à force d’éviter et de contourner ce que la vie avait de plus beau à lui offrir, a fini par se retrouver seul et déconnecté de la réalité. James Goldstone a préféré laisser une chance à Capua, même si la fin reste ouverte. ViragesWinning, demeure un film étrangement méconnu par rapport au Mans (1971) avec Steve McQueen, mais s’avère un drame magistralement interprété et réalisé de main de maître.

LE BLU-RAY

Virages est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Le test de l’édition HD a été réalisé sur un check-disc. Le menu principal est élégant, animé et musical.

Le premier segment de l’interactivité s’avère la présentation du film par Charles Alf Lafon, journaliste à So Film (12). Visiblement peu habitué à l’exercice, notre interlocuteur peine à rendre intéressante ce module. Un peu figé, le journaliste évoque la grande passion de Paul Newman pour la course automobile et replace Virages dans la filmographie du comédien. Charles Alf Lafon s’éparpille, passe du coq à l’âne et finalement on ne retient finalement pas grand-chose de cette intervention.

Nous retrouvons Charles Alf Lafon dans le segment suivant, ainsi que sa consœur Sophie Serbini de SFR Sport. Dans ces entretiens croisés, les deux journalistes proposent un portrait de Paul Newman (15’). L’homme engagé, le mari, le père, l’acteur, le réalisateur, le sportif, toutes ces facettes sont abordées en un petit quart d’heure plutôt plaisant qui donne envie de se refaire une petite rétrospective consacrée à ce monstre hollywoodien.

Cette section se clôt sur un lot de bandes-annonces, une galerie de photos et les credits de l’édition.

L’Image et le son

Superbe ! Entièrement restauré, Virages fait désormais peau neuve en Blu-ray. Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce lifting lui sied à ravir. Tout d’abord, la copie affiche une propreté incontestable, aucune scorie n’a survécu à l’attention des restaurateurs, la clarté HD et la colorimétrie pimpante flattent les rétines. Dès la fin du générique d’ouverture, marqué par un grain plus prononcé, les contrastes trouvent une fermeté inédite, le piqué est renforcé et les noirs plus denses, les détails sur les décors et les costumes abondent, tandis que les effets de transition (lents fondus enchaînés) n’entraînent pas de décrochages. Certes, quelques plans peuvent paraître plus doux en matière de définition, à l’instar des images d’archives provenant des véritables courses d’Indianapolis, avec de sensibles fourmillements et flous intempestifs, mais jamais le film de James Goldstone n’avait jusqu’alors bénéficié d’un tel traitement de faveur.

Virages est disponible en version originale et française DTS HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes et de la composition de Dave Grusin (Les Trois Jours du condor, Tootsie). Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Comment claquer un million de dollars par jour, réalisé par Walter Hill

COMMENT CLAQUER UN MILLION DE DOLLARS PAR JOUR (Brewster’s Millions) réalisé par Walter Hill, disponible en DVD et combo Blu-ray+DVD le 14 décembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Richard Pryor, John Candy, Lonette McKee, Stephen Collins, Jerry Orbach, Pat Hingle, Hume Cronyn

Scénario : Herschel Weingrod, Timothy Harris d’après le roman « Brewster’s Millions » de George Barr McCutcheon

Photographie : Ric Waite

Musique : Ry Cooder

Durée : 1h42

Date de sortie initiale : 1985

LE FILM

A New York, Montgomery Brewster apprend qu’il vient d’hériter d’un grand-oncle inconnu. Mais une clause du testament stipule que toute sa fortune, soit trois cents millions de dollars, ne lui reviendra que s’il réussit à dépenser en trente jours, trente millions de dollars. En cas d’échec, l’argent de l’héritage reviendra à Granville et Baxter, deux financiers. Brewster accepte de tenir le pari et devient incroyablement prodigue, malgré les conseils de ses amis, qui lui suggèrent de faire fructifier son bien. Grâce à ses facéties, Brewster passe de l’anonymat à la gloire. Pour atteindre son but, il se lance ensuite dans la course à la mairie de New York et incite les électeurs à ne voter pour aucun candidat…

En 1968, Walter Hill commence sa carrière en tant que réalisateur de seconde équipe sur L’Affaire Thomas Crown de Norman Jewison puis sur le non moins mythique Bullitt de Peter Yates. Quatre ans plus tard il signe le scénario de Guet-Apens de Sam Peckinpah, d’après le roman de Jim Thompson, qui témoigne de son attrait pour la représentation de la violence sans fioritures. Il signe sa première mise en scène en 1975, Le Bagarreur, dans lequel il dirige Charles Bronson et James Coburn. Son quatrième long métrage, Le Gang des frères James, lui permet d’aborder un nouveau genre, celui du western, à travers l’histoire du gang James-Younger et leurs célèbres attaques de trains et de banques jusqu’à la tuerie de Northfield (Minnesota). Suivent Sans retour et surtout 48 heures, son plus grand succès. Avec ce film, Walter Hill montre qu’il est évidemment à l’aise dans les scènes d’action, mais aussi dans celles de pure comédie. Après l’échec non mérité de Streets of Fire (Les Rues de feu), un de ses films les plus atypiques, le cinéaste se voit proposer Comment claquer un million de dollars par jourBrewster’s Millions, d’après le roman de George Barr McCutcheon publiée en 1902.

Le livre avait déjà fait l’objet de plusieurs adaptations. La première en 1914, coréalisée par Cecil B. DeMille, une autre en 1921 avec le célèbre Roscoe ‘Fatty’ Arbuckle, avant d’être à nouveau transposé en 1926 avec cette fois-ci un personnage féminin au centre de l’intrigue. Au total, sept adaptations verront le jour avant celle de Walter Hill, dont une du prolifique Allan Dwan en 1945 avec Dennis O’Keefe et encore une autre par Sidney J. Furie avec Jack Watling en 1961. Sur un scénario de Herschel Weingrod et Timothy Harris, les deux auteurs du merveilleux Un fauteuil pour deux de John Landis, Walter Hill signe une comédie percutante, menée à un train d’enfer, à la fois dans l’air du temps, tout en s’inspirant du genre qui fleurissait dans le cinéma américain dans les années 1950.

Monty Brewster, un joueur de base-ball de troisième zone jouant à Hackensack, est un jour convié à un rendez-vous dans le cabinet d’avocats Granville & Baxter à Manhattan. Il apprend que son grand-oncle fortuné Rupert Horn, qu’il ne connaissait pas, est décédé et qu’il est son seul héritier. A la clé : 300 millions de dollars ! Mais il y a une condition, une clause difficile à remplir : pour pouvoir toucher l’héritage, il doit d’abord dépenser 30 millions de dollars en 30 jours, sans rien acquérir, et sans rien dire à qui que ce soit ! Il se lance alors dans des dépenses effrénées, le faisant passer pour un fou. Le cinéaste utilise la ville de New York comme un véritable terrain de jeu où il lâche et laisse ses personnages s’agiter dans tous les sens. A la fois comédie de mœurs et burlesque, Comment claquer un million de dollars par jour découle d’Un fauteuil pour deux dans la forme, mais également dans ses thèmes qui reflètent la politique américaine reaganienne, où le billet vert est roi, où la réussite sociale prévaut sur tout le reste.

Mis en scène entre les deux mandats successifs de Ronald Reagan, Comment claquer un million de dollars par jour allie à la fois l’étude sociale toujours d’actualité (ou comment un inconnu peut devenir célèbre s’il est riche) au divertissement, la politique au buddy movie. Jusqu’alors habitué aux polars et au western, Walter Hill filme sa comédie comme un film d’action, où les punchlines remplacent les coups de feu. Pour cela, il peut faire entièrement confiance à ses deux stars, Richard Pryor, roi du stand-up alors au sommet de sa gloire au cinéma, et le formidable John Candy, devenu incontournable depuis 1941 de Steven Spielberg, The Blues Brothers de John Landis et Splash de Ron Howard. Le duo fait des étincelles et porte le film dont le rythme effréné n’a d’égal que la tchatche des deux comédiens. A ceux-ci s’ajoutent le charme de Lonette McKee, les tronches formidables de Pat Hingle et d’Hume Cronyn, l’apparition de Rick Moranis et toute une ribambelle de seconds rôles déjà vus maintes fois au cinéma et qui pourraient intégrer la rubrique « On ne sait jamais comment ils s’appellent ».

Véritable tour de force comique, ouragan de gags déjantés, averse de dialogues percutants mis en valeur par la musique de Ry Cooder et saupoudré d’une aura à la Capra, Comment claquer un million de dollars par jour ne bénéficie pas du même statut culte que d’autres comédies du même genre en France et mérite donc d’être sacrément réévalué.

LE BLU-RAY

Comment claquer un million de dollars par jour est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

Aucun supplément en dehors de bandes-annonces originales de films disponibles dans le catalogue de l’éditeur.

L’Image et le son

L’image de la précédente édition SD sortie en 2002 chez Universal n’avait pas été restaurée et manquait cruellement d’éclat. Pour son passage inespéré en HD sous la houlette d’Elephant Films, Comment claquer un million de dollars par jour se refait une petite beauté et dès le générique, on perçoit le travail effectué puisque les tâches qui émaillaient les credits ont ici purement et simplement disparu. L’ensemble est plus riche et lumineux, la netteté plus évidente, la gestion du grain plus équilibrée et les fourmillements stabilisés grâce au codec AVC. La colorimétrie retrouve également une certaine vivacité qu’on ne lui connaissait pas, les costumes s’en trouvent rajeunis. Seul le piqué demeure peu pointu sur les séquences sombres et tamisées, les contrastes un peu légers et la profondeur de champ limitée.

Comment claquer un million de dollars par jour est disponible en version originale et française DTS-HD Master Audio 2.0. La première instaure un confort acoustique plaisant avec une délivrance suffisante des dialogues, des effets annexes convaincants et surtout une belle restitution de la musique. La piste française se focalise souvent sur les voix au détriment des ambiances environnantes, même si le doublage est particulièrement réussi. Les deux options acoustiques sont propres et dynamiques.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Cheeseburger Film Sandwich, réalisé par Joe Dante, John Landis, Peter Horton, Carl Gottlieb et Robert K. Weiss

CHEESEBURGER FILM SANDWICH (Amazon Women on the Moon) réalisé par Joe Dante, Carl Gottlieb, Peter Horton, John Landis et Robert K. Weiss, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 14 décembre 2016 chez Elephant Films

Acteurs : Rosanna Arquette, Michelle Pfeiffer, Carrie Fisher, B.B. King, Bryan Cranston, Russ Meyer, Henry Silva, Griffin Dunne, Joe Pantoliano, Steve Guttenberg, Robert Picardo, Ed Begley Jr., Kelly Preston

Scénario : Michael Barrie, Jim Mulholland

Photographie : Daniel Pearl

Musique : Ira Newborn

Durée : 1h25

Date de sortie initiale : 1987

LE FILM

Une suite improbable de sketches surréalistes, parodies de publicités et de films à petits budgets des années 50 à 80 ; avec en toile de fond la diffusion du film « Amazon Women on the Moon », qui est sans cesse interrompue…

Dix ans après le cultissime The Kentucky Fried Movie, baptisé dans nos contrées Hamburger Film Sandwich, John Landis décide de remettre le couvert pour Amazon Women on the Moon aka Cheeseburger Film Sandwich. Cette fois, bien que les ZAZ manquent à l’appel au scénario et s’il ne s’agit en aucun cas d’une suite, John Landis n’est pas seul derrière à la barre de ce désopilant film à sketches. Joe Dante (qu’on ne présente plus), Carl Gottlieb (scénariste des Dents de la mer et de ses deux suites directes), Peter Horton (comédien inconnu en France) et Robert K. Weiss (producteur de The Blues Brothers, Police Squad et plus tard de la trilogie Y a-t-il un flic pour sauver…?) se sont relayés pour les multiples segments, ou devrait-on dire ingrédients qui composent ce « Cheeseburger » hautement recommandé.

Rien ne relie ces petites histoires courtes, burlesques et d’humour noir, si ce n’est la diffusion d’un pseudo-film de science-fiction à petit budget des années 1950. Il s’agit bien évidemment d’une parodie géniale de ce genre de séries B (voire Z) qui fleurissaient à cette époque, avec ici une Sybil Danning à se damner en reine des amazones. Bien que le film soit annoncé sans aucune interruption publicitaire, ce ne sera pas vraiment le cas puisque la copie ancienne (avec des marques du genre Gindhouse) se déchire ou brûle. À chaque reprise, le présentateur annonce une année de production différente. Le nom indiqué pour le réalisateur est « Samuel L. Bronkowitz », un nom fictif déjà utilisé à de multiples reprises par John Landis lui-même dans Hamburger Film Sandwich, alors que ce segment a été mis en scène par Robert K. Weiss.

Ces cinq cinéastes se relaient pour des sketchs, certes inégaux comme c’est souvent le cas dans ce genre de productions, mais qui n’en demeurent pas moins efficaces et franchement tordants. Certes, les scénaristes Michael Barrie et Jim Mulholland n’ont pas l’humour dévastateur ni le génie des ZAZ, mais tout de même, certains segments restent hilarants, surtout ceux réalisés par John Landis lui-même. C’est le cas du prologue intitulé Mondo Cordo, qui montre un homme (Arsenio Hall vu dans Un Prince à New York) qui doit faire face à de multiples dangers domestiques tandis qu’un inconnu l’appelle sans cesse au téléphone pour parler à une certaine Selma. Landis dirige également Michelle Pfeiffer, Griffin Dunne et Peter Horton dans le sketch Hospital, l’histoire d’une femme qui vient d’accoucher à la clinique et qui apprend avec son mari que leur bébé a été « temporairement égaré ».

Citons également en vrac (comme le film et c’est pourquoi c’est si bon) :

Pethouse Video : Taryn Steele (la sublime playmate Monique Gabrielle) nous parle de sa vie en toute simplicité, déambulant dans la rue dans le plus simple appareil.

Murray in Videoland : Murray (Lou Jacobi) découvre les joies de la télécommande… mais se retrouve bientôt lui-même prisonnier du petit écran en passant de film en film…jusqu’à ce qu’il se retrouve dans les mains de King Kong ou en charmante compagnie (encore Monique Gabrielle) dans un jacuzzi.

Hair Looming : Une publicité pour un procédé révolutionnaire de transplantation de cheveux.

Blacks Without Soul : Le véritable B.B. King participe à une publicité pour une campagne de dons visant à réintégrer dans la société des « personnes noires sans âme ».

Two I.D.’s : Jerry (Steve Guttenberg), un séducteur invétéré, espère courtiser Karen (Rosanna Arquette), mais celle-ci lui demande deux pièces d’identité et obtient, grâce à une machine révolutionnaire, le détail des précédentes conquêtes de son prétendant. Ce qui va couper court aux espoirs du malheureux.

Bullshit or not ? : Le comédien Henry Silva présente une émission télévisée enquêtant sur les grands mystères de l’humanité. Aujourd’hui, on apprend, reconstitution à l’appui, que Jack l’Eventreur était probablement le Monstre du Loch Ness !

Critic’s Corner : Dans cette émission culturelle, deux critiques cinématographiques échangent leur point de vue sur des films récents. Aujourd’hui ils présentent leur nouvelle rubrique « Real Life Reviews » dans laquelle ils critiquent la vie d’un de leurs téléspectateurs alors que celui-ci regarde le show en direct, avant de s’écrouler devant l’écran, terrassé par une crise cardiaque annoncée quelques secondes auparavant par les critiques.

Silly Paté : Une publicité pour un pâté élastique révolutionnaire qui saura égayer vos soirées entre amis.

Roast Your Loved One : Une cérémonie funèbre avec un éloge pas vraiment élogieux !

Video Pirates : Après avoir pris possession d’un navire adverse, des pirates mettent la main sur une cargaison de vidéos (et même de Laserdiscs) arrivées sur le marché de manière illégale. Les flibustiers s’esclaffent en découvrant le message d’avertissement du FBI en début de programme d’un des films piratés.

Son of the Invisible Man : La suite tant attendue de L’Homme Invisible, le classique de 1933. Sauf que le fils de l’homme invisible n’a plus tous ses esprits et n’est pas aussi invisible qu’il se l’imagine. Il déambule donc nu comme un vers au milieu des piliers de bar, visiblement habitués à cette crise de démence.

Art Sale : Le Cosmopolitan Museum of Art arrivant au terme de son bail, le musée brade toute sa collection auprès du grand public.

Titan Man : Un jeune homme sur le point de conclure avec sa petite amie (Kelly Preston) se rend dans une pharmacie pour y acheter des préservatifs en toute discrétion (du moins le pense-t-il).

Video Date : Un jeune homme, Ray (Marc McClure), cherche une vidéo pour occuper son samedi soir. Le vendeur du vidéo-club (Russ Meyer) lui propose une cassette très particulière puisque les protagonistes du film s’adressent à lui directement.

Reckless Youth : Mary Brown (Carrie Fisher) vient se confier à un docteur (Paul Bartel) qui lui diagnostique une « maladie sociale » après s’être fourvoyée avec des personnes peu recommandables.

Voilà tout le programme qui vous attend. Un film concept à la zapping extrêmement généreux (y compris en donzelles dénudées), politiquement incorrect, vraiment drôle (et encore plus en version française) et même soigné sur la forme avec des parodies très réussies dans lesquelles « lots of actors » – comme ils sont crédités au générique – s’amusent comme des gamins.

LE BLU-RAY

Cheeseburger Film Sandwich est disponible en combo Blu-ray-DVD chez Elephant Films. Très beau visuel. Le menu principal est animé et musical.

La section des suppléments démarre par un bêtisier tordant, avec la regrettée Carrie Fisher, lumineuse et au sourire désarmant. C’est aussi l’occasion de voir que certains comédiens improvisaient sur le plateau en proposant certaines répliques alternatives.

L’éditeur propose également près de 20 minutes de scènes coupées. En plus d’une ouverture originale, nous trouvons surtout un sketch très sombre intitulé The Unknown Soldier, réalisé par Peter Horton, avec Ronny Cox et Robert Loggia. Durant la Seconde Guerre mondiale, des hauts gradés américains font appeler un jeune soldat et l’informent qu’ils l’ont désigné pour devenir le Soldat Inconnu. En effet, toutes les victimes ayant été identifiées et rapatriées et devant impérativement revenir au bercail avec un soldat inconnu à enterrer, le jeune soldat possède le profil rêvé puisque sans famille et sans attache. Après une cigarette et une bonne coupe de champagne, le soldat finit par se laisser convaincre par son supérieur et doit alors mettre fin à ses jours pour passer plus vite à la « postérité ». Deux autres sketches réalisés par Joe Dante, l’un qui annonce les funérailles placées sous le signe du rire et un autre à base de marionnettes française et américaine échangées (avec Dick Miller, l’acteur fétiche du cinéaste), sont également disponibles.

L’interactivité se clôt sur un lot de bandes-annonces, une galerie de photos et les credits.

L’Image et le son

Merci à Elephant Films de nous permettre d’ajouter Cheeseburger Film Sandwich à notre collection de Blu-ray, d’autant plus que le film était alors inédit en DVD dans nos contrées ! Pour son passage en HD grâce aux bons soins de notre pachyderme préféré, ce film à sketches se refait une petite beauté. Une fois passé le générique un peu grumeleux, on perçoit le travail de restauration effectué puisque presque les scories et poussières ont été éliminées, sauf bien sûr quand elles sont d’origine sur les pastiches. L’ensemble est plutôt riche et stable, la gestion du grain équilibrée et les fourmillements limités grâce au codec AVC. Le piqué demeure peu pointu. Les contrastes sont corrects. Certaines séquences tirent agréablement profit de cette élévation HD, à l’instar du film Amazon Women on the Moon avec ses costumes et ses décors colorés.

Trois mixages au choix en DTS-HD Master Audio 2.0 : deux versions française et la piste anglaise. Si nous pouvions vous donner un conseil, sélectionnez le doublage français original, absolument dantesque et qui ne se gêne pas pour appuyer certains gags avec une traduction parfois libre, mais toujours tordante. L’autre version française disponible est plus récente et si elle s’avère plus respectueuse des dialogues et situations, elle s’avère moins drôle et plus en retenue. La version originale s’avère plus riche et propre, mais dans les trois cas le confort acoustique est assuré.

Crédits images : © Elephant Films / Universal / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

 

 

Test Blu-ray / Les Amants de Salzbourg, réalisé par Douglas Sirk

LES AMANTS DE SALZBOURG (Interlude) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : June Allyson, Rossano Brazzi, Marianne Koch, Françoise Rosay, Keith Andes, Frances Bergen

Scénario : Dwight Taylor, Daniel Fuchs, Franklin Coen

Photographie : William H. Daniels

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h35

Date de sortie initiale : 1957

LE FILM

Helen Banning arrive à Munich pour travailler aux services d’information. L’organisation d’un concert lui fait rencontrer Tonio Fischer, un chef d’orchestre renommé. Bien que le docteur Morley Dwyer, un de ses compatriotes, lui fasse une cour discrète mais assidue, Helen s’éprend de Tonio, dont elle accepte les invitations et suit les concerts en coulisses…

Personne n’est parfait. Même pas Douglas Sirk ! C’est ce que l’on se dit après Les Amants de Salzbourg, réalisé en 1957 entre Les Ailes de l’espérance (Battle Hymn) et La Ronde de l’aube (1958). Avant son retour définitif en Allemagne, le cinéaste allemand d’origine danoise décide d’aller tourner son film en Europe, en Allemagne et en Autriche, plus de dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale. A l’instar du Secret magnifique et plus tard de Mirage de la vie, Douglas Sirk signe le remake d’un film de John M. Stahl. Malheureusement, Les Amants de Salzbourg souffre cette fois de la comparaison avec le film original réalisé en 1939, Veillée d’amour (When Tomorrow Comes), avec le grand Charles Boyer et Irene Dunne.

Si les couleurs signées William H. Daniels (Tempête sur la colline, Harvey) sont évidemment magnifiques et stylisées, l’oeuvre de Douglas Sirk n’échappe pas cette fois-ci au côté carte-postale dès l’ouverture avec cette visite quasiment filmée en temps réel, pendant que le personnage d’Helen découvre les rues de Munich. Helen Banning quitte les Etats-Unis pour l’Allemagne dans le but de changer de vie et de métier. Elle y fait la connaissance de Tonio Fischer, un grand chef-d’orchestre qui ne la laisse pas indifférente mais qui pourrait ne pas être aussi libre qu’elle le pense. Ce qui frappe également dans Interlude, superbe titre original, c’est aussi le manque de charisme évident de son couple vedette. Si June Allyson (Les 4 filles du Dr March, La Pluie qui chante) s’en tire tout juste honorablement et à l’exception de Marianne Koch dans le rôle de Reni (le personnage le mieux écrit du film) et notre Françoise Rosay nationale, le reste du casting est décevant et jamais ce qui fait le charme des autres films de Douglas Sirk ne fonctionne ici.

Il faut bien l’avouer, le couple principal chez Sirk fait pâle figure en comparaison de celui de Veillée d’amour. De plus, la musique pour une fois pompeuse et omniprésente de Frank Skinner finit par plomber l’ensemble et malgré l’élégance de la mise en scène, le soin apporté au cadre, aux décors, à l’architecture et à la photographie, les personnages ne sont guère attachants et donc l’audience finit par s’en désintéresser. Le gros point faible des Amants de Salzbourg demeure également la prestation de Rossano Brazzi (Vulcano de William Dieterle, La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz, Vacances à Venise de David Lean) qui manque cruellement de charme, d’alchimie avec sa partenaire et sa prestation laisse fortement à désirer. Du coup, le couple se trouve déséquilibré, le personnage de Tonio Fisher est plus agaçant qu’autre chose et Douglas Sirk lui-même se repose sur des effets attendus en ne faisant que recopier certaines scènes provenant de ses précédents longs métrages.

C’est peu dire que nous restons sur notre faim, même si les récurrences thématiques sirkiennes sont présentes dans ce mélodrame, notamment la recherche du bonheur et le désir individuel contrarié par le collectif. S’il n’est évidemment pas un « ratage », Les Amants de Salzbourg (Interlude) reste une bluette bavarde, un roman-photo figé, une petite amourette glaciale anecdotique sans véritable saveur qui surprend de la part du cinéaste qui avouait alors sa faible implication dans le projet mise à part son souhait de retrouver le pays qui l’a vu grandir.

LE BLU-RAY

Les Amants de Salzbourg est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation des Amants de Salzbourg par Jean-Pierre Dionnet (9’). On le sait, ce dernier considère Douglas Sirk comme un des plus grands réalisateurs de l’histoire du cinéma. Ne comptez pas sur lui pour dire du mal des Amants de Salzbourg, au contraire, puisque Dionnet défend même la prestation de Rossano Brazzi. Toutefois, notre interlocuteur déclare que ce film demeure un des plus méconnus du cinéaste et que ce dernier n’était d’ailleurs pas tendre à son égard, critiquant même ouvertement la prestation de son comédien principal. C’est là où cette introduction de Dionnet est intéressante puisqu’il indique que ce qui a attiré et intéressé Douglas Sirk, c’est avant tout le tournage en Allemagne et de filmer la ville et les paysages. Les collaborateurs du réalisateur sont évoqués, tout comme le casting et les partis pris.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Les Amants de Salzbourg n’était jusqu’alors disponible qu’en DVD, édité par Carlotta Films en novembre 2008. Elephant Films prend en charge la ressortie dans les bacs du film de Douglas Sirk, y compris en Haute-Définition. Ce Blu-ray reprend peu ou prou le même master et l’apport HD demeure somme toute limité. Ce n’est pas que le transfert déçoit réellement, mais les sensibles et perfectibles problèmes de définition sont identiques. Le côté carte-postale voulu par Douglas Sirk repose sur l’utilisation du Technicolor où domine une gamme disparate de vert et de bleu pastel. Le cinémascope aidant, la profondeur de champ est très estimable mais les fourmillements altèrent l’ensemble. Le grain est présent, mais sa gestion reste aléatoire et le générique en ouverture reste plus marqué par les affres du temps. Les contrastes auraient gagné à être moins accentués sur les séquences en extérieur. La copie est propre, en dépit de points et de griffures qui n’ont pu être éradiqués. Quelques couleurs ont tendance à baver (la robe blanche de l’héroïne qui tire allègrement sur le mauve), même si ces déséquilibres chromatiques semblent d’origine. Heureusement, le visionnage ne s’en trouve pas perturbé.

Privilégiez la version originale aux sous-titres français non imposés, avec ses voix plus claires et ses effets plus nets et aérés. En français, les voix des comédiens se révèlent plus sourdes et s’accompagnent parfois de légers craquements. Dans les deux cas, la musique omniprésente est dynamique et exploite au maximum les possibilités des pistes DTS-HD Master Audio Mono. Aucun souffle constaté.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Capitaine Mystère, réalisé par Douglas Sirk

CAPITAINE MYSTÈRE (Captain Lightfoot) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Rock Hudson, Barbara Rush, Jeff Morrow, Kathleen Ryan, Finlay Currie, Denis O’Dea

Scénario : W.R. Burnett, Oscar Brodney, d’après le roman de W.R. Burnett « Le Capitaine Lightfoot » (Captain Lightfoot)

Photographie : Irving Glassberg

Musique : Heinz Roemheld, Herman Stein

Durée : 1h33

Date de sortie initiale : 1955

LE FILM

En Irlande en 1815, Michael Martin est un jeune révolutionnaire détroussant les riches pour financer la révolution. Se sachant poursuivi par les dragons du roi, il doit fuir vers Dublin. Il y rencontre le capitaine Thunderbolt, un rebelle qui en fait son second. Le capitaine Mystère est né, l’aventure peut commencer.

Réalisé entre Le Signe du païen (1954) et Tout ce que le ciel permet (1955), Capitaine Mystère est un film à part dans l’oeuvre de Douglas Sirk, puisqu’il s’agit d’un vrai film d’aventures. Atypique, Captain Lightfoot démontre que Sirk n’était pas «  seulement  » le roi du mélodrame hollywoodien, comme l’avaient d’ailleurs prouvé ses fantastiques comédies (Qui donc a vu ma belle ?, No Room for the Groom), son drame-policier Tempête sur la colline, le péplum Le Signe du païen ou encore le western Taza, fils de Cochise. Sur un scénario coécrit par Oscar Brodney (Harvey) et W.R. Burnett d’après son propre roman, Douglas Sirk se prend au jeu et livre un petit film de genre bien troussé, même s’il demeure complètement mineur et anecdotique dans la carrière américaine du cinéaste allemand.

Au milieu du XIXe siècle, au plus fort de la lutte qui oppose les Irlandais aux Anglais, Michael Martin rejoint John Doherty, le chef des partisans irlandais, et devient son second. Doherty exploite une maison de jeu dont les revenus lui permettent de financer le mouvement de résistance qu’il dirige. Un jour, blessé, Doherty laisse le commandement à Martin et se cache dans une roulotte pour y attendre sa guérison. Martin se heurte alors à Aga, fille de Doherty, dont le caractère autoritaire et indiscipliné risque de mettre l’organisation en péril. Heureusement, l’amour, qui ne tarde pas à les réconcilier, va arranger les choses. Pour la quatrième fois, Douglas Sirk confie le rôle principal à son ami et fidèle collaborateur Rock Hudson, qui entre deux mélodrames s’offre une récréation. Le costume lui va évidemment comme un gant et le comédien est aussi charismatique que bondissant et élégant. Il prend visiblement beaucoup de plaisir à incarner ce Michael Martin, sorte de Robin des Bois irlandais maladroit devenu membre d’un groupe révolutionnaire irlandais. Le charme de Barbara Rush (Le Secret magnifique) et l’alchimie avec son partenaire font également le sel de cette oeuvre de commande.

Capitaine Mystère demeure un divertissement agréable, mais s’avère plus intéressant dans la forme que sur le fond. L’ensemble manque de fougue et de rythme (malgré ses 93 minutes), tandis que le cocktail aventures, humour, récit d’apprentissage et romance peine à trouver un équilibre. Ce qui importe vraiment dans Capitaine Mystère est le soin apporté aux costumes (de Bill Thomas), au Cinémascope et à la photographie chatoyante (Irving Glassberg), sans oublier les magnifiques décors naturels irlandais où le film a été tourné dans son intégralité, malgré une météo désastreuse. Capitaine Mystère n’a jamais la prétention de s’élever au rang de chef d’oeuvre et Douglas Sirk lui-même semble prendre un peu de repos derrière la caméra, malgré la présence des reflets dans les miroirs qui font sa marque de fabrique.

Finalement, ce que le réalisateur réussit le mieux, ce sont scènes intimistes qui s’immiscent entre deux séquences plus agitées, l’attaque d’un château ou un duel au pistolet. L’ambiance est légère, drôle (la scène de la fessée héritée de L’Homme tranquille de John Ford reste très célèbre), ironique et le film ne se prend pas au sérieux. Autant dire que les cinéphiles adeptes du cinéma de Douglas Sirk risquent d’être quelque peu décontenancés par ce jalon placé au milieu des merveilleux mélodrames qui ont fait la renommée du metteur en scène.

LE BLU-RAY

Capitaine Mystère est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une présentation très complète de Capitaine Mystère par Jean-Pierre Dionnet (11’). Ce dernier ne manque pas d’arguments pour défendre ce film qu’il affectionne tout particulièrement. Toujours très inspiré quand il parle de Douglas Sirk, Dionnet évoque les lieux de tournage, le rapport du réalisateur avec l’Irlande, les thèmes, le casting, la légende de Lightfoot, le romancier W.R. Burnett.

Nous le disions précédemment, Jean-Pierre Dionnet est passionné par le cinéma de Douglas Sirk. Le journaliste et critique de cinéma lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Même si cela ne se voit pas particulièrement à l’image (même si le ciel est parfois très lourd), Capitaine Mystère a été tourné sous un climat pluvieux et maussade. Le crachin irlandais a amené Douglas Sirk à utiliser le Technicolor. Les couleurs sont vives voire souvent pastel, pour ne pas dire délavées. Le master HD a beau être impeccablement restauré, le grain est accentué sur les fondus enchaînés et certains effets de pompage n’ont pu être corrigés. Le Blu-ray de Capitaine Mystère au format 1080p s’accompagne des mêmes défauts que l’ancien DVD sorti chez Carlotta en 2009, notamment au niveau des nuits américaines où les visages des comédiens manquent de détails. Les contrastes sont corrects, même si souvent trop accentués sur les scènes sombres et quelques fourmillements se font ressentir sur les arrière-plans. Maître du Cinémascope, Douglas Sirk concocte cependant des plans au relief impressionnant comme lors des poursuites ou tout simplement lors de l’exposition des paysages irlandais. L’apport HD est somme toute indéniable avec une image plus stable que le précédent DVD et quelques scènes sortent du lot à l’instar du bal.

Deux options acoustiques en Mono 2.0. La version française dispose d’un doublage d’époque assez réussi, qui ne manque pas d’entrain. La piste anglaise est néanmoins plus dynamique et aérée que son homologue. Les ambiances et la musique possèdent beaucoup plus de relief sur cette piste qu’en français.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr

Test Blu-ray / Le Secret magnifique, réalisé par Douglas Sirk

LE SECRET MAGNIFIQUE (Magnificent Obsession) réalisé par Douglas Sirk, disponible en DVD et combo Blu-ray/DVD le 4 avril 2017 chez Elephant Films

Acteurs : Jane Wyman, Rock Hudson, Barbara Rush, Agnes Moorehead, Otto Kruger, Gregg Palmer

Scénario : Robert Blees, Wells Root, Sarah Y. Mason, Victor Heerman, d’après le roman Lloyd C. Douglas « Une merveilleuse obsession – Magnificent Obsession »

Photographie : Russell Metty

Musique : Frank Skinner

Durée : 1h48

Date de sortie initiale : 1954

LE FILM

Un jeune milliardaire arrogant, Bob Merrick, est victime d’un accident de bateau. Une équipe de secouristes s’affaire à le sauver avec un équipement qui aurait pu éviter la mort à Wayne Philips, un grand chirurgien humaniste. Pétri de remords, Merrick va se rapprocher d’Helen, la veuve éplorée du médecin, dans une quête de rédemption et d’amour.

Avec Le Secret magnifiqueMagnificent Obsession, le cinéaste allemand d’origine danoise Douglas Sirk (1897-1987), de son vrai nom Hans Detlef Sierck, devient le maître incontesté du mélodrame hollywoodien en 1954. Alors qu’il possède déjà de nombreux succès derrière lui, en Allemagne avec les drames Les Piliers de la société et Paramatta, bagne de femmes, avant qu’il ne quitte le pays suite à la montée du nazisme, puis aux Etats-Unis avec le drame aux allures de film policier Tempête sur la colline, ainsi que les deux sublimes comédies No Room for the Groom et Qui donc a vu ma belle ? et le western Taza, fils de Cochise, Le Secret magnifique marque une étape primordiale dans la carrière du réalisateur.

En 1952, Douglas Sirk fait la rencontre du comédien Rock Hudson pour Qui donc a vu ma belle ?. Les deux hommes s’entendent à merveille, à tel point que leur collaboration s’étendra sur huit films tournés entre 1952 et 1958. Le Secret magnifique est déjà leur troisième œuvre en commun. Rock Hudson, starisé grâce à Sirk, donne la réplique à Jane Wyman, couple que Sirk réunira à nouveau dans Tout ce que le ciel permet sous la houlette du studio Universal. C’est dans Le Secret magnifique que se fait la chrysalide du style Sirk, épaulé par le directeur de la photographie Russell Metty et du compositeur Frank Skinner. Même s’il ne bénéficie pas encore de la grande liberté et des moyens dont il jouira après ce film jusqu’à la fin de sa carrière hollywoodienne, Douglas Sirk signe un chef d’oeuvre inoubliable, un mélodrame poignant, extraordinairement photographié en Technicolor.

Pourtant, à l’origine, Douglas Sirk n’était pas emballé à l’idée de réaliser le remake du film éponyme de 1935 mis en scène par John M. Stahl, même s’il n’avait pas vu le film original. Le cinéaste trouvait le roman de base (publié en 1929) de l’ancien pasteur protestant Lloyd C. Douglas trop mielleux. Il finit par accepter suite aux pressions (et par contrat) du studio Universal, mais ne peut pas revoir le scénario. Pour contrecarrer ce récit rocambolesque à souhait, il s’en remet aux couleurs de Russell Metty, qui créent une ambiance onirique et qui éloignent le film de tout réalisme. Rock Hudson fait des étincelles dans le rôle de Bob Merrick, riche playboy égocentrique, cynique, insensible, excentrique et indifférent à la nature humaine qui provoque le mal autour de lui sans s’en rendre compte. Croisant le chemin du peintre Edward Randolph (Otto Kruger), homme mystique et hors du commun qui va éveiller en lui l’envie de faire le bien, Bob Merrick va tenter d’expier ses erreurs passées au nom de l’amour, qu’il va découvrir en la personne d’une femme veuve et aveugle, dont il cause involontairement la mort de l’époux dans un accident. Vous suivez ? Il deviendra chirurgien et sauvera celle qu’il aime. A ses côtés, Jane Wyman, déjà bien installée à Hollywood, nommée quatre fois aux Oscars et lauréate de la précieuse statuette dorée en 1949 pour Johnny Belinda, bouleverse les spectateurs du début à la fin. L’alchimie entre les deux comédiens est évidente.

Malgré une histoire naïve, pour ne pas dire complètement improbable et surréaliste, l’audience demeure transportée par ce drame flamboyant et d’une infinie beauté, magistralement mis en scène et interprétée (n’oublions pas Barbara Rush et Agnes Moorehead) grâce à la magie de Douglas Sirk.

LE BLU-RAY

Le Secret magnifique est édité en combo par Elephant Films. Le Blu-ray et le DVD du film reposent dans un boîtier plastique. Le visuel de la jaquette est très élégant, tout comme le menu principal, fixe et musical. Ce titre rejoint la collection Douglas Sirk disponible chez Elephant, qui possède déjà dix titres à son actif.

En plus d’un lot de bandes-annonces, d’une galerie de photos et des credits du disque, nous trouvons une excellente présentation du Secret magnifique par Jean-Pierre Dionnet (13’). Producteur, scénariste, journaliste, éditeur de bande dessinée et animateur de télévision, notre interlocuteur, visiblement très inspiré et pour cause puisque Douglas Sirk est un de ses cinéastes favoris, replace ce long métrage dans la filmographie du réalisateur. Il en vient ensuite aux thèmes abordés dans Le Secret magnifique, en croisant habilement le fond avec la forme en indiquant que ce film est le catalyseur des mélodrames qui seront ensuite réalisés par Douglas Sirk. Le casting est évidemment passé au peigne fin, tout comme les fidèles collaborateurs du cinéaste, à savoir Frank Skinner à la musique et Russell Metty, directeur de la photographie.

Nous le disions précédemment, Douglas Sirk est un des réalisateurs fétiches de Jean-Pierre Dionnet. Ce dernier lui consacre un petit module de 9 minutes, dans lequel il parcourt rapidement les grandes phases de sa carrière, ses thèmes récurrents, ses comédiens fétiches, les drames qui ont marqué sa vie, son regain de popularité dans les années 1970 grâce à la critique française et quelques réalisateurs (Fassbinder, Almodóvar) alors que le cinéaste, devenu aveugle, était à la retraite en Allemagne.

L’Image et le son

Quoi de mieux que de redécouvrir les films hollywoodiens de Douglas Sirk dans des copies entièrement remastérisées ? En effet, si le réalisateur apportait déjà un soin tout particulier aux couleurs et à la photographie de ses films, il va sans dire qu’aujourd’hui, grâce à cette splendide restauration dont bénéficie Le Secret magnifique, le film profite doublement de cette cure de jouvence. L’attention apportée à chaque détail de l’image est à couper le souffle. Le Technicolor offre une large palette de couleurs qui souligne la beauté des comédiens, des décors et des paysages (Sirk filme beaucoup en extérieur), d’un objet ou d’un vêtement porté par Rock Hudson ou Jane Wyman. La définition est irréprochable et la compression idéale. Naturellement, ce Blu-ray au format 1080p respecte le grain original, la copie est stable et quasi-immaculée, la photo légèrement diffuse de Russell Metty flatte les rétines et la clarté est indéniable. Certains effets de pompage découlent des partis pris et ne gênent évidemment en rien le visionnage.

L’éditeur met à disposition deux pistes sonores en mono 2.0. Si le doublage français d’époque est réussi, c’est au niveau de la musique et des ambiances de fond que ça coince. En effet le tout manque d’ampleur et de clarté au niveau de la composition de Frank Skinner et des effets annexes. Tout le mérite revient à la piste originale, dynamique et vivante tout du long, sans souffle, qui permet d’apprécier un excellent mixage des dialogues avec la musique, dès le générique d’ouverture.

Crédits images : © Universal Pictures / Elephant Films / Captures du Blu-ray : Franck Brissard pour Homepopcorn.fr